Sur un paysage incolore de glace, de neige et de roche, des constructions se démarquent avec éclat. Visibles de loin sur leur terrain surélevé, elles apparaissent de plus en plus étonnantes à mesure que l’on s’en approche. Chaque structure, parée de couleurs vives, est hérissée de formes saillantes comme des coraux. Certaines ont plus de six mètres de diamètre, toutes sont assez hautes pour s’y tenir debout. De près, on reconnaît de colossales défenses recourbées et des os gigantesques. Les structures ne sont pas seulement parées de squelettes d’animaux, elles en sont constituées.
À la base de ces quelques bâtisses, une vingtaine de crânes de mammouths disposés en cercle sont enfouis partiellement dans la terre. Les cavités naturelles de ces crânes logent les extrémités de fémurs épais et lourds provenant eux aussi de carcasses de mammouths. Inclinés les uns vers les autres, ils s’élèvent pour former l’armature du tipi. Une peau d’animal tendue abrite des intempéries, et d’autres os ont été ajoutés en renforcement de la structure ou simplement comme ornementation. Une partie des os ont été peints. Par temps clément, une ouverture ménagée au sommet de ces abris guide la fumée vers le ciel. Par temps plus froid, seules les coutures la laissent s’échapper.
À l’intérieur, une forte odeur de poils brûlés, l’air est âcre. Les vestiges semblent indiquer que, dans ce paysage sans arbres, les os étaient brûlés comme combustible. À travers la suie et l’obscurité, à la lumière du feu, on distingue sur les os de mammouths des sculptures de chevrons et autres motifs récurrents…