Couverture de GAP_204

Article de revue

Comptes rendus

Pages 103 à 113

Notes

  • [1]
    Voir notamment M. McCubbins et al. (1989), « Structure and Process, Politics and Policy: Administrative Arrangements and the Political Control of Agencies », Virginia Law Review, 75 (2), p. 431-482 ; S. Ringquist (1995), « Political Control and Policy Impact in EPA’s Office of Water Quality », American Journal of Political Science, 39 (2), p. 336-363.
  • [2]
    D. Wood, C. Brian (1989), « Principal-Agent Models of Political Control of Bureaucracy », American Political Science Review, 83 (3), p. 965-978.
  • [3]
    Voir pour des éléments de comparaison A. Zegart (1999), Flawed by Design: The Evolution of CIA, JCS and NCS, Stanford (Calif.), Stanford University Press.
  • [4]
    D. Carpenter (2010), Reputation and Power: Organizational Image and Pharmaceutical Regulation at the FDA, Princeton (N. J.), Princeton University Press.
  • [5]
    P. Bezes (2009), Réinventer l’État : les réformes de l’administration française, Paris, PUF.
  • [6]
    F. Dreyfus (2000), « À la recherche du temps perdu. La science politique française oublieuse de l’administration publique », Politix, 59, p. 171-194.
  • [7]
    Voir par exemple J.-M. Eymeri (2001), La Fabrique des énarques, Paris, Economica ; N. Gally (2012), Le Marché des hauts fonctionnaires, thèse, Paris, Sciences Po ; T. Lépinay (2018), « Du juge des comptes au conseiller du prince : quand la Cour des comptes transforme ses manières de contrôler », Politix, 124, p. 111-134.
  • [8]
    J.-C. Thoenig (1973), L’Ère des technocrates, Paris, Éditions d’organisation.
  • [9]
    Pour un état de l’art : N. Gally (2020), « La haute fonction publique entre organisations, professions et patrons », Revue française de science politique, 70 (1), p. 49-79.
  • [10]
    E. Breton, G. Perrier (2018), « Politique des mots d’ordre réformateurs », Politix, 125, p. 7-32.
  • [11]
    D. Saint-Martin (2000), Building the New Managerialist State: Consultants and the Politics of Public Sector Reform in Comparative Perspective, Oxford, Oxford University Press.
  • [12]
    P. Bezes, O. Join-Lambert (2010), « Comment se font les administrations : analyser des activités administratives constituantes », Sociologie du travail, 52 (2), p. 133-150.
  • [13]
    J. Barrier, O. Quéré, R. Vanneuville (2019), « La fabrique des programmes d’enseignement dans le supérieur », Revue d’anthropologie des connaissances, 13 (1), p. 1-31.
  • [14]
    M. Crozier (1963), Le Phénomène bureaucratique, Paris, Seuil ; H. Bekke, F. Meer (2000), Civil Service Systems in Western Europe, Cheltenham, Edward Elgar Publishing.
  • [15]
    P. Champagne (1984), « La manifestation. La production de l’événement politique », Actes de la recherche en sciences sociales, 52 (1), p. 19-41.
  • [16]
    D’autres chercheur.e.s ont déjà adopté des démarches similaires visant à décloisonner la sociologie de l’action collective : L. Barrault-Stella (2013), Gouverner par accommodements. Stratégies autour de la carte scolaire, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque de thèses de science politique » ; J.-B. Paranthoën (2016), L’Organisation des circuits courts par les intermédiaires : la construction sociale de la proximité dans les marchés agroalimentaires, thèse de doctorat en sociologie, Institut national de la recherche agronomique (France). Centre d’économie et sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (Dijon) ; E. Ollion (2017), Raison d’État. Histoire de la lutte contre les sectes en France, Paris, La Découverte.
  • [17]
    W. L. F. Felstiner, R. L. Abel, A. Sarat (1991), « L’émergence et la transformation des litiges : réaliser, reprocher, réclamer », Politix, 16, p. 41-54.
  • [18]
    D. Darbon, O. Provini (2018), « Penser l’action publique” en contextes africains. Les enjeux d’une décentration », Gouvernement et action publique, 7 (2), p. 9-29 ; P. Lavigne Delville, S. Ayimpam (2018), « L’action publique en Afrique, entre normes pratiques, dynamiques politiques et influences externes », Anthropologie & développement, 48-49, p. 25-41.
  • [19]
    J.-N. Retière (2003), « Autour de l’autochtonie. Réflexions sur la notion de capital social populaire », Politix, 63, p. 121-143.
  • [20]
    P. Bourdieu (1979), La Distinction, Paris, Minuit, p. 409-431.
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David Demortain (2020), The Science of Bureaucracy: Risk Decision-Making and the US Environmental Protection Agency

1Au sein de la littérature consacrée à l’analyse des relations entre pouvoirs politiques, administration et intérêts privés, l’Environmental Protection Agency (EPA) a longtemps constitué un important cas d’étude [1]. Pour le lecteur familier de ce vaste domaine de recherche, l’évocation de cette agence en charge de la protection environnementale aux États-Unis (intervenant dans de nombreux domaines allant de la pollution atmosphérique à l’usage des pesticides, en passant par la réglementation sur les substances toxiques ou l’eau potable) rappellera sans doute le débat qui avait opposé Dan Cook et Brian Wood dans l’American Political Science Review à la fin des années 1980 : alors que le premier voyait dans l’EPA le prototype d’une bureaucratie constamment ballotée entre l’influence de la présidence et celle du Congrès, le second soutenait au contraire que les « ressources » de l’agence et le « zèle » de ses membres lui conféraient une autonomie lui permettant d’ignorer, voire de déjouer, les coalitions d’intérêts défendus par les acteurs politiques [2].

2Dans la riche monographie qu’il consacre à l’histoire de l’EPA depuis sa fondation dans les années 1970 jusqu’à nos jours, David Demortain apporte une contribution forte, subtile et nuancée à ce débat largement réactivé par les attaques récentes de l’administration Trump contre ses décisions, notamment au motif des contraintes qu’elles feraient peser sur l’activité économique – attaques dont l’auteur se fait l’écho dès l’ouverture du livre (p. 1), et dont il examine les ramifications dans son dernier chapitre (10). Il soutient que les controverses propres aux domaines régulés par l’EPA, tout comme celles relatives à sa légitimité doivent, plutôt qu’apparaître comme des anomalies, être considérées comme une dimension structurelle de ses évolutions (p. 27). C’est précisément au cœur même de controverses multiformes que l’EPA aurait en effet forgé sa crédibilité, et ce par un intense travail de design. Central dans le propos de Demortain, le terme renvoie à la formalisation de procédures « de l’organisation administrative » au travers desquelles « l’image publique de l’agence et de ses actions » se forme (p. 20). Un design est le fruit d’un processus incrémental, contingent mais intentionnel d’assemblage de savoirs, de définition de leurs objets et de fixation de leurs porteurs autour de règles, et dont le principal effet est de permettre l’articulation de groupes et de vues opposés via des schémas de décision communs. C’est précisément ce travail actif de l’agence qui permet à Demortain de la présenter comme jouissant d’une grande autonomie (p. 310). Moins que sa capacité à prendre certaines mesures là où les acteurs politiques ou les groupes d’intérêt en auraient préféré d’autres, c’est bien plutôt sa faculté à s’imposer comme un site d’invention de « formes rationalistes de décisions » ou, dit autrement, comme une « agence de rationalisation » qui lui confère sa centralité (p. 308-309).

3S’appuyant sur un riche matériau (incluant l’exploitation d’archives de l’EPA des années 1970 aux années 1990, de ses différents bureaux et directeurs et des entretiens auprès d’experts de l’agence ou de membres de ses commissions), Demortain montre que les différents réseaux scientifiques de l’EPA ont joué un rôle crucial dans ce processus itératif. En retour, les compétences, les raisonnements et les propositions qui émanent de ces réseaux ont largement contribué à façonner les attributs d’une agence « fondant ses décisions sur la science » (science-based), bien que les déclinaisons de ce principe aient pu varier au cours du temps – et que plusieurs designs aient fini par cohabiter au sein de l’EPA sur la période récente. Biologistes, statisticiens et toxicologues furent ainsi moteurs dans la formalisation des directives en matière d’évaluation des risques au cours de la controverse sur les produits chimiques cancérogènes (chapitre 2) ; cette première expertise fut combinée à celle d’économistes et de policy analysts dans l’élaboration d’une technique de classification des risques, pour répondre aux demandes d’optimisation et de mise en cohérence de la régulation impulsée par la première administration Reagan (chapitre 3). Le couple évaluation-gestion du risque fait l’objet d’une intégration plus poussée encore dans les années 1980-1990, permettant à l’agence de consolider son autorité auprès de ses audiences, articulant en son sein une pluralité de techniques, de concepts et d’approches (chapitres 4-5). Pour une large part, l’évolution de l’EPA se confond donc avec celle des diverses sciences du risque qu’elle formalise, éprouve et crédibilise.

4Un autre apport du travail de Demortain est de montrer la façon dont ces designs évoluent et s’empilent au gré des mobilisations et des controverses, de l’identification de nouvelles zones d’ignorance ou du changement de la conception de l’incertitude. L’émergence de nouveaux assemblages n’est cependant jamais le fruit d’un acteur unique, pas plus qu’il ne correspond à une réponse mécanique de l’EPA à des stimuli externes. De même les designs, véritables « écrans bureaucratiques », n’épuisent jamais complètement la diversité des pratiques internes à l’agence et ne recouvrent pas totalement la diversité des intérêts et des points de vue qui s’expriment en son sein. En revanche, la portée symbolique de cette image organisationnelle est forte, en cela qu’elle apparaît comme étant largement tenue pour une réalité univoque et cohérente par les audiences de l’EPA – une image qui, après avoir émergé en réponse à des controverses, devient bien souvent un sujet de controverse à son tour (chapitres 6-7). C’est précisément à la remise en cause, sur la période récente, des approches stabilisées au cours des années 1970-1980 que les trois derniers chapitres du livre sont consacrés. Ses origines et ses manifestations y apparaissent comme assez diverses, dans un contexte où la question environnementale devient une cible récurrente des républicains, où les industriels (notamment l’industrie chimique) accentuent leurs pressions, et où plus globalement, la notion de risque semble de plus en plus désuète alors qu’apparaissent les problématiques de justice environnementale et de « restauration écologique », que relaient notamment les démocrates (chapitres 8-10).

5Pour autant, l’auteur se refuse à voir dans ces évolutions une tension entre des constructions scientifiques durement élaborées et une série de transformations exogènes – car les propriétés mêmes de la science de la bureaucratie ne permettent jamais de délimiter une frontière aussi nette. Devenue essentielle dans les activités de l’agence, la catégorie de risque fut dès son origine le lieu d’une ambiguïté : alors qu’elle renvoie effectivement aux modèles décisionnels et administratifs cohérents développés par l’EPA, elle désigne simultanément les enjeux souvent très controversés qu’une pluralité d’acteurs politiques et économiques cherche à cadrer et à résoudre. La gouvernance du risque est ainsi le lieu d’affrontements permanents autour de la qualification des situations risquées et de la légitimité des uns et des autres à intervenir dans leur prévention et leur gestion (p. 8-9). En d’autres termes, le risque est tout à la fois le point focal du travail de rationalisation entrepris par l’agence et ce au nom de quoi son autorité est sans cesse remise en cause. Dans un contexte où les problèmes publics demeurent largement inextricables, le savoir limité et où la science est utilisée pour prédire et prescrire face à des demandes multiples, potentiellement contradictoires, et souvent urgentes, on comprend que la faculté de l’EPA à rationaliser la gestion des problèmes et à articuler une grande variété de réseaux ne constitue pas un succès secondaire.

6En prenant pour objet une entité dont l’autorité n’est jamais apparue comme aussi affirmée que pour d’autres grandes agences fédérales, Demortain fait donc la démonstration que les incertitudes et les pressions ne sont pas des entraves à l’œuvre de rationalisation, sans cesse réitérée, des organisations bureaucratiques – pas plus qu’à leur capacité à inventer des formats de décision et à articuler des réseaux d’acteurs diversifiés. Donnant à voir la richesse et la complexité de l’activité de l’EPA, The Science of Bureaucracy apporte ainsi un net démenti aux analyses qui déduisent de la multiplicité des interventions politiques une nécessaire paralysie des administrations. Soulignant à plusieurs reprises « l’ingéniosité » (p. 24) des assemblages développés au sein de l’EPA, il montre, aussi, que ces mêmes entités sont bien plus que les réceptacles des modèles circulant dans les espaces plus vastes au sein desquels elles évoluent. Ce faisant, la contribution de Demortain apporte une série de nuances critiques à la fois aux acquis du néo-institutionnalisme du choix rationnel, qui présente régulièrement les organes bureaucratiques comme pris dans l’étau de leurs « principaux » politiques ; et au néo-institutionnalisme sociologique, qui selon lui accorde une importance disproportionnée au mimétisme dans les champs organisationnels.

7Dans l’ensemble, la thèse générale de l’ouvrage emporte donc largement l’adhésion – même si, une fois comparée à d’autres agences indépendantes américaines (dont font par exemple partie la NASA et la CIA), l’autonomie de l’EPA paraît bien relative [3]. Il est certes difficile de donner tort à l’auteur lorsqu’il met au jour l’étonnante capacité de ses agents à élaborer sans cesse de nouveaux modèles décisionnels et à fédérer de nombreux acteurs. Pourtant, ce sur quoi des monographies consacrées à d’autres agences ont insisté – et notamment, la somme comparable que Dan Carpenter a dédiée à la Food and Drug Administration (FDA) [4] – est que ces efforts ne deviennent pleinement effectifs que lorsqu’ils permettent à l’administration de limiter les interventions politiques ou d’acteurs privés sur ses activités, voire de modifier durablement les préférences de ces acteurs ou leur représentation même du secteur concerné. Certes, les ouvrages de Demortain et de Carpenter n’ont pas la même visée : alors que le premier entend proposer une réflexion sur l’autonomie bureaucratique (et le rôle que la science y joue), l’objet fondamental de Carpenter est le pouvoir. Chez le premier, la question de l’autonomie et celle du pouvoir sont donc découplées, tandis que chez le second, elles sont envisagées de manière simultanée. En conséquence, l’approche retenue dans The Science of Bureaucracy ne permet pas toujours à son lecteur de déterminer la significativité du travail bureaucratique entrepris par les membres de l’agence – et ce d’autant plus que sous l’administration Trump, cet important travail de formalisation semble avoir été assez largement (et aisément) remis en cause (Introduction). Mais ce point de discussion vient surtout souligner l’intérêt de la contribution faite par Demortain, et ses riches apports aux débats autour de la rationalisation et de la variabilité des formes d’autonomie bureaucratique.

Julie Gervais (2019), L’Impératif managérial. Désirs privés et devoirs publics d’un grand corps d’État

8Comment expliquer la transformation du plus vieux des grands corps d’État français ? Et par quels moyens les sommets de l’appareil administratif ont-ils été saisis de « l’impératif managérial », caractéristique de la réforme de l’État [5] ? En prenant pour objet d’étude le corps des Ponts et Chaussées, Julie Gervais, politiste à Paris I, éclaire les mécanismes par lesquels les « cadres de l’action publique » – entendus à la fois comme le personnel d’encadrement et les principes guidant l’action de ces derniers – se sont transformés. Longtemps ignorée par les politistes [6], la haute administration constitue depuis plusieurs années un terrain d’étude fécond [7]. S’inscrivant dans ce champ de recherche, l’ouvrage apporte néanmoins un éclairage singulier. Il analyse les recompositions professionnelles d’un pan de l’appareil administratif dont les transformations contemporaines sont méconnues : les grands corps « techniques ».

9Issue pour partie d’une thèse soutenue en 2007 dont les données ont été actualisées, l’enquête donne à voir un groupe de hauts fonctionnaires fracturé. Tirant sa légitimité de son expertise en matière technico-scientifique et de sa place dans le système politico-administratif local jusqu’au milieu des années 1970 [8], le corps des Ponts a vu son crédit s’étioler progressivement. Sous l’effet de la concurrence d’autres grands corps, il voit sa position d’autorité au sein du champ bureaucratique vaciller. De la même manière, les possibilités pour ses membres d’occuper des positions en vue dans le monde des affaires lorsqu’ils pantouflent ne sont plus garanties. Cette situation conduit les ingénieurs des Ponts à s’engager dans la transformation de leur propre corps. En observant la conduite de cette réforme au long cours, l’autrice se propose de mettre en lumière les différentes représentations que les ingénieurs des Ponts se font de leur action et des moyens par lesquels ils prétendent pérenniser et entretenir leur autorité.

10Le corps est un espace social structuré autour de deux logiques. L’une, appelée « logique ministérielle », renvoie aux missions traditionnelles du corps et aux devoirs publics qui animent ses membres. Les tenants de cette logique, essentiellement en poste au sein de l’administration, lient le destin du corps à celui du ministère de tutelle (l’Équipement) dont ils cherchent à garantir les prérogatives au sein de l’appareil d’État. L’autre, appelée « logique corporatiste », envisage les intérêts de l’institution au-delà des seuls intérêts du ministère de tutelle et aspire à faire valoir la légitimité du corps en dehors de son pré carré originel. Elle est essentiellement incarnée par les représentants syndicaux et associatifs du corps qui, pour beaucoup, sont en poste dans le privé. Tout au long de l’ouvrage, on découvre un grand corps « en miettes » animé à la fois par des « désirs privés » (attrait croissant des ingénieurs pour le monde des affaires et aux aspirations individuelles de ses membres), et ses « devoirs publics » (missions de service public et d’intérêt général). Ces différents principes de visions et de divisions, parfois en concurrence, structurent les recompositions du corps entre le milieu des années 1960 et les années 2000. Ils œuvrent tous deux à l’accomplissement d’une réforme caractérisée par sa dimension managériale.

11Le travail de Julie Gervais vient approfondir les questionnements ouverts par la littérature portant sur les transformations de la haute administration [9] dans un contexte marqué par les politiques de réforme de l’État [10]. S’écartant de l’analyse des propriétés sociales ou des trajectoires des membres du corps, l’autrice explore le changement par l’action de celles et ceux qu’elle nomme les « faiseurs de corps » (p. 31), à savoir des ingénieurs des Ponts engagés dans la réforme de leur corps d’appartenance à différents niveaux (administration, École des ponts, association professionnelle). Contrairement aux travaux qui insistent sur le rôle joué par des acteurs extérieurs à l’administration dans la réforme de l’État (exécutifs, experts, groupes d’intérêt) [11], le changement est ici envisagé de l’intérieur. Le corps devient l’objet d’une attention particulière de ses propres membres, soucieux du maintien de leur crédit à l’intérieur et à l’extérieur du champ bureaucratique. Deux séquences réformatrices, portant chacune sur une politique constitutive [12], sont au cœur de l’enquête. L’autrice met d’une part en lumière la mise en œuvre d’une politique de l’organisation qui aboutit à la fusion des Ponts avec d’autres corps d’encadrement du ministère de l’Équipement en 2002. Elle s’applique d’autre part à décrire les recompositions du contenu des formations prodiguées aux élèves fonctionnaires lors de leur passage à l’École nationale des ponts et chaussées. En montrant la place croissante des enseignements en management, elle contribue au chantier de recherche portant sur les curricula dans l’enseignement supérieur comme dispositifs de socialisation et d’encadrement des élèves hauts fonctionnaires [13]. Ces deux réformes constituent des portes d’entrée pour saisir par la bande la réforme de l’État. Tout l’intérêt de l’ouvrage réside dans l’exposé du fait que les hauts fonctionnaires sont les acteurs de la réforme de leur propre corps et les agents de la transformation néo-managériale de l’administration.

12La démarche sociohistorique empruntée par l’autrice permet de mettre à distance de fausses évidences (ni le pantouflage, ni l’introduction d’enseignements de gestion ne sont par exemple des faits récents). L’autrice restitue l’action des réformateurs dans un contexte historique singulier (affaiblissement du ministère de l’Équipement, réforme managériale de l’État, internationalisation de l’enseignement supérieur), dans différents espaces (l’administration, l’École des ponts ou les associations professionnelles) et en interaction avec divers acteurs (autres corps, acteurs administratifs transversaux, acteurs de l’enseignement supérieur ou du champ politique). En exhibant des possibles non advenus (fusion avec le corps des Mines), des succès (la fusion avec les corps d’encadrement de 2002) ou des séquences de revirements, l’enquête donne à voir un processus de changement incrémental des institutions par lesquelles le corps des Ponts et Chaussées prend vie. Pour ce faire, elle s’appuie sur un matériau constitué d’observations (essentiellement des modules de cours de l’École des ponts et chaussées), de sources orales (entretiens semi-directifs et échanges informels) et des matériaux de première main, notamment des archives non exploitées collectées dans un service du ministère de l’Équipement.

13L’ouvrage contribue à mettre en évidence l’idée selon laquelle la doctrine managériale constituerait un bloc homogène. Il fait apparaître des appropriations plurielles et différenciées de ce répertoire réformateur mises au service d’intérêts spécifiques et toujours présentés comme les intérêts du corps dans son ensemble. L’étude de la réforme du contenu des enseignements de l’École des ponts et chaussées est à cet égard révélatrice. L’autrice lui consacre trois chapitres sur les six que comporte l’ouvrage. On découvre que l’introduction de modules de gestion, de sciences sociales et de finances sert d’abord les représentations que les tenants de la logique corporatiste, à la tête de l’école, se font de l’ingénieur des Ponts (chapitre 2). Avant 2004, aucune formation spécifique n’est réservée aux « corpsards » qui sont formés sur le modèle des ingénieurs destinés au secteur privé. Les savoirs techniques sont progressivement dévalorisés au profit de savoirs et savoir-être conformes aux attentes du monde de l’entreprise. Cette managérialisation de l’enseignement de l’École des ponts – qui dans un premier temps fait grincer les dents des tenants de la logique ministérielle – est confortée par l’action des directeurs successifs de l’école confrontés à la concurrence croissante d’autres établissements d’enseignement supérieur (chapitre 3). Au début des années 2000, les acteurs du ministère de l’Équipement, tutelle du corps, souhaitent reprendre la main sur la formation des élèves hauts fonctionnaires. La mise en place d’un module de formation spécifique aux « corpsards » décrite dans le chapitre 6 est particulièrement intéressante. Elle éclaire les mécanismes par lesquels les tenants de la logique ministérielle s’approprient le répertoire managérial au service de leur propre ambition. Il s’agit pour eux à la fois de façonner un corps conforme aux besoins du ministère et de revaloriser la figure de l’ingénieur au moyen de savoirs et savoir-faire managériaux. Selon les porteurs de la réforme, ces savoirs s’intègrent aux « devoirs publics du corps » puisqu’il s’agit, entre autres choses, de doter les corpsards de dispositions critiques favorables à la conduite de l’action publique et de convertir l’habitus des ingénieurs techniciens en ingénieurs managers au service de l’administration. Les appropriations plurielles de la doctrine managériale contribuent à la diffusion et à la légitimation de ce répertoire de réforme au sommet de l’État.

14Contrairement aux travaux qui envisagent l’administration et ses sommets comme des espaces imperméables au changement [14], on découvre tout au long de l’enquête des hauts fonctionnaires particulièrement actifs – pour ne pas dire zélés – dans le processus réforme managériale. La refonte des statuts du corps aboutit en 2002 à la fusion des Ponts avec trois autres corps d’encadrement du ministère de l’Équipement en 2002 (aviation civile, météorologie et géographie) situés plus bas dans la hiérarchie symbolique des corps d’État (chapitre 4). Le succès de la réforme s’explique par l’investissement conjoint des acteurs relevant des logiques corporatistes et ministérielles. Ici, le corps « fait corps ». L’ensemble de ses membres ont intérêt à la réforme puisque celle-ci leur garantit des avantages matériels (revalorisations statutaires, avancements de carrière, primes, etc.). Par ailleurs, bien qu’il s’agisse pour le corps des Ponts d’une alliance avec plus petit que soi, elle permet à ses agents de se présenter comme les bons élèves de la réforme de l’État, le regroupement étant gage d’économies. Enfin, la fusion est l’occasion pour le ministère de se doter d’un corps plus loyal. L’accroissement des effectifs du corps et l’attachement des trois « petits corps » peu enclins au pantouflage permettent, par un jeu arithmétique, de faire gonfler la proportion d’ingénieurs des Ponts fidèles à l’administration. La réforme, favorable aux intérêts corporatistes et matériels des ingénieurs des Ponts, constitue un instrument de reproduction de la domination symbolique du groupe.

15Cette immersion au cœur de la société de distinction qu’est le « monde des grands corps » conduit à apprécier les dynamiques par lesquelles la réforme de l’État a acquis une forme d’évidence. Les ingénieurs des Ponts embrassent la cause de l’impératif managérial compte tenu des intérêts qu’ils trouvent à son accomplissement. On est néanmoins porté à se demander dans quelle mesure le mécanisme mis en évidence est irréductible au cas observé, à savoir au corps des Ponts et Chaussées. En ce sens, on ne peut que regretter l’absence à ce jour de travaux sur le corps des Mines, qui à l’instar de celui des Ponts, s’est retrouvé dépossédé de son cœur de métier (l’ingénierie minière) comme de son ministère de tutelle (l’Industrie) et a dû, lui aussi, se transformer pour conserver sa centralité dans le champ du pouvoir.

Emmanuelle Bouilly (2019), Du couscous et des meetings contre l’émigration clandestine. Mobiliser sans protester au Sénégal

16Issu d’une thèse de doctorat s’inscrivant principalement dans la sociologie des mouvements sociaux, cet ouvrage d’Emmanuelle Bouilly prend pour objet le Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine (COFLEC). Il s’agit d’une association de quartier, installée à Thiaroye-sur-Mer, en banlieue dakaroise, fondée par des femmes dont les fils sont morts ou portés disparus en mer après avoir tenté de rejoindre l’Europe en pirogue. Cette organisation portée par une femme érigée en « mère courage », Yayi Bayam Diouf, a interpellé l’autrice pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette dernière explique avoir appris l’existence de ce collectif dans les médias français alors même qu’elle résidait à Dakar à l’été 2006. Ensuite, l’objectif de lutte contre l’émigration clandestine promu par l’association semble inédit dans un pays où la culture de la migration est ancienne et où les émigrés sont élevés en figure de réussite. Enfin, le profil atypique de ces mères de migrants décédés ou disparus qui ne feraient que « du couscous et des meetings », ne semblait a priori pas correspondre aux formes canoniques de ceux qui s’engagent dans l’action politique. De prime abord, le répertoire d’action du collectif semble ainsi désajusté au regard de celui décrit par la sociologie des mouvements sociaux, traditionnellement tournée vers des épisodes protestataires conflictuels du monde occidental. S’appuyant sur ces trois axes, Emmanuelle Bouilly s’interroge (p. 9) : « Fallait-il dès lors en conclure que ces adhérentes ne font rien et que la mobilisation des mères de Thiaroye n’est qu’“une manifestation de papier” [15] ? »

17La chercheuse y répond par la négative en entraînant le lecteur à la recherche du politique là où il semblerait qu’il n’ait pas sa place. Organisant sa démonstration en six chapitres autonomes que nous décortiquerons de manière linéaire dans la suite du propos, Emmanuelle Bouilly commence par aborder la construction de l’ordre politique genré au Sénégal (chapitre 1), qu’elle articule ensuite aux modalités de structuration de son objet (chapitres 2 à 5) pour enfin adosser ce dernier au cas miroir des migrants sénégalais expulsés (chapitre 6). L’immersion ethnographique lui permet de défendre l’hypothèse suivante : mobiliser ne signifie pas nécessairement protester. Selon elle, une définition trop restreinte des mobilisations tendrait à invisibiliser d’autres formes d’investissements militants. Cette thèse amène son autrice à questionner la tendance traditionnelle de la sociologie des mouvements sociaux à limiter son champ d’étude à des actions protestataires, masquant par conséquent la pluralité des formes de mobilisation [16]. L’autrice parle ainsi « d’arts de faire qui consiste à mobiliser sans protester » (p. 26). La grande force de cet ouvrage réside dans la capacité de son autrice à embrasser une littérature sociologique aussi vaste que diversifiée : mobilisation, genre, clientélisme, État, administrations ou encore secteurs de l’aide et du développement.

18Dans une perspective socio-historique, Emmanuelle Bouilly se penche sur la construction de l’État et de l’ordre politique au Sénégal au prisme du genre. Elle s’attache à montrer en quoi les femmes sénégalaises se sont politisées au fil du temps tout en se cantonnant à certaines pratiques électorales ou associatives. L’autrice note ainsi que « la division sexuelle du travail s’est elle aussi redéployée de la sphère domestique à l’espace politique » (p. 109). En menant une sociologie de l’État et des corps administratifs sénégalais, la chercheuse invite à comprendre comment les femmes se sont progressivement vues assigner des rôles spécifiques. Celles-ci sont écartées des centres de décisions partisans et politiques, en dépit de leur investissement dans les pratiques électorales et associatives. Cette approche sociohistorique permet de mettre à jour la construction genrée de l’ordre politique et militant au Sénégal. Cette dernière s’incarne dans le recours des mères de migrants s’engageant dans la lutte contre l’émigration clandestine, à des répertoires d’action et d’organisation qui dépendent de « l’existence d’un habitus féminin d’organisation collective » (p. 203).

19Au croisement de la sociologie des médias et de la sociologie du développement, Emmanuelle Bouilly met ensuite en lumière le travail de cadrage opéré par la présidente du COFLEC, Yayi Bayam Diouf, sur cette ressource identitaire qu’est le « sexe du militantisme ». L’expression « mère courage » incarnée par cette dernière, apparaît dès lors comme une labellisation des journalistes occidentaux, fruit d’une co-construction militante et médiatique, qui cadre avec les attentes des bailleurs du Nord. L’autrice éclaire ainsi les postures argumentaires et rhétoriques qui ont permis au COFLEC de se constituer en tant que collectif de victimes souffrant des causes et des conséquences du problème public que constituerait l’émigration clandestine. Ainsi, à partir d’un travail de mise en forme symbolique du groupe mobilisé s’opérant en trois étapes (naming, blaming, claiming) [17], les membres du COFLEC ont symboliquement produit le passage « de statut de mères de victimes à celui de mères victimes de l’émigration clandestine » (p. 218).

20Cependant, la chercheuse démontre que la possibilité de recourir à ces postures spécifiques se fonde sur des positions sociales dominantes. D’une part, les présidentes d’association « à succès » sont des actrices instruites et qualifiées ayant acquis des dispositions aisément transférables dans le militantisme associatif et le secteur du développement. Ce volet met ainsi en lumière la circulation des techniques et des entrepreneures de mobilisation entre espace politique et mondes du développement, profitant de la porosité de leurs frontières [18]. Cette dernière s’incarne dans la phrase d’une enquêtée qui fait d’ailleurs office de titre au chapitre 5 : « La politique et le développement, c’est la même chose » (p. 341). Emmanuelle Bouilly y insiste tout particulièrement sur l’intérêt des bailleurs de fonds à l’égard des capacités mobilisationnelles non protestataires et non conflictuelles du COFLEC, qui ne s’accompagnent pas pour autant d’une dépolitisation du discours. Le « capital d’autochtonie » [19] qu’elles retirent de leur statut de « filles de terroir » (p. 396) leur permet de s’ériger en candidates idéales pour les politiques comme les bailleurs qui cherchent les représentations d’une « base électorale que l’on a derrière soi » (p. 348). Ces derniers éprouvent ainsi un fort intérêt pour les performances non protestataires qui « consistent pour les courtier-e-s à produire et représenter matériellement, symboliquement et politiquement un groupe mobilisé » (p. 347).

21Cette performance théâtrale du COFLEC s’observe notamment lors de la visite de Ségolène Royal en 2009. Dans cette scène, chacun des acteurs élabore des techniques de présentation de soi différenciées en fonction du personnage qu’il campe. Jouer le rôle de bon partenaire du Sud pour le COFLEC consiste à orchestrer une certaine conception de la culture africaine (p. 380) : « Notre fort, c’est le folklore, on va mettre le paquet ! » Jouer le rôle du bon partenaire du Nord, c’est faire preuve d’une « bonne volonté culturelle » [20] inversée pour Ségolène Royal qui insiste à plusieurs reprises pour revêtir un boubou, symbolisant les principes « de l’horizontalité, de la concertation, de la participation, de l’écoute, du partage, de l’appui » (p. 384) qui structurent son discours. Ainsi, les visites de terrain sont de véritables mises en scène de relations Nord/Sud permettant de tenir la « façade développementiste » (p. 376).

22Enfin, le cas miroir du dernier chapitre se focalisant sur le mouvement des migrants expulsés au Sénégal, offre un contrepoint qui permet d’appréhender l’importance de ces conditions de félicité dans la réussite du COFLEC. Cette confrontation montre à quel point il est ardu, pour des acteurs dépourvus de capitaux politiques, d’inscrire leur collectif dans le temps et d’obtenir des acquis de l’État ou des bailleurs de fonds. Ainsi, les expulsés, souvent analphabètes et disposant de peu de capital militant, ne parviennent pas à se positionner vis-à-vis des associations, ONG ou bailleurs internationaux, confirmant ainsi la sélectivité sociale de l’international. L’autrice relève qu’« en faisant de l’État autant la cible de ses critiques qu’un guichet d’aides, les expulsés mobilisés ont été pris par le jeu clientéliste et un rapport de force structurellement asymétrique » (p. 469). À l’inverse du COFLEC, les effets démobilisateurs du clientélisme et les conditions difficiles d’accès à l’État, tendent à domestiquer le mouvement.

23On pourra ici regretter que l’autrice n’ait pas filé cette comparaison tout au long de l’ouvrage. La mise en équivalence des tragédies dont souffrent les mères victimes de l’immigration et les migrants rapatriés aurait par exemple pu permettre de tempérer davantage « le rôle catalyseur accordé aux événements dramatiques » (p. 512) ; variable nécessaire quoique non suffisante au succès d’une mobilisation sociale. En effet, systématiser cette analogie aurait facilité la mise en emphase de certaines conditions particulières expliquant la réussite du COFLEC telles que les capitaux militants de ses membres ou encore le caractère genré de ses pratiques non protestataires, qui lui ouvrent une voie privilégiée aux arènes décisionnelles. L’on pourra donc déplorer que les chapitres de l’ouvrage ne laissent pas suffisamment transparaître la trame de la démonstration. Cependant, ce parti pris de l’autrice de focaliser majoritairement son analyse sur cet objet lui permet de produire une remarquable monographie. Ainsi, plus qu’une simple étude de cas, l’analyse approfondie des conditions de structuration de ce collectif est en réalité au service d’une description heuristique plus globale des organisations des mondes du développement. Par une plongée ethnographique, la chercheuse nous permet en effet de saisir la sédimentation de l’organisation sociétale sénégalaise, du foyer, aux instances de gouvernance nationales, tout en restituant les champs d’actions ou d’inertie des différents profils d’acteurs rencontrés (militant.e.s, médias, administrations, bailleurs, notables politiques) et leurs (non-)contributions à l’action publique. L’écriture de la thèse apparaît toujours très didactique et incarnée, grâce à de très nombreux verbatim qui soulignent la richesse de son approche immersive. Le lecteur est constamment guidé par les nombreux encadrés, photos choisies, ou encore par les moments d’objectivation statistique.

24Une fois refermé, l’ouvrage d’Emmanuelle Bouilly amène le lecteur à relativiser les concepts canoniques qui structurent la sociologie des mouvements sociaux et qui, en s’attardant sur des formes plus classiques du militantisme, esquiveraient des pratiques plus routinières mais qui ne relèvent pas pour autant de l’infra-politique. Au-delà des nombreuses contributions épistémologiques que l’autrice apporte à ce pan de la littérature, celle-ci démontre tout au long de son ouvrage la possibilité de l’articuler à la sociologie de l’État et des institutions internationales de développement. Mettant ainsi au jour les pratiques attendues et saluées par les interventions développementistes, ce livre montre que ces dernières ont consolidé le COFLEC, à défaut de le créer ex nihilo, en lui offrant de nouvelles ressources, ce qui démontre que « le pouvoir d’imposition et de dépolitisation des partenaires financiers et militants du COFLEC est relatif » (p. 514). Armée de la stimulante formule « mobiliser sans protester », Emmanuelle Bouilly nous invite ainsi à renouveler l’analyse de l’action publique internationale et de l’aide au développement en articulant la sociologie de l’État et des institutions à la sociologie du genre et à la sociologie des mobilisations.


Date de mise en ligne : 26/04/2021

https://doi.org/10.3917/gap.204.0101

Notes

  • [1]
    Voir notamment M. McCubbins et al. (1989), « Structure and Process, Politics and Policy: Administrative Arrangements and the Political Control of Agencies », Virginia Law Review, 75 (2), p. 431-482 ; S. Ringquist (1995), « Political Control and Policy Impact in EPA’s Office of Water Quality », American Journal of Political Science, 39 (2), p. 336-363.
  • [2]
    D. Wood, C. Brian (1989), « Principal-Agent Models of Political Control of Bureaucracy », American Political Science Review, 83 (3), p. 965-978.
  • [3]
    Voir pour des éléments de comparaison A. Zegart (1999), Flawed by Design: The Evolution of CIA, JCS and NCS, Stanford (Calif.), Stanford University Press.
  • [4]
    D. Carpenter (2010), Reputation and Power: Organizational Image and Pharmaceutical Regulation at the FDA, Princeton (N. J.), Princeton University Press.
  • [5]
    P. Bezes (2009), Réinventer l’État : les réformes de l’administration française, Paris, PUF.
  • [6]
    F. Dreyfus (2000), « À la recherche du temps perdu. La science politique française oublieuse de l’administration publique », Politix, 59, p. 171-194.
  • [7]
    Voir par exemple J.-M. Eymeri (2001), La Fabrique des énarques, Paris, Economica ; N. Gally (2012), Le Marché des hauts fonctionnaires, thèse, Paris, Sciences Po ; T. Lépinay (2018), « Du juge des comptes au conseiller du prince : quand la Cour des comptes transforme ses manières de contrôler », Politix, 124, p. 111-134.
  • [8]
    J.-C. Thoenig (1973), L’Ère des technocrates, Paris, Éditions d’organisation.
  • [9]
    Pour un état de l’art : N. Gally (2020), « La haute fonction publique entre organisations, professions et patrons », Revue française de science politique, 70 (1), p. 49-79.
  • [10]
    E. Breton, G. Perrier (2018), « Politique des mots d’ordre réformateurs », Politix, 125, p. 7-32.
  • [11]
    D. Saint-Martin (2000), Building the New Managerialist State: Consultants and the Politics of Public Sector Reform in Comparative Perspective, Oxford, Oxford University Press.
  • [12]
    P. Bezes, O. Join-Lambert (2010), « Comment se font les administrations : analyser des activités administratives constituantes », Sociologie du travail, 52 (2), p. 133-150.
  • [13]
    J. Barrier, O. Quéré, R. Vanneuville (2019), « La fabrique des programmes d’enseignement dans le supérieur », Revue d’anthropologie des connaissances, 13 (1), p. 1-31.
  • [14]
    M. Crozier (1963), Le Phénomène bureaucratique, Paris, Seuil ; H. Bekke, F. Meer (2000), Civil Service Systems in Western Europe, Cheltenham, Edward Elgar Publishing.
  • [15]
    P. Champagne (1984), « La manifestation. La production de l’événement politique », Actes de la recherche en sciences sociales, 52 (1), p. 19-41.
  • [16]
    D’autres chercheur.e.s ont déjà adopté des démarches similaires visant à décloisonner la sociologie de l’action collective : L. Barrault-Stella (2013), Gouverner par accommodements. Stratégies autour de la carte scolaire, Paris, Dalloz, coll. « Nouvelle bibliothèque de thèses de science politique » ; J.-B. Paranthoën (2016), L’Organisation des circuits courts par les intermédiaires : la construction sociale de la proximité dans les marchés agroalimentaires, thèse de doctorat en sociologie, Institut national de la recherche agronomique (France). Centre d’économie et sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (Dijon) ; E. Ollion (2017), Raison d’État. Histoire de la lutte contre les sectes en France, Paris, La Découverte.
  • [17]
    W. L. F. Felstiner, R. L. Abel, A. Sarat (1991), « L’émergence et la transformation des litiges : réaliser, reprocher, réclamer », Politix, 16, p. 41-54.
  • [18]
    D. Darbon, O. Provini (2018), « Penser l’action publique” en contextes africains. Les enjeux d’une décentration », Gouvernement et action publique, 7 (2), p. 9-29 ; P. Lavigne Delville, S. Ayimpam (2018), « L’action publique en Afrique, entre normes pratiques, dynamiques politiques et influences externes », Anthropologie & développement, 48-49, p. 25-41.
  • [19]
    J.-N. Retière (2003), « Autour de l’autochtonie. Réflexions sur la notion de capital social populaire », Politix, 63, p. 121-143.
  • [20]
    P. Bourdieu (1979), La Distinction, Paris, Minuit, p. 409-431.

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