Notes
-
[1]
Les outils et indicateurs utilisés dans l’évaluation des recherches et projets de recherches sont davantage des outils de bibliométrie relative à la fonction de production scientifique des connaissances (ou encore de brevets déposés dans les disciplines de sciences et techniques).
-
[2]
Personnel administratif, enseignants « directeurs d’études » ou « responsables pédagogiques ».
-
[3]
Les étudiants et les enseignants sans responsabilités administratives.
-
[4]
Ces deux analyses se révèlent donc complémentaires car comme le souligne Thiétart (1999), si « une approche qualitative constitue souvent un préalable indispensable à toute étude quantitative », l’analyse d’un échantillon à travers l’administration d’un questionnaire a pour but d’accroître la validité de nos résultats.
-
[5]
Chaque entretien a été réalisé avec des groupes homogènes, les « créateurs d’informations » d’une part (chefs de département, secrétaires, directeurs d’études, responsables pédagogiques, personnel administratif) les simples utilisateurs d’une autre (enseignants, étudiants). Ils ont duré 2h pour le premier et 1h30 pour le second. Chaque groupe était composé respectivement de 7 et 6 personnes.
-
[6]
Tous les échanges ont été enregistrés et retranscrits intégralement.
-
[7]
Nous avons posé l’hypothèse que les points sont équidistants les uns des autres autrement dit que les échelles utilisées sont équivalentes aux échelles métriques.
-
[8]
Nous avons utilisé le critère de Kaiser-Meyer-Oklin, pour lequel la corrélation facteur extrait-item est au moins supérieure à 0,5, et le test de sphéricité de Barttlet, qui doit être significatif. Comme le préconise Kaiser, nous avons effectué des ACP avec rotation Varimax. En effet, cette méthode de rotation orthogonale minimise le nombre de variables ayant de forte projection sur chaque facteur. Elle simplifie leur interprétation et génère des facteurs non corrélés.
Nous avons également vérifié la fiabilité interne de chacune des dimensions retenues grâce au calcul de l’alpha de Cronbach. On considère ainsi que l’α est insuffisant en dessous de 0,5 et de vient acceptable au-dessus de 0,7. -
[9]
L’analyse canonique permet de déterminer si deux groupes de variables sont dépendants l’un de l’autre et, si c’est le cas, de mesurer l’importance de la relation qui unit ces deux groupes, à travers le coefficient de corrélation canonique. Le carré de ce dernier (R²) représente le pourcentage de variance commune aux deux vecteurs.
Introduction
1Loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités), remaniement des statuts des enseignants-chercheurs, réductions budgétaires sont autant de préoccupations actuelles qui nous amènent à réfléchir sur le concept de performance, et ses déterminants, à l’université et plus particulièrement à l’IUT. En effet, les dispositifs de cette loi induisent des changements dans le système de pilotage des universités caractérisé par la mise en place d’un système d’information qui se veut global et cohérent et par le renforcement du rôle des technologies de l’information (désormais TI). S’il est communément admis que les TI contribuent à améliorer la performance d’une organisation, nous voulons, néanmoins, dépasser la conception classique fondée uniquement sur des critères financiers dans une organisation à la recherche de profit.
2Alors dans quelle mesure peut-on réellement parler de performance au sein de l’université ? Et en quoi la mise en place et l’utilisation des TI peut avoir un impact sur cette dernière ?
3Cet article a donc pour but de réfléchir sur la problématique de la performance à l’université, plus particulièrement à l’IUT de DIJON-AUXERRE, et d’analyser le rôle des TI comme l’un des déterminants de cette dernière. Dans un premier temps, nous allons revenir sur la notion de performance, ses dimensions, notamment à travers la notion de valeur partenariale. Puis, nous analyserons les TI en tant que ressources possédées et utilisées par l’IUT. Enfin, nous tenterons de mettre en évidence, les liens entre l’utilisation des TI et la performance à l’IUT, à travers une double méthodologie reposant à la fois sur une démarche qualitative et quantitative.
1 – Performance et valeur partenariale
4Dans le cadre de la loi LRU, les IUT, en tant que composante de l’université, sont obligés de signer un contrat d’objectifs et de moyens avec leur université de rattachement. Cela leur impose des objectifs à atteindre sur une période d’au moins un an et la nécessité d’être plus performants autrement dit de créer de la valeur. La notion de performance existe donc bel et bien. Mais, pour qui l’IUT crée-t-il de la valeur ? Et comment mesure-t-on cette valeur créée ?
1.1 – Mesure de la valeur créée par l’IUT à travers la valeur partenariale
5Selon Khouatra (2005), le système de gouvernance d’une organisation détermine le type de création de valeur. En d’autres termes, si la valeur créée est destinée aux actionnaires, il faut opter pour la maximisation de la valeur actionnariale. Cette dernière est une vision réductrice de la performance étant donné qu’elle ne tient compte que de la relation actionnaires/dirigeants. Cette limite nous conduit à utiliser une autre conception de la valeur qui intègre les différents partenaires. Dans ce cas, la création de valeur ne résulte pas uniquement de l’apport des capitaux mais également des efforts conjugués de tous les partenaires. En effet, Charreaux (2003) montre que la valeur partenariale, qui se fonde sur la théorie des parties prenantes, représente un « cadre fécond » permettant de mesurer l’efficience des universités et de construire des critères de pilotage.
6La conception partenariale de la mesure de la valeur repose directement sur la représentation de l’organisation en tant que nœud de contrats. L’IUT, à travers son activité de formation, gère différents contrats avec ses partenaires (entreprises, enseignants, enseignants-chercheurs, personnel administratif, étudiants) pour créer de la valeur. Cette dernière peut être créée par les deux activités (missions) de ce type d’établissement, la formation et la recherche. Ces deux métiers imposent des problèmes différents d’évaluation [1]. Leur finalité n’est pas homogène car ils s’adressent à des acteurs différents qui ont des attentes qui divergent. Aussi, afin de simplifier notre recherche, nous allons considérer uniquement l’aspect formation.
7De plus, selon le même auteur, deux modélisations concurrentes peuvent représenter l’aspect formation. La première fait de l’IUT un prestataire de services de formation achetés par les étudiants. La seconde considère que l’IUT « produit » des étudiants pour satisfaire la demande des entreprises ou des autres organisations, que ce soit dans un objectif de professionnalisation ou d’employabilité générale.
8Dans cet article, nous allons mener notre recherche en suivant la première conception car l’un des critères d’évaluation de la performance au sein de l’IUT, que nous retiendrons est la valorisation des diplômes délivrés (DUT, licence professionnelle, formation par alternance). Dans ce cas, l’IUT est un prestataire de services de formation achetés par les étudiants, au même titre que des clients-usagers. L’IUT va donc tenter d’améliorer sa performance (on pourra parler de performance académique) grâce à ses différents partenaires et ceci vis-à-vis du « consommateur final » qui est l’étudiant. La valeur partenariale créée a pour but d’accroître la valeur du diplôme délivré et, par conséquent, la valeur de l’étudiant diplômé en termes de professionnalisation et d’insertion professionnelle. L’étudiant est acteur et partenaire de son parcours et de sa réussite.
1.2 – La notion de partenaires appliquée à l’IUT
9Selon Freeman (1984), « une partie prenante dans l’organisation est tout individu ou groupe d’individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisationnels ». Afin d’identifier les différents partenaires de l’IUT, de nombreuses typologies peuvent être effectuées (Freeman, 1984 ; Mercier, 1999 ; Friedmann et Miles, 2002 ; Pesqueux, 2002). Néanmoins, nous avons choisi de distinguer deux catégories de partenaires en fonction de leur action sur les TI :
- les partenaires de premier ordre [2] : qui utilisent et possèdent les droits d’accès pour modifier et mettre à jour les éléments constitutifs des TI,
- les simples utilisateurs [3] : qui ont un simple droit de consultation.
10Après avoir défini la performance à l’IUT à travers celle de création de valeur partenariale, nous allons chercher à montrer que la création et l’appropriation de la valeur, par les différents partenaires, passent par l’utilisation des TI.
2 – Les TI vu comme l’un des déterminants de la performance
11Dans un premier temps, nous allons revenir sur la définition des TI au travers de la théorie basée sur les ressources. Ensuite, nous démontrerons comment les TI peuvent s’avérer comme un véritable déterminant de la performance.
2.1 – Les TI à travers la théorie basée sur les ressources (désormais TBR)
12Le recours à l’approche par les ressources (Penrose, 1959 ; Wernerfelt, 1984) permet de considérer directement l’organisation interne de l’IUT et de justifier la possibilité pour elle d’être performante à partir de la spécificité de ses ressources et donc de la spécificité de ses TI. En effet, ces dernières se définissent comme de véritables ressources tangibles car elles désignent tout ce qui relève des techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations. Elles couvrent tous les domaines d’activité de l’organisation, du suivi de l’enseignement aux différents domaines de gestion (ressources humaines, finances, comptabilité, valorisation…). Elles ne peuvent pas influer d’elles-mêmes sur la valeur de l’entreprise, c’est la manière dont les individus s’en servent qui la crée.
13L’IUT est donc une organisation qui mobilise un ensemble de ressources, notamment les TI, dont elle dispose. Elle les utilise, les combine, en compétences spécifiques à travers des processus organisationnels qui lui sont propres et qui permettent de décider, de contrôler afin de créer de la valeur. Cette création de valeur passe plus spécifiquement par l’accroissement de valeur du diplôme délivré et, par conséquent, par l’accroissement de la valeur de l’étudiant diplômé, d’où l’hypothèse H1 :
- H1 : Un lien positif se dégage entre l’utilisation des TI et la performance à l’IUT de Dijon-Auxerre.
14Les effets de l’utilisation des TI sont de différents types. Nous les qualifierons davantage de potentiels que de certains, les facteurs influençant les processus organisationnels étant nombreux.
2.2 – Les effets potentiels des TI à l’IUT
15Cette question a fait l’objet de plusieurs recherches dont les résultats sont assez diversifiés et mitigés (Jomaa, 2004 ; Missaoui, 2009). Le cadre qui nous semble le plus adapté à notre recherche est celui qui étudie l’effet des TI sur les processus de l’organisation, leur impact sur l’individu et le collectif de travail pour ainsi évaluer la performance et par conséquent la création de valeur de l’organisation. Afin de comprendre le rôle des TI à l’IUT, nous nous référerons au cadre d’analyse global proposé par les chercheurs du management des TI dans lequel ces derniers tiennent compte, à la fois, de la structure de l’organisation, de son activité et de sa stratégie.
16Comme le souligne Zuboff (1988), les TI sont caractérisées par une dualité fondamentale : l’automatisation et l’information. Le recours aux TI a permis d’une part, une communication plus fluide, plus rapide et ceci à un coût plus faible et d’autre part, une meilleure exploitation des données facilitant ainsi la prise de décisions créatrice d’une plus grande valeur ajoutée. Il s’accompagne d’une amélioration de la coordination qui passe par une formalisation et une standardisation des procédures (Bharadwaj, 2000 ; DeLone et McLean, 2003). D’autre part, en modifiant les conditions d’accès à l’information, les TI ont un impact sur la définition des rôles dans l’organisation. En effet, l’utilisation des TI s’accompagne d’un enrichissement des tâches avec un aspect d’autocontrôle.
17Néanmoins, comme le relève Caseau (2007), l’utilisation des TI soulève également des points négatifs. Les utilisateurs des TI peuvent se trouver confronter à des difficultés en termes de matériels, de logiciels, de sécurité… Par ailleurs, le fonctionnement des TI peut se trouver ralenti en raison des contrôles obligatoires tels que la mise en place des droits d’accès aux applications. L’objectif de ceux-ci est de respecter un cadre juridique incluant différentes normes.
18En outre, ces modifications induisent des mutations dans les dynamiques, les contenus et le sens du travail, des mutations déterminantes sur le résultat final à savoir la performance dans notre étude (Elie-Dit-Cosaque, 2011). Ce qui peut engendrer de la frustration de l’utilisateur final qui ne se voit plus sollicité en tant qu’acteur porteur de savoirs et de compétences et exerçant un métier mais comme un utilisateur qui doit intégrer la technologie dans ses pratiques selon des modalités prévues (Lamb et Kling, 2003). On peut parler de dépossession du savoir. Dans ce cas, la structuration des tâches, à l’aide des TI, est vécue comme une menace ; ce qui restreint l’autonomie et contribue à un appauvrissement du travail. Ces difficultés peuvent être source d’une baisse de productivité et donc influencer négativement la performance. Cela nous amène à proposer l’hypothèse H2 :
- H2 : Un lien positif se dégage entre la performance des TI et la performance de l’IUT de Dijon-Auxerre.
19Les TI ne sont donc plus un simple support d’activités mais un véritable instrument de base de la stratégie. Les établissements d’enseignement supérieur et, par conséquent les IUT, cherchent de plus en plus à s’intégrer dans une démarche d’amélioration continue (des missions de formation à la recherche, de la pédagogie à l’insertion professionnelle, des conditions de vie et d’études des étudiants aux relations avec le monde socio-économique). Par conséquent pour l’IUT, l’utilisation des TI a davantage pour but de structurer les activités de l’établissement, favoriser son attractivité, améliorer la qualité du service rendu en particulier aux étudiants, mieux maîtriser les coûts, redéfinir la place et les missions des personnels, faciliter le partage et la circulation de l’information… autrement dit une exploitation locale associée à une intégration interne au sens de Reix et al. (2011).
20Après avoir développé les fondements de notre cadre conceptuel, examinons la démarche méthodologique.
3 – Les TI comme levier de performance à l’IUT
21Dans un premier temps, nous présenterons et justifierons la méthodologie utilisée. Puis, nous exposerons les résultats et discussions issus des analyses.
3.1 – Le protocole de recherche
22Le but de ce travail étant avant tout de mieux appréhender et de mieux expliquer la performance et ses déterminants au sein d’une organisation telle que l’IUT, nous allons chercher à tester notre cadre théorique à travers une démarche hypothético-déductive basée sur une double méthodologie.
23En effet, considérant la diversité des résultats obtenus dans différents domaines (Jomaa, 2004) et puisqu’aucune étude n’a été encore réalisée sur l’impact de l’utilisation des TI sur la performance à l’IUT, notre choix s’est porté, dans un premier temps, sur une analyse qualitative, basé sur des groupes de réflexion, pour plusieurs raisons :
- la difficulté de mesure des concepts tels que la performance,
- le caractère évolutif des TI,
- et par conséquent la complexité des relations entre TI et performance.
24Cette analyse a permis de générer les dimensions de nos différentes variables que sont les TI et la performance afin, dans un second temps, de tester nos hypothèses [4]. Examinons le déroulement et les résultats issus de l’analyse qualitative.
3.2 – Conduite des entretiens de groupes : déroulement et résultat
25Nous avons réalisé deux entretiens [5] à partir d’un guide structuré en quatre thèmes : les TI, la performance, les objectifs de l’IUT puis l’identité des répondants. Le traitement [6] des réponses a été réalisé par analyse de contenu (Giannelloni et Vernette, 2001). Pour cela, nous avons retenu une grille répartie en trois thèmes (la perception des TI, les dimensions de la performance organisationnelle et les objectifs de l’IUT). L’utilisation des verbatim anonymes, les plus significatifs, vient soutenir notre argumentation (cf. Annexe 1).
26Les résultats se révèlent assez similaires dans les deux groupes (que nos répondants soient créateurs d’informations ou simples utilisateurs). Les participants perçoivent l’outil informatique en général comme présentant aussi bien des avantages que des inconvénients. Néanmoins, les aspects positifs sont plus nombreux. Ce jugement ne change pas lorsqu’on inclut la notion de l’informatique au travail. Les aspects négatifs constituent des freins au bon fonctionnement et par conséquent à l’efficacité.
27La notion de performance existe bel et bien, même si le terme de performance n’est pas toujours utilisé tel quel. En effet, plusieurs critères ont été avancés (rapidité, gain de temps, convivialité, productivité,…) et l’ensemble des répondants se sont accordés sur les notions d’efficacité et d’efficience en distinguant la performance de l’outil informatique et la performance de l’IUT. Ces deux dimensions se révèlent d’ailleurs interdépendantes l’une de l’autre.
28Les objectifs de l’IUT sont avant tout de former des étudiants et de leur offrir un niveau d’étude supérieur universitaire. Ils pourront ainsi accéder au monde professionnel ou poursuivre leurs études avec plus de maturité intellectuelle et de compétences professionnelles. On parle donc davantage d’objectifs, de politique générale, de mission de service public que de stratégie globale. La notion de stratégie, à l’IUT, n’est pas totalement perçue comme celle d’une entreprise privée. Ce qui prime c’est la notion d’objectifs assignés qui mène vers une logique commune et une même ligne de conduite : celle de dispenser de la connaissance.
29Pour conclure, cette analyse a permis de faire émerger une liste de plusieurs variables destinées à cerner les dimensions des TI ainsi que celles de performance (cf. Annexe 2). Ces variables ont servi à l’élaboration d’un questionnaire dont le but est de tester nos hypothèses dans une phase quantitative.
3.3 – La phase quantitative
30L’étude statistique a pour but non seulement de vérifier et de renforcer la plausibilité de notre cadre conceptuel mais également de pallier les limites liées à la réalisation des entretiens de groupes (telle la subjectivité des répondants). Ainsi le recours au questionnaire a permis d’interroger l’ensemble des acteurs du processus de création de valeur (étudiants et personnels de l’IUT de Dijon-Auxerre).
31Nous avons ainsi pu collecter 450 questionnaires soit un taux de réponse d’environ 20 %. Afin d’être traitées, les données issues des questionnaires ont nécessité d’être opérationnalisées (cf. Annexe 3).
32Les statistiques descriptives ont montré que l’échantillon est constitué de près de 80 % d’étudiants. Les 20 % restant représentent les trois autres catégories : les enseignants avec responsabilités administratives (désormais RA, 9 %), les enseignants sans RA (6 %) et les Personnels Administratifs (désormais PA, 5 %). Par conséquent, notre échantillon apparaît comme étant représentatif puisque cette répartition reflète la population de l’IUT de Dijon-Auxerre en 2010-2011.
33En outre, au regard des résultats issus des questionnaires, il apparaît que notre étude prend tout son sens puisque 69 % des répondants pensent que l’on peut parler de performance à l’IUT. Cette performance se décline en trois dimensions : la performance des diplômés (61 %), la performance des enseignants (58 %) et la performance économique (28 %).
34D’autre part, le recours aux TI n’est plus à démontrer. En effet, il est quasi quotidien aussi bien sur le lieu du travail/d’étude qu’à domicile pour l’ensemble des répondants. Les outils les plus utilisés sont internet et la messagerie, le logiciel de gestion des emplois du temps (en consultation) ainsi que divers logiciels tels que Microsoft Word et Acrobat/pdf. Cette utilisation se révèle être peu contraignante, simple, conviviale, nécessaire tout en étant obligatoire malgré les difficultés rencontrées par 23 % des répondants. Ces derniers évoquent essentiellement deux types de difficultés : celles d’ordre logiciel (méconnaissance et évolution des logiciels respectivement pour 42 % et 14 %, différence des systèmes d’exploitation pour 15 %) et celles d’ordre technique (lenteur du matériel pour 32 %). D’autres raisons, davantage d’ordre organisationnel, ont été citées tels que le manque de matériel et la non-disponibilité de postes. Les répondants éprouvant des difficultés souhaitent voir mettre en place un certain nombre d’actions : la formation (60 %), une meilleure diffusion des informations et une meilleure communication entre les acteurs (environ 30 %). Il n’existe quasiment pas de réticences à l’utilisation d’un nouveau logiciel puisque 90 % des répondants acceptent de le faire.
35Par conséquent, le recours aux TI est omniprésent. Cela nous amène à évoquer la performance de l’outil informatique qui, selon 97 % des répondants, doit respecter l’ensemble des critères suivants : un gain de temps, une réponse à un besoin sans en créer d’autres, un moyen d’éviter les plantages, être convivial, simple d’utilisation, essentiel, permettre un accès rapide à l’information et être économique (éviter les gaspillages).
36Concernant les objectifs de l’IUT, il apparaît que « la mission de service public » est loin de faire l’unanimité contrairement à ce que l’on pourrait croire. En effet, seul 14 % des répondants perçoivent le rôle de l’IUT comme tel. L’étude révèle que l’objectif premier de l’IUT est de faire acquérir des compétences professionnelles (52 %) puis d’offrir un niveau d’études supérieures (24 %) et enfin de préparer à la poursuite des études (14 %).
37Après avoir présenté les résultats de la phase qualitative, nous allons chercher à tester nos hypothèses. Nos variables ont été appréhendées essentiellement à travers la construction d’une échelle de mesure [7]. Par conséquent, pour structurer les informations obtenues, nous avons procédé à des ACP [8] (Analyse en Composantes Principales), à l’aide du logiciel SPSS (version 17), afin de réduire le nombre de variables.
38Les résultats, présentés en annexe 4, nous ont conduit à extraire, pour la variable « Utilisation des TI » deux nouveaux facteurs : la perception positive et la perception négative de l’utilisation de l’outil informatique. La variable « Performance de l’outil informatique », quant à elle, est appréhendée à travers deux facteurs : l’efficience et l’efficacité technique. Enfin, la variable « performance globale à l’IUT » est définie à travers la performance sociale et la performance économique.
39Après avoir évalué la fiabilité de nos variables initiales, nous avons testé les relations suivantes entre :
- l’utilisation des TI (variable explicative) et la performance à l’IUT (variable à expliquer)
- la performance des outils informatiques (variable explicative) et la performance à l’IUT (variable à expliquer) à l’aide de deux analyses canoniques [9].
40Les calculs effectués (cf. Annexe 4) n’ont donné aucun couple canonique significatif et ceci pour nos deux hypothèses. Il s’avère que la performance de l’IUT de Dijon-Auxerre ne serait pas liée, du moins de manière linéaire, ni à l’utilisation des TI (H1) ni à la performance de l’outil informatique (H2). Les hypothèses H1 et H2 ne peuvent donc être validées.
3.4 – Discussion
41Ce manque de résultats significatifs peut s’expliquer par plusieurs raisons. Même si, la notion de performance existe bel et bien au sein de l’IUT, cette organisation reste avant tout publique, dans son fonctionnement et ses mentalités. En effet, son objectif premier, comme le révèle l’analyse qualitative, est de dispenser des connaissances. Néanmoins, sa mission traditionnelle s’élargit puisque les IUT doivent de plus en plus « répondre aux besoins en formation et en insertion professionnelle par un réseau réactif et présent sur les territoires » (AG ADIUT, 2015), réponse formalisée par une offre de formation construite en blocs de compétences, notamment à destination d’un public en formation continue.
42On assiste à une volonté de « valoriser le système IUT ». Et il est « important que ces derniers restent des centres de responsabilités budgétaires » (AG ADIUT, 2015). Les contraintes financières et de rentabilités sont donc bien présentes avec « la mise en place de calcul de coûts de formation et d’audit de qualité ».
43De plus, les concepts tels que ceux de performance et des TI sont de nature dynamique et en constante évolution. Concernant les TI, on assiste à une accélération de la dématérialisation (candidature, inscription, création de modèle pour la diffusion et le partage de procédures…), du e-learning et du développement de nombreuses applications (permettant par exemple la gestion conjointe des notes-absences-emploi du temps des étudiants) qui ont pour but d’optimiser la gestion des ressources. De ce fait, l’IUT doit être considéré plutôt à travers une vision systémique. Cela ne permet donc pas d’isoler clairement l’impact de l’utilisation et la performance des TI sur la performance de l’organisation.
44Par ailleurs, l’IUT évoluant de plus en plus dans un univers incertain et changeant, la réalisation de cette étude sur une seule année ne montre pas l’évolution des pratiques d’utilisation des TI dans le temps.
45Pour finir, la non-validation de nos hypothèses peut être liée au caractère même de l’outil informatique qui est perçu comme étant indispensable tout en générant des besoins supplémentaires et des contraintes (de temps d’apprentissage par exemple).
Conclusion
46Nous avons cherché, dans cet article, à mieux appréhender et à mieux expliquer le concept de performance et d’analyser la manière dont les TI peuvent contribuer à la performance organisationnelle d’un établissement tel que l’IUT.
47Ce thème, à la fois novateur, complexe et central dans les recherches relatives à la gestion des TI, nous a conduit à obtenir des résultats mitigés.
48Bien que les résultats issus de la phase qualitative laissent entrevoir l’importance de l’utilisation des TI comme l’un des déterminants de la performance de l’organisation, il est plus délicat de prouver ce lien. En effet, les études empiriques ne montrent pas forcément de relations significatives entre l’utilisation des TI et la performance de l’IUT.
49Ces résultats peuvent s’expliquer dans un premier temps par un problème de mesure des variables. En effet, il n’existe pas de définition unanime de la performance. Le caractère dynamique des TI, mais également le contexte changeant de l’IUT apparaissent comme des éléments pouvant justifier le manque de résultats significatifs. Les TI ne sont pas une variable indépendante et ne peuvent être considérées comme un facteur unique de l’explication de la performance.
50De ce fait, plusieurs éléments de réflexion surgissent. Si la performance organisationnelle ne découle pas uniquement des TI, ne dépend-elle pas également des utilisateurs eux-mêmes, de leurs compétences, de leurs motivations ? Une performance moindre ne pourrait-elle pas être expliquée par le manque de compétences et par la présence de freins liés à l’utilisation des TI et surtout liés à leur évolution continue qui bousculent les mentalités ? Ne faudrait-il pas s’interroger sur le lien entre ces deux éléments et la performance et, par conséquent, sur les moyens à mettre en œuvre pour y remédier ?
51Pour finir, et comme nous l’avons évoqué au début de cet article, l’aspect recherche a volontairement été mis de côté pour délimiter et simplifier notre recherche. Néanmoins, la performance à l’IUT (notamment avec la volonté de développer et faire perdurer le CNR IUT par exemple) s’appuie également sur le travail des enseignants-chercheurs, ce que nous pourrons explorer lors de futurs travaux.
Quelques exemples caractéristiques des verbatim
Opérationnalisation des variables
Résultats des ACP
Hypothèses et résultats des analyses canoniques
Variables explicatives –dimensions | Variables à expliquer –dimensions | Couples d’axes canoniques | R canonique | R2 | Khi2 |
---|---|---|---|---|---|
H1 : Un lien positif se dégage entre l’utilisation des TI et la performance à l’IUT de Dijon-Auxerre | |||||
Une variable : utilisation des TI | Une variable : Performance de l’IUT | 1 | 0.084 | 0.007 | 3.808 |
2 Facteurs : Perception positive et Perception négative | 2 Facteurs : Performance sociale et Performance économique | 2 | 0.038 | 0.001 | 0.643 |
H2 : Un lien positif se dégage entre les difficultés liées à l’utilisation des TI appréhendées par la non-performance des TI et la performance de l’IUT de Dijon-Auxerre | |||||
Une variable : performance des TI | Une variable : Performance de l’IUT | 1 | 0.144 | 0.020 | 10.806 |
2 Facteurs : Efficience et efficacité technique | 2 Facteurs : Performance sociale et Performance économique | 2 | 0.057 | 0.003 | 1.448 |
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : création de valeur partenariale, performance, technologies de l’information, ressources, université
Date de mise en ligne : 19/07/2019.
https://doi.org/10.3917/gmp.071.0071Notes
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[1]
Les outils et indicateurs utilisés dans l’évaluation des recherches et projets de recherches sont davantage des outils de bibliométrie relative à la fonction de production scientifique des connaissances (ou encore de brevets déposés dans les disciplines de sciences et techniques).
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[2]
Personnel administratif, enseignants « directeurs d’études » ou « responsables pédagogiques ».
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[3]
Les étudiants et les enseignants sans responsabilités administratives.
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[4]
Ces deux analyses se révèlent donc complémentaires car comme le souligne Thiétart (1999), si « une approche qualitative constitue souvent un préalable indispensable à toute étude quantitative », l’analyse d’un échantillon à travers l’administration d’un questionnaire a pour but d’accroître la validité de nos résultats.
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[5]
Chaque entretien a été réalisé avec des groupes homogènes, les « créateurs d’informations » d’une part (chefs de département, secrétaires, directeurs d’études, responsables pédagogiques, personnel administratif) les simples utilisateurs d’une autre (enseignants, étudiants). Ils ont duré 2h pour le premier et 1h30 pour le second. Chaque groupe était composé respectivement de 7 et 6 personnes.
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[6]
Tous les échanges ont été enregistrés et retranscrits intégralement.
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[7]
Nous avons posé l’hypothèse que les points sont équidistants les uns des autres autrement dit que les échelles utilisées sont équivalentes aux échelles métriques.
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[8]
Nous avons utilisé le critère de Kaiser-Meyer-Oklin, pour lequel la corrélation facteur extrait-item est au moins supérieure à 0,5, et le test de sphéricité de Barttlet, qui doit être significatif. Comme le préconise Kaiser, nous avons effectué des ACP avec rotation Varimax. En effet, cette méthode de rotation orthogonale minimise le nombre de variables ayant de forte projection sur chaque facteur. Elle simplifie leur interprétation et génère des facteurs non corrélés.
Nous avons également vérifié la fiabilité interne de chacune des dimensions retenues grâce au calcul de l’alpha de Cronbach. On considère ainsi que l’α est insuffisant en dessous de 0,5 et de vient acceptable au-dessus de 0,7. -
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L’analyse canonique permet de déterminer si deux groupes de variables sont dépendants l’un de l’autre et, si c’est le cas, de mesurer l’importance de la relation qui unit ces deux groupes, à travers le coefficient de corrélation canonique. Le carré de ce dernier (R²) représente le pourcentage de variance commune aux deux vecteurs.