Notes
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[1]
Business & Marchés, 31 janvier 2011.
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[2]
Le « made in » (% de valeur ajoutée réalisée dans la région) et la MTR sont des notions liées mais bien distinctes au sens où toute marque territoriale renvoie de façon symbolique à un pays, une ville, une région même si on « n’y est pas fabriqué et inventé » (Kapferer, 2011A et 2013). On observe actuellement une multiplication d’initiatives faisant la promotion du « made in région » en mettant l’accent sur l’origine des matières premières, les savoir-faire d’un terroir, le lieu de production…
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[3]
Démarche généralement initiée par des chambres d’agriculture, des associations ou des conseils régionaux. Le développement de ces marques collectives régionales (MCR) permet aux entreprises régionales de se déployer hors de leur territoire en glissant du référencement régional au national voire à l’international. Exemples : Bravo l’Auvergne, Sud de France, Les Saveurs en Or, Produits en Bretagne Cette dernière compte plus de 2 700 références (dont environ 2 400 dans le secteur alimentaire). Les produits intégrés à la MCR peuvent apposer le logo associé.
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[6]
Étude menée sur la base d’une collecte réalisée en collaboration avec l’IFOP et l’ARF (Association des Régions de France) auprès de 1 600 personnes.
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[7]
D’autres entretiens viendront prochainement compléter la présente étude qualitative.
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[8]
Notons qu’avant de réaliser nos six entretiens, le guide qualitatif a été pré-testé auprès de deux MTR : la MT Le Valais ainsi que celle du Pays Basque. Ces deux dernières n’ont pas été insérées à notre réflexion car Le Valais est une marque Suisse et le lancement de la MT du Pays Basque n’a pas encore été officialisé.
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[9]
Notons ici que la gouvernance d’une MTR est portée par des acteurs partageant des valeurs communes et une vision analogue mais, au même titre que la marque ville, la MTR peut aussi reposer sur un partage d’intérêts stratégiques (Maynadier, 2015).
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[10]
Meyric S. (2012), La mode des marques territoriales ne passera pas par l’Aquitaine, [http://www.aqui.fr/]
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[11]
Le Limousin, conformément aux travaux de Chamard et al. (2013), fait partie des régions au capital territoire absent (à créer) c’est-à-dire peu visitées, suscitant peu d’associations et évaluées de manière négative.
Introduction
1Face à une situation de concurrence accrue entre les territoires, pays, villes, agglomérations, régions mettent aujourd’hui en place de véritables politiques de marque afin de faire rayonner les valeurs du territoire et valoriser leur identité dans un effort soutenu de recherche d’attractivité. Selon l’Institut National de la Propriété Industrielle, pas moins de 3 000 noms de marques ont été déposés par les collectivités territoriales en l’espace de dix ans [1].
2La décentralisation des compétences a renforcé le rôle des collectivités territoriales dans l’action publique et induit une logique de management territorial au niveau des régions. Appliquant les méthodes empruntées au milieu entrepreneurial, cette nouvelle gouvernance a conduit à développer des actions stratégiques pour positionner le territoire sur le marché international et souligner son caractère distinctif qui peut être un facteur d’attractivité dans la dynamique concurrentielle actuelle (Bouinot, 2002).
3Parmi les actions engagées par ces collectivités, la création d’une Marque Territoriale (MT) est l’un des principaux leviers d’attractivité au service du développement des régions. Cette démarche de marketing territorial suppose d’avoir une démarche commune lisible et comprise par les cibles visées. Le « branding » est une stratégie que les villes ont adoptée depuis de nombreuses années en créant, développant et alimentant leurs propres marques destinées à promouvoir et faire rayonner leur territoire (OnlyLyon ; So Toulouse ; Je veux Metz, etc.). Dans cette dynamique, les territoires d’échelon supérieur tels les départements ou encore les régions se sont également organisés autour d’une MT afin de soutenir leur stratégie d’attractivité.
4De nombreux travaux ont souligné l’intérêt et la réussite des marques villes (Margot-Duclot, 2011 ; Maynadier, 2009 ; Mommass, 2004), mais dès que l’on étend le périmètre du territoire, et notamment dans le cas particulier des régions, la logique devient plus complexe. Pour autant, des régions telles que la Bretagne, l’Alsace, le Limousin, l’Auvergne ont décliné leur propre marque dans une démarche de valorisation globale d’un territoire venant en appui aux démarches de filières et d’activités locales.
5Dans ce contexte, face à l’accroissement de ces marques région mais aussi au regard de la jeunesse de cette démarche et d’une littérature relativement pauvre dans le domaine, il nous semble important d’analyser les objectifs et les pratiques managériales mises en œuvre par ces territoires pour développer des marques globales que nous choisissons de nommer ici Marques Territoriales Régionales (MTR).
6Si pour certains territoires régionaux, comme l’Auvergne, le point de départ de la MTR est d’incarner un autre modèle de développement territorial avec une volonté affichée d’améliorer son image (Rochette, 2012), qu’en est-il des autres marques ? De nombreuses régions s’inscrivent dans une démarche de qualification de l’offre avec la création d’une marque globale déclinée à tous les secteurs d’activité et destinée à valoriser leurs productions locales. Pour celles-ci se posera alors la question de l’attribution de la marque aux acteurs du territoire.
7En réalité, les pratiques managériales des régions aujourd’hui sont multiples, évolutives et complexes, tant dans la phase amont du processus de construction des MTR que dans leur élaboration. Le présent papier s’interrogera sur les effets différentiels de ces pratiques selon les régions considérées.
8À partir d’une réflexion sur la MTR en tant qu’outil d’attractivité des territoires et la construction d’une étude qualitative comparative portant sur six territoires ayant élaboré leur propre marque région, nous tenterons d’apporter un éclairage en matière de pratiques managériales des MTR. Nous chercherons, ensuite, à apporter des éléments de réflexion pour les professionnels du secteur désireux de développer l’attractivité de leur territoire grâce à une MTR.
9Pour mener à bien notre recherche, nous avons procédé à une triangulation des données en mettant en parallèle analyses documentaires, études de sites et étude qualitative, comme précisé dans l’encadré 1.
Encadré 1 – Méthodologie générale
Des recherches documentaires internes (documents commerciaux, visite des sites institutionnels, etc.) et externes (dossiers de presse, articles, etc.) ont ainsi été entreprises afin d’apprécier la démarche des MTR créées sur le territoire (notamment national).
Dans un second temps, une étude qualitative, dont la méthodologie sera exposée ultérieurement, a été menée auprès de six responsables de MTR (Bretagne, Imagin’Alsace, Auvergne Nouveau Monde, SudOuest France, Sud France et Limousin).
1 – La Marque territoriale régionale : un outil au service de l’attractivité des territoires
10Dans un contexte d’extrême concurrence entre les territoires à l’échelle européenne voire mondiale, les régions doivent être capables aujourd’hui de se différencier des autres et de valoriser leurs atouts (Hatem, 2007, Ingallina, 2007, Chamard et al., 2013). Au-delà de la volonté de se différencier, les causes pouvant conduire une région à créer sa propre marque peuvent être diverses et complémentaires :
- protéger et promouvoir des productions locales ou une destination,
- représenter le territoire à l’extérieur,
- construire une marque partagée par un ensemble d’acteurs publics et privés autour de valeurs communes représentatives de l’identité du territoire,
- représenter le reflet d’une stratégie haut de gamme et ainsi constituer une ressource intangible créatrice de valeur pour le territoire (Rochette, 2012) permettant d’affronter la concurrence (Chanoux et Serval, 2011),
- améliorer ou enrichir son image région.
11Pour certaines régions, le toponyme devient donc un élément clé de l’attractivité marketing du territoire (Boyer et Cardy, 2011) lorsqu’il est associé à la marque mais son utilisation n’est pas systématique comme pour le Languedoc Roussillon et sa marque « Sud de France » ou les régions Aquitaine et Midi Pyrénées réunies sous une même bannière avec la marque « Sud-Ouest France ».
12À l’instar de Kapferer (2011A) et sans revenir sur le concept de marque qui a fait l’objet de travaux divers et variés (Merunka, 2002 ; Ferrandi, Merunka, Valette-Florence, 2003 ; Kessous et Roux, 2010, Bonnal, 2011, etc.), on observe que la marque territoriale, donc a fortiori la MTR, présente certaines spécificités rendant le concept complexe (Rochette, 2012). En effet, la MTR est multidimensionnelle, multi-acteurs, multi-cible et sans pilote dédié (Bonnal, 2011). Elle s’inscrit dans une démarche globale et confère au territoire une valeur ajoutée en termes d’attractivité.
1.1 – Une marque « ombrelle » représentative d’un territoire régional
13Comme toutes marques territoriales, la MTR est un signe de reconnaissance et de différenciation qui peut fonctionner aussi bien comme une marque produit que comme une marque « corporate » (Maynadier, 2009). Celle-ci doit soutenir et valoriser la production locale mais aussi savoir créer des liens forts avec les acteurs publics et privés du territoire régional auquel elle fait référence. Cependant, comme le souligne Rochette (2012), une marque territoire se différencie d’une marque produit à plusieurs niveaux (tableau 1).
Les principales spécificités des marques « territoire » par rapport aux marques « produit »
MARQUE « PRODUIT » | MARQUE « TERRITOIRE » |
---|---|
Fonction d’identification Fonction de garantie Fonction de valorisation du produit | Fonction politique de valorisation des actions des élus Rendre visible (et lisible ?) un territoire Fonction de mise en cohérence des « offres » |
Création d’une identité | Exploitation d’une identité |
Offre concernée homogène | Offre concernée hétérogène |
Cibles restreintes (marque/segment et/ou cible) | Cibles très larges |
Marque excluante | Marque englobante |
Peut être vendue | Ne peut être vendue ou cédée |
Le produit un facteur aux caractéristiques adaptables | Le produit un facteur aux caractéristiques fixes, figées |
Les principales spécificités des marques « territoire » par rapport aux marques « produit »
14La marque territoriale (MT) s’élabore à partir d’un existant, c’est-à-dire d’une offre, ce qui signifie que la réflexion marketing ne part pas de la demande mais plutôt de l’offre la plus qualitative et créatrice de valeur. Une marque territoriale, et donc a fortiori une MTR, se construit à partir de l’identification de ses principaux traits et valeurs, elle est liée à l’identité du territoire qui sert de support à sa stratégie de positionnement.
15L’identité du territoire, déjà évoquée ici, est sans doute le concept clé du management de la marque territoriale (Kapferer, 2011A, Ingallina, 2007, Chamard 2014). Elle peut se définir comme l’ensemble des traits qui individualisent un territoire, qui le singularisent des autres. Le territoire possède « une identité d’une nature bien plus profonde et contraignante qu’une marque commerciale » (Kapferer, 2011A) qui rend de fait le processus d’élaboration de la MTR plus compliqué. En effet, si on peut faire évoluer la couleur, le goût ou la forme d’un produit, il est bien plus difficile de modifier les éléments constitutifs de l’identité d’une région (Rochette, 2012). Meyronin (2012) parle d’une « fiche ADN » du territoire qui s’appuie sur l’ensemble de ses caractéristiques parmi lesquelles il distingue les composantes spatiales (morphologie, climat, situation géographique, etc.) des composantes temporelles (histoire, patrimoine, culture, héritage industriel, dynamique socio-économique, etc.).
16La MTR est attachée à un espace physique qui réunit des offres très variées, touristiques, économiques avec ses industries et ses pôles de compétitivité, une capacité d’innovation avec ses laboratoires de recherche, une offre de formation avec ses écoles et universités… mais aussi une qualité de vie, une culture, un mode de vie (Rochette, 2012). Elle est porteuse de symboles, de sens, de signes (Chanoux et Serval, 2011) et repose sur un passé pour construire l’avenir. Elle exprime une vision, des valeurs, un projet de société, un univers et un art de vivre qui sont autant d’éléments intangibles pouvant constituer des leviers d’attractivité symboliques majeurs associés au territoire (Kapferer, 2011B).
17Les MTR viennent souvent en soutien aux entreprises locales et à leurs produits qui misent sur un positionnement où priment qualité et authenticité (Camus, 2003).
18Une des conditions du succès de sa mise en œuvre est que la MTR soit « incarnée dans l’offre et démultipliée à l’infini selon deux axes, sectoriel et géographique, mais dans tous les cas avec une claire ambition de segmenter par le haut » (Kapferer, 2011A).
19La marque territoriale régionale doit s’inscrire dans une démarche collective et être en capacité d’« ombrelliser » les efforts des uns et des autres (Kapferer, 2011A). En ce sens, considérée comme une marque « ombrelle » (figure 1), la MTR pourra intégrer des produits labellisés (AOC, label rouge, IGP, Bio, etc.), des biens « made in » [2], des marques destination, des marques régionales élaborées par des PME/TPE régionales voire des marques collectives régionales [3].
La MTR : Une marque « ombrelle » - intégrations possibles
La MTR : Une marque « ombrelle » - intégrations possibles
20La construction d’une MTR entre en résonance avec les ressources tangibles et intangibles dont dispose le territoire régional. Mais, elle doit aussi permettre de fédérer les acteurs régionaux qui contribuent à sa valorisation et à son image.
1.2 – Une démarche globale et fédératrice pour une marque ombrelle intimement liée à l’identité d’un territoire
21Initiée le plus souvent par un ou plusieurs acteurs institutionnels, la MTR n’est pas la résultante d’une stratégie décidée par un seul acteur, mais la confluence de nombreuses actions menées par différents acteurs publics et privés, tels que des organismes de gouvernance publique et parapublique (agences de développement, comité du tourisme, pôle de compétitivité), des associations, des entreprises des secteurs de l’agroalimentaire, tourisme, BTP, etc. Ces acteurs doivent avoir « la conviction d’un destin partagé, dont une partie au moins se joue à travers le territoire » (Meyronin, 2012). Il s’agit là d’un processus de co-construction qui permet de faire émerger les contours d’une vision commune exprimée à travers la MTR. On peut alors parler de marque partagée qui rassemble autour de valeurs similaires un ensemble d’acteurs institutionnels et privés, œuvrant sur le territoire (Rochette, 2012). Pour Kapferer (2011B), la puissance de la marque territoire se mesure aux liens qu’elle aura su créer avec tous les partenaires qui la feront vivre (citoyens, entreprises, politiques, administrations, etc.). À l’instar de la marque Valais [4], les acteurs qui incarnent les valeurs portées par la MTR pourront devenir les ambassadeurs de la marque, les symboles d’un modèle de développement pour le territoire.
22S’appuyant sur un référentiel commun qui caractérise le territoire, la MTR est considérée comme une « plateforme », « un projet de marque » (Chamard, 2014) qui traduit une vision partagée, des engagements auxquels adhèrent acteurs privés et publics. Ceux-ci vont revendiquer leur sentiment d’appartenance à la région au même titre qu’un consommateur va exprimer au travers de sa consommation de produits son sentiment régional (Dion, Remy, Sitz, 2010), son attachement à une culture régionale (Aurier, Fort, 2005 ; Robert-Demontrond, Bourgeard Delfosse, 2008) ; les produits apparaissent alors comme un capital culturel dont on est fier et que l’on partage dans une logique communautaire.
23Cela conduit à s’interroger sur ce que la marque veut exprimer et à identifier les attributs, les compétences, les valeurs qui constitueront le socle de la MTR. Pour construire cette plateforme de marque, les régions font généralement appel à un cabinet de conseil qui réalise un travail de recherche sur l’identité du territoire : étude sémiologique, création de panels d’acteurs du territoire (focus group), travail sur les rapports inconscients avec le territoire… pour aboutir à la construction d’un portrait identitaire à partir duquel le territoire basera les valeurs de sa marque. Ces études identitaires permettent de mettre en avant les éléments les plus saillants et porteurs de sens pour la collectivité. La MTR va ainsi servir de fer de lance à un ensemble de démarches privées et publiques et se construire comme une plateforme qui porte les valeurs d’excellence du territoire et qui se concrétise par la création d’un code marque. Bien au-delà du logo ou de la charte graphique, celui-ci propose un véritable territoire de marque aux entreprises adhérentes. La région Alsace est d’ailleurs la première à proposer à ses adhérents le code de marque partagé le plus abouti. Un « Guide de marque Alsace » [5] très pédagogique présente les signes emblématiques et le territoire d’expression de la marque avec des exemples d’applications possibles pour les acteurs de la région. Ainsi, chacun peut récupérer les éléments graphiques ou lexicaux utiles pour leurs supports de communication et les personnaliser de la façon la plus appropriée à leur propre stratégie. En utilisant ce code marque, les partenaires s’engagent ainsi à communiquer sur les cinq couples de valeurs de la marque (Intensité et plaisir ; excellence et pionnier ; humanisme et citoyenne du monde ; équilibre et création de liens ; optimisme et pragmatisme) et à porter une vision commune du territoire.
24La MTR unit ainsi dans un processus créatif l’identité et l’image du territoire avec celle des acteurs-utilisateurs, créant ainsi de nouveaux liens et de nouvelles compétences (Rochette, 2012). La clé du succès réside donc fortement dans le nombre de partenaires qui, au final, arboreront la marque.
25Les régions possèdent des éléments de différenciation notables émanant de leur histoire, de leur culture et d’autres fondements identitaires (Chamard et al., 2013) qui serviront de support à la construction de la marque et qui vont alors interférer sur l’image du territoire.
1.3 – Image d’un territoire et stratégie de marque région
26On mentionne souvent l’impact de l’image d’un territoire sur sa capacité à attirer des investissements et des individus (touristes, résidents, etc.) mais on concède qu’il est complexe pour un territoire de modifier celle-ci (Chamard et al., 2013). La difficulté provient de la diversité des intervenants qui participent au rayonnement de l’image d’un territoire et de la complexité du « produit » territoire comme on l’a vu précédemment. Plusieurs auteurs se sont intéressés à l’image du territoire envisageant même un « nouveau management de la marque pour les nations, les villes et les régions » (Anholt, 2007). L’image d’un territoire regroupe l’ensemble des croyances, des idéaux et des impressions que les personnes formulent concernant ce lieu, une simplification d’associations très nombreuses (Kotler, Haider, Rein, 1993). Pour Chamard et al. (2013), elle se compose des caractéristiques affectives (ce qui est ressenti), évaluatives (appréciation positive ou négative du territoire) et comportementales (visite, résidence, investissement…) à l’égard du territoire. Les auteurs, en s’inspirant de la théorie du noyau central (Abric, 1994 ; Michel, 2004), évoque le concept de capital territoire définit dans le cadre d’une région « comme un effet différentiel de la connaissance d’un lieu de vie sur la réponse de l’utilisateur à l’offre territoriale mise en place par les praticiens sous l’impulsion des élus de cette collectivité territoriale ». Ce capital immatériel s’évalue notamment grâce au recueil des associations qui peuvent être centrales ou périphériques vis-à-vis d’une région (Michel, 2004 ; Boo, Buser et Baloglu, 2009). Chamard et al. (2013) aboutissent à une typologie des 22 régions métropolitaines [6] en cinq groupes : les régions dotées d’un fort capital territoire, les régions attractives mais avec un capital territoire défaillant, celles attractives mais dotées d’un capital territoire focalisé, celles dotées d’un capital territoire à développer et enfin les régions dotées d’un capital territoire à créer. Cette typologie permet aux décideurs des collectivités locales de saisir plus finement les atouts et déficiences de leur territoire et d’être ainsi plus efficaces dans leurs politiques d’attractivité et d’hospitalité.
27Pour Mommass (2004) la marque ne permet pas seulement de distinguer un lieu d’un autre, de le spécifier de par ses caractéristiques, mais elle aide aussi à définir le type de région auquel nous désirerons nous identifier. De fait, la marque pourra influencer l’image du territoire (Chamard et al., 2013) lorsqu’elle repose sur un positionnement attractif, crédible et durable basé en communiquant sur des valeurs partagées, des éléments distinctifs qui font sens pour les acteurs du territoire. Cependant, les jeux d’acteurs territoriaux à l’instar de la Bretagne peuvent conduire à des solutions consensuelles rendant délicates la différenciation au sens marketing (Houillier-Guibert, 2012). « Quand sont touchées les questions d’identité, l’image proposée est prudente » (Houillier-Guibert, 2012, p. 46).
28Notons enfin, que si certaines régions possèdent un ancrage historique, culturel, économique, gastronomique très fort qui contribue à enrichir le capital territoire, d’autres en revanche, déplorent un déficit d’image ou une image négative et vont chercher à améliorer celle-ci notamment par la création d’une marque territoriale régionale.
29Aujourd’hui quelle que soit l’image du territoire, la recherche d’attractivité constitue un enjeu majeur pour les régions qui cherchent à séduire et se démarquer en défendant une ambition collective incarnée par la marque territoriale porteuse de sens et de valeurs pour les acteurs du territoire. Les régions se sont engagées dans des démarches complexes et différenciées tant dans la phase de construction que dans la mise en œuvre de leur marque. Une analyse comparative devient alors pertinente au regard des enjeux et ambitions portées par ces territoires.
2 – Une étude exploratoire comparative sur les MTR
30Parallèlement à notre revue de la littérature, cette étude va tenter, au travers d’une approche comparative, d’étudier les pratiques managériales associées aux MTR.
2.1 – Méthodologie
31À ce jour, une dizaine de MTR sont créées et actives. Après les avoir contactées par emails et/ou téléphone avec demande de rendez-vous, six régions ont répondu à notre sollicitation [7] (tableau 2).
Les MTR françaises retenues dans l’étude
Les MTR françaises retenues dans l’étude
32Des entretiens auprès des responsables de MTR ont ainsi été réalisés. La série d’interviews a été arrêtée en mars 2015 [8]. Les éléments méthodologiques se référant à l’étude sont exposés dans le tableau 3.
Éléments méthodologiques liés à l’étude qualitative
Éléments méthodologiques liés à l’étude qualitative
33Les entretiens réalisés ont été denses, riches et très instructifs sur les modalités de mise en œuvre, de gestion et de valorisation d’une marque territoriale régionale.
34Suite à l’analyse de ces derniers et à leur importation sous NVivo, nous avons pu déceler de nombreux nœuds de concordance qui feront l’objet de la présente analyse.
2.2 – Processus de construction des MTR
35Les différents acteurs interrogés nous ont fait part de leur vision de la Marque Territoriale Régionale (figure 2). Cette dernière recouvre bien les notions évoquées précédemment à savoir l’idée selon laquelle une marque territoriale est une marque partagée qui doit fédérer les acteurs et promouvoir un territoire en reflétant ses valeurs, son identité, son image et en mettant à l’honneur les structures locales.
Mots clés associés à la Marque Territoriale Régionale (MTR)
Mots clés associés à la Marque Territoriale Régionale (MTR)
36L’étude du discours des interviewés montre également que la démarche de construction d’une MTR présente des caractéristiques communes mais aussi différenciées suivant les régions considérées.
2.2.1 – Les objectifs des MTR
37Lors de la phase amont, pour la grande majorité des régions étudiées, l’Alsace, l’Auvergne, la Bretagne, le Limousin, l’attractivité du territoire est l’enjeu prioritaire évoqué. Dans un contexte très concurrentiel, ces régions ont très bien assimilé l’importance d’une démarche de différenciation rejoignant en cela les recherches de Hatem (2007), Ingallina (2007) et Chamard (2014). Leur souhait est d’attirer des investisseurs, des entreprises, des étudiants, des citoyens, etc. À l’instar des travaux de Bouinot (2002) et de Chanoux et Serval (2011), les responsables de MTR déclarent qu’ils doivent démontrer que leur territoire porte des éléments distinctifs attractifs. Il faut donc être le plus convaincant pour séduire les différents partenaires et les persuader de venir s’installer sur le territoire.
38Certaines MTR telles que les marques Auvergne Nouveau Monde, Bretagne, Limousin, font également face à une problématique d’image et de notoriété. Pour la Bretagne, la marque région va servir à « promouvoir et enrichir l’image de la Bretagne ». Quant à l’Auvergne et au Limousin, elles souhaitent démontrer que leur territoire a ses propres atouts en dépit d’un déficit d’image auprès de l’opinion publique. Pour l’Auvergne, « le point de départ c’est l’effet catalyseur d’une enquête IPSOS sur la représentation que se font les non Auvergnats de l’Auvergne et là ça a fait mal… il y a un GAP entre la valeur perçue et la valeur réelle… d’où l’idée de cette marque territoriale pour gommer les préjugés et la seule chose à faire c’est de travailler l’image et la notoriété ».
39En parallèle à cette problématique d’image et de notoriété, la marque Alsace spécifie que sa visée exprime une volonté de rayonnement et de lisibilité : « l’idée étant que si tous les Alsaciens parlent d’une seule voix, on sera plus visible et lisible en dehors des frontières de l’Alsace sur la scène nationale et internationale… ».
40Ces notions d’image, de notoriété, de rayonnement et de lisibilité renvoient bien évidemment chacune à la volonté de renforcer l’attractivité du territoire.
41D’autres régions comme le Languedoc-Roussillon et l’Aquitaine/Midi Pyrénées, s’inscrivent dans une logique différente souhaitant avant tout défendre et valoriser les productions locales avec leurs marques respectives Sud de France et Sud-Ouest France. Certaines raisonnent même en parts de marché sur une filière en particulier (Marque Sud de France). La démarche n’est alors plus ici à vocation globale (Chamard, 2014) mais tend à se rapprocher des modalités d’une marque produit. Pour ces régions, il s’agit avant tout de créer des marques permettant de qualifier une offre de produits ou de services pour une valorisation optimisée auprès des consommateurs en France et à l’export. La marque devient alors l’emblème, le porte-drapeau des acteurs adhérant à la démarche dans le cadre d’opérations évènementielles (salons, actions de promotion à l’export) comme pour Sud-Ouest France. Elle peut être également directement apposée sur les produits des entreprises agréées et dans ce cas faciliter leur identification et leur valorisation auprès des consommateurs (marque Sud de France).
42Face à cette volonté de qualifier leur offre, certaines régions souhaitent inscrire leur MTR dans une démarche de labellisation voire de garantie d’excellence comme Sud de France qui porte une démarche d’excellence sans pour autant devenir la vitrine de quelques entreprises régionales ayant un positionnement haut de gamme. « Notre démarche tend vers l’excellence. On veut rester une marque ouverte et pas une marque d’élites mais notre démarche tend vers l’excellence comme les démarches BIO et les démarches d’innovation ».
43A contrario, l’Auvergne ne souhaite pas entrer dans une démarche de labellisation estimant ne pas avoir la légitimité pour le faire. Elle ne désire pas plus s’inscrire dans une démarche d’excellence d’entreprise. L’objectif de la marque Auvergne Nouveau Monde est surtout de témoigner de son appartenance au territoire à l’image de consommateurs militants attachés à leur région exprimant un sentiment régional (Dion, Remy, Sitz, 2010) ou un degré d’enracinement fort à sa région (Robert-Demontrond, 2008).
44Les marques Limousin et Alsace développent, quant à elles, un réseau d’excellence avec l’élaboration d’une certification d’entreprise.
2.2.2 – Démarche participative et portrait identitaire
45Les MTR ont très bien associé la concertation à la réussite de la démarche. Elles mettent en place diverses actions, mobilisent divers outils et instaurent des démarches participatives. Elles savent que cette méthode est la clé de l’adhésion à la marque. Des réunions de concertations pendant (et bien souvent après) la phase de création sont organisées favorisant l’appropriation de la démarche par les acteurs du territoire (mise en place de tables rondes, conférences et ateliers thématiques pour la marque Bretagne). Ainsi, pour la marque Bretagne, « Peu de tensions lors du lancement en 2011 car il y a eu en 2007 à Paris l’évènement BreizhTouch (La Bretagne comme vous ne l’avez jamais vu) et les travaux ont débuté fin 2010 pour un lancement en 2011. Tout s’est fait progressivement… On s’est vraiment assuré de mobiliser les acteurs donc on a eu une très grande phase de concertation. On a associé au total 4 700 personnes dans cette phase d’étude ».
46Dans la phase de construction de la MTR, les régions procèdent généralement à des portraits de territoire. Les acteurs insistent tous sur la nécessité d’identifier les traits saillants de leur territoire afin de communiquer de façon optimale sur ces derniers. Cette vision rejoint les travaux des chercheurs sur l’identité du territoire point de départ du management de la MT (Kapferer, 2011A ; Ingallina, 2007 ; Meyronin, 2012 ; Chamard, 2014).
47Ces portraits de territoire sont généralement confiés à des cabinets d’études qui assistent également les régions dans différents domaines comme l’édition de la charte graphique (Marque Auvergne Nouveau Monde) ou encore dans une phase plus en aval avec la mise en place de la marque (Marque Limousin).
48Si ces missions peuvent parfois être internalisées, tous évoquent la nécessité de recourir aux cabinets d’études pour gagner en légitimité. Certains déplorent toutefois l’utilisation des mêmes outils pouvant conduire à des résultats assez similaires d’une région à l’autre. « On a tous les mêmes outils… en même temps ce n’est pas étonnant car il y a une prédominance d’un cabinet d’étude qui dresse des portraits identitaires relativement similaires » (Marque Auvergne Nouveau Monde).
2.2.3 – Cible et message
49Conformément aux objectifs prédéfinis et aux traits saillants du territoire, les MTR vont adopter un positionnement spécifique et sensibiliser différentes cibles.
50À l’instar des travaux de Mommass (2004), les interlocuteurs précisent qu’ils souhaitent diffuser un message exprimant la volonté de redynamiser le territoire. La région se veut être un projet de vie (rejoignant en cela la recherche de Kapferer, 2011B) au sein duquel les citoyens, les entreprises et les partenaires économiques peuvent envisager de s’implanter : « Il faut montrer qu’il s’agit d’une région où il fait bon vivre, étudier, travailler… » (Marque Auvergne Nouveau Monde).
« Osons affirmer qui nous sommes. Retrouvons la fierté du territoire et portons haut et fort l’excellence de nos savoir-faire. Changeons notre regard sur ce que nous sommes ».
52Même si certaines régions ont choisi de s’adresser à un public très large comme l’Auvergne, elles identifient toutes des cibles bien précises pour mettre en place leurs actions.
53Il est ainsi nécessaire d’agir auprès des cibles endogènes afin de les impliquer dans la réussite du projet (Marque Limousin, Marque Sud-Ouest France, Marque Alsace). Les habitants, les entreprises, les universités, etc. sont autant d’éléments à séduire pour rendre la marque plus vivante et dynamique. D’ailleurs pour l’Alsace, l’entreprise est devenue le cœur de cible de son projet.
54La cible exogène n’est pas négligée pour autant. Il s’agit alors de sensibiliser les touristes, les partenaires économiques, les étudiants et tous les nouveaux venus susceptibles de s’installer, de vivre, de travailler dans la région.
55Les cibles endogènes sont approchées pour devenir acteurs de la marque et permettre le rayonnement du territoire de façon à séduire les cibles exogènes et à les inciter à venir s’installer, visiter ou investir dans le territoire.
2.3 – Mise en œuvre d’une marque partagée
2.3.1 – Les ambassadeurs
56Les ambassadeurs représentent ici des leviers essentiels au rayonnement et à la construction d’une marque partagée comme rappelés d’ailleurs dans de nombreux travaux (Meyronin, 2010 ; Kapferer, 2011A ; Bonnal, 2011 ; Rochette, 2012 ; Chamard, 2014, etc.).
57Selon les régions, il y a plus ou moins de référents : des entreprises actives dans le portage de la MTR, des entreprises innovantes, des réseaux d’acteurs extérieurs attachés à leur territoire qui vont porter le message (Marque Alsace), des bénévoles, les adhérents, les habitants du territoire (Marque Sud de France). Au-delà du nombre d’ambassadeurs, c’est leur implication, leur enthousiasme pour leur territoire qui va être la clé de réussite de l’attractivité de la MTR.
« Il y a des ambassadeurs auxquels on va se référer plus souvent car ils sont plus actifs par exemple. Mais, on est aussi, nous très attentif à donner de la visibilité à certaines entreprises qui se situent dans des secteurs un peu plus inattendus… comme les entreprises dans le secteur naval où l’innovation est très importante et où on utilisait peu ces codes… Aujourd’hui, pour eux, la marque Bretagne est porteuse d’identité (référence au drapeau par son logo) et en même temps avec ce secteur la marque Bretagne affiche une certaine modernité ».
2.3.2 – Gouvernance et pilotage
59Comme dans la phase amont, le pilotage de la MTR est largement soumis à la mise en place de comités de pilotage (en charge des orientations et décisions stratégiques de la marque). L’Auvergne qui fonctionne davantage sous forme d’assemblée générale estime que la « gouvernance ce sont les acteurs du territoire ». Ces comités peuvent aussi prendre la forme d’instances comme pour la marque Bretagne qui a choisi de créer une instance avec un comité d’attractivité et un comité de marque. Le premier a un rôle stratégique fort avec comme mission de fédérer les acteurs et de promouvoir le territoire. Le second a pour fonction « de donner son accord sur les demandes des candidats pour devenir partenaire de la marque » (Marque Bretagne).
60Pour le Limousin, le comité de pilotage a pour vocation la « validation des demandes d’adhésion, du plan d’actions partagé, le portage de la marque dans leurs filières respectives » (Marque Limousin).
61Chaque gouvernance détermine ses critères d’admission à la MTR avec des procédures plus ou moins sélectives :
2.3.3 – Les outils pédagogiques
62L’utilisation d’outils pédagogiques est nécessaire au bon fonctionnement de la MTR et facilite son utilisation pour ses adhérents. De toute évidence, le code marque prédomine et s’appuie sur le portrait du territoire.
63Pour la Bretagne, le code marque est en accès libre (carte des couleurs, conseils) mais l’obtention d’une licence d’exploitation de la marque Bretagne donne le droit à l’utilisation du logo sur les supports de communication (soumis au dépôt d’un dossier de candidature).
64Des démarches d’accompagnement à la mise en œuvre de la marque ou plus généralement des formations en lien avec la démarche doivent être instaurées au sein du territoire. « Pour les professionnels du tourisme qui veulent entrer dans la démarche, il y a une journée d’accompagnement (atelier code marque). On leur présente tout le dispositif afin qu’ils puissent enrichir leur support de communication et les faire réfléchir quand c’est nécessaire à leur positionnement, ce qu’ils offrent de particulier pour les aider à progresser » (Marque Bretagne).
65Le code marque est généralement mis en œuvre par un cabinet d’étude en accord avec les valeurs identifiées. La démarche est similaire au sein des diverses régions et le code marque est simplement transposé aux spécificités de chacune.
66En parallèle, d’autres outils classiques sont mobilisés comme, par exemple, les plans marketing et suivi budgétaire mais également des outils plus innovants pour la Marque Auvergne Nouveau Monde et la Marque Limousin (outils collaboratifs, création de communauté, newsletter, réseaux sociaux, etc.)
3 – Discussion
67La présente recherche exploratoire vient compléter la littérature sur les MT et apporter, au travers d’une approche comparative, un éclairage sur les pratiques managériales des marques région.
68Les résultats de cette étude méritent d’être discutés car ils peuvent apporter des éléments de réflexion pertinents pour les collectivités territoriales.
3.1 – L’omniprésence des collectivités régionales dans la démarche d’une MTR
69Une première observation est liée au lien très étroit qui s’établit entre la mise en œuvre d’une MTR et sa collectivité Au départ, les MTR sont essentiellement gérées par la région (Marque Limousin, Marque Sud de France). Le relais est parfois assuré par des associations (Marque Auvergne Nouveau Monde, Marque Sud-Ouest France) ou encore par l’agence économique (Marque Bretagne). Mais, quels que soient les porteurs actuels et officiels de la MTR, la région affecte, dans tous les cas, des ressources spécifiques aux marques territoriales régionales sous forme de subventions ou de détachements de personnels (1 ou 2 agents à temps plein).
70La prédominance de la région dans la gouvernance de la MTR peut poser un problème de neutralité et de fait induire un risque de désengagement d’une partie des acteurs régionaux de leur MTR. Il faudrait sans doute se tourner vers un autre modèle économique moins dépendant des acteurs publics à l’instar de la démarche de Barcelone dont la marque fonctionne avec environ 80 % de fonds privés.
71En outre, la mise en œuvre d’une MTR implique « l’assimilation d’une logique marketing, la mise en œuvre de nouvelles pratiques et l’usage de nouveaux outils dont les collectivités ne sont pas familières » (Rochette, 2012). La création et l’élaboration d’une MTR, nous l’avons vu, mobilisent par exemple des compétences en matière d’étude d’image, de conception d’outils de communication via le web. Comment intégrer ces nouvelles compétences dans les collectivités ? Par des formations du personnel ou par la création d’emplois ? Les collectivités sont-elles, aujourd’hui, suffisamment réactives et en capacité d’assumer financièrement cette nouvelle charge ?
72De plus, « la culture du service public des collectivités peut être un frein à l’acquisition de nouvelles compétences » (Rochette, 2012). La gouvernance autour d’une MTR n’est donc pas évidente. « La logique mercatique trouve alors ses limites avec la prise en compte du politique, inhérente au territoire » (Houllier-Guibert, 2012).
3.2 – Le rôle primordial de l’appropriation
73La MTR ne peut être partagée que si les acteurs s’approprient la marque. Pour ce faire, il faut qu’elle soit évocatrice tant pour les locaux que les extérieurs et fédérer les acteurs du territoire. La MTR se doit de mettre en œuvre une logique participative malgré les éventuels écueils liés à ce type d’actions (Sintomer et De Maillard, 2007).
74Cette démarche participative (amont et aval) doit se faire autour « d’un réel projet de territoire porteur d’une dynamique de construction continue assurant l’appropriation des valeurs et attentes sociétales passées, présentes et futures » (Zumbo-Lebrument, 2015).
75En réalité, la concertation, le nombre et le choix des ambassadeurs mais aussi la gouvernance [9] et le pilotage pourraient représenter autant d’éléments clés de succès du développement d’une MTR.
76Les parties prenantes doivent ainsi être intégrées à la procédure de construction et de mise en œuvre d’une MTR. Ceux-ci adhèrent aux valeurs véhiculées par la MTR et représentent une « communauté corporate » où les acteurs sont davantage perçus comme des partenaires que comme des cibles (Gregory, 2007). Il peut s’agir d’acteurs de nature institutionnelle, citadine, économique ou hybrides (Maynadier, 2009). Ceux-ci contribuent à la co-production de la MTR à des degrés d’engagement et de responsabilité divers (participation à la construction, endossement du rôle d’ambassadeur, engagement dans le comité de pilotage, implication dans la gouvernance, etc.).
77La marque Bretagne illustre relativement bien cette approche participative et interactive à la fabrication de la marque (focus group, blog, questionnaires, etc.). Une multitude d’acteurs entre 2008 et 2011 (associations, acteurs économiques et touristiques bretons, les acteurs bretons hors de Bretagne, habitants et étudiants, etc.) ont ainsi été impliqués dans la marque Bretagne (Houillier-Guibert, 2012).
3.3 – Les MTR : un concept aux contours encore flous
78Toute la difficulté demeure dans la gestion du développement de la MTR qui n’est pas une marque produit (Rochette, 2012, Kapferer, 2011A) et qui doit trouver le bon compromis entre souplesse et rigidité dans ses critères d’admission. En effet, l’existence de multiples labels et marques collectives au niveau d’une même région induit la prise en compte de différents cahiers des charges associés à ces démarches de certifications. Cela peut entraîner une complexité accrue dans la mise en œuvre de la MTR, un sentiment de confusion voire la réticence de certains acteurs locaux. Pour le cas de l’Aquitaine, « le paysage aquitain étant déjà encombré de marques ou assimilées » [10], des problèmes d’articulation entre les labels de qualité locaux et la MTR se sont alors posés. Sans compter que du côté du consommateur cette profusion de sigles, labels et autres appellations risque de troubler l’attitude et le comportement de celui-ci (Dufeu, Ferrandi, Gabriel, Le Gail-Ely, 2014 ; Jongmans, Jolibert, Irwin, 2014).
79En outre, au-delà des multiples labellisations sur un même territoire, se pose également la question des objectifs assignés aux MTR et de leur pertinence. La présente étude met en évidence deux objectifs prioritaires distincts, à savoir :
- Valoriser la région (Imagin’Alsace, Auvergne Nouveau Monde, Bretagne, Limousin)
- Valoriser la production régionale (Sud de France, Sud-Ouest France)
80L’essence même de la MTR peut alors être discutée lorsqu’il s’agit avant tout de valoriser des productions locales. Dans ce cas, la MTR s’apparente à une marque collective régionale pouvant apparaître comme une marque au service d’un secteur d’activité, d’une ou plusieurs filières. Peut-on alors parler de marque transversale partagée dès lors que celle-ci a essentiellement vocation à soutenir certaines filières régionales ? Dans ce cas, la vigilance s’impose pour ce type de MTR car le risque existe de créer une marque pour seulement une partie des acteurs du territoire remettant en question le concept même de MTR (Bouinot, 2002 ; Chanoux et Serval, 2011 ; Kapferer, 2011 A et B ; Rochette, 2012 ; Chamard, 2014).
81Deux approches distinctes peuvent donc être identifiées : 1 approche globale qui caractérise la démarche MTR et 1 approche « filière(s) » qui rejoindrait davantage la démarche d’une « supra » marque collective régionale.
3.4 – L’image territoriale comme élément différentiel des pratiques managériales ?
82Au regard des interviews réalisées et sur la base des déclarations des responsables de MTR interrogés, nous constatons que les régions associées aux MTR étudiées, ont des préoccupations d’image région différentes. Il semblerait, en effet, que certaines régions engagées dans la création d’une MTR n’aient pas de problèmes particuliers d’image tels que le Languedoc Roussillon, l’Aquitaine, les Midi Pyrénées. D’autres évoquent des préoccupations d’image plus ou moins fortes : l’Alsace, la Bretagne ou l’Auvergne et enfin le Limousin.
83À ce stade, des rapprochements de MTR selon l’image région perçue par nos interlocuteurs peuvent être proposés :
- Préoccupation image région faible : Marque Sud de France et Marque Sud-Ouest France
- Préoccupation image région moyenne : Marque Alsace, Marque Bretagne, Marque Auvergne Nouveau Monde
- Préoccupation image région forte : Marque Limousin [11].
84Il est possible de mettre en parallèle ces préoccupations images perçues avec certains éléments du processus de construction.
85L’étude qualitative laisse apparaître que les MTR dont le territoire n’a pas une problématique d’image forte cherchent davantage à protéger, valoriser et défendre les productions locales, alors que celles associées à un territoire ayant une image affaiblie voire déficitaire ont pour principal objectif de travailler l’image de façon à renforcer l’attractivité territoriale (tableau 4). Ces orientations d’objectifs vont bien évidemment influer sur le positionnement et les cibles afférentes aux différentes MTR. Celles souhaitant valoriser les productions locales désirent séduire de façon à exporter leurs produits quand celles cherchant à améliorer leur attractivité s’adressent à une cible prioritairement exogène (nouveaux venus, investisseurs, partenaires économiques, étudiants, touristes, etc.) puis, dans une moindre mesure, à une cible endogène de façon à renforcer le sentiment d’appartenance au territoire et à avoir des ambassadeurs passionnés qui véhiculent une vision positive du territoire. Le propos des acteurs interrogés rejoint ici la vision de Dion, Rémy et Sitz (2010) spécifiant le sentiment d’appartenance à une région comme étant un levier d’action marketing. Ainsi, plus les ambassadeurs seront impliqués et œuvreront pour le rayonnement de leur région, plus la résonance de la MTR sera bénéfique.
Spécificités du processus de construction des MTR selon la préoccupation image perçue par les interviewés
Objectifs | Critères de sélection | Cible | Message | ||
---|---|---|---|---|---|
POTENTIEL IMAGE FORT | Sud de France | Protéger/défendre les produits locaux | Exigeante | Niveau national et local ; Export | Sud, Soleil, Convivialité, la Qualité, la Modernité et une marque innovante. |
Sud-Ouest France | Protéger/défendre les produits locaux Faire connaître et valoriser les produits Sud-Ouest à l’export | Exigeante | Les mots-clés sont authenticité, qualité, art de vivre… | ||
POTENTIEL IMAGE MOYEN | Alsace | Faire rayonner, avoir plus de lisibilité Accroître la notoriété Être plus attractif | Souple | Entreprise | Sentiment de fierté, d’appartenance, sous un slogan « On a tous l’Alsace à cœur », La communication devra à l’avenir être plus orientée vers le domaine de l’excellence et de l’innovation |
Bretagne | Enrichir l’image Accroître la notoriété | Niveau intermédiaire | Étudiants Touristes | L’idée est que les entreprises puissent créer du lien avec leur territoire | |
Auvergne Nouveau monde | Améliorer l’image Devenir attractif | Souple | Étudiants ; investisseurs ; Nouveaux venus + tout public (hors Auvergne) | Une région où il fait bon vivre, étudier, travailler, etc. | |
POTENTIEL IMAGE FAIBLE | Limousin | Modifier l’image perçue qui est négative Renforcer l’attractivité | Souple | Étudiants Partenaires économiques Touristes Nouveaux venus cible endogène | Changeons notre regard sur ce que nous sommes. |
Spécificités du processus de construction des MTR selon la préoccupation image perçue par les interviewés
86Les travaux de Dion et al. (2010) recensent sept points fondamentaux de l’appartenance régionale à développer lorsqu’un organisme souhaite en faire un levier d’action marketing (tableau 5). Ce propos peut être transposé aux modalités des Marques Territoriales Régionales au regard des informations récoltées lors des entretiens. Par exemple, Dion et al. (2010) précisent entre autres qu’il est nécessaire de favoriser l’expérience communautaire. La MTR répond à cette préconisation par la mise en place d’outils collaboratifs dans le cadre d’une large démarche participative (notamment pour les MTR où la préoccupation image est forte). Ainsi, par exemple, Auvergne Nouveau Monde est inventive et alimente continuellement les opérations participatives :
- Auvergne Nouveau Monde Tour : tournée de recrutement des nouveaux adhérents, un jour un département, etc.,
- Mise en place de thématiques, conférences avec des acteurs pour amplifier le réseau et créer des liens autour d’une soirée conviviale,
- Lancement des Pépites du Nouveau Monde : Soirée-conférence conviviale avec cinq intervenants qui exposent leur récit de vie. Ces pépites sont co-construites avec les pionniers, dont le comité se réunit tous les mois. Ces pionniers sont toujours impliqués dans la démarche,
- Étudiants pionniers qui lancent des opérations guérilla de distribution,
- Réseaux sociaux (tweeter, facebook), newsletter, amélioration du site, création d’un réseau social avec nos pionniers,
- Création d’une sociale TV avec une partie vidéo, un tunnel hiérarchisé.
Appartenance régionale et actions associées aux MTR
APPARTENANCE RÉGIONALE (Dion et al., 2010) | ACTIONS IDENTIFIÉES AU SEIN DES MTR |
---|---|
Mettre en récit la marque à partir des représentations de la région | Élaboration du portrait identitaire du territoire |
Plonger le consommateur dans une atmosphère régionale | Événementiels (manifestations artisanales, culturels) portés par la MTR et utilisés comme univers expérientiels de découverte |
Mettre en valeur la culture régionale | Création d’outils et code marque adaptés aux spécificités territoriales |
Favoriser l’exhibitionnisme régional | Mise en avant des symboles et emblèmes du territoire régional |
Se placer comme une alternative à la mondialisation | Soutien aux structures locales et/ou aux produits |
Favoriser l’expérience communautaire | Outils collaboratifs |
Mettre en avant la solidarité régionale | Ambassadeurs, démarche participative, gouvernance collective |
Appartenance régionale et actions associées aux MTR
87Au regard de ces différents éléments de réflexion, nous pouvons tenter de résumer le lien entre la préoccupation image région, les objectifs et les pratiques managériales de la MTR au sein de la figure 3.
Liens entre préoccupation image région et démarche associée à la MTR
Liens entre préoccupation image région et démarche associée à la MTR
Conclusion
88Au sein même des régions, la logique de marque territoriale connaît un vif intérêt et la MTR offre des perspectives pertinentes aux territoires désireux de se lancer dans l’aventure. Cependant, si la MTR est aujourd’hui intégrée dans les pratiques managériales de nombreuses collectivités territoriales, force est de constater que peu de travaux de recherche ont abordé ce concept. Celui-ci mérite pourtant une attention particulière car il permet d’ajouter de la valeur à l’offre (Bonnal, 2011) et souhaite dépasser les labels passifs et les certifications d’origines (Kapferer, 2011B).
89Le présent article, au travers de recherches académiques, documentaires et d’entretiens qualitatifs, a cherché à appréhender une démarche globale de construction et de mise en œuvre de la MTR en précisant l’effet différentiel éventuel de l’image du territoire sur ces pratiques.
90Par son approche empirique comparative, ce travail exploratoire apporte des clés de lecture et une meilleure connaissance des démarches engagées par les territoires pour les collectivités locales qui souhaiteraient lancer leur propre marque et pour les acteurs déjà investis dans une MTR et qui la font vivre au quotidien.
91Les prolongements de cette étude sont multiples.
92La relation entre les pratiques étudiées et l’image du territoire mériterait d’être davantage rapprochée et discutée au regard des travaux de recherche sur l’image territoire.
93D’autres investigations en lien avec l’identité d’une région et le lancement d’une MTR pourraient également être envisagées. Toutes les régions ont-elles intérêt à se lancer dans une démarche de MTR ? L’ambition pour une MTR de s’ériger en facteur de cohérence territoriale peut-elle s’avérer plus pertinente pour des régions où l’identité est forte et très marquée ? Pour les régions en quête d’identité et d’image, le processus de création d’une MTR ne consiste-t-il pas à dupliquer les mêmes techniques de marketing à n’importe quelle région et donc à forger une sorte de langage vide de sens, aseptisé qui dénature l’idée même de particularisme régional ? Quel est alors le sentiment d’appartenance lié à ces marques fondées sur une identité créée de toutes pièces par les cabinets d’étude ?
94Un autre prolongement serait de s’appuyer sur le retour d’expérience des MTR étudiées au sein de notre recherche exploratoire et de tenter d’analyser les facteurs clés de succès pouvant donner lieu à l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques.
95Par ailleurs, la question de la performance d’une MTR se pose : Comment mesurer l’efficacité d’une MTR, quels sont les indicateurs à prendre en considération ?
96Notons également qu’il serait opportun de mener une étude relative aux ambassadeurs, permettant de spécifier les critères de sélections, leurs rôles, leur implication, etc. en fonction des différentes MTR.
97Enfin, des recherches sur les conséquences de la réforme territoriale sur l’efficacité de ces MTR pourraient également constituer des domaines d’études intéressants. Quel est le devenir des MTR dans le cadre de la réforme territoriale Française ? La fusion de départements et de régions ne risque-t-elle pas de remettre en question les fondements même de certaines MTR ? Pourrait-on envisager de futures MTR pour ces nouveaux territoires ? Quelle serait alors la pertinence de celles-ci en termes d’identité, d’image, de valeurs partagées ? Par exemple, la fusion Auvergne Rhône-Alpes pourrait nécessiter de repenser la marque Auvergne Nouveau Monde autour de trois scénarii dont le choix dépendra des parties prenantes : changer de nom en créant une nouvelle marque par substitution, restructurer l’identité nominale en adjoignant une nouvelle marque, conserver les marques existantes dont le champ d’action est ciblé et redéfinir le périmètre d’action sectoriel (Rochette, Zumbo-Lebrumment, Féniès, 2015).
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Mots-clés éditeurs : Marque collective, territoire, image région, Marque territoriale, Marque région
Date de mise en ligne : 08/01/2018
https://doi.org/10.3917/gmp.054.0041Notes
-
[1]
Business & Marchés, 31 janvier 2011.
-
[2]
Le « made in » (% de valeur ajoutée réalisée dans la région) et la MTR sont des notions liées mais bien distinctes au sens où toute marque territoriale renvoie de façon symbolique à un pays, une ville, une région même si on « n’y est pas fabriqué et inventé » (Kapferer, 2011A et 2013). On observe actuellement une multiplication d’initiatives faisant la promotion du « made in région » en mettant l’accent sur l’origine des matières premières, les savoir-faire d’un terroir, le lieu de production…
-
[3]
Démarche généralement initiée par des chambres d’agriculture, des associations ou des conseils régionaux. Le développement de ces marques collectives régionales (MCR) permet aux entreprises régionales de se déployer hors de leur territoire en glissant du référencement régional au national voire à l’international. Exemples : Bravo l’Auvergne, Sud de France, Les Saveurs en Or, Produits en Bretagne Cette dernière compte plus de 2 700 références (dont environ 2 400 dans le secteur alimentaire). Les produits intégrés à la MCR peuvent apposer le logo associé.
- [4]
- [5]
-
[6]
Étude menée sur la base d’une collecte réalisée en collaboration avec l’IFOP et l’ARF (Association des Régions de France) auprès de 1 600 personnes.
-
[7]
D’autres entretiens viendront prochainement compléter la présente étude qualitative.
-
[8]
Notons qu’avant de réaliser nos six entretiens, le guide qualitatif a été pré-testé auprès de deux MTR : la MT Le Valais ainsi que celle du Pays Basque. Ces deux dernières n’ont pas été insérées à notre réflexion car Le Valais est une marque Suisse et le lancement de la MT du Pays Basque n’a pas encore été officialisé.
-
[9]
Notons ici que la gouvernance d’une MTR est portée par des acteurs partageant des valeurs communes et une vision analogue mais, au même titre que la marque ville, la MTR peut aussi reposer sur un partage d’intérêts stratégiques (Maynadier, 2015).
-
[10]
Meyric S. (2012), La mode des marques territoriales ne passera pas par l’Aquitaine, [http://www.aqui.fr/]
-
[11]
Le Limousin, conformément aux travaux de Chamard et al. (2013), fait partie des régions au capital territoire absent (à créer) c’est-à-dire peu visitées, suscitant peu d’associations et évaluées de manière négative.