La loi française 2002-02 du 2 janvier 2002 a placé les personnes âgées dépendantes au centre de leur accompagnement en institution. Des outils permettent de transposer cette évolution dans le quotidien des résidents et des établissements. Malgré cela, l’ouvrage de Victor Castanet, Les Fossoyeurs (2022) et de récents rapports ont mis en lumière la fragilité du respect des droits et libertés dans certains établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Nous nous interrogeons ici sur l’une des sources potentielles de ce constat : une culture organisationnelle dans les Ehpad qui ne serait pas suffisamment centrée sur les résidents, qui ne serait ainsi pas en cohérence avec les préceptes de la loi édictés de manière descendante.
Dans un premier temps, nous présentons un cadre conceptuel identifiant les dimensions de ce que serait une culture organisationnelle en Ehpad centrée sur le résident, basé sur la littérature relative à la culture organisationnelle et à sa déclinaison dans les secteurs sanitaire et médico-social. Dans un second temps, nous confrontons ce cadre aux travaux dédiés à l’accompagnement des personnes âgées dépendantes en France et aux politiques du grand âge. La conclusion de l’étude met en lumière la fragilité de l’existence d’une culture organisationnelle centrée sur le résident en lien avec des facteurs individuels, institutionnels et politiques ne s’inscrivant pas encore profondément dans la philosophie d’accompagnement sous-tendue par la loi.