Couverture de GS1_152

Article de revue

Vieillir dans un habitat autogéré : la question du « vivre ensemble »

Pages 155 à 167

Notes

  • [1]
    Les habitats autogérés ont été reconnus par la loi ALUR adoptée le 24 mars 2014, qui les définit par l’appellation d’« habitat participatif ». Nous choisissons d’utiliser le terme d’« habitat autogéré » qui nous semble illustrer de manière plus significative les caractéristiques de ces modèles. Dans le corps du texte, le terme d’habitat autogéré sera remplacé par le signe HA.
  • [2]
    Dans le corps du texte, ce modèle sera désigné par l’appellation « maison communautaire de Sœurs Aînées ».
  • [3]
    Notre grille d’entretien comprend les volets suivants : identité et trajectoires individuelles ; récit de projet (historique et genèse, valeurs, difficultés rencontrées) ; perception subjective de l’espace vécu (motifs d’installation, pratiques collectives et privatives, perception de la vie collective, conflits)
  • [4]
    D. Argoud a élaboré une typologie des « habitats intermédiaires ». Il comptabilise cinq idéaux types : l’habitat adapté, l’habitat service, l’habitat intergénérationnel, l’habitat groupé et l’habitat autogéré (Argoud, 2014).
  • [5]
    Rapport Boulmier (2009), Rapport Broussy (2013).
  • [6]
    D. Argoud (2011), L. Nowik, A. Labit, A. Thalineau et L. Herpin (2013). En Belgique, on pourra noter la publication des rapports Carlson (1998) et Charlot et Guffens (2006).
  • [7]
    Par exemple, l’ensemble des travaux d’A. Labit dont certains sont cités dans le texte, ou ceux d’H. Leenhardt (2010).
  • [8]
    Le film, sorti en salle le 18 janvier 2012, est réalisé par S. Robelin.
  • [9]
    Mona, 77 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [10]
    Une « congrégation » ou un « institut » est un état d’esprit particulier, un projet commun au sein d’une spiritualité religieuse (dans ce cas, la spiritualité franciscaine), tandis que les « maisons communautaires », les « communautés » et les « fraternités » constituent les lieux de vie des religieuses d’une congrégation.
  • [11]
    Dans la maison communautaire où nous avons effectué nos enquêtes de terrain, l’effectif est passé de 145 à 40 Sœurs en une trentaine d’années.
  • [12]
    Le lieu que nous avons visité se distingue ici des autres maisons communautaires de Sœurs Aînées, dans lesquelles les Sœurs sont restées dans leur bâtiment historique.
  • [13]
    Les dénominations de Sœurs « valides » et de Sœurs « malades » sont énoncées comme telles dans les entretiens réalisés.
  • [14]
    Dorothée, 63 ans, habitante de la « Maison des Babayagas ».
  • [15]
    Mado, 80 ans, Sœur Supérieure dans une maison communautaire de Sœurs Aînées.
  • [16]
    Mado, 80 ans, Sœur Supérieure dans une maison communautaire de Sœurs Aînées.
  • [17]
    La participation des Sœurs à l’organisation du quotidien est définie par elles comme une « mission ». Par exemple, Sœur Marie-Andrée explique : « ma mission c’est de m’occuper de l’accueil ».
  • [18]
    Les Sœurs « soignantes » sont désignées comme telles par les enquêtées. Elles sont d’anciennes infirmières ou aides-soignantes aujourd’hui retraitées.
  • [19]
    Agnès, 75 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [20]
    Thérèse Clerc, 86 ans, fondatrice aujourd’hui décédée de la « Maison des Babayagas ».
  • [21]
    Chantal, 74 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [22]
    Maurice, 76 ans, habitant du « Jardin du béguinage ».
  • [23]
    Agnès, 73 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [24]
    Mona, 77 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [25]
    Les sœurs reversent l’intégralité de leurs ressources financières à l’institut (retraite, salaire, aide sociale). Cette mise en commun permet notamment de compléter la mutualisation des moyens de l’APA pour procéder à la prise en charge des sœurs malades.
  • [26]
    Les Sœurs venues s’installer dans la maison communautaire partagent un lieu de vie avec d’autres Sœurs qui ont toujours habité les lieux. De plus, elles ont eu des parcours professionnels distincts, se sont investies dans des œuvres variables et sont issues de milieux sociaux différents.
  • [27]
    E. Goffman inclut les communautés religieuses à la définition qu’il donne des « institutions totales ». La maison communautaire des Sœurs Aînées s’en distingue sur plusieurs aspects. Les règles de la vie quotidienne demeurent souples. Il n’est pas observé de fossé infranchissable entre le groupe restreint de dirigeants et la masse des personnes dirigées. De même, la spiritualité franciscaine implique une ouverture au monde et à autrui, elle s’exprime dans des interactions importantes entre les religieuses et l’environnement qui leur est extérieur.
  • [28]
    Le baby-boom se définit comme un phénomène démographique comportant les générations nées entre 1945 et le début des années 1970. Or, si certains des enquêtés appartiennent à ces générations, d’autres sont nés avant. Notre échantillon compte ainsi des personnes nées entre 1927 et 1953.

Introduction

1À partir des années 2000 avec notamment la médiatisation de la « Maison des Babayagas », la thématique de l’Habitat Autogéré (HA) pour personnes âgées [1] se popularise en France. Les concepteurs de projets et les habitants de ces nouvelles formules résidentielles semblent réinventer les lieux de vieillir et repenser les modalités du « vivre ensemble » au moment de la vieillesse. Cependant, ils se heurtent à de nombreuses difficultés dont la principale réside dans la concrétisation des utopies fondatrices des projets collaboratifs. La maison communautaire des Sœurs Aînées de l’Institut des Sœurs de Saint François d’Assise [2] apparaît comme un modèle d’HA particulier, caractérisé par la prégnance d’un sentiment religieux partagé. Il relève d’une certaine culture de la vie communautaire que, dans cet article, nous nous proposons de mettre en regard avec les modalités et les principes qui gouvernent la vie collective dans d’autres HA que nous désignerons ici comme « ordinaires ».

2Partant de l’idée selon laquelle le langage contribue à la construction de la réalité sociale, au monde vécu, « le monde auquel on croit », « son monde » (Demazière, 2007, p. 93), l’analyse des discours recueillis à l’aide d’une grille d’entretiens thématiques [3] permettra de comprendre les motifs de l’action et de confronter, au prisme d’une approche comparative, les perspectives différenciées et subjectives du « vivre ensemble » dans les HA pour personnes âgées. Dans le but d’illustrer notre propos, nous nous appuierons sur un corpus d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs compréhensifs avec des personnes âgées entre 60 et 93 ans. Ils ont été réalisés dans quatre HA : La « Maison des Babayagas », une maison communautaire des Sœurs Aînées, une colocation senior, tous trois situés en France, et le « Jardin du béguinage » situé en Belgique. Nos enquêtes de terrain ont été complétées par des matériaux divers ; outre l’examen de la littérature scientifique portant sur cette thématique, nous nous sommes appuyés sur des observations directes effectuées sur les lieux, ainsi que sur des discussions informelles avec les habitants.

3Les HA sont des lieux de vie hétérogènes et multiformes dont nous nous attacherons dans un premier temps à décrire les traits saillants. Si, dans un cas comme dans l’autre, il est question pour les acteurs de se réapproprier leur vieillissement, la comparaison entre le modèle de la maison communautaire des Sœurs Aînées et les HA ordinaires permettra dans une seconde partie d’analyser comment les trajectoires individuelles et les valeurs intrinsèques aux différents HA peuvent impacter la coloration particulière du « vivre ensemble » qui s’y institue, entre communauté et valorisation de l’autonomie individuelle.

Définition et limites de l’Habitat Autogéré

4Les HA entrent dans la catégorie des « habitats intermédiaires ». Apparues en France à partir des années 2000, ces nouvelles formules résidentielles destinées aux personnes âgées sont définies comme des logements individuels insérés dans un collectif permettant de pérenniser le sentiment du « chez-soi », de faciliter l’accès aux services (linge, ménage, restauration, animation) et de favoriser le lien social entre les habitants (Nowik, 2014). Les « habitats intermédiaires » se situent au croisement des deux pôles qui structurent l’action gérontologique : le maintien à domicile et l’hébergement collectif traditionnel. Les initiateurs de ces modèles disparates et variés [4] ont vocation à étoffer l’offre d’hébergement à disposition des personnes âgées, dans un processus de distinction avec le modèle de la maison de retraite traditionnelle qui dans les représentations fait toujours office de repoussoir (Argoud, 2014).

5À l’instar des « habitats intermédiaires », les HA se caractérisent par leur hétérogénéité. Situés tantôt en milieu rural, tantôt en milieu urbain, ils ont des formes variées (immeuble, appartement ou maison partagés, regroupement de plusieurs habitations individuelles). Les modèles consolidés sont parfois réservés aux femmes, mais peuvent également être mixtes ou intergénérationnels. Si certains projets sont portés par des groupes militants qui souhaitent transformer le regard de la société sur le vieillissement, dans d’autres cas, il est plutôt question d’expérimenter dans les pratiques quotidiennes d’un projet collaboratif, d’autres modalités d’habiter pour « vieillir autrement ». Malgré leur diversité, les HA présentent des caractéristiques communes. Ils se définissent par leur dimension autogestionnaire et participative. Les porteurs de projets peuvent prendre part à la conception de leur habitat en partenariat ou non avec d’autres acteurs (architectes, consultants, bailleurs sociaux, associations, collectivités territoriales). Ils définissent également les règles de la vie collective et quotidienne. Les habitants de ces lieux de vie se rejoignent autour d’utopies fondatrices, délimitant les contours d’un projet construit ensemble, dont ils assurent la continuité par des moments d’échanges et de convivialité.

6L’autonomie est une valeur centrale dans les HA, elle est envisagée comme une volonté des personnes impliquées dans ces modèles de garder la maîtrise des conditions de leur vieillissement. À cette valeur s’articule celle de la solidarité. Définie comme une entraide réciproque permettant de sécuriser l’existence au moment du vieillissement, la solidarité relève également d’une volonté de se choisir un groupe de pairs avec qui vieillir, pour éviter de finir ses jours en solitaire.

7Pour Doris par exemple, si dans une maison de retraite « on rencontre tout le monde, mais on ne rencontre personne », l’habitat dans lequel elle vit depuis maintenant 17 années lui permet « un partage de vie » avec les autres habitants :

8

« Je crois essentiel de garder entre nous le lien social dans la vie. Parce que c’est ça le drame des personnes âgées : avec l’âge, moi toutes mes copines elles meurent ! Moi je suis toujours là. Mais ce qui est vrai pour moi est vrai pour tout le monde. […] Moi je dois dire, mes filles, elles tiennent à moi comme c’est pas possible, mais tout le monde ne peut pas en dire autant. Et donc je crois que la première chose c’est ça, c’est créer le lien social. »
(Doris, 80 ans, habitante du « Jardin du béguinage »)

9L’HA occupe une place à part dans la nébuleuse des « habitats intermédiaires ». Le modèle est perçu comme l’expression d’un renouveau dans les pratiques résidentielles des retraités et comme un moyen permettant de « mieux vieillir » (Labit, 2016). Aussi, lors de l’émergence de certaines expérimentations emblématiques en France, l’HA pour personnes âgées a le vent en poupe dans le milieu académique, chez les acteurs de terrain, auprès de certains élus politiques et dans le grand public, en témoigne la multiplication de rapports [5] et de recherches [6], d’articles de presse et des textes scientifiques [7], traitant de la question.

10La thématique de la colocation pour personnes âgées est même portée à l’écran en 2012 dans une réalisation cinématographique contant la rébellion de quatre vieux qui, dans l’intention d’éviter l’éventualité d’un placement en maison de retraite, décident de s’entraider et de cohabiter. L’intitulé du film témoigne à lui seul des possibilités que semblent offrir ces lieux alternatifs et de l’enthousiasme général porté à leur égard : Et si on vivait tous ensemble ?[8] Cependant, le développement des HA se heurte à de multiples obstacles. Outre les difficultés relatives à leur mise en œuvre, liées au caractère hors normes et expérimental des différents projets (Argoud, 2011 ; Labit, 2016), les HA sont confrontés à de nombreux conflits internes. Les tensions relatives au renouvellement des habitants, à l’équilibre entre individuel et collectif, au partage des valeurs ou aux attentes différenciées de chacun reflètent la complexité d’inscrire le projet collectif dans la durée et dans les réalités de la vie quotidienne (Labit, 2013). De plus, il apparaît que bien souvent, l’organisation de la vie collective limite les possibilités pour les HA de faire face à la « dépendance » des personnes résidantes. Et dans des lieux où « il faut être en bonne santé, si possible, le plus autonome possible » [9], elle peut difficilement se substituer à l’intervention de soignants extérieurs et/ou à l’aménagement d’une prise en charge adaptée lorsque le besoin se fait sentir.

Les maisons communautaires des Sœurs Aînées, un Habitat Autogéré particulier

11La maison communautaire des Sœurs Aînées apparaît comme un HA particulier. Elle est issue d’un réaménagement de plusieurs congrégations franciscaines [10] visant à répondre au vieillissement de leurs membres. Les Sœurs rencontrées évoquent ainsi une baisse d’effectif significative [11] et des situations de fragilisation de plus en plus importantes (handicaps physiques liés à l’âge, troubles cognitifs, fin de vie), qui au vu de l’insuffisance du renouvellement des vocations, ne leur permet plus de gérer en interne la prise en charge de leurs consœurs en situation de « dépendance ». Ainsi, certaines communautés comptabilisant un indice de « dépendance » trop élevé ont été confrontées aux pressions des conseils généraux qui souhaitaient les faire basculer dans le cadre de la loi 2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale. Les religieuses décident alors de repenser leur mode de fonctionnement pour éviter que leurs lieux de vie ne se transforment en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD).

12Le processus d’adaptation des Sœurs suit plusieurs étapes. En 2005, sept congrégations se regroupent au sein d’une union pour former un nouvel institut. Cette union permet de rassembler les Sœurs vieillissantes dans trois maisons communautaires accueillant chacune 40 à 45 religieuses, et de laisser les jeunes Sœurs poursuivre leurs œuvres et missions apostoliques sans être limitées par la prise en charge des plus fragiles d’entre elles. Si elles expliquent avoir longtemps fonctionné en autonomie totale, les religieuses des maisons communautaires de Sœurs Aînées décident progressivement de déléguer certains services nécessaires au fonctionnement des lieux à des laïcs (restauration, ménage, soin). En 2008, elles élaborent un partenariat avec une association extérieure qui va leur permettre de repenser la gestion du personnel, l’organisation administrative, juridique et financière nécessaire à l’adaptation des maisons communautaires au vieillissement des Sœurs. Il est notamment décidé de mutualiser les moyens de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile, d’en faciliter l’exercice par une modalité de gestion en réseau permettant de procéder à des économies d’échelle et d’aboutir à un équilibre financier viable sur le long terme. Enfin, après la vente de leur ancien couvent trop difficile à entretenir et en partie inoccupée, les Sœurs de la maison communautaire que nous avons pu visiter s’installent en 2010 dans de nouveaux locaux situés dans l’ancien jardin potager du bâtiment initial [12]. L’espace est segmenté en deux parties. Le premier étage comprend l’ensemble des lieux communs ainsi que les chambres privées des Sœurs « valides », le second, transformé en unité de soin est dédié à l’accompagnement des Sœurs « malades » [13].

13Contrairement aux HA ordinaires, dont l’émergence nécessite de « casser toutes les barrières » [14], qu’elles soient juridiques, administratives, financières ou morales, la maison communautaire des Sœurs Aînées n’est pas issue d’une ingénierie de projet, mais d’une refonte de l’organisation interne des congrégations pour « tenir le coup » [15]. Dans un rapport de force avec une entité extérieure (les laïcs), les religieuses manifestent une volonté de conservation pour protéger ce qui les relie.

14

« C’est ce qui nous a fait prendre une décision, puisqu’on ne voulait pas mourir. On détient un charisme qu’on doit communiquer. Donc en se rassemblant, on continue à faire vivre ce charisme de Saint François. »
(Mado, 80 ans, Sœur Supérieure dans une maison communautaire de Sœurs Aînées)

15Outre leur intention de « continuer à faire vivre » l’œuvre qui les rassemble, le modèle est aménagé par les Sœurs pour leur permettre de se réapproprier les conditions de leur vieillissement. Elles souhaitent ainsi « garder leur vie religieuse » [16] dans un lieu de vie communautaire où, comme le notifie Sœur Marie-Chantal, il est possible de « suivre la règle, comme si on était jeunes : on va aux offices, on fait le chant, on fait le réfectoire ». La volonté de maîtrise des religieuses se traduit par leur intention de garder le contrôle de leur lieu de vie, autogéré par elles. La Sœur supérieure remplit le rôle de maîtresse de maison, elle est mandatée pour veiller sur ses consœurs et gérer les relations avec le personnel. Elle est accompagnée par une économe qui l’assiste dans la gestion des fonds de la communauté. D’autres Sœurs sont « missionnées » [17] pour s’occuper de l’accueil des visiteurs, gérer les appels téléphoniques et les prises de rendez-vous, tandis que certaines entretiennent le jardin d’ornement. Enfin des Sœurs « soignantes » [18] œuvrent à la prise en charge des Sœurs « malades », elles sont responsables des équipes de soin composées en partie de laïcs. Le cadrage de la position du personnel extérieur à la communauté révèle également d’une volonté de maîtrise. Pilotés par les religieuses, les laïcs ont une fonction d’assistance complémentaire, de plus, ils interviennent en ambulatoire comme ils le feraient à domicile, ils sont donc « chez elles ».

Habitat Autogéré ordinaire et maison communautaire, deux modalités de « vivre ensemble »

16La comparaison entre le modèle de la maison communautaire des Sœurs Aînées et les HA ordinaires laisse entrevoir des modalités de « vivre ensemble » différenciées. Dans les HA ordinaires, la vie collective semble être marquée par la prééminence de l’autonomie individuelle où chacun des lieux consolidés a vocation à être « communautaire sans être communautaire » [19]. La volonté des habitants d’aménager une vie collective peu contraignante peut notamment se lire dans la structuration des espaces. La « Maison des Babayagas » par exemple est un immeuble comprenant 21 appartements pourvus d’une cuisine et d’une salle de bains, où « chacune est bien chez elle » [20]. De même, le Jardin du béguinage comprenant huit maisons individuelles reliées les unes aux autres par un jardin et par des petites cours partagées permet à chacun de « gérer sa vie comme il l’entend » [21]. Dans le cas où l’habitat est partagé comme c’est le cas de la colocation senior, les habitants peuvent évoquer l’importance donnée aux activités effectuées en dehors du lieu. C’est le cas de Diane pour qui « la vie dans la maison n’est pas très importante ». Elle explique avoir « autre chose dans la vie » – une vie sociale et culturelle qu’elle définit comme riche – ce qui lui permet de construire un « équilibre entre intérieur et extérieur ».

17La solidarité et l’entraide réciproque entre les habitants puisent leurs fondements dans le partage d’une problématique commune : vivre entouré le temps de la vieillesse et « vieillir autrement », dans un processus de distanciation avec la maison de retraite traditionnelle perçue comme un environnement coercitif. L’entraide et la solidarité expriment en théorie dans l’établissement de bons rapports de voisinage, dans les services rendus entre habitants et dans la sécurité apportée par la présence attentive d’un groupe de pairs réunis autour d’un projet commun. Néanmoins, il apparaît que les HA ordinaires sont des lieux de conflit. La « Maison des Babayagas » notamment a été secouée par plusieurs crises au cours des dix premières années de gestation du projet et par au moins deux vagues de démissions.

18Les mésententes et les désaccords concernant l’administration de l’association, ses modalités de direction et l’organisation de la vie commune ont dissous le groupe et remis en cause le projet collaboratif. De même, Diane, habitante d’une colocation senior évoque « des moments de violence surtout les 6 premiers mois ». Les tensions et les dissensions continues conduisent trois habitants sur cinq à quitter le lieu. Ils sont remplacés par d’autres habitants, plus jeunes, encore engagés dans la vie active, ce qui a vocation à transformer la nature et le sens du projet, initialement imaginé pour des personnes âgées de plus de 60 ans. Dans le cas du Jardin du béguinage, un HA initié en 1999, si la définition du collectif implique les difficultés d’un « travail de chacun pour rester équilibré, harmonieux » [22], les habitants sont parvenus à créer un « esprit de solidarité et d’autonomie continue » [23]. Pourtant, si un « fond commun » [24] relie les membres du groupe, il apparaît que la définition du « vivre ensemble » varie considérablement d’un habitant à l’autre. Norbert par exemple, regrette la « très nette division » qui sépare les personnes qui souhaiteraient investir davantage la vie collective et celles qui aspirent à plus d’autonomie, tandis que pour Agnès, les « attentes énormes » de certains des membres du groupe aux ambitions plus communautaires se sont révélées trop contraignantes.

19Dans les HA ordinaires, il apparaît que les principes d’entraide et la solidarité ne sont pas des données en soi. Elles se consolident au gré de l’entente et des relations affectives qui se tissent ou non entre les habitants. Il en est de même pour les questions relatives à la fragilisation. Nos enquêtes de terrain ont montré que le maintien dans les lieux dans le cas de l’apparition de handicaps, s’il était parfois possible, dépendait du degré de « dépendance » des personnes concernées et du degré d’implication du groupe en faveur des personnes fragilisées, lequel varie significativement d’un collectif à l’autre, et d’un habitant à l’autre. Le « vivre ensemble » dans ces modèles se définit dans un consensus fragile entre plusieurs individualités. Il se construit dans un apprentissage et une négociation de l’« être ensemble », redéfini continuellement par l’évolution des attentes des membres d’un groupe ou lorsqu’un nouvel habitant intègre le lieu. Les tensions et les dissensions s’établissent entre les membres d’un collectif, dans un rapport de force entre un « je » (l’individualité de chacun) et un « nous » (le groupe consolidé) ou entre plusieurs individualités. Elles tendent à dessiner les limites des « territoires de l’intimité » (Serfaty-Garzon, 2003) où le « chez-soi » comme refuge de l’individualité se construit par rapport à un « chez nous ».

20Contrairement aux HA ordinaires, le quotidien des Sœurs Aînées est marqué par la prégnance de la vie communautaire. Elle est visible dans l’aménagement des locaux comptant un nombre important d’espaces partagés (accueil, salle à manger, séjours, salle de lecture ou d’activité, infirmerie, lieux de prière, parloir, jardin), dans l’organisation du soin aux Sœurs « malades » et dans l’organisation financière des congrégations [25]. Le « vivre ensemble » est ici déterminé par une croyance partagée et par une expérience antérieure de vie communautaire dans d’autres lieux. Ces éléments constituent des facteurs d’unification des individualités autour d’un système de valeurs qui cimente le groupe. Ainsi, depuis l’union des sept congrégations, des Sœurs arrivent de toute la France pour vieillir dans la maison communautaire. En dépit de leurs trajectoires diversifiées [26], les parcours individuels s’homogénéisent dans leur cheminement respectif au sein de la spiritualité franciscaine :

21

« C’est toujours des Sœurs franciscaines, donc on n’a pas changé tellement, on a changé les formes, parce qu’on vivait pas la même chose : une Alsacienne, elle s’habille pas comme une personne du midi, comme une Espagnole, comme une Marocaine, mais on s’adapte, on essaie. Maintenant on se connaît. Au début, c’était difficile, tu vois, parce qu’on savait pas à qui on avait affaire, mais on s’était vu déjà dans des réunions préalables, puis on a appris à se connaître progressivement. Et maintenant on se connaît bien, on s’entend bien. Alors tantôt tu manges une paella, tantôt tu manges une choucroute, tu vois, tu t’adaptes. C’est ça qui est bien ! »
(Sœur Marie-Chantal, 93 ans, habitante d’une maison communautaire de Sœurs Aînées)

22De même, il apparaît que les tensions et les conflits n’ont pas le même impact sur la vie collective que dans les HA ordinaires. Si on ne peut minorer leur existence, ceux-ci sont décrits comme peu importants dans l’ensemble des entretiens que nous avons réalisés. Ainsi, s’il existe des « frottements » selon Sœur Marie-Andrée, « ce n’est pas quelque chose sur quoi on reste, on vit quand même à nouveau ensemble ». Il en est de même pour Sœur Mado comme on peut le voir dans cet extrait :

23

« J’aime bien vivre avec les gens qui sont autour de moi, même si on se crêpe le chignon de temps en temps, comme dans une famille, c’est comme ça qu’on s’entend bien. »
(Mado, 80 ans, Sœur Supérieure dans une maison communautaire de Sœurs Aînées)

24Le caractère dérisoire de ces « frottements » et « crêpages de chignon » tels qu’ils sont énoncés dans les discours, nous incite à penser que les religieuses cohabitent dans une organisation du « vivre ensemble » stabilisée, institutionnalisée, où contrairement aux HA ordinaires, l’« être ensemble » n’est pas remis en question par les tensions individuelles. Le conflit se cristallise plutôt dans le rapport à une entité extérieure à la communauté : entre un « nous » (les Sœurs Aînées) et un « eux » (les laïcs). Les religieuses, en résistant aux pressions extérieures visant à les intégrer dans les normes usuelles des EHPAD établissent elles aussi les limites d’un refuge. Mais dans ce cas, il leur permet de maintenir et de protéger leur identité spirituelle et communautaire. Aussi, le « chez-soi » tend à se fondre dans un « chez nous », en témoigne cet extrait d’entretien évoquant l’importance d’un esprit commun comme élément de définition du « chez-soi » :

25

« Même si nos sœurs sont déracinées de leurs lieux de vie, parce qu’elles nous arrivent de tous les côtés, elles nous arrivent de Nantes… donc, mais elles sont chez elles, il y a le même esprit, qui nous convient, qui nous fait cheminer. »
(Marie-Annick, 73 ans, habitante d’une maison communautaire de Sœur Aînées)

Les déterminants du « vivre ensemble »

26La comparaison entre les modèles laisse entrevoir des différences significatives dans l’aménagement du « vivre ensemble », dont il s’agit maintenant de questionner les déterminants. Dans le cas des Sœurs aînées, la vie communautaire découle d’un devoir d’attention, d’un service ou d’une « mission » à remplir envers un groupe défini par ses membres comme une grande famille. Il se réalise dans l’adhésion des membres de la congrégation à un certain nombre de règles institutionnalisées. J. Cassien dépeint dans ses écrits datant du Ve siècle, la rigueur nécessaire à l’instauration de la vie collective dans les institutions cénobitiques. Inspirés de son expérience monastique en Égypte puis en Palestine, les préceptes et les valeurs qu’il présente sont ancrés dans les actes routiniers du quotidien. Ils permettent de dépasser les vices entravant l’« achèvement de la vie parfaite » (Cassien, 1965/2001, p. 31) et d’aménager une vie communautaire sans heurt dans des institutions comptabilisant parfois plus de 5000 personnes. L’intégration des moines dans la vie monastique suppose un apprentissage de la vie collective. La « formation de ceux qui renoncent au monde » (Cassien, 1965/2001, p. 119) passant par une « mortification des volontés » n’est pas sans rappeler les étapes successives qui ritualisent la « carrière morale » du reclus au sein des « institutions totales » (Goffman, 1968). Elle implique une fragmentation puis une uniformisation progressive de la personnalité du nouvel adhérent au groupe monastique. Les trajectoires individuelles des Sœurs Aînées portent l’empreinte de l’institution religieuse. Mais, si les règles internes et l’organisation spécifique des maisons communautaires reflètent un processus d’homogénéisation de l’individualité facilitant le « vivre ensemble », on ne peut les rattacher dans leur pleine mesure aux espaces de réclusion décrits par E. Goffman [27]. À défaut d’évoquer un processus déshumanisant de « mortification de la personnalité », on parlera plutôt ici de dispositions et de compétences dans l’exercice de la vie collective, acquises par les Sœurs au cours de leur « carrière » (Becker, 1998) dans la vie religieuse. Aussi, la « culture importée » (Goffman, 1968) des Sœurs relève d’une culture de la vie communautaire, profondément inscrite dans leur parcours.

27Contrairement aux Sœurs Aînées, le « vivre ensemble » dans les HA ordinaires semble être conditionné par une volonté d’autonomie, d’indépendance vis-à-vis du groupe. À l’instar des baby-boomers[28], on peut considérer que les habitants des HA ordinaires ont été impactés par un « effet de période », un contexte particulier dans lequel se sont déroulées leurs trajectoires individuelles (Bonvalet et Ogg, 2009). Ce contexte peut être appréhendé comme un des déterminants de leurs choix résidentiels comme du « vivre ensemble » qui s’y institue. Ainsi, les personnes interrogées ont vécu les grandes transformations des années 1960 et 1970 (possibilité d’ascension sociale, amélioration du niveau de vie, féminisation de l’emploi…). Dans le récit de leurs parcours, elles expliquent avoir été marquées, quand elles n’ont pas participé aux mouvements revendicatifs propres à cette période. L’« atmosphère particulière où coexistaient l’espoir de changer la société, le désir d’instaurer de nouvelles relations au sein de l’entreprise et de la famille avec la possibilité de vivre autrement en transgressant les limites jusque-là imposées » (Bonvalet et Ogg, 2009, p. 223) dans lequel elles ont baigné, conditionne le passage à un nouveau paysage sociétal où la figure typique de l’individu autonome contemporain fait son apparition. L’idée selon laquelle chacun peut se réaliser et devient le maître de sa destinée se démocratise. (Ehrenberg, 2008). Vectrice d’une redéfinition des rapports entre individus et société, cette idée se traduit par une remise en cause des modèles familiaux traditionnels. Au moment de la vieillesse, les personnes interrogées évoquent ainsi leur refus de la passivité et de la solitude associée à la vieillesse de leurs parents. Dans une volonté d’autonomie propre à un « nouvel esprit de famille » (Attias-Donfut, Lapierre et Segalen, 2002), elles expliquent également refuser d’avoir recours à leurs propres enfants pour leurs vieux jours.

28Cependant, la valeur d’autonomie, appréhendée comme une ouverture du champ des possibles, une invention et une réalisation de soi impliquent d’autres types de contraintes. Dans un contexte où la nécessité d’être soi s’érige au premier plan de l’idéal de la personne, « l’injonction à l’autonomie » intimant l’individu à être entrepreneur de lui-même tend à s’imposer comme un nouvel impératif catégorique (Ehrenberg, 2008). Dans les HA ordinaires, elle peut également être vectrice de tensions structurelles qui se traduisent par une articulation difficile entre autonomie et solidarité dans l’aménagement du « vivre ensemble ». Les habitants des HA ordinaires souhaitent vivre entourés au moment de la vieillesse avec un groupe de pairs choisis et s’offrir la possibilité du « libre choix » dans des espaces pensés et conçus par, pour et avec eux. Cependant, le collectif peut leur apparaître comme une entrave à l’expression de leur individualité. Cette volonté d’autonomie et de préservation du soi se traduit dans leurs intentions de vivre « ensemble, mais séparément » (Eleb et Bendimérad, 2015) et témoigne de toutes les difficultés relatives à l’instauration d’une vie commune pour être « libres ensemble » dans le contexte de l’individualisme contemporain (Singly, 2000).

Conclusion

29La comparaison entre la maison communautaire des Sœurs Aînées et les habitats ordinaires a permis de mettre en regard deux conceptions différenciées du « vivre ensemble ». Elles influent sur les modalités opératoires des différents groupes, l’aménagement des espaces et les règles de la vie collective. Conditionné par leur adhésion à la spiritualité franciscaine et par leur « carrière » dans l’institution religieuse, le « vivre ensemble » dans le cas des Sœurs est marqué par la prégnance de la vie communautaire. Les Sœurs Aînées aspirent à protéger leur identité spirituelle et conserver un mode de résidence communautaire où le « chez-soi » tend à se fondre dans un « chez nous ». Les HA ordinaires, quant à eux, se consolident dans la tension entre les différentes individualités qui composent les groupes. L’aspiration des habitants à instaurer une vie collective peu contraignante s’accorde à la prégnance de la valeur sacralisée de l’autonomie qui marque leurs trajectoires individuelles. Les personnes impliquées dans des HA ordinaires, aspirent ainsi à protéger leur indépendance vis-à-vis du groupe et le « chez-soi » tend à se construire par rapport à un « chez nous ». Dans un cas comme dans l’autre, il est question de garder la maîtrise des conditions de son vieillissement. L’entraide et la solidarité de groupe apparaissent ainsi comme une condition de cette maîtrise. Dans le cas des Sœurs, elles leur permettent de se soustraire à une transformation en EHPAD, de même dans le cas des HA ordinaires, l’entraide et la solidarité sont envisagées comme des moyens pour sécuriser l’existence et « vieillir autrement ». Or la tension entre les valeurs d’autonomie et de la solidarité perceptibles dans les HA ordinaires laisse entrevoir les difficultés propres à la concrétisation d’une vie collective. Aussi, dans un contexte où « l’autonomie est l’atmosphère dans laquelle nous baignons tous » (Ehrenberg, 2009, p. 220) la question reste entière : « Comment vivre ensemble » ? (Barthes, 2002).

Bibliographie

Références

  • Argoud, D. (2011). L’habitat groupé, une alternative à la maison de retraite ? Hors série Cleirppa.
  • Argoud, D. (2014). Les nouvelles formes d’habitat pour personnes âgées : approche socio-historique d’une innovation. Dans L. Nowik et A. Thalineau (dir.), Vieillir chez soi. Les nouvelles formes du maintien à domicile (p. 47-59). Rennes, France : Presses universitaires de Rennes.
  • Attias-Donfut, C., Lapierre, N. et Segalen, M. (2002). Le nouvel esprit de famille. Paris, France : Odile Jacob.
  • Barthes, R. (2002). Comment vivre ensemble : simulations romanesques de quelques espaces quotidiens. Paris, France : Seuil.
  • Becker, H. (1998). Outsiders : études de sociologie de la déviance. Paris, France : Métailié.
  • Bonvalet, C. et Ogg, J. (2009). Les baby-boomers : une génération mobile. La Tour-d’Aigues, France : Éditions de l’Aube.
  • Boulmier, M. (2010). Bien vieillir à domicile. Enjeux d’habitat, enjeux de territoire. Rapport remis à Benoist Apparu, Secrétaire d’État au Logement et à l’Urbanisme. En ligne : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/114000077/index.shtml (consulté le 15 mars 2015).
  • Broussy, L. (2013). L’adaptation de la société au vieillissement de sa population. France : Année Zéro ! Rapport remis à Michèle Delaunay, Ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie. En ligne : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000173/ (consulté le 15 mars 2015).
  • Carlson, A. (1998). Où vivre vieux ? Quel éventail de cadres de vie pour quelles personnes vieillissantes. Namur, Belgique : Fondation Roi Beaudoin.
  • Cassien, J. (2001). Institutions cénobitiques. (Jean-Claude Guy, trad.). Paris, France : Cerf. (Réimpression de la première édition revue et corrigée publiée en 1965 sous le titre Jean Cassien : Institutions cénobitiques, Sources chrétiennes, 109. Paris, France : Cerf.)
  • Charlot, V. et Guffens, C. (2006). Où vivre mieux ? Le choix de l’habitat groupé pour personnes âgées. Namur, Belgique : Fondation Roi Beaudoin.
  • Demazière, D. (2007). À qui peut-on se fier ? Les sociologues et la parole des interviewés. Langage et société, 121-122, 85-100.
  • Ehrenberg, A. (2008). La fatigue d’être soi : dépression et société. Paris, France : Odile Jacob.
  • Ehrenberg, A. (2009). L’autonomie n’est pas un problème d’environnement, ou pourquoi il ne faut pas confondre interlocution et institution. Dans M. Jouan et S. Laugier (dir.), Comment penser l’autonomie ? Entre compétences et dépendances (p. 219-235) Paris, France : Presses universitaires de France.
  • Eleb, M. et Bendimérad, S. (2015). Ensemble mais séparément. Les lieux de la cohabitation. Les chantiers de Leroy Merlin Source, 14.
  • Goffman, E. (1968). Asiles : études sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus. Paris, France : Éditions de Minuit.
  • Labit, A. (2013). Habiter et vieillir en citoyens actifs : regards croisés France-Suède. Retraite et société, 65, 101-120.
  • Labit, A. (2016). Habiter en citoyenneté et solidarité pour mieux vieillir. Gérontologie et société, 38(149), 141-154.
  • Leenhardt, H. (2010). La vie en appartement communautaire (group living) pour les personnes âgées qui ont besoin d’aide et de soin. Document de travail pour la préparation d’un cahier des charges. Paris, France : Association Monsieur Vincent.
  • Nowik, L. (2014). Habitats intermédiaires : de quoi parle-t-on ? Dans L. Nowik et A. Thalineau (dir.), Vieillir chez soi. Les nouvelles formes du maintien à domicile (p. 23-46). Rennes, France : Presses universitaires de Rennes.
  • Nowik, L. (dir.), Labit, A., Thalineau, A. et Herpin, L. et al. (2013). L’habitat de demain : les habitats intermédiaires pour personnes âgées. Programme de recherche de la Région Centre (APR « L’habitat de demain »). Université de Tours François-Rabelais UMR 7324 CITERE – Université d’Orléans EA CEDETE 1210.
  • Serfaty-Garzon, P. (2003). Chez soi : Les territoires de l’intimité. Paris, France : Armand Colin.
  • Singly, F. de. (2000). Libres ensemble : l’individualisme dans la vie commune. Paris, France : Nathan.

Mots-clés éditeurs : solidarité, habitat autogéré, comparaison, vieillissement, communauté religieuse, autonomie, « vivre ensemble »

Date de mise en ligne : 29/03/2017.

https://doi.org/10.3917/gs1.152.0155

Notes

  • [1]
    Les habitats autogérés ont été reconnus par la loi ALUR adoptée le 24 mars 2014, qui les définit par l’appellation d’« habitat participatif ». Nous choisissons d’utiliser le terme d’« habitat autogéré » qui nous semble illustrer de manière plus significative les caractéristiques de ces modèles. Dans le corps du texte, le terme d’habitat autogéré sera remplacé par le signe HA.
  • [2]
    Dans le corps du texte, ce modèle sera désigné par l’appellation « maison communautaire de Sœurs Aînées ».
  • [3]
    Notre grille d’entretien comprend les volets suivants : identité et trajectoires individuelles ; récit de projet (historique et genèse, valeurs, difficultés rencontrées) ; perception subjective de l’espace vécu (motifs d’installation, pratiques collectives et privatives, perception de la vie collective, conflits)
  • [4]
    D. Argoud a élaboré une typologie des « habitats intermédiaires ». Il comptabilise cinq idéaux types : l’habitat adapté, l’habitat service, l’habitat intergénérationnel, l’habitat groupé et l’habitat autogéré (Argoud, 2014).
  • [5]
    Rapport Boulmier (2009), Rapport Broussy (2013).
  • [6]
    D. Argoud (2011), L. Nowik, A. Labit, A. Thalineau et L. Herpin (2013). En Belgique, on pourra noter la publication des rapports Carlson (1998) et Charlot et Guffens (2006).
  • [7]
    Par exemple, l’ensemble des travaux d’A. Labit dont certains sont cités dans le texte, ou ceux d’H. Leenhardt (2010).
  • [8]
    Le film, sorti en salle le 18 janvier 2012, est réalisé par S. Robelin.
  • [9]
    Mona, 77 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [10]
    Une « congrégation » ou un « institut » est un état d’esprit particulier, un projet commun au sein d’une spiritualité religieuse (dans ce cas, la spiritualité franciscaine), tandis que les « maisons communautaires », les « communautés » et les « fraternités » constituent les lieux de vie des religieuses d’une congrégation.
  • [11]
    Dans la maison communautaire où nous avons effectué nos enquêtes de terrain, l’effectif est passé de 145 à 40 Sœurs en une trentaine d’années.
  • [12]
    Le lieu que nous avons visité se distingue ici des autres maisons communautaires de Sœurs Aînées, dans lesquelles les Sœurs sont restées dans leur bâtiment historique.
  • [13]
    Les dénominations de Sœurs « valides » et de Sœurs « malades » sont énoncées comme telles dans les entretiens réalisés.
  • [14]
    Dorothée, 63 ans, habitante de la « Maison des Babayagas ».
  • [15]
    Mado, 80 ans, Sœur Supérieure dans une maison communautaire de Sœurs Aînées.
  • [16]
    Mado, 80 ans, Sœur Supérieure dans une maison communautaire de Sœurs Aînées.
  • [17]
    La participation des Sœurs à l’organisation du quotidien est définie par elles comme une « mission ». Par exemple, Sœur Marie-Andrée explique : « ma mission c’est de m’occuper de l’accueil ».
  • [18]
    Les Sœurs « soignantes » sont désignées comme telles par les enquêtées. Elles sont d’anciennes infirmières ou aides-soignantes aujourd’hui retraitées.
  • [19]
    Agnès, 75 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [20]
    Thérèse Clerc, 86 ans, fondatrice aujourd’hui décédée de la « Maison des Babayagas ».
  • [21]
    Chantal, 74 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [22]
    Maurice, 76 ans, habitant du « Jardin du béguinage ».
  • [23]
    Agnès, 73 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [24]
    Mona, 77 ans, habitante du « Jardin du béguinage ».
  • [25]
    Les sœurs reversent l’intégralité de leurs ressources financières à l’institut (retraite, salaire, aide sociale). Cette mise en commun permet notamment de compléter la mutualisation des moyens de l’APA pour procéder à la prise en charge des sœurs malades.
  • [26]
    Les Sœurs venues s’installer dans la maison communautaire partagent un lieu de vie avec d’autres Sœurs qui ont toujours habité les lieux. De plus, elles ont eu des parcours professionnels distincts, se sont investies dans des œuvres variables et sont issues de milieux sociaux différents.
  • [27]
    E. Goffman inclut les communautés religieuses à la définition qu’il donne des « institutions totales ». La maison communautaire des Sœurs Aînées s’en distingue sur plusieurs aspects. Les règles de la vie quotidienne demeurent souples. Il n’est pas observé de fossé infranchissable entre le groupe restreint de dirigeants et la masse des personnes dirigées. De même, la spiritualité franciscaine implique une ouverture au monde et à autrui, elle s’exprime dans des interactions importantes entre les religieuses et l’environnement qui leur est extérieur.
  • [28]
    Le baby-boom se définit comme un phénomène démographique comportant les générations nées entre 1945 et le début des années 1970. Or, si certains des enquêtés appartiennent à ces générations, d’autres sont nés avant. Notre échantillon compte ainsi des personnes nées entre 1927 et 1953.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.168

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions