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Article de revue

L’isolement des personnes âgées. De l’émergence à la construction d’un problème public

Pages 25 à 40

Notes

  • [1]
    Nous faisons référence à nos travaux sur les solidarités de voisinage (Argoud et al., 2004), puis pour la seconde période, à ceux consacrés à la reconfiguration des politiques gérontologiques en France (Argoud, 2014).
  • [2]
    C’est tout au moins le cas en France. La situation est différente dans les pays anglo-saxons où l’isolement des personnes âgées est plus souvent appréhendé dans les travaux sociologiques consacrés à la vieillesse.
  • [3]
    Déclaration de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la révision du système de prévention, de vigilance et d’alerte sanitaire à la suite des conséquences de la canicule et sur la solidarité et le respect à l’égard des personnes âgées ou handicapées, 21 août 2003 (http://www.discours-vie-publique.fr/notices/037000283.html).
  • [4]
    Non seulement une proportion non négligeable de personnes sont mortes en établissement, mais en plus aucune étude n’a pu étayer le fait qu’elles soient mortes « seules ».
  • [5]
    Dès le 24 août, Alain Juppé, président de l’UMP évoque cette hypothèse dans le Parisien-Dimanche.
  • [6]
    Qu’il s’agisse d’« arènes » ou de « forums » pour reprendre la distinction apportée par Bruno Jobert quant à ces espaces de décision ou de débat.
  • [7]
    Il s’agit du rapport du groupe n° 1 (Morel et Veber, 2011).

1Tout problème social fait l’objet d’un processus de construction qui amène à le formuler d’une certaine manière lorsqu’il accède à la scène publique. Et ce processus n’est pas neutre quant aux réponses que les pouvoirs publics mettent en œuvre pour y faire face (Klinenberg, 2003). Dans cette optique, l’isolement et la solitude des personnes âgées ont constitué un cas d’école dans le sens où le processus d’émergence de ce problème a été marqué par deux éléments qui le singularisent. En premier lieu, c’est moins la mobilisation de certains acteurs et des médias qui a contribué à faire reconnaître ce problème – tout au moins dans un premier temps – qu’un événement extérieur, à savoir la canicule de l’été 2003. Et en second lieu, le traitement de ce problème par les pouvoirs publics a été particulièrement rapide, compte tenu du choc émotionnel occasionné, laissant ainsi peu de place à ce que des acteurs en profitent pour se positionner au sein d’« arènes politiques » afin de tenter d’influer sur les décisions à venir.

2C’est ce cheminement que nous proposons d’analyser, étant entendu qu’il ne s’agit pas d’un processus clos. Si le problème a été vite circonscrit par une réponse politique dans les mois qui ont suivi la canicule de 2003, l’isolement et la solitude des personnes âgées restent un problème qui n’a jamais complètement disparu de l’agenda public. Non seulement celui-ci fait régulièrement l’objet d’un intérêt médiatique chaque été, mais il est de plus en plus au cœur des nouvelles orientations prises par la politique vieillesse ces dernières années. Dans cette contribution, notre perspective n’est pas de rediscuter l’importante littérature relevant de l’analyse des conditions d’émergence et de prise en charge des problèmes publics et qui fait aujourd’hui l’objet d’un relatif consensus dans les sciences sociales, mais de remettre en perspective un matériau que nous avons eu l’occasion de recueillir autour de la question de l’isolement des personnes âgées (revue de presse, rapports et discours publics, dispositifs réglementaires, initiatives associatives, participation aux réunions nationales…) [1]. Deux périodes peuvent ainsi être distinguées : d’une part, les années 2003-2004 qui permirent la transformation rapide d’un problème social en un problème public suite à un événement déclencheur, et d’autre part, la période plus actuelle qui voit resurgir la problématique de l’isolement des personnes âgées mais sous un autre prisme. Ce regard porté sur plus d’une décennie témoigne qu’au-delà de la mise sur agenda, se jouent des processus de retraduction des problèmes publics selon les contextes sociaux et politiques.

Chronique de la transformation d’un problème social en une réponse législative

3L’analyse de la construction des problèmes sociaux s’inscrit dans une longue tradition de la sociologie interactionniste américaine (Becker, Blumer, Gusfield, etc.) qui cherche à en comprendre la genèse et la « carrière ». Malgré leurs différences, les différents auteurs s’intéressant à ce processus de construction sociale ont en commun de penser que les problèmes n’existent pas naturellement, mais qu’ils font l’objet d’un travail de définition collective leur permettant progressivement de sortir de l’ombre (Lenoir, 1989). Cette reconnaissance prend la forme d’une mise sur agenda puis, si le processus se poursuit jusqu’au bout, d’une institutionnalisation à travers la mise en œuvre d’une politique publique visant à apporter une réponse au problème en question. Au cours de ce processus, la problématique de l’isolement a vu son centre de gravité se déplacer et faire l’objet d’un rapide reformatage en un mode d’action publique jugé souhaitable par les pouvoirs publics et acceptable par les organisations professionnelles qui s’étaient mobilisées à ce sujet. Autrement dit, la gestion de la crise sanitaire liée à la canicule s’est très vite élargie à une problématique centrée sur l’isolement et les solidarités en direction des personnes âgées, avant de se resserrer progressivement autour d’un enjeu essentiellement de protection sociale.

La soudaine visibilité d’un problème social durant l’été 2003

4Dans le cas de l’isolement et de la solitude des personnes âgées, nous avons affaire à un problème social très largement invisible, alors que les enquêtes réalisées en ce domaine indiquent clairement une corrélation entre isolement et vieillissement (Bensadon, 2006 ; CRÉDOC, 2013). D’ailleurs, hormis un numéro de Gérontologie et Société datant de 1983, peu d’éléments sont publiés sur ce sujet [2]. Quant à la politique vieillesse elle-même, les rapports publics ne font que mentionner de manière secondaire la nécessité de « lutter contre l’isolement » des personnes âgées, à commencer par le rapport Laroque (1962) qui préconise simplement d’aménager « les services d’ordre social et culturel ». Le problème de l’isolement et la solitude des personnes âgées ne sont alors pas objectivés en tant que tels. Ils n’apparaissent que comme une conséquence secondaire de ce qui a focalisé l’action sociale vieillesse durant une bonne partie de la seconde moitié du vingtième siècle : la lutte contre la pauvreté et l’exclusion des vieillards. À ce propos, une association telle que Les Petits Frères des Pauvres, créée en 1946, s’inscrit parfaitement dans cette histoire consistant à intervenir de manière indissociée auprès des personnes âgées « souffrant de solitude, de pauvreté, d’exclusion, de maladies graves ».

5C’est donc bien un événement extérieur qui a propulsé la question de l’isolement des personnes âgées sur le devant de la scène. En l’occurrence, il s’agit des fortes chaleurs du début du mois d’août 2003 qui se sont traduites par une surmortalité d’environ 15 000 personnes pour la plupart âgées (ce que l’on ne saura en réalité qu’a posteriori). Compte tenu de la période estivale et des congés de nombreux responsables, l’événement a pris de court l’ensemble des acteurs sociaux et politiques. Les premiers à avoir identifié le caractère anormal de la situation sont les spécialistes de la médecine d’urgence (Samu, services hospitaliers, sapeurs pompiers). Une personne va, à elle seule, rendre visible l’existence d’un problème : le docteur Patrick Pelloux, président du syndicat des médecins urgentistes hospitaliers de France. Le dimanche 10 août 2003, ce dernier s’exprime dans les colonnes du Parisien, puis sur TF1, amorçant le passage d’une relative invisibilité à une extrême visibilité du phénomène, au moins du point de vue médiatique. Il est rare qu’une personne seule – et non un mouvement social ou un collectif d’acteurs – parvienne à faire connaître un problème. Mais à ce stade, il ne s’agit pas encore d’une question d’isolement ou de solitude des personnes âgées, seulement de surmortalité et d’embouteillage des services d’urgence.

6Si l’agenda médiatique s’emballe, les responsables politiques semblent toutefois peu concernés. Jean-François Mattei, alors ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, s’exprime à la télévision à partir de son lieu de villégiature, contribuant à relativiser la portée du phénomène. Quant à Hubert Falco, secrétaire d’État aux Personnes âgées, il se contente de diffuser un communiqué de presse appelant à la mobilisation des professionnels et des citoyens. Enfin, le président de la République, Jacques Chirac, en vacances au Canada, ne juge pas utile d’écourter son séjour. Il est vrai que « le problème » reste encore mal défini. Un grand flou règne quant au nombre de morts générés par la canicule ; de nombreux chiffres circulent dans les médias.

7Ce n’est qu’avec la publication des rapports d’expertise en septembre – notamment celui de l’Inserm – que la réalité sera enfin objectivée. Ainsi, au-delà du chiffre de 15 000 décès, il est établi que la surmortalité évaluée par l’Inserm se répartit pour 42 % dans les hôpitaux (dont une partie provenait du domicile ou des établissements), 36 % à domicile, 19 % dans les établissements d’hébergement et 3 % en clinique privée (Hémon et Jougla, 2003). Or, si l’on suit l’analyse de Vincent Dubois (2009), l’étape préalable à la construction d’un problème public suppose l’existence d’un niveau de connaissance suffisant pour que soit compris et interprété le problème. En particulier, le chiffrage constitue un moment clé du « naming » permettant de passer de faits individuels – relativement invisibles – à un phénomène collectif pouvant faire l’objet d’une mise sur agenda (Felstiner, Abel et Sarat, 1980-1981).

Août 2003 : la mise sur agenda par le chef de l’État lui-même

8Avec la reprise progressive des activités à partir de mi-août, la machine politico-administrative se met en branle, les remontées d’informations du terrain laissant supposer que le chiffre de 10 000 décès serait dépassé. Dès le 20 août, le président de la République convoque un conseil des ministres extraordinaire, coupant l’herbe sous le pied d’éventuelles associations susceptibles d’intervenir dans le débat public naissant. C’est donc l’intervention du président de la République à l’issue du conseil des ministres du 21 août 2003 qui permet au problème social d’acquérir symboliquement droit de cité sur l’agenda public et de devenir un objet à traiter en priorité. Ainsi, la prise de conscience tardive de l’ampleur du phénomène caniculaire et de ses conséquences sera en quelque sorte compensée par une accélération particulièrement sensible du calendrier de mise sur agenda et de traitement politico-administratif.

9La déclaration du chef de l’État marque l’inscription « officielle » du problème sur l’agenda politique. Commence alors la phase du « blaming » consistant à trouver une cause au problème afin de pouvoir en imputer la responsabilité à un individu ou à un groupe (Felstiner, Abel et Sarat, 1980-1981). La responsabilité des pouvoirs publics est écartée… par le gouvernement lui-même, exceptée celle du directeur général de la santé – Lucien Abenhaim – qui se voit contraint de démissionner. La déclaration du président de la République, outre l’expression du devoir de solidarité à l’égard des plus fragiles, vise clairement à définir le responsable : il s’agit de la société dans son ensemble. La question du lien social est mise en exergue.

10

« De nombreuses personnes fragiles sont mortes seules à leur domicile. Ces drames ont de nouveau mis en lumière la solitude de beaucoup de nos citoyens âgés ou handicapés. La solidarité familiale bien sûr, le respect dû aux personnes âgées ou handicapées, les relations de voisinage, l’action des communes, à cet égard, sont indispensables à la vie en société. Individuellement et collectivement, c’est tous ensemble, chacun à sa place, que nous devons redonner leur sens et leur force à ces liens et à ces valeurs.
Les personnes âgées et handicapées ou handicapées doivent pouvoir compter sur la solidarité des Français. Dès le mois d’octobre, le Gouvernement fera des propositions indispensables pour rendre cette solidarité plus forte, plus active, et plus efficace[3]. »

11Par sa déclaration du 21 août 2003, le président de la République fixe le cadre dans lequel s’insère le projet de réforme. Il intervient avant que d’autres acteurs ne viennent s’interposer dans ce processus de mise sur agenda, voire contester la manière dont le problème est posé. De ce fait, le cadre cognitif ainsi posé définit l’origine du problème comme étant celui d’une solidarité parfois défaillante qu’il convient, individuellement et collectivement, de combattre. Pour la première fois, la lutte contre la solitude apparaît comme un vecteur central de la réponse au problème. Moyennant une vision quelque peu tronquée de la réalité (« de nombreuses personnes fragiles sont mortes seules à leur domicile ») [4], sont mobilisés tous les éléments tendant à pointer la dissolution des solidarités de proximité (locales, familiales, intergénérationnelles, de voisinage, etc.).

12La problématique du lien social est largement reprise par les médias. Elle sera d’autant moins contestée qu’un deuxième événement est venu renforcer cette vision des choses. Il s’agit de l’inhumation dans le cimetière de Thiais de 57 corps non réclamés par les familles. Ces inhumations qui se réalisent généralement dans le quasi-anonymat le furent, dans le cas présent, en présence du président de la République, d’un grand nombre de personnalités politiques et… d’une centaine de journalistes. Le mythe de la communauté villageoise au sein de laquelle tout le monde est censé se connaître et s’entraider est largement valorisé à cette occasion dans les discours politiques et médiatiques, même s’il apparaît comme un paradis perdu. Il en résulte un discours culpabilisateur à l’égard des familles accusées d’abandonner leurs parents âgés, ainsi que des voisins ne se préoccupant pas suffisamment de leur entourage.

26 août 2003 – 22 septembre 2003 : une concertation au pas de course

13Le président de la République ayant donné six semaines au gouvernement pour dresser un bilan et tirer les conséquences de la catastrophe sanitaire, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, accompagné du ministre des Affaires sociales et du secrétaire d’État aux Personnes âgées, lance le 26 août 2003 une série de consultations avec les organisations représentatives du secteur. L’objectif annoncé est alors de présenter en conseil des ministres le 1er octobre un plan d’action pluriannuel, dont l’intitulé est déjà programmé : « Plan vieillissement et dépendance » et le mode de financement déjà esquissé (Jakubyszyn, 2003).

14Au-delà de cette première réunion de concertation du 26 août qui fut largement médiatisée, six groupes de travail thématiques furent mis en place par le secrétariat d’État chargé des personnes âgées à partir du 8 septembre. Ces groupes de travail ont largement associé les acteurs institutionnels et professionnels du secteur sanitaire et social. Parmi les thèmes traités, une large place est faite à la problématique du lien social. Il est vrai que ces réunions thématiques sont censées alimenter le contenu du plan interministériel finalement baptisé « vieillissement et solidarités » qui traduit a priori la volonté des pouvoirs publics de promouvoir une politique globale du vieillissement, et non une simple réforme technique.

15Malgré leur relative inorganisation, ces réunions ont relancé une dynamique largement éteinte dans le champ gérontologique, du fait des diverses réformes (tarification, allocation personnalisée d’autonomie) et du manque chronique de moyens. Pourtant, deux éléments semblent pouvoir enrayer ce processus de réforme mené au pas de course : d’une part, l’État rencontre des difficultés budgétaires qui se traduisent en un déficit important lui valant les réprimandes de la Commission européenne. Dans ces conditions, il apparaît douteux que l’État ait les moyens de se lancer dans une réforme ambitieuse. D’autre part, les organisations professionnelles tendent à vouloir profiter de cet espace public nouvellement ouvert pour faire prévaloir leurs intérêts. En particulier, elles mettent en évidence le lien entre l’épisode de l’été 2003 et le manque avéré de moyens. La canicule leur donne en effet l’occasion de remettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités et d’obtenir des moyens supplémentaires dans un contexte de gel des crédits affectés à la prise en charge des soins en établissement suite à la réforme de la tarification des établissements et aux restrictions apportées à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA). À l’instar de la figure originelle du docteur Pelloux, celle de Pascal Champvert, directeur d’une association d’établissements et de services pour personnes âgées, est devenue centrale au cours de cette seconde phase de construction du problème public.

16En définitive, lors de cette phase de concertation express impliquant un grand nombre de représentants institutionnels et professionnels, ce sont les acteurs traditionnels (fédérations d’établissements et de services, organisations syndicales…) qui se sont le mieux réappropriés le sujet grâce à leur expertise concernant le dispositif existant. Ils ont su profiter de la conjoncture et des décès enregistrés dans les établissements gérontologiques pour faire entendre leur voix.

17Par ailleurs, un autre élément contribue à semer le doute quant à la volonté de l’État de promouvoir une réponse alternative pour lutter contre l’isolement des personnes âgées. En effet, dès la mise du problème social sur l’agenda gouvernemental, un glissement est perceptible. D’un côté, le Premier ministre avait clairement placé le problème au niveau du lien social en déclarant en préambule de la réunion du 26 août : « Je veux qu’ensemble nous combattions ce qui m’est apparu aussi comme le signe d’un affaiblissement du lien social dans notre pays par un surcroît de fraternité » (Jakubyszyn, 2003). Mais d’un autre côté, et simultanément, l’idée de supprimer un jour férié pour financer une hypothétique nouvelle branche de sécurité sociale est évoquée [5]. Autrement dit, d’emblée, la problématique du lien social se rétrécit autour d’une approche plus institutionnelle : seul est pris en compte le lien envers les plus fragiles que permet le système de protection sociale. Bien que l’idée de suppression d’un jour férié et d’une nouvelle branche de sécurité sociale ait été perçue à l’origine comme un simple ballon d’essai auprès de l’opinion publique, c’est cet aspect qui a occupé l’essentiel de l’agenda public à partir du mois de septembre.

6 novembre 2003 – 14 janvier 2004 : la naissance d’un projet de loi

18Après deux reports successifs – qui ne font que traduire les difficultés d’arbitrage budgétaire mentionnées ci-dessus –, le plan Raffarin est communiqué à la presse le 6 novembre 2003. Ce plan illustre le changement de problématique : du « Plan vieillissement et solidarités », il devient « la Réforme de solidarité pour les personnes dépendantes ». La problématique du lien social et des solidarités de voisinage disparaît au profit d’un projet de réforme de la protection sociale. C’est ce qui apparaît très clairement dans le projet de réforme du 6 novembre 2003 :

« Cette grande réforme sociale repose sur deux programmes et un financement :
  • cette réforme consacre pour la première fois une prise en charge globale de la dépendance […].
  • Deux programmes car les besoins et les attentes sont spécifiques pour les personnes âgées d’une part et les personnes handicapées d’autre part.
  • Un financement sécurisé, faisant appel à la solidarité et à la fraternité des Françaises et des Français. »
Les orientations du plan Raffarin seront confortées par le projet de loi déposé en conseil des ministres le 14 janvier 2004, qui deviendra, le 30 juin, la loi relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées. La principale innovation de cette loi résidera dans le rapprochement entre les secteurs handicap et vieillesse à travers la mise en place d’une nouvelle institution de protection sociale : la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). Cette perspective était déjà en germe dans l’allocution du chef de l’État du 21 août 2003 qui, à la surprise générale, avait associé personnes âgées et personnes handicapées qui sont deux publics traditionnellement distincts dans les politiques publiques. Désormais est créé un établissement public chargé d’assurer le financement d’actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées et handicapées, moyennant – pour partie – la gestion d’une contribution versée par les employeurs sur le produit du travail effectué durant une journée dite de solidarité. Au total, les ressources nouvelles prévues par le législateur s’élèvent à 2,1 milliards d’euros prévus en année pleine, 400 millions étant affectés au financement de l’APA, 850 millions au secteur du handicap et 850 millions au secteur des personnes âgées. Ce troisième bloc est consacré, pour l’essentiel, à la poursuite de la médicalisation des établissements d’hébergement existants et au financement de mesures favorisant le maintien à domicile. Autrement dit, même si le plan dit Raffarin contient de louables intentions pour favoriser le lien social et la prévention, force est de constater que l’essentiel des financements envisagés est affecté à « la prise en charge » des personnes âgées. Tout semble se passer comme si la réforme visait à parer au plus pressé pour tenter de pérenniser le financement de l’APA et calmer la grogne des professionnels confrontés à un manque de moyens alors qu’ils interviennent auprès de personnes de plus en plus dépendantes.

Un mouvement de balancier entre isolement et dépendance… et vice-versa

19Moins d’un an après l’événement déclencheur, une réponse au problème est entérinée par les pouvoirs publics. Il s’agit d’un processus remarquable au sens où le problème social soulevé par la canicule estivale a fait l’objet d’un traitement politico-administratif qui a contribué, en l’espace de quelques semaines, à en déplacer le centre de gravité sans que personne ne s’en offusque, sous la pression du jeu des acteurs politiques, administratifs et professionnels. Autrement dit, les questions liées à l’isolement et à la solitude des personnes âgées, à la prévention, aux solidarités familiales et de voisinage, qui étaient centrales dans le débat public fin août et début septembre deviennent secondaires, voire résiduelles, dans le cadre de la réforme législative. Pourtant, ce mouvement de balancier ne s’est pas avéré irréversible. Les questions d’isolement et de solitude des personnes âgées n’ont pas disparu de l’agenda public. On peut même noter un retour en force de cette problématique ces dernières années.

Des solidarités informelles à une solidarité institutionnelle et codifiée

20Au cours des mois qui ont suivi la canicule, la rapidité de la réponse politique a fait que les acteurs ont disposé de peu d’espaces pour soulever une controverse [6]. Si l’on excepte le flottement politique observé au plus fort de la canicule, le projet de réforme a été rapidement placé sur des rails dont il s’est avéré difficile de s’écarter. Par conséquent, les pouvoirs publics ont pu conserver une pleine maîtrise du processus de publicisation du problème social. Ils ont d’autant pu le faire qu’ils ont devancé les éventuelles revendications des acteurs professionnels en proposant une refonte de l’action publique autour de la prise en compte du handicap quel que soit l’âge en promouvant notamment la notion de « solidarité pour l’autonomie ». Il se trouve en effet qu’une telle approche visant à supprimer les barrières d’âge avait fait l’objet d’un rapprochement entre la plupart des grands représentants associatifs des secteurs du handicap et de la gérontologie à travers la création du Groupe de Réflexion sur les Incapacités à Tout Âge (GRITA) en 2001. Ce dernier s’était positionné en faveur d’une refonte du dispositif de compensation des incapacités dans le cadre d’un régime de protection sociale national, mais sans que, jusqu’alors, l’État n’accorde une grande importance à cette proposition. La canicule, conjuguée à l’introduction d’une recette nouvelle, a manifestement permis un renversement de perspectives.

21Mais si l’emprise des pouvoirs publics sur le traitement social du problème est indéniable, ceci n’explique pas pourquoi l’isolement des personnes âgées est quasiment passé à la trappe. En réalité, le processus politico-administratif de traitement des problèmes sociaux aboutit à transformer le problème en des catégories d’action compatibles avec la structuration du dispositif existant, moyennant éventuellement quelques aménagements comme on le voit ici avec le rapprochement entre les secteurs du handicap et de la vieillesse. En l’occurrence, dans le cas présent, on peut affirmer que les pouvoirs publics sont mal outillés pour agir dans le domaine du lien social et de l’isolement, d’autant que la politique vieillesse a clairement pris un tournant biomédical à partir des années 1990 (Argoud, 2014). Cette orientation a sans doute contribué à occulter la dimension sociale de la problématique de l’isolement, comme en témoigne le peu d’échos dont a fait l’objet le constat d’une surreprésentation des classes sociales populaires parmi les personnes décédées en 2003 (INVS, 2003). Dès que le processus décisionnel dépasse la phase des bonnes intentions, les dispositifs ont tendance à capter les moyens sans remettre en cause l’architecture globale. Quant à l’opinion publique, elle n’est pas en mesure de faire contrepoids. Si elle a été émue par les situations de grand isolement et les défaillances des solidarités familiales, elle n’en est pas moins sensibilisée à la nécessité de pérenniser le système public de prise en charge de la dépendance, comme en témoignent régulièrement les enquêtes d’opinion.

22À cette tendance inhérente à la décision publique, que renforce l’omniprésence du ministère des Finances dans un contexte budgétaire difficile, s’ajoute la pression des professionnels. Ces derniers, par leur culture gestionnaire de plus en plus poussée, situent paradoxalement leur discours sur le même terrain que celui des élites administratives. Les marges de manœuvre pour sortir des sentiers battus sont alors relativement restreintes car le cadre normatif dans lequel s’insèrent les processus de réforme semble figé. Dans un article paru en 1978, Claudine Attias-Donfut avait déjà abouti au même constat à propos des centres de jour. L’utopie médico-sociale dont ces derniers étaient porteurs avait alors été jugée non compatible avec la séparation du sanitaire et du social par les acteurs administratifs et professionnels dominants ; ce qui a progressivement contraint les promoteurs de centres de jour à rentrer dans le rang (Attias-Donfut, 1978).

23Quand Jacques Chirac évoque, dans son allocution du 21 août 2003, la nécessité de renforcer la solidarité, il donne un sens très large à ce terme. Pourtant, le projet de loi en restreint considérablement la portée en réduisant la solidarité essentiellement à son aspect formel, telle qu’il est institutionnalisé par la protection sociale. En revanche, la solidarité informelle, qui était au cœur de l’agenda des mois d’août-septembre, tend à être renvoyée sur la société civile, comme s’il y avait impossibilité pour l’action publique de penser l’articulation entre solidarités formelles et solidarités informelles. Effectivement, l’incursion que fait le projet de loi sur la question du lien social, à travers l’instauration d’un dispositif de veille et d’alerte, traduit cette difficulté. Ce dispositif s’apparente en effet plus à la mise en place d’un ensemble de procédures administratives « sous l’autorité du représentant de l’État » qu’à la volonté de (ré)activer les solidarités informelles.

24Une action publique prétendant agir dans le domaine du lien social et des solidarités de proximité présente deux caractéristiques peu compatibles avec le processus politico-administratif de traitement des problèmes : d’une part, c’est une action qui s’inscrit dans la durée et qui n’offre qu’une faible visibilité sociale, et d’autre part, c’est une action qui ne peut faire l’objet d’un traitement uniforme basé sur des réponses codifiées et connues à l’avance. D’une manière générale, les solidarités informelles reposent sur des mécanismes fragiles et complexes que des réponses trop codifiées sont susceptibles de remettre en cause (Argoud et al., 2004, chapitre 5).

Le retour en visibilité de la lutte contre l’isolement

25Si la promulgation de la loi du 30 juin 2004 a marqué la fin d’une étape, le problème de l’isolement et de la solitude des personnes âgées ne s’est pas dissous. En premier lieu, l’émotion collective liée à la canicule a conduit de nombreux acteurs locaux à prendre des initiatives pour assurer une meilleure veille des personnes âgées résidant sur leur territoire. C’est ainsi que sont nées de multiples actions de type « comités de voisineurs » visant à éviter que ne se reproduise le phénomène des décès non signalés de personnes vivant seules à leur domicile. Surtout, un collectif d’associations s’est structuré autour d’organismes et de réseaux à but non lucratif et qui ont pour mission la lutte contre la précarité et l’isolement. Ce collectif intitulé « Combattre la solitude », né au lendemain de l’épisode caniculaire, regroupe de grandes fédérations associatives : l’Association des Cités du Secours Catholique, la Croix-Rouge Française, la Fédération de l’Entraide Protestante, le Fonds Social Juif Unifié, les Religieuses dans les Professions de Santé, le Secours Catholique, la Société Saint Vincent de Paul, les Petits Frères des Pauvres. Il s’est structuré autour d’une charte en 2008 définissant ses missions autour de l’analyse et la recherche de « réponses concrètes et adaptées aux besoins et aux attentes des personnes âgées ». Cette réflexion a pris appui sur un travail d’enquête réalisé par le collectif lui-même (Bensadon, 2006), puis confié au CRÉDOC (CRÉDOC, 2013). Dans la même perspective, la Fondation de France publie régulièrement des enquêtes sur « les solitudes en France » afin de mieux appréhender le phénomène et de valoriser des initiatives locales.

26Toutes ces initiatives et tous ces acteurs ont en commun d’être largement déconnectés du processus de concertation entrepris par les pouvoirs publics au lendemain de la canicule. De fait, il s’agit d’un cercle d’acteurs plus proches du pôle de la société civile et des solidarités informelles que de celui lié aux solidarités instituées dans le cadre de la protection sociale et des dispositifs réglementaires de « prise en charge » de la dépendance. C’est pourquoi leur expertise sur la question a été peu sollicitée par les pouvoirs publics. Bien que jouant le rôle d’« entrepreneurs de morale » (Becker, 1985), ils ne pèsent pas suffisamment lourd pour entamer un véritable rapport de force et ouvrir une brèche susceptible de réalimenter un débat largement clos suite à la loi du 30 juin 2004. Néanmoins, par leur existence en tant que collectif interassociatif et par leurs productions, ils ont contribué à appréhender et à faire connaître les différentes facettes du phénomène de l’isolement et de la solitude, ce qui constitue un préalable pour une éventuelle prise en compte par les pouvoirs publics. Une telle mobilisation d’acteurs n’est cependant pas suffisante pour inverser le cours des choses. En fait, elle est dépendante de normes sociales et d’un contexte qui vont s’avérer plus ou moins propices à l’acceptation de cette manière d’aborder les enjeux du vieillissement.

27Or, un changement majeur peut être décelé dans le référentiel guidant l’action publique en direction des personnes âgées. Ainsi, au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ce dernier a relancé le débat sur la prise en charge de la dépendance en s’engageant à créer un cinquième risque de protection sociale. Mais cette orientation – qui était dans la droite ligne de la politique vieillesse menée depuis une vingtaine d’années – a progressivement évolué : alors que le débat public était essentiellement positionné autour du périmètre souhaitable de la solidarité publique et, à l’inverse, de la part pouvant être prise par le secteur assurantiel privé, la « prévention » est apparue in fine comme un axe prioritaire et consensuel. Elle a d’abord été affirmée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) dans le cadre de son rapport 2010 « Pour une politique de prévention au service de l’autonomie », puis elle fut au cœur du rapport d’un des quatre groupes de travail institués par la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot-Narquin (Morel et Veber, 2011) [7]. Désormais, il apparaît que « l’affirmation d’une politique de prévention plurielle (médicale, médico-sociale et sociale) de la perte d’autonomie, forte, visible, conduite dans la durée, évaluée, organisée, est essentielle » (p. 4). Par la suite, malgré l’absence d’une réforme de la protection sociale (ou pour en pallier l’absence), c’est bien dans cette voie que s’est engagé le gouvernement. Ainsi, en février 2012, la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale installait un comité national de coordination de la politique de prévention de la perte d’autonomie.

28Comment expliquer une telle évolution du débat en l’espace d’aussi peu de temps, allant à l’encontre de la nature très « curative » du système sanitaire et social français ? En fait, cette redéfinition de la politique de l’autonomie autour d’un axe préventif fortement affirmé depuis quelques mois est le résultat d’une conjonction d’intérêts divers (Argoud, 2012). D’un côté, il y a une prise de conscience progressive, notamment des élus locaux, que la dépendance ne peut se réduire à une affaire de soins et de prise en charge, d’autant qu’une telle approche engendre une représentation négative du vieillissement dans laquelle leurs administrés âgés ne se reconnaissent pas. Les élus locaux se montrent en effet sensibles aux phénomènes de dépendance que génère une société peu inclusive dans la mesure où ils sont quotidiennement confrontés à des problématiques d’isolement, de manque de transports ou de fermeture de services de proximité qui pénalisent les plus âgés et les plus fragiles de leurs administrés. La prévention est en phase avec leurs préoccupations pour (re)tisser un lien social de qualité sur leur territoire. Cette approche est elle-même liée à une évolution plus générale des politiques sanitaires et sociales consistant – dans le droit fil de la nouvelle Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé – à mieux prendre en compte les facteurs environnementaux. Dans le domaine du vieillissement, cela correspond aux démarches centrées autour du « bien vieillir » qui fleurissent un peu partout en France dans la foulée du protocole de Vancouver « Villes Amies Des Aînés » et de la publication en 2007 du guide éponyme par l’Organisation Mondiale de la Santé. Plus globalement, se développent localement de nombreuses initiatives visant à apporter des réponses plus territorialisées et intersectorielles au vieillissement en matière d’accès aux services, d’aide à la mobilité, de développement de nouvelles formes d’habitat, de promotion d’un lien social plus intergénérationnel…

29Par ailleurs, les pouvoirs publics ont bien vu l’intérêt qu’ils avaient à promouvoir une politique préventive : elle est un moyen clairement identifié pour réaliser des économies en évitant par exemple une aggravation de la perte d’autonomie ou des séjours d’hospitalisation indus. Ainsi, d’un débat centré sur le coût de la dépendance et sur sa prise en charge, la mobilisation des multiples facettes de la prévention (prévention sociale, soutien des aidants, coordination médico-sociale…) a permis d’en faire évoluer les termes dans un sens beaucoup plus consensuel. Ce n’est plus le coût, et donc les moyens de financement, qui sont mis en avant, mais paradoxalement les économies budgétaires attendues. Dans un contexte de maîtrise des dépenses sociales, la prévention acquiert droit de cité et ouvre des perspectives d’actions en termes de maintien du lien social et de lutte contre l’isolement, même si dans ce cadre la problématique de l’isolement des personnes âgées apparaît beaucoup plus diffuse qu’elle ne l’était au lendemain de la canicule de 2003.

Conclusion

30L’émergence, puis le traitement d’un problème social, n’est jamais un long fleuve tranquille. Il dépend des acteurs capables de le faire connaître, puis d’influer sur la manière de le problématiser et de guider le type de réponse socialement acceptable. L’isolement et la solitude sont apparus au grand jour comme une réalité pouvant avoir de funestes conséquences pour les personnes âgées les plus fragiles. Mais la réponse qui fut alors apportée par les pouvoirs publics – en un temps record – a été largement orientée vers une refonte du système de protection sociale des personnes handicapées quel que soit leur âge. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’a émergé un référentiel plus propice à ce qu’une approche alternative de la lutte contre l’isolement des personnes âgées puisse apparaître au cœur même de la politique publique. Avec le développement d’une politique vieillesse moins focalisée sur la gestion de la dépendance, la lutte contre l’isolement est devenue audible en tant que telle. D’une part, par le biais de la ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie Michèle Delaunay, le gouvernement a soutenu et permis l’amplification de l’action du collectif inter-associatif qui a donné naissance en janvier 2014 à une association ad hoc baptisée MONALISA (MObilisation NAtionale contre L’ISolement des Âgés) dont une partie du financement provient de la CNSA, mais dont la dynamique est portée par des représentants de la société civile. Et d’autre part, les pouvoirs publics ont multiplié les réflexions pour donner corps à une politique axée sur la prévention de la perte d’autonomie dans laquelle la lutte contre l’isolement trouve sa place. Comme en témoignent les travaux du Comité « Avancée en âge », et notamment le Plan national d’action et de prévention de la perte d’autonomie (2015), la préservation du lien social constitue un élément important de toute politique préventive. Cet infléchissement de la politique vieillesse en faveur d’une approche plus préventive se retrouve clairement dans les objectifs assignés par la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Malgré la modestie des ressources financières affectées (environ 700 millions d’euros) – à moins que ce ne soit précisément à cause de cette modestie –, les pouvoirs publics entendent s’engager dans une voie moins focalisée sur une gestion de la dépendance. La question est alors de savoir si cette nouvelle façon d’appréhender le vieillissement des personnes âgées permettra d’apporter des réponses à la hauteur de la complexité du problème de l’isolement des personnes âgées qui, dès qu’il est abordé en termes de lien social, soulève celui – très vaste ! – du mode d’organisation de la société.

Références

  • Argoud, D. et al. (2004). Prévenir l’isolement des personnes âgées. Voisiner au grand âge. Paris : Dunod.
  • Argoud, D. (2012, septembre). La prévention : un nouveau référentiel pour une politique du vieillissement ? Gérontologie et Société, hors-série, 93-100.
  • Argoud, D. (2014). Les politiques gérontologiques locales : la difficile constitution d’un espace autonome entre territorialisation et décentralisation. Dans I. Mallon, C. Hummel et V. Caradec (dir.), Vieillesses et vieillissements : regards sociologiques (p. 49-60). Rennes : Presses universitaires de Rennes, coll. « Le sens social ».
  • Attias-Donfut, C. (1978). L’enjeu des centres de jour. Gérontologie et Société, 7, 43-48.
  • Becker, H. (1985) [1963]. Outsiders. Études de sociologie de la déviance. Paris : Métailié.
  • Bensadon, A.-C. (2006). Enquête « Isolement et vie relationnelle ». Rapport du Collectif combattre la solitude des personnes âgées.
  • CRÉDOC (2013). Étude qualitative des effets de l’intervention bénévole sur l’isolement et la perte d’autonomie des personnes âgées. Rapport pour le Collectif combattre la solitude des personnes âgées.
  • Dubois, V. (2009). L’action publique. Dans A. Cohen, B. Lacroix et P. Riutort (dir.), Nouveau manuel de sciences politiques (p. 311-325). Paris : La Découverte.
  • Felstiner, W., Abel, R. et Sarat, A. (1980-1981). The emergence and transformation of disputes : naming, blaming, claiming. Law and Society Review, 15(3-4), 631-654.
  • Hémon, D. et Jougla, E. (2003). Surmortalité liée à la canicule d’août 2003. INSERM, rapport d’étape du 25 septembre 2003.
  • INVS (2003, septembre). Impact sanitaire de la vague de chaleur en France survenue en août 2003. Rapport d’étape, 29 août 2003. Paris : Institut national de Veille Sanitaire.
  • Jakubyszyn, C. (2003). L’abandon d’un jour férié pourrait financer la dépendance. Le Monde, 28 août 2003.
  • Klinenberg, E. (2003). Heat wave : a social autopsy of disaster in Chicago. Chicago, IL : University of Chicago Press.
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  • Morel, A., Veber, O. (2011). Société et vieillissement. Rapport du groupe n° 1, Ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale. Récupéré de http:/www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics.

Mots-clés éditeurs : politique publique, isolement, problème social, agenda

Date de mise en ligne : 07/06/2016

https://doi.org/10.3917/gs1.149.0025

Notes

  • [1]
    Nous faisons référence à nos travaux sur les solidarités de voisinage (Argoud et al., 2004), puis pour la seconde période, à ceux consacrés à la reconfiguration des politiques gérontologiques en France (Argoud, 2014).
  • [2]
    C’est tout au moins le cas en France. La situation est différente dans les pays anglo-saxons où l’isolement des personnes âgées est plus souvent appréhendé dans les travaux sociologiques consacrés à la vieillesse.
  • [3]
    Déclaration de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la révision du système de prévention, de vigilance et d’alerte sanitaire à la suite des conséquences de la canicule et sur la solidarité et le respect à l’égard des personnes âgées ou handicapées, 21 août 2003 (http://www.discours-vie-publique.fr/notices/037000283.html).
  • [4]
    Non seulement une proportion non négligeable de personnes sont mortes en établissement, mais en plus aucune étude n’a pu étayer le fait qu’elles soient mortes « seules ».
  • [5]
    Dès le 24 août, Alain Juppé, président de l’UMP évoque cette hypothèse dans le Parisien-Dimanche.
  • [6]
    Qu’il s’agisse d’« arènes » ou de « forums » pour reprendre la distinction apportée par Bruno Jobert quant à ces espaces de décision ou de débat.
  • [7]
    Il s’agit du rapport du groupe n° 1 (Morel et Veber, 2011).

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