Notes
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[1]
Cet article repose sur la participation au colloque trinational franco-germano-polonais organisé à Potsdam les 23-25 octobre 2003 par Sandrine Kott, Marcin Kula et Thomas Lindenberger sur le thème du « Socialisme au quotidien en RDA et en République populaire de Pologne ». Nous remercions sincèrement S. Kott pour la lecture critique de l’article ainsi que Malgorzata Mazurek pour l’aide qu’elle nous a apportée dans l’élaboration d’une bibliographie actualisée de l’histoire de la Pologne sous les communisme.
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[2]
Le terme Ostalgie, combinaison des terme Ost (est) et nostalgie, est apparu au début des années 1990 pour désigner le sentiment de nostalgie éprouvé par les Allemands de l’Est vis-àvis d’un régime qui leur avait assuré une certaine protection sociale et économique.
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[3]
Un colloque interdisciplinaire sur la recherche française sur la RDA et les nouveaux Bundesländer s’est tenu les 17-19 mars 2005 à l’université Humboldt de Berlin.
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[4]
Voir le projet de recherche de Pavel Kola?, chercheur au Centre d’histoire du temps présent de Potsdam, http:// www. zzf-pdm. de/ mtbneu/ kolar. html.
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[5]
http:// www. zzf-pdm. de/ sous la catégorie « Projekte ».
1Depuis la chute des régimes d’Europe de l’Est en 1989, les études historiques sur le communisme ont connu un nouvel essor et un profond renouvellement lié à l’ouverture des archives officielles des États et des partis communistes jusque-là en grande partie inaccessibles. Quinze ans après la disparition de ces régimes, la République démocratique allemande (RDA) et la Pologne communiste nous ont semblé des terrains d’étude qui pouvaient se prêter à une tentative de comparaison entre les historiographies allemande, française et polonaise, chacune héritière d’une tradition spécifique.
2Cet essai de comparaison s’inscrit dans le prolongement d’un colloque de jeunes doctorants qui s’est déroulé à Potsdam en octobre 2003 [1]. La pertinence de la comparaison s’est justifiée par la volonté des organisateurs de cette manifestation scientifique d’échanger et de comparer les approches historiographiques nationales à partir d’un objet d’étude commun : le communisme au quotidien. Sandrine Kott (Université de Genève), Marcin Kula (Instytut Historyczny Uniwersytetu Warszawskiego, Institut d’histoire de l’université de Varsovie) et Thomas Lindenberger (Zentrum für Zeithistorische Forschung, Centre de recherches d’histoire du temps présent de Potsdam) se trouvent être chacun dans leur pays les représentants les plus importants d’une histoire du communisme au quotidien, formant en quelque sorte au niveau européen les porte-parole d’un courant historiographique transnational. Ils encadrent une nouvelle génération de chercheurs formée après la chute du communisme, qui aborde cette histoire sans le poids idéologique de la guerre froide, et cherche à comprendre les régimes communistes à partir de leurs logiques de fonctionnement propres à l’aune d’une histoire sociale et culturelle renouvelée.
3Entreprendre la comparaison de trois historiographies nationales consacrées à deux pays communistes permet tout d’abord de s’interroger sur l’héritage de la réflexion menée avant 1989, dont les clivages réapparaissent, transfigurés, dans les approches actuelles du communisme en Europe de l’Est. Mais cette mise au point historiographique trinationale permet surtout de souligner dans quelle mesure des facteurs d’ordre méthodologique, générationnel et politico-culturel influencent la façon d’écrire l’histoire du communisme en Allemagne, en France et en Pologne.
L’historiographie des pays communistes entre totalitarisme et révisionnisme
Un modèle totalitaire peu à peu remis en question (1970-1989)
4Les différentes traditions nationales ne peuvent se comprendre sans évoquer les débats antérieurs à la chute des régimes communistes en Europe de l’Est. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est le paradigme totalitaire qui a longtemps dominé le champ universitaire et politique. Ce modèle explicatif du système communiste issu de la science politique a été appliqué par l’ensemble des sciences humaines. Il est né de l’expérience et des réflexions d’émigrés allemands aux États-Unis comme Franz Neumann ou Hannah Arendt sur la nature et la structure du nazisme (Arendt 2002). Il a été repris et précisé dans le contexte de guerre froide par Zbigniew Brzezinski et Carl J. Friedrich au cours des années 1950 pour dénoncer les régimes communistes (Brzezinski et Friedrich 1956). Après 1945, la tâche de la recherche était de « comprendre l’ennemi » caché derrière des frontières closes en absence d’accès à des données sociales de première main, exception faite de quelques textes normatifs et des témoignages d’émigrés. Le totalitarisme a longtemps été la théorie dominante tant dans le champ politique que scientifique. Dans cette interprétation par le politique, il manque cependant un acteur : la société.
5À partir des années 1970, dans un contexte de détente et de coexistence pacifique, le modèle totalitaire a été mis en cause aux États-Unis par des historiens du social comme Sheila Fitzpatrick et Moshe Lewin. Cette école dite « révisionniste » était attachée à inscrire l’expérimentation soviétique dans la longue durée de l’histoire russe. L’objectif principal de ces historiens était de montrer que la société soviétique était plus qu’un simple objet passif, victime des manipulations et des mobilisations forcées du régime, comme les tenants du modèle totalitaire le prétendaient. Ils voulaient ainsi replacer la société au centre de l’analyse. Il s’agissait en définitive d’affirmer qu’il y avait une histoire sociale de la Russie soviétique à écrire. Cette perspective impliquait aussi des questions de nature politique sur le degré et la nature du soutien de la population au régime, sa capacité à développer des initiatives et la possibilité d’accommodations entre le régime et la société.
6Cette évolution méthodologique se retrouve en Allemagne de l’Ouest où, pour les recherches sur la RDA, un courant s’est développé à la fois avant et à la suite de l’Ostpolitik du Chancelier Willy Brandt autour de politologues comme Peter Christian Ludz (Ludz 1968) et Gert-Joachim Glaessner (Glaessner 1977). Ces chercheurs s’efforçaient de comprendre la RDA dans son contexte propre, avec en arrière-plan l’idée d’un possible rapprochement des deux États et la convergence des deux sociétés. On a pu parler d’ « immanence critique » pour caractériser cette « école ». Ces chercheurs, représentants d’un courant minoritaire, ont montré que l’histoire sociale pouvait permettre d’aborder autrement le communisme sans remettre en cause le cadre politique de la dictature, mais en s’attachant aux fonctionnements sociaux qui permettent au régime de se stabiliser.
Le retour du modèle totalitaire après la chute des régimes communistes
7La chute des régimes communistes s’est accompagnée d’une résurgence spectaculaire du modèle totalitaire dans la recherche historique au début des années 1990. En Allemagne, il est porté un temps par les mouvements d’opposition au communisme qui dominent alors l’espace public et s’imposent provisoirement dans le champ historique, notamment en vertu de leur « supériorité morale » face aux historiens compromis avec le régime. L’Allemagne a ainsi connu quelques travaux d’ex-dissidents devenus historiens du régime après sa chute (Mitter et Wolle 1993), mais le travail historique a été presque complètement pris en charge par le cadre institutionnel ouest-allemand préexistant. La meilleure illustration en est le projet de la Commission d’enquête du Bundestag consacré au « traitement de l’histoire et des conséquences de la dictature du SED [Sozialistische Einheitspartei Deutschlands] en Allemagne » (Materialen der Enquete-Kommission… 1995). Le renouveau du modèle totalitaire s’inscrit en outre dans la continuité d’un courant organisé depuis 1978 au sein de la Société pour la recherche sur l’Allemagne (Gesellschaft für Deutschland Forschung), et qui vise d’un point de vue politique à montrer plus ou moins explicitement la supériorité du modèle politique et économique ouest-allemand. On lui doit la caractérisation, aujourd’hui largement diffusée, de la RDA comme « État-SED » ou encore comme « seconde dictature allemande ». Au sein de ce courant totalitaire, il faut distinguer cependant entre une interprétation « politique », qui se limite à la description institutionnelle et statique d’une dictature pour en conclure à la servitude de la société (Schröder 1998), et une interprétation « sociologique », qui essaie de saisir comment un pouvoir politique omniprésent empêche le développement indépendant des différents « sous-systèmes » d’une société devenue « paralysée » (Meuschel 1993).
8Dans le cas de la Pologne où, à l’exception des chercheurs étroitement liés au parti communiste, le personnel historien universitaire s’est largement maintenu, une « bataille pour la mémoire » (Brzostek 2004 : 116) s’est engagée au début des années 1990 entre historiens du régime communiste et historiens issus de l’opposition. L’historien Andrezj Paczkowski va jusqu’à parler de « guerre civile autour de la tradition » (1997 : 17). Cette bataille ne fait que prolonger le conflit existant avant 1989 entre histoire officielle et histoire dissidente, car s’intéresser à la mise en place du régime (Kersten 1984), à la répression de l’Armée intérieure par les communistes (Turjelska 1990), ou aux crises du régime, notamment celle de 1956 (Karpi?ski 1989), bref écrire la « véritable histoire de la Pologne », c’était faire œuvre de subversion.
9Dans le sillage de ces débats, les années 1990 ont vu la recherche historique en Pologne se concentrer sur trois questions principales : la nature totalitaire du régime, son degré d’indépendance vis-à-vis de l’URSS et sa capacité modernisatrice. Ce sont les périodes antérieures à 1956 et postérieures à 1980 sur lesquelles se sont concentrés la plupart des travaux, tendant à montrer une résistance de l’ensemble de la société au régime communiste. Cette première phase historiographique s’appuyait sur les outils méthodologiques de l’école totalitaire occidentale pour prendre la forme d’un réquisitoire historique contre le communisme et mettre en avant l’histoire des victimes de ce régime imposé de l’ « extérieur » (Dudek et Paczkowski 2000 ; Konspiracja i… 2002). Dans les interprétations les plus radicales, l’histoire de la Pologne communiste se résumait à une période de persécutions au cours de laquelle la religion et la nation étaient assujetties par une puissance étrangère (Ojczyzn? woln? … 1998).
10La plupart des travaux engagés au début des années 1990 en Pologne et en Allemagne tiraient aussi leur légitimité du fait qu’ils s’appuyaient sur des archives officielles jusque-là inaccessibles. Cette sacralisation de l’archive et ce « mirage néopositiviste » selon lequel la vérité serait tout entière contenue dans les documents officiels ont fait l’objet de critiques méthodologiques (Paczkowski 1992 ; François 1995). Il ne faut pas oublier en effet que ces archives donnent un point de vue particulier et partiel, celui du pouvoir d’État.
11Le totalitarisme comme modèle explicatif repose en effet sur le primat accordé aux formes politiques institutionnelles. Selon cette approche, l’« État » ou le « parti-État », distinct de la « société », en viendrait à l’englober et à en déterminer le développement interne, ce qui suppose que les actions historiques soient avant tout déterminées par les pensées et les discours politiques. En traduisant en termes idéologiques et politiques l’ensemble des fonctionnements sociaux, ce modèle explicatif propose une sorte d’automatisme entre pensées et actions qui feraient de ces dernières le produit des premières. Ces problèmes méthodologiques non résolus ont été mis en évidence par une approche renouvelée de l’histoire sociale qui s’attache à déconstruire les catégories d’ « État » et de « société » telles qu’elles sont employées par le modèle totalitaire.
La réaffirmation de l’histoire sociale du communisme dans les années 1990
Changement de contexte
12Le modèle totalitaire connaît un premier reflux en Allemagne à partir du milieu des années 1990 et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le renouvellement des élites et l’épuration administrative entrepris après 1990 sont achevés. Ensuite, les tentatives de règlement judiciaire se sont largement soldées par un échec et les effets de la prescription ont commencé à se faire sentir. Malgré une certaine Ostalgie [2], le constat de l’échec politique et économique de la RDA a fait l’objet d’un large consensus, favorisant par la même une appréhension plus distanciée et différenciée de ce régime.
13Avec un léger décalage temporel, un processus parallèle s’observe actuellement en Pologne au niveau politique : le rapport au passé direct se fait moins conflictuel et la vie politique s’est pacifiée progressivement, conformément à la volonté de l’ancien Premier ministre démocratiquement élu Tadeusz Mazowiecki « de tirer un gros trait sur le passé ». L’enterrement en 2004 de l’ancien opposant Jacek Kuro?, qui a réuni Lech Wa?esa, Adam Michnik et le général Jaruzelski, en est une autre illustration.
Les limites sociales de la domination politique
14Dès le début des années 1990 en Allemagne et avec un décalage de quelques années en Pologne, nombre de recherches ont été mues par une sensible volonté d’élargissement, de diversification et de complexification des problématiques. Du côté allemand, Jürgen Kocka a montré que c’est justement parce que la société est-allemande était « dominée de part en part » (1994) par le régime communiste qu’il importe d’en retrouver le fonctionnement et l’autonomie relative. En Pologne, Dariusz Jarosz a proposé d’abandonner le cadre interprétatif de l’école totalitaire, de lutter contre les mythes de la propagande communiste, mais aussi anticommuniste, et de réintégrer l’épisode communiste dans une périodisation longue de l’histoire polonaise (2000). La « société » ne doit donc pas être analysée comme un objet d’oppression jouant un rôle secondaire dans l’histoire de ces pays. Par cette affirmation, ces recherches ont renoué avec la tradition des historiens révisionnistes d’avant 1989. Pour retrouver la « société » derrière le régime communiste, on a posé en Allemagne la question des « limites de la dictature » (Bessel et Jessen 1993), et en Pologne, celle des « résistances sociales » (Zblewski 1998 ; Kami?ski 2000).
15Cette perspective commune amène à s’interroger sur le rôle des différents groupes sociaux et professionnels auxquels le pouvoir communiste fut confronté. Ce sont surtout la paysannerie et la classe ouvrière qui ont fait l’objet d’études dans cette perspective. En Allemagne, les travaux se sont tout d’abord intéressés aux ouvriers, à l’évolution des conflits sociaux et des conditions de travail (Hübner 1995), avant de se tourner vers les paysans et le milieu rural autour de la question de la collectivisation des terres et des mutations sociales dans les campagnes (Bauerkämper 2002). En Pologne, c’est au contraire le thème de la collectivisation (et de son échec) qui a d’abord attiré l’attention (Jarosz 1998), la recherche sur le monde de l’usine n’apparaissant que dans un second temps (Kula 2001 ; Mazurek 2005). Cette inversion des priorités reflète l’importance du rôle attribué à la paysannerie dans l’histoire polonaise.
16La recherche sur les groupes professionnels reste plus avancée dans le cas de la RDA que dans celui de la Pologne. En RDA, elle a mis en évidence une différence entre les professions liée à l’appareil d’État, à l’enseignement et à la justice qui connaissent un renouvellement profond dès les premières années du régime, et celles qui obéissent à des critères techniques qui leur garantissent une autonomie relative jusqu’au début des années 1960, comme les médecins et les ingénieurs (Bessel et Jessen 1996). Cet intérêt pour les groupes sociaux et professionnels a en outre conduit à poser la question des élites sociales : quelles transformations et quels compromis le régime a-t-il réalisé avec les élites traditionnelles, dans quelle mesure a-t-il réussi à produire ses propres élites ? Ces questions, déjà largement débattues relativement à la RDA (Hübner 1999) ne sont pas encore abordées concernant la Pologne. Dans ces deux cas, on note cependant une concentration des recherches sur la période de fondation, jusqu’aux années 1960. La stabilisation politique et sociale des années 1960 et 1970, qui repose sur l’existence d’élites fonctionnelles loyales, reste pour le moment peu abordée.
17Il existe aussi pour la RDA des études sur l’armée (Fingerle 2001), la police politique (Gieseke 2000) et les cadres du Parti (Best et Mestrup 2003) qui s’intéressent au recrutement, à l’évolution sociale, et parfois à la culture et à l’horizon social des individus. En Pologne, ces domaines restent au contraire encore peu étudiés. Ces recherches montrent que la distinction faite conventionnellement entre « État » et « société » ne doit pas empêcher d’aborder les structures de domination étatiques en s’attachant à leur fonctionnement social.
Au-delà de l’opposition « État-société » : logiques d’acteurs et constructions identitaires
18L’histoire sociale se définit moins par son objet que par une manière de le questionner. Elle n’est donc pas seulement cantonnée à l’étude de la « société », comprise dans le sens d’une société civile dominée par une structure de pouvoir. Certains historiens ont d’ailleurs fait la critique de ce type d’approche jugé trop étroit : en se concentrant sur les « limites » que la « société » impose à la dictature, on ne fait rien d’autre que de l’analyser à l’aune du projet communiste lui-même. De même, par l’intérêt exclusif porté aux « résistances sociales », on aboutit à politiser des comportements qui n’étaient pas forcément dirigés contre le régime. En Allemagne, cette critique a partiellement réveillé le clivage existant entre l’histoire sociale traditionnelle de l’école de Bielefeld et celle de l’histoire du quotidien (Alltagsgeschichte). Cette dernière, sortie des entrailles de l’histoire sociale marxiste des années 1970 à l’initiative d’un groupe d’historiens alternatifs situés à l’époque en marge de l’Université allemande, prenait une distance critique par rapport à une approche macrosociale de l’histoire. Elle est mue par un rejet du paradigme quantitatif et structuralofonctionnaliste au profit d’une perspective privilégiant l’analyse du vécu et du quotidien. Cette position méthodologique fut violemment dénoncée dans les années 1980 par les tenants de l’histoire sociale traditionnelle comme Hans Wehler et Jürgen Kocka, puis elle se normalisa au cours de la décennie suivante investissant le champ de recherche de la RDA.
19C’est ainsi que Thomas Lindenberger, venu de l’Alltagsgeschichte a proposé une approche relationnelle du pouvoir qui implique de déconstruire le concept de classe pour se concentrer sur les individus perçus comme des acteurs dans un cadre interactionnel. Il a pour cela développé le couple notionnel de « domination » (Herrschaft) et de « quant à soi » (Eigen-Sinn) pour montrer que la domination exige non seulement le monopole de la force, mais aussi le consentement minimal et souvent passif des sujets qu’elle entend soumettre (Lindenberger 1999). La notion de « quant à soi » renvoie toutefois moins à l’idée de liberté qu’à celle de logiques sociales autonomes, individuelles ou collectives. La domination peut s’extorquer par la violence ou la terreur policière, mais ne peut perdurer que par le compromis, voire par la séduction ou la bienveillance fondée sur « l’amour » du régime pour ses sujets (Wierling 2000). C’est dans cette domination consentie que s’observent des phénomènes de réappropriation et d’intériorisation partielles par les dominés. La domination n’est pas seulement un assujettissement, mais aussi une forme de subjectivation, elle n’implique pas seulement du côté des dominés des calculs d’intérêts mais des formes de construction de soi.
20Une réflexion parallèle se retrouve en France dans les travaux de Sandrine Kott. Venant de l’histoire sociale classique, mais inspirée par la sociohistoire du politique, sa démarche consiste à choisir un lieu d’observation précis, l’entreprise d’État, et à observer par une approche microhistorique la manière dont les logiques politiques et sociales de l’ensemble de la société s’y expriment (Kott 2001). De la présence du Parti dans l’entreprise aux conflits d’essence sociale ou générationnelle, en passant par les difficultés structurelles de la production, ces différentes logiques sont abordées dans leur entremêlement quotidien à partir des pratiques empiriquement observées. Influencée par la pensée de Michel Foucault sur la nature relationnelle du pouvoir et ses effets sur les individus qu’il traverse, cette démarche est en outre attentive à la construction des identités individuelles qui sans correspondre au résultat voulu par le régime en sont tout de même le produit. Cette perspective a profondément influencé l’historiographie française sur la RDA, notamment la jeune génération.
21La Pologne a connu des réflexions du même type, produites par Marcin Kula qui s’est lui aussi consacré à l’étude du monde industriel. Étudiant et professeur avant 1989, celui-ci a du passé communiste une expérience personnelle qui l’a conduit à se tourner vers une histoire du communisme au quotidien dans laquelle il entraîne toute une génération de jeunes chercheurs.
22Par des voies différentes, ces trois historiographies sont donc amenées à partager des perspectives et des objets communs. Il s’agit tout d’abord de s’intéresser aux acteurs et aux interactions de pouvoir qui traversaient ces sociétés, ce qui donne une vision renouvelée de l’appareil d’État lui-même. La police politique a fait l’objet pour la RDA, mais pas encore pour la Pologne, de travaux consacrés au jeu possible existant dans les pratiques de surveillance et de répression entre autorité, informateurs et « victimes » (Combe 1999), mais aussi au sein même des organes de répression (Bensussan 2004). Dans son ouvrage sur la Police populaire de RDA, Thomas Lindenberger se concentre, sans renoncer à une description socioprofessionnelle classique, sur le personnage du policier, la pratique policière quotidienne et le rôle « apolitique » de la police dans le maintien du régime (Lindenberger 2003). Le parti communiste, socialement omniprésent, commence lui aussi à être étudié dans la perspective de ses acteurs individuels (Christian 2002) et de son inscription dans l’évolution globale de la société (Klein 2002), et plus seulement comme simple structure politique jugée extérieure à la société.
23Cette perspective ne se limite pas aux organes d’État traditionnellement associés au maintien du régime, mais s’étend aux interactions nées dans la pratique quotidienne de l’appareil bureaucratique. Sur ce terrain, les historiens ont été précédés par les politistes. Les travaux de Jay Rowell, consacrés à la question cruciale du logement en RDA, contribuent à une histoire sociale des administrations étatiques, en s’intéressant aux acteurs qui les composent et aux interactions entre la puissance publique et ses administrés, tant au niveau central qu’au niveau local (Rowell 2005a). Ils ont bien montré comment, sous couvert d’une apparente pénétration institutionnelle dans la vie quotidienne, les agents de base et les citoyens utilisent dans leur rapport à l’État les marges de manœuvre qui leur sont offertes (Rowell 2005b).
24Dans le champ politique, la question des « partis satellites » suscite des démarches d’inspiration identique. En se démarquant de la grille de lecture totalitaire qui assimile le parti paysan polonais (ZSL– Zjednoczone Stronnictwo Ludowe, Parti paysan unifié) à une simple « courroie de transmission », Frédéric Zalewski met en lumière les espaces de coopération et de compétition entre le ZSL et le parti communiste (PZPR – Polska Zjednoczna Partia Roborniczna, Parti ouvrier unifié polonais) autour d’enjeux particuliers telle la mobilisation de l’histoire comme ressource légitimatrice (2002). Le ZSL tente ainsi de faire jeu égal avec le PZPR. En outre, comme J. Rowell, il souligne l’influence des trajectoires militantes individuelles sur l’évolution des logiques de fonctionnement du parti paysan. Dans ces deux cas, il en ressort qu’il n’ y a pas d’espace institutionnel sans une logique sociale pour le faire exister et évoluer.
25L’historiographie des différentes sphères de la société a été approfondie, voire mise en chantier, dans le cadre de cette perspective de la domination comme pratique sociale.
26L’entreprise est analysée non pas seulement comme lieu d’imposition d’une norme extérieure, mais aussi comme espace social contradictoire et évolutif (Hürtgen et Reichel 2001). L’éducation constitue un autre domaine où peut s’observer la gestion des tensions entre un projet éducatif de fabrication d’un homme nouveau et ce qui en est fait au quotidien, tant du côté des éducateurs que des éduqués (Kosi?ski 2000). Le cas de la RDA montre que si ce projet fut très souvent perçu par les familles et les enfants comme extérieur et formel, il n’en a pas moins contribué à former l’identité des générations éduquées en RDA (Droit 2004). Dans le domaine de la politique culturelle, on ne peut opposer simplement le désir d’autonomie des acteurs culturels à la volonté de contrôle de l’État et du Parti. Les formes de collaboration comme celles d’autocensure infirment cette vision dichotomique. Le prestige international apporté au régime par des productions culturelles dont il se méfiait par ailleurs témoigne de la subtilité de ces relations de domination (Moine 2003).
27L’observation des interactions de pouvoir invite aussi à s’intéresser aux formes de consensus que les représentants du pouvoir sont amenés à créer et à entretenir dans leurs rapports avec la population. La pénurie de biens divers donne à la politique de consommation une importance toute particulière, surtout dans le cas de la RDA qui avait la RFA (République fédérale d’Allemagne) pour terme implicite de comparaison (Poutrus 2002). Ce souci du bien être de la population a conduit les historiens allemands comme leurs collègues polonais à utiliser la notion de « dictature paternaliste » – le terme de Fürsorgediktatur a été forgé en Allemagne par Konrad Jarausch (1998) et son équivalent polonais uwa?na opieku?czo?? par Stefan Nowak (2004) – qui insiste sur les liens infrapolitiques, non réductibles à des rapports de force directs, que les régimes communistes pouvaient tisser avec leurs populations. Cette vision paternaliste donnait aux yeux de la population une place particulière à la figure du « secrétaire général du parti » (Zaremba 2003).
28L’ascension sociale que les nouveaux régimes ont procurée à une partie de la population a aussi été un élément de légitimité du régime vécu au niveau individuel et a contribué à façonner les individus. Cela est particulièrement vrai dans le cas de l’intelligentsia (Palska 1994), mais aussi plus largement de la génération des « bâtisseurs » du régime, qui en RDA correspondait par ailleurs également à la génération dite « des jeunesses hitlériennes » (Hitlerjugendgeneration) (Wierling 1994). Le nationalisme comme idéologie partagée et productrice de consensus a de même joué un rôle important dans la Pologne communiste. Les communistes ont utilisé le discours nationaliste dès les années 1930 et ont développé le culte des héros proprement nationaux dès l’après-guerre, tout en ne renonçant pas aux références germanophobes voire antisémites (Zaremba 2001). En RDA, les dirigeants ont su jouer, en l’absence d’un discours nationaliste légitime, d’un certain nombre de valeurs (le travail, l’ordre, la discipline, la propreté) partagées avec une grande partie de la population, valeurs qui ont produit en négatif la figure de l’ « asocial », présente dans les discours éducatifs, juridiques et politiques (Behrends, Lindenberger et Poutrus, 2003).
Légitimité scientifique, poids de la politique et enjeux de mémoire
29On constate en présentant les historiographies de la Pologne et de la RDA que cette dernière est souvent bien mieux connue et traitée de manière plus systématique. Il y a plusieurs raisons à cela. L’histoire de la RDA a connu tout d’abord une « révolution archivistique incomparable » (François 1999). Dès 1990, l’accès aux très nombreuses sources de l’État disparu a été légalement organisé et universellement rendu possible, avec la seule limite du respect de la vie privée. Il y avait en outre pour faire l’histoire de la RDA une structure et un personnel universitaire ouest-allemand préexistants, ce qui explique la rapidité avec laquelle cette historiographie a pu se constituer. L’histoire sociale de la RDA est aujourd’hui surtout représentée par le Centre de recherches d’histoire du temps présent de Potsdam, où toutes les tendances de l’histoire sociale sont représentées. La recherche historique sur la RDA constitue un ensemble bien délimité : la RDA est considérée comme un objet en soi et les thématiques transhistoriques, autres que celles d’une comparaison avec le régime nazi, sont très rares, y compris en histoire sociale.
30La position de l’histoire sociale au sein de la recherche sur la RDA est solide sans pour autant dominer un champ historiographique, où le modèle totalitaire reste souvent une référence. Cela s’explique entre autres par la fonction de légitimation que joue ce paradigme dans le récit des origines de l’Allemagne réunifiée. Il vient en effet confirmer l’inhumanité du régime, dont on juge qu’elle a finalement poussé la population à manifester et à vouloir la réunification en 1989. La concentration sur ce court épisode dispense de s’interroger sur la nature et l’histoire de la société est-allemande. Ce récit des origines est celui qu’on trouve encore le plus couramment propagé dans les médias et le monde politique, alors même que l’enseignement de l’histoire de la RDA à l’Université semble décliner depuis les années 1990 (Pasternak 2001).
31L’historiographie polonaise se trouve dans une position très différente. Les archives communistes ont été reprises par le nouveau régime démocratique dans le cadre d’un compromis avec l’ancien pouvoir en place. Il a fallu ainsi attendre le mois de décembre 1998 pour que soit votée une loi créant l’Institut de la mémoire nationale (Instytut Pami?ci Narodowej–IPN). Si bien que pour un certain nombre de champs de recherche, les travaux en sont à leurs débuts (Bensussan, Beaupré et Dakowska 2003). Un autre facteur déterminant de ce décalage des historiographies ne doit pas être passé sous silence : le financement des projets de recherche et les conditions matérielles de travail des chercheurs et doctorants sont beaucoup plus favorables en Allemagne ou en France qu’en Pologne. Cette pénurie de moyens entrave les progrès de la nouvelle génération d’historiens et a des effets conservateurs sur la recherche historique polonaise. Au sein de cette nouvelle historiographie, l’histoire sociale occupe une position encore très minoritaire. Conséquence d’une opposition à l’histoire officielle du régime déchu, la majorité des historiens travaillant aujourd’hui à l’IPN écrivent en effet une histoire des victimes du régime communiste en utilisant les catégories d’interprétation totalitaires. Même dans un contexte d’apaisement politique, certains chercheurs comme le sociologue Pawel Spiewak développent, de manière délibérée et avec le soutien de hauts représentants de l’Église catholique comme le primat Józef Glemp, une confrontation continue avec certains intellectuels et anciens opposants au régime communiste comme Adam Michnik, leur reprochant l’amnésie collective qui aurait résulté d’une « transition molle » (Spiewak 2003). Il est donc encore difficile de critiquer le modèle totalitaire au nom d’une perspective méthodologique alternative sans avoir l’air de justifier le régime défunt.
32Même au sein de l’histoire sociale, certaines notions mobilisées continuent de porter en elle des présupposés totalitaires, comme celle de « scénario idéologique », forgée par la sociologue polonaise Hanna ?wida-Ziemba (1997 : 56-61). Cette notion sous-entend l’idée de contrôle total de la société lié à la mise en œuvre par le régime communiste d’un scénario précis réalisé jusqu’au niveau individuel. Cette notion est d’ailleurs utilisée de manière contradictoire puisqu’elle est mobilisée pour défendre l’idée paradoxale que le régime communiste n’a jamais vraiment réussi à s’implanter au sein de la société polonaise et à la transformer en profondeur.
33La référence au totalitarisme enveloppe aussi parfois des sentiments nationalistes entretenant un discours historique dont l’héroïne serait la société elle-même, imperméable au communisme et qui, appuyée sur son Église catholique, aurait résisté à un régime totalitaire imposé par l’étranger, pour finalement le renverser. On retrouve souvent de façon sous-jacente la thématique, sujet de débat en Pologne même, du martyr polonais face à un pouvoir étranger qui a voulu imposer sa domination (Borodziej 2003). La Pologne continue souvent à être présentée dans un argumentaire martyrologique comme une victime de l’Histoire. L’histoire du communisme en Pologne, telle qu’elle est faite aujourd’hui, donne ainsi parfois l’impression de s’inscrire dans le prolongement de cette histoire nationale tragique depuis la « politique des partages » à la fin du xviiie siècle. Cette posture de recherche permet aux chercheurs polonais de présenter la Pologne comme un « pays à part » au sein du bloc soviétique.
34Certains historiens polonais attaquent cependant de front ces représentations du passé en ne présentant pas leur pays seulement comme une victime, mais également comme un acteur répressif à part entière. Des questions douloureuses comme le rapport à la minorité juive à l’exemple des pogroms d’après-guerre (comme celui de Kielce en juillet 1946), l’action « Wis?a » (Misi?o 1993) (déplacement forcé de plus de cent quarante mille Ukrainiens qui étaient citoyens polonais en 1947), l’expulsion des Allemands des territoires reconquis à l’Ouest (Ruchniewicz 2003) ou les tentatives de polonisation des Warmiens et des Mazowiens sont désormais prises en charge par la nouvelle génération d’historiens (Belzyt 1996).
35Contrairement à ses homologues allemands et polonais l’historiographie française sur le communisme en Pologne et en RDA a la particularité de son extériorité aux pays dont elle étudie l’histoire. Elle est donc moins déterminée par des enjeux de politique et de mémoire nationales que par des logiques universitaires et scientifiques autonomes. La résurgence de l’approche totalitaire n’a certes pas épargné l’historiographie française (Courtois 1997), avec une concentration sur le phénomène répressif dont les fonctionnements sont généralisés à l’ensemble du système social. La mise en parallèle que sous-tend la notion de totalitarisme entre régimes communistes et régimes fascistes ou nazi a également connu une deuxième vie avec l’ouvrage que François Furet lui a consacré (Furet 1995). Mais les enjeux politiques de cette mise en parallèle sont restés moindre qu’en Allemagne ou en Pologne et les débats limités à la question proprement historique. Cette mise en parallèle a d’ailleurs été approfondie mais aussi déconstruite dans des travaux ultérieurs qui tentent d’établir la validité de cette notion sans lui attribuer un caractère explicatif universel (Rousso 1999).
36Un autre courant de la recherche française sur le communisme, souvent présenté comme adversaire du précédent, privilégie au contraire l’attention aux évolutions sociales et aux comparaisons transversales entre régimes communistes eux-mêmes (Pudal et al. 2000). C’est à ce dernier courant que se rattache l’histoire sociale de la RDA et de la Pologne communiste en France. Celle-ci s’inscrit donc dans un contexte scientifique plus large, celui de la sociohistoire du politique (Noiriel 2001) et d’une science politique renouvelée dont le communisme n’est pas l’unique objet (Déloye et Voutat 2002). Elle apporte en cela une recontextualisation du phénomène communiste dans la longue durée et dans la perspective plus large des pratiques politiques. Cette approche sociohistorique du communisme fait ainsi sortir la RDA de l’exceptionnalisme dans laquelle la recherche allemande a tendance à le maintenir. Cette grille d’interprétation permet de considérer le régime est-allemand comme un régime communiste parmi d’autres, alors que pour les Allemands, la question implicite est souvent de savoir si la RDA est légitime ou non. En somme, la RDA comme la Pologne sont en France bien moins des champs d’étude nettement délimités, que des objets sur lesquels des historiens et des politistes testent les hypothèses de la sociohistoire.
37Cette recherche française en histoire sociale de la RDA et de la Pologne reste toutefois quantitativement faible en comparaison avec les recherches nationales dans le même domaine. En raison de la barrière de la langue et des difficultés de traduction, les travaux français les plus récents sur la RDA sont mal connus des chercheurs allemands davantage tournés vers les pays anglo-saxons. Elle n’est pourtant pas quantité négligeable et commence à être reconnue en Allemagne même [3].
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Pour une histoire sociale comparative des régimes communistes
40Cette mise en parallèle des historiographies permet de déconstruire les conditions de production nationales du discours historique sur le communisme. Cette élucidation donne la possibilité aux différentes traditions nationales, sinon de parler la même langue, du moins de se comprendre entre elles. Mais ce travail ne constitue pas une fin en soi et ne prend son sens véritable que lorsqu’elle permet de poser en même temps la question d’une histoire sociale comparée des sociétés ayant connu un régime communiste.
41À la lumière des conclusions tirées plus haut, cette histoire nous semble possible à plusieurs conditions. La première d’entre elles consiste à se défaire de l’exceptionnalisme historique attribué au communisme, qui pousse à analyser les phénomènes sociaux comme procédant uniquement de la nature politique des régimes. Cet exceptionnalisme est d’ailleurs souvent le produit d’un contexte proprement national. Réduire le conflit entre l’Église catholique polonaise et le régime communiste athée à une composante « totalitaire », c’est négliger par exemple une tendance plus profonde à la sécularisation des sociétés européennes, qui n’a pas seulement touché les pays communistes, mais dont ils sont une forme exacerbée. De même, un certain nombre de traits propres à la RDA, comme son système scolaire, sa forte centralisation, le poids de sa capitale ou sa politique de la famille, sont souvent perçus en Allemagne comme des éléments communs aux régimes communiste et nazi par opposition au régime démocratique. Un parallèle fait par Hartmut Kaelble entre la société française et la société est-allemande a pourtant bien montré les limites de ces catégorisations, puisqu’on retrouve un certain nombre de ces caractéristiques dans un pays de tradition centraliste comme la France (1994). Se détacher de l’exceptionnalisme communiste, c’est redonner leur importance aux tendances transnationales.
42Cela pose cependant la question du poids des institutions politiques et amène à la formulation d’une deuxième condition : penser la comparaison dans des termes qui n’opposent pas l’ « État » et la « société ». On peut admettre le caractère formellement identique des institutions politiques dans les pays du bloc communiste. Mais cette identité institutionnelle cache des différences profondes entre les pays, qui n’échappent pas à une étude empirique approfondie. Les institutions politiques ne sont pas pour autant les paravents de logiques sociales, car les deux termes doivent être analysés ensemble. On peut ainsi être attentif aussi bien aux différences qui distinguent les pays les uns des autres qu’aux éléments identiques qui les rapprochent. On peut se demander, par exemple, si la pratique quotidienne d’institutions identiques par de larges couches de la population dans chaque pays n’a pas pu avoir à terme des effets identiques dans plusieurs pays. La formation des élites dans un cadre internationaliste pose également la question, au-delà des horizons nationaux, de l’existence d’une élite transnationale proprement communiste.
43Cela implique une troisième condition, la réinscription des sociétés étudiées dans la longue durée. Sans ce nécessaire effort d’élargissement hors de la période communiste, certaines comparaisons peuvent aboutir à des conclusions erronées. On compare ainsi souvent la passivité et la docilité des ouvriers est-allemands à la force de la résistance ouvrière au régime en Pologne. Mais dans le cas de la RDA, on a affaire dès 1945 à une société industrielle où l’exode rural est en voie d’achèvement, là où la Pologne ne connaît un exode rural massif qu’après la guerre et une industrialisation décalée d’une génération par rapport à la RDA. Cette industrialisation s’accompagne d’une « disciplinarisation » des ruraux dans le cadre de l’usine. Aux raisons proprement politiques se superposent et se mêlent donc des facteurs sociaux observables sur la longue durée, qui expliquent véritablement la différence entre le cas polonais et le cas est-allemand.
44Dans la mise en pratique de cette histoire comparative, il semble malaisé de procéder par simple comparaison entre pays, d’abord parce que ces comparaisons sont trop vastes et impliquent des domaines trop divers et ensuite parce qu’elles risquent de réifier les constructions nationales existantes. Il s’agit bien plutôt de procéder par la détermination d’un objet défini, qui peut ensuite être abordé de manière comparative entre un ou plusieurs pays. Des travaux de ce type existent déjà. Ils sont pour le moment surtout consacrés à l’entreprise (Mazurek 2004), aux ouvriers (Brenner et Heumos 2005) ou encore à l’écriture de l’histoire ouvrière locale [4]. Le Centre d’étude du temps présent de Potsdam dispose également d’un groupe de travail sur les politiques sociales des différents pays du bloc soviétique, dirigé par Peter Hübner [5]. Le champ d’étude qui s’ouvre à la comparaison est immense et ces initiatives sont pour l’instant relativement isolées. Elles posent également de nouveaux problèmes, comme la barrière de la langue, mais aussi le risque de reproduire la compartimentation nationale en juxtaposant simplement des études de cas nationaux sans réflexion transnationale.
45Mais ces nouveaux problèmes sont aussi de nouveaux défis. L’histoire sociale du communisme telle qu’elle s’est renouvelée ou fait jour en Allemagne, en Pologne et en France a largement contribué à l’enrichissement des questions posées sur les régimes communistes et sur la vie sous les régimes communistes. La perspective comparative, par l’exercice de déconstruction des catégories acquises qu’elle présuppose, constitue un encouragement au dialogue international. L’histoire sociale du communisme travaille enfin, parfois en marge des interprétations officielles, à une meilleure connaissance de cette période et contribue à sa manière à construire un rapport pacifié à cette période complexe.
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Notes
-
[1]
Cet article repose sur la participation au colloque trinational franco-germano-polonais organisé à Potsdam les 23-25 octobre 2003 par Sandrine Kott, Marcin Kula et Thomas Lindenberger sur le thème du « Socialisme au quotidien en RDA et en République populaire de Pologne ». Nous remercions sincèrement S. Kott pour la lecture critique de l’article ainsi que Malgorzata Mazurek pour l’aide qu’elle nous a apportée dans l’élaboration d’une bibliographie actualisée de l’histoire de la Pologne sous les communisme.
-
[2]
Le terme Ostalgie, combinaison des terme Ost (est) et nostalgie, est apparu au début des années 1990 pour désigner le sentiment de nostalgie éprouvé par les Allemands de l’Est vis-àvis d’un régime qui leur avait assuré une certaine protection sociale et économique.
-
[3]
Un colloque interdisciplinaire sur la recherche française sur la RDA et les nouveaux Bundesländer s’est tenu les 17-19 mars 2005 à l’université Humboldt de Berlin.
-
[4]
Voir le projet de recherche de Pavel Kola?, chercheur au Centre d’histoire du temps présent de Potsdam, http:// www. zzf-pdm. de/ mtbneu/ kolar. html.
-
[5]
http:// www. zzf-pdm. de/ sous la catégorie « Projekte ».