Des jeunes usagers de drogues à la rue à Lyon occupent l’espace public, y construisent des abris, y font la manche, consomment des produits psychoactifs, s’inscrivent dans un réseau de relations sociales, et ainsi développent des aptitudes à habiter et à cohabiter dans la ville. En marge – ou en plein cœur ? – de celle-ci, ils génèrent ainsi des territoires physiques et existentiels bien loin du concept d’errance qui les définit souvent dans l’action sociale et politique. À partir d’une recherche conduite à divers moments et dans différents cadres (interventions en travail social, études en anthropologie, ethnographies pour un observatoire de recherche), nous souhaitons ici restituer l’épaisseur des modalités d’être à la ville de ces jeunes. L’article rend compte de leurs compétences urbaines manifestes, que les usages de drogues conditionnent nécessairement, et ainsi de leurs existences éminemment politiques dans la ville.
Young Street Drug Users: Building Existential Territories
Young drug users living on the streets of Lyon occupy public space, build shelters, beg for money, consume psychoactive substances, join a network of social relationships, and thus develop the ability to live and cohabit in the city. On its margins - or right at its heart? - they generate physical and existential territories far from the concept of wandering that often defines them in social and political action. Based on research conducted at various times and in different settings (social work interventions, anthropological studies, ethnographies for a research centre), we wish here to recreate the full breadth of these young people’s ways of living in the city. The article gives an account of their manifest urban skills, necessarily influenced by their drug use, and thus of their eminently political existence in the city.