Cédric Passard et Denis Ramond, spécialistes respectivement du pamphlet et de la liberté d’expression, réunissent des contributions pluridisciplinaires consacrées à la satire et à ses enjeux politiques, en France et dans les espaces voisins, depuis le xixe siècle. L’introduction, remarquablement claire et informée, souligne que « l’espace de la satire », c’est-à-dire l’espace que les normes du discours public lui laissent, est structuré par des contraintes : juridiques bien sûr (censure vs liberté d’expression), sociales et culturelles (de quoi est-il socialement accepté de se moquer ?), éthiques et politiques (quelle place pour la satire face au respect symbolique des groupes dominés ?). Tiraillée entre la tentation de l’« esprit de censure » et le risque de l’instrumentalisation de la liberté d’expression au profit de discours de haine ou simplement de rappels à l’ordre social, l’acceptabilité sociale de la satire est aujourd’hui au cœur de vifs débats. Sans prétendre à trancher ceux-ci, l’ouvrage y contribue grâce à l’analyse de matériaux empiriques riches et divers.
La première partie situe les aspects littéraires et juridiques de la satire. Littéraires : Carole Talon-Hugon montre comment la modernité a globalement déconnecté littérature et satire, du fait du relativisme moral et de la revendication d’autotélicité littéraire. Denis Saint-Amand, Léa Tilkens et David Vrydaghs analysent des exemples récents de satire politique en littérature mais concluent significativement sur des cas de satire restreinte à des cibles elles-mêmes littéraires…
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