La corruption à la française n’a, jusqu’à présent, que fort peu mobilisé l’attention des politologues de notre pays. Plusieurs raisons, d’un ordre très différent, permettent d’expliquer cette lacune. Les unes tiennent à la nature du phénomène, les autres à la perception de son importance du point de vue du fonctionnement de notre système politico-administratif. La corruption constitue, en effet, un objet bien difficile à cerner. De plus, puisqu’il recouvre des pratiques normalement occultes, une recherche empirique rigoureuse s’avère impossible à mener sur un tel sujet. Ainsi, non seulement l’objet est flou, mais il ne se prête pas à la recherche selon les canons de la Méthode. Pour compliquer le tout, il s’agit d’un phénomène à connotation négative : la corruption, par définition, est de l’ordre du mal, du moins tant que les économistes ou les fonctionnalistes ne nous ont pas démontré le contraire. C’est pourquoi, si, à la rigueur, la corruption, en tant que scandale, peut intéresser le politologue, ce dernier préfère le plus souvent se consacrer à des réalités plus faciles à appréhender, conceptuellement et empiriquement, plutôt que de traquer un phénomène insaisissable. Enfin, la France passait, jusqu’à il y a peu, pour un pays peu concerné par la corruption, contrairement aux pays sous-développés, à l’Europe de l’Est ou encore à l’Italie. Mieux valait donc s’intéresser aux choses sérieuses, par exemple les élections ou les sondages, et laisser la corruption aux journalistes en mal de copie ou encore aux historiens…
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