Couverture de RFSP_605

Article de revue

Des espaces médiatiques et politiques locaux ?

Pages 951 à 973

Notes

  • [1]
    La loi Defferre de 1982, la loi d’amélioration de la décentralisation de janvier 1988, de Solidarité et de renouvellement urbain de décembre 2000, loi relative à la démocratie de proximité de février 2002, de décentralisation du RMI de décembre 2003, loi organique relative à l’expérimentation par les collectivités territoriales d’août 2003, loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République, d’août 2003, loi relative aux libertés et responsabilités locales d’août 2004 ; loi constitutionnelle de modernisation des institutions de la Cinquième République du 23 juillet 2008…
  • [2]
    Cégolène Frisque, « L’activité journalistique au quotidien. Travail relationnel, identitaire et rédactionnel des journalistes de la presse quotidienne régionale », thèse de doctorat de science politique, Nanterre, Université Paris X-Nanterre, 2002.
  • [3]
    Ce terme est ici employé pour désigner les stratégies discursives des pouvoirs locaux et de leurs dirigeants en direction du public et/ou des médias, et non dans son acception élargie renvoyant à l’ensemble des rapports entre institutions locales et médias. Pour une présentation plus générale, voir Isabelle Paillart, Les territoires de la communication, Grenoble, PUG, 1993 ; Dominique Mégard, Bernard Deljarrie, La communication des collectivités locales, Paris, LGDJ, 2003 ; Guy Lorant, Les collectivités locales face aux défis de la communication, Paris, L’Harmattan, 2005.
  • [4]
    Même si les petites communes demeurent probablement encore à l’écart de ce mouvement (Jacques Le Bohec, « La question du “rôle démocratique” de la presse locale », Hermès, 26/27, 2000, p. 185-198).
  • [5]
    À la Roche-sur-Yon, la nièce du maire a ainsi pendant un temps occupé la fonction d’attachée de presse.
  • [6]
    Un ancien chef de la rédaction yonnaise de Presse-Océan, pourtant classé à droite, a été pendant plusieurs années directeur de la communication de la mairie socialiste, avant de retourner dans un autre titre de son groupe d’origine.
  • [7]
    Par exemple, à la Roche-sur-Yon, la responsabilité du service est passée de l’adjoint à la communication au cabinet du maire.
  • [8]
    Sur l’emprise des stratégies de communication et leurs effets sur la vie politique, voir, parmi de multiples travaux, Jacques Gerstlé, La communication politique, Paris, Armand Colin, 2004 ; CURAPP, La communication politique, Paris, PUF, 1991. La communication est ainsi parfois devenue le cœur même des politiques publiques, le prisme à travers lequel toutes les actions menées sont décidées et prennent leur sens.
  • [9]
    Pour Jean Charron, « la fonction de l’attaché de presse consiste essentiellement à convertir une négociation potentiellement conflictuelle en une négociation coopérative, c’est-à-dire à jouer en majeur la dimension coopérative et à maintenir la dimension conflictuelle dans des limites acceptables, en insistant sur les intérêts et les gains communs et sur le maintien de la relation à long terme » (La production de l’actualité. Une analyse stratégique des relations entre la presse et les autorités parlementaires, Québec, Éd. du Boréal, 1994, p. 157).
  • [10]
    Même si le vecteur de cette stratégie est la recherche de la coopération, sa finalité demeure donc néanmoins la lutte pour la négociation de l’information, dans laquelle les intérêts des partenaires sont partiellement divergents.
  • [11]
    Sur le développement du dispositif de la conférence de presse et ses effets, voir notamment Sandrine Lévêque, « La conférence de presse : les transactions entre syndicalistes et journalistes sociaux », Politix, 19, 1992, p. 120-134.
  • [12]
    Sur les enjeux pliés à la photographie, voir Yves Hélias, « Les photographies du pouvoir local dans la presse régionale : un spectacle politique “ archaïque” », dans Joseph Fontaine, Christian Le Bart (dir.), Le métier d’élu local, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 309-328 ; Jacques Le Bohec, « Les rapports entre élus et localiers. La photographie comme enjeu de pouvoir », Politix, 28, 1994, p. 100-112.
  • [13]
    Sur le rôle des stratégies de communication dans la légitimation des régions ou départements, voir Pascal Dauvin, « L’émergence d’une communication institutionnelle régionale. Quelques réflexions autour de l’exemple breton », L’Aquarium, 10, 1992, p. 51-66 ; et Jacques Poumarède, « “Être ou ne pas être” : les stratégies de communication du département de Haute-Garonne », dans CURAPP, op. cit.
  • [14]
    Cf. Christian Le Bart, « La présentation de soi des acteurs politiques locaux », L’Aquarium, 10, 1992, p. 25-42 ; Annie Collovald, « Identité(s) stratégique(s) », Actes de la recherche en sciences sociales, 73, juin 1988, p. 29-40.
  • [15]
    Par exemple, le 14 juin 2002, le maire de la Roche-sur-Yon a présenté lui-même, lors d’une conférence de presse, le rapport de la Cour des comptes qui mettait en cause sa gestion, en minimisant les critiques qui lui étaient faites. Si cette tactique a fonctionné, Ouest-France titrant « Rapport de la Cour des comptes. Tous les clignotants au vert » [sic], c’est bien parce que les journalistes n’ont pas approfondi le document, dont la portée était beaucoup plus forte.
  • [16]
    Il s’agit donc d’une forme de « rétro-information », qui permet aux politiciens de mesurer l’attitude des journalistes à leur égard et d’y ajuster leur propre comportement. Cf. J. Charron, La production de l’actualité…, op. cit., p. 127.
  • [17]
    Sur les relations de type clientélaire et le brouillage entre public et privé, voir Nicolas Mariot, Florence Weber, « “Honneur à notre élu”. Analyse ethnographique d’une coutume post-électorale en Dordogne », Politix, 45, 1999, p. 21-37.
  • [18]
    Cf. Yves Roucaute, Splendeurs et misères des journalistes, Paris, Calmann-Lévy, 1991, p. 58-59.
  • [19]
    Une société d’autoroutes, après la conférence de presse sur la construction du tronçon Nantes-Niort, a ainsi organisé une promenade en hélicoptère. Cela permettait aux localiers de réaliser une photo aérienne, de donner une image positive de l’entreprise, mais était aussi destiné à leur procurer personnellement une expérience hors du commun.
  • [20]
    Des journalistes locaux ont par exemple été invités en Chine et au Québec par la ville de la Roche-sur-Yon.
  • [21]
    Un localier, qui refusait d’en faire, estimait en 1994 leur prix à 5 000 francs (environ 900 euros) par soirée. Voir aussi Y. Roucaute, op. cit., p. 45 et suiv.
  • [22]
    Par exemple, un ancien journaliste agricole de Ouest-France avait l’habitude d’animer des débats pour la chambre d’agriculture ou d’autres organismes (mais non les syndicats). Plusieurs localiers ont aussi été chargés de conférences sur la culture, l’aménagement du territoire… par les collectivités.
  • [23]
    Les « subsides » ou « subventions à l’information » consistent pour une source à prendre en charge une partie du coût de la production de l’information. Cf. Oscar Gandy, Beyond Agenda Setting. Information Subsidies and Public Policy, Norwood, Abex, 1982.
  • [24]
    Le caractère privé ou public de la situation n’est pas donné mais fait l’objet de négociations, le journaliste peut accepter ou refuser la définition de la situation comme privée, consentir à placer la relation sur un mode personnel, ou le refuser et la réduire à un rapport professionnel.
  • [25]
    Dominique Marchetti (dir.), Communication et médiatisation de l’État : la politique invisible, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2008.
  • [26]
    Patrick Champagne, Faire l’opinion : le nouveau jeu politique, Paris, Minuit, 1990.
  • [27]
    Dès 1977, Philippe de Villiers s’est familiarisé à ces techniques avec la création puis le développement du Puy-du-Fou.
  • [28]
    En 1999, le journal satyrique La Lettre à Lulu écrivait que le départ du Tour de France au Puy-du-Fou avait coûté 6 millions de francs (plus de 900 000 euros) au département (no 23-24, été 1999).
  • [29]
    Sur l’histoire de la Vendée et la réécriture permanente de sa mémoire, voir Jean-Clément Martin, Une région nommée Vendée. Entre politique et mémoire. 18e-20e siècle, Mougon, Geste éditions, 1996.
  • [30]
    Voir François Demers, Nicolas Pélissier, « Les territoires glissants de l’Internet de proximité », dans Dominique Pagès, Nicolas Pélissier (dir.), Territoires sous influence. 2, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 173-204.
  • [31]
    Par exemple, en un an, Le journal de la Vendée n’a traité qu’un thème social en dossier, le RMI, où, exceptionnellement, sont mis en avant le volontarisme du département et son choix d’une politique de réinsertion « par le travail ». Quelques articles polémiques dénoncent par ailleurs la politique du chef-lieu socialiste ou du nouveau président du conseil régional.
  • [32]
    Entre trois et six photographies par numéro, y compris sillonnant la ville en fauteuil roulant, figurant dans une photo de groupe de sportifs…
  • [33]
    Le Journal de la Vendée, 1er-15 juin 2008.
  • [34]
    Ce journal est d’ailleurs le seul à ne pas comporter d’éditorial du président de l’exécutif, ce qui pousse encore plus loin l’apparente « neutralisation ». Seule une mini-interview de Philippe de Villiers est publiée en « point de vue » dans le dossier central.
  • [35]
    Cet effacement de l’appartenance institutionnelle du titre est aussi parfois visible dans le nom même des titres. Par exemple, celui de la ville de la Roche-sur-Yon se nomme Roche Mag, avec en sous titre « Toute l’actualité de votre ville », ce qui occulte totalement le caractère institutionnel du titre. Les autres restent souvent plus ambigus, comme « Nantes Passion, magazine de l’information municipale »…
  • [36]
    Cf. Christian Le Bart, La rhétorique du maire entrepreneur. Critique de la communication municipale, Paris, Pédone, 1992. Sur l’homogénéisation des politiques territoriales et leur apparente « dépolitisation » comme nouvelle forme d’« idéologie territoriale », cf. Lionel Arnaud, Christian Le Bart, Romain Pasquier (dir.), « Les idéologies émergentes des politiques territoriales », Sciences de la société, 65, 2005, p. 3-163.
  • [37]
    Dominique Memmi, « Rendre puissant : de quelques postures (de communicateurs) au service de la domination », dans CURAPP, op. cit.
  • [38]
    Cf. Dominique Pagès, « La fabrique de nouvelles fictions territoriales : une dérive possible de la communication », dans D. Pagès, N. Pélissier (dir.), Territoires sous influence. 2, op. cit., p. 77-108.
  • [39]
    Marc Martin, La presse régionale : des affiches aux grands quotidiens, Paris, Fayard, 2002.
  • [40]
    Eric Marquis, La presse : malade imaginaire. La presse écrite va mal, mais le constat est trompeur…, Paris, Les Carnets de l’info, 2006.
  • [41]
    Guy Delorme, Ouest-France : histoire du premier quotidien français, Rennes, Apogée, 2004.
  • [42]
    Depuis la Libération, les actionnaires avaient intégralement réinvesti leurs bénéfices dans le journal, ce qui lui donnait une assise financière solide mais induisait une faible capitalisation et donc une certaine vulnérabilité.
  • [43]
    Elle comprend 63 sociétaires, issus de familles d’origine rennaise alliées à la direction, qui conservent ainsi le contrôle « gratuit » et étroit du journal tout en récupérant leur capital – qui s’est considérablement multiplié depuis la Libération.
  • [44]
  • [45]
    Seul le descendant de la famille Amaury a refusé l’opération, qui l’évinçait de la propriété et de l’administration du titre et sous-évaluait selon lui le capital, intentant un procès.
  • [46]
    La multiplication des éditions, la gestion des écarts de diffusion hebdomadaires et annuels et le développement de la quadrichromie contraignent les quotidiens régionaux à des équipements très lourds (Louis Guéry, La presse régionale et locale, Paris, CFPJ, 1992, p. 102-103). À Ouest-France, l’imprimerie ultramoderne de la Chevrolière représente une charge très lourde. Elle devait initialement imprimer Ouest-France et Presse-Océan sur la Loire-Atlantique et la Vendée, mais suite à la rupture des accords publicitaires et de routage en 1993, le journal a dû financer seul cet investissement.
  • [47]
    Libération parlait d’un investissement de 140 millions de francs – plus de 21 millions d’euros (Gérard Thomas, « Le phare Ouest », Libération, 31 juillet 2001).
  • [48]
    Propos recueillis par Nicole Vulser, Le Monde, 14 février 2002.
  • [49]
    Avec la suppression des films à l’imprimerie et l’équipement en appareils photonumériques.
  • [50]
    L’écho de la presse parlait déjà fin 1995 de « lutte sans merci » entre Ouest-France d’une part et le Télégramme de Brest et Presse-Océan d’autre part (« Enquête sur la presse régionale en France », Écho de la presse, 66, décembre 1995, janvier 1996, p. 6-13), Libération évoquant le Télégramme comme un « camouflet » au quotidien (G. Thomas, art. cité).
  • [51]
    40 éditions locales différentes représentant en moyenne 125 000 lignes, 669 pages et 2 500 photos (<http://www.ouest-france.fr>, août 2007).
  • [52]
    Certains auteurs présentent la diversification comme l’avenir de la presse (cf. Philippe Robinet, Serge Guérin, « Vers une contre-offensive : les paris de la diversification », dans La presse quotidienne, Paris, Flammarion, Dominos, 1999, p. 81-105 ; et L. Guéry, op. cit., p. 104).
  • [53]
    Avec la reprise de la cinquantaine de publications du groupe Normand Méaulle en janvier 2001.
  • [54]
    La Spir possède aussi des gratuits immobiliers, le premier opérateur de distribution de publicité privé (Adrexo) et deux imprimeries (site <http://www. spir.fr>, août 2007). Plusieurs articles mentionnent les méthodes « musclées » du groupe, sa politique sociale contestable et sa forte rentabilité (Libération, 5 février 1999).
  • [55]
    Voir « Les stratégies territoriales des entreprises de presse écrite en province », Sciences de la société, 48, 1999, p. 177-195 ; Patrick Le Floch, Économie de la presse quotidienne régionale : déterminants et conséquences de la concentration, Paris, L’Harmattan, 1997.
  • [56]
    Le chiffre d’affaires du groupe était de 1,12 milliard d’euros en 2007 (1,002 en 2005), avec un bénéfice de 1,7 million d’euros (33,8 en 2005).
  • [57]
    Voir par exemple G. Thomas, « Le phare Ouest », art. cité.
  • [58]
    Ce phénomène de concentration et de diversification se retrouve dans les autres grands groupes de presse régionaux, comme La Voix du Nord – filiale du groupe belge Rossel – qui a racheté Nord-Eclair, Nord Littoral et le Courrier Picard, dispose de seize hebdomadaires locaux, d’un gratuit (Lille Plus) et de deux télévisions locales. De même, le groupe Est-Bourgogne-Rhône-Alpes (EBRA), contrôlé par le Crédit mutuel, est devenu le premier groupe de PQR français, avec huit quotidiens régionaux (dont L’Est-Républicain, Les Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Progrès), trois titres de PHR, le gratuit Lyon Plus, des gratuits d’annonces, deux télévisions locales et des sociétés de production, trois maisons d’édition, une agence de communication…
  • [59]
    Sur les configurations de relations entre pouvoirs locaux et rédactions de la presse régionale, voir Cégolène Frisque, « La contribution des journalistes à la construction de l’espace politique local », Table ronde « La médiatisation du politique », 9e Congrès de l’Association française de science politique, Toulouse, 2007, <http://www.afsp.msh-paris.fr/congres2007/tablesrondes/textes/tr4sess1frisque2.pdf>.
  • [60]
    É. Marquis, op. cit.
  • [61]
    Le site du journal mentionnait, en 2002, 1 200 opérations de partenariat sur des événements locaux (<http://www.ouestfrance-visite.com>).
  • [62]
    Ses colonnes accordent une large place aux informations générales, avec une dizaine de pages en moyenne, structurées en sections Politique, Économique et social, Société, ainsi que Marine et Agriculture. Le journal est généralement reconnu comme « de qualité » et classé au centre droit.
  • [63]
    Cf. Denis Ruellan, Daniel Thierry, Journal local et réseaux informatiques. Travail coopératif, décentralisation et identité des journalistes, Paris, L’Harmattan, 1998.
  • [64]
    Une association des journalistes a été créée en mai 1994 autour d’un manifeste appelant à la défense des « valeurs » du journal et dénonçant la politique de la direction (partenariats, éditoriaux, autopromotion…). En 1996, constatant qu’elle n’était pas écoutée par la direction, l’association s’est sabordée, suscitant un sérieux retour de bâton. Un éphémère mouvement de protestation s’est élevé en 2002 autour du rachat de la Presse de l’Ouest.
  • [65]
    Le groupe Presse de l’Ouest totalisait environ 200 000 exemplaires en 2007, avec 700 salariés et 190 journalistes.
  • [66]
    Presse-Océan, le 13 janvier 2009.
  • [67]
    Les autres télévisions commerciales connaissent aussi souvent des difficultés financières, comme TLM à Lyon, lancée par Jet Services, reprise par la Socpresse via Le Progrès, déficitaire et en voie de reprise.
  • [68]
    Cf. les numéros « What is “Alternative” Journalism ? », Journalism, 4 (3), 2003 p. 267-392 ; et « Alternative Media », Media, Culture & Society, 25 (5), 2003 p. 579-693 ; Nick Couldry, James Curran (eds), Contesting Media Power. Alternative Media in a Networked World, Lanham, Rowman & Littlefield, 2003 ; Benjamin Ferron, « La presse alternative locale en France. Un espace de contestation des représentations et normes instituées du système de pouvoir local », mémoire de DEA, Rennes, IEP de Rennes, 2004.
  • [69]
    Cf. Alain Accardo et al., Journalistes précaires, Bordeaux, Le Mascaret, 1998.
  • [70]
    Autour de l’Acrimed notamment.
  • [71]
    Sur le caractère « structuré » de l’accès aux médias, cf. Jeremy Tunstall, Journalists at Work. Specialist Correspondants : Their News Organizations, News Sources, and Competitor Colleagues, Londres, Constable, 1971.
  • [72]
    Avec l’échec des tentatives électorales de ses adversaires de droite, leur marginalisation : échecs électoraux des non-villiéristes à la Roche-sur-Yon (Bernard Suaud, Stéphane Frimeaudeau…), perte du contrôle de la communauté de communes au bénéfice d’un proche de Philippe de Villiers (Philippe Darniche) avant de passer aux socialistes, perte de la mairie des Herbiers par Marcel Albert au profit de Véronique Besse en 2001, victoire des listes villiéristes au Poiré-sur-Vie, à Montaigu et à Fontenay-le Comte…
  • [73]
    À la veille de la publication de cet article, il a cependant annoncé sa démission du Conseil général, suite à divers problèmes personnels et à un conflit ouvert avec son dauphin, Bruno Retailleau (<Liberation.fr>, 30 septembre 2010). Comme souvent, la puissance tentaculaire s’est donc fracturée de l’intérieur.
  • [74]
    Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 1986.
  • [75]
    Cf. Jean-Clément Martin, Charles Suaud, Le Puy du Fou en Vendée. L’Histoire mise en scène, Paris, L’Harmattan, 1996.
  • [76]
    C’est donc tout un ensemble de mécanismes pratiques qui assure la prééminence de cette force politique en Vendée, s’exerçant à la fois sur la population et sur les divers acteurs locaux – sans qu’une explication par l’adhésion effective des uns et des autres ou par l’idée d’une « culture » qui se perpétuerait, identique à elle-même, ne soit nécessaire. Car l’existence de ces processus ne signifie pas qu’ils soient achevés, ni que leur réussite soit complète.
  • [77]
    Olivier Gautier, « Fabriquer une demande territoriale, les usages électoraux de l’action publique », colloque « Identifier, mesurer ou construire la “demande” des habitants », GSPE-PRISME/AFSP, 22-23 mars 2007.
  • [78]
    Voir Charles Suaud, « La force symbolique de l’État. La production politique d’une culture réfractaire en Vendée », Actes de la recherche en sciences sociales, 116-117, 1997, p. 3-23.
  • [79]
    Une liste écologiste et alternative a bousculé ce système aux élections de 2001, en dénonçant certaines dérives et en obtenant 14 % des voix et trois élus, avant de démissionner en 2004.
  • [80]
    Alain Garrigou, Jacques Le Bohec, Remi Lefebvre, Roger Martelli et al., Voter et se taire ? Monopoles politiques, influences médiatiques, Paris, Syllepse, 2008 (Documents de la Fondation Copernic).
  • [81]
    Frédéric Sawicki, Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997.
  • [82]
    Rémi Lefebvre, Frédéric Sawicki, La société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombe-en-Bauges, Les éditions du Croquant, 2006.
  • [83]
    Bernard Pudal, Un monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours, Bellecombe-en-Bauges, Les éditions du Croquant, 2009.
  • [84]
    Rémy Le Saout, François Madoré (dir.), Les effets de l’intercommunalité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004.
  • [85]
    En gros plan dans les photos et nommés dans les légendes, tandis que si le « public » apparaît, c’est alors comme une masse anonyme.
  • [86]
    La Lettre à Lulu comptabilisait ainsi le nombre de photographies des principaux présidents des exécutifs locaux publiées dans Ouest-France et Presse-Océan, soit plusieurs dizaines par mois pour certains.
  • [87]
    Jay Blumler, Michael Gurevitch, « Politicians and the Press : An Essay on Role Relationships », dans Dan Nimmo, Keith Sanders (eds), Handbook of Political Communication, Beverly Hills, Sage, 1981, p. 467-493. ; Pippa Norris (ed.), Politics and the Press. The News Media and Their Influences, Boulder, L. Rienner, 1997.
  • [88]
    Herbert J. Gans, Deciding what’s News. A Study of CBS Evening News, NBC Nightly News, Newsweek, and Times, New York, Pantheon Books, 1979, chap. 2.
  • [89]
    Gaye Tuchman, Making News. A Study in the Construction of Reality, New York, The Free Press-Macmillan, 1978, chap. 8 et 10.
  • [90]
    Richard Ericson et al., Visualizing Deviance. A Study of News Organization, Toronto, University of Toronto Press, 1987.
  • [91]
    Jérôme Bourdon, Introduction aux médias, Paris, Montchrestien, 2e éd., 2000, p. 42 et suiv.
  • [92]
    Voir respectivement, François-Henri De Virieu, La médiacratie, Paris, Flammarion, 1990 ; et Alain Woodrow, Les médias : quatrième pouvoir ou cinquième colonne ?, Paris, Éditions du Félin, 1996.
  • [93]
    Cf. Y. Roucaute, op. cit. ; et Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, Paris, Liber/Raisons d’agir, 1997.
  • [94]
    Patrick Champagne, Dominique Marchetti (coord.), « Le journalisme et l’économie », Actes de la recherche en sciences sociales, 131-132, mars 2000.
  • [95]
    Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1996 ; P. Champagne, Faire l’opinion…, op. cit.
  • [96]
    François Archambault, Jean-François Lemoine, Quatre milliards de journaux : la presse de province, Paris, A. Moreau, 1977 ; Jean Tibi, Un journalisme provincial, Saint-Étienne, CIEREC, 1975.
  • [97]
    Michel Mathien, La presse quotidienne régionale, Paris, PUF, 2e éd., 1986.
  • [98]
    Henri de Grandmaison, La province trahie, Les Sables-d’Olonne, Le Cercle d’or, 1975.
  • [99]
    Alain Besson, La presse locale en liberté surveillée : diagnostic et propositions pour les journaux de province, Paris, Éditions ouvrières, 1977.
  • [100]
    Cf. Olivier Roubieu, « Le journalisme et le pouvoir local », Actes de la recherche en sciences sociales, 101-102, mars 1994, p. 85-87.
  • [101]
    Jacques Le Bohec, « Le “rôle démocratique” de la presse locale à travers l’étude des rapports entre élus municipaux et localiers », doctorat de science politique, Rennes, Université Rennes I, 1996 ; Les rapports Presse-Politique. Mise au point d’une typologie idéale, Paris, L’Harmattan, 1997.
  • [102]
    Voir Jacques Gerstlé (dir.), Les effets d’information en politique, Paris, L’Harmattan, 2001 ; Grégory Derville, Le pouvoir des médias. Mythes et réalités, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997 ; Rémy Rieffel, Sociologie des médias, Paris, Ellipses, 2001, chap. 1 et 2 ; Erik Neveu, Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2001, chap. 5.
  • [103]
    J. Tunstall, Journalists at Work…, op. cit. ; Stanley Cohen, Jock Young (eds), The Manufacture of News. Social Problems, Deviance and the Mass Media, Londres/Beverly Hills, Constable/Sage, 1981 (1re éd. : 1973).
  • [104]
    Alain Mons, « Scène municipale et presse locale », dans La métaphore sociale. Image, territoire, communication, Paris, PUF, 1992, p. 53.
  • [105]
    Thomas Ferenczi, L’invention du journalisme en France. Naissance de la presse moderne à la fin du 19e siècle, Paris, Plon, 1993.
  • [106]
    Denis Ruellan, Le professionnalisme du flou. Identités et savoir-faire des journalistes français, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993.4. Julien Duval, Critique de la raison journalistique. Les transformations de la presse économique en France, Paris, Seuil/Liber, 2003.
  • [107]
    Christophe Charle, Le siècle de la presse : 1830-1939, Paris, Seuil, 2004.
  • [108]
    Version remaniée de la communication « Diversification des méthodes et outils de communication locaux et dualisation tendancielle de l’espace politique local », Journée d’étude de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne, 21 septembre 2007 : « Des discours aux effets de la communication en démocratie : Pratiques et enjeux du politique ».
  • [109]
    Cf. le numéro spécial « Le journalisme et l’économie », op. cit.
  • [110]
    Patrice Flichy, Les industries de l’imaginaire, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1980 ; Bernard Miège, La société conquise par la communication, t. 2 : La communication entre l’industrie et l’espace public, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997…
  • [111]
    Voir par exemple Nicolas Hubé, Décrocher la Une. Le choix des titres de première page de la presse quotidienne en France et en Allemagne (1945-2005), Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2008 (chap. 2 et 5) ; Julie Sedel, Les médias et la banlieue, Paris, Le bord de l’eau/INA, 2009, chap. 3…
  • [112]
    Malgré la tendance à reproduire les hiérarchies médiatiques et sociales plaçant Paris au sommet, universalisant son influence et dévalorisant « les régions », la PQR mérite ainsi sûrement davantage d’intérêt académique, du fait de ses tirages importants et de son audience massive, constituant une source d’information locale privilégiée, voire unique pour de nombreux lecteurs, les secteurs dominés de l’espace social – ici la presse – pouvant en outre fournir un accès privilégié à ses logiques structurantes.

1Cet article porte sur les relations entre pouvoirs locaux et médias, sur leurs transformations structurelles dans un contexte de vagues successives de décentralisation [1] d’un côté, et de concentration, de diversification et de mutations technologiques et organisationnelles des groupes de presse, de l’autre. Il s’agit ici d’étudier ces différents aspects à partir d’une thèse de doctorat réalisée sur le travail des journalistes de la presse quotidienne régionale (PQR) [2] et d’une nouvelle enquête sur les médias locaux en Loire-Atlantique et Vendée.

2Cette approche croise et articule d’un côté les résultats de la sociologie des médias et du journalisme, et de l’autre ceux de la sociologie de l’action publique locale, souvent traités de manière séparée. L’objectif est de mieux saisir les formes d’interaction et d’interdépendance entre ces deux espaces sociaux et leurs acteurs, tout en dégageant et en mettant en relation leurs évolutions structurelles respectives. Telle est la spécificité de l’approche, qui développe en parallèle l’analyse des transformations de la PQR et des autres médias locaux, des formes de communication territoriale et des espaces politiques locaux. Elle s’efforce à la fois de présenter une description fine des configurations locales, et de les relier à des transformations plus globales de la presse et de la politique. Elle les appréhende de manière critique, en soulignant les phénomènes de concentration et de reproduction inscrits dans les rapports de pouvoir, mais demeure attentive aux interactions concrètes entre les acteurs, à leurs marges de jeu, aux nuances, évolutions et contradictions qui s’y jouent.

3L’analyse qui est menée ici s’appuie sur une étude de cas approfondie – qui permet de donner accès à la trame des relations concrètes entretenues entre les différents acteurs, à une connaissance fine de leurs positions et de leurs stratégies – inscrite dans une approche longitudinale de longue haleine. Les premiers travaux empiriques ont été entamés fin 1993 en Vendée, et la connaissance des terrains locaux médiatiques et politiques a été réactualisée en permanence depuis lors. La comparaison avec la Loire-Atlantique, renvoyant à une configuration démographique, économique et politique très différente, a ensuite permis de faire ressortir les points communs et les différences entre les phénomènes observés. La confrontation avec les autres analyses des champs médiatiques et politiques a enfin permis de construire un cadre d’analyse plus global permettant d’intégrer les divers cas de figure observés ou relatés. Enfin, de nouvelles recherches menées récemment (sur les formes de précarité dans la PQR) ont été l’occasion de mieux connaître le fonctionnement d’autres rédactions, comme la Voix du Nord et Le Progrès, d’établir des comparaisons et de vérifier certaines hypothèses.

L’enquête réalisée dans le cadre de la thèse de doctorat, reposait sur 42 entretiens dont 26 comportant un volet biographique approfondi, ainsi qu’une enquête ethnographique (observation intensive de deux journalistes pendant deux semaines, contacts réguliers avec plusieurs informateurs et suivi régulier de la rédaction) et un travail documentaire (sur les séries de journaux publiés, les documents internes, notes de service…). Elle était centrée sur les journalistes de Ouest-France et Vendée-Matin-Presse-Océan en Vendée, avec des éclairages sur les autres médias locaux et sur le fonctionnement des autres rédactions locales et des rédactions centrales.
La nouvelle enquête qui a été menée repose sur une cartographie des médias locaux et une analyse de contenu des magazines institutionnels de Vendée et Loire-Atlantique, la Roche-sur-Yon et Nantes. Elle prend en compte les différents niveaux territoriaux – régional, départemental, intercommunal et municipal – et intégrant l’ensemble des supports de communication (magazines institutionnels de mai 2006 à mai 2007, suppléments gratuits encartés dans les journaux, sites web…) et des médias locaux.

4Il s’agit ici d’analyser les évolutions de la communication [3] des collectivités locales d’un côté et les transformations de l’espace médiatique local de l’autre, marquées par une porosité croissante entre elles et par des rapports de force de plus en déséquilibrés, avant d’étudier leurs effets en retour sur l’espace politique local.

La diversification des méthodes et outils de communication des pouvoirs locaux

5Le personnel affecté à la communication s’est considérablement développé au sein des collectivités locales, et son rôle s’est renforcé et étendu à une palette d’activités de plus en plus large. Le nombre de salariés affectés à ces fonctions – titulaires ou chargés de mission hors statut, plus dépendants – a fortement augmenté dans les conseils généraux et régionaux et les grandes villes [4]. Ces postes stratégiques sont généralement attribués à des personnes de confiance, promues au sein du système local – issues des réseaux politiques ou personnels locaux, voire de la famille même des élus [5] –, recrutées dans des réseaux politicoadministratifs nationaux ou, plus exceptionnellement, transfuges de la presse locale [6]. Ces salariés, placés sous le contrôle direct des principaux dirigeants [7], encadrent de plus en plus strictement la diffusion de l’information et ont acquis un ascendant croissant sur les services administratifs et sur les « petits » élus. Ces spécialistes contrôlent la conformité des informations données avec la politique municipale officielle, en orientent la présentation, la mise en scène et même le contenu [8], et filtrent souvent les relations avec les journalistes.

6Il s’agit ici d’étudier l’ensemble des techniques et supports de communication déployés par les dirigeants locaux : stratégies de communication en direction des journalistes, organisation d’événements, nouveaux supports de communication, journaux territoriaux…

La sophistication des stratégies de communication en direction de la presse

7Les stratégies de communication des pouvoirs locaux, organisées notamment par les attachés de presse [9], visent à faciliter le travail des journalistes tout en le contrôlant, elles se démultiplient et sont de plus en plus sophistiquées. Les élus et leurs salariés spécialisés cherchent à s’adapter aux attentes supposées des journalistes, en espérant que l’économie de la pratique les amènera à reprendre les propos ou les images déjà préparés, ainsi qu’à s’attirer leur reconnaissance, le but implicite étant finalement d’orienter leur production rédactionnelle [10].

8Les institutions et organismes officiels multiplient tout d’abord l’organisation de conférences de presse, qui facilitent le travail de reportage [11] et permettent d’anticiper un traitement plus valorisant, avec photo des personnalités [12] et citation des propos officiels. Les services spécialisés rédigent ainsi des dossiers de presse de plus en plus élaborés, avec des synthèses prêtes à l’emploi, des phrases et des mots clefs qui seront répétés plusieurs fois pour être repris directement. Cela permet à l’institution organisatrice de faire reconnaître ou de renforcer sa légitimité [13], ou de peser sur la définition des enjeux. Pour les détenteurs du pouvoir, notamment en période électorale, il s’agit de mettre en scène leur propre légitimité à occuper le poste et de contrôler la présentation de soi [14].

9Ces techniques de communication peuvent aussi servir à « prendre l’initiative » pour peser sur l’interprétation d’événements à venir ou d’informations négatives. Ainsi, à la Rochesur-Yon par exemple, chaque conseil municipal est précédé d’une conférence de presse, où le responsable du service de communication et le chef de cabinet présentent les sujets qui seront abordés en séance, ce qui assure la publication exclusive du point de vue officiel de la majorité et permet de formater la lecture que les journalistes et les lecteurs feront des débats. La mise en place d’une communication contre-offensive en cas d’attaque est également une stratégie courante. Les responsables présentent eux-mêmes les « mauvaises nouvelles » qui les concernent, avant même que leurs adversaires ou opposants internes ne s’expriment, désamorçant ainsi à l’avance les critiques, en les dévaluant et en discréditant leurs auteurs. Cependant, les effets de ce type de tactique dépendent de l’effort éventuel des journalistes pour creuser le sujet ou rechercher des sources alternatives [15].

10Par ailleurs, des moments de convivialité sont systématiquement organisés par les services de communication à la suite des manifestations officielles. Ils peuvent apparaître comme un signe de considération vis-à-vis des journalistes, permettant des échanges directs, mais ils constituent avant tout un moyen, pour la source, de contrôler, par les discussions informelles, l’interprétation du message [16]. Certains localiers considèrent la capacité des hommes politiques à entrer en relation de manière détendue comme une véritable compétence et en tirent un certain plaisir – probablement lié à la gratification du contact avec les puissants. Une telle acceptation de placer les rapports sur un plan personnel et privé [17] tend alors à déplacer les relations entre le journaliste et son interlocuteur, et à créer une proximité complice, qui demeure cependant déséquilibrée – les élus locaux ayant beaucoup plus de prestige que les localiers. D’autres journalistes perçoivent cette recherche de familiarité comme une perte de temps, voire une tactique d’enrôlement ou de manipulation, et les rejettent au nom du « professionnalisme ».

11Les élus peuvent aussi utiliser le tutoiement pour tenter de mettre en scène une certaine intimité avec les journalistes. Philippe de Villiers est ainsi connu pour tutoyer facilement ses interlocuteurs locaux, y compris les journalistes. Cela peut être perçu comme une marque de confiance, mais aussi comme une pression indirecte, dans la mesure où, si le journaliste ne veut pas se mettre en position d’infériorité, il est plus ou moins contraint de tutoyer lui-même son partenaire.

12La pratique des « cadeaux » repose sur la même ambiguïté et tend à faire entrer le journaliste dans une relation d’échange avec la source, directe et non plus informative et indirecte. Le don engage alors des contreparties implicites, sous forme de mise en valeur immédiate ou future du donateur [18], et implique une complicité silencieuse sur la transgression opérée. Dans la PQR, les cadeaux vont par exemple du crayon publicitaire ou des produits alimentaires aux présents plus personnels, comme les stylos de marque ou les vins. L’organisation de voyages est plus dispendieuse mais aussi plus facile à justifier sur un plan professionnel, par exemple sous la forme d’excursions originales [19] ou d’invitations à suivre le déplacement d’une délégation de jumelage ou de coopération [20].

13Les « ménages », animations de débats ou de conférences [21], contre rémunération, sont aussi un moyen pour les institutions d’utiliser les compétences ou la notoriété des journalistes, de mettre en scène vis-à-vis du public ou de leurs partenaires leur proximité avec ces derniers et de les capter dans une relation d’échange, voire de dépendance [22].

14Les stratégies de communication des pouvoirs locaux en direction de la presse se sont donc diversifiées, affinées et étendues. Elles multiplient des incitations à la coopération [23], brouillent la frontière entre public et privé [24] et visent à enrôler les journalistes dans une proximité avec les dirigeants locaux, et finalement à les rendre complices de leurs stratégies de communication. Ce phénomène se rapproche des formes d’ajustement aux logiques journalistiques et d’influence invisible menées par certains services de l’État [25]. Ceci s’accompagne du développement de la communication adressée directement au public par les institutions territoriales.

Le développement de la communication événementielle et directe

15Les collectivités locales ont multiplié, ces dernières années, les vecteurs qui leur permettent de toucher directement le lectorat : manifestations officielles médiatisées, communication visuelle directe ou encore sites Internet spécifiques.

16Tout d’abord, l’organisation de manifestations officielles faisant par elles-mêmes « événement » est devenue un outil de plus en plus important de la communication locale [26]. En effet, les collectivités locales organisent de plus en souvent de grandes manifestations ou cérémonies publiques qui susciteront la publication d’articles dans les médias locaux, régionaux, voire nationaux. Ces événements permettent aussi de montrer l’institution concernée comme un acteur local à part entière, dynamique, entreprenant, tout en le dépolitisant, en évacuant la dimension partisane et conflictuelle de son fonctionnement. Chaque nouvel équipement ou aménagement public fait ainsi l’objet de plusieurs « événements » : annonce du projet, décision en conseil municipal, attribution du marché public, début des travaux ou pause de la première pierre, inauguration, mise en service…

17En Vendée, la communication événementielle est particulièrement soutenue : après l’arrivée des autoroutes, des contournements routiers et du TGV, le conseil général a porté de nombreux projets : Mémorial des guerres de Vendée, écomusée, haras, « Vendespace »… À la Roche-sur-Yon, ce sont surtout des réalisations urbanistiques qui sont mises en scène, avec une ampleur moindre : construction de nouvelles zones commerciales, de lotissements… À Nantes, la municipalité est en revanche très active dans la communication sur les grands travaux en cours : restructuration de l’Île-de-Nantes, construction d’un Zénith…

18Il en va de même pour les événements sportifs ou culturels organisés par les collectivités, qui constituent des vecteurs de communication par eux-mêmes.

19Le département de la Vendée est devenu maître dans cet art [27], avec le Vendée Globe, l’organisation d’étapes du Tour de France, de plusieurs festivals de chansons et de grands spectacles, des visites de personnalités de renommée mondiale (Alexandre Soljenitsyne en 1993, Jean-Paul II en 1996)… La ville de Nantes organise pour sa part régulièrement des événements liés à l’art contemporain ou à l’urbanisme (spectacles de Royal de Luxe, installation de sculptures sur l’estuaire de la Loire, expositions de prospective urbaine…). La ville de la Roche-sur-Yon tente d’imiter cette stratégie avec des ambitions et des moyens plus limités : festival de cinéma « En route vers le monde », fête du Bicentenaire de la ville pendant toute une année, festival pyrotechnique, expositions et débats sur la ville et son aménagement…

20Ces événements supposent de lourds investissements [28], la mobilisation durable de nombreux salariés et font l’objet d’un gros travail d’organisation puis de communication qui peut être directement pris en charge par les services concernés, ou passer par une association, financée par des subventions tout en demeurant étroitement liée au pouvoir local.

21La communication directe, par l’affichage municipal, la diffusion de documents rédigés et publiés par la collectivité elle-même, et l’omniprésence des logos, s’est aussi développée.

22Par exemple, la ville de la Roche-sur-Yon a connu une multiplication des supports papiers (affiches, flyers, cartons d’invitation…), des panneaux d’affichage, lumineux puis animés, avec une ligne stratégique et une charte graphique de plus en plus prégnantes. Les collectivités locales font en outre régulièrement créer par des entreprises spécialisées des logos et slogans « modernisés », et renouvellent alors l’ensemble du matériel imprimé et de la signalisation. La ville de la Roche-sur-Yon a ainsi rendu plus abstraite la référence à la forme pentagonale de la ville et a choisi le slogan « l’esprit pionnier » (pour jouer à la fois sur la position du chef-lieu par rapport au reste du département, sur la référence moderniste, voire avantgardiste du terme, et sur la mise en valeur implicite de ses leaders). Le département de la Loire-Atlantique et la région des Pays-de-la-Loire ont également créé de nouveaux logos plus abstraits et arrondis. Ils n’égalent pas le succès du conseil général de la Vendée, dont le logo est devenu à lui seul le symbole de l’ensemble du territoire, avec un double cœur surmonté d’une croix discrète et assouplie (reprenant en le modernisant le sacré-cœur vendéen, tout en le mêlant au double cœur symbole des amoureux, faisant ainsi partiellement oublier son origine religieuse) [29].

23Enfin, les collectivités locales, comme les autres institutions publiques ou privées, ont développé des sites Internet de plus en plus étoffés, réactifs et interactifs [30]. Ces sites présentent non seulement l’institution, son rôle, son fonctionnement, son budget… mais deviennent aussi, de plus en plus, des médias proprement dits, diffusant directement des informations sur le territoire, sur les événements qui s’y déroulent… À cet égard, le site <vendee.fr> est particulièrement instructif, faisant quasiment disparaître la référence à la collectivité locale et à son instance représentative, pour mettre en avant le territoire lui-même. Sa page d’accueil est essentiellement consacrée aux éléments touristiques remarquables, à la mise en valeur des atouts économiques du département et à son environnement préservé. Le rôle du conseil général, sa composition, ses missions et sa politique ne sont que très rapidement évoqués et doivent être recherchés dans l’arborescence.

24Les collectivités locales et leurs dirigeants ont donc multiplié les outils de communication propres, à travers l’organisation d’événements, l’édition de supports écrits, visuels et multimédias spécifiques, ce qui réduit leur dépendance vis-à-vis des médias et de la presse quotidienne régionale en particulier, qui étaient auparavant des intermédiaires obligés avec les lecteurs et électeurs. Ces nouveaux vecteurs neutralisés visent avant tout une autopromotion qui n’a pas besoin de « contenu ». Ces phénomènes s’observent dans de nombreuses autres régions mais aussi au niveau national, où l’on voit se multiplier les sites Internet et les supports de communication internes et externes des administrations, services de l’État, organisations et associations. Des évolutions homologues peuvent être observées dans les usages des magazines institutionnels.

Les stratégies renouvelées des magazines institutionnels

25Les magazines institutionnels ont pris une importance croissante pour les pouvoirs locaux, grâce à des équipes rédactionnelles renforcées et professionnalisées, et à un important travail de structuration. On observe aussi une périodicité rapprochée (bimensuelle pour le conseil général de la Vendée), une pagination en hausse (jusqu’à 56 pages et 42 de supplément pour le mensuel de la mairie de Nantes), une impression en quadrichromie et une photographie et une iconographie de plus en plus travaillées.

26La plupart des magazines tendent à gommer les choix « politiques » de la majorité, voire toute dimension partisane, idéologique ou même sociétale, tout en la laissant réapparaître de manière calculée, à travers des polémiques locales ou des prises de position « clivantes » [31]. Le seul magazine structuré de manière explicitement politique est celui du conseil général de Loire-Atlantique, qui traite chaque mois un dossier renvoyant à la politique du conseil général (services publics, aménagement du territoire, insertion sociale, action sociale et solidarité…) en soulignant les options propres de la nouvelle majorité et en mettant en scène son volontarisme politique. Mais dans tous les autres cas, cette dimension est atténuée, voire effacée.

27La mise en scène de la collectivité va d’un rappel permanent de son rôle et de son action, à sa mise en retrait derrière les événements organisés ou les équipements construits, jusqu’à un effacement encore plus marqué derrière le territoire lui-même.

28Dans le premier cas de figure, le bimestriel de la communauté de communes du pays yonnais se centre quasiment exclusivement sur les réalisations de la collectivité, avec une présentation des politiques menées (compétences, eau, déchets…) et un compte rendu – souvent plat, voire maladroit – de toutes les petites réalisations financées… D’une autre manière, dans le magazine de la Roche-sur-Yon, intitulé Roche Mag, les articles sur les événements culturels, les aménagements et les grandes manifestations mettent directement l’accent sur le rôle de la municipalité et du maire, mais en les diluant parmi des sujets plus informatifs – sur la vie culturelle, économique ou associative. Pierre Régnault – maire de la ville depuis que Jacques Auxiette a été élu la tête du conseil régional – est d’ailleurs le chef de l’exécutif le plus souvent représenté dans son journal territorial : en moyenne 4,5 fois par numéro mensuel [32].

29Dans la plupart des autres titres, l’institution éditrice est moins mise en avant et la présentation de ses réalisations se suffit à elle-même.

30Nantes-Passion consacre ainsi une grande place à toutes les manifestations de la ville, mais sans mettre en scène directement le rôle de la municipalité et de sa majorité. Par exemple, contrairement aux magazines précédents, aucune photo de coupé de ruban n’est présente, seules des images numériques 3D des projets ou des clichés des réalisations terminées sont publiées, et le maire n’est jamais figuré, excepté dans l’éditorial.

31L’institution et ses représentants, tout en étant implicitement omniprésents puisqu’ils sont à l’origine des projets et réalisations, restent alors en apparence en retrait. L’objectif est alors que l’équation soit effectuée par les lecteurs eux-mêmes, le rôle de la municipalité nantaise étant déjà reconnu et la renommée du maire, Jean-Marc Ayrault, déjà acquise.

32La mise en retrait de l’institution peut être encore plus forte quand c’est le territoire lui-même qui devient le cœur du titre. Le parti pris peut ainsi consister à mettre en scène le dynamisme du territoire et de ses acteurs économiques, culturels, etc., l’institution n’apparaissant que comme un facilitateur ou un catalyseur. Cela suppose que le territoire lui-même ait déjà une identité forte, que la collectivité dominante y ait une place centrale et que la majorité et son président y soient profondément ancrés, pour que l’équivalence entre ces trois éléments soit « évidente » pour le lecteur.

33Dans le Journal de la Vendée, de nombreux articles portent ainsi sur des initiatives ou des réalisations d’entreprises, d’associations, de sportifs ou d’artistes, et sur les publications sur la Vendée ou sur la réussite du territoire (chiffres de l’économie ou des impôts, palmarès des villes « où il fat bon vivre » [33]…). Les actions du conseil général sont disséminées dans cet ensemble et sont souvent rapportées à leur utilité pour les entreprises ou les particuliers (publication systématique de réactions de personnes sélectionnées…). C’est d’ailleurs la figure même de Philippe de Villiers (ou d’un vice-président) qui suffit parfois à indiquer le rôle du conseil général [34].

34C’est alors l’apparence « informative » de la présentation des nouvelles qui est mise en avant [35]. Ainsi, dans la plupart des cas, les actualités des entreprises, les atouts touristiques du territoire, les sujets « magazines » sur la vie des habitants, les annonces d’événements culturels, etc., occupent une place importante, voire majoritaire dans les titres.

35Ces « informations » apparemment indépendantes et traitées de manière « objective » et « neutre » peuvent soit être accompagnées d’un dossier plus directement consacré l’action de l’institution (Nantes-Passion) ou d’un ensemble d’articles consacrés aux travaux et réalisations entrepris (Nantes Métropole, Pays de la Loire magazine), soit constituer le cœur même du journal (Le journal de la Vendée). Dans le premier cas, la présence de ce tissu informatif donne à l’ensemble l’apparence de « l’objectivité » et du professionnalisme, et légitime donc les autres sujets, plus directement institutionnels. Dans le second cas, il s’agit d’une stratégie plus profonde consistant à positionner l’institution elle-même au service de la vitalité économique et culturelle du territoire, comme soutien au dynamisme des acteurs privés. Le journal de la Vendée se présente avant tout comme « informatif » ; bimensuel, il peut ainsi suivre l’actualité de près ; son nom, son format (tabloïd sur papier de type journal), sa mise en page et sa typographie, imitant celle de Ouest-France, visent à donner l’impression d’un périodique d’information locale.

36Si chaque magazine a des thématiques ou des angles spécifiques, un socle commun émerge donc : le rôle d’aménagement et de dynamisation du territoire des collectivités locales (condition de la réussite économique et du « développement local », affichés comme fins ultimes [36]), la projection dans l’avenir de leurs dirigeants (posture modernisatrice, voire prophétique des leaders[37]) et la mise en scène d’une identité territoriale (culturelle, touristique ou historique) [38].

37Pour résumer, la diversification des méthodes et des outils de communication des pouvoirs locaux recouvre des phénomènes convergents : raffinement des stratégies de communication en direction de la presse, développement de la communication événementielle, gestion de nouveaux supports de communication directe (affichage, sites Internet…) et enfin subtilité croissante des stratégies éditoriales des magazines institutionnels. Ces transformations entrent en résonance avec les évolutions propres à la presse régionale.

La dépendance croissante de la presse régionale et locale vis-à-vis des collectivités

38Les transformations de l’espace médiatique local, marquées notamment par la constitution de grands groupes, la multiplication des supports hybrides et des « partenariats » avec les pouvoirs locaux, induisent une perméabilité croissante des titres de presse à la communication des collectivités locales et une normalisation de leur traitement de l’information.

Hégémonie des grands groupes et paralysie de la puissance

39Les groupes de presse régionaux [39], en particulier dans l’Ouest, ont progressivement construit des quasi-monopoles et sont parallèlement devenus des puissances ayant des activités diversifiées et cherchant à étendre leur empire à tous les domaines connexes à leur activité d’origine [40]. Cependant, au lieu de procurer plus de ressources aux journaux et à leurs rédacteurs – comme le laisserait à penser un usage simpliste des théories des ressources –, cette nouvelle puissance tend à asphyxier et paralyser les journaux et leurs rédacteurs. Devenus monopoles tentaculaires, les titres régionaux ne sont plus considérés comme des titres parmi d’autres pouvant avoir des stratégies éditoriales particulières, ils doivent d’une part assurer une rentabilité toujours plus grande, nécessaire au fonctionnement de l’ensemble du groupe, et ils se donnent d’autre part de plus en plus pour rôle de rendre compte des activités et réalisations des pouvoirs locaux – politiques, économiques, culturels –, voire de les promouvoir, en devenant des « acteurs de la vie locale » à part entière…

40Ouest-France[41] est particulièrement exemplaire de ces évolutions. La société anonyme Ouest-France a racheté le journal à la société d’origine [42], devenue la Sofiouest, qui exploite désormais l’ensemble des activités du groupe à l’exception du quotidien (gratuits, hebdos, éditions…). « L’association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste » [43] détient 99,90 % de la société civile SIPA, qui possède 99,97 % de la SA Ouest-France, ainsi que 84,34 % de Publihebdos (presse hebdomadaire régionale), 67,80 % de Précom (régie publicitaire) et 40,17 % de Sofiouest – cette dernière étant actionnaire à 67 % du groupe Spir Communication [44]. Pour financer ce rachat du titre aux actionnaires majoritaires [45], Ouest-France a remboursé un crédit-bail de 80 millions de francs (plus de 12 millions d’euros) par an pendant dix ans, le solde étant même remboursé par anticipation en 1997. Ce sont en fait les disponibilités financières importantes restituées par le journal aux anciens actionnaires qui ont permis la diversification des activités du groupe, les sommes étant réinvesties dans les autres filiales et servant à financer les nombreuses acquisitions effectuées. Après la fin du « rachat », les capacités financières importantes qui ont continué à être dégagées ont servi à moderniser les imprimeries [46] afin de développer la quadrichromie [47], ainsi qu’à investir dans la décentralisation de la mise en page assistée par ordinateur (DMPAO).

41Dans le même temps, le journal a développé une politique d’économies et de réduction des coûts, avec des compressions d’effectifs et des plans sociaux, des mesures de réduction de la pagination, des plans de rigueur récurrents, parallèlement à la multiplication des supports (Dimanche-Ouest-France, journal des jours fériés, suppléments, site du journal, <maville.com>…). En 2002, un nouveau plan d’économies a été lancé, l’« indépendance [devant] se défendre grâce à la rentabilité du groupe » [48], et en 2003, une soixantaine de postes [49] ont été supprimés. Paradoxalement, le « rachat » du journal puis la recherche de rentabilité et l’expansion du groupe sont donc tellement coûteux qu’ils placent le titre en situation de dépendance financière – vis-à-vis des collectivités locales « partenaires » – et influent de plus en plus sur la stratégie éditoriale du journal.

42Par ailleurs, Ouest-France développe une stratégie commerciale agressive qui a progressivement assuré son hégémonie dans tout l’Ouest de la France.

43Après s’être livré à une concurrence acharnée avec les autres quotidiens de l’Ouest, notamment le Télégramme de Brest et Presse Océan[50], à travers le lancement de Dimanche-Ouest-France et le rachat du supplément TV du groupe Hersant, la compétition sur les petites annonces et de la publicité, Ouest-France a fini par obtenir le rachat pur et simple des titres Presse-Océan, Le Courrier de l’Ouest et Le Maine libre (après l’échec de la formule de location-gérance en 1999). Aujourd’hui, la diffusion de Ouest-France avoisine les 800 000 exemplaires sur les douze départements couverts [51] (avec un repli relatif de 2001 à 2005 et une reprise depuis). Le quotidien a généré en 2006 un chiffre d’affaires de 349 millions d’euros et un bénéfice de 8 millions. Il emploie 1 804 salariés dont 532 journalistes, dans 63 rédactions.

44En outre, le groupe a mené une politique de diversification [52] qui a commencé par l’édition et la presse spécialisée, notamment maritime, puis par la presse hebdomadaire locale, pour s’étendre aux gratuits d’annonce puis d’information, à Internet, et, plus récemment, la télévision locale.

45Le groupe possède désormais via Publihebdos, 39 hebdomadaires locaux [53] et via la Spir, 155 gratuits, avec 13,3 millions d’exemplaires diffusés sur toute la France chaque semaine (chiffres 2002, non actualisés) [54]. Il est également un des premiers à investir dans la presse quotidienne gratuite, avec la participation à Vingt Minutes. Le multimédia prend en outre aujourd’hui une place croissante, avec un réseau de sites Internet <maville.com>, puis la prise de contrôle des chaînes de télévision Nantes 7 et Angers 7, grâce au rachat des journaux qui les avaient lancées. Cette intégration horizontale et verticale [55] amène certains commentateurs à considérer ce groupe comme l’un des premiers aujourd’hui en région, voire l’un des plus solides et prospère [56], et à parler de « gigantisme » [57].

46Cet expansionnisme du journal tend de plus en plus à induire une forme de « paralysie de la puissance », pour préserver sa santé financière en refusant de prendre le moindre risque tant vis-à-vis des lecteurs que des annonceurs et des partenaires institutionnels, et pour conforter son rôle d’« acteur de la vie locale ». Plus généralement, les vagues de concentration successives de l’ensemble de la presse [58] contribuent à renforcer la dépendance des médias dominants vis-à-vis des pouvoirs politiques en place, tandis que les restructurations fragilisent les titres menacés ou les contraignent à la fermeture ou à la cession, accentuant les tensions sur l’ensemble des journalistes. Ces mécanismes ne sont donc pas universels ni inéluctables mais liés à la configuration spécifique et aux évolutions actuelles des champs médiatique et politique [59]. D’autres éléments accompagnent ce mouvement, et en particulier la prolifération de nouveaux supports médiatiques au statut incertain.

Multiplication des supports hybrides et nécessité des partenariats

47De nouveaux supports de presse ont été développés depuis une dizaine d’années, d’un côté par les groupes de presse explorant de nouvelles voies d’expansion, de l’autre par les collectivités locales, cherchant de nouveaux vecteurs de communication.

48En premier lieu, on a assisté au développement des suppléments et des partenariats [60]. Pour la direction, il s’agit à la fois de recueillir de substantielles recettes supplémentaires et de faire du journal un acteur à part entière de la vie locale. Pour l’ancienne association des journalistes de Ouest-France, ces suppléments entretiennent la confusion entre les textes de la rédaction et la publicité, du fait de l’utilisation du logo et de la typographie du journal. Ces suppléments sont soit commandés et financés par un organisateur principal, pour des objectifs promotionnels (ouverture d’une autoroute, Semaine de l’arbre, Foire Exposition, événements sportifs [61]…), soit réalisés à l’initiative du journal et payés par la publicité (Retraites, Formation, Impôts, Habitat, Guide de l’étudiant, Journal de l’été…). Ouest-France édite aussi des suppléments payants, vendus séparément (Le journal de l’année, Les années 1960, supplément sur la visite du pape de 1996 vendu dans les églises et les diocèses). L’investissement demandé à la rédaction dans ces suppléments va croissant, les journalistes devant rédiger des articles commandés par le service ad hoc et le directeur départemental ayant pour tâche de coordonner leur élaboration. Ouest-France développe aussi en amont les partenariats autour de grosses manifestations, sportives ou culturelles, et participe alors au financement de l’opération, le rédactionnel devenant outil de promotion de l’événement.

49Cette stratégie de multiplication des suppléments se retrouve dans de nombreux autres titres de la PQR, comme la Voix du Nord ou Le Progrès, qui se saisissent des événements programmés, notamment culturels, sportifs ou d’aménagement, pour réaliser des suppléments, dans lesquels ils proposent des encarts publicitaires spécifiques et pour lesquels ils ont mis en place un service dédié, dont les fonctions sont à la fois commerciales et rédactionnelles.

50Les ambiguïtés sont encore plus fortes dans le statut et les usages des sites Internet <maville.com>. Ceux-ci affichent avant tout les petites annonces locales et les informations service, et contiennent un contenu informatif limité et localiste qui renvoie à quelques articles du journal. Ils sont gérés par la filiale spécialisée dans les journaux d’annonce gratuits (Spir) et non par l’organe de presse. L’information – largement institutionnelle – y devient donc un élément secondaire d’un ensemble de services accessibles sur le net. Une nouvelle étape vient d’être franchie dans l’effacement de l’autonomie rédactionnelle : la possibilité pour les associations de rédiger leur propre présentation et d’y afficher directement leurs manifestations, contournant ainsi les correspondants locaux et les secrétaires d’édition, avant que ce mécanisme soit étendu à l’ensemble du journal, qui reprendra les infos services autosaisies et numérisées – induisant ainsi une inversion de la relation entre le titre et ses satellites.

51D’un autre côté, de nouveaux supports audiovisuels, plus ou moins directement contrôlés par les pouvoirs locaux, ont émergé. En effet, certaines radios locales sont passées sous le contrôle des collectivités via des associations subventionnées sur le budget municipal ou départemental et dirigées par des membres ou des proches de la majorité. D’un côté, comme la radio Graffiti FM ou la télévision Canal 15 à la Roche-sur-Yon, elles sont directement financées par la mairie et présidées par des élus ou des responsables politiques. De l’autre côté, TV-Vendée, financée par le conseil général et de grandes entreprises de la région à hauteur de 2,5 millions d’euros par an, se donne des ambitions encore plus grandes. En Loire-Atlantique, TéléNantes est financée à 80 % par la ville de Nantes, Nantes-Métropole et le conseil général, à majorité socialiste, tandis que la télévision privée, Nantes 7, créée en même temps, a été reprise par la première fin 2009. Il en est de même dans d’autres régions, comme le Nord-Pas de Calais, où La Voix du Nord a lancé la chaîne locale Wéo, cofinancée par le conseil régional et le Crédit agricole.

52D’un côté, les nouveaux supports partenariaux de la presse induisent une dépendance accrue aux institutions locales, et de l’autre, ces dernières disposent de plus en plus souvent de leurs propres médias audiovisuels, apparemment indépendants mais directement contrôlés, avec un brouillage croissant de la frontière entre les deux.

Normalisation relative des médias grand public et émergence de médias alternatifs

53Le traitement de l’information locale dans les différents médias locaux apparaît de plus en plus neutralisé et réduit à l’actualité institutionnelle, selon des mécanismes spécifiques à chaque secteur.

54En ce qui concerne Ouest-France, on constate depuis une quinzaine d’années une inflexion de la ligne éditoriale générale du journal [62], démocrate chrétienne de plus en plus conservatrice. Elle était demeurée humaniste et progressiste jusqu’au début des années 1980 (soutien à l’abolition de la peine de mort, action en faveur du tiers-monde…) et s’est nettement ralliée aux thèses libérales dans les années 1990, avec un positionnement pro-européen, des prises de position virulentes contre les mouvements sociaux (retraites, CPE, universités…). Les éditoriaux de François-Régis Hutin ou de ses proches reprennent de plus en plus souvent clairement les thématiques portées par les partis de droite. Au niveau local, le traitement de l’actualité est aussi de plus en plus marqué par une logique de faible distance, voire de soutien systématique aux pouvoirs locaux, de suivi et de mise en scène des manifestations institutionnelles.

55Le développement du rapport partenarial avec les pouvoirs locaux et la logique expansionniste sont en profonde interaction, les ressources internes et la solidité de l’ancrage local nourrissant la croissance externe. Ces deux logiques concomitantes supposent un renforcement du contrôle sur les journalistes, qui doivent intégrer ces nouveaux rapports partenariaux dans leurs pratiques. Cela a été facilité par les évolutions technologiques et organisationnelles [63]. La décentralisation de la mise en page assistée par ordinateur (DMPAO) a en effet morcelé les collectifs de travail, à la fois du côté du « centre » et de la « périphérie », et fondu les journalistes dans une chaîne de travail technique contraignante. Après des tentatives de « résistance » individuelles – souvent cantonnées à des stratégies de « franc-tireur » –, la difficulté à construire des solidarités collectives [64], la lassitude des pressions et des coups, l’intériorisation des menaces de mutation, le recrutement et la promotion des plus ambitieux ou révérencieux, semblent aboutir à un recul permanent des marges de jeu et de l’autonomie des journalistes.

56Les quotidiens concurrents, Presse-Océan, Le Maine Libre ou Le Courrier de l’Ouest, qui auraient pu avoir des stratégies différentes, mettant l’accent sur l’enquête, l’investigation ou les débats locaux, ont longtemps privilégié une démarche encore plus institutionnelle – avec des moyens limités – proche de la « presse populaire », leur rachat par le groupe Ouest-France entérinant leur position dominée.

57Presse-Océan/Vendée-Matin est un petit journal régional en situation de survie précaire, voire de mort clinique. Jusqu’en 2009, le journal privilégiait une approche locale de l’actualité, accordant peu de place (deux pages) aux informations générales, centrées sur les faits divers et les événements officiels, avec une ligne éditoriale intégrant différentes tendances de la droite. Il a longtemps appartenu à la Socpresse, l’une des deux branches du groupe Hersant, alors premier groupe de presse régionale. Le titre s’est d’abord rapproché des autres quotidiens de la région, Le Courrier de l’Ouest et Le Maine libre. Après l’échec de la location-gérance de cet ensemble par Ouest-France en 1999-2000 – via Loire-Océan-Communication (LOC) détenue à 53 % par Ouest-France et à 47 % par la Socpresse –, la fusion des titres de l’Ouest s’est poursuivie, avec une délégation des pages nationales au Courrier de l’Ouest et la disparition de la rédaction centrale de Presse-Océan. Le passage de la Socpresse aux mains du groupe Dassault en 2004, puis le désinvestissement de celui-ci de la presse régionale déboucheront sur la vente pure et simple des trois titres à Ouest-France en décembre 2005. Presse-Océan comptait encore en 2007 environ 170 salariés et 60 journalistes et diffusait environ 45 000 exemplaires (contre 60 000 en 2001 et 120 000 en 1999) sur la Loire-Atlantique [65]. Les éditions vendéennes ont ensuite été abandonnées en juin 2008, les ventes passant à 35 000 en 2009. Le journal change alors de maquette et prend le format tabloïd, souhaitant « s’affirmer sans complexe comme un quotidien populaire et urbain » [66].

58Dans d’autres secteurs, la concurrence demeure, par exemple dans la zone de diffusion du Télégramme de Brest, mais la stratégie de ce titre demeure orientée vers la « micro-locale », le fait divers et la mise en valeur des initiatives publiques et non vers une affirmation d’indépendance plus importante ou un traitement original de l’information. Cette configuration se retrouve généralement dans les zones de concurrence, où les titres dominés choisissent une stratégie localiste et de presse populaire, souvent encore plus institutionnelle que celle du titre dominant.

59Les hebdomadaires locaux, diffusés dans des zones limitées, appartiennent souvent à des groupes de presse régionaux et adoptent généralement un traitement micro-local et neutralisé.

60Par exemple, en Vendée, deux hebdomadaires locaux appartiennent au groupe Ouest-France via sa filiale Publihebdos : Le Journal du Pays yonnais et Les Sables-Vendée journal. Seul Le Courrier vendéen, implanté à Challans et distribué dans le nord du littoral, appartient à un groupe indépendant, Hebdos-Atlantique. En Loire-Atlantique, la diversité est un peu plus grande, avec des journaux du même groupe indépendant, bien implantés dans leurs secteurs respectifs (Le Courrier du Pays de Retz, L’écho de la Presqu’île, L’éclaireur), une publication du groupe Ouest-France (L’hebdo de Sèvre et Maine), un journal appartenant à un groupe catholique (L’écho de l’Ouest), et un autre titre indépendant (L’écho d’Ancenis et du Vignoble). Mais dans tous ces journaux, l’approche demeure avant tout localiste, centrée sur l’information-service et le compte rendu de l’actualité institutionnelle ou associative.

61Les autres périodiques s’inscrivent dans des secteurs très spécialisés, et ne traitent que très peu l’actualité politique et sociale locale.

62En Vendée, les magazines sont peu nombreux et généralement liés à des institutions locales : Racines, mensuel des retraités agricoles, Le journal des entreprises, édité par la CCI… En Loire-Atlantique, les périodiques sont plus abondants et divers, en particulier à Nantes, avec des magazines économiques, des quotidiens gratuits d’information, des périodiques culturels gratuits ou payants… On trouve ainsi comme titres payants : Nouvel-Ouest, édité par un ancien rédacteur de chef de Presse-Océan et financé par de grandes entreprises de la région ; Le journal des entreprises, mensuel de la CCI ; Nantes-Poche, hebdomadaire culturel. Beaucoup de titres gratuits sont aussi diffusés, comme Vingt Minutes, Métro, et Direct-Nantes, ainsi que des magazines (Le mois nantais, Nantes attitude, InSITU Nantes, People Nantes, Pulsomatic, Pil’)…

63En ce qui concerne le paysage audiovisuel, la tendance à la normalisation est aussi manifeste, soit via l’emprise des logiques commerciales, soit via le contrôle politique direct, surtout en Vendée et dans une moindre mesure en Loire-Atlantique.

64Ainsi, à la Roche-sur-Yon, le paysage audiovisuel se réduit à la radio et la télévision paramunicipales déjà décrites, et à quelques stations marginales ou commerciales : une radio chrétienne (RCF Vendée) ; une radio créée par Philippe de Villiers et se consacrant dorénavant essentiellement à la musique et au divertissement (Alouette FM) ; une radio commerciale ayant quelques minutes de décrochage local (Europe2-Vendée). L’extension de la diffusion de Canal 15 et la création de TV Vendée marquent la présence accrue des médias institutionnels et un nouvel équilibre des influences politico-médiatiques. France-3 dispose d’un JRI seul en poste, rattaché à la rédaction nantaise. En Loire-Atlantique, la diversité est plus grande, avec la présence de trois radios associatives (AlterNantes ; Jet FM, Prun), de deux radios publiques (FIP Nantes et France bleu Loire Océan) et de trois radios commerciales ou musicales (Hitwest, Sun FM et NTI). En ce qui concerne les télévisions, outre TéléNantes, chaîne publique déjà évoquée, la chaîne privée Nantes 7, lancée en décembre 2004 par Presse-Océan et le Télégramme de Brest (ainsi que de grandes entreprises de la région), rachetée par le groupe Ouest-France en décembre 2005, a été placée en redressement judiciaire en septembre 2009 [67]. Par ailleurs, France-3 dispose d’une rédaction locale.

65Parallèlement à cette normalisation croissante des médias locaux, on assiste au développement de nouveaux médias alternatifs [68].

66La Lettre à Lulu, « irrégulomadaire satyrique », est ainsi publié depuis 1998 en Loire-Atlantique, succédant à l’Édit de Nantes, dirigé par un journaliste indépendant, correspondant local historique de Libération, qui dénonce les turpitudes des pouvoirs locaux et de la presse régionale. Son humour, ses caricatures, la virulence de ses dénonciations en font un titre redouté par les pouvoirs locaux, et régulièrement menacé ou attaqué en procès. En Vendée, Le Sans-culotte, lancé par d’anciens contractuels de Ouest-France, brocarde certains acteurs locaux, notamment le conseil général, et les dysfonctionnements du journal dominant.

67Ce développement de la presse alternative se retrouve nationalement et dans différentes régions, avec par exemple Fakir lancé à Amiens et maintenant diffusé nationalement, Satiricon à Toulouse, CQFD à Marseille, Le Plan B, bimestriel de critique des médias et d’enquêtes vendu en kiosque, Bakchich, à l’origine site Internet qui a débouché sur un hebdomadaire désormais vendu au numéro…

68Plusieurs facteurs expliquent ce regain : recherche de nouveaux espaces d’expression par des journalistes professionnels des médias grand public, constitution d’une catégorie de journalistes précaires [69], mise en réseau et développement d’une mouvance de « critique des médias » [70], accès facilité à la mise en page et à l’impression, extension du lectorat potentiel à travers des sites Internet… Mais la vulnérabilité financière, le lourd investissement des journalistes, mal rémunérés, la prise en charge fastidieuse des tâches matérielles de mise en page et de distribution, la fragilité des réseaux de diffusion, les menaces de procès… risquent en permanence de susciter la démotivation ou de menacer l’existence même de ces titres.

69On peut aussi signaler le développement des outils de communication propres des petits groupes militants, associatifs ou culturels. En effet, dorénavant, ces derniers disposent souvent de leur presse interne, de systèmes de diffusion informatisés et d’un site Internet. Ces outils leur permettent de communiquer directement avec leurs adhérents mais aussi, de plus en plus, avec leurs sympathisants effectifs ou potentiels. Cela permet donc aussi aux groupes politiques ou aux mobilisations minoritaires se défaire en partie de leur dépendance vis-à-vis de la presse locale, d’échapper à la marginalisation médiatique, relative ou totale, dont ils peuvent faire l’objet. La concentration médiatique et l’usage dominant des nouvelles technologies de communication au bénéfice des pouvoirs et dirigeants en place – qui disposent d’un personnel spécialisé de plus en plus étoffé, de stratégies et d’outils sophistiqués – sont donc partiellement compensés par l’ouverture de l’accès à une information alternative.

70Par conséquent, la normalisation relative du champ médiatique local repose sur différents mécanismes convergents : les grands quotidiens régionaux comme Ouest-France sont ligotés par leur stratégie de puissance et leur logique partenariale, les petits quotidiens ou hebdomadaires jouent la plupart du temps la carte de l’information-service et de la mise en valeur des pouvoirs et des initiatives locales, les magazines s’efforcent surtout de se constituer des « niches » marketing, les radios et télévisions tendent à être prises soit dans une logique commerciale qui les éloigne du traitement des problèmes publics, soit sous un contrôle public direct qui les transforme en relais des pouvoirs. Ces phénomènes sont contrebalancés par l’émergence de médias alternatifs et contribuent paradoxalement à entretenir leur développement. Ces transformations de l’espace médiatique, ajoutées à celles de la communication politique, agissent en retour sur l’espace politique local et tendent à en accentuer la clôture, la dualisation et la légitimation.

Les rétroactions sur l’espace politique local

71L’emprise croissante et la diversification des stratégies de communication des pouvoirs locaux, d’une part, et les logiques expansionnistes, partenariales et normalisatrices qui prévalent dans la presse grand public, d’autre part, ont des effets rétroactifs sur la configuration et le fonctionnement des espaces politiques locaux.

Clôture et dualisation du jeu politique local

72L’espace public tel qu’il est représenté dans les médias apparaît tout d’abord de plus en plus hiérarchisé, voire clivé. On peut noter dans les journaux une minoration – qui peut être relative ou aller jusqu’à l’élimination – des groupes politiques ou militants dominés, qui doivent faire un travail spécifique et coûteux de communication en direction de la presse, ont à apporter la preuve de l’intérêt informatif de leur intervention et sont considérés a priori comme des acteurs mineurs, voire marginaux – tandis que les sources institutionnelles ont à la fois un personnel salarié spécialisé, des moyens matériels et un accès quasi automatique aux médias [71]. Dans certains cas, les groupes minoritaires sont même considérés comme n’ayant pas droit à la parole car non représentatifs. La clôture du champ politique – à travers la dichotomie opérée entre les acteurs au pouvoir, les prétendants et les groupes minoritaires – peut donc être tendancielle et limitée ou plus massive, voire aller jusqu’à l’exclusion totale, de plus en plus fréquente.

73On peut se demander si les évolutions observées n’ont pas joué un rôle dans le processus de concentration, voire de monopolisation politique, masqué par l’affrontement des camps et par certaines alternances. On constate ainsi dans les localités de l’Ouest, en particulier à la Roche-sur-Yon, et en Vendée, dans une moindre mesure à Nantes, un renforcement de la suprématie politique des acteurs dominants, une satellisation des forces politiques alliées, une intrication croissante des réseaux politiques, économiques, culturels…, et une marginalisation relative des groupes minoritaires.

74À cet égard, l’emprise du président du conseil général, Philippe de Villiers, sur la Vendée est particulièrement forte, confirmée voire renforcée à chaque élection locale [72], malgré ses échecs aux élections nationales [73]. Il entretient en effet des transactions [74] ou même un contrôle plus ou moins direct sur toute une série d’acteurs ou de secteurs : direction d’une entreprise « culturelle » depuis 1978, devenue première attraction touristique de France (le Puy-du-Fou [75]), contrôle direct, aux débuts de son implantation, de plusieurs médias, dirigés par ses frères (Alouette FM, Hebdo-Vendée), phagocytage progressif des différents partis de droite (UDF à partir de 1993, du RPR puis de l’UMP ensuite, malgré la création du MPF), dépendance des petits maires locaux et prise de contrôle de la plupart des principaux bourgs et villes moyennes par des amis politiques, liens entretenus avec les grandes entreprises, leurs dirigeants et leurs organisations représentatives, avec les instances de développement économique et le monde agricole [76]. Philippe de Villiers joue de sa multipositionnalité entre le niveau national et local : il dissocie les discours – en se faisant apparaître comme un élu local dynamique et en escamotant ses positionnements nationaux – mais il en cumule les bénéfices – en utilisant d’un côté sa stature nationale comme une ressource dans le jeu local et de l’autre son assise locale comme base de repli et comme modèle exemplaire dans le jeu national [77]. La complicité de la presse dans ce double jeu est essentielle, car elle est nécessaire au maintien de la compartimentation des discours et des stratégies : Philippe de Villiers est décrit comme un élu dynamique et un promoteur efficace de la Vendée dans les pages locales et comme un dirigeant d’un groupe politique de droite – parfois dénoncé comme extrémiste – dans les pages générales, sans que le lien entre les deux ne soit fait.

75De même, l’implantation de l’équipe socialiste de Jacques Auxiette puis de Pierre Régnault à la Roche-sur-Yon s’appuie sur un ancrage électoral solide et des transactions multiples avec divers milieux, et sur des relations de plus en plus coopératives avec la PQR. Cette ville créée par Napoléon est souvent présentée comme un îlot « bleu » dans une Vendée « blanche », un centre administratif chargé de l’unification politique et du contrôle du département [78]. La réactivation permanente de ce positionnement contribue d’ailleurs à reproduire l’opposition symbolique entre la ville et le département, les « bleus » et les « blancs », ce dualisme contribuant à renforcer l’hégémonie de chacun des pouvoirs sur son territoire. Au niveau politique, l’équipe municipale a progressivement satellisé les Verts et le parti communiste, qui ont systématiquement figuré sur des listes communes [79]. La majorité municipale a par ailleurs une influence directe sur de nombreuses activités, notamment associatives, à travers le contrôle des subventions et la présence de personnalités proches dans les conseils d’administration. En outre, la municipalité entretient de multiples formes de coopération avec les milieux économiques, dans le cadre des marchés publics, des projets d’aménagement commerciaux, des zones d’activités ou des usines relais, via la société d’aménagement locale… Pendant longtemps, la presse quotidienne régionale y a joué le jeu du pluralisme politique, en donnant la parole aux différents groupes. La rédaction locale de Ouest-France a même, dans la deuxième moitié des années 1990, réalisé un véritable travail d’investigation au prix d’un conflit ouvert avec le maire, puis, au début des années 2000, a joué la carte de l’ouverture en laissant émerger les débats locaux, en couvrant par exemple les mobilisations contre la construction d’un incinérateur, avant de se replier sur un traitement beaucoup plus limité et institutionnel de l’actualité locale. La rédaction locale avait même évolué vers une approche promotionnelle de l’actualité municipale dans la période où le chef de rédaction en poste était le directeur du festival de cinéma organisé par la ville…

76Ces processus de concentration et de clôture se retrouvent de manière inégale dans le reste de la France [80], selon les configurations locales, l’ancienneté des équipes en place, les possibilités d’alternance, l’équilibre des forces, le niveau d’autonomie des partenaires minoritaires… Cependant, les logiques de notabilité et de transactions avec les milieux économiques, auparavant propres à la droite, leur extension à de nombreuses villes socialistes [81], le désinvestissement militant du PS [82], la marginalisation relative du PC [83], la faible implantation locale des Verts, le partage des territoires entre les partis de droite, l’absence d’élection des intercommunalités [84], tous ces éléments contribuent à une concentration tendancielle des pouvoirs locaux.

Une légitimation renforcée (et marginalement contestée) du pouvoir politique

77Le traitement de l’actualité locale représente de plus en plus nettement les pouvoirs en place et leurs détenteurs comme des institutions incontournables et des représentants « naturels » de l’ensemble de la société.

78L’actualité locale est en effet centrée sur les « représentants » de toutes les formes d’organisations et de pouvoirs. La société semble n’exister que comme une collection de groupes organisés et d’institutions, dont seuls les responsables ont véritablement accès à la parole et à la visibilité [85]. La place accordée aux propos officiels, la répétition des noms propres et le choix des photographies peuvent accentuer ou limiter cette tendance à la personnalisation, celle-ci demeurant néanmoins toujours présente.

79On constate de plus une surreprésentation des acteurs politiques par rapport aux porteparole des autres secteurs sociaux. Ainsi, les chefs d’entreprises, les responsables syndicaux ou associatifs, les responsables des administrations locales ou déconcentrées, sont beaucoup moins souvent présents que les politiques, qui sont très régulièrement mis en scène [86]. Cela confère de fait une impression d’omniprésence voire d’omniscience des élus, qui se présentent comme « agissant » en permanence et comme habilités à intervenir sur tous les sujets.

80En outre, on observe une tendance à transformer les institutions en composantes « naturelles » de la société, dont l’action est nécessaire et efficace, et dont les dirigeants font un travail indispensable, indépendamment de tout rapport de pouvoir ou intérêt personnel. Cette « naturalisation » des institutions, qui induit une légitimation profonde de l’ordre politique, peut être plus ou moins fortement marquée selon que les journalistes reproduisent le discours neutralisé et enchanté des politiques ou qu’ils s’efforcent de le mettre à distance.

81Pour certains sociologues, il en découle une interdépendance structurelle entre médias et politique [87]. De nombreux travaux américains affirment que l’information véhicule des « préférences » concernant la nation, la société et les grands débats sociaux [88], légitime le « statu quo » institutionnel et social [89], et constitue un instrument de contrôle social [90]. De même, des recherches britanniques, critiques ou d’inspiration marxiste, soulignent la dimension « idéologique » de l’information [91]. En France, des auteurs très divers partagent les mêmes conclusions sur le « pouvoir » des médias (« médiacratie » ou « médiaklatura » [92]) et sur la « connivence » [93]. D’autres analyses critiquent la dépendance croissante de la presse vis-à-vis du champ économique, la prégnance croissante des logiques marchandes [94], le rôle des médias et notamment de la télévision dans la division sociale du travail de domination [95].

82Les études portant sur la presse régionale se partagent entre une mise en valeur de son « rôle démocratique » [96] ou de ses fonctions communautaires [97], et une dénonciation de « l’unanimisme » des journaux [98], de la dépolitisation et du conformisme induits par leur prétention à la « neutralité » [99], des effets de dépossession de l’action municipale [100], des collusions entre responsables politiques et journalistes [101].

83D’autres chercheurs s’efforcent de poser la question des effets sociopolitiques des médias de manière plus pragmatique [102]. Richard Ericson affirme que les journalistes n’adhèrent pas nécessairement aux valeurs qui sont le produit de leur travail répété au jour le jour, et ne sont pas fatalement engagés personnellement dans la reproduction de l’ordre dominant. Il insiste sur l’hétérogénéité de la profession et sur les contradictions et les conflits qui peuvent survenir au sein des organes de presse. Certains britanniques mettent également en évidence les contradictions sociales auxquelles laisse place « l’hégémonie » culturelle [103].

84Dans le cas présent, on peut observer ce n’est pas principalement l’adhésion des journalistes à des valeurs et à des normes qui explique la tendance au traitement institutionnel de l’information, comme le montre l’existence de journalistes prêts à afficher leur « indépendance », à défendre leur autonomie, ou à contester les institutions. Ce sont en fait avant tout des processus pratiques et des effets de répétition qui nivellent le traitement de l’actualité institutionnelle et « diluent » les efforts de distanciation de certains journalistes. De fait, la publication constante des mêmes scènes et figures imposées [104] – inaugurations, manifestations publiques, remises de prix, conseils municipaux… – redouble la force des pouvoirs et de leurs représentants, qui jouissent déjà du privilège de l’institutionnalisation et de la continuité, et voient l’effectivité de leur action affirmée régulièrement dans le journal. Et la démarche institutionnelle voire promotionnelle qui se diffuse actuellement repose sur des mécanismes socio-historiques bien spécifiques. On peut d’ailleurs se demander si la désaffection relative pour la presse quotidienne et le vieillissement de son lectorat ne sont pas dus pour partie à une lassitude, voire à un rejet de ce traitement institutionnel de l’information et de ce rapport légitimiste au politique, contrebalancés par une attraction croissante pour les médias alternatifs et les formes de communication directe. La naturalisation tendancielle des institutions par les grands titres de presse n’induirait alors pas nécessairement un rapport réellement plus légitimiste des é-lecteurs au politique, mais s’accompagnerait de diverses formes de retrait désabusé, de recherche d’alternatives politiques et/ou médiatiques, d’engagements contestataires…

85*

86* *

87Pour conclure, on assiste à une démultiplication de la communication locale – conjuguant prégnance croissante des stratégies tournées vers la presse, développement de la communication événementielle, multiplication des supports gérés en direct, et sophistication des politiques éditoriales des magazines institutionnels. On constate également une normalisation relative du champ médiatique local – liée à la stratégie expansionniste et partenariale des titres et groupes dominants, à la démarche institutionnelle et localiste des petits titres régionaux ou locaux, à la logique commerciale ou à la dépendance institutionnelle directe de la plupart des radios, télévisions et magazines locaux – accompagnée de la multiplication des partenariats et supports hybrides, compensée par l’émergence de médias alternatifs. Tout ceci contribue à un brouillage de la frontière entre information et communication, entre médias et pouvoirs politiques, frontière inventée avec la création de la presse au 19e siècle [105], au fondement de la construction de l’identité professionnelle des journalistes [106], réaffirmée après la seconde guerre mondiale – après sa dilution pendant l’entre-deux-guerres [107]. Ce n’est pas d’un point de vue normatif qu’il convient de déplorer ce brouillage, mais bien en mesurant ses effets de renforcement de la clôture tant du jeu médiatique que du jeu politique.

88On constate en effet une dualisation tendancielle de l’espace public, une accentuation de la dichotomie des acteurs politiques – entre pouvoirs « dominants » ayant un accès automatique aux médias et même un rôle de diffuseurs directs, groupes « prétendants » ayant un accès limité et conditionné aux médias, et groupes « dominés » ou « marginaux », quasiment exclus des titres grand public et s’investissant dans des médias alternatifs peu visibles. Cette nouvelle structuration de l’espace politique local s’accompagne d’une tendance accrue à la « naturalisation des institutions » par les médias, qui consiste à les considérer comme des acteurs incontournables et incontestables, porteurs d’une parole indubitable et autosuffisante, qui contribue à légitimer l’ordre politique et à conforter les mécanismes de concentration voire de monopolisation politique à l’œuvre au niveau local. Cette tendance est contrebalancée par le développement de médias alternatifs ou contestataires, en tant que supports autonomes, lieux de diffusion interactifs ou vecteurs de diffusion de groupes minoritaires [108].

89Ces évolutions des espaces médiatiques et politiques locaux, qui aboutissent à des formes de clôture et de dualisation propres à chacun de ces secteurs et s’entretiennent mutuellement, correspondent à des transformations plus globales de la presse et de la politique. En effet, l’emprise croissante de la communication et des logiques économiques sur le journalisme [109] – dont les processus et mécanismes concrets demeurent cependant à spécifier sans en naturaliser les effets sur le travail quotidien des rédacteurs –, l’intégration de la presse aux industries culturelles et les logiques de concentration qui s’y renforcent [110], les transformations de la hiérarchie et du traitement de l’information [111], tous ces éléments se retrouvent dans d’autres secteurs des médias. La presse quotidienne régionale et les médias locaux en constituent un observatoire privilégié, compte tenu de la possibilité d’en réaliser une étude circonscrite et exhaustive, de l’accès facilité à ses acteurs et de la visibilité des formes étroites de coopération qui y prévalent [112]. Quant aux transformations des espaces politiques locaux décrites ici, elles sont plus difficilement comparables aux logiques nationales, du fait de l’alternance qui prévaut au sommet de l’État, même si des formes de concentration et de dualisation peuvent aussi être observées.

Notes

  • [1]
    La loi Defferre de 1982, la loi d’amélioration de la décentralisation de janvier 1988, de Solidarité et de renouvellement urbain de décembre 2000, loi relative à la démocratie de proximité de février 2002, de décentralisation du RMI de décembre 2003, loi organique relative à l’expérimentation par les collectivités territoriales d’août 2003, loi constitutionnelle relative à l’organisation décentralisée de la République, d’août 2003, loi relative aux libertés et responsabilités locales d’août 2004 ; loi constitutionnelle de modernisation des institutions de la Cinquième République du 23 juillet 2008…
  • [2]
    Cégolène Frisque, « L’activité journalistique au quotidien. Travail relationnel, identitaire et rédactionnel des journalistes de la presse quotidienne régionale », thèse de doctorat de science politique, Nanterre, Université Paris X-Nanterre, 2002.
  • [3]
    Ce terme est ici employé pour désigner les stratégies discursives des pouvoirs locaux et de leurs dirigeants en direction du public et/ou des médias, et non dans son acception élargie renvoyant à l’ensemble des rapports entre institutions locales et médias. Pour une présentation plus générale, voir Isabelle Paillart, Les territoires de la communication, Grenoble, PUG, 1993 ; Dominique Mégard, Bernard Deljarrie, La communication des collectivités locales, Paris, LGDJ, 2003 ; Guy Lorant, Les collectivités locales face aux défis de la communication, Paris, L’Harmattan, 2005.
  • [4]
    Même si les petites communes demeurent probablement encore à l’écart de ce mouvement (Jacques Le Bohec, « La question du “rôle démocratique” de la presse locale », Hermès, 26/27, 2000, p. 185-198).
  • [5]
    À la Roche-sur-Yon, la nièce du maire a ainsi pendant un temps occupé la fonction d’attachée de presse.
  • [6]
    Un ancien chef de la rédaction yonnaise de Presse-Océan, pourtant classé à droite, a été pendant plusieurs années directeur de la communication de la mairie socialiste, avant de retourner dans un autre titre de son groupe d’origine.
  • [7]
    Par exemple, à la Roche-sur-Yon, la responsabilité du service est passée de l’adjoint à la communication au cabinet du maire.
  • [8]
    Sur l’emprise des stratégies de communication et leurs effets sur la vie politique, voir, parmi de multiples travaux, Jacques Gerstlé, La communication politique, Paris, Armand Colin, 2004 ; CURAPP, La communication politique, Paris, PUF, 1991. La communication est ainsi parfois devenue le cœur même des politiques publiques, le prisme à travers lequel toutes les actions menées sont décidées et prennent leur sens.
  • [9]
    Pour Jean Charron, « la fonction de l’attaché de presse consiste essentiellement à convertir une négociation potentiellement conflictuelle en une négociation coopérative, c’est-à-dire à jouer en majeur la dimension coopérative et à maintenir la dimension conflictuelle dans des limites acceptables, en insistant sur les intérêts et les gains communs et sur le maintien de la relation à long terme » (La production de l’actualité. Une analyse stratégique des relations entre la presse et les autorités parlementaires, Québec, Éd. du Boréal, 1994, p. 157).
  • [10]
    Même si le vecteur de cette stratégie est la recherche de la coopération, sa finalité demeure donc néanmoins la lutte pour la négociation de l’information, dans laquelle les intérêts des partenaires sont partiellement divergents.
  • [11]
    Sur le développement du dispositif de la conférence de presse et ses effets, voir notamment Sandrine Lévêque, « La conférence de presse : les transactions entre syndicalistes et journalistes sociaux », Politix, 19, 1992, p. 120-134.
  • [12]
    Sur les enjeux pliés à la photographie, voir Yves Hélias, « Les photographies du pouvoir local dans la presse régionale : un spectacle politique “ archaïque” », dans Joseph Fontaine, Christian Le Bart (dir.), Le métier d’élu local, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 309-328 ; Jacques Le Bohec, « Les rapports entre élus et localiers. La photographie comme enjeu de pouvoir », Politix, 28, 1994, p. 100-112.
  • [13]
    Sur le rôle des stratégies de communication dans la légitimation des régions ou départements, voir Pascal Dauvin, « L’émergence d’une communication institutionnelle régionale. Quelques réflexions autour de l’exemple breton », L’Aquarium, 10, 1992, p. 51-66 ; et Jacques Poumarède, « “Être ou ne pas être” : les stratégies de communication du département de Haute-Garonne », dans CURAPP, op. cit.
  • [14]
    Cf. Christian Le Bart, « La présentation de soi des acteurs politiques locaux », L’Aquarium, 10, 1992, p. 25-42 ; Annie Collovald, « Identité(s) stratégique(s) », Actes de la recherche en sciences sociales, 73, juin 1988, p. 29-40.
  • [15]
    Par exemple, le 14 juin 2002, le maire de la Roche-sur-Yon a présenté lui-même, lors d’une conférence de presse, le rapport de la Cour des comptes qui mettait en cause sa gestion, en minimisant les critiques qui lui étaient faites. Si cette tactique a fonctionné, Ouest-France titrant « Rapport de la Cour des comptes. Tous les clignotants au vert » [sic], c’est bien parce que les journalistes n’ont pas approfondi le document, dont la portée était beaucoup plus forte.
  • [16]
    Il s’agit donc d’une forme de « rétro-information », qui permet aux politiciens de mesurer l’attitude des journalistes à leur égard et d’y ajuster leur propre comportement. Cf. J. Charron, La production de l’actualité…, op. cit., p. 127.
  • [17]
    Sur les relations de type clientélaire et le brouillage entre public et privé, voir Nicolas Mariot, Florence Weber, « “Honneur à notre élu”. Analyse ethnographique d’une coutume post-électorale en Dordogne », Politix, 45, 1999, p. 21-37.
  • [18]
    Cf. Yves Roucaute, Splendeurs et misères des journalistes, Paris, Calmann-Lévy, 1991, p. 58-59.
  • [19]
    Une société d’autoroutes, après la conférence de presse sur la construction du tronçon Nantes-Niort, a ainsi organisé une promenade en hélicoptère. Cela permettait aux localiers de réaliser une photo aérienne, de donner une image positive de l’entreprise, mais était aussi destiné à leur procurer personnellement une expérience hors du commun.
  • [20]
    Des journalistes locaux ont par exemple été invités en Chine et au Québec par la ville de la Roche-sur-Yon.
  • [21]
    Un localier, qui refusait d’en faire, estimait en 1994 leur prix à 5 000 francs (environ 900 euros) par soirée. Voir aussi Y. Roucaute, op. cit., p. 45 et suiv.
  • [22]
    Par exemple, un ancien journaliste agricole de Ouest-France avait l’habitude d’animer des débats pour la chambre d’agriculture ou d’autres organismes (mais non les syndicats). Plusieurs localiers ont aussi été chargés de conférences sur la culture, l’aménagement du territoire… par les collectivités.
  • [23]
    Les « subsides » ou « subventions à l’information » consistent pour une source à prendre en charge une partie du coût de la production de l’information. Cf. Oscar Gandy, Beyond Agenda Setting. Information Subsidies and Public Policy, Norwood, Abex, 1982.
  • [24]
    Le caractère privé ou public de la situation n’est pas donné mais fait l’objet de négociations, le journaliste peut accepter ou refuser la définition de la situation comme privée, consentir à placer la relation sur un mode personnel, ou le refuser et la réduire à un rapport professionnel.
  • [25]
    Dominique Marchetti (dir.), Communication et médiatisation de l’État : la politique invisible, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2008.
  • [26]
    Patrick Champagne, Faire l’opinion : le nouveau jeu politique, Paris, Minuit, 1990.
  • [27]
    Dès 1977, Philippe de Villiers s’est familiarisé à ces techniques avec la création puis le développement du Puy-du-Fou.
  • [28]
    En 1999, le journal satyrique La Lettre à Lulu écrivait que le départ du Tour de France au Puy-du-Fou avait coûté 6 millions de francs (plus de 900 000 euros) au département (no 23-24, été 1999).
  • [29]
    Sur l’histoire de la Vendée et la réécriture permanente de sa mémoire, voir Jean-Clément Martin, Une région nommée Vendée. Entre politique et mémoire. 18e-20e siècle, Mougon, Geste éditions, 1996.
  • [30]
    Voir François Demers, Nicolas Pélissier, « Les territoires glissants de l’Internet de proximité », dans Dominique Pagès, Nicolas Pélissier (dir.), Territoires sous influence. 2, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 173-204.
  • [31]
    Par exemple, en un an, Le journal de la Vendée n’a traité qu’un thème social en dossier, le RMI, où, exceptionnellement, sont mis en avant le volontarisme du département et son choix d’une politique de réinsertion « par le travail ». Quelques articles polémiques dénoncent par ailleurs la politique du chef-lieu socialiste ou du nouveau président du conseil régional.
  • [32]
    Entre trois et six photographies par numéro, y compris sillonnant la ville en fauteuil roulant, figurant dans une photo de groupe de sportifs…
  • [33]
    Le Journal de la Vendée, 1er-15 juin 2008.
  • [34]
    Ce journal est d’ailleurs le seul à ne pas comporter d’éditorial du président de l’exécutif, ce qui pousse encore plus loin l’apparente « neutralisation ». Seule une mini-interview de Philippe de Villiers est publiée en « point de vue » dans le dossier central.
  • [35]
    Cet effacement de l’appartenance institutionnelle du titre est aussi parfois visible dans le nom même des titres. Par exemple, celui de la ville de la Roche-sur-Yon se nomme Roche Mag, avec en sous titre « Toute l’actualité de votre ville », ce qui occulte totalement le caractère institutionnel du titre. Les autres restent souvent plus ambigus, comme « Nantes Passion, magazine de l’information municipale »…
  • [36]
    Cf. Christian Le Bart, La rhétorique du maire entrepreneur. Critique de la communication municipale, Paris, Pédone, 1992. Sur l’homogénéisation des politiques territoriales et leur apparente « dépolitisation » comme nouvelle forme d’« idéologie territoriale », cf. Lionel Arnaud, Christian Le Bart, Romain Pasquier (dir.), « Les idéologies émergentes des politiques territoriales », Sciences de la société, 65, 2005, p. 3-163.
  • [37]
    Dominique Memmi, « Rendre puissant : de quelques postures (de communicateurs) au service de la domination », dans CURAPP, op. cit.
  • [38]
    Cf. Dominique Pagès, « La fabrique de nouvelles fictions territoriales : une dérive possible de la communication », dans D. Pagès, N. Pélissier (dir.), Territoires sous influence. 2, op. cit., p. 77-108.
  • [39]
    Marc Martin, La presse régionale : des affiches aux grands quotidiens, Paris, Fayard, 2002.
  • [40]
    Eric Marquis, La presse : malade imaginaire. La presse écrite va mal, mais le constat est trompeur…, Paris, Les Carnets de l’info, 2006.
  • [41]
    Guy Delorme, Ouest-France : histoire du premier quotidien français, Rennes, Apogée, 2004.
  • [42]
    Depuis la Libération, les actionnaires avaient intégralement réinvesti leurs bénéfices dans le journal, ce qui lui donnait une assise financière solide mais induisait une faible capitalisation et donc une certaine vulnérabilité.
  • [43]
    Elle comprend 63 sociétaires, issus de familles d’origine rennaise alliées à la direction, qui conservent ainsi le contrôle « gratuit » et étroit du journal tout en récupérant leur capital – qui s’est considérablement multiplié depuis la Libération.
  • [44]
  • [45]
    Seul le descendant de la famille Amaury a refusé l’opération, qui l’évinçait de la propriété et de l’administration du titre et sous-évaluait selon lui le capital, intentant un procès.
  • [46]
    La multiplication des éditions, la gestion des écarts de diffusion hebdomadaires et annuels et le développement de la quadrichromie contraignent les quotidiens régionaux à des équipements très lourds (Louis Guéry, La presse régionale et locale, Paris, CFPJ, 1992, p. 102-103). À Ouest-France, l’imprimerie ultramoderne de la Chevrolière représente une charge très lourde. Elle devait initialement imprimer Ouest-France et Presse-Océan sur la Loire-Atlantique et la Vendée, mais suite à la rupture des accords publicitaires et de routage en 1993, le journal a dû financer seul cet investissement.
  • [47]
    Libération parlait d’un investissement de 140 millions de francs – plus de 21 millions d’euros (Gérard Thomas, « Le phare Ouest », Libération, 31 juillet 2001).
  • [48]
    Propos recueillis par Nicole Vulser, Le Monde, 14 février 2002.
  • [49]
    Avec la suppression des films à l’imprimerie et l’équipement en appareils photonumériques.
  • [50]
    L’écho de la presse parlait déjà fin 1995 de « lutte sans merci » entre Ouest-France d’une part et le Télégramme de Brest et Presse-Océan d’autre part (« Enquête sur la presse régionale en France », Écho de la presse, 66, décembre 1995, janvier 1996, p. 6-13), Libération évoquant le Télégramme comme un « camouflet » au quotidien (G. Thomas, art. cité).
  • [51]
    40 éditions locales différentes représentant en moyenne 125 000 lignes, 669 pages et 2 500 photos (<http://www.ouest-france.fr>, août 2007).
  • [52]
    Certains auteurs présentent la diversification comme l’avenir de la presse (cf. Philippe Robinet, Serge Guérin, « Vers une contre-offensive : les paris de la diversification », dans La presse quotidienne, Paris, Flammarion, Dominos, 1999, p. 81-105 ; et L. Guéry, op. cit., p. 104).
  • [53]
    Avec la reprise de la cinquantaine de publications du groupe Normand Méaulle en janvier 2001.
  • [54]
    La Spir possède aussi des gratuits immobiliers, le premier opérateur de distribution de publicité privé (Adrexo) et deux imprimeries (site <http://www. spir.fr>, août 2007). Plusieurs articles mentionnent les méthodes « musclées » du groupe, sa politique sociale contestable et sa forte rentabilité (Libération, 5 février 1999).
  • [55]
    Voir « Les stratégies territoriales des entreprises de presse écrite en province », Sciences de la société, 48, 1999, p. 177-195 ; Patrick Le Floch, Économie de la presse quotidienne régionale : déterminants et conséquences de la concentration, Paris, L’Harmattan, 1997.
  • [56]
    Le chiffre d’affaires du groupe était de 1,12 milliard d’euros en 2007 (1,002 en 2005), avec un bénéfice de 1,7 million d’euros (33,8 en 2005).
  • [57]
    Voir par exemple G. Thomas, « Le phare Ouest », art. cité.
  • [58]
    Ce phénomène de concentration et de diversification se retrouve dans les autres grands groupes de presse régionaux, comme La Voix du Nord – filiale du groupe belge Rossel – qui a racheté Nord-Eclair, Nord Littoral et le Courrier Picard, dispose de seize hebdomadaires locaux, d’un gratuit (Lille Plus) et de deux télévisions locales. De même, le groupe Est-Bourgogne-Rhône-Alpes (EBRA), contrôlé par le Crédit mutuel, est devenu le premier groupe de PQR français, avec huit quotidiens régionaux (dont L’Est-Républicain, Les Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Progrès), trois titres de PHR, le gratuit Lyon Plus, des gratuits d’annonces, deux télévisions locales et des sociétés de production, trois maisons d’édition, une agence de communication…
  • [59]
    Sur les configurations de relations entre pouvoirs locaux et rédactions de la presse régionale, voir Cégolène Frisque, « La contribution des journalistes à la construction de l’espace politique local », Table ronde « La médiatisation du politique », 9e Congrès de l’Association française de science politique, Toulouse, 2007, <http://www.afsp.msh-paris.fr/congres2007/tablesrondes/textes/tr4sess1frisque2.pdf>.
  • [60]
    É. Marquis, op. cit.
  • [61]
    Le site du journal mentionnait, en 2002, 1 200 opérations de partenariat sur des événements locaux (<http://www.ouestfrance-visite.com>).
  • [62]
    Ses colonnes accordent une large place aux informations générales, avec une dizaine de pages en moyenne, structurées en sections Politique, Économique et social, Société, ainsi que Marine et Agriculture. Le journal est généralement reconnu comme « de qualité » et classé au centre droit.
  • [63]
    Cf. Denis Ruellan, Daniel Thierry, Journal local et réseaux informatiques. Travail coopératif, décentralisation et identité des journalistes, Paris, L’Harmattan, 1998.
  • [64]
    Une association des journalistes a été créée en mai 1994 autour d’un manifeste appelant à la défense des « valeurs » du journal et dénonçant la politique de la direction (partenariats, éditoriaux, autopromotion…). En 1996, constatant qu’elle n’était pas écoutée par la direction, l’association s’est sabordée, suscitant un sérieux retour de bâton. Un éphémère mouvement de protestation s’est élevé en 2002 autour du rachat de la Presse de l’Ouest.
  • [65]
    Le groupe Presse de l’Ouest totalisait environ 200 000 exemplaires en 2007, avec 700 salariés et 190 journalistes.
  • [66]
    Presse-Océan, le 13 janvier 2009.
  • [67]
    Les autres télévisions commerciales connaissent aussi souvent des difficultés financières, comme TLM à Lyon, lancée par Jet Services, reprise par la Socpresse via Le Progrès, déficitaire et en voie de reprise.
  • [68]
    Cf. les numéros « What is “Alternative” Journalism ? », Journalism, 4 (3), 2003 p. 267-392 ; et « Alternative Media », Media, Culture & Society, 25 (5), 2003 p. 579-693 ; Nick Couldry, James Curran (eds), Contesting Media Power. Alternative Media in a Networked World, Lanham, Rowman & Littlefield, 2003 ; Benjamin Ferron, « La presse alternative locale en France. Un espace de contestation des représentations et normes instituées du système de pouvoir local », mémoire de DEA, Rennes, IEP de Rennes, 2004.
  • [69]
    Cf. Alain Accardo et al., Journalistes précaires, Bordeaux, Le Mascaret, 1998.
  • [70]
    Autour de l’Acrimed notamment.
  • [71]
    Sur le caractère « structuré » de l’accès aux médias, cf. Jeremy Tunstall, Journalists at Work. Specialist Correspondants : Their News Organizations, News Sources, and Competitor Colleagues, Londres, Constable, 1971.
  • [72]
    Avec l’échec des tentatives électorales de ses adversaires de droite, leur marginalisation : échecs électoraux des non-villiéristes à la Roche-sur-Yon (Bernard Suaud, Stéphane Frimeaudeau…), perte du contrôle de la communauté de communes au bénéfice d’un proche de Philippe de Villiers (Philippe Darniche) avant de passer aux socialistes, perte de la mairie des Herbiers par Marcel Albert au profit de Véronique Besse en 2001, victoire des listes villiéristes au Poiré-sur-Vie, à Montaigu et à Fontenay-le Comte…
  • [73]
    À la veille de la publication de cet article, il a cependant annoncé sa démission du Conseil général, suite à divers problèmes personnels et à un conflit ouvert avec son dauphin, Bruno Retailleau (<Liberation.fr>, 30 septembre 2010). Comme souvent, la puissance tentaculaire s’est donc fracturée de l’intérieur.
  • [74]
    Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 1986.
  • [75]
    Cf. Jean-Clément Martin, Charles Suaud, Le Puy du Fou en Vendée. L’Histoire mise en scène, Paris, L’Harmattan, 1996.
  • [76]
    C’est donc tout un ensemble de mécanismes pratiques qui assure la prééminence de cette force politique en Vendée, s’exerçant à la fois sur la population et sur les divers acteurs locaux – sans qu’une explication par l’adhésion effective des uns et des autres ou par l’idée d’une « culture » qui se perpétuerait, identique à elle-même, ne soit nécessaire. Car l’existence de ces processus ne signifie pas qu’ils soient achevés, ni que leur réussite soit complète.
  • [77]
    Olivier Gautier, « Fabriquer une demande territoriale, les usages électoraux de l’action publique », colloque « Identifier, mesurer ou construire la “demande” des habitants », GSPE-PRISME/AFSP, 22-23 mars 2007.
  • [78]
    Voir Charles Suaud, « La force symbolique de l’État. La production politique d’une culture réfractaire en Vendée », Actes de la recherche en sciences sociales, 116-117, 1997, p. 3-23.
  • [79]
    Une liste écologiste et alternative a bousculé ce système aux élections de 2001, en dénonçant certaines dérives et en obtenant 14 % des voix et trois élus, avant de démissionner en 2004.
  • [80]
    Alain Garrigou, Jacques Le Bohec, Remi Lefebvre, Roger Martelli et al., Voter et se taire ? Monopoles politiques, influences médiatiques, Paris, Syllepse, 2008 (Documents de la Fondation Copernic).
  • [81]
    Frédéric Sawicki, Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997.
  • [82]
    Rémi Lefebvre, Frédéric Sawicki, La société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombe-en-Bauges, Les éditions du Croquant, 2006.
  • [83]
    Bernard Pudal, Un monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours, Bellecombe-en-Bauges, Les éditions du Croquant, 2009.
  • [84]
    Rémy Le Saout, François Madoré (dir.), Les effets de l’intercommunalité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004.
  • [85]
    En gros plan dans les photos et nommés dans les légendes, tandis que si le « public » apparaît, c’est alors comme une masse anonyme.
  • [86]
    La Lettre à Lulu comptabilisait ainsi le nombre de photographies des principaux présidents des exécutifs locaux publiées dans Ouest-France et Presse-Océan, soit plusieurs dizaines par mois pour certains.
  • [87]
    Jay Blumler, Michael Gurevitch, « Politicians and the Press : An Essay on Role Relationships », dans Dan Nimmo, Keith Sanders (eds), Handbook of Political Communication, Beverly Hills, Sage, 1981, p. 467-493. ; Pippa Norris (ed.), Politics and the Press. The News Media and Their Influences, Boulder, L. Rienner, 1997.
  • [88]
    Herbert J. Gans, Deciding what’s News. A Study of CBS Evening News, NBC Nightly News, Newsweek, and Times, New York, Pantheon Books, 1979, chap. 2.
  • [89]
    Gaye Tuchman, Making News. A Study in the Construction of Reality, New York, The Free Press-Macmillan, 1978, chap. 8 et 10.
  • [90]
    Richard Ericson et al., Visualizing Deviance. A Study of News Organization, Toronto, University of Toronto Press, 1987.
  • [91]
    Jérôme Bourdon, Introduction aux médias, Paris, Montchrestien, 2e éd., 2000, p. 42 et suiv.
  • [92]
    Voir respectivement, François-Henri De Virieu, La médiacratie, Paris, Flammarion, 1990 ; et Alain Woodrow, Les médias : quatrième pouvoir ou cinquième colonne ?, Paris, Éditions du Félin, 1996.
  • [93]
    Cf. Y. Roucaute, op. cit. ; et Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, Paris, Liber/Raisons d’agir, 1997.
  • [94]
    Patrick Champagne, Dominique Marchetti (coord.), « Le journalisme et l’économie », Actes de la recherche en sciences sociales, 131-132, mars 2000.
  • [95]
    Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1996 ; P. Champagne, Faire l’opinion…, op. cit.
  • [96]
    François Archambault, Jean-François Lemoine, Quatre milliards de journaux : la presse de province, Paris, A. Moreau, 1977 ; Jean Tibi, Un journalisme provincial, Saint-Étienne, CIEREC, 1975.
  • [97]
    Michel Mathien, La presse quotidienne régionale, Paris, PUF, 2e éd., 1986.
  • [98]
    Henri de Grandmaison, La province trahie, Les Sables-d’Olonne, Le Cercle d’or, 1975.
  • [99]
    Alain Besson, La presse locale en liberté surveillée : diagnostic et propositions pour les journaux de province, Paris, Éditions ouvrières, 1977.
  • [100]
    Cf. Olivier Roubieu, « Le journalisme et le pouvoir local », Actes de la recherche en sciences sociales, 101-102, mars 1994, p. 85-87.
  • [101]
    Jacques Le Bohec, « Le “rôle démocratique” de la presse locale à travers l’étude des rapports entre élus municipaux et localiers », doctorat de science politique, Rennes, Université Rennes I, 1996 ; Les rapports Presse-Politique. Mise au point d’une typologie idéale, Paris, L’Harmattan, 1997.
  • [102]
    Voir Jacques Gerstlé (dir.), Les effets d’information en politique, Paris, L’Harmattan, 2001 ; Grégory Derville, Le pouvoir des médias. Mythes et réalités, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997 ; Rémy Rieffel, Sociologie des médias, Paris, Ellipses, 2001, chap. 1 et 2 ; Erik Neveu, Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2001, chap. 5.
  • [103]
    J. Tunstall, Journalists at Work…, op. cit. ; Stanley Cohen, Jock Young (eds), The Manufacture of News. Social Problems, Deviance and the Mass Media, Londres/Beverly Hills, Constable/Sage, 1981 (1re éd. : 1973).
  • [104]
    Alain Mons, « Scène municipale et presse locale », dans La métaphore sociale. Image, territoire, communication, Paris, PUF, 1992, p. 53.
  • [105]
    Thomas Ferenczi, L’invention du journalisme en France. Naissance de la presse moderne à la fin du 19e siècle, Paris, Plon, 1993.
  • [106]
    Denis Ruellan, Le professionnalisme du flou. Identités et savoir-faire des journalistes français, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993.4. Julien Duval, Critique de la raison journalistique. Les transformations de la presse économique en France, Paris, Seuil/Liber, 2003.
  • [107]
    Christophe Charle, Le siècle de la presse : 1830-1939, Paris, Seuil, 2004.
  • [108]
    Version remaniée de la communication « Diversification des méthodes et outils de communication locaux et dualisation tendancielle de l’espace politique local », Journée d’étude de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne, 21 septembre 2007 : « Des discours aux effets de la communication en démocratie : Pratiques et enjeux du politique ».
  • [109]
    Cf. le numéro spécial « Le journalisme et l’économie », op. cit.
  • [110]
    Patrice Flichy, Les industries de l’imaginaire, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1980 ; Bernard Miège, La société conquise par la communication, t. 2 : La communication entre l’industrie et l’espace public, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997…
  • [111]
    Voir par exemple Nicolas Hubé, Décrocher la Une. Le choix des titres de première page de la presse quotidienne en France et en Allemagne (1945-2005), Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2008 (chap. 2 et 5) ; Julie Sedel, Les médias et la banlieue, Paris, Le bord de l’eau/INA, 2009, chap. 3…
  • [112]
    Malgré la tendance à reproduire les hiérarchies médiatiques et sociales plaçant Paris au sommet, universalisant son influence et dévalorisant « les régions », la PQR mérite ainsi sûrement davantage d’intérêt académique, du fait de ses tirages importants et de son audience massive, constituant une source d’information locale privilégiée, voire unique pour de nombreux lecteurs, les secteurs dominés de l’espace social – ici la presse – pouvant en outre fournir un accès privilégié à ses logiques structurantes.
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