Nicos Nicolaïdis avait évoqué le rôle de « scribe » du psychanalyste ; je proposerai quant à moi une autre fonction : celle de négocier et de jouer avec les rêves dans les cures de patients somatisants.
Le Traité d’Aristote que la tradition nous a transmis sous le titre De la divination dans le sommeil (mantiké) concerne de fait ce que nous appellerions aujourd’hui une science des rêves.
L’helléniste J. Pigeaud en a d’ailleurs proposé pour traduction La vérité des songes :
« Il n’est rien de si désordonné, de si déréglé, de si monstrueux, qui ne se puisse présenter à nous dans les rêves. » Les rêves assiègent les mortels sans qu’ils y puissent rien. C’est une expérience commune, commune à tous les hommes ; commune, aussi, à l’animalité. La faim, la soif sont aussi des expériences communes, et qui impliquent, en ce qui concerne l’humanité du moins, le destin culturel. Mais le rêve a ceci de plus d’être une expérience qui engage, en quelque façon, la connaissance ; disons : une forme de la connaissance.
Les rêves sont-ils porteurs de savoir ; et, le cas échéant, de quel savoir ? Nous disent-ils quelque chose ? À qui le disent-ils ? Comment le disent-ils ? Nous renseignent-ils sur l’avenir, sont-ils prophétiques ? Et alors, d’où viennent-ils ? Ne serait-ce pas des dieux ?
Aristote écarte l’idée d’une origine divine du rêve car tout homme rêve. Il paraît donc absurde que n’importe qui devienne dans son sommeil le messager des dieux.
L’origine du rêve est donc interne à son siège, l’Être humain…
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