Notes
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[1]
Un tel cas précocité a fait l’objet d’une discussion passionnante à laquelle ont participé Léon Kreisler, Michel Soulé, Michel Fain et Denise Braunschweig (Revue française de psychosomatique, n° 9, 1996, Puf).
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[2]
Pour P. Marty, c’est une fixation archaïque à une indistinction fusionnelle – dont il n’exclut pas qu’elle ait des bases biologiques - qui détermine précocement le sujet à ne pas reconnaître l’existence de l’autre en tant que tel. Deux types de régression se font sur la fixation allergique : la relation d’objet allergique, et lorsque celle-ci est insuffisante à maintenir l’aconflictualité, la crise de somatisation allergique. Ces régressions sont limitées et permettent de franchir un obstacle en évitant probablement une régression plus globale de la personnalité.
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[3]
La perception d’un visage qui ne correspond pas aux traces mnésiques de celui de la mère (le « non-mère » selon C. Le Guen) vient signifier la perte de l’objet. Cet objet distinct se constitue donc au moment où il est pensé perdu par un moi rudimentaire qui s’en différencie dans le même mouvement. L’angoisse de l’étranger suppose donc déjà une première triangulation entre l’enfant, sa mère et l’étranger, comme le souligne C. Le Guen dans sa conception de l’Œdipe originaire.
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[4]
Ceci pour affirmer qu’on n’est pas une femme, d’autant plus que les désirs de passivité et de féminité réprimés en font douter. M. Fain a développé cette conception dans son étude sur « Les rouleurs de mécanique ».
1Tel que l’a décrit F. Alexander, un homme d’affaires qui faisait des poussées d’hypertension artérielle « se disait modeste, effacé, poli, ne se mettant jamais en avant ». En réalité il était ambitieux, mais son désir de surpasser ses concurrents s’était limité à des fantasmes. « Cette attitude, apparemment effacée, complaisante, a été particulièrement soulignée dans ses relations avec son employeur, auquel il ne pouvait s’opposer » (Alexander, 1952).
2C’est sur cette difficulté à s’opposer à l’autre, à pouvoir dire « non », souvent relevée dans les descriptions cliniques de patients qui ont tendance à somatiser, que je vais me centrer.
3Si, en guise de préambule, j’ai cité ce cas d’adulte, c’est pour indiquer que même si ma réflexion porte sur la psychosomatique de l’enfant, la question que je vais traiter se pose à tous les âges de la vie.
4La conquête de la négation permet d’enrichir considérablement les relations objectales. Dans les premiers temps, les pulsions ne peuvent se décharger dans la relation objectale que par une action musculaire directe. Avec la constitution d’une capacité de jugement, la possibilité de dire « oui » ou « non », l’enfant trouve une autre voie que le combat ou la fuite : c’est celle de la discussion et de la négociation. L’emploi du non pour marquer son opposition à l’objet, pour contrer l’autre, est une étape cruciale de l’organisation de son psychisme et de la constitution des relations sociales.
5L’idée qu’un enfant qui ne peut pas communiquer son refus de quelque chose à quelqu’un serait amené à le faire par d’autres voies engageant le corps est très répandue.
6Toutefois, comme il y a des phénomènes corporels très différents qui peuvent être considérés comme des réponses du corps venant « en lieu et place du non », je précise que je ne vais pas traiter de ce qui peut se comprendre comme un langage du corps. Celui-ci existe à travers des conversions hystériques ayant un sens symbolique. Mon propos ne concernera pas ce corps érotique, mais le corps qui peut tomber malade somatiquement.
7J’ai reçu en consultation un petit garçon de 19 mois qui avait souvent des comportements de refus, et dont les parents étaient paniqués par les troubles somatiques très impressionnants qu’il présentait, précisément à chaque fois qu’on lui disait « non ». Il faisait alors des spasmes du sanglot avec des pertes de conscience brutales qui ont fait craindre à plusieurs reprises un malaise de type « mort subite ». Il pouvait tomber dans cet état, non seulement lorsqu’on le contrariait, mais aussi lorsqu’il chutait ou se cognait. Cet enfant avait, par ailleurs, des crises d’asthme sévères, un refus de manger de type anorexique, des troubles du sommeil, et une hyperactivité très importante. Pendant la consultation, il s’est comporté comme un explorateur touche-à-tout, un peu casse-cou, un déménageur infatigable, ne supportant aucune restriction ou interdiction, passant outre, obligeant ainsi ses parents à lui dire « non » très souvent. Ces « non » proférés par les parents ont occupé une bonne partie de la consultation, jusqu’à ce qu’une de leurs interdictions finissent par déclencher une crise inouïe de rage, avec des hurlements et des pleurs, qui n’a pas été interrompue, cette fois, par le spasme et la perte de connaissance que les parents s’attendaient à voir survenir.
8Je me propose de revenir de façon plus détaillée sur ces refus exprimés violemment par et à travers le corps par des enfants qui n’ont pas les moyens psychiques d’utiliser la négation.
Négation et mentalisation
9Les psychanalystes psychosomaticiens considèrent que le fonctionnement mental, dont la négation est un rouage essentiel, joue un rôle protecteur pour le soma. Selon les conceptions issues de l’expérience qu’ils ont acquise dans les cures d’adultes et d’enfants, si la voie psychique est insuffisante pour écouler les excitations psychiques en excès, le risque de désorganisation somatique augmente. C’est la raison pour laquelle ils sont très prudents avec les patients somatiques qui utilisent la négation, pour ne pas priver ceux-ci d’un système défensif psychique qui est peut-être une dernière digue. Le psychanalyste préférera alors ne pas contredire un patient qui lui dit, par exemple, « cette femme, dans le rêve, ce n’est pas ma mère ». Il respectera cette négation, au moins pendant un certain temps.
10La négation est un phénomène essentiel à la connaissance intellectuelle et aux capacités d’abstraction. Elle en est un fondement indispensable. La présence d’une capacité à l’utiliser, chez un enfant, donne une indication importante sur la fonctionnalité du refoulement en tant que système défensif.
11Pour Freud, en effet, « Le jugement de condamnation est le substitut intellectuel du refoulement », « un signe de marquage de celui-ci […] comparable au « made in Germany ». Au moyen du symbole de la négation, la pensée se libère des limitations du refoulement et s’enrichit de contenus dont elle ne peut se passer pour son fonctionnement » (Freud, 1925, 1992, p. 168).
12Lorsque l’enfant emploie le signe de tête « non », après 15 mois, il est arrivé à un jugement et l’exprime. Ce jugement porte tant sur ses rapports avec le monde extérieur que vis-à-vis de lui-même, ce qui conduit à une « objectivation progressive de ses processus mentaux », selon la formulation de Spitz. Il a acquis la faculté d’accomplir l’opération mentale de la négation et de pouvoir former un concept abstrait qui sous-tend celle-ci.
13Du point de vue de l’organisation psychique, l’utilisation de la négation suppose qu’un retournement de la passivité en activité s’est accompli, ainsi qu’un refoulement, tandis que, comme l’a souligné Spitz, « une voie nouvelle de décharge de l’agression a été créée » (R. Spitz, 1962, p. 41).
14Lorsqu’il a accès à la négation, l’enfant accroît ses capacités de relations objectales, et surtout, il n’a plus besoin de résister physiquement aux situations de déplaisir. Il peut exprimer son refus sans avoir recours à l’action ni recours au corps.
15Le psychanalyste psychosomaticien d’enfants rencontre une grande variété de désordres physiques en rapport avec un refus engageant le corps, alors que la capacité d’utiliser la négation à un niveau psychique s’avère insuffisante ou défaillante. Une part de la pathologie psychosomatique du jeune âge peut se comprendre sous cet angle, comme le montre le cas du petit garçon que j’ai cité.
Le spasme du sanglot
16Le spasme du sanglot qu’il présente est un phénomène syncopal succédant à une apnée. Il apparaît le plus souvent entre 6 mois et 18 mois. Chez lui, il est apparu dans les premières semaines de vie [1].
17Dans sa description classique, le spasme du sanglot est une perte de conscience qui survient « à l’occasion d’une contrariété, d’une réprimande, d’un refus qui provoquent la colère, d’une douleur ». L’enfant se met à sangloter et la perte de conscience interrompt ses sanglots. Lorsqu’il se réveille, il semble avoir oublié le motif de la contrariété déclenchante. Ces crises se reproduisent lors de contrariétés analogues, souvent spécifiques pour un même enfant.
18Comme le note L. Kreisler, « les crises s’aggravent en fréquence en même temps que grandit l’inquiétude dans la famille ; elle en arrive à ne plus oser contrarier l’enfant et à abdiquer toute autorité » (Kreisler, 1996).
19Le spasme du sanglot, en tant que réponse somatique, semble survenir parce que fait défaut une réponse psychique comme l’expression d’un désaccord sous forme verbale ou par le geste « non », même après 15 mois, âge d’apparition habituelle de cette capacité d’expression. Quant à la diminution de fréquence ou la disparition des spasmes du sanglot après 18 mois ou 2 ans, je pense qu’elle est parallèle à l’acquisition de meilleures possibilités d’exprimer la négation.
20C’est sans doute le mécanisme de refoulement, préalable nécessaire à la négation, qui est, ici, défaillant. Chez l’enfant qui fait un spasme du sanglot, la perception qui déclenche la contrariété en interrompant une activité ludique n’arrive pas à disparaître du champ de la conscience par un refoulement dans l’inconscient. À défaut d’une réaction comportant refoulement et éventuellement négation, c’est en se précipitant lui-même dans l’inconscience que l’enfant fait disparaître la contrariété dérangeante.
21La chute dans l’inconscience est un acte, un acting somatique, qui constitue, pour l’enfant qui y a recours, une modalité d’interruption et d’élimination radicale du champ de la perception de la situation de tension traumatisante vécue avec la mère ou l’entourage, et une élimination radicale de l’affect de déplaisir douloureux ressenti.
La relation d’objet allergique
22Ce petit garçon avait aussi de fréquentes crises d’asthme. Dans la consultation, il n’a pas été établi de rapport entre celles-ci et l’intolérance au « non » doublée d’une incapacité à dire « non ». Mais dans d’autres cas, la clinique apporte des arguments pour établir un tel rapport.
23On sait que certains enfants asthmatiques ou atteints d’eczéma peuvent développer une façon d’être qui les soustrait à la contrariété et au déplaisir que provoquent les conflits intrapsychiques. Dans la relation d’objet allergique décrite par P. Marty (Marty, 1958), le moyen utilisé, dans ce but, consiste à se confondre avec l’autre, être lui, ne pas se distinguer de lui, et maintenir ainsi une relation totalement aconflictuelle avec lui [2].
24Par rapport à l’expression du « non », l’allergique-type au sens de P. Marty est dans un tout ou rien. Il n’entre pas en conflit, donc ne dit pas « non », en ce sens qu’il développe une telle harmonie dans la relation, se confond tellement avec l’autre, que la question d’une divergence ne se pose même pas. Il aménage une relation avec un objet « hôte » qui devient comme la mère d’une dyade indifférenciée des tout premiers temps. Il lui est particulièrement fidèle mais, lorsque cette relation s’interrompt, il y substitue instantanément une autre du même type avec quelqu’un d’autre.
25Cependant, lorsque son interlocuteur a des caractéristiques qui s’écartent trop de celles de cette mère de la dyade et qu’il ne peut plus maintenir l’illusion d’être fusionné avec lui, il se montre inapte à lui dire « Non » et à supporter le conflit. Il risque alors de faire une crise de sa somatisation allergique. Parfois, simplement une crise de rage. Son fonctionnement « en crises » a les caractéristiques d’un rejet physique hors du corps, d’une excorporation, non d’une négation exprimée dans une relation objectale dirigée par le psychisme.
26Il y a une parenté clinique évidente entre les caractéristiques du bébé atteint d’eczéma, selon Spitz, et celles de l’adulte ayant une relation d’objet allergique, selon P. Marty, et une complémentarité des conceptions théoriques de ces auteurs.
27René Spitz a relevé, chez des bébés atteints d’eczéma, le fait que l’angoisse devant le visage de l’étranger, qu’il appelait angoisse du 8ème mois (2è point organisateur), était fréquemment absente.
28Dans ce cas, l’enfant continue à avoir une relation d’une égale familiarité avec tous, comme si son fonctionnement psychique se poursuivait selon les modalités de la phase précédente, « le sourire à tout visage », qui apparaît au 3è mois (1er point organisateur).
29Lorsqu’un bébé, au second semestre de vie, manifeste son angoisse en refusant l’approche d’un étranger, peut-on dire pour autant qu’il est déjà en train de manifester une négation ?
30Spitz ne le croit pas et n’y voit qu’une manifestation de déplaisir, associée à un retrait. « Il a certainement, écrit-il, la signification d’un refus, mais est loin d’avoir acquis la dignité du signe de tête « non ». Au moyen de ce dernier, l’enfant manifeste son identification à l’interdiction de l’adulte, ce qui constitue une performance d’abstraction » (Spitz, 1962, p. 42).
31Il me semble que le refus en deçà de la négation se retrouve dans des conduites et / ou des traits de caractère utilisés pour écarter les excitations psychiques en excès lorsque la voie mentale est obstruée. Cette voie comportementale de refus semble répéter des réactions qu’on voit déjà chez des bébés frustrés et insatisfaits, engageant fortement le corps dans une agitation motrice, des cris, voire un trouble somatique.
32La réaction d’angoisse devant le visage de l’étranger n’est pas seulement la manifestation de déplaisir dont parle Spitz, mais aussi une première peur phobique témoignant qu’un refoulement originaire a eu lieu [3]. C’est elle qui joue le rôle du contre-investissement permettant de maintenir refoulée dans l’inconscient la pensée insupportable de l’absence de la mère (Le Guen, 1974).
33Or, ce refoulement échoue chez l’allergique-type qui, par la suite, va plutôt nier l’altérité que s’opposer à l’autre et effectuer une négation. S’il pratique refus, retrait et évitement, il ne fait pas appel à une identification utilisant le retournement de l’activité en passivité.
34Chez l’allergique, on peut considérer la tendance à nier l’altérité, à nier tout conflit, à nier toute séparation avec l’objet comme une tendance à nier d’avoir à dire « non ». Sa chronicisation témoigne d’une grave déficience des systèmes de défenses mentales qui paraissent ne pouvoir assimiler qu’une faible quantité de libido et d’agressivité, avant que ne soit atteint un seuil au-delà duquel c’est la crise somatique allergique qui survient.
L’anorexie du bébé
35Le petit garçon de 19 mois intolérant au « non » refusait également de manger. Si le trouble de sa conduite alimentaire inquiétait moins que ses spasmes du sanglot, il constituait sans doute un autre moyen d’exprimer son opposition. Dans d’autres cas, chez les bébés franchement anorexiques, le rejet engageant le corps passe par un refus de nourriture qui peut aller jusqu’à faire peser une menace vitale.
36L’anorexie précoce du bébé est une conduite de refus de s’alimenter qui se présente le plus souvent comme un trouble réactionnel à un événement concernant la nutrition : sevrage, introduction de l’alimentation diversifiée, rations excessives, horaire inopportun ou autre incident. Selon L. Kreisler, « quel que soit le prétexte initial, le refus a été attaqué de front et tout se passe comme s’il s’établissait un système de réactions réciproques entre la mère, fixée dans son attitude de contrainte, et l’enfant dans celle de l’opposition » (Kreisler, Fain, Soulé, 1974).
37Ces conduites de refus s’installent généralement autour du 1er semestre de vie, dans une période qui est celle de la constitution de la relation d’objet. Dans les formes sévères résistantes aux traitements et qui se prolongent, les enfants se comportent comme si la faim n’existait pas. Des comportements d’opposition et une tendance aux crises de colères sont fréquemment associés.
38Dans certains cas, l’enfant semble préférer le plaisir que lui donne l’opposition à celui que lui procure l’alimentation. La clinique me fait penser que le refus de la passivité est une composante importante de ce trouble. Des anorexies simples s’améliorent et disparaissent lorsque l’enfant arrive à s’alimenter seul, ayant transformé, parfois dans une certaine urgence, une nutrition subie passivement en activité autonome. Il n’est pas rare, d’ailleurs, qu’un bébé anorexique développe prématurément des capacités motrices fines et de coordination lui permettant de se nourrir tout seul, en cherchant à se passer de sa mère ou de ses substituts (Szwec, 2002).
39À un âge où il n’a pas encore la possibilité d’utiliser la négation, le bébé anorexique déplace sur les conduites alimentaires ce premier conflit psychique que signale l’apparition de l’angoisse du visage de l’étranger. M. Fain a souligné l’entrave à la mentalisation que constitue ce déplacement (Kreisler, Fain, Soulé, 1974). Le bébé anorexique ne parvient pas à détacher ses affects agressifs de sa mère en les projetant sur le visage d’un étranger. La projection s’arrête en chemin, sur l’aliment qui reste confondu avec la mère. Ce sont des représentations en rapport avec la relation avec elle qui sont excorporées, comme s’il s’agissait de lutter contre la menace d’intérioriser un mauvais objet équivalant à une intoxication. Ce rejet vise à rétablir une distance avec une mère qui, n’apportant pas la satisfaction alimentaire, est vécue comme la source d’une excitation désorganisante.
40La défusion du visage de la mère et de celui de l’étranger ne s’étant pas faite, en refusant d’incorporer, le bébé anorexique tente de se défendre contre l’introjection de l’image de l’étranger. Sa conduite de refus, bien en deçà d’une négation, est une conduite déviante, constituée sous la menace d’une tension d’excitation insupportable qui s’oppose à tout un registre représentationnel concernant une relation mère-enfant dans laquelle une mère active nourrit un enfant passif. C’est en cela que, contrairement à ce qui se passe dans le processus psychique de l’angoisse phobique devant le visage de l’étranger, ce comportement de refus d’incorporer s’oppose à la mentalisation.
Les bébés non câlins
41Ce petit garçon intolérant au non n’a pas cessé, pendant toute la consultation, de montrer un besoin d’activités motrices incessantes. Il a suscité ainsi de multiples interdictions, mais a continué à toucher à tout, jusqu’à ce qu’une interdiction de trop pour lui, déclenche la crise de rage. Je ne pense pas qu’il recherche particulièrement le rapport de force ou une relation sadomasochiste. Par son comportement hyperactif, il vise plutôt l’éradication d’une forme de relation où il devrait subir passivement. En effet, bien qu’il ait porté et déménagé tout ce qu’il pouvait dans le bureau, pas une seule fois, il n’est allé se reposer sur les genoux de sa mère. Contrairement à d’autres enfants du même âge lorsqu’ils sont fatigués, il ne va jamais régresser dans le giron maternel en suçant son pouce et en rêvassant.
42Il n’est pas seulement intolérant au non, sa conduite agit le refus permanent d’un certain type de lien à l’objet. Il a été un bébé non-câlin (Szwec, 1998). Il se dégage si sa mère le prend dans ses bras, et il y a une constante dans son attitude : il refuse d’être passif dans la relation à elle, que ce soit lorsqu’elle le baigne, le change, le nourrit, le porte ou l’endort. Il semble vivre l’objet « mère active », comme la source de l’excitation qu’il ressent. Il utilise la motricité pour s’en tenir à l’écart, ce qu’il fait moins avec le père.
43En se privant de la passivité en tant que position pulsionnelle, son développement psychique ne peut se poursuivre que de façon bancale. La liaison des pulsions et la constitution d’un masochisme gardien de la vie sont compromises et, comme on le sait, les tendances destructrices non neutralisées sur place sous forme de masochisme primaire cherchent leur voie dans la décharge motrice.
44Cet enfant tente de faire taire l’excitation psychique qui le submerge, par le recours à une autre excitation, fournie par l’agitation motrice, parfois associée à la répétition d’une perception sensorielle. Ce procédé autocalmant est voué à l’échec et ne fournit qu’un simple dérivatif à la pensée représentative, en particulier, à la pensée du lien à l’objet qu’il s’agit de maintenir défait (Szwec, 1998).
45En cherchant à supprimer la pensée d’une relation avec l’objet, cette conduite rend la négation hors de propos. Comme l’a très bien montré René Spitz, l’enfant de plus de 15 mois chez qui apparaît le signe de tête « Non », utilise un signal destiné à un objet. Son geste a une signification de refus de quelque chose à quelqu’un. Il est un signal intentionnel, destiné à communiquer ce refus à une autre personne. Il est l’une des contributions les plus importantes de l’enfant à la formation des relations objectales.
46L’agitation autocalmante, en revanche, n’a pas une visée de communication de quelque chose à quelqu’un. D’ailleurs, elle n’a aucune valeur érotique, pas même d’ordre masochiste. Elle se substitue aux activités auto-érotiques classiques qui sont ou absentes, ou insuffisamment développées.
47La régression comportementale, lorsqu’elle se substitue à la régression mentale, est un retour à un fonctionnement remontant à un stade indifférencié, en deçà de l’objectalisation et au-delà du principe de plaisir.
48Contrairement à la négation qui a la valeur d’une action dirigée par le psychisme, elle n’est pas dirigée par le psychisme, mais contre le psychisme, contre la pensée.
Refus de la passivité et escalade virile
49Après l’apprentissage de la marche et le fait qu’il devienne de plus en plus autonome, l’enfant s’entend dire « non », par l’adulte de plus en plus souvent. Il reçoit de plus en plus d’ordres et d’interdictions et vit des expériences dont la répétition tend à inscrire une trace mnésique durable du geste et du mot « non ». Il y attache une représentation ayant un sens pour son entourage en développant dans un but défensif une identification avec l’adulte interdicteur. Celle-ci constitue un préliminaire au développement du Surmoi qui sera chargé, ultérieurement, de ce rôle.
50Cependant, chaque interdiction, par le geste, la parole ou les deux, provoque une frustration, l’interruption d’une activité. Spitz considère à juste titre qu’« en interrompant l’activité de l’enfant, les interdictions l’invitent à retourner à la passivité ». Il y voit aussi une régression en direction de l’organisation narcissique du moi, qui s’oppose au mouvement de progression du stade narcissique aux relations objectales propres à cet âge. L’enfant n’acceptera pas facilement de se sentir contraint à retourner à la passivité. L’intégration de celle-ci suppose qu’elle ne constitue pas une menace trop grande. Cela dépend des messages intériorisés au contact de la mère dans les premières relations, étant entendu que ceux-ci sont marqués par les conflits psychiques entre la maternité et d’autres investissements, en particulier le partenaire sexuel. Dans cette situation triangulée, l’intériorisation des interdictions a une valeur structurante lorsqu’elle permet à l’enfant de se construire psychiquement autour d’un message maternel de menace de castration par le père.
51« Si tu continues, je vais en parler à ton père »
52Le message permet aux identifications bisexuelles de se déployer, mais pas si la passivité, et par conséquent la féminité qui lui est associée, est refusée. La menace de castration est alors écartée par une névrose de caractère centrée sur un narcissisme phallique qui peut donner lieu à l’adolescence, à une escalade virile (Fain, 1990) [4].
La répression
53Les différentes formes d’expression somatique dont il vient d’être question à propos du jeune garçon de 19 mois intolérant au non évoquent un refus qui passe par un corps qui résiste physiquement aux situations de déplaisir. Elles vont de pair avec une restriction des relations objectales.
54D’une façon générale, si le refoulement est insuffisant, d’autres mécanismes sont utilisés pour lutter contre le déplaisir et la souffrance provoqués par les conflits et les contrariétés.
55L’un de ceux-ci, la répression, mérite une attention particulière.
56Alors que le refoulement est envisagé par Freud, comme une caractéristique de l’organisation névrotique, c’est à la névrose d’angoisse et aux névroses actuelles qu’il rapporte la répression.
57Celle-ci, lorsque les capacités de liaison de l’excitation sont débordées, vise à couper les chaînes représentatives et à empêcher l’excitation de se lier.
58C. Parat a rappelé que « l’effort qu’effectue la répression porte spécialement sur la désarticulation entre représentation et affect, car ce qui est redouté, parce que douloureux, c’est l’affect lié à certaines représentations » (Parat, 1995).
59Par la répression, la représentation dérangeante n’est pas refoulée dans l’inconscient, mais maintenue neutralisée au niveau du préconscient. L’affect, lui, est inhibé et subit une stase qui accroît la tension d’excitation ne se déchargeant que dans un accès d’angoisse diffuse, une détresse, ou dans les voies somatiques.
60La répression des pensées, comme le spasme du sanglot, vise au gel, à l’effacement de l’affect. Toutefois, le spasme du sanglot va plus loin que la neutralisation consciente ou préconsciente des pensées, en utilisant aussi la perte de conscience qui résulte de l’anoxie cérébrale pour parvenir à ses fins.
61La répression fait partie du processus qui conduit aux céphalalgies, comme P. Marty l’a montré chez des adultes (Marty, 1951). Les psychothérapies d’enfants et d’adolescents ayant des céphalées ont montré, elles aussi, les efforts faits par ces jeunes patients pour chasser et étouffer des pensées sexuelles ou agressives et coléreuses.
62Selon les premiers travaux de Freud, la répression des désirs sexuels pour des raisons conscientes, qu’elles soient morales, religieuses ou conjugales, provoque une insatisfaction orgastique dont résulte une névrose d’angoisse. La répression semble aboutir à l’extinction de la pulsion, du besoin. Il y a une utilisation anormale de l’excitation sexuelle somatique et un empêchement de l’élaboration psychique de celle-ci, dont résultent des somatisations.
63Dans la logique de la dernière théorie freudienne des pulsions, la répression des pulsions agressives qui ont pu être libérées par la désintrication des pulsions sexuelles doit être envisagée sous le même angle.
La névrose d’enfant sage
64L’enfant qui réprime ses pulsions sexuelles et ses pulsions agressives est un enfant parfaitement sage.
65Plus la force de la répression est forte, et plus cet enfant sera sage, réussissant de cette façon à renforcer le mécanisme de refoulement, au point de ne plus comporter de rejetons susceptibles de faire retour. Selon Sami-Ali, la conséquence d’une telle réussite du refoulement par la force de la répression est un renforcement des traits caractériels à type d’inhibition.
66C’est, en effet, des traits de caractère et non des symptômes névrotiques classiques qu’il constitue dans la « névrose d’enfant sage », par la répression intense de ses désirs et son agressivité.
67Chez l’enfant sage, la morale personnelle, reflétant généralement la morale familiale, est un moteur de la répression. C’est elle qui permet, par exemple, d’écraser une pensée agressive ou coléreuse pour le rival œdipien tout en maintenant avec lui une relation tendre.
68Lorsqu’une excitation d’origine externe ou interne, pulsionnelle, dépasse un certain seuil, elle risque de provoquer un état traumatique par le débordement d’un pare-excitations interne. La solidité de celui-ci dépend de ce qui a été intériorisé de la fonction maternelle. C’est la mère qui joue le rôle de force refoulante pour l’enfant dans les premiers temps, et qui lui permet de mettre en œuvre le refoulement pour éviter les débordements traumatiques. C’est aussi elle qui véhicule des incitations à la répression très précocement, dans le même but anti-traumatique. Lorsque la mère dit « non » à l’enfant, elle favorise, d’une façon qui varie avec les caractéristiques de sa personnalité, le refoulement et / ou la répression. C’est aussi ce qui se passe très tôt dans la relation de l’enfant avec le reste de son entourage : le père, les nourrices, le personnel des crèches, etc.
69La survalorisation de la répression au détriment du refoulement dans les messages transmis à l’enfant va favoriser une névrose de l’enfant sage que, personnellement, je considère comme une préforme de névrose de caractère. La répression, lorsqu’elle devient un mode habituel de défense, s’accompagne d’une idéalisation intense et interdit toute forme de régression. L’enfant trop sage partage avec l’enfant hyperactif ou le bébé non-câlin ce refus de la régression. Ils ont en commun de ne pas refouler ce qui les fait souffrir, mais de le maintenir à l’écart, sans céder à l’émotion, sur un mode extrêmement déterminé.
70Pour se libérer de ses désirs et besoins pulsionnels, l’enfant trop sage, chez qui prévaut la répression, utilise celle-ci, quasi consciemment, pour désaffectiver et neutraliser toute représentation, toute pensée. Il dit volontiers qu’il cherche à « faire le vide dans sa tête ». Il se vide de ses souvenirs et de ses projets, ne vit qu’au présent, dans une réalité concrète, opératoire, et parfois dans une sorte de pilotage automatique mental où prédomine la répétition.
71L’enfant trop sage vit en se référant à une idéal terriblement exigeant, difficilement atteignable, et affaiblit ainsi ses assises narcissiques.
72La répression appauvrit l’activité mentale en écrasant l’activité mentale inconsciente. De ce fait, l’enfant assagi par des efforts constants de répression, présente fréquemment des somatisations lourdes ou légères. À ce propos, je partage l’hypothèse de C. Parat que le refoulement de la représentation aurait pour conséquence le renforcement des traits de caractère, et l’inhibition de l’affect, les troubles somatiques.
73Dès le début de la vie, l’enfant est soumis à la répression exercée par ses parents sur ses pulsions. « Notre civilisation est construite sur la répression des pulsions » a écrit Freud.
74Les messages d’interdiction passent par de multiples canaux : les expressions du visage, la parole… Ils freinent et stoppent les poussées pulsionnelles de l’enfant. Celui-ci réagit par des colères, des refus plus ou moins importants, puis, lorsqu’il y a accès, par des moyens plus psychiques comme la négation qui suppose une certaine identification à l’adulte interdicteur.
75Les messages éducatifs comportent inévitablement une part de conditionnement et de dressage qui sont plus visibles au moment de l’éducation sphinctérienne. Mais en fait, dès les premières relations avec le bébé, le rythme de celui-ci est confronté au rythme de la mère et à la façon dont elle s’adapte à ses particularités. Les réponses qu’elle donne aux frustrations, les expériences de satisfaction des besoins, créent les conditions d’une satisfaction hallucinatoire du désir et contribuent de façon décisive à la constitution de la vie psychique de l’enfant. C’est le fonctionnement psychique des parents et notamment maternel, dans les soins donnés à l’enfant, qui constitue la force qui favorise les premiers refoulements, mais aussi la répression. La mère obéit ainsi à ses propres principes éducatifs édictés par son surmoi et son idéal du moi.
76La répression exercée par l’éducation, lorsqu’elle est excessive en cherchant à briser toute opposition, en rapport avec un surmoi parental trop sévère et trop exigeant, impose à l’enfant des restrictions et limitations excessives. Ce peut être dans les domaines de la motricité, de l’agressivité, du langage, de la sexualité et en particulier du développement des activités auto-érotiques.
77Elles contraignent l’enfant à s’y plier. Comme l’a souligné C. Parat, l’effet est comparable à celui d’un Idéal du Moi qui assigne à l’enfant des obligations hors de portée, et « la honte devant l’échec entraîne à développer des mécanismes dommageables ».
78La répression est imposée aussi par les autres adultes chargés de l’éducation et considérés par l’enfant comme des modèles : assistantes maternelles, enseignants, etc… S’ils sont vécus comme des juges sévères, c’est la constitution du surmoi qui va s’en ressentir, ainsi que l’édification de l’enfant en tant qu’être social.
79Les risques que comporte une évolution de l’enfant sage vers un adulte hyperconformiste ne sont pas appréciés comme ils le devraient par la société que cette sagesse arrange beaucoup. Pourtant, il s’agit là de modes de fonctionnement qui peuvent devenir quasi-opératoires, traduisant ainsi un écrasement de la vie mentale qui va de pair avec un risque accru de désordres somatiques. L’adulte ex-enfant trop sage tente de continuer à écraser son fonctionnement psychique en cherchant à répéter des recettes. Cette attitude donnerait schématiquement : « Mon père est mort, ma femme m’a quitté, qu’est-ce qu’on fait dans ces cas ? ». Elle ne s’appuie pas sur des identifications propres à la psychologie collective, identifications aux autres membres du groupe ou au leader qui, chez lui, sont défaillantes. Cet adulte se conforme et c’est tout. Et c’est chez les hyperconformistes hyperrationnels qui ont un clivage de la vie affective et un écrasement des représentations issues de la sexualité infantile, que l’obéissance aveugle à une logique purement administrative peut s’avérer inhumaine.
Conclusion
80J’ai évoqué ces jeunes enfants qui, ne pouvant exprimer l’opposition par une activité psychique de négation, le font par un refus physique et des désordres somatiques.
81J’ai aussi évoqué les enfants qui, ayant excessivement recours au mécanisme de répression de leur activité psychique, ont, de ce fait, un risque accru de désorganisation somatique.
82Si les premiers, notamment lorsqu’ils sont hyperactifs, sont souvent rangés dans le cadre nosographique des troubles des conduites, les seconds, surtout s’ils sont des enfants trop sages et conformes, ne sont fréquemment pas considérés comme pathologiques, et font même office de modèle idéal pour les courants de pensée sécuritaires de la société.
83Pourtant, chez les uns et les autres peuvent s’installer des insuffi-sances du fonctionnement psychique avec le risque somatique que celles-ci comportent.
84On ne redira jamais assez combien le cadre nosographique du trouble des conduites est un fourre-tout. Il ne distingue pas les cas où la conduite est sous-tendue par une pensée et ceux où la conduite s’oppose à la pensée et vise à détruire celle-ci. Il ne distingue pas les actes symptomatiques d’une structure névrotique ou psychotique, et les agirs comportementaux, qui supposent, au contraire, une insuffisance de moyens de défense névrotiques ou psychotiques.
85On se souvient qu’en France, en septembre 2005, le groupe d’experts qui a mené l’étude de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale sur « Le trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » recommandait de consigner dans le carnet de santé, dès l’âge de 3 ans, à l’occasion des examens systématiques de la petite enfance, des caractéristiques telles que « s’est bagarré, a frappé, a mordu, a donné des coups de pied, refuse d’obéir, n’a pas de remords… »
86Ce rapport a provoqué une levée de boucliers chez de nombreux professionnels de la petite enfance qui a estimé que l’étape suivante d’une telle démarche risquait de conduire à vouloir éradiquer ces symptômes. Qu’on cherche à réprimer ceux-ci par un dressage comportemental – si tant est qu’on arrive à trouver une méthode qui permette une répression suffisante – ou par la prescription de médicaments psychotropes calmants, on peut être sûr que sera favorisé chez l’enfant ainsi muselé le recours à la répression de son activité psychique. Ce sera au détriment du refoulement ou d’autres mécanismes de défenses mentales, ce qui comporte les dangers qui viennent d’être évoqués et qui sont largement sous-estimés.
87J’aurais voulu conclure en rappelant comment P. Marty proposait d’intervenir dans la cure d’un patient chez qui la répression était un moyen de défense important : « Il m’arrive par exemple de dire à un patient, devant sa non-réponse à une agression dont il a été l’objet : « vous savez, moi je fais autrement. Si quelqu’un me marche sur le pied dans le métro, j’ai envie de le tuer. Je ne le tue pas, bien sûr ! Je lui en veux, je fais la tête et, au bout d’un certain temps, je m’en veux à moi-même et je lui pardonne. Il ne l’a pas fait exprès, mais il m’a fait mal quand même et je reconnais que, sur le moment, j’ai eu envie de le tuer. Mais je ne suis pas vous. » (Marty, 1999)
88P. Marty a donné ainsi une illustration de sa conception de « la fonction maternelle du thérapeute » à propos de laquelle il me semble intéressant de noter qu’elle ne se saurait se réduire à jouer le rôle d’une « bonne mère ». Par son empathie et son tact, le thérapeute cherche à favoriser une proximité identificatoire sans chercher à se donner comme modèle, et s’il exerce une certaine « gérance » maternelle, c’est en offrant au patient ses propres représentations et affects là où une fonction - ici l’expression de pulsions violentes – est défaillante. Il devra abandonner ce rôle dès que seront perçus des signes de reprises de la fonction chez le patient.
Bibliographie
Bibliographie
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- Marty, P. (1999), « Psychothérapie psychanalytique des troubles psychosomatiques », Revue française de psychosomatique, n° 16 / 1999, Puf, Paris.
- Misès R. (2005), À propos de l’expertise INSERM relative au « trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent », La lettre de Psychiatrie française », nov. 2005.
- Parat C (1995), L’Affect partagé, coll. « Le fait psychanalytique », Puf, Paris.
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- Szwec G. (1998), Les Galériens volontaires, Puf, Paris.
- Szwec G. (2002), « L’Enfant – organe hypocondriaque de sa mère », Revue française de psychosomatique, nº 22, Puf, Paris.
Mots-clés éditeurs : Spasmes du sanglot, Psychosomatique de l’enfant, Négation, Névrose d’enfant sage, Répression
Date de mise en ligne : 06/12/2018.
https://doi.org/10.3917/rfps.054.0067Notes
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[1]
Un tel cas précocité a fait l’objet d’une discussion passionnante à laquelle ont participé Léon Kreisler, Michel Soulé, Michel Fain et Denise Braunschweig (Revue française de psychosomatique, n° 9, 1996, Puf).
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[2]
Pour P. Marty, c’est une fixation archaïque à une indistinction fusionnelle – dont il n’exclut pas qu’elle ait des bases biologiques - qui détermine précocement le sujet à ne pas reconnaître l’existence de l’autre en tant que tel. Deux types de régression se font sur la fixation allergique : la relation d’objet allergique, et lorsque celle-ci est insuffisante à maintenir l’aconflictualité, la crise de somatisation allergique. Ces régressions sont limitées et permettent de franchir un obstacle en évitant probablement une régression plus globale de la personnalité.
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[3]
La perception d’un visage qui ne correspond pas aux traces mnésiques de celui de la mère (le « non-mère » selon C. Le Guen) vient signifier la perte de l’objet. Cet objet distinct se constitue donc au moment où il est pensé perdu par un moi rudimentaire qui s’en différencie dans le même mouvement. L’angoisse de l’étranger suppose donc déjà une première triangulation entre l’enfant, sa mère et l’étranger, comme le souligne C. Le Guen dans sa conception de l’Œdipe originaire.
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[4]
Ceci pour affirmer qu’on n’est pas une femme, d’autant plus que les désirs de passivité et de féminité réprimés en font douter. M. Fain a développé cette conception dans son étude sur « Les rouleurs de mécanique ».