Au moment où, en tant qu’inspectrice générale, je suis chargée d’un rapport sur l’éducation prioritaire, j’ai tout un passé d’enseignante (professeur de lettres) et de formatrice confrontée à la question des élèves en difficulté : « Qu’est-ce qui fait qu’un élève ne parvient pas à apprendre ? » Pour autant, la situation sur laquelle je vais être amenée à travailler a notablement changé par rapport à celle que j’avais pu connaître comme enseignante dans un lieu qui deviendra plus tard « réseau ambition réussite » (RAR) : les problèmes y sont différents, ou du moins d’ampleur différente – drogue, violence, ségrégation sociale et ethnique…
Il faut ensuite revenir sur le contexte de notre travail. C’est en juillet 2005 que le ministre, à l’époque Gilles de Robien, commande aux deux inspections générales un travail portant sur La contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves. Question éminemment complexe et délicate à traiter, qui comporte à la fois un aspect pédagogique qui a trait aux évolutions des pratiques et des conditions d’enseignement, et un aspect politique qui concerne le bilan que l’on peut tirer du dispositif « zone d’éducation prioritaire » (ZEP) et de ses évolutions. Ce rapport est une mission conjointe des deux inspections générales, c’est-à-dire que nous allons étudier à la fois l’aspect réglementaire et administratif – portant sur les ressources dont a bénéficié l’éducation prioritaire et sur les mesures concernant la gestion des carrières des agents qui y exercent – et l’aspect plus spécifiquement pédagogique, dont on pouvait penser qu’il n’avait pas eu la place qui aurait dû être la sienne, non seulement dans les écoles et les établissements relevant de l’éducation prioritaire, mais dans le pilotage de ce dispositif et la réflexion politique le concernant…