Le présent essai se propose de revisiter le management de l’innovation à la lumière des travaux de l’anthropologue Philippe Descola. Il montre comment l’ontologie naturaliste typique de nos sociétés occidentales, qui instaure une séparation claire entre nature et culture, trouve sa traduction dans le concept schumpetérien de destruction créatrice. L’analyse montre ensuite comment ce cadre général se traduit dans le champ du management de l’innovation par un biais pro-innovation qui rejette de facto la question des fins du processus et des limites écologiques hors du champ de l’analyse, ce qui constitue un obstacle ontologique pour penser la transition écologique. Les évolutions en cours sont par la suite discutées et quelques perspectives de recherche tracées.
Innovation management, the Anthropocene and ecological transition: The dead end of naturalism
This essay offers a critical analysis of innovation management research in light of the theoretical framework proposed by the French anthropologist Philippe Descola. It demonstrates how occidental societies are characterized by a “naturalist” ontology that establishes a clear separation between nature and culture. We show how this ontology translates into the Schumpeterian concept of creative destruction, which constitutes the theoretical background of the discipline. This leads to a pro-innovation bias that excludes from the scope of analysis both the question of the ends of innovation and that of ecological limits. This, we argue, constitutes an ontological obstacle to conceptualizing the ecological transition. We conclude with current evolutions and propose some perspectives for future research.