Dès le début de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, des décisions touchant au travail et à l’emploi – objets traditionnels de la concertation sociale – ont été prises par les autorités politiques. Dans cet article, les auteurs interrogent la place et le rôle des acteurs paritaires (patronat et syndicat) de la concertation sociale en Belgique dans les décisions menant au confinement puis au déconfinement. En se basant sur des entretiens menés auprès de décideurs et acteurs du dialogue social, à différents niveaux (politique, interbranche, branche, entreprise), ils montrent comment et à quelles conditions le dialogue fut éludé puis rétabli à travers une lecture chronologique des faits (l’annonce du confinement, son organisation et son suivi, la préparation du déconfinement). Ils identifient ensuite les possibles traces que cet épisode pourrait laisser sur la dynamique de la concertation sociale, sous la forme de trois scénarios qu’ils discutent.
Social dialogue in a time of coronavirus: Lessons to be learned from the first containment in Belgium
From the start of the coronavirus health crisis, decisions regarding work and employment – traditional objects of social dialogue – were taken by politicians. In this article, we question the place and role of Belgian employer’s and union’s representatives in the decisions leading to containment and then to decontainment through a chronological analysis (the announcement of confinement, its organization and monitoring, preparation for deconfinement). Based on ten semi-structured interviews in these decisions and in social dialogue, at different levels (political, cross-sectoral, sectoral, company) in Belgium, we show how and under which conditions dialogue was evaded and then re-established. We then identify the possible lasting traces that this episode could leave on the dynamic of social concertation, in the form of scenarios: 1) a more partnershipbased social dialogue; 2) a more agile crisis dialogue; 3) an unchanged social dialogue.