Couverture de RFG_290

Article de revue

Les stratégies de valorisation des emplois discrédités par la société ?

Le cas des aides à domicile

Pages 71 à 84

Notes

1Le secteur des services à la personne et plus particulièrement aux personnes âgées s’est considérablement développé au cours des dernières décennies, compte tenu du vieillissement de la population des pays occidentalisés. L’enjeu est majeur pour nos sociétés occidentales, car il s’agit de permettre à nos ainés de vieillir chez eux dans la dignité, et, ce faisant, de désengorger hôpitaux et maisons de retraite [1]. Cette volonté s’accompagne d’importantes créations d’emplois d’aide à domicile (Broussy, 2013, p. 125), allant des activités liées à l’entretien ménager, l’aide à l’habillage, la toilette et l’accompagnement dans les activités sociales [2].

2Alors que les métiers d’aide à domicile souffrent depuis des décennies d’un déficit d’image (Broussy, 2013, p. 126), ils apparaissent comme des emplois d’avenir à forte « utilité sociale » (Bouquet, 2006), dont l’intérêt a été amplifié par la crise sanitaire du Covid-19 qui ne fait qu’accentuer l’importance de valoriser ce type d’emploi. Les emplois d’aide à domicile sont en effet associés à des tâches vues comme ingrates par la société (Avril, 2006) : contacts parfois difficiles avec les personnes âgées, contact avec les déchets humains, manque d’autonomie pour réaliser le travail, etc. Dans ce contexte, les salariés peuvent percevoir leur travail – et voir que leur travail est perçu par les autres – comme dévalorisant (Bolton, 2005). Les conséquences de la perception de dévalorisation sont importantes, tant sur les personnes (perte de l’estime de soi, nervosité, isolement, santé mentale) que sur les organisations qui les emploient (absentéisme, départs, baisse de la qualité du service offert). C’est pourquoi il convient de s’interroger sur la manière dont on peut contrer ces perceptions négatives.

3Ce travail de recherche vise à étudier la manière dont les aides à domicile repensent leurs tâches et les réorganisent physiquement, malgré leur faible autonomie au travail, pour donner du sens à leur travail et construire une identité professionnelle positive. Si la littérature a souligné les enjeux liés aux conditions difficiles sur le ressenti des salariés quant à leur travail, (par ex., Avril, 2006 ; Bosmans et al., 2016 ; Duval, 1996), elle demeure silencieuse quant aux processus de création de sens au travail que l’individu peut produire pour construire une identité positive au travail. Pour répondre à cette lacune, nous nous appuyons sur la littérature des « sales boulots » (ou « dirtywork ») et plus particulièrement sur les « stratégies de normalisation » permettant de comprendre comment les individus qui effectuent un travail discrédité par la société arrivent à trouver du sens dans leur travail (Ashforth et Kreiner, 1999, 2007 ; Hughes, 1958). Sur la base d’une étude qualitative réalisée par entretiens semi-directifs, cet article présente les attaques identitaires ressenties par les salariés, les stratégies de construction de sens déployées pour lutter contre le stigmate ressenti, et la manière dont ces stratégies nécessitent de faire des compromis avec les limites fixées dans la tâche. Cette analyse conduit à des recommandations pour aider les aides à domicile à valoriser leur travail par la construction d’un sens positif au travail. Ces recommandations sont importantes pour améliorer l’attraction et la fidélisation des ces salariés, dans un contexte de création d’emplois d’utilité sociale.

I – Revue de la littérature

1. Stigmate et « sale boulot »

4Dans tout secteur d’activité, on trouve des emplois valorisés, et d’autres méprisés ou dévalorisés. Il y a aussi, à l’intérieur de chaque métier ou fonction, des tâches qui sont sources de plaisir et de gratification, et d’autres considérées comme ingrates, communément appelées dans la littérature des « sales boulots ». Introduit pour la première fois par Hughes (en 1958), le concept de sale boulot renvoie aux tâches qui sont perçues comme étant teintées. Cette teinte, dite également « salissure » ou « stigmate », implique l’existence de préjugés sociaux qui contribuent à orienter le regard des autres sur un travail donné.

5Selon Hughes (Hughes, 1958) et conformément à la littérature sur le sujet, Ashforth et Kreiner (1999) classent les emplois incluant des tâches stigmatisées selon trois teintes non mutuellement exclusives qui leur sont associées : la teinte « physique » (contact avec le sang, la mort ou les ordures, par ex., éboueurs) ; la teinte sociale (relation de servitude envers les autres, par ex., femmes de ménage, chauffeurs de taxi ou contact avec des personnes elles-mêmes stigmatisées, par ex., personnes handicapées ou droguées, prisonniers) ; et la teinte morale (méthodes de travail immorales, intrusives ou malhonnêtes, par ex., directeur de casino, contrôleur des impôts). Le dénominateur commun de ces trois teintes est l’évaluation négative et le discrédit de la personne qui l’amène à se sentir différente des autres et l’éloigne de ce qui est considéré comme étant « normal ». Cette différenciation constitue une menace pour l’identité sociale des personnes face à laquelle les individus développent des mécanismes de défense pour protéger leur identité positive.

2. Les mécanismes de défense identitaire par normalisation professionnelle

6Les mécanismes de défense identitaire développés dans la littérature sur les « sales boulots » portent sur la capacité des individus à trouver du sens à leur travail. La création de sens (sensemaking ; Weick, 1979) est indispensable pour que l’expérience de travail soit interprétée comme ayant de la valeur aux yeux des salariés. En créant du sens, les individus construisent leur propre perception de la réalité et rationnalisent ce qu’ils font (Weick et al., 2005). Ils deviennent alors acteurs de leurs comportements, qu’ils s’approprient en les rationnalisant positivement, c’est-à-dire en leur donnant une valeur positive. Conformément au modèle de Weick (1995), le processus de création de sens évolue à travers un modèle en quatre phases : 1) l’énactement, par lequel les individus cherchent à réduire l’équivocité (ou « dissonnance ») de la situation perçue ; 2) la sélection, qui consiste à choisir, parmi différents schémas de pensée construits, le schéma explicatif acceptable par tous ; 3) les « résultats », où les individus s’engagent, agissent et justifient les actions qui sont faites ; 4) la rétention, qui vise à garder en mémoire les situations rencontrées ainsi que les interprétations effectuées, de manière à pouvoir y recourir au moment où une situation similaire se présentera.

7Dans un contexte de sale boulot, ce modèle de création de sens permet de comprendre comment l’individu se positionne, réagit et apprend face à la dévalorisation des tâches qu’il effectue. La littérature nomme « stratégies de normalisation professionnelle » l’ensemble des idéologies professionnelles-qui facilitent la création de sens, et de ce fait, qui permettent aux salariés de se focaliser sur les aspects non stigmatisés de leur travail (Ashforth et Kreiner, 1999 ; Ashforth et al., 2007). Ces stratégies visent à voir l’emploi autrement, de manière à minimiser les éléments dévalorisés dans la société et, a contrario, à valoriser des aspects du travail qui ne souffrent pas d’un stigmate social. La stratégie de normalisation de type « recadrage » consiste à faire valoir l’utilité et l’importance de son travail, en injectant une valeur positive au travail et en niant ses aspects négatifs. La stratégie de « recalibrage » consiste à modifier les standards utilisés pour évaluer l’importance du stigmate, et à montrer que l’importance des tâches teintées est faible. La stratégie de « recentrage » met quant à elle l’accent sur les avantages retirés de son travail.

8Ces différentes stratégies agissent de manière complémentaire (Ashforth et al., 2007), mais n’ont pas la même capacité à donner un sens positif au travail. Selon Ashforth et Kreiner (1999), ce sont les stratégies de recadrage et de recalibrage qui seraient les plus efficaces pour restaurer une image de soi positive parce qu’elles sont centrées sur le sens ou la valeur du travail lui-même, contrairement aux stratégies de recentrage qui portent sur les éléments extrinsèques de l’emploi, et de ce fait, sont moins centrales dans le processus de construction de sens au travail. Ces stratégies peuvent être mises en place soit en valorisant le travail en lui-même, soit en le comparant à d’autres emplois ou à d’autres situations professionnelles pour renforcer les perceptions positives du travail (Ashforth et al., 2007). Enfin, ces stratégies de normalisation fonctionnent mieux lorsqu’elles sont partagées par les membres d’un groupe (Ashforth et Kreiner, 1999). Même s’il s’agit de stratégies mises en œuvre individuellement, le fait de former un groupe solidaire aide à leur expression et à leur partage, de sorte que c’est lorsque la culture du groupe est forte qu’elles émergent le plus aisément. De nombreux travaux décrivent ainsi comment les personnes exerçant des emplois souffrant d’un déficit d’image développent une culture de groupe qui leur permet d’être fières de leur emploi (e.g. Bolton, 2005 ; Stacey, 2005). De surcroît, et conformément à la littérature sur le sujet, cette fierté d’appartenance créé de la valeur pour l’emploi et offre une validation sociale grâce aux liens forts entre les personnes exerçant le même emploi.

9Or, dans le cas des emplois d’aide à domicile, les personnes travaillent isolément, ce qui constitue un frein à l’émergence des tactiques de normalisation et par voie de conséquence, à la capacité à trouver un sens positif à son emploi. Dans un tel contexte, il devient crucial d’aider les salariés à s’approprier ces tactiques, afin qu’elles participent à la construction d’une identité positive au travail. À l’aide d’une étude de terrain réalisée dans le secteur du service à la personne, et plus particulièrement des personnes âgées dépendantes, ce travail de recherche tente d’éclaircir ces spécificités. En cela, il s’agit de comprendre comment les individus se positionnent, réagissent et apprennent face à la dévalorisation de leur travail.

II – Méthodologie de la recherche

1. Terrain d’étude et méthode

10Nous avons privilégié une approche qualitative pour comprendre plus en profondeur les stratégies de création de sens développées par les salariés. Des interviews semi-directifs ont été réalisés dans une coopérative d’aides à domicile auprès de personnes âgées localisée dans un ville située au Nord de Montréal (Canada). Il s’agit d’une coopérative de consommateurs qui fonctionne avec l’aide de subventions gouvernementales et a pour mission de venir en aide aux personnes à mobilité réduite ayant des revenus modestes. Les aides à domicile y travaillent seules, en toute autonomie, au domicile des clients, sans supervision directe. Elles sont formées à leur embauche, et reçoivent la liste des tâches à faire chez les clients, ainsi que le règlement de l’entreprise incluant un code de conduite à tenir chez les clients. Ce code de conduite est basé sur l’adoption d’une « distance professionnelle », comme par exemple, ne pas avoir les clés des clients, ne pas manger avec les clients, etc. Une personne ressource leur est affectée qui gère les appels et questions des 104 aides à domicile et est le principal point de contact avec l’organisation. Des contrôles de la qualité du travail sont effectués occasionnellement par une employée de la coopérative pour vérifier que les tâches prescrites sont effectuées selon les directives de l’entreprise.

11Tout d’abord, quatre focus groups, accueillant six salariés par groupe, ont été réalisés pour permettre d’échanger sur le vécu en emploi et d’explorer les mécanismes de défense mis en place pour contrer les perceptions négatives de l’emploi. Nous avons complété les focus group par des entretiens semi-directifs réalisés auprès de l’ensemble des salariés de la coopérative, soit 104 aides à domicile au total, identifiées à des fins d’analyse de I.1 à I.104. L’objectif des entretiens était de vérifier les teintes du métier perçues par les individus, leur degré de saillance et les mécanismes mis en place individuellement pour se protéger des attaques identitaires. La majorité des répondants était des femmes (96,1 %), avec un niveau d’étude faible (79,8 % avaient un diplôme d’études secondaires ou moins) et une faible ancienneté au sein de leur emploi (57,7 % avaient moins de deux ans d’ancienneté et 78,82 % moins de cinq ans). 28,8 % étaient d’origine étrangère, avec une fourchette d’âge assez homogène (20,2 % entre 26 et 35 ans, 25 % entre 36 et 45 ans et 29,8 % entre 46 et 55 ans).

2. Analyses des données

12La durée moyenne des entretiens de groupe était de 130 minutes, et celle des entretiens individuels de 40 minutes. Nous les avons retranscrits dans leur intégralité. Les guides d’entretien ont été bâtis de manière à pouvoir aborder les thèmes suivants : la perception du travail et du métier, le stigmate ressenti, et les mécanismes de défense identitaires mis en œuvre pour répondre aux attaques identitaires. Une équipe de trois chercheurs a ensuite codé chaque entretien afin de déterminer, pour chacun d’entre eux, le discours utilisé spontanément par les individus pour donner du sens à son travail. Dans un deuxième temps, des sessions de travail ont été réalisées afin decomparer les informations recueillies et confronter les analyses de chaque chercheur, avec un retour aux données entre chaque session. À l’issue de ce processus, divers thèmes ont émergé des données en lien avec le développement de stratégies créatrices de sens au travail : la perception d’être stigmatisé, la description des stratégies en tant que telles, les comportements au travail associés à ces stratégies, et les tensions et tiraillements ressentis lors de la mise en œuvre de ces stratégies. La section qui suit présente une synthèse de chacun de ces thèmes.

III – Résultats de la recherche

1. Les perceptions du métier d’aide à domicile

13Tout d’abord, nos résultats indiquent que les aides à domicile ressentent l’existence de préjugés sociaux sur leur métier. Le discours des personnes interrogées permet d’identifier deux teintes sur les trois mentionnées dans la littérature sur les « sales boulots » : les teintes physiques et sociales.

Un travail physiquement teinté

14La nature du travail (faire du ménage) renvoie à la teinte physique, au sens où les personnes qui l’exécutent sont en contact avec la saleté et les salissures. Cette teinte a été perceptible dans le discours de 49 employés (sur 104) selon lesquels le ménage est perçu comme une activité dégoûtante par les autres : « pour certains, torcher les gens, ils feraient jamais ça ! » (I.7) ; « Mais le premier choix, c’est sûr que c’est pas de laver les toilettes ! » (I.4) ; « ce travail, je voyais ça comme ‘ils vont faire le ménage chez le monde, me semble, je sais pas, c’est dégueu’ ! » (I.42). Lorsque la teinte physique est trop forte, elle crée une véritable difficulté pour le salarié devant gérer seul la situation : « un jour, j’arrive chez une personne, y’avait du caca tout partout, des couches de cacas… des rouleaux de papiers de toilettes complètement imbibés de pipi, la toilette en haut brisée, mais complètement bourrée, c’était le désastre […] c’était toxique l’environnement, puis la toilette en haut qui fonctionnait pas [...] c’est horrible ! » (I.28). Cette teinte physique, connue par la société, créé un sentiment de stigmatisation chez les employés : « Quand on parle de notre travail, les gens pensent qu’on est là juste pour laver des bols de toilettes… Ah bien, tu fais ça dans la vie ?! Le ton, c’est comme, on dirait quasiment que c’est du dégoût. » (I.110).

Un travail socialement teinté

15Les soins d’entretien et de maintien de la vie sont davantage assimilés à un travail domestique qu’à un travail prodigué par un professionnel de la santé (Duval, 1996). Ce travail a de tout temps souffert d’un manque de reconnaissance sociale (Dussuet, 2015) et est associé à des tâches serviles que l’on délègue à ceux qui ne peuvent faire mieux. Les aides à domicile ressentent cette dévalorisation sociale de leur travail. Elles mentionnent la vision de servilité associée à leur activité, comme le montrent les extraits suivants : « Pour les gens, on est une servante, une domestique ! » (I.25) ; « Des gens qui lavent la voiture, qui nettoient la maison, on appelle ça des servants, des domestiques. Chez nous, ce n’est pas vraiment un travail honorifique, honorable vous voyez ! » (I.102).

16La teinte sociale du métier s’exprime aussi dans le contact avec des personnes âgées souffrant d’une faible santé physique et mentale. Ce contact est associé à une forte charge émotionnelle chez les personnes interrogées, car il confronte les travailleurs à l’intimité parfois douloureuse des personnes âgées (contact avec la maladie, la solitude, la mort, la folie) : « J’en ai eu une qui était complètement enragée, et qui m’a balancé sa serpillère en pleine face ; ça c’est quand je venais de commencer, et elle était la première cliente que je visitais ! Ça c’est parce que je lui ai dit que j’étais pas autorisée à travailler à genou. » (I.18) ; « Tu dois t’attendre à rencontrer des gens qui bavent, avec le nez qui coule, et à supporter les mauvaises odeurs, parce qu’ils sont… .. ils sont incontinents. Certains sont seuls, et ils se lavent pas tous les jours (I.48).

2. Construire une identité positive au travail en donnant du sens à son travail

17Différents mécanismes de défense sont utilisés par les travailleurs pour donner du sens à leur travail et, ce faisant, construire une image positive de leur activité. Deux d’entre eux sont particulièrement présents chez les personnes interrogées. Nous les décrivons dans la suite.

Aide à domicile : un travail « utile »

18Les personnes transforment les aspects négatifs associés à l’emploi en aspects positifs, en se focalisant sur l’honneur ou l’utilité du travail pour les autres ou pour la société. Dans le cadre spécifique des services d’aide aux personnes âgées, les aides à domicile insistent sur le fait qu’elles apportent du mieux-être aux personnes âgées : les aider dans le maintien de leur autonomie, rompre leur isolement, améliorer leur quotidien et leur état de santé, tant physique que psychologique, sont autant d’éléments mis en avant dans les entretiens pour valoriser son travail. Ainsi, 74 personnes sur les 104 interrogées témoignent de la reconnaissance et du sentiment d’utilité qu’elles ressentent lorsqu’elles sont en contact avec les personnes âgées : « On travaille avec des personnes âgées ou des personnes en perte d’autonomie. Moi j’aime ça rencontrer des gens vraiment qui peuvent pas faire certaines choses […] c’est des gens qui sont seuls, puis j’arrive là et c’est comme... y’en a qui m’appellent leur rayon de soleil, ça fait du bien ! » (I.25) ; « Pour moi, les personnes âgées, c’est comme mes grands-parents. Je les adore, et ils sont contents que je les aide. C’est ma vocation, et ça l’a été depuis que je suis toute petite, pas seulement aider les personnes âgées, mais n’importe qui. » (I.21). À travers ces discours, les employés d’aide construisent un sens positif à leur travail : en aidant les personnes âgées à mieux vivre en assurant la propreté des lieux, mais aussi en leur apportant un soutien psychologique essentiel : « Faire du ménage pour les personnes en difficulté, c’est un peu plus valorisant, personnellement moi je trouve ! C’est ça, moi, de le faire pour quelqu’un qui a un besoin, pour que les personnes vivent chez elles dans la dignité, ça me valorise ! Le faire chez quelqu’un parce qu’il n’a pas envie de faire son ménage ou parce qu’il est plein d’argent, pour Elisabeth Taylor, là, ça me tenterait moins ça ! » (I.1).

Aide à domicile : un travail « héroïque »

19Les discours des personnes interrogées mettent aussi en avant la nécessité de posséder des compétences et un savoir-faire uniques dans l’exécution de leur emploi. La capacité à réaliser des tâches jugées ingrates, difficiles ou sales est décrite chez elles comme un acte héroïque, voire un sacrifice que peu de personnes sont capables de réaliser. Dans les discours, la capacité à dépasser le stigmate de l’emploi et la technicité utilisée pour le faire sont mises en avant pour justifier la valeur de l’emploi. Ainsi, nettoyer la maison, se préoccuper des gens, partager les aléas de la vie des personnes âgées requièrent, en plus d’une solide autonomie, de l’empathie ou de la compassion, un savoir-faire que les employés acquièrent au fil des ans et qui peut être un élément de valorisation de soi dans le processus de production de sens porté au travail.

20C’est le cas de 31 employés de notre échantillon qui recensent fièrement leur capacité à gérer les difficultés du métier, comme par exemple : « Quand l’expérience est là, et que surtout quand la confiance est là, on gère toutes les situations. On a toutes nos personnalités qui sont différentes, mais on n’a pas une formation psychosociale qui serait pourtant précieuse ! Parce que j’ai déjà suivi des cours en psychologie et encore aujourd’hui c’est un outil énorme pour moi ! » (I.17) ; « C’est sûr que c’est un travail physique. Mais, il faut que tu saches comment travailler, surtout dans la salle de bain. Il faut vraiment, c’est vraiment ça. Il faut que tu aies une méthode de travail. Parce que si tu n’as pas de méthode de travail, ça va être difficile ! » (I.105) ; « Je pense qu’il faut être fort mentalement, il faut être capable d’encaisser. D’encaisser que c’est des gens malades, c’est pas donné à tout le monde ! » (I.95) ; « Tout le monde n’est pas capable de faire ce métier. Je le déconseillerais aux gens qui ne sont pas assez forts physiquement et mentalement ! Moi je trouve qu’il faut qu’on soit assez forte et assez rapide pour ne pas commencer à s’énerver contre les personnes âgées. Avoir un langage qui reste sain. Avoir l’esprit ouvert, la confiance en soi-même » (I.112).

21Il est important de noter que d’autres stratégies sont utilisées par les personnes interrogées pour valoriser leur emploi. Elles ont trait aux conditions de travail jugées avantageuses, telles que l’autonomie dans le travail, le temps partiel ou encore la sécurité de l’emploi offerte par l’entreprise. D’autres ont trait à une comparaison sociale avec d’autres métiers. Ceci dit, ces stratégies ont été évoquées de manière plus marginale (chez 21 aides à domicile sur 104), et ne portent pas sur le sens donné au travail, mais seulement sur les avantages extrinsèques de l’emploi (dont la flexibilité dans les horaires et les lieux de travail).

3. Enjeux autour du processus de construction du sens au travail

22À la lecture des entretiens, nous avons constaté que la mise en œuvre de processus créateurs de sens ne se fait pas sans tensions chez les salariés. En trouvant un sens positif à leur emploi, les personnes interrogées en viennent à modifier leurs tâches pour mieux « coller » à la vision qu’elles se sont construite de leur emploi. Interviennent alors des tiraillements que la section suivante vise à décrire.

Adopter des comportements cohérents avec le sens donné au travail

23Les stratégies identifiées chez les aides à domicile ne sont pas mutuellement exclusives. Bien au contraire, elles s’enrichissent pour construire leur identité professionnelle. Ces stratégies s’accompagnent aussi de comportements cohérents avec le sens que les aides à domicile donnent à leur travail. Par exemple, nous avons noté que les personnes qui valorisent leur utilité sociale par le bien-être des personnes âgées, tendent à aller au-delà des tâches prescrites dans leur emploi, comme en témoigne le verbatim suivant (au sujet d’un client décédé) : « J’ai eu un contact avec un client, qui n’était plus mon client, mais je sais que cette personne-là dans la vie était toute seule, elle n’avait pas de famille, pas de parents, elle avait juste un couple d’amis, puis moi j’allais voir ce monsieur-là, j’allais l’aider souvent, puis j’allais le chercher, j’allais faire l’épicerie avec lui après, j’allais chercher des cigarettes pour lui. J’ai même été au salon mortuaire. » (I.57).

24Toutefois, par ces comportements porteurs de sens au travail, les aides à domicile dépassent le règlement de leur entreprise, qui exige le respect de la description des tâches et n’autorise pas de « sympathiser » avec les clients, comme nous l’avons vu lors de la présentation de l’entreprise dans la section « méthodologie ». Ce règlement a été décidé par la direction de l’entreprise afin d’éviter que des liens trop étroits ne se développent entre les aides et les clients, les protégeant tous deux contre des comportements abusifs (demandes excessives des clients, lien émotionnel trop fort, ajout de relations commerciales par l’aide, etc.). Ce règlement précise qu’il n’est pas autorisé de manger avec les clients, d’avoir accès à leur carte bancaire, ou d’avoir des contacts en dehors des heures travaillées. Toutefois, ces contraintes créent des tiraillements chez certaines personnes, comment l’expriment les propos suivants : « Les clientes des fois, elles se fâchent, parce qu’elle veulent te donner un café ou bien elles veulent, ça n’est comme pas évident de dire non. » (I.27) ; « On peut pas prendre le temps de parler avec les personnes, alors qu’elles, elles préfèreraient parler parce qu’elles se sentent seules. Quand elles me posent des questions, je leur dis : “J’ai pas le temps de parler avec vous !”. Souvent elles nous disent : “ça nous ferait plaisir de parler avec vous parce que ça nous désennuie. On veut que vous fassiez notre ménage, mais on aime ça parler aussi, ça fait du bien de parler un peu” ! » (I.16). Les tensions ressenties entre “ce qui est autorisé” et “ce que j’ai envie de faire” sont parfois exacerbées par les clients eux-mêmes : « Je vais vous dire ce qu’un monsieur (un client) m’a déjà dit. Il m’a dit : “tu sais quoi… les règles elles sont faites, mais elles sont faites pour être rompues parfois” » (I.19) ; « Un jour un monsieur était tombé, il saignait là, c’était stressant. Il voulait que je l’aide à se relever et nous on a pas le droit ! » (I.46).

Compromis entre création de sens et réalité organisationnelle

25Nous avons observé que ce tiraillement conduit les aides à domicile à faire divers compromis. Certaines aides choisissent de répondre aux besoins de leurs clients, au détriment de la loyauté organisationnelle et au risque d’être inquiétées par l’adoption de comportements déviants : « Moi au total, je ne travaille pas pour l’organisation. Je travaille pour mes clients » (I.19) ; « quand j’ai postulé il y a 5 ans, j’ai vu une annonce dans le journal (… .) disant “si vous voulez aider les gens, si…”, et ensuite quand t’es là, il y a les barrières, les réglements. Je trouve ça hypocrite. J’ai réalisé qu’on est une institution comme les autres, c’est pas vrai que le but c’est d’aider les seniors ! » (I.43). D’autres préfèrent se protéger en respectant les règles, quitte à limiter leurs liens avec les ainés : « Je crois que ça aurait été trop pesant si on m’avait dit, ou donné la permission de fraterniser. Comprends-tu, j’étais contente d’avoir un statut à garder envers les gens chez qui j’allais. (...) Je savais que j’avais le droit de dire non, la base qu’ils m’ont donné était vraiment utile. Je savais quoi dire, quoi faire pis ce que j’avais pas le droit de faire pis pas faire. » (I.104) ; (au sujet d’une demande pour faire une tâche non autorisée) « vous vous sentez un p’tit peu pris entre deux là, je veux plaire mais chuis pas sensée le faire… Au début j’ai fait ça. J’en faisais un peu plus que… qu’il fallait. Mais après ça, non. Après ça j’me suis dit : “Wooo là !!!” Ça commence, tu dis oui, puis après ça continue, ça continue… Non, non, non… Puis si vous êtes pas content ben vous appelez l’entreprise » (I.31).

26On voit ainsi, conformément avec la littérature sur le sujet, que la création de sens s’accompagne d’actions et comportements cohérents avec le nouveau cadre de construction sociale dans laquelle les individus agissent (Weick, 1995, p. 17). Par ces comportements, les individus créent un environnement de travail plus favorable à leurs yeux, le rendant ainsi plus compatible avec leur propre perception de l’emploi (Ashforth et al., 2017). Ce processus s’accompagne de changements dans l’exercice du métier, qui conduisent à un décalage entre le travail prescrit (demandé par l’organisation) et réel (tel que perçu et effectué par les aides). Il est donc important de comprendre les motivations des aides à domicile à modifier leurs tâches si on veut les aider à construire un sens positif au travail.

IV – Quelles conséquences managériales ?

27La présente étude montre que les individus développent des stratégies pour lutter contre la dévalorisation de leur travail et que certains parviennent à construire une image positive de soi au travail, de sorte qu’ils soient fiers de leur travail et souhaitent le conserver. Toutefois, ce processus de construction de sens peut s’accompagner de comportements déviants, mettant en danger la loyauté organisationnelle. Que les aides à domicile limitent leurs actions aux tâches autorisées ou aillent au-delà des tâches prescrites, il y a un prix à payer : il peut s’agir du stress de gérer une relation trop forte et pouvant dégénérer avec les clients, de la frustration de ne pas avoir l’espace suffisant pour construire son rôle d’aidant, ou de l’incapacité à agir de manière à valoriser pleinement son travail. Les organisations auraient donc intérêt à soutenir l’émergence des stratégies porteuses de sens chez leurs salariés, tout en permettant un certain aménagement des tâches.

1. Encourager l’usage des stratégies de normalisation

Permettre la création du lien avec la personne aidée

28Les valeurs de l’entreprise qui insistent sur la vocation sociale des emplois et qui mettent en avant l’importance du soin et de l’accompagnement des personnes âgées peuvent faciliter l’appropriation d’un discours valorisant. Comment aider les salariés à ressentir qu’ils se sentent utiles et apportent du soutien aux personnes âgées, tout en maintenant la réalisation de tâches domestiques peu valorisées socialement ? L’autonomie dont dispose les aides à domicile est un atout unique pour que, chacun à sa façon, selon les clients rencontrés, trouve ses propres moyens pour apporter une aide et attention aux personnes âgées. Or, si une distance trop importante peut entraîner une mauvaise compréhension des besoins des personnes âgées, une distance trop faible peut engendrer, pour les aidants, des difficultés à gérer la souffrance de l’aidé ou des situations potentiellement délicates avec des clients pouvant « abuser » de leur bienveillance. Par ailleurs, en se focalisant sur des relations personnalisées avec l’aidé, les salariés peuvent aussi perdre de vue que le cœur de leurs tâches consiste en de l’aide domestique.

29Le dilemme des organisations vise à trouver un juste équilibre entre l’autonomie nécessaire pour construire soi-même un lien avec les clients, et l’encadrement ou le contrôle des tâches. Une suggestion pourrait être d’encadrer les activités des aides à domicile sans nuire à la construction du lien. Fixer des horaires, prévoir une liste d’activités variables selon les besoins des clients, sont des actions qui structurent les tâches, délimitent les marges d’autonomie, mais n’empêchent pas la formation du lien au client. De cette manière, par le soutien et l’accompagnement quotidien qu’elle apporte aux salariés, l’organisation peut aider à l’émergence de stratégies créatrices de sens tout en permettant la réalisation de toutes les tâches visant le mieux-vivre des personnes âgées.

Favoriser la construction du lien de façon « responsable »

30Une des caractéristiques des emplois d’aide à domicile est la faiblesse de la formation requise pour ces emplois et le manque de reconnaissance professionnelle de leur travail. La capacité des entreprises à offrir une telle reconnaissance professionnelle peut aider à l’émergence de stratégies de normalisation. Parvenir à aider et accompagner les clients tout en maintenant une saine distance, est une expertise rare qui s’acquiert et se développe par la formation et le coaching. Les formations financées dans le cadre de la loi sur la formation professionnelle continue pourraient ainsi être données pour réduire la pénibilité émotionnelle des emplois : formation d’aide à l’accompagnement des personnes âgées, formation aux premiers secours, aux maladies de vieillesse, etc.

31Les compétences requises pour effectuer les tâches ne sont pas toujours reconnues à leur juste valeur. La rédaction de référentiels de compétences basée sur l’analyse du travail et l’identification des situations clés permettrait de mieux cerner la complexité des tâches effectuées (Bouthier et al., 1995). Cette connaissance des compétences essentielles pour l’exercice du métier d’aide serait un atout pour valoriser le travail, via la maîtrise d’attributs positifs de l’emploi et de compétences individuelles complexes. Il deviendrait par la suite plus facile d’identifier les travailleurs les plus compétents, qui ont le potentiel de transmettre les attendus ou les valeurs de l’organisation et leur fierté de faire leur travail.

2. Réduire les obstacles aux stratégies de normalisation

32Un des défis pour les organisations d’aides à domicile est de rompre l’isolement physique des salariés. Par la socialisation, la personne apprend les codes, les valeurs, les normes et comportements requis qui lui permettent de participer comme membre de l’organisation et de donner du sens au travail (Van Maanen, 1976, p. 67). La socialisation peut prendre diverses formes. Toutefois, c’est lorsqu’elle est pensée en lien avec les tâches et l’emploi qu’elle devrait être la plus à même de soutenir les tactiques de normalisation (Ashforth et al., 2017). Elle vise à s’intéresser à la nature des tâches et le sens que l’on peut donner à son travail. En partageant ses expériences d’emploi, ses difficultés, la manière dont on les a contournées, les aides à domicile apprivoisent les difficultés liées à leurs tâches, tant physiques que sociales. Elles peuvent s’outiller pour mieux gérer les liens avec les clients, et écouter la manière dont les autres construisent le sens qu’ils donnent à leur travail. Ce faisant, les moments de socialisation aident aux stratégies de normalisation (Ashforth et al., 2017).

33Concrètement, ces étapes de socialisation peuvent se traduire par la mise en place de rencontres structurées qui facilitent les échanges sur des enjeux importants pour les aides à domicile. La socialisation peut aussi être réalisée lors de l’intégration des nouveaux embauchés, par l’entremise de binômes entre le nouvel embauché et un ou plusieurs salariés d’expérience qui auraient comme rôle d’expliquer le travail et de montrer la fierté que l’on peut avoir à l’exécuter. Enfin, la construction d’un sens positif au travail peut se faire par l’intermédiaire des managers qui, lors des rencontres avec les salariés, peuvent véhiculer les valeurs d’entraide à la personne et mettre en avant les compétences individuelles pour accomplir le travail malgré les difficultés liées à l’exercice du métier.

V – Quels apports pour les travaux sur les aides à domicile ?

34La problématique des services d’aide aux personnes âgées est particulièrement caractéristique des évolutions sociales actuelles. C’est pourquoi nous pensons que les résultats de notre étude peuvent être utiles aux organisations d’aides à domicile de divers pays occidentalisés, quels que soient le modèle d’affaires et la localisation géographique.

35D’un point de vue scientifique, notre recherche complète les travaux sur les tactiques de normalisation professionnelle dans les « sales boulots ». Plusieurs travaux ont montré les effets négatifs du stigmate professionnel sur la santé mentale et le départ des salariés (Baran et al., 2012 ; Barbier et al., 2013 ; Bentein et al., 2017). Toutefois, peu de travaux apportent des voies de solution concrètes pour pallier ces effets. Les tactiques de normalisation passant, entre autres, par la construction de sens, sont une voie évoquée dans la littérature (Ashforth et Kreiner, 1999), mais pour laquelle nous disposons de peu de preuves empiriques, à l’exception des travaux d’Ashforth et al. (2007, 2017). Nos résultats montrent la pertinence de ce cadre de référence pour les aides à domicile, validant ainsi la généralisabilité de la typologie d’Ashforth et Kreiner (1999). Nos résultats prolongent aussi cette littérature en mettant en lumière les défis que posent le besoin de création de sens dans l’exercice de son métier. En recalibrant et recentrant les attributs de l’emploi, les aides à domicile aménagent leurs tâches pour qu’elles soient cohérentes avec le sens qu’elles donnent à leur emploi. Cet aménagement suppose de fournir des occasions d’autonomie et de contrôle de son travail aux salariés. Les recherches futures pourraient poursuivre nos travaux auprès d’autres emplois discrédités, en étudiant comment l’aménagement des tâches peut affecter les processus de création de sens, que ce soit en les contraignant ou en les facilitant.

36Nos travaux complètent aussi ceux qui portent sur le métier d’aide à domicile. La plupart des travaux existants dans ce champ de recherche (par ex., Avril, 2006 ; Bernoux, 2011 ; Doniol-Shaw, 2009) décrivent le vécu des salariés, leurs conditions de travail et leur ressenti avec détails. Mais ces travaux demeurent dans l’ensemble descriptifs. S’ils sont très utiles pour comprendre le quotidien des aides à domicile, ils ne débouchent pas sur des implications pratiques susceptibles d’aider les managers à accompagner leurs collaborateurs. L’approche par les tactiques de normalisation permet de compléter ces travaux en identifiant des processus par lesquels les aides à domicile peuvent donner du sens à leur travail.

Bibliographie

  • Ashforth B. et Kreiner G. (1999). “How can you do it ? Dirty work and the challenge of constructing a positive identity”, Academy of Management Review, vol. 24, no 3, p. 413-434.
  • Ashforth B., Kreiner G., Clark M. et Fugate M. (2007). “Normalizing dirty work : Managerial tactics for countering occupational taint”, Academy of Management Journal, vol. 50, no 1, p. 149-174.
  • Ashforth B., Kreiner G., Clark M. et Fugate M. (2017). “Congruence work in stigmatized occupations : A managerial lens on employee fit with dirty work”, Journal of Organizational Behavior, vol. 38, no 8.
  • Avril C. (2006). « Le travail des aides à domicile pour personnes âgées : contraintes et savoir-faire », Le Mouvement Social, vol. 6, no 3, p. 200-203.
  • Baran B. E., Rogelberg S. G., Carello Lopina E., Allen J.A., Spitzmüller C. et Bergman M. (2012). “Shouldering a silent burden : The toll of dirty tasks”, Human Relations, vol. 65, no 5, p. 597-626.
  • Barbier M., Dardenne B. et Hansez I. (2013). “A longitudinal test of the job demands-resources model using perceived stigma and social identity”, European Journal of Work and Organizational Psychology, vol. 22, no 5, p. 532-546.
  • Bentein K., Garcia A., Guerrero S. et Herrbach O. (2017). “How does social isolation in a context of dirty work increase emotional exhaustion and inhibit work engagement ? A process model”, Personnel Review, vol. 46, no 8, p. 1620-1634.
  • Bernoux P. (2011). « Reconnaissance et appropriation : Pour une anthropologie du travail », Esprit, vol. 10, p. 158-168.
  • Bolton S. (2005). “Women’s work, dirty work : The gynaecology nurse as ‘other”’, Gender, Work & Organization, vol. 12, no 2, p. 169-186.
  • Bosmans K., Mousaid S., De Cuyper N., Hardonk S., Louckx F. et Vanroelen C. (2016). “Dirty work, dirty worker ? Stigmatisation and coping strategies among domestic workers”, Journal of Vocational Behavior, vol. 92, p. 154-167
  • Bouquet B. (2006). « Management et travail social », Revue française de gestion, vol. 32, no 168-169, p. 125-142.
  • Bouthier D., Pastré P. et Samurçay R. (1995). « Le développement des compétences : analyse du travail en didactique professionnelle », Éducation Permanente, 123, p. 7-12.
  • Broussy L. (2013). L’adaptation de la société au vieillissement de la population : France année zéro, Rapport à Mme M. Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie.
  • Dussuet A. (2015). « Des conditions d’emploi et de travail déstructurées », Santé & Travail, vol. 89.
  • Doniol-Shaw G. (2009). « L’engagement paradoxal des aides à domicile face aux situations repoussantes », Travailler, vol. 2, no 22, p. 27-42.
  • Duval M. (1996). « Des emplois dévalorisés, des services appréciés. Aide domestique et maintien à domicile des personnes âgées », Lien social et politiques, vol. 36, p. 133-140.
  • Hughes E. (1958). Men and Their Work, Glencoe, The Free Press.
  • Stacey C. (2005). “Finding dignity in dirty work : The constraints and rewards of low-wage home care labour”, Sociology of Health and Illness, vol. 27, no 6, p. 831-854.
  • Van Maanen J. (1976). “Breaking in : Socialization to work”, Handbook of Work, Organization and Society, R. Dubin (Ed.), p. 67-130.
  • Weick K.E. (1979). The Social Psychology of Organizing, 2nd ed. Reading, MA, Addison-Wesley.
  • Weick K.E. (1995). Sensemaking in Organizations, Thousand Oaks, Ca, Sage Publications.
  • Weick K.E., Sutcliffe K.M. et Obstfeld D. (2005). “Organizing and the process of sensemaking”, Organization Science, vol. 16, no 4, p. 409-421.

Mise en ligne 23/11/2020

Notes

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.85

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions