Couverture de RFG_211

Article de revue

Don, ingratitude et management

Suicide et désengagement au travail

Pages 47 à 61

1 Aujourd’hui que l’intérêt des médias pour les circonstances tragiques des suicides au travail est retombé, il me semble nécessaire de revenir sur cette question pour quatre raisons. La première tient au respect que l’on doit aux personnes disparues en tentant de comprendre ce qui les a conduit à décider d’« en finir ». La deuxième consiste à mobiliser une analyse sociologique pour comprendre les causes communes de ces gestes individuels, permettant de souligner que le problème est d’ordre organisationnel, et non personnel. La troisième repose sur la volonté de sortir des réflexions guerrières, parce qu’elles sont à la fois fausses et scandaleuses.

2 La quatrième raison est la plus centrale : le phénomène de « désengagement », qui repose sur les mêmes causes que les suicides, est moins visible que ces derniers, mais infiniment plus répandu et pernicieux pour les entreprises. L’effritement des liens sociaux conduit en effet les individus à ne plus disposer de l’accès à la reconnaissance et au sens. Ils préfèrent alors se désinvestir pour protéger leur identité.

3 Cet article revient ainsi sur la question de l’intégration sociale en entreprise ; intégration qui participe de la responsabilité sociale, mais représente, tout autant, le ressort même de l’engagement des salariés. Cet engagement repose sur leur « volonté de donner » ; volonté qui heurte des logiques managériales trop sensibles aux sirènes des logiques de l’équilibre contribution/rétribution.

1. Suicide et intégration sociale

4 L’une des œuvres fondatrice de la sociologie est certainement « Le suicide », ouvrage publié par Émile Durkheim en 1897 (Durkheim, 1969). L’auteur y développe, pour la première fois dans l’histoire de la sociologie, une idée essentielle pour notre propos. Tout d’abord, la sociologie se distingue de la psychologie par la nature des causes mobilisées pour interpréter un phénomène : le psychologue explique le geste du suicidant par sa personnalité, sa fragilité, alors que le sociologue explique le même geste par des causes indépendantes de la personne. Ainsi, même dans cet acte aussi intime que le fait de se donner la mort, Durkheim met en évidence les conditions de vie objectives qui déterminent cet acte. C’est en effet le degré d’intégration sociale et de régulation sociale qui amène les individus à avoir une propension plus ou moins grande au suicide. Par « intégration sociale », il faut entendre la capacité à s’associer aux autres en partageant, dans le cadre d’interactions répétées, des finalités, des valeurs et des sentiments. Par « régulation sociale », il faut entendre la capacité d’une société à produire des règles et des normes suff isamment légitimes pour contraindre moralement les individus à adopter un type de comportement. Plus les règles de vie en commun sont légitimes, et plus l’intégration sociale est forte, et plus la société resserre les liens qui attachent une personne à son groupe, et plus elle amène les individus à se considérer comme l’élément d’un tout, et donc à moins ressentir le « fardeau » de la situation individuelle. Ainsi, à l’époque à laquelle Durkheim écrit son ouvrage, les individus qui ont la moins forte propension au suicide sont catholiques, mariés, ruraux et de sexe féminin. En effet, les croyances des catholiques associent le rapport à Dieu aux membres de la communauté, plus que celles des protestants ; le mariage et la parentalité attribuent à chaque être des places et obligations qui protègent du « mal de l’infini » des désirs ; le monde rural repose sur des règles de vie et des relations d’alliance stables et respectées ; les femmes, plus engagées que les hommes dans la vie domestique se trouvent donc mieux intégrées que les hommes (la pensée de Durkheim est très discutée sur ce plan). Pour être exact, il faut noter que trop d’intégration et de régulation amènent également au suicide ; la relation statistique est donc celle d’une courbe en “U” ».

5 L’évolution de la société, ajoute Durkheim, amène à passer d’une forme de solidarité « mécanique » (fondée sur les valeurs et non réfléchie), à une solidarité « organique » (réfléchie et fondée sur l’interdépendance des fonctions attribuées aux individus). Et cette forme de socialisation se trouve menacée par les crises économiques et sociales (qui interrogent la légitimité de la répartition des richesses), par un écart croissant entre la richesse tirée du travail d’une part, et du capital d’autre part, et par un manque de contrôle des institutions sur le fonctionnement global du système. Cette situation produit l’« anomie », état lié à la répétition des changements, qui fait que les règles sociales (quelle que soit leur nature), ne se trouvent plus adaptées aux situations vécues par les individus. Elles perdent alors leur légitimité et amènent les individus à ressentir un écart insupportable entre leurs désirs et la possibilité de les réaliser. Durkheim identifie un nombre croissant de situations de ce type aussi bien à propos du fonctionnement de l’État, de la vie familiale, ou du développement urbain.

6 Le principal lieu d’intégration sociale protégeant de l’anomie, indique l’auteur, est celui du travail et des corporations de métiers qui tissent des liens de solidarité entre les ouvriers et compagnons et entre ces derniers et les institutions.

7 Cette relecture rapide des travaux du fondateur de la sociologie amène à faire une hypothèse évidente, qui fonde la trame de cet article. L’« anomie organisationnelle », le déficit de régulation sociale devient le fait le plus caractéristique de la transformation des entreprises contemporaines (Alter, 1990, 2000 ; Hodson, 1999 ; Reynaud et Reynaud, 1996 ; Uhalde, 2005). Conséquemment, la question de l’intégration sociale, à l’intérieur des organisations se pose de manière aiguë. Et ceci d’autant plus que les métiers et corporations, socialement intégrateurs, tendent à disparaître au profit de dispositifs organisationnels reconnaissant toujours un peu moins la nécessaire autonomie des experts, des gens de métiers actuels (Osty, 2003 ; Osty et Dahan Seltzer, 2006).

2. La logique du don contre-don

8 Comprendre cette situation suppose préalablement de se souvenir qu’il y a encore une vingtaine d’années, tout l’inverse caractérisait le monde des organisations. Les cas des entreprises publiques et des administrations matérialisent bien cette évolution. Les formes de gestion paternalistes ou bureaucratiques, la production de masse ainsi que la situation de croissance économique avaient une forte fonction d’intégration sociale et de régulation. Les premiers travaux de recherche de Renaud Sainsaulieu, réalisés au début des années 1970 et publiés quelques années plus tard (Sainsaulieu, 1977) en donnent une bonne idée : en fonction de la position d’influence et de reconnaissance occupée dans l’organisation, différentes cultures se constituent à l’intérieur même de la socialisation professionnelle, qui surdéterminent les cultures apprises antérieurement, par la famille, la religion, l’ethnie ou l’école.

9 D’une manière ou d’une autre cette capacité intégratrice reposait sur une interprétation ouverte de la relation d’emploi : le contrat ne définissait qu’une partie de la relation d’emploi. L’autre partie reposait sur des accords informels, des ententes tacites ou des zones de tolérance permettant la production de « pactes » globaux qui assuraient une sorte de loyauté réciproque, entre salariés et employeur, sur la longue durée, très souvent celle de la totalité d’une carrière professionnelle. Comprendre le contenu et les mécanismes de ce dispositif d’échange suppose de mobiliser la théorie du don (Mauss, 1991), que l’on peut définir comme un cycle d’échange permanent de prestations, non exclusivement économiques, et produisant des liens entre individus, autant que la circulation de biens (Godbout et Caillé, 1992).

10 D’une manière ou d’une autre cette capacité intégratrice reposait sur une interprétation ouverte de la relation d’emploi : le contrat ne définissait qu’une partie de la relation d’emploi. L’autre partie reposait sur des accords informels, des ententes tacites ou des zones de tolérance permettant la production de « pactes » globaux qui assuraient une sorte de loyauté réciproque, entre salariés et employeur, sur la longue durée, très souvent celle de la totalité d’une carrière professionnelle.

11 L’application de ces principes au fonctionnement des entreprises publiques donne une bonne idée de la nature du pacte associant employeur et salariés, jusque dans les années 1990. Plusieurs séries de recherches, portant parfois sur les mêmes entreprises, ont mis en évidence le caractère très heuristique de la théorie du don pour analyser le passage global d’une logique de pacte à une logique de contrat, passage décidé de manière largement unilatérale. Les travaux de Jean-Daniel Reynaud (1997) associent tout d’abord à ce paradigme la question de la régulation, puis ceux de Norbert Alter (2000, 2002) la question de l’innovation ou du changement, puis ceux de Laetitia Pihel celle de la gestion des compétences (2010a). Que l’entrée de ces recherches soit de type sociologique, anthropologique ou gestionnaire, elles observent toutes un échange social entre salariés et employeurs, que l’on peut schématiser selon les cinq dimensions suivantes :

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  • L’espace. En début de carrière les jeunes agents se trouvent affectés dans des régions lointaines (Nord de la Loire) par rapport à leur origine géographique (souvent le Sud-Ouest, la Bretagne, les départements d’outre-mer) ; le pacte garantit de pouvoir se rapprocher progressivement du pays, par « sauts de puce », au fur et à mesure des affectations ; il assure également d’un retour au pays avant la fin de carrière.
  • La temporalité. Les « coûts d’entrée » dans la fonction sont élevés, en plus du déracinement les jeunes recrutés disposent de salaires faibles, les amenant souvent à vivre dans des « foyers » ; les anciens leur transmettent également les tâches les plus ingrates. Selon le principe de « gratification différée », au fur et à mesure du déroulement de la carrière, les agents récupèrent cette « mise » et en tirent avantage.
  • Les biens échangés. Les salaires sont plus faibles que dans le secteur privé, mais le statut garantit l’emploi à vie et la hiérarchie sait fermer les yeux sur toutes sortes d’arrangements avec la gestion effective du temps de travail.
  • Le service public. Si cette notion induit des obligations souvent lourdes (horaires décalés, mobilité, respect tatillon des règles, responsabilité), elle représente (jusqu’au milieu des années 1980), une source de respect et de reconnaissance.
  • La mobilité fonctionnelle. Contrairement à ce que suppose le sens commun, les agents de l’État doivent s’adapter à de très nombreux changements : techniques (nucléaire, télématique, TGV, informatisation, droits des usagers) et organisationnels (émergence des fonctions commerciales, décentralisation, modernisation des dispositifs de gestion). En contrepartie, et ceci est tout particulièrement juste dans le domaine technique, les agents savent disposer d’une compétence experte, souvent plus élevée que dans des activités comparables du secteur privé.

13 Ces prestations réciproques obéissent à la règle du « donner, recevoir et rendre » : donner oblige à recevoir (sauf à préférer le conflit à la paix) et donc à donner à son tour ; le donataire devient alors le donateur et engage un nouveau cycle d’échange. Les échanges, réalisés de part et d’autre, correspondent à des prestations réciproques mais jamais équilibrées. Ils dépassent par ailleurs très largement, par leur variété et leur faible formalisation, le contenu des contributions et des rétributions prévues par le contrat de travail (Alter, 2009 ; Godbout, 2008 ; Pihel, 2010a). Ce dispositif d’échange, fonctionnant sur la longue durée et selon des principes communs à toutes les activités de l’entreprise, est fortement intégrateur. Il associe en effet la production de biens au respect des liens, il associe également les contraintes économiques à celles de la socialisation, il associe enfin les acteurs à un bien commun, celui de la mission de l’entreprise.

3. La recherche de l’équilibre contributions/rétributions

14 Deux grandes vagues de réformes, celle qui porte sur les classifications (années 1990), puis celle qui concerne la mobilité (années 2000), portées par la direction des entreprises publiques « modernisent » brutalement cette situation.

15 À tort ou à raison, la modernisation du système de classifications part du principe que la gestion par les grades, celle du secteur public traditionnel, conjuguant avancement à l’ancienneté et arrangements locaux illégitimes, produit une inertie incompatible avec l’ouverture au marché. La gestion des carrières doit donc faire l’objet d’une révision totale. Tous les postes de travail, puis toutes les personnes se trouvent ainsi « pesés » (évalués) de manière à attribuer à chacun, de manière scientifique, le poste auquel il a droit, compte tenu de sa compétence. Le système de rémunération et les procédures de gestion des carrières font par ailleurs l’objet de procédures très précises, dont le respect est suivi avec la plus grande vigilance, de manière à rendre les salaires « équitables » et plus proches des prix du marché. La polyvalence, et en particulier la capacité à passer des métiers techniques aux activités commerciales, sont particulièrement valorisées, au moment même où les contraintes de service public cèdent progressivement le pas à la logique commerciale.

Tableau 1

Don/contre-don

Don Contre-don
Espace Déracinement « Retour au pays »
Temporalité Coûts d’entrée Gratification différée
Biens échangés Salaires faibles Sécurité, temps « poreux »
Service public Servir Respect
Mobilité S’adapter dans le métier Excellence
figure im1

Don/contre-don

16 Les mesures concernant la politique de mobilité obéissent aux mêmes types de principes : sortir des pratiques de gestion des ressources humaines favorisant l’attachement à un métier, un lieu, un milieu ou même des coutumes professionnelles, pour rendre les affectations fluides et les personnels adaptés à cette même fluidité. L’engagement tacite du « retour au pays » systématique est ainsi banni ; la durée des postes est divisée par trois ; les procédures de gestion intègrent de manière stricte des obligations de mobilité (par exemple, changer de classification suppose une mobilité fonctionnelle et/ou géographique). De manière générale, ceux qui acceptent de jouer le jeu bénéficient de promotion, et d’une dynamique de carrière « cohérente », les autres se trouvant abandonnés à leur seul statut d’agent public. Mais surtout, on valorise dorénavant la capacité à être mobile, plus qu’à être compétent dans un type d’activité donné.

17 Ce double train de réformes rompt radicalement avec la logique d’échange antérieure : d’un pacte fondé sur le don contre-don et l’endettement mutuel, le registre de l’échange passe à un contrat fondé sur l’équilibre des contributions et des rétributions. Le tableau 2 permet de rendre compte de l’évolution.

18 L’économique était jusque-là « encastré » dans le social (pour reprendre la formule de la sociologie économique). Tout va dorénavant être mis en œuvre pour parvenir à une situation inverse, dans laquelle la relation d’emploi se trouve gérée de manière plus étroitement économique et où on s’évertue à appliquer le célèbre principe : « on ne gère bien que ce qu’on sait mesurer » (Reynaud et Reynaud, 1996 ; Alter, 2000, 2002, 2009 ; Pihel, 2010b). Les liens qui se construisaient dans le système de don contre-don se dissolvent dans l’instantanéité et l’équilibre des échanges. L’échange devient alors utilitaire : instantané et indépendant de la nature de la relation. À une tâche ou une mission correspond dorénavant une durée, une valeur et des moyens précisément codifiés et standardisés. Ainsi, le technicien sait qu’il ne peut pas compter (faire confiance) sur « l’entreprise » pour assurer sa formation, pas plus que le chef d’établissement ne peut compter sur « ce technicien » pour s’adapter aux nouvelles technologies. Pour obtenir d’une part formation et d’autre part adaptation aux nouvelles technologies, les acteurs comptent (au sens comptable) ce qu’ils se doivent, réglementairement.

Tableau 2

Analyse de l’évolution

Contribution Rétribution
Espace Mobilités régulières Promotion
Temporalité Postes « courts » Gratification instantanée
Biens échangés Flexibilité, productivité Salaires au prix du marché
Service public Intégrant la logique commerciale Performances
Mobilité Polyvalence Dynamique de carrière
figure im2

Analyse de l’évolution

19 Cette politique amène donc à oublier les « dettes » (les contre-dons attendus) accumulées par l’entreprise à l’égard des salariés. En cours de carrière, le technicien dont il était question précédemment, va par exemple, perdre la possibilité de retourner « au pays », l’accès à un poste de travail avantageux et relativement « tranquille », la solidité des règles de gestion de son emploi, la satisfaction d’œuvrer au nom du service public ainsi que la possibilité de demeurer dans son métier. Le « changement des règles du jeu en cours de partie » (Reynaud et Reynaud, 1996 ; Alter, 2000), qui consiste à passer du pacte antérieur à une lecture uniquement contractuelle de la relation d’emploi, amène ainsi les salariés en milieu ou en fin de carrière, qui avaient beaucoup « donné », à ne pas disposer de contre-don en retour. Si les mesures décrites peuvent donc être objectivement considérées comme rationnelles, elles ne sont subjectivement jamais considérées comme légitimes. La notion d’« ingratitude de l’entreprise » et parfois de « trahison », qui repose sur cette rupture brutale et unilatérale du pacte qui associait antérieurement employeur et salariés, apparaît précisément à cette période.

4. Un changement sans apprentissage

20 Au-delà de ces réactions affectives, le changement décrit pose un problème réel d’ordre économique et social. Économique, puisqu’en amenant à privilégier l’équilibre des échanges et le strict respect des relations contractuelles, le management se prive du trésor de la compétence collective que lui confient ses salariés. Social, puisqu’en voulant réduire les échanges à la circulation des biens, il tarit le lien social et ses vertus d’intégrations.

21 Les politiques décrites découvrent en effet, chemin faisant, des problèmes inattendus. Par exemple, le « poids » affecté à la compétence résulte d’une photographie de la situation professionnelle occupée à un moment donné, alors que la compétence réelle de la personne, correspond à un « film », à toute une série d’expériences tenues et accumulées de manière dynamique. De même, le strict encadrement des systèmes de rémunération (y compris « annexes ») et des procédures de recrutement introduit une rigidité telle que les réseaux des chefs d’établissements ne peuvent plus décider de choisir des opérateurs en tenant compte des réputations, des sympathies ou des systèmes d’alliance, et, plus fondamentalement, de leur expérience. De même, la multiplication des postes de courte durée ne permet plus de disposer d’experts internes et gâche un capital d’expertise qu’il avait fallu souvent plus de dix ans à constituer. Ou encore, la mobilité des tâches, des dispositifs d’organisation et des personnes érode largement le capital social des uns et des autres, rendant du même coup la coopération entre pairs difficile. Plus fondamentalement, la force de la politique de mobilité, l’autorité dont elle jouit à l’intérieur de l’organisation permet de l’utiliser pour sanctionner des opérateurs considérés comme inutiles ou déloyaux. La politique de mobilité devient ainsi autant un moyen de gestion des personnes plus que des ressources humaines.

22 Ces effets inattendus ou pervers n’ont, en tant que tels, rien d’inquiétant : toutes les analyses des processus d’innovation organisationnelle indiquent en effet qu’une décision n’est jamais bonne, en tant que telle, mais qu’elle peut le devenir (Alter, 2000). Ce qui rend une décision efficace a peu à voir avec son contenu intrinsèque, mais, beaucoup plus largement, avec la capacité collective à la rendre efficace. Les erreurs commises au moment de la conception et au début de la mise en œuvre d’une nouvelle politique d’organisation ou de gestion des ressources humaines sont ainsi « logiques » puisqu’une décision de ce type repose toujours sur des « croyances normatives » (Boudon, 1995) : renouveler des dispositifs de gestion, sans avoir l’expérience de leur usage, de leurs effets concrets, suppose en effet de mobiliser des croyances (des affirmations non vérifiables immédiatement) normatives (considérées comme « normales » par les autres). En situation d’incertitude il est donc à la fois cohérent et légitime « d’y croire » pour s’engager dans une action. Mais l’art du management consiste à remplacer progressivement ces croyances par l’expérience tirée de l’usage de la nouveauté pour aménager et améliorer le contenu et même l’esprit de la décision initiale. C’est très précisément ce qu’indiquent les travaux de recherche en innovation (technologique et organisationnelle) et, plus largement les perspectives développées par l’apprentissage organisationnel (Argyris et Schön, 1978 ; Midler, 1993) ou collectif (Reynaud, 1997 ; Hatchuel, 2002). À propos des deux décisions qui nous intéressent ici, gestion des compétences et mobilité, ce retour d’expérience sur les croyances n’est pas réalisé. C’est au contraire un management « dogmatique » (imposant ses croyances de manière autoritaire) qui conçoit puis impose ces mesures, sans en permettre l’appropriation. Trois raisons expliquent ce phénomène. Tout d’abord ces mesures ont une dimension symbolique forte : le management parvient, à travers elles, à prendre pied sur ce qui était conçu jusque-là comme un territoire qui lui échappait totalement : celui des « statuts des personnels » ; modifier le dessein initial serait apparu comme une abdication. Ensuite, négocier informellement avec les opérateurs ou formellement avec les syndicats, pour permettre l’appropriation des mesures, aurait reproduit les règles du jeu social qui existaient jusque-là ; et l’objectif principalement recherché consistait au contraire à « changer les règles du jeu ». Enfin, cette même perspective managériale participait d’une culture assez en vogue durant cette période, consistant à vouloir faire « table rase du passé » et des liens sociaux nichés dans le tissu organisationnel pour mettre en œuvre des dispositifs de gestion intrinsèquement rationnels et étrangers aux « états d’âme ».

5. L’impossibilité de ne pas donner

23 De manière parfaitement contre-intuitive, si on part du principe que les règles de gestion définissent unilatéralement le comportement des opérateurs, ou si l’on suppose que seule la réciprocité des échanges, amène à donner, les agents continuent pourtant à s’engager, infiniment plus que ne le supposent leur fiche de poste et le contrat de travail. La raison en est à la fois simple et fondamentale : donner représente, plus encore que le support d’un échange, le moyen d’être reconnu et de donner sens à son activité. Le sentiment d’ingratitude ne correspond alors plus seulement à la rupture unilatérale du pacte antérieur, mais à une situation structurelle.

Management en amont et management en aval

24 Comprendre ce phénomène suppose de distinguer tout d’abord deux logiques managériales. La première correspond au management en amont, qui conçoit les dispositifs de gestion, contrôle leur mise en œuvre et en évalue les résultats. La seconde correspond au management en aval : elle consiste à rendre réalisables et sensées les décisions prises en amont, en les interprétant, en en favorisant l’interprétation ou en oubliant un certain nombre des dispositions initialement prévues. Dans le cadre des changements sans apprentissages tels que présentés plus haut, ces pratiques correspondent à l’activité de nombreux encadrants (quel que soit leur niveau hiérarchique), qui indiquent avec ironie, au cours d’un entretien, que l’une de leur principale fonction consiste à « donner du sens ». Prise au pied de la lettre, cette formule sibylline indiquerait que la gestion dogmatique du changement aurait produit une division du travail absurde, entre ceux qui prendraient des décisions « insensées », et d’autres, qui leur « donneraient du sens ». Elle indique, plus sérieusement, que l’impossibilité de négocier les changements et surtout, leur impossible appropriation, amène le management en aval à préserver un minimum de lien social pour que le travail demeure efficace et sensé, mais ceci de manière parfaitement opaque, voire transgressive par rapport aux engagements formels (Alter, 2000).

Liens et sens au travail

25 Toujours est-il que le lien social représente bien un moyen de donner du sens au travail. Et, inversement, le sens au travail suppose l’existence du lien social (Weick, 1995 ; Guillaume, 2008 ; Garaud, 2010). Cette impossibilité de vivre le travail de manière « insensée » explique la permanence du « don inconditionnel » (selon la formule d’Alain Caillé) des salariés : quel que soit le contre-don en retour, ils ne peuvent cesser de donner, de s’engager dans les liens sociaux porteurs de sens selon les trois significations de ce terme (Alter, 2009).

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  • Sens du point de vue cognitif : la coopération entre collègues, dans laquelle circulent aussi bien des savoirs, des savoir-faire, du temps, des croyances, des réputations ou des outils permet de comprendre le métier, la tâche ou la mission ; et cette compétence se trouve mise au service du bon fonctionnement de l’entreprise.
  • Sens du point de vue de la « direction », de la stratégie poursuivie par l’entreprise ou le département : les relations d’amitié, de complicité, de soutien mutuel, autant que les luttes intestines et que les relations de pouvoir représentent l’occasion et le lieu propices aux interrogations concernant la finalité poursuivie par l’entreprise. De manière exacte ou inexacte, les collectifs de travail parviennent ainsi souvent à construire intellectuellement une rationalité gestionnaire dont ne disposent pas toujours les décisions du management en amont ; ce type d’échanges associe ainsi un sens aux décisions du management en amont et préserve les agents d’un sentiment trop fort d’incertitude.
  • Sens du point de vue « sensible » : le « sentiment d’exister » (Flahaut, 2002 ; Godbout, 2008) repose fondamentalement sur le partage des émotions liées à l’existence de la vie collective (Rimé, 2005). À l’occasion de la réussite d’un projet, de l’altercation avec un client ou du plaisir de travailler ensemble, les agents engagent des relations « incorporées », des relations associant gestes, regards et verbalisations manifestant l’existence de la vie collective et l’appartenance à un « tout ». Cet espace sensible se trouve privilégié, en tant que tel : indépendamment des bénéfices qu’il permet, ou des dépenses qu’il suppose, il permet en effet d’éprouver l’« être ensemble ». La survie relative de cet espace représente une ressource essentielle pour l’entreprise, celle de l’esprit d’« équipe », de la capacité à sacrifier une partie de ses propres ressources au bénéfice de l’existence de la vie collective, laquelle fonde la capacité à « exister en entreprise » (Alter, 2009 ; Hannique et Servel, 2008).

Don et reconnaissance

27 La troisième explication de la pérennité du don des agents à l’égard de l’entreprise tient au mécanisme de la reconnaissance sociale. En philosophie, il est convenu d’accepter l’idée que la faim de reconnaissance fonde l’action des individus, bien plus souvent que les fins rationnelles (Ricœur, 2004 ; Honneth, 2007). Depuis quelques années les chercheurs associent la question de la reconnaissance avec celle du don et de la générosité, que celle-ci prenne une forme pacifique (désir d’associer) ou antagonique (désir de dominer). Les travaux de Lazzeri et Caillé (2004) définissent les principaux contours de cette problématique en distinguant les trois éléments constitutifs de l’accès à la reconnaissance : la valeur des actes dont on est l’auteur, la responsabilité de ces actes, l’estime de soi que l’on tire de ces mêmes actes. Appliquées au domaine de l’évolution de la culture de service public, ces distinctions permettent de comprendre que la générosité qui fonde l’engagement collectif, et y compris dans le cadre des réformes décrites, repose fondamentalement sur ce désir de reconnaissance.

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  • Être reconnu pour la valeur des actes dont un individu est l’auteur étaye le principe de générosité inconditionnelle par rapport à l’entreprise. Par exemple, le commercial issu des activités techniques, ou la commerciale issue des activités administratives s’engagent souvent avec appétence dans les « trophées » ou les « challenges » désignant les meilleurs vendeurs. Cette distinction permet en effet d’être reconnu comme « le plus beau, le plus fort », selon la formulation de Mauss, d’être finalement le plus prestigieux, le meilleur, celui qui a droit au respect.
  • Être reconnu comme responsable de ses actes représente l’occasion d’attribuer la réussite d’une affaire, d’un projet ou d’une initiative réussie à un individu, et non à une procédure. Ce principe est absolument fondamental pour saisir ce qui permet l’innovation et le changement dans le secteur public (et certainement ailleurs) : prendre le risque de ne pas conformer son comportement aux cultures et conventions en vigueur permet d’être identifié comme « différent », comme un individu suffisamment congruent pour être plus fort que la norme.
  • L’estime de soi sédimente le principe de la valeur attachée au travail réalisé. Ainsi, malgré des procédures ou des objectifs souvent antagoniques avec l’idée de service public, de « bel ouvrage » ou des valeurs fondant l’égalité des droits des « usagers », les agents tentent de préserver l’idée qu’ils se font du « bon travail », du « bon service » et donc de l’estime d’eux-mêmes. Pour ce faire, et selon la problématique développée par Dubar (1991) ils se trouvent amenés à respecter à la fois leurs engagements antérieurs (principe de l’identité pour soi) et les engagements présidant à leur situation actuelle (principe de l’identité pour autrui). Ainsi, un commercial vendra, pour atteindre les objectifs qui lui sont fixés, un nombre important de produits, mais en continuant à veiller à ce que ces ventes ne remettent pas en question sa déontologie d’agent public (« on ne vole pas une petite grand-mère » selon l’expression consacrée).

29 Toutes ces raisons produisent un déséquilibre frappant dans la relation entre employeurs et salariés : les représentants de l’entreprise ont décidé unilatéralement de modifier les règles du jeu, en passant du pacte au contrat, du don contre-don à la recherche de l’équilibre entre contribution et rétribution, mais les salariés continuent, tout aussi unilatéralement, à s’adonner à leur tâche, à donner à l’entreprise infiniment plus que ce qui est prévu par le contrat de travail.

6. Le don qui épuise

30 L’analyse qui précède permet de comprendre, synchroniquement, la permanence du déséquilibre du don. Mais elle ne permet aucunement d’en mesurer la fragilité. Dans une perspective diachronique, tout indique que les agents se lassent, parfois « raisonnablement », parfois tragiquement du déni de leur don (Alter, 1993, 2010) parce que donner représente un effort, un investissement et un coût psychique qui ne peuvent être renouvelés durablement sans contre- don.

31 Trois facteurs contribuent à cet effet de lassitude. Le premier tient à la découverte progressive de l’incapacité fondamentale de la logique de l’entreprise à reconnaître ce qui est donné : à force de devoir travailler dans l’opacité, l’informel et l’anxiété liés à la dissociation entre management aval et amont, à force de ressentir l’absurdité d’une situation qui ne leur permet pas de donner explicitement, le « meilleur d’eux-mêmes », les agents apprennent à rapprocher leur activité des seules procédures de travail. Cette logique de désengagement concerne également le rapport au groupe, à l’existence de la vie collective. La dilution progressive des fêtes professionnelles est un bon indicateur de cette dynamique régressive. Le dernier facteur constitutif de cet effet de lassitude résulte des deux premiers : moins nourri par les investissements des uns et des autres, le collectif de travail exerce moins aisément et moins systématiquement sa capacité à associer les agents autour du « sentiment d’exister ».

32 Si la volonté de donner habite donc toujours la culture et l’identité professionnelle des agents, leur capacité à donner se trouve progressivement érodée par l’effort que suppose cette action et par son caractère unilatéral. Le risque psycho-social émerge précisément dans cette circonstance : lorsque les agents ne peuvent plus, par lassitude psychique et par épuisement de leurs ressources cognitives, continuer à donner, ils se trouvent directement confrontés à l’absurdité du management en amont, ne parviennent donc plus à accéder au sens et à la reconnaissance.

33 Cette perspective retrouve très précisément les travaux développés par Karasek et Thoerell (1990) pour expliquer l’émergence des risques psycho-sociaux. Les auteurs indiquent en effet que le caractère pathogène des situations de travail provient d’un « soutien social » insuffisant, que celui-ci provienne des collègues ou de la hiérarchie de proximité. Si le phénomène identifié est donc bien de nature comparable, il n’en va pas de même pour l’analyse de ses causes : les auteurs cités les définissent comme organisationnelles et ergonomiques. Elles sont présentées ici comme le résultat d’une incapacité culturelle du management en amont : celle d’accepter la part du don dans le fonctionnement des organisations.

34 Plus fondamentalement, ces mêmes analyses retrouvent assez fidèlement les travaux de Durkheim présentés plus haut. Les suicides au travail proviennent directement du fait que l’entreprise « intègre » moins qu’avant, parce qu’elle use et parfois rompt les liens sociaux qui se construisent dans les échanges de dons : elle exclut ainsi de l’« intérieur ». Les suicides proviennent également du caractère absurde des situations vécues, l’anomie organisationnelle résultant du déficit de règles légitimes. En définissant des modalités d’évaluation des compétences et des politiques de mobilité de manière dogmatique, le management en amont parvient ainsi à atteindre un idéal organisationnel, selon lequel les procédures articuleraient « scientifiquement » le comportement des agents. Et cet idéal-là heurte à la fois l’idéal social (le travail comme moyen d’accès à l’identité) et l’idéal gestionnaire (la capacité à tirer le meilleur parti des ressources humaines).

35 En accord avec Durkheim l’explication des suicides (leurs causes) est donc bien d’ordre sociologique, même si leur compréhension (ce qui amène une personne à « passer à l’acte ») demeure d’ordre psychologique (Dejours, 1998). En désaccord avec Durkheim on ne peut traiter ici les « faits sociaux comme des choses » : les suicides au travail sont moralement et affectivement choquants, scandaleux et doivent être identifiés comme tels ; pas comme un « effet de mode ».

36 Il reste que ces suicides ne représentent que la partie la plus visible, parce que la plus tragique et la plus publique, d’un même phénomène : celui du « détachement », de la dissociation croissante entre les personnes d’une part, et les personnages d’autre part, qui tiennent les postes de travail. Ce détachement permet aux individus d’admettre l’idée d’une nécessaire indépendance entre le sujet ou l’acteur d’une part, et l’opérateur et le salarié d’autre part : il faut, se disent les agents, parvenir à « mettre un mouchoir sur ce que l’on ressent », ne pas trop s’investir dans les missions pour ne pas trop souffrir du manque de reconnaissance que l’on en tire. Ils apprennent à tenir une position réflexive sur leur identité professionnelle, mécanisme d’ajustement déjà largement observé par la sociologie générale et la psychologie clinique (Laing, 1980 ; Giddens, 1987 ; Dubet, 1994 ; Kaufmann, 1992) et plus récemment par la sociologie du monde du travail (Alter, 1993 ; Osty et al., 2007). Plusieurs formes de ce détachement peuvent être distinguées :

37

  • l’utilitarisme raisonné : en fonction de l’intérêt (économique ou social) de la tâche ou de la mission proposée, mais également en fonction de ce qui est vécu à l’extérieur de l’entreprise, les individus décident de s’engager ou de se désengager ; ils négocient également plus explicitement le rapport entre contribution et rétribution ;
  • le retrait « politique » : pour éviter le déséquilibre entre le don et la reconnaissance, certains décident de contribuer moins généreusement en limitant leurs investissements à ce que prescrit leur fiche de poste ; ce retrait est invisible parce qu’il n’est ni affiché ni critique ; il se terre au contraire dans un comportement « politiquement correct », conformiste ;
  • la lassitude de l’acteur : lorsque les individus ont trop largement consommé les ressources culturelles, relationnelles et identitaires qui leur permettent de s’engager, de participer activement à la mise en œuvre d’innovations, ils se trouvent las d’entreprendre ; leur position consiste alors à réduire la fréquence et l’intensité de leur mobilisation et à protéger leur équilibre psychique en développant des stratégies plus égoïstes.

38 Ces différentes formes de détachement et d’utilitarisme résultent du paradoxe décrit plus haut : l’incapacité managériale de tirer parti de la volonté de donner. Cet apprentissage s’associe à un autre, infiniment plus large, et tout aussi inquiétant : la légitimité même de l’institution d’entreprise se trouve largement questionnée. Dans tous les cas, elle a perdu son caractère d’évidence, qui lui avait permis de faire du secteur public français un secteur d’excellence technologique et souvent, également, commerciale.

CONCLUSION

39 À l’évidence, les analyses présentées ici ne concernent pas spécifiquement le secteur public, mais, plus largement, l’ensemble des grandes entreprises, quel que soit leur statut. Elles amènent à interroger un certain nombre de pratiques managériales. Pour qu’elles puissent avoir une portée opératoire, il est possible de les résumer selon trois principes d’analyse et trois principes d’action.

40 Principes d’analyse :

41

  • il existe actuellement un paradoxe gestionnaire majeur dans les grandes entreprises : on ne parvient pas à tirer parti de ressources qui se « donnent » ; on préfère mettre en œuvre des principes de mobilisation trop souvent mécanistes plutôt que de tirer parti de la volonté de donner ;
  • les « bonnes décisions » en matière d’organisation, n’ont rien à voir avec les principes d’efficacité qui les fondent ; les décisions ne peuvent que devenir « bonnes » en sollicitant leur appropriation par les acteurs ;
  • un salarié est également un acteur (avec lequel il faut compter pour mener à bien des politiques) et un sujet (dont l’économie affective et émotionnelle est fragile mais confère sens à la vie professionnelle et efficacité dans l’engagement collectif). Principes d’action :
  • faire preuve de gratitude, quelles que soient les formes de cette preuve, signifie que le management reconnaît ce que les salariés donnent plus que ce qu’indique le contrat de travail ;
  • mais reconnaître suppose préalablement de connaître la réalité du travail fourni et des relations de coopération ; une partie du temps consacré à la prescription des tâches et des procédures de coordination, réinvestie dans l’observation et la valorisation des ressources réellement disponibles, devient alors une décision logique et peu coûteuse ;
  • la dissociation croissante entre le management en aval et le management en amont, qui empêche les directions des entreprises de connaître la valeur réelle des ressources humaines, qui favorise la mise en œuvre de décisions « dogmatiques » et qui détermine le « détachement », doit être réduite par l’appelle à la capacité critique, la capacité à faire la clarté sur la réalité de ce qu’engagent les différents acteurs au travail.

42 Dans cette perspective idéale, le monde du travail pourrait alors se rapprocher du projet de Durkheim : l’intégration sociale, affaiblie dans la sphère familiale et politique, serait amenée à se réaliser largement dans le cadre des sociabilités professionnelles. Cette intuition est devenue le souci majeur des gestionnaires actuels, ou elle doit le devenir.

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Mise en ligne 19/04/2011

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