Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lumière Lyon 2, présidente del’Association française des historiens économistes, Manuela Martini est l’auteure de nombreux et importants travaux à l’intersection de l’histoire du travail, de l’entreprise et des migrations. Elle a écrit notamment l’ouvrage intitulé Bâtiment en famille. Migrations et petite entreprise en banlieue parisienne au xxe siècle. L’objectif est de jeter les bases d’une histoire de l’immigré entrepreneur en France. Un tournant s’est produit en effet au début du xxe siècle avec un fort mouvement de création d’entreprises étrangères. Sachant que la disposition d’un métier importe plus qu’un capital de départ, se posent trois types de questions : l’acquisition de nouvelles compétences professionnelles, l’accès à ‘indépendance et les modes de gestion de l’entrepreneur immigré.
Manuela Martini a choisi d’appliquer cette problématique à un secteur particulièrement concerné par l’immigration : le bâtiment (un tiers de migrants en 1974). Il s’agit d’un secteur hétérogène, spécialisé par corps de métier, au sein duquel le choix a été fait de se concentrer sur les entreprises générales de bâtiment et de maçonnerie. Représentant entre 40 et 50% des effectifs de la branche, c’est aussi la spécialisé comptant la plus forte proportion de migrants. En 1968, la maçonnerie seule comptait pour 24,8% des effectifs totaux du btp (dont 44,9% pour le gros œuvre, 36,6% pour le second œuvre et 18,5% pour les travaux publics…