Notes
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[1]
Patrick Fridenson, « La mort d’Aimée Moutet, historienne spécialiste de l’entreprise », Le Monde, n° 23577, 28 octobre 2020, p. 30 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/10/20/la-mort-d-aimee-moutet-historienne-specialiste-de-l-entreprise_6056721_3382.html)), consulté le 14 février 2021.
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[2]
Aimée Moutet, Histoire de l’ANACT : vingt ans au service de l’amélioration des conditions de travail, Paris, Éditions Syros, 1994.
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[3]
Par exemple, récemment : Aimée Moutet et Emmanuel Quenson, « 3 : Formation professionnelle et formation technique au cours des Trente Glorieuses », dans Jacqueline Costa-Lascoux, Geneviève Dreyfus-Armand et Émile Temime (dir.), Renault sur Seine. Hommes et lieux de mémoires de l’industrie automobile, Paris, La Découverte, 2007, p. 55-96.
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[4]
Danièle Linhart et Aimée Moutet (dir.), Le travail nous est compté, Paris, La Découverte, 2005.
1Aimée Moutet est décédée le 25 octobre 2020, à Puteaux, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Universitaire et historienne française, elle s’est fait connaître en tant que spécialiste des questions d’organisation de la production et du travail dans les entreprises industrielles [1]. Née à Paris le 1er mai 1936, elle eut pour père Marius Moutet (1876-1968), député socialiste du Rhône, puis de la Drôme, ministre des Colonies sous le Front populaire, ministre de l’Outre-mer, à l’époque du Tripartisme, dans les gouvernements Félix Gouin, Georges Bidault, Léon Blum et Paul Ramadier, du 26 janvier 1946 au 22 octobre 1947, puis sénateur de la Drôme. Il fut l’un des quatre-vingt parlementaires à avoir refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940.
2Aimée Moutet est d’abord professeur d’histoire au lycée. En même temps, elle s’intéresse à des recherches sur le syndicalisme ouvrier en France, en démontrant, contrairement à l’opinion acquise jusqu’alors, qu’à Paris, le mouvement syndical s’est rapidement reconstitué après la répression de la Commune en 1871. Après mai 1968, elle milite au sein d’un groupe d’enseignantes se définissant comme contestataires, féministes et chrétiennes. Devenue maîtresse de conférences à l’université Paris XIII, elle s’intéresse désormais à l’histoire des patrons et ingénieurs en France de 1880 à 1939 et leur adaptation au taylorisme et au fordisme venus des États-Unis. Elle en fait le sujet d’une thèse de doctorat soutenue en 1992, sous le titre La rationalisation industrielle dans l’économie française au XXe siècle : étude sur les rapports entre changements d’organisation technique et problèmes sociaux 1900-1939.
3Elle en tire son premier livre Les Logiques de l’entreprise. La rationalisation dans l’industrie française de l’entre-deux-guerres, Paris, Éditions de l’EHESS, 1997, 496 p. S’il ne dispense pas totalement de revenir à la thèse de doctorat, cet ouvrage connaît un grand retentissement dans la communauté scientifique. A. Moutet y met en lumière l’adaptation globale des entreprises industrielles françaises (espace, machines, contrôle de la main-d’œuvre…), les débats et les conflits qui en résultent entre les patrons de l’industrie, les ingénieurs, les contremaîtres et les ouvriers. Elle montre comment syndicats, associations d’ingénieurs, experts et universitaires ont dû se positionner, réviser leurs connaissances et certitudes et reconstruire des stratégies. Ensuite, A. Moutet porte son intérêt sur l’histoire des entreprises, de l’après-guerre aux années 1990, en particulier sous l’angle des nouveaux risques du travail et des efforts déployés pour les réduire. Elle publie notamment, en 1994, un ouvrage sur l’histoire de l’Association pour l’amélioration des conditions de travail (ANAcT), agence créée en 1973 [2]. Auteure de nombreux articles de revues scientifiques ou de contributions à ouvrages collectifs [3], elle a codirigé plusieurs ouvrages portant sur la santé au travail, l’ergonomie et les normes de temps : ainsi Le travail nous est compté, Paris, La Découverte, 2005 [4].
Notes
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[1]
Patrick Fridenson, « La mort d’Aimée Moutet, historienne spécialiste de l’entreprise », Le Monde, n° 23577, 28 octobre 2020, p. 30 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/10/20/la-mort-d-aimee-moutet-historienne-specialiste-de-l-entreprise_6056721_3382.html)), consulté le 14 février 2021.
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[2]
Aimée Moutet, Histoire de l’ANACT : vingt ans au service de l’amélioration des conditions de travail, Paris, Éditions Syros, 1994.
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[3]
Par exemple, récemment : Aimée Moutet et Emmanuel Quenson, « 3 : Formation professionnelle et formation technique au cours des Trente Glorieuses », dans Jacqueline Costa-Lascoux, Geneviève Dreyfus-Armand et Émile Temime (dir.), Renault sur Seine. Hommes et lieux de mémoires de l’industrie automobile, Paris, La Découverte, 2007, p. 55-96.
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[4]
Danièle Linhart et Aimée Moutet (dir.), Le travail nous est compté, Paris, La Découverte, 2005.