« Archives—as records—wield power over the shape and direction of historical scholarship, collective memory, and national identity, over how we know ourselves as individuals, groups, and societies » (2). Dans leur article intitulé « Archives, Records and Power : The Making of Modern Memory », les deux archivistes Joan M. Schwartz et Terry Cook mettent ainsi l’accent sur la place fondamentale qu’occupent les archives dans la constitution du rapport au passé, dans les pratiques méthodologiques, herméneutiques et épistémologiques de la discipline historique, mais également dans la manière dont le collectif se construit et se pense, puisque les archives sont mobilisées dans les « récits historiques nationaux et les constructions mémorielles » (Cœuré 29). Les archives apparaissent comme une source d’autorité, déconstruisant l’idée qu’elles constitueraient un espace neutre ou apolitique. Plus précisément, elles perpétuent des enjeux et des rapports de pouvoir – liés au capitalisme, au racisme, au genre, au colonialisme, à la sexualité, au validisme par exemple – au niveau de leur constitution, de leur organisation ou de leur utilisation. Pour reprendre les termes de Joan Scott, il semble donc essentiel de procéder à une désacralisation des archives (Scott 8). Quelles sont les fonctions de l’archive dans les usages scientifiques ? Quels sont les rapports entre les archives et le pouvoir ? Comment le rôle des archives s’inscrit-il dans les processus mémoriels ?
Ces questions, loin d’être inédites, sont cependant toujours pertinentes, puisqu’elles sont constitutives des opérations scientifiques en sciences sociales…
Cet article est en accès conditionnel
Acheter cet article
5,00 €
Acheter ce numéro
18,00 €
S'abonner à cette revue
À partir de 75,00 €
Accès immédiat à la version électronique pendant un an
4 numéros papier envoyés par la poste