Couverture de RFEA_160

Article de revue

A Patient Labor : le travail des patients noirs et les pratiques de résistance dans les asiles psychiatriques du Sud, 1870-1910

Pages 200 à 214

Notes

  • [1]
    Citons notamment les théories racialistes de Samuel Cartwright, médecin louisianais actif dans les années 1850 qui publiait à propos des maladies mentales propres aux esclaves dans le Sud. Voir Christopher Willoughby, « Running Away from Drapetomania: Samuel Cartwright, Medicine, and Race in the Antebellum South. » Journal of Southern History 84.3 (2018): 579-614.
  • [2]
    Le pouvoir médical dans le Sud au xixe siècle est presque exclusivement un pouvoir blanc. L’ouvrage de Thomas J. Ward évoque la question de l’émergence de la médecine noire aux xixe et xxe siècles : il existait dans le Sud très peu de médecins noirs reconnus à la fin du xixe siècle. L’un des premiers lieux de formation de médecins noirs était Howard University, créée en 1868 (Ward). Le Central State Hospital ne comptait pas de médecins noirs dans son équipe avant le milieu du xxe siècle selon le professeur King Davis (entretien avec King Davis, Richmond, Virginie, avril 2015). Cependant, l’hôpital eut un administrateur noir à partir de 1882 comme l’indique un article dans le Christian Recorder, journal noir de Philadelphie, le 16 mars 1882 : « Dr. J.C. Ferguson, a well-known colored physician of this city, has been appointed Assistant Superintendent of the Central Lunatic Asylum at a salary of $1,500 per annum ».
  • [3]
    Certaines catégories répertoriant les causes de folie étaient différentes selon la race des patients dans l’asile de Louisiane notamment (Grossi 282).
  • [4]
    Par « Cause perdue », on fait référence à la nostalgie ressentie par les Blancs envers les valeurs et l’ordre politique et social organisé par la société blanche esclavagiste avant les années 1860 dans le Sud (Blight).
  • [5]
    Le système de convict leasing fut mis en place après les années 1870 pour exploiter la force de travail des prisonniers noirs dans les États du Sud (Oshinsky).
  • [6]
    On ne note pas d’évolutions notoires concernant les dispositifs de traitements par le travail appliqués aux patients sur la période.
  • [7]
    « Its cultivation insures ample employment to the patients » in Daniel Burr Conrad, « Defective Lease of Asylum Grounds — Asylum Only Located Temporarily and the Necessity for its Permanent Location », 1869, reproduit dans l’Annual Report of the Board of Directors and Medical Superintendent of the Central Lunatic Asylum for Colored Insane, Virginia for the Year 1871 and 1872, Richmond : R.F. Walker, Superintendent Public Printing, 1872, 25. Toutes les traductions sont de l’autrice.
  • [8]
    « as an economical measure in buying supplies, and where the surplus produce could be sold in a competitive market » in Annual Report of the Board of Directors and Medical Superintendent of the Central Lunatic Asylum for Colored Insane, Virginia for the Year 1871 and 1872, Richmond : R.F. Walker, Superintendent Public Printing, 1872, 25.
  • [9]
    Notons qu’en 1843, la militante Dorothea Dix qui fit campagne afin de créer les premiers asiles du pays dénonçait la condition des aliénés de l’État du Massachusetts, fréquemment enfermés dans des prisons plutôt que dans des institutions de soins (Dix, 1843).
  • [10]
    Le récit du travail des patients noirs dans les institutions psychiatriques sudistes entre dans la continuité des rapports entre esclavage et capitalisme, en cela qu’il présente le même mode d’exploitation économique de la main d’œuvre noire sur une période ultérieure.
  • [11]
    Yann Moulier Boutang décrit cette fuite possible du travailleur en la comparant avec l’option d’ « exit » de Hirschmann ; voir Yann Moulier Boutang, De l’esclavage au salariat : économie historique du salariat bridé, Paris : PUF, 1998.
  • [12]
    Il est difficile d’évaluer l’aboutissement de ces résistances dans l’asile ; toutefois, on peut relever des cas d’évasions de patients noirs au sein de l’asile de Virginie (Grossi 254).
  • [13]
    Cet effacement constitue bien l’évidence du racisme institutionnel au sein des établissements de soin et d’un rapport social de pouvoir inégalitaire souvent invisibilisé (et donc euphémisé) entre l’administration blanche et les patients noirs.
  • [14]
    À propos du travail qui permet de demander sa citoyenneté, voir Judith N. Shklar, American Citizenship : The Quest for Inclusion, Harvard University Press, 1991.
  • [15]
    Case 18885: Mental Examination (31 Jan. 1911), Elizabeth Hospital Archives, National Archives and Records Administration (NARA), Record Group (RG) 418, Entry 66, Washington DC. (cite in Gambino 405).
  • [16]
    Langston Hughes, « Black Workers ». The Crisis (avril 1933) : 80.
I know what the caged bird feels, alas!
When the sun is bright on the upland slopes;
When the wind stirs soft through the springing grass,
And the river flows like a stream of glass;
When the first bird sings and the first bud opes,
And the faint perfume from its chalice steals—
I know what the caged bird feels! […]
Paul Laurence Dunbar « Sympathy », Lyrics of the Earthside, 1899

1Entre les années 1870 et 1920, de nombreux asiles et hôpitaux psychiatriques ouvrirent leurs portes dans les États du Sud des États-Unis pour traiter spécifiquement les pathologies des populations noires récemment libérées du joug de l’esclavage. À partir de 1877, après la Reconstruction, les théories scientifiques développées dans le Sud antebellum portant sur les corps et les comportements noirs, et notamment la folie, prirent une nouvelle signification dans le Sud ségrégué, une décennie après la guerre de Sécession [1]. Les institutions de soins, dont les asiles, ces instruments de « contrôle social » au service de l’État, comme les définissait le sociologue Robert Castel (Castel, 1976), s’inscrivaient dans un contexte de nostalgie grandissante des Blancs pour une période esclavagiste fantasmée (Blight ; Foner). D’ailleurs, la majorité de ces hôpitaux étaient dirigés par des infirmiers, médecins et administrateurs blancs [2]. En cette fin de xixe siècle, l’asile devenait une véritable « fabrique de la race » ou “race-making institution” (Wacquant 55), tandis que les médecins blancs organisaient le travail forcé des patients noirs, tout en pratiquant des classifications épidémiologiques censées rendre compte des différences physiques et biologiques entre les Noirs et les Blancs (Grossi 2018, 268-269) [3]. Ainsi, les modalités thérapeutiques au sein des hôpitaux cherchaient à rétablir l’ordre social, moral et politique en place avant l’abolition de l’esclavage, bien avant l’époque de la Cause perdue (Foster ; Cox ; Gallagher et Nolan ; Blight) [4].

2Dans cet article, nous reviendrons sur l’organisation d’espaces de travail racialisés propres aux patients noirs, dont le soin était organisé en relation avec le travail physique, pensé comme propre à leur « nature », comme sur les plantations esclavagistes – ce système de traitement moral par le travail venant reproduire de manière frappante les nouvelles pratiques de travail forcé telles que le convict leasing system dans le Sud [5]. Nous étudierons ainsi les traitements des comportements noirs par le travail dit « thérapeutique » à travers les dispositifs mis en place dans ces nouveaux espaces ségrégués entre 1870 et 1910 [6]. Le travail servait-il à contraindre les corps racialisés, comme le prétendaient les médecins majoritairement blancs à l’époque ? Les patients noirs forgeaient-ils des pratiques de résistance pour répondre aux dispositifs coercitifs du pouvoir psychiatrique ?

3Pour répondre à ces interrogations, cet article se basera sur deux études archivistiques, celle du Central State Asylum for Colored Insane (renommé au début du xxe siècle Central State Hospital), ouvert à Petersburg en Virginie en 1870 uniquement pour des patients noirs (il fut le premier de la sorte aux États-Unis) et celle du Central Louisiana State Hospital fondé à Pineville en Louisiane en 1906, qui comportait deux ailes séparées pour des patients noirs et blancs. L’étude de l’asile de Louisiane permettra une comparaison des traitements différentiels appliqués aux patients blancs et noirs de la même institution. Bien qu’on puisse noter des différences entre des États aussi différents que la Virginie et la Louisiane, le traitement des Africains-Américains était semblable sur bien des points dans tous les États du Sud. Par ailleurs, l’analyse des modalités de traitements au sein de ces deux institutions nous permettra de comprendre la place centrale que tenait le travail forcé des patients dans le dispositif psychiatrique à l’époque.

Le travail : la raison économique

4Dès les premières discussions concernant la localisation de l’asile de Petersburg, avant même son ouverture, les législateurs de Virginie défendaient la nécessité pour les patients d’avoir accès à des bâtiments à proximité d’une ferme qui disposait un peu plus de 100 hectares (250 acres) de terres cultivables, afin que « la culture de cette terre assure le plein emploi des patients », à raison de six mètres carrés par patient, quelle que soit d’ailleurs sa condition physique ou mentale [7]. La ville de Petersburg fut finalement choisie pour l’implantation de l’institution en raison de sa proximité avec les réseaux ferroviaires et commerciaux, « pour rendre plus économique l’achat des denrées, et pour que le surplus puisse être vendu dans un marché compétitif », plutôt qu’à Howard’s Grove à environ 800 mètres au Sud de la ville de Richmond où l’asile avait été temporairement établi [8]. Le travail fourni par les patients était pensé comme devant assurer l’autosubsistance financière de l’institution (les patients cultivant, par exemple, durant leurs heures libres, les fruits et les légumes servis aux repas) pour réduire les dépenses de l’asile. La perspective de faire travailler les patients dans les champs constituait ainsi l’un des paramètres qui dictait la localisation de l’asile.

5Si en 1870, à son ouverture, le travail des patients était encore pensé comme relevant seulement de la question thérapeutique, il devient vite une nécessité pour la survie financière de l’institution. En effet, entre 1870 et 1915, l’asile connut une augmentation exponentielle du nombre de ses patients, qui étaient souvent placés dans cette nouvelle institution par leur famille, lorsque celle-ci ne pouvait plus subvenir à leurs besoins. Cette surpopulation n’était pas un cas isolé : on peut l’attribuer à la popularité naissante dans le Sud des asiles, qui étaient vus par leurs contemporains comme des lieux de curabilité particulièrement modernes (McCandless). Alors que l’institution ne comptait que 70 patients en 1870 (Rapport annuel au gouverneur 1872, 6), et que le directeur de l’époque Daniel Burr Conrad affirmait que l’asile était « rempli, sans atteindre la saturation de l’espace » (comfortably crowded), leur nombre atteignait 1750 en 1915 (Rapport annuel au gouverneur 1915, 23). Ce fort accroissement du nombre de patients admis au sein de l’institution avait inquiété les directeurs successifs de l’hôpital, ceux-ci réclamant année après année une hausse budgétaire dans les rapports annuels destinés au gouverneur de l’État de Virginie. Ainsi, William Drewry, le directeur du Central State Hospital for Colored Insane en 1920, avouait son dépit à ne pas pouvoir conduire sa mission dans de meilleures conditions :

6

There [was] […] quite a number of persons who were kept at home or not reported, because the hospital was so overcrowded it was difficult to get a patient in promptly, and, consequently, they had to be kept in jail.
(Rapport annuel au gouverneur 1921, 7)

7Malgré l’augmentation du nombre de patients, le budget de l’asile pour les Noirs de Virginie stagnait et n’était pas à la hauteur de celui des autres asiles pour Blancs du même État : à titre de comparaison, en 1919, le budget annuel de fonctionnement du Central State Hospital for Colored Insane versé par la législature de Virginie s’élève à 294 097,17 dollars pour 1763 patients, soit 166,81 dollars par patient par an (Rapport annuel 1919, 19), alors que la même année, le budget alloué à l’Eastern State Hospital, l’un des hôpitaux blancs, est de 156 452,78 dollars pour 775 patients, soit 201,87 dollars par tête par an (Rapport annuel, 1919, 11). Ces financements différentiels montrent une hiérarchisation des soins sur des critères raciaux, ce qui fait écho aussi à la situation des écoles ségréguées pour Noirs, qui n’étaient pas financées au même niveau que celles pour Blancs (Vaughn 129). D’autre part, les patients noirs étaient plus souvent placés dans les institutions pénitentiaires que les Blancs à symptômes équivalents : davantage de lits étaient prévus pour les Blancs que pour les Noirs, et par conséquent, les directeurs d’asiles, par manque de place, envoyaient les patients noirs restés trop longtemps au sein d’une même institution sans signes de rétablissements apparents dans les institutions carcérales des États (Grossi 231) [9].

8L’une des raisons du délitement des finances est à attribuer à la fin de la période de Reconstruction, lorsque les quelques législateurs noirs Républicains, élus après l’abolition, qui auparavant soutenaient le financement de l’asile perdirent peu à peu leur influence dans la Virginia House of Delegates à partir des années 1880, à mesure que les Démocrates blancs reprenaient le contrôle des chambres législatives de l’État. La seule solution pour pallier ce déficit budgétaire était encore le travail des patients, dont les fruits de l’exploitation laborieuse étaient consommés dans l’asile ou étaient vendus pour assurer un revenu stable à l’institution.

Naturaliser le travail : le corps noir dans l’asile

9Une deuxième motivation pour faire travailler les patients est apparue bien en amont de ces préoccupations financières, dès les premières années d’ouverture de l’asile : celle du travail thérapeutique, censé placer les patients sur la voie de la guérison. Cette méthode de traitement « moral » n’émerge bien sûr pas seulement dans le Sud ségrégué pour traiter les populations noires : on trouve ses premières traces dans les écrits de l’aliéniste français Philippe Pinel, notamment dans son Traité Médico-Philosophique sur l’Aliénation Mentale de 1809. Le traitement moral incluait dès sa première définition un volet consacré au travail des patients : Pinel, dont les écrits étaient particulièrement connus et cités par les aliénistes américains au xixe siècle comme le relate l’historien Charles S. Bryan, recommandait ainsi un « travail manuel qui fixe l’attention [des aliénés] et les attachent par l’appât d’un léger lucre » pour maintenir le calme dans l’établissement mais aussi pour rendre sa sérénité au patient (Pinel 240 ; Bryan 18).

10Dès le début des années 1870, le premier directeur de l’établissement de Virginie, Daniel Burr Conrad, mentionnait avec enthousiasme le travail des patients noirs pour ses vertus curatives en relation à leur « nature » laborieuse, de par leur ancien statut d’esclaves :

11

From our experience during the past two years, work with the hands is regarded here, as elsewhere, as the most powerful hygienic and curative agents and influences which are classed under the general heading of ‘moral treatment’, and we are inclined to think that this manual labor is the chief, if not the only, means of cure we possess for this class of our insane, coming as they all do from the totally uneducated former slave class.
(Rapport annuel au gouverneur 1872, 8)

12La soi-disant « nature » de l’homme et de la femme noirs était ainsi définie en relation avec la force de travail qu’elle représentait précédemment lors de la période esclavagiste : l’aliénation des patients noirs était essentialisée et normalisée par le pouvoir médical. Le corps noir retrouverait la paix et la normalité sous les ordres du pouvoir médical blanc, qui cherche à rationaliser l’exploitation physique et économique de cette force de travail nouvellement libre. L’extraction de la force de travail des patients noirs est ainsi naturalisée.

13Plus d’une trentaine d’années après l’ouverture de l’asile, le travail manuel des patients était toujours plébiscité par les médecins de l’institution. Ainsi, on retrouve en 1908 les mêmes généralisations et justifications du travail manuel des patients noirs dans les plantations de l’établissement :

14

The regular, simple life, the hygienic conditions, the freedom from dissipation and excitements, steady and healthful employment, enforced self-restraint, the freedom from care and responsibility, the plain, wholesome, nourishing food, comfortable clothing, the open-air life upon the plantation, the kindly care and treatment when sick, in those days, all acted as preventive measures against mental breakdown in the Negro.
(Drewry 312)

15Ces quelques mots, écrits par William Drewry, directeur de l’hôpital en 1908, ne laissent aucun doute quant à l’idéologie thérapeutique revendiquée par les médecins de l’institution et leur rhétorique paternaliste envers les patients noirs : pour s’épanouir, ces derniers auraient besoin d’un cadre de vie simple et routinier basé sur le mode de vie du Vieux Sud. Ce récit mélioratif, appuyé par le pouvoir médical, permet également de faire revivre pour les médecins blancs un Sud d’antan transformé par une vision nostalgique, tandis que l’ordre médical recréait, de manière mimétique, l’ordre social et racial disparu. Ainsi, le modèle thérapeutique du travail dans le Sud post-esclavagiste revêt une caractéristique bien particulière : celui-ci fait alors l’objet d’une interprétation locale dans le contexte racialisé et ségrégué du Sud où naturaliser les différences entre les groupes raciaux justifie de fait la ségrégation des corps dans les espaces publics et privés, et, par extension, leur inégalité. Ce travail agricole gratuit fourni à l’État par les patients noirs offre une impression d’autant plus frappante de déjà vu qu’elle reproduit la violence et la segmentation raciale subies par les Africains-Américains à l’époque de l’esclavage, tout en appliquant en continuité par rapport à l’époque esclavagiste l’exploitation capitaliste des corps noirs, avec le commerce des denrées produites par les patients (Beckert et Rickman ; Williams) [10]. En contrôlant les patients noirs et surtout en limitant la « fuite » des travailleurs noirs vers le Nord par exemple ou leur ascension sociale (Oshinsky ; Lichtenstein ; Mancini, 1996; Mancini, 1978), la médicalisation du travail dans l’asile permet d’assurer la continuité entre la figure de l’esclave, contraint en tout point au travail, et la figure du travailleur, naturalisée, dont le travail est à présent lié à son caractère [11].

16De surcroît, le travail manuel effectué par les patients obéit à une division sexuée. Dans le rapport annuel au gouverneur de la Virginie de 1872-1873, il est ainsi indiqué que les tâches relatives aux travaux physiques dans la ferme et dans les étables de même que les travaux de charpenterie et de cordonnerie sont réservés aux hommes, alors que les femmes raccommodaient les vêtements, prenaient en charge la lessive, le nettoyage des surfaces, dont celles des dortoirs et des réfectoires, et faisait du tricot (Rapport annuel au gouverneur 1873, 44). Ce système de travail développé en Virginie fut reproduit dans d’autres institutions sudistes et connut des adaptations locales, par exemple si l’hôpital accueillait à la fois des patients noirs et blancs ou seulement des Africains-Américains. Dans ses mémoires parues en 1934, le docteur James Lawrence Thompson officiant au South Carolina State Asylum (Thompson 7) évoquait la hiérarchie raciale et sexuelle à l’œuvre entre les patients des deux groupes raciaux alors qu’il compare les travaux fournis par les Blancs et les Noirs :

17

It was customary to employ as many of the patients as possible—those who were in condition to work—both male and female, white and colored. The white females would make beds, sweep the floors, sew, work in the kitchen and even sweep the yards. The colored females would work on the wards in various ways and in the laundry. The colored males did most of the rough work, such as working on the farm, cutting wood and the like. The white males were somewhat handicapped in their work as it was not customary to have the white and colored males working together and we did not have land enough to have the white males work on the farm, hence they were confined to work mostly in cleaning up the yards and moving trash from about the building.
(Thompson 7)

18La pénibilité des tâches apparaît pondérée selon le sexe et la race des patients : le corps masculin, indocile et noir, est soumis aux tâches physiques les plus rudes, dans les champs, tandis que les femmes noires sont occupées aux tâches de la vie quotidienne (comme le repassage) dans la sphère de la domesticité, comme cela est le cas au Central State Hospital de Virginie dans la citation plus haut et au Central Louisiana State Hospital de Pineville (figures 1 et 2). Par opposition, dans cette même institution, les hommes et femmes blanches effectuaient des travaux en intérieur ou en extérieur moins pénibles, comme on peut le voir sur les photographies mettant en scène les patients de Louisiane au tournant du xxe siècle (figures 3 et 4). Si l’on compare les photographies 1 et 4, on note une différence d’agencement des patients dans l’espace selon leur race et leur sexe : là où les patientes blanches sont réparties en cercle sur la pelouse, l’activité de couture leur permettant d’interagir et de se socialiser (figure 4), les hommes noirs sont isolés les uns des autres dans le champ, et ne bénéficient pas de ce même cercle de convivialité. Somme toute, les médecins de l’asile de Louisiane cherchaient à reproduire dans l’institution la hiérarchisation sociale et raciale hors des murs de l’asile : les espaces réservés des patients blancs permettaient aux patients blancs de s’adonner aux activités de la classe moyenne de l’époque (couture en extérieur pour les femmes, petits travaux manuels pour les hommes), en mettant l’accent sur les loisirs et les échanges plutôt que sur le travail. Par ailleurs, l’exploitation économique du corps noir dans les plantations des asiles passait par l’épuisement physique des corps noirs et par un contrôle de la masculinité par l’institution psychiatrique.

Résister au travail

19On aurait tort de décrire des patients entièrement passifs et soumis à cette exploitation laborieuse. Des voix contestataires émergent dans l’institution pour protester contre le travail forcé, et ce, dès le début des années 1870. Elles sont relatées de manière indirecte dans les rapports annuels de l’institution de Virginie :

20

Some involuntary laborers […] object to work, on the ground of its reducing them to their former slave state—making them work without pay; and object, logically, that if well enough to work, they are well enough to be discharged.
(Rapport annuel au gouverneur 1872, 7)

21On voit à travers ce témoignage ce que Michel Foucault énonçait comme « la manière insidieuse pour les fous de poser de force la question de la vérité par rapport à un pouvoir psychiatrique qui voulait leur imposer seulement la réalité » (Foucault, 2003, 138). Ici, il n’est pas question d’une « simulation de la folie à l’intérieur de la folie » (Colucci, 2005, 124), mais plutôt de donner à voir ses capacités de résistance, en remettant en question le traitement arbitraire et coercitif reçu de la part du pouvoir asilaire et en opposant un front de résistance à la rationalisation scientifique [12]. De telles paroles ne sont pas isolées, ni au sein des hôpitaux de Virginie et de Louisiane mentionnés auparavant, ni au sein d’autres institutions pour Noirs de l’époque. Si les noms et l’identité de ces aliénés ont souvent été effacés des registres (ils sont peu nommés de manière individuelle), leurs voix apparaissent toujours aussi fortes à travers les archives [13]. Les patients noirs étaient ainsi conscients des contradictions entre leur statut de patient et le travail gratuit qu’ils effectuaient. La plupart d’entre eux (ou leurs parents) avaient subi le joug de l’esclavage et durant l’époque de la Reconstruction, les hommes noirs reconnaissaient particulièrement que leur force de travail constituait un élément central à leur liberté, malgré l’exploitation dont elle faisait les frais, notamment par le système de métayage [14]. Citons l’exemple d’Abraham Tibbs, un patient admis en 1910 au St Elizabeth Hospital à Washington, l’hôpital psychiatrique fédéral :

22

[T]he onliest time I got good sense is when I’m working for nothing, but when I ask for pay like you would, then I am out of my mind and insane. [15]

23À la violence du pouvoir médical sudiste blanc, l’aliéné noir oppose l’ironie, et dénaturalise par le même mouvement la relation de soin que le médecin s’est évertué à naturaliser. Au savoir médical, il érige son « savoir assujetti », cette forme des savoirs « non conceptuels, […] naïfs, […] hiérarchiquement inférieurs, […] en dessous du niveau de la connaissance ou de la scientificité requise » et il rend ainsi sa propre parole subversive, en nommant sa force de travail injustement exploitée, pour prouver son droit à la liberté (Foucault, 1992, 8-9). Par ailleurs, les patients blancs résistaient certainement tout autant aux tâches qui leur étaient présentées : cependant, on peut noter que la résistance des patients noirs est davantage rapportée dans les archives que celle des patients blancs, peut-être car elle apparaissait comme plus problématique aux yeux des soignants.

Conclusion

24Des années 1870 aux années 1910, les asiles et hôpitaux psychiatriques du Sud des États-Unis eurent pour fonction de maintenir les corps séparés, une ségrégation justifiée ici par les différences raciales biologiques selon les médecins blancs, ces derniers pensant que le traitement thérapeutique des Noirs devait être différent de celui des Blancs. Le travail apparaît alors comme l’outil de manipulation des corps et des esprits, reproduisant la période esclavagiste en lui donnant les allures d’un cadre curatif.

25Forme d’esclavage « n’en portant pas le nom » (Blackmon), le travail est ainsi l’activité passerelle qui permet un glissement de la fonction de soin à la fonction de contrôle (Foucault, 2003, 138). Conçu comme l’outil libérateur de l’esprit, le travail asservit les corps, fragiles et soumis à la violence légitime de l’État, dont l’institution asilaire se fait l’ambassadrice. Toutefois, les voix des aliénés transparaissant dans les asiles dessinent un complexe jeu de pouvoir entre les récipiendaires du pouvoir médical et leurs sujets. Il ne fait nul doute que cet assujettissement et des corps et des esprits au travail ravive lentement et surement la flamme de l’émancipation, faisant écho aux vers du poème « Black Workers » de Langston Hughes : « The bees work / Their work is taken from them / We are like the bees / But it won’t last / Forever » [16].

Figure 1. Travail imposé aux patients noirs : patients fertilisant la terre pour la ferme et les cultures
Figure 1. Travail imposé aux patients noirs : patients fertilisant la terre pour la ferme et les cultures, n.d., aux alentours de 1910, Central Louisiana State Hospital, Pineville, Louisiane.
Source : Annual Report of the Board of Administrators of the Louisiana Hospital for Insane of the State of Louisiana. To the Governor. Biennial Period Ending March 31st 1910.
Figure 2. Les activités de repassage, pour les patientes noires
Figure 2. Les activités de repassage, pour les patientes noires, n.d., aux alentours de 1910, Central Louisiana State Hospital, Pineville, Louisiane.
Source : Annual Report of the Board of the Administrators, of the Central Louisiana State Hospital at Pineville, To his Excellency, the Governor, Biennial Period Ending March 31, 1936, 47.
Figure 3. Les patients blancs de l’hôpital participant à la confection des vêtements.
Figure 3. Les patients blancs de l’hôpital participant à la confection des vêtements.
Source : Annual Report of the Board of the Administrators, of the Central Louisiana State Hospital at Pineville, To his Excellency, the Governor, Biennial Period Ending March 31, 1936, 25.
Figure 4. Les patientes blanches participant à la confection des vêtements en extérieur.
Figure 4. Les patientes blanches participant à la confection des vêtements en extérieur.
Source : Annual Report of the Board of the Administrators, of the Central Louisiana State Hospital at Pineville, To his Excellency, the Governor, Biennial Period Ending March 31, 1936, 14.

Sources citées

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  • Annual Report of the Board of Directors and Medical Superintendent of the Central Lunatic Asylum for Colored Insane, Virginia for the Year 1872 and 1873. Richmond VA : R.F. Walker, Superintendent Public Printing, 1873.
  • Annual Report of the Board of Administrators of the Louisiana Hospital for Insane of the State of Louisiana. To the Governor. Biennial Period Ending March 31st 1910, The New Advocate, Official Journal. Baton Rouge LA, 1910. Hill Memorial Library, Louisiana State University, Baton Rouge, 1910.
  • Annual Report of the Central State Hospital of Virginia for the Fiscal Year Ending September 30, 1915. Richmond VA : Davis Bottom, Superintendent of Public Printing, 1915.
  • Annual Report of the Central State Hospital of Virginia at Petersburg for the Fiscal Year Ending September 30, 1919. Richmond VA : Davis Bottom, Superintendent of public printing, 1919.
  • Annual Report of the Eastern State Hospital of Virginia at Williamsburg for the Fiscal Years Ending September 30, 1919. Richmond VA : Davis Bottom, Superintendent of public printing, 1919.
  • Annual Reports of the Central State Hospital of Virginia for the Fiscal Years Ending September 30, 1920 and 1921. Richmond VA : Davis Bottom, Superintendent of Public Printing, 1921.
  • Annual Report of the Board of the Administrators, of the Central Louisiana State Hospital at Pineville, To his Excellency, the Governor, Biennial Period Ending March 31, 1936. Standard Printing Co., Inc., Alexandria, Louisiana, Hill Memorial Library, Louisiana State University, 1936.
  • Case 18885: Mental Examination (31 Jan. 1911), Elizabeth Hospital Archives, National Archives and Records Administration (NARA), Record Group (RG) 418, Entry 66, Washington DC.
  • Dix, Dorothea. Memorial to the legislature of Massachusetts, 1843, disponible sur https://archive.org/details/memorialtolegisl00dixd/page/n4, consulté le 15 avril 2019.
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Mots-clés éditeurs : Jim Crow, travail, racisme, Sud, race, hôpitaux

Date de mise en ligne : 15/11/2019

https://doi.org/10.3917/rfea.160.0200

Notes

  • [1]
    Citons notamment les théories racialistes de Samuel Cartwright, médecin louisianais actif dans les années 1850 qui publiait à propos des maladies mentales propres aux esclaves dans le Sud. Voir Christopher Willoughby, « Running Away from Drapetomania: Samuel Cartwright, Medicine, and Race in the Antebellum South. » Journal of Southern History 84.3 (2018): 579-614.
  • [2]
    Le pouvoir médical dans le Sud au xixe siècle est presque exclusivement un pouvoir blanc. L’ouvrage de Thomas J. Ward évoque la question de l’émergence de la médecine noire aux xixe et xxe siècles : il existait dans le Sud très peu de médecins noirs reconnus à la fin du xixe siècle. L’un des premiers lieux de formation de médecins noirs était Howard University, créée en 1868 (Ward). Le Central State Hospital ne comptait pas de médecins noirs dans son équipe avant le milieu du xxe siècle selon le professeur King Davis (entretien avec King Davis, Richmond, Virginie, avril 2015). Cependant, l’hôpital eut un administrateur noir à partir de 1882 comme l’indique un article dans le Christian Recorder, journal noir de Philadelphie, le 16 mars 1882 : « Dr. J.C. Ferguson, a well-known colored physician of this city, has been appointed Assistant Superintendent of the Central Lunatic Asylum at a salary of $1,500 per annum ».
  • [3]
    Certaines catégories répertoriant les causes de folie étaient différentes selon la race des patients dans l’asile de Louisiane notamment (Grossi 282).
  • [4]
    Par « Cause perdue », on fait référence à la nostalgie ressentie par les Blancs envers les valeurs et l’ordre politique et social organisé par la société blanche esclavagiste avant les années 1860 dans le Sud (Blight).
  • [5]
    Le système de convict leasing fut mis en place après les années 1870 pour exploiter la force de travail des prisonniers noirs dans les États du Sud (Oshinsky).
  • [6]
    On ne note pas d’évolutions notoires concernant les dispositifs de traitements par le travail appliqués aux patients sur la période.
  • [7]
    « Its cultivation insures ample employment to the patients » in Daniel Burr Conrad, « Defective Lease of Asylum Grounds — Asylum Only Located Temporarily and the Necessity for its Permanent Location », 1869, reproduit dans l’Annual Report of the Board of Directors and Medical Superintendent of the Central Lunatic Asylum for Colored Insane, Virginia for the Year 1871 and 1872, Richmond : R.F. Walker, Superintendent Public Printing, 1872, 25. Toutes les traductions sont de l’autrice.
  • [8]
    « as an economical measure in buying supplies, and where the surplus produce could be sold in a competitive market » in Annual Report of the Board of Directors and Medical Superintendent of the Central Lunatic Asylum for Colored Insane, Virginia for the Year 1871 and 1872, Richmond : R.F. Walker, Superintendent Public Printing, 1872, 25.
  • [9]
    Notons qu’en 1843, la militante Dorothea Dix qui fit campagne afin de créer les premiers asiles du pays dénonçait la condition des aliénés de l’État du Massachusetts, fréquemment enfermés dans des prisons plutôt que dans des institutions de soins (Dix, 1843).
  • [10]
    Le récit du travail des patients noirs dans les institutions psychiatriques sudistes entre dans la continuité des rapports entre esclavage et capitalisme, en cela qu’il présente le même mode d’exploitation économique de la main d’œuvre noire sur une période ultérieure.
  • [11]
    Yann Moulier Boutang décrit cette fuite possible du travailleur en la comparant avec l’option d’ « exit » de Hirschmann ; voir Yann Moulier Boutang, De l’esclavage au salariat : économie historique du salariat bridé, Paris : PUF, 1998.
  • [12]
    Il est difficile d’évaluer l’aboutissement de ces résistances dans l’asile ; toutefois, on peut relever des cas d’évasions de patients noirs au sein de l’asile de Virginie (Grossi 254).
  • [13]
    Cet effacement constitue bien l’évidence du racisme institutionnel au sein des établissements de soin et d’un rapport social de pouvoir inégalitaire souvent invisibilisé (et donc euphémisé) entre l’administration blanche et les patients noirs.
  • [14]
    À propos du travail qui permet de demander sa citoyenneté, voir Judith N. Shklar, American Citizenship : The Quest for Inclusion, Harvard University Press, 1991.
  • [15]
    Case 18885: Mental Examination (31 Jan. 1911), Elizabeth Hospital Archives, National Archives and Records Administration (NARA), Record Group (RG) 418, Entry 66, Washington DC. (cite in Gambino 405).
  • [16]
    Langston Hughes, « Black Workers ». The Crisis (avril 1933) : 80.

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