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Article de revue

L’aspiration à changer de métier, à l’aune de la qualification des jeunes et des emplois

Pages 207 à 231

Notes

  • [1]
    Selon Doeringer et Piore (1971) : « Le marché interne est une unité administrative, comme un établissement industriel, à l’intérieur de laquelle la rémunération et l’allocation du travail sont régies par un ensemble de règles et de procédures administratives ». Ainsi, il s'oppose au marché externe régi par la confrontation de l’offre et de la demande de travail.
  • [2]
    On récupère ainsi la nature de l’emploi pour 69 % des jeunes hors de l’emploi en 2013 et pour 76 % de celles et ceux hors de l’emploi en 2017.
  • [3]
    Ainsi, une personne du domaine « Employés d’hôtellerie » (FAP détaillée S2Z60) peut changer de métier et devenir « Serveur de cafés restaurants » (S2Z61), restant alors dans le domaine des « Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration » (S2Z) ; ou bien devenir « Agent d’accueil et d’information » (L2Z60) changeant alors à la fois de métier et de domaine (« Employés administratifs d’entreprise », L2Z).
  • [4]
    Dans cette logique et parce que l’on s’intéresse au début de vie active, parler de reconversion pour les changements de métier étudiés ici serait discutable. En effet, « l’ancrage » dans une profession, supposant une certaine continuité, est marginal au terme des trois premières années de vie active. Par conséquent, les tournants ou bifurcations, c’est-à-dire les modifications radicales et durables du parcours professionnel ou biographique de la personne (Bidart et al., 2010 ; Abbott, 2010 ; Fournier et al., 2017) qui caractérisent les reconversions, le sont tout autant. De plus, la formation ou la reprise d’études, dans l’objectif d’une reconversion (Négroni & Mazade, 2019) est peu fréquente pour les jeunes de bas niveau de qualification (Mora & Robert, 2017).
  • [5]
    En annexe de la version électronique de l’article, le graphique A représente les changements de domaines professionnels, selon que les jeunes les quittent ou les rejoignent.
  • [6]
    La question relative à la satisfaction posée à l’issue des trois premières années sur le marché du travail à l’ensemble des jeunes (en emploi ou non) est : « Aujourd’hui, vous diriez que : votre situation actuelle vous convient / votre situation actuelle ne vous convient pas ».
  • [7]
    Ces statistiques sont disponibles auprès des auteurs.
  • [8]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [9]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [10]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [11]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [12]
    Nous remercions un ou une rapporteur/rice sur ce point.
  • [13]
    L’ensemble des résultats d’estimation par niveau de qualification des jeunes sont disponibles auprès des auteur et autrices. Ceux tous niveaux de qualifications confondus sont en annexe de la version électronique (Tableaux A3 et A4).
  • [14]
    En assimilant l’aspiration déclarée à changer de métier/de domaine professionnel à un « traitement », nous pouvons appliquer, dans ce contexte, le calcul d’effets de traitement pour chaque individu (qu’elle/il ait aspiré·e réellement ou non au changement) sur la probabilité d’une réalisation effective de changement au cours des quatre années suivantes. Pour obtenir l’effet moyen, on calcule ensuite la moyenne de tous ces effets individuels (on pourrait alternativement parler d’effet marginal moyen de l’aspiration sur la probabilité d’un changement effectif dans les quatre années qui suivent).

Introduction

1 De nombreux travaux portent sur les parcours d’insertion et notamment ceux des jeunes peu qualifié·es, dans un contexte général d’élévation du niveau de formation initiale. Depuis vingt ans, les constats convergent pour signaler que ces jeunes se retrouvent relégué·es dans les parcours les plus précaires (di Paola & Moullet, 2022a) et pour partie, écarté·es de l’accès aux emplois peu qualifiés, « seuls emplois où ils peuvent candidater » (Béduwé, 2005, p. 363). Même si ceux-ci ont un poids modéré relativement à l’emploi dit qualifié, ils jouent un rôle particulier dans la construction de leurs parcours professionnels.

2 En effet, les jeunes peu ou pas diplômé·es sont évincé·es au profit des plus titré·es, de sorte que les jeunes les moins qualifié·es se retrouvent hors de l’emploi. D’autre part, les emplois peu qualifiés recouvrent des situations contrastées, en se révélant des emplois de passage pour certain·es et des emplois d’ancrage pour d’autres (di Paola & Moullet, 2022b). Dit autrement, l’examen des emplois peu qualifiés donne à voir les inégalités dans les parcours d’insertion professionnelle, tenant pour partie aux qualifications de celles et ceux qui les occupent.

3 Au-delà de la phase d’insertion, pour celles et ceux en emploi peu qualifié, les mobilités ascendantes sont plutôt rares et passent plus souvent par un changement d’employeur quand pour les autres groupes socioprofessionnels, elles tiennent à l’existence de marchés du travail internes [1] (Alonzo & Chardon, 2006). Pour autant, pour ces groupes socioprofessionnels peu qualifiés, les mobilités existent : 34 % des ouvrier/ères et employé·es connaissent au moins un changement de métier vs 43 % pour les professions intermédiaires et les cadres, entre 2009 et 2014 (Dubost et Tranchant, 2019).

4 Les mobilités professionnelles sont traditionnellement analysées au regard des situations sociodémographiques et professionnelles des individus (Alonzo & Chardon, op. cit. ; Beduwé, op. cit. ; Dupray & Recotillet, 2009) et peuvent être qualifiées de positives ou négatives (Bonvin et al., 2011), indépendamment des attentes définies par les personnes elles-mêmes. Une manière de s’en saisir est de s’inscrire dans une approche par les capacités (AC) qui amène à analyser les mobilités observées dans le sens des valeurs et des aspirations des personnes elles-mêmes.

5 Ainsi, pour R. Salais, « le grand basculement qu’introduit l’approche par les capacités est relatif au choix de la référence par rapport à laquelle l’action publique (les politiques, la législation, les procédures) doit être conçue, mise en œuvre et évaluée. Pour Sen, la seule référence éthiquement légitime de l’action publique est la personne, précisément son état quant à l’étendue des libertés réelles dont elle dispose pour choisir et conduire la vie qu’elle entend mener » (Salais, 2004, p. 10, cité par Bonvin et al., Ibid.).

6 En nous inspirant de développements récents autour de l’AC et de ses dimensions structurantes (Lambert & Véro, 2010 ; Lambert et al., 2012 ; Subramanian et al., 2013 ; Véro & Zimmermann, 2018 ; Stephanus & Vero dans ce numéro), l’article propose d’aller au-delà de l’analyse des déterminants « classiques » des mobilités professionnelles en explorant le rôle de l’aspiration individuelle à changer de métier.

7 Quels sont les facteurs qui favorisent son expression pour les jeunes les moins qualifié·es en début de parcours ? Dans quelle mesure elle se concrétise et quels sont les facteurs d’obstruction ou de conversion des aspirations au changement de métier ? En particulier, comment la qualification des jeunes et de leur emploi influent sur l’expression d’une aspiration à changer de métier ? Cette aspiration est-elle d’autant plus convertie en réalisation effective que les qualifications des jeunes et de leurs emplois sont élevées ?

8 Dans une analyse des inégalités d’insertion professionnelle mobilisant la notion de capacité, l’enjeu est d’examiner les conditions favorables à la réalisation effective de l’aspiration. Par exemple, une transition professionnelle souhaitée peut être rendue réalisable par l’existence de ressources et de facteurs de conversion adéquats (Bonvin & Farvaque, 2007 ; Lambert et al., op. cit. ; Olympio & Picard, 2016) qui vient soutenir le pouvoir d’agir. Au contraire, l’aspiration peut être entravée par un manque de ressources ou des facteurs d’obstruction qui viennent altérer le pouvoir d’agir.

9 À la suite de Robeyns (2005), on distingue trois types de facteurs de conversion (ou d’obstruction selon le cas). Les facteurs personnels renvoient aux caractéristiques des individus (sexe, niveau de formation…) ; les facteurs sociaux renvoient à l’origine sociale et plus largement au contexte socio-politique et culturel ; les facteurs environnementaux concernent les opportunités/contraintes géographiques et institutionnelles (taux de chômage territorial, interactions avec les acteurs ou actrices de la politique de l’emploi …). Ainsi, concrétiser une aspiration à changer de métier suppose de posséder des ressources suffisantes et des facteurs de conversion adéquats pour les jeunes peu qualifié·es.

10 Nous formulons l’hypothèse que qualification de l’emploi et qualification de la personne sont des ressorts importants pour concrétiser pareille aspiration. La disponibilité des données est toujours une question cruciale pour adopter une approche par les capacités, en particulier ici pour confronter les aspirations des personnes à leur concrétisation. Cela suppose, d’une part, de disposer de la nature des aspirations des personnes et, d’autre part, de déployer une perspective longitudinale à même de prendre en compte la dynamique temporelle du parcours. Cela nécessite également de pouvoir déterminer les facteurs individuels, sociaux ou environnementaux susceptibles de transformer les aspirations en réalisation. Sans pour autant disposer d’information sur la nature des aspirations individuelles, l’enquête Génération 2010 à sept ans du Céreq permet d’approcher une telle opérationnalisation. À partir de l’expression de l’aspiration ou non à changer de métier des jeunes et de l’exploitation de la dimension longitudinale, l’enquête permet d’en comprendre les ressorts après trois ans de vie active, mais aussi d’analyser sa concrétisation éventuelle au terme de sept années, ainsi que les facteurs de conversion ou d’obstruction de cette aspiration au changement de métier.

11 La première partie de l’article offre une description de la variété des changements professionnels en début de parcours des jeunes selon à la fois leur niveau de qualification, leur situation sur le marché du travail et la (non)qualification de leur emploi après trois années de vie active. La deuxième partie porte sur la manière de saisir, dans les données mobilisées, l’aspiration au changement de métier. On y interroge le lien entre cette expression et l’insatisfaction professionnelle. Enfin, dans la troisième partie, on identifie les déterminants de l’aspiration au changement de métier et ses effets sur le changement effectif, différenciés selon la qualification des jeunes et celle de leur emploi.

1 Rôle des qualifications des jeunes et de leur emploi sur les changements de métier

12 Il s’agit ici de mettre en lumière les différentes formes de changements professionnels à l’issue de la phase d’insertion, entre la 3e et 7e année de vie active, et ce, selon la qualification des jeunes et celle de leur emploi. La population cible de l’analyse est celle des jeunes qui, à leur sortie du système éducatif en 2010, sont au plus détenteur/rices d’un baccalauréat (Encadré 1).

13 Nombreux sont les travaux du Céreq qui montrent que le titre scolaire reste le meilleur rempart contre le chômage, de sorte que l’insertion des jeunes sans titre (représentant 28 % de l’échantillon) demeure la plus délicate car elles et ils sont plus souvent exclu·es de l’accès aux emplois, même non qualifiés (Tableau 1). Ainsi, après trois ans de vie active, en 2013, seulement la moitié de la population considérée occupe un emploi et c’est près des trois quarts, quatre ans plus tard. Les non-diplômé·es sont nettement plus souvent au chômage que les bachelier/ères, et ce constat s’amplifie en 2017.

Encadré 1. Les données et la population d’analyse : des jeunes débutant·es titulaires au plus d’un baccalauréat
Les données mobilisées sont issues de l’enquête Génération 2010 du Céreq. Il s’agit de la sixième enquête d’un dispositif mis en place depuis 1998, visant à étudier l’accès à l’emploi des jeunes sorti·es du système éducatif la même année, quel que soit leur niveau de formation. L’interrogation rétrospective de quelques 8 900 jeunes est représentative des 708 000 ayant quitté pour la première fois le système éducatif en 2010. L’enquête est conduite une première fois en 2013, permettant ainsi d’étudier la phase d’insertion. Elle est reconduite en 2017 et porte donc au total sur les sept premières années qui suivent leur sortie de formation initiale. Elle recueille des informations sur leurs caractéristiques socio-démographiques, leurs parcours scolaires et leurs parcours professionnels sur le marché du travail.
La qualification des individus, quant à elle, renvoie à sa dimension scolaire, appréhendée par le plus haut niveau de diplôme. Si le fait de détenir un diplôme est synonyme de qualification, l’absence de certification ne vaut pas l’absence de qualification. On distingue ainsi, parmi les jeunes non diplomé·es, celles et ceux réputé·es non qualifié·es, de celles et ceux dit·es qualifié·es : sont considéré·es sortant sans qualification, les jeunes qui ont interrompu leur scolarité au collège ou avant l’année terminale du cycle de CAP-BEP ou de baccalauréat dans lequel elles et ils sont inscrit·es. Par complément, les jeunes sorti·es en année terminale sans diplôme sont considéré·es comme étant des non-diplômé·es qualifié·es.
La non-qualification de l’emploi est appréhendée via l’occupation par les jeunes de positions basses dans les hiérarchies des emplois, repérées par la nomenclature 2003 des PCS (professions et catégories sociales) qui permet de distinguer les professions d’ouvrières ou ouvriers non qualifié·es, mais pas celles d’employé·es non qualifié·es. Ici, la qualification des employé·es retenue est celle proposée par Chardon (2001, 2002) (1) qui fonde sa partition de la qualification sur la formation des salarié·es.
Au sein de la cohorte de débutant·es, l’emploi non qualifié ne recrutant que marginalement au-delà du baccalauréat, près de neuf jeunes sur dix ont un niveau de formation inférieur ou égal au baccalauréat. Ainsi, on choisit de limiter la population d’analyse à celle des jeunes les plus diplômé·es de l’enseignement secondaire. Ce choix conduit à ne considérer que 61 % de l’ensemble de la Génération 2010.
L’identification des changements de métier dans une enquête quantitative n’est pas triviale. Une autre nomenclature que celle des PCS est nécessaire car cette dernière met l’accent sur le statut et les qualifications plutôt que sur les métiers. Aussi, on recourt à la nomenclature des « Familles Professionnelles » (FAP) (2) qui, par un rapprochement entre le ROME (Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois) et les PCS, est une des principales nomenclatures de métiers. Le ROME privilégie le contenu des emplois, la PCS la qualification du métier, de sorte que les FAP sont un compromis entre ces deux logiques. Elles se déclinent en 22 domaines professionnels et 225 familles professionnelles détaillées.
(1) : L’auteur juge de la qualification d’une profession au regard de l’adéquation entre le contenu de la profession et la spécialité de formation des personnes qui l’exercent : « Les professions exercées en grande proportion par des personnes possédant un diplôme de la même spécialité que leur profession sont considérées comme des professions qualifiées » (Chardon, 2001, p. 4). La nomenclature de Chardon étant basée sur la PCS82, nous avons utilisé la table de passage vers la PCS2003. Le recours à la nomenclature d’Estrade (2008), à partir de la PCS2003, n’aurait modifié qu’à la marge l’identification des employé·es non qualifié·es.
(2) : Pour plus d’informations, voir le site de la DARES qui leur est dédié : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/la-nomenclature-des-familles-professionnelles-fap-2009

14 Afin de cerner au mieux ces divers déplacements, lorsque les jeunes sont hors de l’emploi à l’une ou l’autre des dates d’interrogation, on retient la dernière séquence d’emploi [2]. L’emploi qualifié (des employé·es et ouvrier/ières qualifié·es jusqu’aux cadres) est toujours plus fréquent pour les jeunes qualifié·es que pour les autres : à trois ans, les titulaires d’un baccalauréat sont 2,5 fois plus souvent en emploi qualifié que non qualifié et 4,7 fois à sept ans. À l’opposé, pour les sans-diplôme ni qualification, l’emploi qualifié n’est que 1,2 fois plus fréquent que l’emploi non qualifié, en 2013 comme en 2017.

15 Ainsi, de la 3e à la 7e année de vie active, le poids de l’emploi non qualifié a diminué de dix points pour les bachelier/ères, alors qu’il a augmenté de huit points pour les non-diplômé·es et non-qualifié·es. Avec l’ancienneté, les jeunes les plus qualifié·es accèdent à des emplois plus en adéquation avec leur formation initiale, libérant les emplois pour les jeunes les moins doté·es en qualification. Les emplois non qualifiés sont donc pour partie accaparés par des jeunes qualifié·es qui se trouvent ainsi en situation de déclassement, laissant les jeunes non qualifié·es sur le bord de la route, c’est-à-dire sans autre alternative que le non-emploi (di Paola & Moullet, 2022b).

16 Dubost et Tranchant (2019) ont montré qu’alors que les moins et peu qualifié·es changent de métier plus fréquemment que les autres, ces mobilités sont peu étudiées, car « discrètes » dans la mesure où elles n’engendrent pas de grands déplacements dans l’espace social des professions. C’est pourquoi nous étudions ici les mobilités qui tiennent compte de ces petits déplacements – à savoir les changements de familles professionnelles (FAP) détaillées.

Tableau 1. Répartition des situations des jeunes sur le marché du travail selon leur niveau de qualification, trois ans et sept ans après leur sortie du système éducatif

 En 2013En 2017
 ND non qualif.ND qualif.CAP-BEPBacTotalND non qualif.ND qualif.CAP-BEPBacTotal
Ensemble
1315244810013152448100
Situation à la date d’enquête
Emploi 38*3960655652*62748072
Chômage38442918273428191219
Inactivité15653586545
Formation ou reprise d’études9127151264244
Ensemble 100100100100100100100100100100
Dernière séquence d’emploi
Prof. Intermédiaire - cadre5**11924169**20153625
Empl. – ouv. qualifié·e28294140373040433939
Empl. – ouv. non qualifié·e27343626303530331625
Effectifs (non pondérés)2923561 0331 9793 6602923561 0331 9793 660

Tableau 1. Répartition des situations des jeunes sur le marché du travail selon leur niveau de qualification, trois ans et sept ans après leur sortie du système éducatif

Champ : Jeunes sortant·es du système éducatif en 2010 et au plus titulaires d’un baccalauréat.
ND : non-diplômé.
(*) 38 % (resp. 52 %) des jeunes non diplômé·es et non qualifié·es sont en emploi au terme des trois (resp. sept) premières années de vie active.
(**) Pour 5 % (resp. 9 %) des jeunes non diplômé·es et non qualifié·es, le dernier emploi occupé au terme des trois (resp. sept) premières années de vie active appartient au groupe socioprofessionnel des professions intermédiaires et cadres.
Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq.

17 Il s’agit alors de changements de métiers « finement » saisis, recouvrant des changements très hétérogènes, certains s’associant à un déplacement plus important dans l’espace des professions car assortis d’un changement de domaine professionnel, d’autres restant dans ce même domaine [3] (Encadré 1).

18 Logiquement, les mobilités professionnelles sont d’autant plus fréquentes qu’elles sont appréhendées à un niveau fin. Ainsi, 59 % des jeunes connaissent un changement de métier et près de la moitié (48 %) un changement de domaine professionnel (Tableau 2). Les mobilités « discrètes » s’observent plus souvent parmi les non-diplômé·es : 66 % des non diplômé·es non qualifié·es connaissent un changement de métier, contre seulement 56 % des jeunes bacheliers. Bien entendu, les changements de métier ou de domaine peuvent être assortis d’une mobilité ascendante, à savoir un changement de groupe socioprofessionnel (GS). Elle survient d’autant plus que le niveau de qualification des jeunes s’élève à 14 % pour les non-diplômé·es qualifié·es versus 26 % pour les titulaires d’un baccalauréat. Elle reste globalement peu fréquente (22 % des jeunes étudié·es), nous ne l’étudierons pas ici. Ce constat d’une mobilité plus fréquente et moins souvent ascendante pour les jeunes non diplômé·es traduit la plus grande précarité de leur parcours d’insertion où les changements de métier ne sont pas nécessairement choisis et anticipés. Ainsi, la notion de métier n’a pas le même sens pour un·e jeune avec une formation professionnelle spécialisée et pour un·e jeune sans diplôme [4].

19 Si l’on considère la qualification du dernier emploi occupé, là encore, les jeunes connaissent d’autant plus de mobilités « discrètes » (respectivement de changement de domaine professionnel) que l’emploi occupé en 2013 est non qualifié : 70 % (resp. 55 %) des jeunes ouvrier/ères ou employé·es non qualifié·es à trois ans changent de métier, contre 54 % (resp. 39 %) des jeunes en professions intermédiaires. De plus, en toute logique, moins l’emploi d’origine est qualifié plus fréquentes sont les mobilités ascendantes.

Tableau 2. Types de mobilités professionnelles selon la qualification des jeunes et de leur dernier emploi occupé à trois ans

Changement de FAP détaillées ou de métiersChangement de domaine professionnelMobilité ascendante (GS)
Niveau de qualification des jeunes
ND non qualifié·es66*5614
ND qualifié·es726121
CAP-BEP524219
Baccalauréat564526
Niveau de qualification du dernier emploi à 3 ans   
Empl. – ouv. non qualifié·e70**5548
Empl. – ouv. qualifié·e503819
Prof. Intermédiaire54396
Cadrens***ns****
Jamais d’emploi à 3 ans 71-
Total594822

Tableau 2. Types de mobilités professionnelles selon la qualification des jeunes et de leur dernier emploi occupé à trois ans

Champ : Jeunes sortant·es du système éducatif en 2010 et au plus titulaires d’un baccalauréa.t
(*) 66 % des jeunes non diplômé·es et non qualifié·es ont connu un changement de FAP (familles professionnelles) détaillées ou encore de métier entre les derniers emplois occupés à trois et sept ans.
(**) 70 % des jeunes ouvrier/ères ou employé·es non qualifié·es à trois ans ont connu un changement de FAP détaillées entre les emplois occupés à trois et sept ans.
(***) non-significatif car l’effectif est inférieur à 100.
(****) aucune mobilité ascendante possible.
NB : Les jeunes qui n’ont jamais eu d’emploi à trois ans et en emploi à sept ans sont considéré·es comme ayant changé de métier et de domaine professionnel.
Source : Génération 2010 à 7 ans, Céreq.

20 Au total, les changements de métier ou de domaine professionnel sont bien le propre des jeunes peu ou pas qualifié·es, alors que les mobilités ascendantes dans l’espace social des professions caractérisent les plus titré·es, mais aussi les jeunes occupant un emploi peu qualifié à l’issue de la phase d’insertion. De sorte que les jeunes qualifié·es occupant des emplois qui le sont peu progressent plus souvent dans cet espace social que les jeunes non qualifié·es [5].

2 Envisager de changer de métier : ce que cela dit et ne dit pas …

21 L’aspiration est une notion dont la complexité nécessite d’expliciter, d’une part, son opérationnalisation et, d’autre part, ses liens avec la notion d'(in)satisfaction professionnelle.

2.1 Comment appréhender l’aspiration à changer de métier ?

22 S’inscrire dans une AC suppose de repérer et de comprendre le sens de l’expression d’une volonté de changement, ici professionnel, connexe à la notion d’aspiration individuelle qui est orientée vers un but et concerne l'avenir de soi. C’est une manière d’analyser les attentes des salarié·es liées à leur situation professionnelle qu’elles et ils ont des raisons de souhaiter ou non d’améliorer. Dans l’enquête Génération 2010, l’expression de la volonté de changement professionnel peut être saisie au travers de la question « envisagez-vous de changer de métier dans les cinq ans à venir ? ». Cette question est posée à toute la cohorte au moment de l’enquête, en 2013, quelle que soit la situation des jeunes sur le marché du travail. Si envisager le changement n’est pas une condition suffisante à l’aspiration professionnelle individuelle, elle en est le reflet. Aussi, on parle d’aspiration lorsque les jeunes interrogé·es ont dit envisager de changer de métier. La complexité sous-jacente à cette notion nécessite de la confronter à d’autres dimensions subjectives, en particulier celle relative au sentiment d’(in)satisfaction.

2.2 (In)satisfaction / aspiration selon la qualification des jeunes et de leur emploi

23 Les variables de satisfaction professionnelle sont souvent mobilisées pour expliquer les décisions de mobilité car elles reflètent l’expression des attentes individuelles. Pour autant, parce que les ressorts de la satisfaction sont complexes, des auteur/rices proposent comme alternative ou complément le recours à des informations sur les aspirations professionnelles. À l’instar de Freeman et Roger (2006), à partir de l’enquête Génération 1998 du Céreq, Portela et Signoretto (2017) privilégient des questions informant sur les aspirations professionnelles des jeunes en emploi à celles portant directement sur la satisfaction, pour expliquer la nature volontaire des mobilités. Fournier et al. (2020a) établissent, quant à elles, une typologie des aspirations des jeunes salarié·es interrogé·es dans l’enquête Défis (Dispositif d’enquêtes sur les formations et itinéraires des salariés), en 2015, qu’elles mettent en regard avec la satisfaction vis-à-vis de l’emploi et le souhait d’évoluer professionnellement. La classe regroupant les jeunes souhaitant changer de métier est caractérisée par une insatisfaction vis-à-vis du travail et de l’emploi importante. Fournier et al. (2020b) concluent que les jeunes salarié·es se déclarent souvent satisfait·es de leur situation professionnelle, tout en mettant en avant leur volonté de changement : leur situation actuelle n’est donc envisagée que comme un épisode d’un parcours souhaité.

24 Quels liens établir entre l’aspiration à un changement de métier et l’insatisfaction professionnelle ? Cette articulation pourrait s’avérer d’autant plus importante que les jeunes ne sont pas en emploi, ou encore lorsqu’elles ou ils sont en emploi, que l’emploi occupé est non qualifié. Il reste enfin qu’elle pourrait varier suivant les propres niveaux de qualification des jeunes. À cette fin, on confronte l’aspiration à changer de métier avec l’insatisfaction vis-à-vis de la situation professionnelle [6], notamment à partir d’analyses de risques relatifs et des comparaisons de corrélation.

25 Globalement, quelle que soit la configuration à l’égard de l’emploi, la corrélation entre satisfaction et aspiration est toujours significative et positive [7]. Lorsqu’on décompose cette corrélation selon les niveaux de qualification des jeunes, des différences s’observent : alors que les corrélations sont invariantes quelle que soit la configuration pour les bachelier/ères, elles sont très contrastées pour les non-diplômé·es non-qualifié·es (par exemple, non significative en situation de non-emploi, faiblement significative en emploi qualifié et très significative en emploi non qualifiés).

Tableau 3. Insatisfaction vis-à-vis de la situation actuelle et aspiration des jeunes à changer de métier selon leur niveau de qualification

Non diplomé·e non qualifié·eNon diplomé·e qualifié·eCAP-BEPBacTotal
Selon la situation vis-à-vis de l’emploi 3 ans après la sortie du système éducatif
InsatisfactionNon emploi74*737054,565
Emploi232616,523,522
Risque relatif (Non emp/Emp) 3,2*2,84,22,33
AspirationNon emploi37,554,538,54343,5
Emploi45,543,53339,539
Risque relatif (Non Emp/Emp)0.821.251.161.081.12
Selon la nature de l’emploi qualifié ou non (pour celles et ceux en emploi)
InsatisfactionEmploi Non Qualif.39**2917.534.523.5
Emploi Qualif.12,52415.520.519.5
Risque relatif (ENQ/EQ)3,2**1,21,121,71,3
AspirationEmploi Non Qualif.4346.542.56252
Emploi Qualif.474226.53334.5
Risque relatif (ENQ/EQ)0.911.111.61.91.51

Tableau 3. Insatisfaction vis-à-vis de la situation actuelle et aspiration des jeunes à changer de métier selon leur niveau de qualification

Champ : Jeunes sortant·es du système éducatif en 2010, au plus titulaires d’un baccalauréat, occupant un emploi trois ans après la sortie des études.
(*) 74 % des jeunes non diplômé·es, non qualifié·es hors de l’emploi trois ans après la fin des études expriment que leur situation ne leur convient pas. Ces jeunes sont 3,2 fois plus souvent insatisfait·es de leur situation lorsqu’elles ou ils sont en non-emploi plutôt qu’en emploi.
(**) Pour 39 % des jeunes non diplômé·es, non qualifié·es occupant un emploi non qualifié trois ans après la fin des études, la situation professionnelle ne convient pas ; c’est 3.2 fois plus fréquent que pour les jeunes en emploi qualifié.
Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq.

26 Dans l’analyse des fréquences, l’expression du souhait à envisager de changer de métier est énoncée, en 2013, par environ quatre jeunes sur dix, un peu plus souvent par les jeunes sans emploi à la date d’interrogation (43,5 % versus 39 % pour les jeunes en emploi, cf. Tableau 3). Ces dernières et derniers sont en moyenne trois fois plus souvent insatisfait·es de leur situation que les jeunes en emploi. L’expression d’une insatisfaction est ainsi clairement en lien avec la situation vis-à-vis de l’emploi au moment de l’interrogation, et ce, quel que soit le niveau de qualification des jeunes. Par exemple, les CAP-BEP ont quatre fois plus de risque de déclarer être insatisfait·es en étant hors de l’emploi qu’en emploi.

27 Pour les jeunes occupant un emploi lors de l’interrogation à trois ans, l’expression d’une insatisfaction professionnelle ne semble en lien avec la non-qualification de l’emploi occupé que pour les non-diplômé·es sans qualification et les titulaires d’un baccalauréat : les sans-diplômes sans qualification occupant un emploi non qualifié ont ainsi 3,2 fois plus de risque que les jeunes en emploi qualifié d’être insatisfait·es de leur situation. Le risque relatif des bachelier/ères est moindre, mais s’élève tout de même à 1,7. Les corrélations [8] confirment bien un tel lien pour ces deux niveaux de formation, alors que l’absence de lien est également établie pour les deux autres niveaux de qualification des jeunes.

28 Concernant l’aspiration à changer de métier, les bachelier/ères ont le risque relatif le plus élevé, avec près de deux fois plus de chance d’aspirer à changer de métier quand elles et ils occupent un emploi non qualifié plutôt que qualifié. En revanche, pour les non-diplômé·es non-qualifié·es, ce risque relatif est inférieur à un, bien qu’elles et ils soient plus souvent insatisfait·es. Tout se passe comme si, pour les moins diplômé·es, l’insatisfaction professionnelle en lien avec l’absence de qualification de l’emploi occupé ne se traduisait pas par une aspiration à changer de métier. L’analyse des corrélations [9]va, là encore, dans le même sens : les moins diplômé·es occupant un emploi lors de l’interrogation à trois ans présentent à la fois la plus forte des corrélations entre l’insatisfaction et l’absence de qualification de l’emploi occupé – plus de 30 points – par rapport aux autres niveaux de formation, mais aussi une absence de corrélation entre l’aspiration et la qualification ou non de l’emploi.

29 Les deux autres niveaux de qualification rendent compte de situations encore différentes : les CAP-BEP occupant un emploi non qualifié ont 1,6 fois plus de chances de souhaiter changer de métier par rapport à celles ou ceux occupant un emploi plus qualifié. Pourtant, cela ne s’accompagne pas d’une insatisfaction plus grande pour celles et ceux occupant un emploi non qualifié. Ici, l’aspiration à changer de métier ne résulterait pas forcément d’une insatisfaction, alors même qu’un emploi non qualifié est actuellement occupé.

30 Enfin, s’agissant des non-diplômé·es qualifié·es, l’absence de qualification de l’emploi occupé ne semble influer ni sur l’expression d’une insatisfaction ni sur la capacité à aspirer à un changement de métier, comme le confirment les corrélations non significatives relatives à cette catégorie [10].

31 En définitive, si l’insatisfaction tient à la situation de non-emploi sur le marché du travail, elle ne se traduit pas par une propension plus grande à aspirer à changer de métier. Les différentes corrélations le confirment : alors que la corrélation entre l’insatisfaction et la situation de non-emploi est forte – plus de 50 points pour les trois niveaux de formation les plus bas – celle entre l’aspiration et le non-emploi est non significative ou très faible [11]. Pour les jeunes en emploi, l’occupation d’un emploi non qualifié n’est la source commune à une insatisfaction et à une aspiration au changement que pour les bachelier/ères : en effet, c’est seulement pour cette catégorie qu’une corrélation positive significative avec la non-qualification de l’emploi est vérifiée à la fois pour l’insatisfaction et pour l’aspiration. Pour les jeunes des autres niveaux de qualification, aspiration et insatisfaction semblent reposer sur des ressorts distincts. Dès lors, l’emploi non qualifié à l’origine d’une plus grande insatisfaction ne suffit pas et ne rend pas toujours compte des conditions faisant émerger la capacité à aspirer pour les jeunes les moins diplômé·es.

32 Dans tous les cas, des analyses par niveau de formation s’avèrent nécessaires pour mieux comprendre le rôle que pourrait jouer cette aspiration à changer de métier dans la suite du parcours professionnel, tout en prenant en compte les déterminants de cette aspiration. Cela permet également de considérer, indirectement, le caractère construit et subjectif des notions de satisfaction et d’aspiration, avec notamment des phénomènes d’adaptation selon le niveau de qualification et les difficultés d’insertion rencontrées sur le marché du travail [12].

3 Les facteurs de conversion ou d’obstruction des aspirations au changement de métier

33 Pour analyser plus avant l’importance des aspirations dans la suite du parcours, encore faut-il que les aspirations puissent s’exprimer et se réaliser. Dans cette partie, nous interrogeons le rôle, toutes choses égales par ailleurs, de l’expression d’un souhait de changer de métier sur l’effectivité de ce changement en considérant, d’une part, les changements effectifs de métier et, d’autre part, ceux de domaine professionnel.

34 On peut concevoir l’aspiration à changer de métier des jeunes les moins qualifié·es dans le cadre de l’AC où l’environnement institutionnel et les contextes économiques pourraient être des facteurs capacitants, favorisant l’émergence de ces aspirations.

35 On peut aussi avancer que les effets de ces aspirations dépendent des marges de manœuvre dont les jeunes disposent, possibilités d’action d’autant plus faibles que leurs qualifications le sont aussi. Avec le niveau de qualification des jeunes, celui de l’emploi occupé pourrait être à l’origine des inégales capacités des jeunes à non seulement aspirer à une évolution professionnelle, mais aussi possiblement à la réaliser.

36 Après l’exposition de la modélisation économétrique adéquate, les facteurs agissant sur l’expression d’une aspiration sont étudiés, avant d’appréhender le rôle de ces aspirations dans le changement effectif de métier ou de domaine professionnel.

3.1 Méthode - modèle Probit bivarié récursif

37 Une spécification économétrique qui modélise l’incidence directe de l’aspiration à changer de métier/de domaine professionnel sur la réalisation effective d’un tel changement est nécessaire. Ainsi, le fait d’aspirer intervient comme une des variables explicatives de la probabilité à changer de métier/de domaine professionnel. Parce que l’aspiration au changement de métier et le changement effectif – de métier ou de domaine – sont des variables endogènes, on estime simultanément leurs probabilités respectives d’advenir. Ce système de variables qualitatives dépendantes est estimé par un modèle Probit bivarié récursif.

38 Ce type de modèle tient compte des coefficients de corrélation entre les résidus des deux équations rendant compte d’un lien éventuel dû à des caractéristiques non observables qui agissent simultanément sur deux variables : par exemple, on peut envisager que pour les jeunes les moins qualifié·es, une fois l’ensemble des facteurs socio-économiques mesurables pris en compte, d’autres facteurs cette fois-ci non observables, par exemple des attributs individuels tels l’ambition, le « goût au travail », la prise de risque… vont à la fois influer sur l’aspiration à changer de métier, mais aussi directement sur la réalisation effective, à terme, de ce changement. Cette modélisation permet ainsi d’estimer « sans biais » les impacts des variables d’aspiration sur le changement de métier/ de domaine effectif. Sans une telle modélisation jointe, la simple estimation de ces effets serait entachée d’un biais puisqu’elle rendrait aussi compte, au moins partiellement, dans le même temps, des effets de ces attributs inobservables (on serait dans notre exemple en présence d’un effet surévalué de l’aspiration).

39 Pour identifier de manière complète le Probit bivarié récursif, c’est-à-dire contrôler ces facteurs communs inobservables, il est nécessaire que la variable dépendante d’aspiration agissant dans la seconde équation comme facteur « explicatif » ait des explicatives propres, c’est-à-dire qui n’apparaissent pas comme facteurs explicatifs directs de l’autre variable dépendante – le changement effectif de métier ou alternativement de domaine professionnel. Ce type de variables explicatives représente des variables instrumentales qui garantissent l’identification du modèle. Les variables instrumentales s’appuient ici sur des indicateurs relatifs aux conditions économiques auxquelles font face les jeunes après trois ans d’expérience sur le marché du travail, ainsi que sur des variables de recours aux dispositifs institutionnels. Par leur statut de ressources potentielles, ces variables peuvent de fait contribuer directement à l’expression de besoins et d’aspiration. Par ailleurs, en jouant sur la nature clairement séquentielle et espacée dans le temps des deux évènements analysés, ces différentes variables peuvent effectivement tenir le rôle d’instruments.

40 La première série de variables concerne des variables de cycle et de conjoncture au moment où l’expression du besoin est exprimée, trois ans après l’entrée sur le marché du travail – la part de l’emploi aidé marchand et non marchand ainsi que le taux de chômage dans le département de résidence à trois ans. Ces dernières ont ainsi pu influer directement sur l’expression d’un besoin de changement (tout en satisfaisant la condition d’exogénéité). Si des variables de même nature influent sur la « réalisation de cette aspiration » – et c’est a priori encore plus attendu dans ce cas –, cela devrait concerner néanmoins d’autres variables de cycle, celles de la période postérieure – de trois et sept ans après l’entrée sur le marché du travail. Nous choisissons ainsi de prendre en compte des indicateurs de conjoncture du trimestre de l’interrogation à sept ans, mais ces derniers n’auront ainsi qu’un statut de variables de contrôle dans la probabilité d’un changement effectif de métier, quatre ans après une éventuelle aspiration.

41 Sur l’influence et le statut instrumental des intermédiaires institutionnels, on peut là encore avancer un argument de temporalité et d’opportunités. Ce sont bien les discussions avec les conseiller/ères de Pôle emploi ou des Missions Locales qui ont pu jouer un rôle au moment de l’affirmation d’une aspiration. Et ces contacts rapportés au moment de l’interrogation à trois ans sont bien antérieurs à l’aspiration éventuellement exprimée. Pourrait-on considérer que ces entretiens aient pu continuer à agir directement sur la réalisation elle-même, des années après ? Cela semble peu probable dans la mesure où d’autres contacts et entretiens avec d’autres conseiller/ères, postérieurs à cette première interrogation, ont pu à leur tour jouer un rôle sur la réalisation elle-même, trois ans ou quatre ans après. Contrairement aux variables de cycle, ces dernières informations non disponibles n’ont pas pu être prises en compte dans le second Probit relatif à la réalisation de l’aspiration.

42 L’ensemble des variables introduites dans le modèle est précisément recensé dans l’Encadré 2.

Encadré 2. Le modèle Probit bivarié récursif estimé

Figure 0

Encadré 2. Le modèle Probit bivarié récursif estimé

3.2 Situations sur le marché du travail et qualifications des jeunes : quels rôles combinés sur l’aspiration ?

43 Des travaux récents ont étudié le rôle des caractéristiques de l’emploi et de l’entreprise sur l’origine des aspirations, à partir de l’enquête Défis comportant un volet « salariés » et un autre « entreprise ». Ainsi, Fournier et al. (2020b) ont montré que les conditions de l’emploi (statut, qualification du poste, temps de travail) sont, à côté de la qualité de l’emploi, des déterminants majeurs des aspirations pour les jeunes de moins de 30 ans. Par ailleurs, selon Stephanus & Véro (2022), pour les ouvrier/ères ou employé·es peu qualifié·es, l’aspiration à changer de métier tient davantage à la mise à mal de la sécurité liée à l’emploi et au salaire que pour les autres catégories socioprofessionnelles.

44 Il s’agit ici de comprendre les aspirations et leurs rôles dans l’éventuelle inflexion des parcours professionnels pour l’ensemble des jeunes, y compris celles et ceux hors de l’emploi, dans la mesure où l’on a mis en lumière le phénomène de relégation dans cette situation des jeunes les moins doté·es scolairement (di Paola & Moullet, 2022b). Comment les caractéristiques individuelles ainsi que les différentes situations vécues sur le marché du travail jouent-elles sur ces aspirations à changer de métier pour une cohorte de débutant·es dans la vie active ?

45 Toutes choses égales par ailleurs [13], à situation sur le marché du travail donnée, le fait d’être sans diplôme, mais qualifié·e, ou de détenir un baccalauréat, conduit, relativement aux autres niveaux de qualification, à une probabilité accrue d’aspirer au changement. Les origines sociales n’ont par ailleurs aucun effet significatif sur cette probabilité.

46 En distinguant par niveau de qualification des jeunes, on montre que les femmes et les hommes n’ont pas de probabilité d’aspirer à changer de métier qui les distingueraient significativement les un·es des autres. Au regard des origines géographiques, seul·es les enfants d’immigré·es titulaires d’un baccalauréat ont une probabilité d’envisager de changer de métier supérieure à celles des jeunes dont les deux parents sont nés en France, possiblement en lien avec les aspirations scolaires plus marquées des parents immigrés pour la réussite de leurs enfants (Vallet & Caille, 1996 ; Brinbaum & Kieffer, 2009 ; Caille, 2007 ; Ichou & Oberti, 2014).

47 Le fait d’être en emploi non qualifié plutôt qu’en emploi qualifié conduit à une plus forte expression de l’aspiration uniquement pour les jeunes diplômé·es. En revanche, pour les non-diplômé·es, la nature non qualifiée de l’emploi est non significative. Être au chômage plutôt qu’en emploi non qualifié au moment où on les interroge ne réduit la probabilité d’aspirer que pour les bachelier/ères. Concernant l’expérience professionnelle, les trajectoires marquées par des mobilités d’emploi contribuent favorablement à l’aspiration seulement pour les jeunes diplômé·es (Baccalauréat et CAP-BEP).

48 Parmi les déterminants du changement de métier ou de domaine, les institutions en charge de l’orientation et de l’accompagnement à la recherche d’emploi peuvent jouer un rôle significatif. On sait que ces dispositifs institutionnels, dans la logique « d’activation » de la demande d’emploi, participent à intensifier les mobilités et les transitions professionnelles (Mazade, 2014). Ces ressources formelles pourraient contribuer à accroître l’expression des aspirations au changement parmi les jeunes les moins qualifié·es. Deux canaux institutionnels prioritaires peuvent être identifiés pour ce public : les agences de Pôle emploi et les agences des Missions Locales. À travers des échanges avec les conseiller/ères de ces deux organisations et les orientations préconisées dans l’accompagnement de la recherche d’emploi, le recours aux institutions pourrait faire partie des ressorts individuels de l’aspiration à changer de métier. Pour les bachelier/ières, de tels effets semblent jouer dans le cas de Pôle emploi, faisant de ces entretiens des ressources réelles : ces jeunes aspirent d’autant plus à changer de métier qu’elles ou ils ont eu des entretiens avec un·e conseiller/ère de Pôle emploi, alors que le nombre d’entretiens dans une Mission Locale est sans effet. En revanche, le fait de juger utiles ces entretiens au moment où ils ont eu lieu n’a d’effet que pour les titulaires d’un CAP-BEP : juger utiles les entretiens avec Pôle emploi réduit leur propension à aspirer à la date de l’enquête, quand ceux réalisés avec la Mission Locale l’augmentent. Cet effet opposé est certainement corrélé avec la nature différenciée des missions de ces deux institutions, la seconde ayant davantage que la première vocation à accompagner les jeunes dans leur transition professionnelle et leur autonomie.

49 En revanche, pour les jeunes sans diplôme, aucun des facteurs de recours aux dispositif institutionnels n’agit sur la propension à aspirer, laissant supposer que pour eux, ces ressources formelles ne sont pas des ressources réelles pour envisager un changement de métier.

50 Enfin, le contexte économique local peut contribuer aux ressorts individuels de l’aspiration à changer de métier. On montre que pour les jeunes diplômé·es uniquement, aspirer est d’autant plus probable que le taux de chômage juvénile dans le département de résidence est élevé, ; ceci pouvant traduire la perception que ces jeunes ont des tensions sur le marché du travail. En revanche, la part des emplois aidés, marchands et non, dans les emplois, est globalement sans effet sur le souhait de changer de métier.

3.3 L’expression d’une aspiration favorise-t-elle le changement de métier ou de domaine professionnel ?

51 Dans quelle mesure ces aspirations ou non à changer de métier, exprimées après trois ans de vie active, peuvent agir sur la suite du parcours, et plus exactement sur la réalisation effective de changement de métier ou de domaine professionnel ?

52 D’un point de vue descriptif, on observe que pour tous les niveaux de formation, mais aussi pour chacun d’entre eux, les jeunes ont d’autant plus changé de métier ou de domaine professionnel qu’elles ou ils avaient envisagé de changer de métier quatre ans plus tôt (Tableau 4a).

Tableau 4a. Aspiration à changer de métier/domaine professionnel et réalisation effective de ce changement (en %)

Parmi les jeunes qui aspirent (parmi les jeunes qui n’aspirent pas)…
Chgt de métierChgt de dom. prof.
Tous niveaux de formation69 (50)58 (47)
Non diplomé·es 79 (61)67 (52)
CAP-BEP61 (47)51 (37)
Baccalauréat66 (50)56 (37)

Tableau 4a. Aspiration à changer de métier/domaine professionnel et réalisation effective de ce changement (en %)

Champ : Jeunes sortant·es du système éducatif en 2010 et titulaires au plus d’un baccalauréat.
Lecture : Quel que soit le niveau de formation, parmi les jeunes aspirant au changement de métier, 69 % changent effectivement de métier entre la 3e et la 7e année de vie active et 58 % de domaine professionnel, et respectivement 50 % et 47 % pour les jeunes qui n’aspirent pas au changement.
Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq. 

53 Tout en prenant en compte les déterminants de l’aspiration et en contrôlant ceux d’un changement de métier/domaine effectif, nous centrons ici l’analyse sur le seul lien entre l’aspiration à changer de métier, exprimée trois ans après l’entrée sur le marché du travail, et la réalisation effective de cette aspiration observée à l’issue de quatre années supplémentaires.

54 À partir des estimations, nous calculons les « effets de traitement moyens » [14] pour les différents modèles Probit bivarié récursif, selon les niveaux de diplôme, et en appliquant deux spécifications différentes : avec la variable d’aspiration seule puis croisée avec les variables de situations sur le marché du travail à trois ans (Tableau 4b). Ces effets rendent compte de l’impact « causal » de l’aspiration sur le changement effectif de métier/domaine professionnel. Ils sont également décomposés selon la situation occupée sur le marché du travail à trois ans. Nous prenons en compte, dans le calcul de ces effets, l’éventuel lien de corrélation des erreurs liées aux deux équations de type Probit (cf. Encadré 2). Mais de manière surprenante, ce lien n’est que rarement significatif. Lorsqu’il l’est, la corrélation est négative, indiquant que les facteurs inobservés favorisant l’expression de l’aspiration au changement de métier réduisent la réalisation ultérieure d’un tel changement.

55 Dans un premier temps, on ne distingue pas les niveaux de qualification des jeunes, en supposant de fait que l’effet de l’aspiration sur le changement de métier/domaine effectif est homogène quelle que soit cette qualification. Dans ce cas, l’aspiration apparaît comme une variable significative contribuant à « expliquer » le changement de métier à hauteur de 32 %. Elle n’est en revanche pas significative pour expliquer le changement de domaine professionnel

56 Dans un deuxième temps, les modèles sont estimés séparément selon trois niveaux de qualification – pour des raisons d’effectifs, nous regroupons ensemble les deux niveaux non-diplômé·es avec et sans qualification. Le lien entre l’aspiration au changement et le changement de métier n’est établi que pour le niveau de qualification le plus élevé (Baccalauréat), avec une aspiration qui accroît en moyenne la probabilité de réalisation de 67 %, permettant d’avancer l’existence d’un lien entre l’aspiration et son effectivité quatre ans après l’avoir exprimée. Pour ces bachelier/ères, l’aspiration contribue également au changement effectif de domaine professionnel, en augmentant la probabilité de 28 %. Pour les titulaires de CAP-BEP, l’aspiration, sans effet sur le changement de métier, accroît la probabilité d’un changement effectif de domaine (45 %) plus encore que pour les bachelier/ères. En revanche, aucun lien statistiquement significatif entre aspiration et changement de métier ou de domaine n’est établi pour les jeunes non diplômé·es.

57 Dans un troisième temps, nous analysons le rôle joué par la situation sur le marché du travail au moment de l’expression de l’aspiration (non-emploi / occupation d’un emploi qualifié ou non) dans le lien entre l’aspiration au changement et le changement de métier/domaine effectif. Ce dernier peut être représenté par les variables croisant l’aspiration au changement et la situation occupée trois ans après l’entrée sur le marché du travail. Globalement, lorsque les jeunes sont en emploi, qualifié comme non qualifié, le fait d’aspirer au changement accroît de 50 % la probabilité d’un changement effectif, que ce changement relève du métier ou du domaine professionnel, toutes choses égales par ailleurs. Lorsqu’elles et ils sont hors de l’emploi, aspirer au changement a toujours un effet significatif sur sa réalisation, mais moindre, de l’ordre de 30 %.

Tableau 4b. Liens entre l’aspiration à changer de métier/domaine professionnel et la réalisation effective de ce changement - Effets du traitement moyen (en %)

 Effet de l’aspiration…
Sans croisement avec la situation à 3 ansN’occupant pas un emploiOccupant un emploi non qualifiéOccupant un emploi qualifié
Chgt de métierChgt de dom. prof.Chgt de métierChgt de dom. prof.Chgt de métierChgt de dom. prof.Chgt de métierChgt de dom. prof.
Tous niveaux de formation0.32***0.22 ns0.30***0.34**0.50***0.50***0.50***0.49***
Non diplomé·es -0.07 ns-0.01 ns-0.02 ns0.10 ns-0.05 ns0.16 ns0.13*0.29**
CAP-BEP0.27 ns0.45**0.30 ns0.48***0.54***0.64***0.49**0.65***
Baccalauréat0.67**0.28**0.34**0.24 ns0.57**0.42***0.56***0.37***

Tableau 4b. Liens entre l’aspiration à changer de métier/domaine professionnel et la réalisation effective de ce changement - Effets du traitement moyen (en %)

Champ : Jeunes sortant·es du système éducatif en 2010 et au plus titulaires d’un baccalauréat.
Lecture : Quel que soit le niveau de formation, le fait d’aspirer à changer de métier contribue à accroître la probabilité de changer de métier de 32 %
NB : ns pour non-significatif, *** pour significativité à 1 %, ** pour significativité à 5 % et * pour significativité à 10 %.
Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq.

58 Pour les non-diplômé·es, c’est seulement lorsqu’elles ou ils occupent un emploi qualifié au moment de l’expression de l’aspiration au changement qu’un lien significatif est estimé, attestant de la réalisation effective de l’aspiration ; être en emploi non qualifié ou hors de l’emploi au moment de l’expression de cette aspiration ne semble pas pouvoir favoriser la réalisation de cette aspiration. Reste que ce lien est de modeste ampleur, surtout lorsqu’il est comparé aux effets observés pour les diplômé·es. Pour ces jeunes sans diplôme, la qualification de leur emploi pourrait constituer une ressource réelle ayant converti l’aspiration en réalisation effective.

59 Il en va différemment des autres niveaux de qualification des jeunes. Pour celles et ceux diplômé·es d’un CAP-BEP ou d’un baccalauréat ayant exprimé le souhait de changer de métier, le lien significatif entre aspiration et réalisation est amplifié lorsqu’elles ou ils occupaient un emploi, par rapport à celles et ceux en non-emploi. Contrairement au cas des non-diplômé·es, la qualification de l’emploi semble ne pas être un moteur dans la réalisation effective de l’aspiration, en particulier s’agissant des changements de domaine pour les bachelier/ères et de métier pour les CAP-BEP. Notons que pour les détenteur·rices d’un diplôme professionnel comme le CAP-BEP, dont l’identité professionnelle est plus évidente que pour les autres jeunes, le fait d’exprimer un souhait de changement contribue à accroître la probabilité d’un changement effectif de manière particulièrement nette (près de 65 %, que l’emploi occupé soit qualifié ou non), quand ce changement tient au domaine, c’est-à-dire qu'il est lui-même important.

60 Enfin, les résultats des autres facteurs agissant sur un changement de métier/domaine, toutes choses égales par ailleurs, sans distinguer par niveau de diplôme, révèlent que : les femmes parviennent moins que les hommes à changer de métier/domaine ; avoir connu plusieurs séquences d’emploi est propice aux changements de métier/domaine, même si une expérience longue en emploi contribue à un certain ancrage dans le même métier/domaine ; le fait d’être en emploi non qualifié plutôt qu'en emploi qualifié conduit davantage à un changement de métier/domaine, même si des interruptions pour reprise d’études sont associées à une probabilité encore plus forte de changement.

Conclusion

61 En mettant la focale sur les débuts de vie active des jeunes doté·es scolairement au plus d’un baccalauréat, on a montré que les changements de métier et de domaine professionnel surviennent plus fréquemment pour les jeunes sans aucun diplôme que pour les autres, à l’issue de la phase d’insertion – les trois premières années qui suivent la sortie de formation initiale. Est-ce lié à la réalisation d’une aspiration au changement pour construire un parcours différent de celui qui s’est d’ores et déjà dessiné ? Rien n’est moins sûr.

62 D’abord, parce que si envisager de changer de métier concerne quatre jeunes sur dix, les ressorts d’une telle aspiration relèvent de ressources relatives à leur qualification propre, à leur situation sur le marché du travail, aux institutions et à l’état du marché local dans lequel elles et ils se trouvent. Or, nous montrons que les jeunes sans titres scolaires n’aspirent au changement de métier que lorsqu’elles et ils sont hors de l’emploi, la qualification ou non de ce dernier déterminant uniquement l’aspiration des jeunes diplômé·es du secondaire. Ainsi, ces différents éléments semblent bien constituer des ressources réelles permettant l’expression de l’aspiration. En revanche, les institutions dont les missions ciblent les jeunes les plus en difficulté ne semblent pas constituer des ressources que ces jeunes dépourvu·es de diplômes parviennent à mobiliser.

63 Ensuite, parce que l’aspiration à changer de métier, quand elle est exprimée, ne se transforme en réalisation effective que pour les jeunes disposant de ressources servant de facteurs de conversion. Ainsi, si globalement, il semble qu’aspirer à changer de métier puisse conduire plus probablement à une réalisation effective, les effets sont en réalité très différents selon les ressources en qualification des jeunes. En effet, l’aspiration ne se transforme en réalisation effective que pour les jeunes les plus doté·es à la fois scolairement et professionnellement. Lorsque la qualification scolaire fait défaut, celle de l’emploi s’avère nécessaire, de sorte que, toutes choses égales par ailleurs, les jeunes non qualifié·es qui aspirent au changement ne changent de métier ou de domaine que lorsqu'elles et ils occupent un emploi qualifié sur le marché du travail. C’est dans cette configuration et celle-ci seulement que la ressource que constitue la qualification de l’emploi permet que quand « les jeunes sans qualification veulent, elles et ils peuvent ».

64 Si les passages d’un métier à un autre ne peuvent être représentés du fait de leur nombre, les changements plus importants que sont les changements de domaines professionnels peuvent être donnés à voir, selon que les jeunes les quittent ou les rejoignent.

Schéma A : Domaines professionnels de départ et d’arrivée – Proportion des jeunes qui quittent / rejoignent les domaines entre la 3e et 7e année de vie active

Figure 1

Schéma A : Domaines professionnels de départ et d’arrivée – Proportion des jeunes qui quittent / rejoignent les domaines entre la 3e et 7e année de vie active

65 Note : Bleu clair : les FAP dont les effectifs à 3 ans sont inférieurs à 100 individus. Les trait en pointillés correspondent au taux de départ moyen (45 %) et taux d'arrivée moyen (55 %).

66 Champs : Ensemble des jeunes connaissant un changement de domaine professionnel entre 2013 et 2017.

67 A : Agriculture, marine, pêche ; B : Bâtiment, travaux publics ; C : Électricité, électronique ; D : Mécanique, travail des métaux ; E : Industries de process ; F : Matériaux souples, bois, industries graphiques ; G : Maintenance ; H : Ingénieurs et cadres de l'industrie ; J : Transports, logistique et tourisme ; K : Artisanat ; L : Gestion, administration des entreprises ; M : Informatique et télécommunications ; N : Études et recherche ; P : Administration publique, professions juridiques, armée et police ; Q : Banque et assurances ; R : Commerce ; S : Hôtellerie, restauration, alimentation ; T : Services aux particuliers et aux collectivités ; U : Communication, information, art et spectacle ; V : Santé, action sociale, culturelle et sportive ; W : Enseignement, formation.

68 Lecture : pour le point (S) : 42 % des jeunes qui étaient dans le domaine S « Hôtellerie, restauration, alimentation » en 2013 l’ont quitté en 2017, alors que 31 % l’ont rejoint (étant dans un autre domaine en 2013).

69 Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq.

TAB A3. Estimations conjointes des probabilités d'aspiration à changer de métier et de la réalisation effective de ce changement (Modèles probit récursif)

Ensemble des jeunes Ensemble des jeunes
 Spécification (1)Spécification (2)
Variables explicativesProbabilité de changement de métier effectifProbabilité d'aspirer au changement de métierProbabilité de changement de métier effectifProbabilité d'aspirer au changement de métier
     
Aspirer au changement de métier0.984**1.048*** 
(0.475)(0.337) 
Situation en 2013 : Emploi Qualifié-0.384**-0.552***-0.795***-0.310***
(0.157)(0.0630)(0.145)(0.0728)
Emploi Non Qualifié-0.235ref-0.746***0.234***
(0.160)(0.104)(0.0792)
Chômage0.320*-0.0290  
(0.177)(0.0869)  
Inactivitéref-0.375**  
(0.148)  
Formation, reprise d'études0.676***-0.813***  
(0.174)(0.126)  
Femme (ref Homme)-0.0904*0.0681-0.108**0.0644
(0.0467)(0.0459)(0.0448)(0.0455)
Niveau de qualication : Non Diplômé·et non qualif.0.296***0.1470.229**0.153
(ref. CAP-BEP)(0.106)(0.0966)(0.103)(0.0955)
Non Diplômé·et qualifié0.289***0.249***0.230**0.259***
(0.105)(0.0850)(0.101)(0.0838)
Bachelier/ère0.1080.228***0.07340.236***
(0.0734)(0.0550)(0.0666)(0.0548)
Origine sociale : inconnue-0.235**-0.0416-0.218**-0.0185
(ref ) (0.109)(0.108)(0.104)(0.107)
Artisan, Comm., Chef d'entreprise0.008330.006470.003740.00179
(0.0752)(0.0740)(0.0734)(0.0737)
Agriculteur0.00327-0.09620.0217-0.0811
(0.136)(0.139)(0.132)(0.137)
Profession intermédiaire0.09840.04970.08780.0365
(0.0812)(0.0790)(0.0791)(0.0790)
1 des 2 parents cadres0.04330.02540.03660.0124
(0.0688)(0.0668)(0.0664)(0.0666)
2 parents cadres0.0368-0.02150.0404-0.0376
(0.128)(0.126)(0.125)(0.125)
Parcours antérieur : Nombre de mois passés au chômage -0.001420.00783*-0.001280.0155***
(0.00450)(0.00423)(0.00439)(0.00371)
Nombre de mois passés en emploi -0.0142***0.00304-0.0113***0.00815**
(0.00402)(0.00401)(0.00365)(0.00373)
Nombre de séquences de chômage0.01850.0145-0.003550.0586
(0.0402)(0.0365)(0.0389)(0.0359)
Nombre de séquences de formation -0.1240.0350-0.0259-0.0775
(0.0794)(0.0756)(0.0741)(0.0716)
Nombre de séquences de reprises d'études 0.141-0.02740.401***-0.322***
(0.116)(0.105)(0.0985)(0.0888)
Nombre de séquences d'inactivité 0.03760.142**-0.03000.138**
(0.0755)(0.0633)(0.0680)(0.0616)
Nombre de séquences d'emploi 0.0976***0.0865***0.0867***0.0701***
(0.0338)(0.0234)(0.0302)(0.0234)
Part des emplois aidés marchands dans l'emploi départemental en 20170.191*0.190** 
(0.101)(0.0944) 
Part des emplois aidés non marchands dans l'emploi départemental en 2017-0.480*-0.436* 
(0.282)(0.264) 
Taux de chômage dans l'emploi départemental en 2017-0.0304*-0.0354** 
(0.0181)(0.0169) 
Les entretiens avec un conseiller/ère de ML jugé utile ou très utile - de 2010 à 20130.108 0.166*
(0.104) (0.0964)
Les entretiens avec un conseiller/ère de PL jugé utile ou très utile - de 2010 à 2013-0.315*** -0.237**
(0.120) (0.115)
Nombre d'entretiens avec un conseiller/ère de ML de 2010 à 2013-0.00687 -0.00445
(0.00617) (0.00582)
Nombre d'entretiens avec un conseiller/ère de PE de 2010 à 20130.0195* 0.0176*
(0.00999) (0.00964)
Part des emplois aidés marchands dans l'emploi départemental en 2013-0.239 -0.262
(0.184) (0.176)
Part des emplois aidés non marchands dans l'emploi départemental en 2013-0.0868 -0.0578
(0.315) (0.300)
Taux de chômage dans l'emploi départemental en 20130.0507*** 0.0526***
(0.0172) (0.0167)
Origine géographique : 2 parents nés en Afrique-0.02390.393***-0.09650.411***
(ref : parents nés en France)(0.119)(0.0886)(0.107)(0.0880)
1 parent né en France, 1 en Afrique-0.02970.210**-0.06730.199*
(0.117)(0.103)(0.108)(0.103)
Autres origines-0.08040.205***-0.1080.208***
(0.0836)(0.0707)(0.0773)(0.0707)
Aspirer X emploi non qualifié0.372*** 
(0.131) 
Aspirer X emploi qualifié0.373*** 
(0.101) 
Constante0.180-0.784***0.478**-1.189***
(0.206)(0.197)(0.190)(0.179)
Rho-0.357-0.642**
(0.352)(0.328)
Observations3,4953,495

TAB A3. Estimations conjointes des probabilités d'aspiration à changer de métier et de la réalisation effective de ce changement (Modèles probit récursif)

70 Les écarts-types figurent entre parenthèses.

71 *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

72 Note de lecture : Dans chaque spécification, deux probabilités sont estimées conjointement : l'une concerne l'aspiration à changer de métier, lors de l'interrogation à 3 ans (colonne 2), l'autre à changer effectivement de métier dans les 4 années qui suivent l'interrogation. Chacune suit un modèle probit en fonction des caractéristiques socio-économiques : on applique ainsi les mêmes règles d'interprétations des paramètres attachés à ces caractéristiques dans le modèle probit simple. Dans ces modèles non linéaires, les estimations des paramètres ne sont alors pas immédiatement et directement interprétables comme les effets marginaux, toutes choses égales par ailleurs, des variables associées. Le signe de l'estimation - dès lors que le coefficient est significatif - indique néanmoins le sens de l'effet de la variable sur la probabilité. A titre d'exemple, occuper un emploi qualifié trois après l'entrée sur le marché du travail (relativement à ne pas en occuper), réduit à la fois la probabilité d'aspirer à changer de métier à ce moment là et celle d'un changement de métier effectif, dans les quatre ans qui suivent.

73 Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq.

TAB A4. Estimations conjointes des probabilités d'aspiration à changer de métier et d'un changement effectif de domaine professionnel (Modèles probit récursif)

Ensemble des jeunes Ensemble des jeunes
 Spécification (1)Spécification (2)
Variables explicativesProbabilité de changement de domaine effectifProbabilité d'aspirer au changement de métierProbabilité de changement de domaine effectifProbabilité d'aspirer au changement de métier
Aspirer au changement de métier0.6530.997** 
(0.632)(0.468) 
Situation en 2013 : Emploi Qualifié-0.467***-0.186-0.779***-0.304***
(0.152)(0.147)(0.157)(0.0733)
Emploi Non Qualifié-0.320*0.368**-0.825***0.239***
(0.167)(0.150)(0.110)(0.0797)
Chômage0.2460.341**  
(0.169)(0.146)  
Inactivitéref  
Formation, reprise d'études0.453**-0.442***  
(0.183)(0.164)  
  
(0.172)(0.163) (0.194)
Femme (ref Homme)-0.107**0.0695-0.131***0.0615
(0.0482)(0.0464)(0.0451)(0.0462)
Niveau de qualication : Non Diplômé·et non qualif.0.226**0.1440.1480.152
(ref. CAP-BEP)(0.101)(0.0964)(0.103)(0.0956)
Non Diplômé·et qualifié0.180*0.247***0.1110.256***
(0.103)(0.0855)(0.105)(0.0850)
Bachelier/ère0.04560.226***-0.01100.237***
(0.0764)(0.0555)(0.0703)(0.0552)
Origine sociale : inconnue-0.185*-0.0451-0.168-0.0183
(ref ) (0.110)(0.108)(0.105)(0.108)
Artisan, Comm., Chef d'entreprise0.05940.006460.04690.00324
(0.0754)(0.0740)(0.0736)(0.0734)
Agriculteur0.0368-0.09850.0643-0.0725
(0.141)(0.142)(0.134)(0.138)
Profession intermédiaire0.1120.05160.09440.0386
(0.0823)(0.0790)(0.0814)(0.0790)
1 des 2 parents cadres0.09970.02320.08420.0108
(0.0693)(0.0668)(0.0677)(0.0664)
2 parents cadres0.0399-0.01950.0404-0.0352
(0.128)(0.125)(0.125)(0.125)
Parcours antérieur : Nombre de mois passés au chômage -0.001620.00784*-0.003200.0152***
(0.00448)(0.00427)(0.00478)(0.00372)
Nombre de mois passés en emploi -0.0167***0.00307-0.0144***0.00812**
(0.00394)(0.00401)(0.00360)(0.00373)
Nombre de séquences de chômage0.01470.0156-0.004380.0590*
(0.0375)(0.0363)(0.0382)(0.0355)
Nombre de séquences de formation -0.08230.0349-0.0147-0.0777
(0.0748)(0.0753)(0.0714)(0.0708)
Nombre de séquences de reprises d'études 0.208*-0.02440.392***-0.313***
(0.113)(0.104)(0.0965)(0.0866)
Nombre de séquences d'inactivité -0.08260.142**-0.136**0.137**
(0.0733)(0.0631)(0.0632)(0.0609)
Nombre de séquences d'emploi 0.0548*0.0860***0.03430.0702***
(0.0322)(0.0232)(0.0295)(0.0231)
Part des emplois aidés marchands dans l'emploi départemental en 20170.08540.0934 
(0.106)(0.0971) 
Part des emplois aidés non marchands dans l'emploi départemental en 2017-0.298-0.257 
(0.289)(0.268) 
Taux de chômage dans l'emploi départemental en 2017-0.0161-0.0250 
(0.0194)(0.0180) 
Les entretiens avec un conseiller/ère de ML jugé utile ou très utile - de 2010 à 20130.101 0.192*
(0.125) (0.0988)
Les entretiens avec un conseiller/ère de PL jugé utile ou très utile - de 2010 à 2013-0.321*** -0.226*
(0.121) (0.123)
Nombre d'entretiens avec un conseiller/ère de ML de 2010 à 2013-0.00709 -0.00294
(0.00698) (0.00652)
Nombre d'entretiens avec un conseiller/ère de PE de 2010 à 20130.0196* 0.0166*
(0.0102) (0.0100)
Part des emplois aidés marchands dans l'emploi départemental en 2013-0.242 -0.302*
(0.198) (0.181)
Part des emplois aidés non marchands dans l'emploi départemental en 2013-0.0538 0.0138
(0.318) (0.304)
Taux de chômage dans l'emploi départemental en 20130.0497*** 0.0541***
(0.0186) (0.0168)
Origine géographique : 2 parents nés en Afrique0.03810.397***-0.07430.412***
(ref : parents nés en France)(0.131)(0.0886)(0.123)(0.0888)
1 parent né en France, 1 en Afrique-0.03120.209**-0.09020.194*
(0.122)(0.104)(0.111)(0.104)
Autres origines-0.002080.208***-0.05740.208***
(0.0904)(0.0702)(0.0857)(0.0710)
Aspirer X emploi non qualifié0.474*** 
(0.136) 
Aspirer X emploi qualifié0.429*** 
(0.0971) 
Constante0.158-1.153***0.368**-1.202***
(0.207)(0.208)(0.188)(0.180)
rho-0.104-0.573
(0.397)(0.430)
Observations3,4953,495

TAB A4. Estimations conjointes des probabilités d'aspiration à changer de métier et d'un changement effectif de domaine professionnel (Modèles probit récursif)

74 Les écarts-types figurent entre parenthèses.

75 *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

76 Note de lecture : Dans chaque spécification, deux probabilités sont estimées conjointement : l'une concerne l'aspiration à changer de domaine professionnel, lors de l'interrogation à trois ans (colonne 2), l'autre à changer effectivement de domaine dans les quatre années qui suivent l'interrogation. Chacune suit un modèle probit en fonction des caractéristiques socio-économiques : on applique ainsi les mêmes règles d'interprétations des paramètres attachés à ces caractéristiques dans le modèle probit simple. Dans ces modèles non linéaires, les estimations des paramètres ne sont alors pas immédiatement et directement interprétables comme les effets marginaux, toutes choses égales par ailleurs, des variables associées. Le signe de l'estimation - dès lors que le coefficient est significatif - indique néanmoins le sens de l'effet de la variable sur la probabilité. A titre d'exemple, être en formation ou en reprise d'études trois après l'entrée sur le marché du travail (relativement à ne pas pas suivre de formation et ne pas reprendre ses études), réduit la probabilité d'aspirer à changer de domaine professionnel à ce moment là mais accroît celle d'un changement de domaine effectif, dans les quatre ans qui suivent.

77 Source : Génération 2010 à sept ans, Céreq.

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Notes

  • [1]
    Selon Doeringer et Piore (1971) : « Le marché interne est une unité administrative, comme un établissement industriel, à l’intérieur de laquelle la rémunération et l’allocation du travail sont régies par un ensemble de règles et de procédures administratives ». Ainsi, il s'oppose au marché externe régi par la confrontation de l’offre et de la demande de travail.
  • [2]
    On récupère ainsi la nature de l’emploi pour 69 % des jeunes hors de l’emploi en 2013 et pour 76 % de celles et ceux hors de l’emploi en 2017.
  • [3]
    Ainsi, une personne du domaine « Employés d’hôtellerie » (FAP détaillée S2Z60) peut changer de métier et devenir « Serveur de cafés restaurants » (S2Z61), restant alors dans le domaine des « Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration » (S2Z) ; ou bien devenir « Agent d’accueil et d’information » (L2Z60) changeant alors à la fois de métier et de domaine (« Employés administratifs d’entreprise », L2Z).
  • [4]
    Dans cette logique et parce que l’on s’intéresse au début de vie active, parler de reconversion pour les changements de métier étudiés ici serait discutable. En effet, « l’ancrage » dans une profession, supposant une certaine continuité, est marginal au terme des trois premières années de vie active. Par conséquent, les tournants ou bifurcations, c’est-à-dire les modifications radicales et durables du parcours professionnel ou biographique de la personne (Bidart et al., 2010 ; Abbott, 2010 ; Fournier et al., 2017) qui caractérisent les reconversions, le sont tout autant. De plus, la formation ou la reprise d’études, dans l’objectif d’une reconversion (Négroni & Mazade, 2019) est peu fréquente pour les jeunes de bas niveau de qualification (Mora & Robert, 2017).
  • [5]
    En annexe de la version électronique de l’article, le graphique A représente les changements de domaines professionnels, selon que les jeunes les quittent ou les rejoignent.
  • [6]
    La question relative à la satisfaction posée à l’issue des trois premières années sur le marché du travail à l’ensemble des jeunes (en emploi ou non) est : « Aujourd’hui, vous diriez que : votre situation actuelle vous convient / votre situation actuelle ne vous convient pas ».
  • [7]
    Ces statistiques sont disponibles auprès des auteurs.
  • [8]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [9]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [10]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [11]
    Statistiques disponibles auprès des auteurs.
  • [12]
    Nous remercions un ou une rapporteur/rice sur ce point.
  • [13]
    L’ensemble des résultats d’estimation par niveau de qualification des jeunes sont disponibles auprès des auteur et autrices. Ceux tous niveaux de qualifications confondus sont en annexe de la version électronique (Tableaux A3 et A4).
  • [14]
    En assimilant l’aspiration déclarée à changer de métier/de domaine professionnel à un « traitement », nous pouvons appliquer, dans ce contexte, le calcul d’effets de traitement pour chaque individu (qu’elle/il ait aspiré·e réellement ou non au changement) sur la probabilité d’une réalisation effective de changement au cours des quatre années suivantes. Pour obtenir l’effet moyen, on calcule ensuite la moyenne de tous ces effets individuels (on pourrait alternativement parler d’effet marginal moyen de l’aspiration sur la probabilité d’un changement effectif dans les quatre années qui suivent).
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