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Article de revue

Réussir ou échouer au diplôme d’État d’aide-soignante par la validation des acquis de l’expérience : une longue épreuve

Pages 19 à 42

Notes

  • [1]
    On désignera ici le métier, les candidates ou les diplômées au féminin, englobant les rares hommes présents.
  • [2]
    Reclassé au niveau IV dans le cadre d’une réforme du DEAS en 2021 qui relève à douze mois la durée de la formation et porte à dix le nombre de compétences associées au diplôme.
  • [3]
    Cf. V. Castanet, Les fossoyeurs, 2022, Paris, Fayard ou « Ehpad : l’heure des comptes », Cash investigation, France 3, diffusé le 1er mars 2022.
  • [4]
  • [5]
    C’est le cas des dix jurys interrogés par ces auteurs, dont les membres avaient au moins le DE d’infirmière, alors que les membres des jurys interrogés ou observés sur notre terrain étaient plus souvent des aides-soignantes, dont certaines diplômées par VAE, et plus ouverts sur cette voie de diplomation, même si le souci de se montrer garants de la valeur du diplôme était mis en avant.
  • [6]
    Notons que le décret d’application de la loi Travail concernant la VAE sanitaire et sociale, qui lève une de ces contraintes, n’est intervenu qu’en octobre 2017, sans effet immédiat sinon sur le taux de recevabilité (cfTableau 1).
  • [7]
    À partir de l’exploitation économétrique d’une enquête réalisée auprès de salariés bénéficiaires de congés de VAE en 2010-2013, N. Havet (2019) avait pointé que ce délai était particulièrement élevé pour les diplômes de la santé et du social.
  • [8]
    Elles peuvent aussi faire un recours ou compléter leurs acquis par la formation, ce qui n’est pas enregistré ici et semble marginal : en 2016, sur près de 28 000 élèves en IFAS, à peine plus de 600 avaient bénéficié auparavant d’une VAE partielle (DREES, 2018).
  • [9]
    Par exemple, Sylvie Ameline, Marie-Françoise Bonté, VAE pour l’obtention du DEAS. Préparation complète, 3e édition, Paris, Vuibert, 2015, p. 16.
  • [10]
    La seule information conservée dans le fichier administratif sur la durée de l’expérience est celle à effet de droit, mais l’enquête ethnographique, par entretien et par examen du livret 2 où figure un tableau récapitulant les différents emplois occupés, permet donc d’évaluer la durée de cette étape pour les candidates enquêtées, ainsi que le calendrier de cette expérience et ses conditions.
  • [11]
    Qui suppose elle-même une ancienneté minimale de trois ans.
  • [12]
    Parmi les EHPAD étudiés par Bazin et Muller (2018), près des deux tiers de ceux qui avaient signé un contrat avec l’ARS ont eu recours à des faisant-fonction d’aide-soignant.
  • [13]
    Pour ces compétences, une formation de 70 h était exigée en préalable à la candidature à la VAE jusqu’en 2011.
  • [14]

1 En crise de recrutement de main-d’œuvre, les établissements de santé, les structures d’aide à domicile, et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) offrent des possibilités d’emploi, y compris pour des personnes non diplômées. Cependant, c’est surtout la main-d’œuvre qualifiée, disposant des titres spécifiques exigés dans ce domaine de la santé très réglementé, qui fait défaut. Des postes d’aides-soignantes [1] restent ainsi vacants.

2 Nombre de jeunes femmes sont orientées vers les métiers de la santé ou du social via des cursus comme le BEP (brevet d’études professionnelles) sanitaire et social ou, depuis quelques années, le Bac pro « Accompagnement, soins et services à la personne » (ASSP) (Divert, 2021), mais le diplôme d’État d’aide-soignante (DEAS), délivré par le ministère de la Santé et des Affaires sociales, est nécessaire pour exercer comme telle. Ce diplôme de niveau V [2] est attribué à l’issue d’une formation de dix mois dans un Institut de formation d’aides-soignants (IFAS), avec des enseignements théoriques et pratiques, des stages prévus pour être suffisamment variés de façon à montrer différentes facettes du métier (Arborio, 2016). De nombreuses femmes ont été ainsi qualifiées et promues, en formation initiale ou continue, la quasi-totalité bénéficiant de bourses, allocations, de prises en charge par leur employeur ; mais d’autres travailleuses du secteur restent exclues de cette opportunité, alors même qu’elles ont une certaine expérience auprès des malades ou des personnes âgées.

3 La validation des acquis de l’expérience (VAE), mise en place en 2005 pour ce diplôme, a donc pu appparaître comme une aubaine pour elles. La VAE du DEAS a attiré de fait un « afflux énorme de candidatures » (Labruyère, 2007, p. 55), révélant un important réservoir de main-d’œuvre, essentiellement constitué de « faisant fonction », suivant le terme usuel désignant ceux qui exercent un métier sans posséder le titre habituellement exigé.

4 Aujourd’hui encore, la VAE est régulièrement mise en avant dans les rapports publics comme une solution durable aux tensions sur le marché du travail des « métiers du grand âge » (El Khomri, 2019). L’injonction des autorités de santé à qualifier le personnel se fait pressante, avec une critique plus ou moins ouverte de la présence de faisant fonction d’aide-soignante. L’actualité récente a attiré l’attention sur ce point à propos de certains EHPAD, dénoncés notamment pour l’embauche de personnels non diplômés sur des postes d’aides-soignantes [3].

5 Pourtant, malgré de forts besoins en personnels qualifiés et l’existence de personnels exerçant leurs tâches et donc supposés avoir appris à les réaliser, la VAE du DEAS se caractérise par des taux de réussite particulièrement bas : ainsi, sur environ 3 400 entretiens avec les jurys de VAE qui se sont déroulés en 2016 en France, un sur quatre s’est conclu par la réussite, c’est-à-dire par la « validation totale » des compétences associées au diplôme (DREES, 2018). Les autres ont conduit soit à une « validation nulle », la candidate ne se voyant reconnaître aucune compétence, soit à une « validation partielle » où la candidate acquiert au moins un des huit domaines de compétences associés au diplôme (Encadré 1). Cette faible réussite fait en tout cas de la VAE une voie qui reste finalement marginale pour accéder au DEAS : en 2016, pour la France entière, on compte 22 323 reçues à ce diplôme après scolarité et 850 par VAE (Ibid.).

Encadré 1. Les huit domaines de compétence du DEAS (Diplôme d’État d’aide-soignant) au moment de l’enquête, définis par l’arrêté du 22 octobre 2005 relatif à la formation conduisant au DEAS1. Accompagner une personne dans les actes essentiels de la vie quotidienne en tenant compte de ses besoins et de son degré d’autonomie. 2. Apprécier l’état clinique d’une personne. 3. Réaliser des soins adaptés à l’état clinique de la personne. 4. Utiliser les techniques préventives de manutention et les règles de sécurité pour l’installation et la mobilisation des personnes. 5. Établir une communication adaptée à la personne et à son entourage. 6. Utiliser les techniques d’entretien des locaux et du matériel spécifique aux établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux. 7. Rechercher, traiter et transmettre les informations pour assurer la continuité des soins. 8. Organiser son travail dans une équipe pluriprofessionnelle.

6 Au-delà des flux de candidates ou des taux de réussite sur une année, on propose de s’intéresser ici aux parcours des candidates à la VAE du DEAS, qu’ils mènent à l’échec ou à la réussite, et surtout à leurs temporalités. On a déjà montré par ailleurs que la faible réussite à ce diplôme tient à la fois aux caractéristiques des candidates qui s’y présentent et à celles de leurs établissements qui ne les accompagnent pas dans cette démarche et les font travailler dans des conditions dégradées peu propices au compagnonnage (Arborio, 2021). Mais parmi les facteurs de démobilisation des candidats à la VAE, quels que soient les diplômes envisagés, la longueur de l’ensemble du processus, associée à sa complexité, est dénoncée depuis longtemps dans les rapports publics (Besson, 2008 ; Chastel et alii, 2016), jusqu’au récent rapport Rivoire qui propose d’y remédier [4], avec une simplification des démarches administratives et un meilleur accompagnement.

7 La loi Travail, promulguée en août 2016, visait déjà à réduire ce qui semble faire obstacle à la réussite. D’une part, la durée de l’expérience requise pour pouvoir se présenter en VAE a été limitée à un an au lieu de trois antérieurement ; d’autre part, en cas de validation partielle d’un diplôme, les compétences acquises le sont désormais à titre permanent alors que, jusque-là, chaque candidat n’avait que cinq ans pour terminer son parcours et obtenir la validation totale de son diplôme, une fois la première validation obtenue.

8 L’esprit de ces nouvelles mesures est commun : elles visent la facilitation du parcours. L’effet attendu sur la durée des parcours peut en revanche sembler contradictoire : une réduction du temps pour l’expérience requise et un allongement potentiel pour la phase de validation.

9 Les travaux de recherche en sciences sociales sur la VAE ont montré les effets ambigus de la temporalité du processus de VAE. D’un côté, Havet (2014), par une étude quantitative sur l’ensemble des candidats à la VAE d’une même région, s’est intéressée au rôle des dispositifs d’accompagnement. Ceux-ci jouent en faveur à la fois d’une meilleure réussite et d’une durée moins longue du processus de validation, et répondent donc à la critique d’une trop longue durée qui serait cause d’abandon. D’un autre côté, avec une enquête dont le corpus principal était fait d’entretiens avec des personnes en cours ou en fin de parcours de VAE, Mayen et Pin (2013) ont montré que le rapport au temps joue pourtant un rôle important dans l’« engagement » en VAE. Interrogeant des candidats à différents diplômes, ils montrent que la VAE est pour eux comme une modalité « pratique et facile » par comparaison à la formation : parce que sans « échéances rigides » (Ibid, p. 21). En effet, préparer la VAE n’occupe pas forcément le candidat à temps plein et se fait à son rythme, celui-ci poursuivant, le cas échéant, son activité professionnelle.

10 À la différence de ces recherches qui portent sur un ensemble large de diplômes, on se concentre ici sur un seul diplôme à caractère professionnel. Cela permet de prendre en compte les enjeux institutionnels – comme l’ont fait certains à propos d’autres diplômes (Rozario, 2013 ; Redjimi, 2020) –, ceux des EHPAD qui constituent de fait les principaux pourvoyeurs de candidates, en particulier les EHPAD privés à but lucratif caractérisés par une moindre présence de personnels diplômés, dont on peut déduire une plus grande part de « faisant-fonction » (Bazin, Muller, 2018). Cela permet de prendre en compte également les caractéristiques spécifiques de ces candidates, ici des femmes des classes populaires, qui passent ainsi, pour nombre d’entre elles, leur tout premier diplôme, et dont l’éloignement de l’école complique la réussite, malgré une expérience déjà parfois de longue durée (Arborio, 2021), comme c’est le cas pour d’autres diplômes de ce niveau, tel que le CAP « Petite enfance » (Balitout, 2021). Qu’en est-il des temporalités de la VAE dans ce cas spécifique ? Notre travail se distingue aussi par l’usage conjoint de matériaux de diverses natures recueillis dans le cadre d’une enquête ethnographique (Encadré 2), plutôt que sur l’usage exclusif d’entretiens biographiques ou de données quantifiées.

Encadré 2. Une enquête ethnographique mobilisant des matériaux variésL’enquête a été menée entre 2016 et 2018, avec le concours de l’institution chargée de l’organisation des épreuves, la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), dans l’une des premières régions pourvoyeuses de candidates, où le taux de validation totale à l’issue de l’entretien est très légèrement supérieur à la moyenne nationale. Inscrite dans le programme de recherche Le « populaire » aujourd’hui (*), elle ne visait pas l’analyse du dispositif de VAE en lui-même, mais prenait place dans un ensemble de recherches sur les classes populaires et les conditions de leur accès à une certaine stabilité. Les parcours de 57 candidates ont été recueillis, par entretiens biographiques pour 25 enquêtées, par le récit qu’elles ont fait de leur expérience au cours de leur épreuve d’oral et par le recueil de documents ethnographiques pour les autres (**). La combinaison de méthodes d’enquête variées permet de dépasser le seul récit rétrospectif des candidates : aux matériaux habituellement associés à la reconstitution de parcours tels que les entretiens biographiques s’est ajoutée l’observation directe de l’ensemble des sessions d’oral sur deux années et le recueil de documents. Outre les épreuves orales stricto sensu, ont été observés les réunions de formation des jurys, les délibérations, les moments d’accueil des candidates et recueillis des documents produits à cette occasion (livrets consignant leurs expériences, procès-verbaux de jurys, etc.). Une extraction de la base de données des candidates m’a été confiée par la DRJSCS : son dépouillement, informé du mode de construction de ces données par l’ethnographie, permet de décrire les différents types de parcours et de quantifier leur occurrence. Cette recherche articule donc des matériaux produits à la fois par reconstruction rétrospective en réponse à un questionnement non standardisé et par un enregistrement systématique, avec chacun ses spécificités : le premier mode d’interrogation est plus intensif, avec une attention aux parcours atypiques et au sens donné par les acteurs à leurs pratiques, mais le corpus est limité ; le second est exhaustif, puisqu’il concerne l’ensemble des candidates à la validation du DEAS de 2005 à 2018, mais contraint quant aux items dépendants de la pratique administrative (Arborio, 2009). (*) : Financé par l’Agence nationale de la recherche (2015-2018), sous la responsabilité d’Olivier Masclet. (**) : Trois candidates sont communes aux deux corpus.

11 Les parcours de VAE méritent d’être observés pour leurs différentes étapes et pas seulement pour leurs résultats, sans négliger les échecs, importants dans le cas du DEAS, qui conduisent parfois à réitérer la démarche (1). Si des candidates au DEAS suivent le modèle idéal de la réussite sans aucun échec, celui-ci est loin d’être majoritaire (2) et les parcours recommencés qui s’étirent sur plusieurs années sont nombreux, sans être forcément suivis de réussite (3).

1 La VAE : une succession d’épreuves, souvent réitérée par l’échec

12 La temporalité du processus de la VAE est encadrée, mais l’échec peut conduire à le prolonger par le recommencement des épreuves afin de se donner une nouvelle chance.

1.1 Un processus complexe encadré donnant lieu à des temporalités variables…

13 Les chiffres régulièrement publiés par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) considèrent les tentatives annuelles d’un ensemble de candidates à la VAE : ils ne disent rien du parcours de chacune ni du temps dans lequel il s’inscrit. En effet, ces résultats publiés concernent la réussite à l’épreuve ultime de l’entretien de validation, au cours de laquelle la candidate tente de prouver la réalité des acquis tirés de son expérience de travail devant un jury de trois professionnels représentant les formateurs, les directeurs d’établissements et les « professionnels », aides-soignants ou infirmiers. Au terme de ce face-à-face, le jury prend la décision d’attribuer ou pas le diplôme ; d’une part, en fonction des compétences qui lui semblent acquises par les candidates ; d’autre part, à l’aune de sa vision du métier et du diplôme et de la prégnance du modèle de la formation chez certains jurys particulièrement intransigeants face à des faisant-fonction ayant pour seule expérience le travail en EHPAD (Divert, Augagneur, 2023) [5]. La grande attention portée à cette courte épreuve d’une heure maximum tient à son issue décisive et à son intensité dramatique forte (Auras, 2013). Elle est cependant précédée d’autres épreuves qui scandent le parcours de VAE : leur issue négative interrompt ce parcours, et le temps pris à les réaliser est susceptible de l’allonger.

14 La candidature à la VAE présente avant tout une condition nécessaire : l’exercice comme faisant-fonction pendant un minimum de trois ans au moment de l’enquête et d’un an depuis [6] (Schéma 1). Cette expérience doit avoir permis de mobiliser les compétences visées par le diplôme et doit être attestée dans un « livret 1 » réunissant des certificats d’employeurs. C’est sur cette base que la candidature est jugée « recevable » – ou non – et la candidate autorisée – ou pas – à poursuivre son parcours, au terme d’une première épreuve essentiellement administrative.

15 La candidate recevable doit ensuite réaliser une deuxième épreuve consistant à détailler cette expérience dans un rapport écrit – dit « livret 2 » – aux rubriques pré-formatées de sorte que chaque compétence fasse l’objet d’un développement. Les jurys l’auront lu avant l’épreuve ultime de l’oral à laquelle la candidate sera convoquée. C’est sur la base de ce rapport écrit et des réponses qu’elle fournit aux questions du jury pendant l’entretien que les compétences de la candidate sont évaluées.

16 La temporalité des parcours varie donc en fonction du temps pris par la candidate à réaliser ses deux livrets, le temps de la rédaction du livret 2 étant limité à trois ans après la décision de recevabilité. Les délais sont ainsi contraints, sans doute pour éviter que le parcours ne s’étire. Dans cette même intention, l’administration est également contrainte dans ses délais de réponse, du moins pour donner sa décision de recevabilité après l’examen du livret. En effet, elle ne l’est pas s’agissant du délai qui sépare la réception du livret 2 de la convocation à l’oral ; ce délai dépend des flux de candidates et des conditions matérielles d’organisation des jurys et varie ici de deux mois à près d’un an [7].

Shéma 1. Les étapes de la VAE du DEAS et leur cadre temporal avant 2017

Figure 0

Shéma 1. Les étapes de la VAE du DEAS et leur cadre temporal avant 2017

Source : Schéma de l’auteur.

17 La séquence de préparation des épreuves de validation peut se décliner de façons très diverses, contrairement à la préparation du même diplôme par la formation, le cadre réglementaire se limitant à fixer des durées maximales à chaque étape. On comprend donc que les temporalités des parcours sont susceptibles de varier suivant le temps de l’expérience qui précède la remise du livret 1, selon le temps passé à préparer le livret 2 ou à attendre sa convocation à l’oral.

1.2 … d’autant qu’il autorise les recommencements

18 Le Schéma 1 laisse voir les variations possibles de temporalité sur un cycle, mais il est incomplet car il ne rend pas visibles les renoncements, les échecs, et leurs effets possibles, notamment en cas de recommencements du parcours. En effet, face à une décision qui ne leur est pas favorable, ou après avoir épuisé le délai sans remettre leur livret 2, certaines candidates semblent abandonner, mais toutes ont la possibilité de recommencer la procédure [8] et d’allonger ainsi le temps de leur parcours de VAE (cf. Schéma 2).

19 La seule restriction au recommencement qui a eu cours jusqu’à la loi Travail imposait aux candidates en validation partielle d’obtenir la validation totale de leur diplôme en cinq ans maximum, une fois la première validation obtenue, avec le risque de perdre tous ces acquis au terme de ce délai. Mais en cas de parcours incomplet dans les cinq années imparties, rien a priori n’empêchait de recommencer en déposant un nouveau livret 1.

Schéma 2. Face aux échecs, renoncer ou recommencer ?

Figure 1

Schéma 2. Face aux échecs, renoncer ou recommencer ?

Source : Schéma de l’auteur.

20 Il est donc important de sortir de la logique de la « tentative » présente dans les statistiques annuelles, qui fait de la VAE un événement ponctuel. Il convient de proposer une approche longitudinale qui restitue les parcours des candidates et leurs temporalités, en prenant en compte à la fois le fait que certaines d’entre elles ont pu échouer à l’une des trois épreuves et le fait que les échecs ne sont pas forcément synonymes d’abandon. Ils peuvent donner lieu à des démarches réitérées de présentation de livret 1, de rédaction d’un livret 2 ou de passage de l’oral, avec pour effet d’étirer le processus dans le temps. D’où l’intérêt de la combinaison de matériaux permettant d’observer les parcours sur le temps long, dans leur ensemble ou pour leur détail. C’est d’autant plus nécessaire dans le cas du DEAS où, on l’a dit, le taux de réussite, tel qu’il est mesuré par la DREES, est bas. Le schéma linéaire tel qu’il apparaît dans les brochures administratives ou dans les manuels à destination des candidates [9] est-il présent dans notre enquête ? Sans doute est-il le mode pour la VAE d’autres diplômes où les taux de réussite tournent autour de 90 %, mais qu’en est-il dans le cas du DEAS où les taux de réussite sont faibles ?

2 Du parcours idéal aux parcours ordinaires

21 La réussite au DEAS sans échec apparaît comme un idéal qui est atteint par certaines candidates, mais les échecs sont plus fréquents, sans exclure qu’ils mènent aussi à la réussite après recommencement du processus.

2.1 Réussir en une fois : un parcours idéal qui prend du temps

22 Certaines candidates franchissent chaque étape avec succès. Leurs parcours apparaissent comme emblématiques de la chance offerte par la VAE à ces femmes qui font fonction d’aide-soignante et disposent de ressources économiques ou culturelles souvent limitées. Ces parcours constituent l’idéal attendu par les membres du jury qui les signalent aux collègues cherchant une diplômée à démarcher pour un possible recrutement, ou à l’administration en quête de recrues pour constituer les prochains jurys.

23 Pour les candidates, ce parcours est aussi l’idéal à atteindre, même par comparaison au suivi de la formation. Réussir le DEAS dans ces conditions est en effet moins coûteux en argent et en déplacements que la scolarité en IFAS : les candidates qui se présentent en VAE n’ont pas obtenu de financement de leur employeur pour prendre en charge les frais de scolarité et pour compenser la cessation temporaire d’activité ; certaines n’exercent que dans le cadre de multiples contrats précaires et n’ont aucun espoir de voir une formation qualifiante financée ; quelques-unes ont été éligibles et ont renoncé, notamment du fait de la difficulté de se rendre dans un centre de formation éloigné de leur domicile.

24 Le coût financier de la VAE, lui, est réduit : quelques frais de reprographie pour les livrets et des frais postaux pour les adresser à la DRJSCS ou affranchir l’enveloppe qui servira à l’envoi des résultats, augmentés de frais de déplacement, voire d’hébergement la veille des oraux, pour les candidates éloignées de la capitale régionale où ils se déroulent.

25 La VAE se révèle cependant, même dans le cas de la réussite en une fois, coûteuse en temps ou, du moins, s’inscrit dans une longue durée (Graphique 1).

26 L’une de ces brillantes candidates, Jennifer, est ainsi diplômée à 31 ans, six ans après avoir été embauchée pour la première fois dans un EHPAD et plus de deux ans après la remise de son livret 1. Fille d’un artisan et d’une ouvrière restée un temps au foyer pour élever quatre enfants, elle a pour première ambition de devenir ingénieur, mais échoue au bac. Elle « découvre les soins » dans le cadre d’une mission humanitaire. De retour en France, elle pense à « passer le diplôme », mais bute sur le financement de la formation. Mariée, puis divorcée, en charge d’un enfant, elle trouve un emploi de femme de ménage dans une maison de retraite. Après plusieurs CDD, on lui propose un poste de faisant-fonction d’aide-soignante et même un CDI. Le directeur de l’établissement lui apprend que le DEAS est accessible par la VAE. Elle a près de quatre ans d’expérience quand elle dépose son livret 1. Sa candidature est déclarée recevable dans le délai légal, mais Jennifer prépare son livret 2 pendant plus de deux ans. Deux mois après le dépôt de celui-ci, elle valide les huit compétences du DEAS dès son premier passage. La rédaction du livret 2 s’est étalée dans le temps : non seulement faute de disponibilité du fait de son emploi à temps plein, auquel s’ajoutent des vacations, dans un contexte de divorce et avec un enfant à charge, mais aussi du fait des difficultés d’un exercice dont elle a du mal à cerner les attentes, et qui lui montre qu’elle ne pratique pas tous les gestes aides-soignants dans son établissement.

27 Cindy, très informée sur la VAE qu’elle anticipe de passer depuis le lycée, perd moins de temps que Jennifer en amont de la VAE. Fille d’un artisan et d’une mère au foyer, résidant dans un village de montagne, elle fait partie de la première génération à passer le bac Pro ASSP. Elle a conscience des contradictions de ce diplôme (Divert, 2021) qui, malgré un niveau supérieur au DEAS, ne permet pas d’exercer en qualité d’aide-soignante. Il est cependant susceptible d’accélérer son parcours grâce à la « passerelle » prévue. Face à la multiplicité des diplômes de niveau V délivrés par le ministère des Affaires sociales, des « passerelles » ont été établies pour permettre des équivalences entre eux et par suite faciliter la mobilité d’un métier à l’autre (Mengin et al, 2011) ; avec le bac ASSP, une passerelle a même été établie entre ce diplôme de l’Éducation nationale et le DEAS : il donne ainsi six des huit compétences du DEAS. Cindy sait donc qu’elle ne devra présenter que les deux manquantes pour valider totalement le diplôme. Une fois le bac en poche, elle signe le CDI que lui propose l’EHPAD privé de la commune rurale où elle a fait son apprentissage, et se tient prête à constituer son livret 1 avec le certificat de cet unique employeur dès l’ancienneté requise. À 23 ans, après l’acquisition des deux compétences qui lui manquaient, elle est l’une des plus jeunes diplômées par VAE du corpus car elle a entamé son parcours sans délai. Mais, avec plus d’un an de rédaction du livret 2 et huit mois d’attente de sa convocation, le processus s’est tout de même étalé sur près de deux ans depuis le dépôt de son livret 1.

Graphique 1. Des parcours de validation complète sans échec

Figure 2

Graphique 1. Des parcours de validation complète sans échec

Lecture : On mesure le temps qui sépare la décision de recevabilité (point d’abscisse) de la remise du livret 2 (triangle), et le temps d’attente de l’oral (entre le triangle et le point noir). Notons que les six compétences attribuées à Cindy par équivalence sont ici considérées comme validées au début du processus pour en saisir l’effet, mais elles sont de fait vérifiées et attribuées au moment de l’oral, sous condition de validation d’au moins une autre compétence par VAE.
Source : Base de données DRJSCS Région R. Traitement de l'auteur.

28 Ces parcours qui font référence pour leur modalité de réussite s’inscrivent dans une durée finalement assez longue. Ils révèlent déjà les moments susceptibles d’allonger les parcours. On relève ainsi le temps pris à la rédaction du livret 2 ou du moins la durée dans laquelle s’inscrit cette rédaction menée parallèlement à l’occupation d’un emploi à temps plein et pour Jennifer, s’y ajoutent des charges domestiques importantes. Pourtant, relativement aux autres, ces deux candidates sont surdotées en compétences scolaires, dont on a montré qu’elles étaient utiles à la réussite (Arborio, 2021). La comparaison de ces deux parcours laisse voir comment le temps de la VAE peut varier en fonction de la durée de l’expérience de chacune, de sa connaissance du dispositif, en plus de la maîtrise des compétences et de la capacité à en rendre compte au cours des épreuves.

29 Dans le corpus de l’enquête ethnographique, les candidates qui convainquent le jury à l’oral après avoir présenté un seul livret 2, suivant ce parcours idéal de réussite ne sont pas si nombreuses : quatre sur les 35 observées à l’oral, mais neuf parmi les 25 candidates rencontrées en entretien, du fait d’un biais de sélection du corpus interrogé, les candidates en situation de réussite se montrant beaucoup plus enclines que les autres à accepter l’entretien. En mobilisant la base administrative qui rassemble la totalité des candidates, on peut évaluer précisément la part des différents parcours possibles.

2.2 Réussir après avoir échoué à l’une ou l’autre des épreuves ?

30 En s’appuyant sur notre base régionale de données, on a choisi de construire des cohortes avec les candidates qui ont reçu une décision de recevabilité de leur candidature la même année. L’information sur le dépôt du livret 2 n’est disponible que pour les deux plus anciennes car ce sont les seules qui, au moment du recueil de la base fin 2018, avaient épuisé les délais légaux pour déposer un livret 2.

Tableau 1. Recevabilité et dépôt de livret 2 parmi les candidates à la VAE du diplôme d'état d'aide-soignant (DEAS) par cohorte de 2013 à 2018

CandidatesCandidates irrecevablesCandidates recevables
Année CohorteEffectif (*)EffectifEn % de l’ensemble des candidatesEffectif Ayant adressé un livret 2 dans les trois ansEn % des candidates recevables
201354020938,733118154,7 %
201457521036,536519754,9 %
201546617838,2288nsns
201636015242,2208nsns
201744218441,6258nsns
201846510923,4356nsns
Figure 2

Tableau 1. Recevabilité et dépôt de livret 2 parmi les candidates à la VAE du diplôme d'état d'aide-soignant (DEAS) par cohorte de 2013 à 2018

(*) : Il s’agit bien de l’effectif des candidates s’étant présentées au moins une fois dans l’année et non du nombre de tentatives de l’année, certaines candidates ayant déposé plusieurs livrets 1. En cas de recevabilité de l’une de ces tentatives, elles ont été considérées ici comme recevables.Lecture : Parmi les candidates ayant reçu une décision de recevabilité à la VAE du DEAS de la région R en 2013, 38,7 % n’ont pas été recevables. Parmi les candidates ayant été déclarées recevables à la VAE du DEAS de la région R en 2013, 54,7 % ont déposé un livret 2 dans le délai maximal prévu de 3 ans.
Source. Base de données DRJSCS Région R, traitement de l’auteur.

31 S’agissant de l’épreuve de recevabilité et de la rédaction du livret 2, la réussite est à peine majoritaire (cf.Tableau 1) : de 2013 à 2017, environ 40 % seulement des candidates sont en effet déclarées irrecevables chaque année. La réduction de la durée minimale d’expérience exigée ramène ce taux à un quart environ en 2018.

32 À la lecture du Tableau 1, on est également frappé par la proportion des candidates recevables qui ne mènent pas au bout la rédaction de leur livret 2 : parmi les candidates recevables des deux cohortes dont le délai de dépôt du livret 2 est épuisé, à peine plus de la moitié ont produit le livret 2 dans le délai imposé de trois ans. Par définition peu accessible à une ethnographie mise en œuvre auprès des seules candidates qui se sont présentées aux oraux et donc avaient déposé un livret, ce renoncement par défaut est bien visible dans la base de données.

33 Les parcours depuis la décision de recevabilité jusqu’à l’épreuve orale ont été représentés (Schéma 3) pour la cohorte 2013. On y retrouve les résultats du Tableau 1 dans la partie supérieure. Dans sa partie inférieure, le schéma permet de suivre les candidates recevables qui ont présenté un livret 2 et ont donc été convoquées à l’oral. Rapportée à l’ensemble d’une cohorte, la réussite au diplôme après une seule tentative apparaît comme très minoritaire : 49 des 540 candidates ayant reçu une décision de recevabilité en 2013 franchiront toutes les étapes sans échec jusqu’à obtenir le diplôme, soit seulement 9 %. Même rapporté aux 331 qui ont franchi l’étape de la recevabilité, ce parcours idéal reste très minoritaire (moins de 15 %).

Schéma 3. Devenir de la cohorte de candidates ayant reçu une décision de recevabilité en 2013

Figure 3

Schéma 3. Devenir de la cohorte de candidates ayant reçu une décision de recevabilité en 2013

Lecture : Parmi les 540 candidates ayant reçu une décision de recevabilité en 2013, 49 ont validé leur diplôme à l’issue de leur première tentative. Parmi les 69 candidates de la cohorte 2013 qui n’ont validé aucune compétence à l’issue de leur première tentative, 10 finiront par valider leur diplôme.
Source. Base de données DRJSCS Région R. Traitement de l'auteur.

34 Rédiger le livret 2 apparaît ainsi comme une lourde épreuve qui fait buter près de la moitié des candidates recevables. Bien sûr, une fois cette étape franchie, les chances de réussir sa VAE en une fois sont plus importantes, mais elles restent limitées : les 49 qui réussissent en une seule tentative représentent 27 % des 181 candidates de la cohorte 2013 qui ont mené à bien le livret 2. Si les candidates butent sur la recevabilité et peinent à remettre leur livret 2, celles qui ont réussi ces deux épreuves sont donc encore nombreuses à échouer à l’oral ou à ne réussir que partiellement.

35 Intéressons-nous à ces candidates en échec après leur premier oral, qu’elles aient validé au moins une compétence pour 63 d’entre elles ou aucune pour 69. Ces 132 candidates ayant échoué à leur premier oral représentent 73 % de celles qui ont remis leur livret 2 : près de trois quarts de celles qui ont attendu parfois plusieurs années pour présenter ce livret butent donc sur l’épreuve orale. Cet échec ne clôt pas forcément le processus, comme on l’a vu. L’approche par cohorte permet de s’intéresser à l’issue de ces échecs : 60 au total semblent avoir renoncé au sens où elles n’ont pas fait de nouvelles démarches au moment de l’extraction de la base, mais 72 autres ont recommencé le cycle et ont donc présenté à nouveau un livret 2. On note que les candidates sont davantage encouragées à recommencer si elles ont obtenu au moins la validation partielle du diplôme, alors que dans le cas d’un premier oral aboutissant à une validation nulle, les candidates sont peu nombreuses à avoir déposé un nouveau livret 2.

36 Quelles sont les chances de succès de ces démarches recommencées ? Le suivi de la cohorte montre que recommencer ne garantit en rien la réussite : sur les 72 candidates qui ont présenté au moins deux livrets 2, 32 sont toujours en échec fin 2018 au bout de cinq ans. Ce n’est pas faute de persévérer car certaines ont déjà fait huit tentatives. Deux échecs successifs ont cependant suffi pour décourager la plupart, surtout celles qui n’avaient encore validé aucune compétence après ces deux tentatives. De fait, les candidates qui ont d’abord obtenu une validation nulle et recommencent malgré cela ont moins de chances de réussir que celles qui ont obtenu une validation partielle à leur première tentative.

37 Des tentatives répétées peuvent cependant mener à la réussite : sur les 72 candidates qui présentent au moins deux livrets, 40 finissent par obtenir le diplôme, dix après deux tentatives, et les autres après trois tentatives et plus, jusqu’à huit. Pour calculer le taux de réussite final de la cohorte, il faut donc ajouter aux 49 qui avaient réussi en une fois les 40 qui ont réussi en recommençant le processus : ces 89 candidates représentent 47 % de celles qui ont présenté un livret 2, 27 % de celles qui ont été recevables et 16 % de la cohorte. Les chances de réussir en recommençant dépendent en partie des premiers résultats. Pour la cohorte 2013, dix des 69 des candidates en validation nulle à leur première tentative seront diplômées au final et il leur faudra deux à six tentatives. De leur côté, 30 des 63 candidates de la cohorte ayant été en validation partielle à la première tentative finiront par obtenir la VAE, la moitié après deux essais, et l’autre moitié après trois, quatre et même six tentatives. Près de la moitié des candidates ayant déposé un livret 2 auront donc fait plusieurs tentatives, qu’elle qu’en soit l’issue, et 40 des 89 diplômées de la cohorte l’auront été après plusieurs tentatives, laissant voir une VAE gagnée pas à pas. La réussite se fait donc presque autant par ces parcours heurtés que par le parcours idéal ; elle passe par des voies et des temporalités différentes.

38 Les parcours de VAE sont donc allongés du fait du temps pris par la rédaction du livret, mais aussi en raison de la possible répétition du cycle des étapes. Quelles sont les temporalités de ces parcours où les candidates recommencent leur démarches plusieurs fois sans être assurées de leur réussite ?

3 Des parcours allongés par les échecs et répétitions, au succès incertain

39 La VAE demande une implication qui n’est pas nécessairement continue, mais s’inscrit sur le temps long pour toutes les candidates, en particulier pour celles qui recommencent le processus après un échec, que ce soit pour la recevabilité, le dépôt du livret 2 ou l’oral.

3.1 Des conditions d’exercice qui compliquent la recevabilité 

40 S’agissant de la première épreuve, le livret 1, la difficulté ne semble pas importante a priori puisqu’il s’agit de recueillir auprès des employeurs passés ou actuels des documents pour attester que l’expérience est supérieure au minimum légal de trois ans au moment de l’enquête. Pour Cindy ou Jennifer, dont l’expérience est relativement brève et concentrée sur un seul emploi, cette épreuve est apparue comme facile. De fait, la durée totale d’expérience est très variable, du minimum légal de trois ans à plus de vingt ans [10]. Les entrées « tardives » dans le processus, avec une ancienneté très supérieure à la durée minimale requise, s’expliquent notamment par l’espoir parfois longtemps entretenu d’accéder à une formation financée par l’employeur [11], ou par une forme de « non-recours », tel qu’on l’observe pour les droits sociaux (Warin, 2017), « non-connaissance » par défaut d’information ou « non demande » par anticipation négative de toute évaluation. Présenter un livret 1 suppose en effet d’avoir appris l’existence de la VAE, de se mettre en quête éventuelle d’information, voire de financement, avant de recueillir les attestations nécessaires. Le recueil des attestations lui-même peut être compliqué par la manière dont s’est déroulée l’expérience des candidates : il s’agit d’expériences diverses non seulement par leur durée totale, mais aussi par leur intensité et leur plus ou moins grande diversité en termes d’établissements ou de types de service.

41 Pour Marjorie, qui a déposé son livret 1 avec le minimum requis, ce dernier est un premier obstacle. Comme Cindy et comme la plupart des candidates, elle a travaillé en EHPAD, mais elle a accumulé ses heures sur au moins cinq années. Les « trois ans » d’expérience exigés sont en fait trois ans à temps plein sur les dix dernières années. Marjorie présente son livret 1 avec l’expérience minimale requise, sans une heure de plus. Son dossier est même déclaré irrecevable une première fois. C’est un recours qui lui permet de franchir cette première épreuve. Après son Brevet d’études professionnelles agricole (BEPA) « Services aux personnes », au cours duquel elle a fait un stage en maison de retraite, elle a tenté le concours d’entrée en IFAS, sans succès, mais a trouvé facilement à travailler sans diplôme en EHPAD. Elle a cumulé les emplois et renoncé au DEAS. Après une interruption de son activité pour s’occuper de ses deux enfants, elle a du mal à reprendre son activité : les établissements refusent de l’embaucher en l’absence de DEAS sinon pour des contrats de très courtes durées. À 34 ans, elle présente donc son livret 1 avec un dossier fait d’une multiplicité de contrats allant d’une journée à trois mois.

42 Le cas de Marjorie laisse voir que le modèle prévu s’accommode mal des usages du secteur de l’aide aux personnes âgées, en établissement ou à domicile, où les contrats courts sont récurrents (Méhaut, Baghioni, 2021). La multiplication des CDD, entrecoupés de périodes sans emploi, étale sur une durée parfois longue la réalisation du nombre d’heures nécessaires. Ce type d’expérience complique le travail de constitution du livret 1 pour la candidate, tout autant que le travail administratif d’évaluation de la durée totale pour la décision de recevabilité. Marjorie gagne ainsi son recours car l’administration a fait une erreur dans le compte de ses heures de travail. Ce parcours montre également que loin de relever toujours d’un « projet », d’une stratégie individuelle de qualification comme pour Cindy, l’entrée en VAE est parfois imposée par l’employeur comme condition de maintien dans l’emploi : les établissements sont tenus de disposer de personnels qualifiés, les difficultés de recrutement qui caractérisent les EHPAD (Bazin, Muller, op cit.) les autorisent à recruter des faisant-fonction [12], ce qu’ils font dans le cadre de contrats temporaires, en attendant de trouver du personnel qualifié. La diplomation par VAE apparaît donc à Marjorie comme une voie qui lui permettra d’accéder à des revenus plus réguliers et à une plus grande stabilité ; sans attendre le diplôme, la démarche de VAE justifie l’exercice comme faisant-fonction.

43 Sous l’effet de cette contrainte ou par espoir de réussir, les candidates qui ont reçu une décision d’irrecevabilité sont nombreuses à réitérer leur démarche : plus du tiers des candidates non-recevables d’une année ont déjà déposé un livret 1 antérieurement ou en déposeront un autre. Elles le font parfois sans délai, dès réception de la notification de non-recevabilité : par exemple, l’une d’elles, âgée de 57 ans lors du premier dépôt, présente sept livrets en 18 mois, sans succès, avant de renoncer. D’autres prennent davantage de temps de renouveler leurs candidatures et peut-être d’étoffer leur expérience. Le succès n’est pas garanti, comme pour cette candidate de 50 ans lors de sa première démarche, qui présente son troisième livret à 57 ans et semble renoncer. La démarche de construction de recevabilité sur la durée peut cependant être payante, du moins pour franchir cette étape. Par exemple, pour cette candidate qui dépose un premier livret 1 à 41 ans, en 2009, puis un second l’année suivante, sans plus de succès, et voit sa candidature déclarée recevable à la troisième tentative, en 2012. La seule recevabilité lui a demandé trois années depuis la première démarche officielle.

3.2. Rédiger un livret 2, ou pas… et revenir à l’étape précédente

44 Les candidates à la durée d’expérience reconnue comme suffisante doivent rédiger un livret 2 dans un délai maximum de trois ans et l’oral confirmera ou pas que l’expérience ainsi détaillée permet l’acquisition des huit compétences. Mais on a vu que toutes ne parviennent pas à remettre ce livret.

45 Les difficultés de l’exercice, pour ces femmes de classes populaires peu diplômées, ont été montrées ailleurs (Arborio, 2021) : prégnance de la forme scolaire du livret exigeant des compétences rédactionnelles et bureautiques, défaut de l’accompagnement qui permettrait d’acquérir ces compétences, difficultés à mettre en mots certaines pratiques incorporées et, parfois, défaut d’expérience de certaines techniques de soins ou de maîtrise des raisonnements à y associer.

46 Face aux difficultés de rédaction du livret 2, certaines abandonnent rapidement et d’autres prennent tout leur temps. Ici, les candidates qui ont déposé un livret 2 en 2012, par exemple, ont mis de quinze jours à près de trois ans à le faire, la moitié des candidates concernées ayant mis plus de six mois. Les entretiens montrent que la date butoir incite certaines candidates à remettre leur livret en dépit des imperfections qu’elles lui trouvent. Mais d’autres laissent passer la date et doivent reprendre la démarche en présentant à nouveau un livret 1, plus de trois ans après leur précédente démarche. Ainsi cette candidate de 24 ans lors de sa première recevabilité en 2008 renouvelle sa demande en 2011, sans jamais avoir déposé de livret 2 ; elle la renouvelle encore en 2015, sept ans après sa première démarche attestée, sans plus d’effet. Cette réitération de la démarche est aussi le fait de candidates qui finalement réussissent.

47 Firmine, 48 ans, obtient son diplôme au cours de l’oral que j’observe en 2017. Elle fait preuve de peu d’assurance face au jury, mais lors de la délibération, celui-ci souligne la justesse de ses réponses, en particulier concernant les paramètres vitaux, et apprécie l’empathie qui transparaît lorsqu’elle évoque des malades. Elle acquiert les huit compétences du diplôme devant moi, me donnant le sentiment d’une réussite rare. Mais l’étude détaillée de son parcours révèle qu’elle a déjà passé un premier oral sans rien valider quelques mois auparavant et qu’elle a entrepris son parcours en 2005 avec un premier livret 1 jugé irrecevable, poursuivi en 2010 avec cette fois un livret 1 recevable, mais sans livret 2 déposé dans les délais. Douze ans séparent sa réussite de sa première démarche enregistrée.

3.3 De l’escalier de la réussite à la pente savonneuse

48 Si on représente les parcours des candidates qui passent plusieurs fois l’oral de la VAE, l’image d’un escalier apparaît, avec des marches plus ou moins hautes en fonction du nombre de compétences validées à chaque passage et avec un nombre de marches plus ou moins important en fonction du nombre de passages où des compétences sont validées (cf. Graphique 2).

Graphique 2. Différents parcours de validation complète

Figure 4

Graphique 2. Différents parcours de validation complète

Lecture : Le mode de lecture est le même que pour le graphique 1, mais pour les parcours des candidates qui se présentent plusieurs fois, il permet d’apprécier le temps pris à la rédaction du livret 2 et le temps d’attente de l’oral qui varient à chaque passage ainsi que le nombre de compétences validées à chaque passage.
Source : Base de données DRJSCS Région R. Traitement de l'auteur.

49 Cet escalier est gravi marche après marche, avec trois tentatives avant validation totale pour Malika, cinq pour Marjorie, évoquée plus haut, et huit pour Danièle. Le nombre de tentatives est cependant supérieur au nombre de marches : certaines candidates stationnent sur un « palier » dans le cas où elles déposent de nouveaux livrets et passent des oraux sans valider de compétences supplémentaires. C’est ce qu’on observe pour Danièle lors de son deuxième à son quatrième passage. Les candidates qui bénéficient des « passerelles » évoquées plus haut pour Cindy, prennent une sorte d’ascenseur lors de leur premier oral où, après vérification de leur titre, les équivalences leur sont validées. C’est le cas des candidates qui ont acquis le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale (DEAVS) ou le titre professionnel d’assistante de vie aux familles (TPAVF) dans l’aide à domicile et sont nombreuses à souhaiter progresser vers le métier d’aide-soignante (Mansuy, Marquier, 2013).

50 Pour ces candidates qui se présentent à nouveau malgré un premier passage où elles n’ont rien validé ou presque, les passages ultérieurs se font en étant mieux armées, comme le montrent leurs récits. La répétition de l’exercice leur donne plus d’assurance et surtout, leur offre l’occasion de corriger leur livret ou de préparer les réponses à des questions auxquelles elles n’ont pu répondre, en s’appuyant le cas échéant sur les « motivations » que rédigent les jurys pour justifier de leurs décisions d’invalidation (Arborio, 2021). Ces passages multiples contribuent aussi à l’apprentissage du « travail du candidat à la VAE » (Vidal-Gomel, 2013), le défaut de maîtrise des règles et des attentes implicites contribuant aussi à nombre d’échecs.

51 Cependant, la course au délai, par souci de valider le DEAS en cinq ans, sous peine de perdre les compétences acquises, exerce une pression sur les candidates qui les conduit parfois à comprimer le temps passé à reprendre le livret 2 : il est alors renvoyé quelques jours à peine après la réception de la décision du jury d’oral. On lit cela sur le Graphique 2, par exemple pour Marjorie, dont le dépôt d'un nouveau livret 2 suit immédiatement l’oral après son deuxième et son troisième oral, puis après le cinquième. Il s’agit alors de tenter sa chance lors d’une prochaine audition, avec l’espoir de tomber sur un jury plus clément.

52 Mais ces parcours qui s’étalent sur plusieurs sessions n’offrent aucune garantie de réussite. Sylvia, observée à l’oral alors qu’elle a 54 ans, a déposé un premier livret 1 dix ans auparavant, en 2007, et mène au bout son livret 2. Découragée après deux passages sans validation, elle semble d’abord avoir renoncé, puis présente un nouveau livret 1 en 2014. En 2019, elle n’a toujours validé aucune compétence après trois oraux.

53 Le délai de cinq ans en vigueur jusqu’en 2017 conduit d’autres candidates à tout perdre, alors qu’elles ont acquis des compétences par validations partielles successives et sont engagées dans la démarche sur de longues années.

54 J’ai rencontré Maëlle lors de trois sessions durant le temps de l’enquête. Lors de l’entretien, elle indique qu’elle est passée sept fois au total. Une compétence lui fait toujours défaut. Et cinq années s’étant écoulées depuis la première validation, elle va perdre le bénéfice de tous ses acquis. Elle s’est acharnée avec l’idée de faire au moins aussi bien que sa mère aide-soignante, avec l’assurance que son bac Pro lui offrait un atout que celle-ci n’avait pas eu, et après avoir abaissé ses prétentions suite à deux échecs au concours d’entrée en école d’infirmière. Elle vit très mal cette disqualification à répétition et hésite à recommencer le processus à son début. Mégane, 27 ans au moment du dépôt de son livret 1, en 2011, n’a passé que trois oraux, mais le délai réglementaire s’est écoulé sans qu’elle obtienne on diplôme : elle perd les six compétences acquises. La figuration de ces parcours (Graphique 3) laisse penser à une pente savonneuse.

Graphique 3. Des parcours inaboutis dans les délais

Figure 5

Graphique 3. Des parcours inaboutis dans les délais

Lecture : Le mode de lecture est le même que dans les graphiques précédents. Chaque candidate acquiert ou pas de nouvelles compétences à chaque oral, jusqu’à 6 pour Mégane et 7 pour Maëlle. L’épuisement du délai exigé pour acquérir la totalité du diplôme renvoie la courbe de chacune sur le point d’abscisse.
Source : Base de données DRJSCS Région R. Traitement de l'auteur.

55 Dans les deux cohortes, celles pour qui le délai s’achève, les laissant avec des acquis partiels, ont fait jusqu’à huit tentatives.

56 La loi Travail met fin à ce risque, on l’a dit, en accordant la validité permanente aux compétences acquises par VAE. Elle laisse donc plus de temps pour réussir. Mais les candidates n’ont-elles manqué que de temps ? La plupart butent sur les deux compétences les plus techniques associées au diplôme, c’est-à-dire sur celles qui réclament un véritable apprentissage par compagnonnage ou une formation [13](Arborio, 2021). Les taux de réussite y sont plus faibles que pour les six autres compétences qui sont, pour certaines, communes avec d’autres diplômes comme celui d’accompagnant éducatif et social. La prise de tension artérielle fait partie de ces savoirs testés par les jurys pour évaluer la maîtrise de la compétence 2 « Apprécier l’état clinique d’une personne » : elle manque à Maëlle comme à Mégane à qui une autre compétence fait également défaut. Les candidates qui ne la pratiquent pas au quotidien et butent sur le vocabulaire – la diastole, la systole…– et sur la connaissance des seuils de l’hyper ou de l’hypotension, ou qui ne savent pas décrire ce qu’on entend dans le stéthoscope, n’ont aucune chance d’acquérir cette compétence.

57 Edith, 50 ans, reconvertie dans l’aide à domicile, puis faisant fonction d’aide-soignante en gérontologie, après avoir été ouvrière, puis employée de commerce, a beaucoup d’espoir après son premier oral : accompagnée par un organisme de formation continue pour la rédaction de son livret, elle obtient six compétences d’emblée. Mais ne validant aucune de ces deux compétences les plus techniques au deuxième passage, elle comprend qu’elle ne pourra pas obtenir son diplôme sans rien faire de plus. Elle finit par obtenir d’une infirmière qu’elle la prenne avec elle pendant deux jours pour lui apprendre les techniques associées à ces deux compétences et obtient le DEAS. C’est son troisième échec à ces mêmes compétences qui a convaincu Fatima de se mettre en quête d’un financement pour compléter, en IFAS, sa formation sur ces deux compétences : elle est la seule du corpus à avoir réussi à obtenir son diplôme par cette voie mixte rarement empruntée, comme on l’a dit plus haut.

Conclusion

58 Au moment où l’on s’interroge sur les moyens de faciliter l’accès aux diplômes par la VAE et d’accélérer la procédure, en particulier pour les personnels non qualifiés des EHPAD, il est important de considérer chacune des étapes du processus au lieu de se concentrer sur l’épreuve finale qu’est l’entretien de validation. Pour les femmes de classes populaires qui se présentent à la VAE du DEAS, chacune des épreuves présente ses propres difficultés qui contribuent à faire durer le processus, y compris pour celles qui réussissent en une fois.

59 On a mis plus particulièrement au jour les échecs suivis de recommencements comme facteurs importants de l’allongement de la durée réelle de l’investissement dans la VAE, qu’ils soient couronnés de succès ou non. Si le découragement et l’abandon de la procédure de VAE ont suscité un intérêt légitime des chercheurs (Havet, 2019), on les observe ici aux côtés de recommencements multiples qui peuvent laisser apparaître une forme de persévérance, une capacité à poursuivre l’objectif en dépit des obstacles et des échecs.

60 On pourrait en faire un révélateur des qualités individuelles et psychologiques des candidates. Mais l’enquête ethnographique permet de comprendre autrement ces recommencements qui contribuent à étaler les parcours de VAE sur de longues années.

61 D’une part, ils confirment l’enjeu que constitue l’obtention d’un diplôme pour ces femmes de classes populaires, d’abord comme reconnaissance symbolique, source de satisfaction et d’émancipation, comme cela a été montré pour d’autres diplômes de même niveau (Balitout, op. cit.) : la recherche d’une forme de reconnaissance au travers du diplôme et parfois l’accès à un premier diplôme sont un moteur de cet engagement dans la VAE, parfois maintenu sur le temps long, auxquels s’ajoutent, dans le cas du DEAS, des possibilités d’évolution professionnelle ou de mobilité.

62 D’autre part, les conditions structurelles de l’exercice comme faisant-fonction d’aide-soignante contribuent à pousser les candidates à maintenir leurs efforts sur le temps long. En effet, les EHPAD, qui fournissent l’essentiel des candidates à la VAE du DEAS, doivent rendre des comptes à leurs financeurs sur les effectifs de personnels soignants (Xing-Bongioanni, 2020) ; mais ils disposent de marges de manœuvre en faisant appel à des faisant-fonction dont les coûts sont moins élevés (Sibille, Joël, 2016) et qui peuvent apparaître comme de quasi-aides-soignantes pour peu qu’elles soient inscrites dans une démarche de formation ou de VAE. Cette situation est parfois à l’origine des démarches des candidates et de leur réitération quand elles conditionnent leur droit à continuer d’exercer comme faisant-fonction.

63 Du côté des établissements, reste à dépasser le paradoxe entre leur plainte face au défaut de main-d’œuvre qualifiée et ce gâchis de bonnes volontés individuelles. D’autant qu’elles sont parfois privées de se réaliser par le manque de zèle des établissements à accompagner les salariées de ce secteur, tant pour mettre en forme expérience que pour développer leur expérience.

64 Une voie plus collective peut être envisagée [14], en particulier pour les grands groupes employeurs du secteur, comme cela a pu être fait dans l’industrie plasturgique (Liaroutzos, Paddeu, Lozier, 2003), avec des enjeux qui dépassent ceux de l’employabilité ou d’évolution de carrière des personnels et concernent aussi la qualité d’un travail qui se fait sur des personnes en situation de fragilité.

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Mots-clés éditeurs : aide-soignant, abandon de la formation professionnelle, validation des acquis, expérience professionnelle, formation professionnelle

Mise en ligne 21/03/2024

https://doi.org/10.4000/formationemploi.12344

Notes

  • [1]
    On désignera ici le métier, les candidates ou les diplômées au féminin, englobant les rares hommes présents.
  • [2]
    Reclassé au niveau IV dans le cadre d’une réforme du DEAS en 2021 qui relève à douze mois la durée de la formation et porte à dix le nombre de compétences associées au diplôme.
  • [3]
    Cf. V. Castanet, Les fossoyeurs, 2022, Paris, Fayard ou « Ehpad : l’heure des comptes », Cash investigation, France 3, diffusé le 1er mars 2022.
  • [4]
  • [5]
    C’est le cas des dix jurys interrogés par ces auteurs, dont les membres avaient au moins le DE d’infirmière, alors que les membres des jurys interrogés ou observés sur notre terrain étaient plus souvent des aides-soignantes, dont certaines diplômées par VAE, et plus ouverts sur cette voie de diplomation, même si le souci de se montrer garants de la valeur du diplôme était mis en avant.
  • [6]
    Notons que le décret d’application de la loi Travail concernant la VAE sanitaire et sociale, qui lève une de ces contraintes, n’est intervenu qu’en octobre 2017, sans effet immédiat sinon sur le taux de recevabilité (cfTableau 1).
  • [7]
    À partir de l’exploitation économétrique d’une enquête réalisée auprès de salariés bénéficiaires de congés de VAE en 2010-2013, N. Havet (2019) avait pointé que ce délai était particulièrement élevé pour les diplômes de la santé et du social.
  • [8]
    Elles peuvent aussi faire un recours ou compléter leurs acquis par la formation, ce qui n’est pas enregistré ici et semble marginal : en 2016, sur près de 28 000 élèves en IFAS, à peine plus de 600 avaient bénéficié auparavant d’une VAE partielle (DREES, 2018).
  • [9]
    Par exemple, Sylvie Ameline, Marie-Françoise Bonté, VAE pour l’obtention du DEAS. Préparation complète, 3e édition, Paris, Vuibert, 2015, p. 16.
  • [10]
    La seule information conservée dans le fichier administratif sur la durée de l’expérience est celle à effet de droit, mais l’enquête ethnographique, par entretien et par examen du livret 2 où figure un tableau récapitulant les différents emplois occupés, permet donc d’évaluer la durée de cette étape pour les candidates enquêtées, ainsi que le calendrier de cette expérience et ses conditions.
  • [11]
    Qui suppose elle-même une ancienneté minimale de trois ans.
  • [12]
    Parmi les EHPAD étudiés par Bazin et Muller (2018), près des deux tiers de ceux qui avaient signé un contrat avec l’ARS ont eu recours à des faisant-fonction d’aide-soignant.
  • [13]
    Pour ces compétences, une formation de 70 h était exigée en préalable à la candidature à la VAE jusqu’en 2011.
  • [14]
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