Flux 2012/1 n° 87

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Article de revue

La gestion des déchets dans une ville en développement: comment tirer profit des difficultés actuelles à Lima ?

Pages 18 à 28

Notes

  • [1]
    Ce texte est tiré des résultats d’une thèse de doctorat, soutenue à l’Université de Rennes 2 (Durand, 2010a). Je remercie mes directeurs de thèse, Vincent Goueset (Université de Rennes 2) et Robert d’Ercole (IRD), pour leur soutien, ainsi que l’Institut Français d’Études Andines et le département de Génie Urbain de l’université Paris-Est Marne-La-Vallée pour leur appui.
  • [2]
    Informations issues du recensement de l’Instituto Nacional de Estadísticas e Informática (INEI) de 2007
  • [3]
    Ce texte fait référence à l’expérience de Curitiba (Brésil), référence en termes de gestion sociale innovante et participative des déchets en Amérique latine.
  • [4]
    Les deux dernières recherches font actuellement l’objet de rapprochements et d’analyses comparées, notamment dans le cadre du réseau Sociétés Urbaines et Déchets (SUD) porté par la MSH de Tours.
  • [5]
    Estimations des municipalités de la ville de 2008
  • [6]
    L’agglomération de Lima est gérée à deux échelons de municipalités: 1) les municipalités de province agissent à une échelle large ; il en existe deux pour la zone urbaine (la province de Lima et celle de Callao), jouxtées par les provinces périurbaines; 2) à l’intérieur de ces provinces, on retrouve les districts, qui ont également leur propre municipalité indépendante ; la province de Lima est divisée en 43 districts et celle de Callao en 6.
  • [7]
    Données de l’enquête RENAMU 2008 (Registro Nacional de Municipalidades) de l’INEI.
  • [8]
    Les termes soulignés correspondent aux termes indiqués sur le schéma.
  • [9]
    L’ensemble de ces points a fait l’objet d’une réflexion plus approfondie (Durand, 2011).
  • [10]
    Comme pour l’ensemble de cet article, on peut faire ici le parallèle avec la gestion des eaux usées. La situation est encore plus prégnante à Lima. La population a en effet accès au réseau d’assainissement à hauteur de 86 % (recensement INEI, 2007). Or seules 14 % des eaux usées collectées sont traitées. Le reste est rejeté à la mer sans aucun traitement. La majorité de la population de la ville n’ayant plus de contact direct avec les eaux usées, elle ne se préoccupe pas de leur devenir. Les pouvoirs publics ne cherchent alors pas non plus à offrir de solution pour traiter les eaux usées (Durand, 2010b).

1Les pouvoirs publics des villes des pays en développement suivent très souvent le modèle affiché par les villes des pays du nord. L’objectif des autorités locales est alors de faire en sorte que leur ville atteigne ce « bon état » de fonctionnement, que l’ensemble de la population soit desservi par un service de qualité standard. Cette qualité correspond aux standards promus par les organismes internationaux (Banque mondiale, par Programme des Nations Unies pour l’environnement, etc.), sur la base de ce qui existe dans les pays développés, à savoir une évacuation des déchets solides et des eaux usées presque totale. L’évacuation se fait en périphérie de la ville, vers des infrastructures permettant leur traitement (valorisation, élimination ou stockage). Or les villes des pays en développement tentent d’aboutir à ce résultat dans un contexte totalement distinct, puisque les contextes économique, financier, humain ou urbain ne sont pas les mêmes. La mise en place des réseaux urbains a bénéficié du soutien actif des États en Europe, depuis la seconde moitié du XIXe siècle (comme l’a montré Barraqué (1998) pour l’eau et l’assainissement). Or la faiblesse des États et des municipalités des pays en développement rend impossible une telle intervention à large échelle.

2Dans ce contexte, les villes doivent alors souvent se contenter de lutter contre les acteurs informels et les pratiques illégales afin de limiter les aspects négatifs de la situation. Ces pratiques se mettent en place dans un système parallèle au système légal, puisque la municipalité n’est pas en mesure d’assurer un service de qualité à l’ensemble de ses citadins. Il s’agit de systèmes illégaux, ne respectant aucunes normes de protection de l’environnement, de limitation du risque sanitaire ou de prise en compte de critères sociaux. Or l’existence de ces services informels permet bel et bien à la ville de fonctionner, aux populations d’avoir accès à l’eau potable et à l’électricité ou d’évacuer leurs eaux usées et leurs déchets solides.

3L’hypothèse de ce texte [1] est qu’en lieu et place de dépenser leurs maigres ressources financières et humaines à faire la chasse aux systèmes illégaux, les municipalités des pays en développement auraient tout intérêt à concentrer leurs efforts sur une meilleure articulation entre les systèmes formels et informels. L’objectif n’est bien évidemment pas d’abaisser la qualité du service proposé. Au contraire, il s’agit de tenter d’aller vers une amélioration progressive du système pour l’ensemble des habitants, en tenant compte de la réalité du terrain, sans chercher atteindre un modèle utopique inaccessible.

4Cette réflexion s’appuie sur l’analyse de la ville de Lima, capitale péruvienne de 8,7 millions d’habitants [2], et sur les évolutions en cours. De nombreux travaux similaires ont abouti aux mêmes types de résultats dans les villes d’Amérique Latine. La méthodologie de ces diverses recherches et les terminologies utilisées ne sont pas toujours les mêmes, mais les observations mettent toutes en avant des initiatives similaires cherchant à institutionnaliser l’articulation entre secteurs formels et informels (Oliveira, 2008 [3] ; Carré, 2010; Fernandez, 2012 [4]). Certains travaux portant sur les villes africaines montrent des logiques proches, mais le contexte urbain et socioéconomique reste très différent de l’Amérique Latine (Le Bris, 2002; Tchuikoua, 2010).

Le système de « gestion publique » des déchets à Lima : hygiénisme et priorité à la technique

5Avant de visualiser la cohabitation et les évolutions entre les différents systèmes de gestion des déchets à Lima, il est nécessaire de détailler le fonctionnement de chacun d’entre eux. La spécificité de ces villes est qu’au sein de la même agglomération urbaine, on retrouve trois systèmes de gestion des déchets complémentaires, articulés, mais aux caractéristiques distinctes.

Suivre le modèle des villes du nord

6Le système de « gestion publique » est actuellement le plus répandu dans les villes latino-américaines, tout comme dans les villes nord-américaines ou européennes. Son application est effective depuis la deuxième moitié du XIXe siècle en Europe. Inspiré par les mouvements hygiénistes, l’objectif est de limiter l’impact sanitaire local et, à court terme, des déchets produits par une ville. C’est-à-dire qu’il s’agit d’évacuer les déchets en dehors de la ville (Barles, 2005) et, autant que possible, de les éliminer. Depuis la phase de très forte croissance urbaine des villes latino-américaine, postérieure à la seconde guerre mondiale (Dureau et al., 2006), le principal objectif de la gestion des déchets est donc de les évacuer, afin de limiter les risques sanitaires encourus par les populations. Les municipalités ont alors beaucoup misé sur l’étape de la collecte, négligeant initialement celle du traitement. On connaît d’ailleurs le même ordre de priorités pour la gestion des eaux usées.

7À Lima, presque 90 % de la population a accès aux services de collecte et d’évacuation des déchets [5]. Face aux difficultés de gestion des services urbains, la priorité est ainsi donnée à la question quantitative (accès pour le plus grand nombre), aux dépens de l’aspect qualitatif (effectivité du traitement). Dans un premier temps, les autorités de l’agglomération urbaine de Lima-Callao se sont donc concentrées sur l’offre d’un service efficace de collecte des déchets ménagers.

8Ce n’est que dans un second temps, toujours sur ce modèle d’une « gestion publique » efficace, que les autorités se sont penchées sur la nécessité d’éliminer les déchets solides. Une fois que la question de la collecte est mieux gérée, une fois que le risque sanitaire de très court terme, lié à la permanence des déchets au milieu des habitants est limité, il est possible de passer à l’étape suivante. Celle-ci a été initiée au Pérou en 2000 avec la promulgation de la Loi n? 27314 sur les déchets solides. Elle fixe de façon plus précise les responsabilités des différents acteurs au niveau de chaque étape technique de la gestion des déchets, ainsi que les procédés qui doivent être utilisés.

9La loi spécifie ainsi que les déchets solides ménagers doivent être envoyés et éliminés dans une « décharge contrôlée » (relleno sanitario). Les municipalités provinciales de l’agglomération de Lima [6], en charge de la gestion du territoire métropolitain, ont ainsi habilité cinq décharges contrôlées à recevoir les déchets de la ville. L’une a été habilitée par la municipalité de Callao, trois autres par celle de Lima et une dernière par la municipalité de Huarochiri (située en périphérie de la zone urbaine). Ainsi, en moins de dix ans, la gestion des déchets s’est grandement améliorée à Lima. Avant l’application de la loi de 2000, les déchets étaient pour l’essentiel collectés, puis directement jetés dans des décharges sauvages par les municipalités, faute d’infrastructure adaptée à leur réception.

10En 2008, selon les estimations des municipalités de Lima et de Callao, 86 % des déchets de la ville terminent dans les cinq décharges contrôlées habilitées. Si ce chiffre peut encore être amélioré, l’évolution est très positive. Lima se place ainsi dans la moyenne des villes latino-américaines quant au taux de déchets contrôlés et correctement traités (CEPAL, 2010). Le traitement des déchets se fait alors par enfouissement. Si de nombreux pays cherchent à atténuer l’utilisation de cette technique, l’enfouissement permet, à Lima, de limiter la propagation des déchets, l’infiltration des lixiviats ou les émissions de gaz. Il s’agit donc d’une avancée significative. Après avoir évacué les déchets et limité le risque sanitaire de court terme, Lima a pu contrôler l’enfouissement et les stocker de façon plus adaptée. Le risque environnemental sur le long terme est ainsi davantage maîtrisé, même si de grandes difficultés persistent.

L’importance des pouvoirs publics locaux

11Le système de gestion publique existe dans la plupart des quartiers de la ville de Lima. Les quartiers aisés ont été les premiers à en bénéficier. Ils ont ensuite été suivis par les quartiers de classes moyennes et par certains secteurs des quartiers populaires s’étant progressivement consolidés. Les quartiers de construction illégale ont progressivement eu accès aux infrastructures urbaines de base (eau, électricité, voiries, collecte des déchets, etc.). Environ 50 % des logements de Lima sont d’origine informelle (Calderon, 2009). Depuis leur création, commencée dans les années 1940 jusqu’à aujourd’hui, ces quartiers se consolident peu à peu (Riofrío, 2004).

12Si 86 % des déchets ménagers et assimilés produits par les habitants de Lima terminent aujourd’hui dans des décharges contrôlées, c’est-à-dire sont gérés selon le système de gestion publique, c’est que la plupart des anciens quartiers populaires sont consolidés. Un nombre conséquent d’habitants n’a cependant toujours pas accès à un service de gestion des déchets. Par ailleurs, les habitants ayant accès au service ne sont pas toujours desservis dans de bonnes conditions. Des problèmes de fréquence, de distance au logement, de mauvais équipements des camions, etc. persistent. L’une des caractéristiques de Lima est que cette ville est très fragmentée politico-administrativement, notamment car il existe un total de 49 municipalités de district couvrant le territoire métropolitain. La collecte et l’évacuation des déchets ménagers sont sous la responsabilité de ces municipalités de district. Seule l’étape du traitement (la mise en décharge contrôlée) est la compétence des deux municipalités de province, agissant à une échelle plus large.

13Or il se trouve qu’il y a une grande disparité de revenus entre les municipalités de district de la ville. Le revenu moyen par habitant et par an de la municipalité est ainsi de 721 euros pour le district aisé de San Isidro, contre 25 euros pour celui de Comas [7]. Par conséquent, le service de collecte des déchets est plus ou moins efficace en fonction de la juridiction. Dans ce contexte, l’objectif pour les responsables politiques est souvent simplement d’offrir à leurs concitoyens un territoire propre, débarrassé de tous déchets. La destination finale des déchets n’est qu’une préoccupation de second ordre. Dans les districts à forts revenus, la gestion des déchets se fait donc selon le système de gestion publique, où les pouvoirs publics assurent la totalité du service. Dans les autres municipalités, nous verrons que d’autres solutions sont parfois mises en œuvre de façon plus ou moins informelle. La pression de plus en plus forte exercée par l’État central et par les municipalités de province, permet toutefois d’aller vers une amélioration progressive de l’étape technique de l’élimination des déchets.

Le système « d’autogestion » permet à la ville de gérer ses déchets

14En contre-pied du système précédent, officiellement prôné comme étant le seul modèle à atteindre pour tous les acteurs publics, il existe un deuxième système de gestion des déchets qui se glisse dans les interstices laissés par le système de gestion publique à Lima. Ce dernier n’est pas totalement efficient sur certains points, tels que la collecte des déchets dans les quartiers les plus pauvres (moins accessibles, moins solvables, etc.) ou le recyclage des déchets. Des circuits informels, agissant en marge de la loi, se sont alors mis en place pour palier ces manques. En parallèle à la gestion publique des déchets, il existe donc un réseau d’acteurs intervenant à plusieurs échelles, afin de collecter, de recycler et de revendre les déchets. La figure 1 présente une organisation théorique de ces réseaux par rapport à l’étude de la ville de Lima ; en réalité, un acteur y joue souvent plusieurs rôles.

Les collecteurs de déchets

15Les collecteurs de déchets sont ceux qui se chargent de la collecte directement sur le terrain. Cette collecte est bien évidemment illégale, puisque les autorités de la ville ne donnent pas d’autorisation aux recycleurs informels. L’obtention d’une autorisation pour le recyclage des déchets est très stricte au Pérou. Les entreprises qui se lancent dans cette opération doivent répondre à des critères de protection sanitaire et environnementale très exigeants, souvent équivalents à ceux existant dans les pays européens. Seule une partie des déchets industriels est ainsi officiellement collectée pour être recyclée.

16Les collecteurs informels travaillent donc soit seuls – les collecteurs indépendants[8] –, soit en se regroupant en micro-entreprises de collecte. Ils peuvent agir de deux façons. La première consiste à opérer dans les quartiers où les municipalités n’interviennent pas. De petits collecteurs de quartiers s’installent alors afin de ramasser une partie des déchets, par exemple dans le quartier de Collique. Il existe parfois des accords tacites avec les habitants. La plupart du temps, ces collecteurs vont simplement ramasser les déchets recyclables (plastiques, verres, métaux, etc.) afin de les nettoyer, de les trier, puis de les revendre. Les déchets résiduels sont souvent brûlés ou jetés dans des espaces vides (friches, cours d’eau, fossés, etc.).

17La seconde façon d’intervenir pour les recycleurs est de circuler dans les quartiers de classes moyennes et aisées (Miraflores, Pueblo Libre, etc.), où la collecte municipale est bien effectuée. Il s’agit des recycleurs de rue. Ils agissent généralement la nuit, afin de fouiller les poubelles déposées dans la rue et de collecter uniquement les déchets recyclables avant le passage des camions municipaux (ou des entreprises prestataires de service). Les recycleurs circulent à pied, parfois à l’aide d’une petite charrette ou d’un vélo, et récupèrent les déchets dont la valeur ajoutée est la plus importante. Leur activité est totalement illégale ; elle est cependant la plupart du temps tolérée. Certains districts de la ville sont plus sévères que d’autres. Les polices municipales laissent en général les collecteurs agir librement la nuit, puisqu’ils ne dérangent pas la circulation et altèrent moins l’image de marque du quartier. Dans les quartiers les plus aisés, les autorités cherchent souvent à faire disparaître les collecteurs, perçus comme étant associés à la pauvreté, à l’insalubrité, voire même à la dangerosité.

Figure 1

Imbrication des acteurs de la gestion des déchets à Lima

Figure 1

Imbrication des acteurs de la gestion des déchets à Lima

Les trieurs et le stockage des déchets

18La seconde catégorie de recycleurs correspond à des micro-entreprises, toujours informelles, de taille plus importante que celle des collecteurs : les micro-entreprises de tri et de stock. Elles rachètent aux collecteurs les déchets recyclables déjà prétriés. Le prix du kg de déchet plastique, métallique, verre ou autre, est fixé en fonction du cours du marché local des matières premières. Certains trieurs rachètent parfois directement leurs déchets aux éboueurs des municipalités. Sur la route des décharges contrôlées, les camions des municipalités s’arrêtent en effet directement chez les micro-entreprises de tri et de stock pour vendre le fruit de leur collecte.

19Il existe plusieurs types de trieurs, en fonction de leur taille et de leur localisation dans la ville. Une grande partie d’entre eux est située dans les quartiers du péricentre, à proximité du centre historique de Lima, des principales zones de marchés et de commerces, ainsi que des quartiers modernes. Il s’agit des quartiers faisant office de récepteur de déchets, et ce, depuis la fondation de la ville. Ces quartiers se sont aujourd’hui spécialisés dans le stockage temporaire des déchets, qui sont ensuite expédiés vers les périphéries de la ville ou revendus à des industries. Les recycleurs travaillent alors dans un local familial, servant également de logement. La concentration de recycleurs y est très importante. Ils effectuent généralement un tri précis des déchets (différenciant les types de plastiques par exemple), les nettoient et les stockent, jusqu’à en avoir une quantité suffisante pour les revendre à un commerçant de déchet grossiste ou directement à l’industrie qui la transformera en une nouvelle matière première.

20D’autres trieurs sont situés dans les périphéries extrêmes de la ville, dans les quartiers les plus récents, pas encore consolidés, souvent à proximité des cours d’eau. Il s’agit d’entreprises travaillant sur un vaste terrain familial attenant au logement, pouvant donc stocker des quantités de déchets plus grandes. Ils sont généralement situés sur le trajet des décharges contrôlées, afin d’intercepter les déchets sur leur chemin. Les micro-entre prises travaillant dans une décharge sauvage ont des caractéristiques très similaires. Elles travaillent cependant sur un terrain encore plus grand, avec des flux de déchets bien plus importants.

21D’autres acteurs du recyclage évoluent dans la même catégorie du tri : les éleveurs de porcs. Dans tous les quartiers populaires de Lima, un certain nombre d’habitants élèvent des porcs, qu’ils nourrissent avec les déchets organiques (restes alimentaires) de la population. Cette technique permet de réutiliser une grande partie des déchets, puisque les déchets organiques représentent plus de 50 % des déchets ménagers à Lima (Grupo GEA, 2005). Les conditions d’élevage et de réutilisation des déchets font cependant peser un très grand risque sanitaire sur les éleveurs et sur les consommateurs de porcs. Les autorités locales sont donc bien plus sévères avec ce type de recyclage, pourtant encore très répandu parmi les familles les plus pauvres.

Commercialisation et transformation des déchets

22Suite à la collecte et au tri des déchets, viennent les étapes de la commercialisation et de la transformation. Il s’agit du rachat des déchets par des grossistes, généralement spécialisés dans un seul type de déchet. Les micro-entreprises de tri et de stock effectuent parfois cette tâche de commercialisation. Dans d’autres cas il s’agit d’entreprises spécifiques. C’est à partir de cet échelon que les entreprises formelles se font de plus en plus nombreuses, du fait de la taille plus imposante de telles structures. Les entreprises de commercialisation, formelles ou non, revendent ensuite leurs déchets à des industries effectuant la transformation en matières premières secondaires. Les entreprises légales ont souvent uniquement l’autorisation de travailler les déchets industriels. Dans les faits, la différenciation avec les déchets ménagers est plus complexe.

Pauvreté et risque sanitaire

23Le deuxième système présenté ci-dessus est qualifié « d’autogestion » puisqu’en l’absence des pouvoirs publics dans certains secteurs, différents réseaux d’acteurs se mettent en place afin de palier la « gestion publique » des déchets. Si ce système correspond en réalité au système de gestion informelle, le terme d’autogestion revêt une valeur plus positive, mettant en avant le fait que les populations n’ayant pas accès aux réseaux de collecte sont celles qui organisent leurs propres circuits. Cette organisation se fait en réalité de façon spontanée, par une articulation progressive de tous les acteurs identifiés ci-dessus. Les déchets pouvant faire l’objet d’une valorisation matière sont également recyclés par ces acteurs du circuit informel.

24Si ces pratiques ont une utilité certaine pour la société urbaine liménienne, elles engendrent la production de nombreux risques. La santé des travailleurs ou l’environnement local sont très fortement affectés par cette autogestion. L’impact environnemental peut cependant être discuté au regard de l’intérêt écologique global de la valorisation des déchets effectuée. La prise en compte de la problématique environnementale à une échelle large se fait alors au détriment de l’environnement local. Enfin, les conditions d’illégalité font que cette activité est réservée aux populations les plus pauvres et les plus marginales [9].

L’émergence d’un nouveau système spécifique de gestion des déchets : la « gestion partagée »

25Il est possible d’appréhender les deux systèmes précédents à travers deux facteurs qui les caractérisent : l’efficacité de l’action des pouvoirs publics et l’implication de la population. Alors que chacun des deux systèmes s’appuie essentiellement sur l’un des deux facteurs, on observe l’émergence d’un troisième système qui essaie d’allier les deux: le système de gestion partagée. Celui-ci repose sur « le partage des charges et responsabilités gestionnaires entre les résidents et les acteurs institutionnels » (Jaglin, 1995), en y associant également tous les acteurs informels de la gestion des déchets. La mise en évidence du système de gestion partagée des déchets est alors justifiée par la convergence de ces deux facteurs, ainsi que par des expériences de terrain allant dans ce sens.

Les facteurs d’efficacité de la gestion publique et d’implication de la population

26Le premier facteur permettant de distinguer les deux systèmes observés précédemment est celui de l’efficacité de la gestion publique des déchets. Celle-ci est jugée efficace à Lima lorsqu’elle permet de diminuer, voire de faire disparaître les risques sanitaires et environnementaux liés aux déchets. C’est-à-dire que les déchets doivent être évacués en dehors des zones habitées et traités afin de ne pas venir dégrader les ressources naturelles nécessaires au fonctionnement de ces mêmes espaces urbains. Depuis quelques dizaines d’années, une autre dimension est ajoutée à cette efficacité ; il s’agit de la capacité à valo riser les déchets, longtemps oubliée. Lorsque la population et les pouvoirs publics de la ville de Lima, tout comme de la plupart des villes d’Amérique Latine, parlent d’une gestion des déchets efficace, ils évoquent une gestion « publique » efficace. Sur le modèle des standards internationaux, l’objectif est que les pouvoirs publics assument la responsabilité de l’ensemble de la gestion des déchets, même si certaines municipalités délèguent parfois cette mission à des prestataires de service.

27Le second facteur est « l’implication de la population » dans la gestion des déchets. Le système d’autogestion se base sur un niveau de participation très élevé des ménages/producteurs de déchets. Pour que les risques associés à la présence de déchets soient diminués, la population ayant produit ces déchets doit impérativement s’impliquer dans le processus de gestion. Si elle ne faisait pas l’effort d’amener ses déchets aux recycleurs, de les brûler ou d’aller les jeter dans le cours d’eau voisin, les risques sanitaires qui pèseraient sur elle seraient bien plus élevés. Les circuits informels participent également de cette forte implication de la population dans la gestion des déchets. Il s’agit cette fois de riverains créant leur micro-entreprise informelle, participant au bien-être de la collectivité en gérant les déchets. Ils réalisent bien entendu cette action dans un but lucratif (même si le gain reste minime); ils le font cependant au détriment de leur santé.

28Or le modèle vers lequel veulent se diriger la plupart des municipalités de la ville, c’est-à-dire le système de gestion publique, a pour objectif de supprimer toute implication de la population. La non-implication dans la gestion des déchets apparaît alors comme un facteur de confort, marqueur d’un certain statut social: ne pas avoir de contact physique avec les déchets pour que ceux-ci soient évacués du quartier. Dans cette optique, seules les populations les plus marginalisées peuvent avoir un contact direct avec les détritus. Par ailleurs, le système de gestion publique des déchets veut techniciser l’opération, ne permettant qu’aux personnels formés et aux entreprises spécialisées de s’impliquer.

29Le fait d’éloigner les déchets du quotidien des habitants permet dans une certaine mesure de limiter les risques sanitaires. Or il est aujourd’hui possible de trouver des compromis n’associant pas systématiquement la manipulation des déchets à la propagation de risque. Par ailleurs, l’éloignement du déchet par rapport au cadre de vie quotidien engendre un grand désintérêt pour le devenir de cet objet. C’est-à-dire que les populations se préoccupent désormais simplement de savoir si les déchets sont bien évacués de leur quartier. La division politico-administrative très forte de la ville de Lima fait que si le maire d’un des 49 districts de la ville parvient à faire évacuer les déchets de sa juridiction, la population vantera ses mérites, peu importe la destination finale des déchets [10]. Si le recul de l’implication de la population dans la gestion des déchets apporte un certain confort quotidien, il rend plus difficile une prise en compte de l’ensemble de la chaîne du traitement et limite la possibilité de recyclage, du moins dans un premier temps.

Articulation des deux facteurs pour passer directement à la gestion partagée

30C’est donc l’articulation entre ces deux facteurs qui permet de mieux comprendre l’imbrication entre les différents systèmes théoriques de gestion des déchets (voir figure 2). Par ailleurs, dans un contexte d’affirmation mondiale de la nécessité de mieux prendre en compte la problématique environnementale, la mise en place du recyclage à la source prend un nouvel essor. Ce constat, d’abord circonscrit dans le discours aux populations des villes riches, s’ancre rapidement dans les villes en développement. L’équation voulant que la préservation de l’environnement soit réservée aux plus aisés est alors remise en cause sur de nombreux points (Emelianoff, 2010).

31L’Amérique latine voit se développer une série d’initiatives mettant à nouveau en valeur le recyclage des déchets. Or cette pratique du recyclage à la source, directement par les foyers, nécessite une implication forte de la population. C’est d’ailleurs souvent le manque d’implication qui rend difficile la mise en place de ces systèmes en Europe, impliquant de longues et coûteuses campagnes de sensibilisation (Barbier, 2002). Le quartier aisé de Surco, à Lima, a prolongé son système de « gestion publique » des déchets en réalisant une collecte sélective. Il connaît aujourd’hui les mêmes difficultés de démobilisation des populations dans le tri au sein du foyer. On observe un retour en force, après avoir réussi à l’éradiquer pour mettre en place un système de « gestion publique », de la nécessité de l’implication des différents acteurs dans la gestion des déchets, au premier rang desquels les habitants producteurs de déchets. Il reste à savoir dans quelle mesure ce facteur « implication » pourrait être mis en avant dans les quartiers de classes aisées et moyennes, et comment l’expérience latino-américaine peut éclairer sur le retour de ce facteur dans les pratiques de collecte sélective en Europe.

32Sur la base de cette observation, tout l’enjeu de la gestion des déchets dans une ville telle que Lima est de réussir à conjuguer l’efficacité des pouvoirs publics, tout en s’appuyant sur l’implication de la population déjà existante. Il s’agit de conjuguer évolution technique et confiance dans les acteurs locaux. En l’état actuel, les municipalités cherchent à mener une action efficace, en s’appuyant sur les indicateurs de gestion des déchets fournis par les pays développés. Or, au vu des différences de contexte, cet objectif est impossible à atteindre à moyen terme. D’autre part, les villes développées cherchent aujourd’hui à renouer avec la pratique du recyclage et la manipulation quotidienne des déchets par la population. Pourquoi donc chercher à faire disparaître cette participation en Amérique latine alors qu’on tente de la réinstituer ailleurs? Enfin, la lutte acharnée menée contre les pratiques illégales des recycleurs est vaine sur le court terme, dans un contexte urbain où une grande partie de la population vit dans des conditions de grande pauvreté et où l’informalité représente plus de la moitié des activités économiques (Barragán Arque, 2005).

33Par conséquent, Lima et ses consœurs latino-américaines peuvent chercher à tirer profit des éléments perçus comme étant des faiblesses, en passant directement d’une « autogestion » des déchets à une gestion « partagée », sans même passer par le système de « gestion publique ». Le passage du premier vers le deuxième et, enfin, vers le troisième système nécessite une série d’adaptations longues et coûteuses à mettre en place. Pour passer du système d’autogestion à celui de gestion publique, il faut un investissement financier important pour moderniser les infrastructures. Cet effort est déjà en grande partie réalisé à Lima avec la mise aux normes, entre 2000 et 2010, des cinq décharges contrôlées. Le passage d’un système à un autre se fait cependant en perdant un atout important du système d’autogestion: l’implication de la population.

34Or cette implication de la population est indispensable à la mise en place d’un système de gestion partagée. La généralisation du recyclage des déchets ménagers s’appuie la plupart du temps sur une collecte sélective à la source. Elle implique donc un partage des tâches entre les pouvoirs publics qui assurent la collecte, le transport, le traitement et la valorisation des déchets, et la population qui se charge du tri préliminaire. Cette implication de la population existe encore dans le système d’autogestion. Elle est progressivement éradiquée lors du passage au système de gestion publique. L’enjeu du passage au troisième système est de conserver l’amélioration technique issue du système de gestion publique, tout en récupérant le facteur « d’implication de la population » provenant du système d’autogestion.

Figure 2

Évolution des systèmes de gestion des déchets à Lima

Figure 2

Évolution des systèmes de gestion des déchets à Lima

35Il y a donc un intérêt majeur à mener de front la modernisation des infrastructures et la stimulation de la culture du recyclage, afin de passer directement du système d’autogestion au système de gestion partagée. Ce passage permettrait de cibler les investissements financiers directement sur des infrastructures permettant le recyclage des déchets. Il permettrait surtout de tirer profit d’une compétence déjà existante de manipulation des déchets de la part de la population. Il serait ainsi également possible de s’appuyer sur le réseau intermédiaire de recycleurs, afin de perfectionner la gestion des déchets tout en améliorant leurs conditions de travail. Il faut bien évidemment faire évoluer les conditions de manipulation des déchets par les recycleurs, afin de limiter la propagation des risques. Le passage direct au troisième système serait alors facilité par le fait qu’il n’existe pas encore de dédain face à l’objet déchet. Le soutien des circuits (informels) de recycleurs serait alors un atout pour les pouvoirs publics locaux. C’est d’ailleurs dans cette optique que travaillent déjà un certain nombre de municipalités à Lima, tel que nous le verrons dans la partie suivante.

Les expériences de gestion partagée des déchets à Lima

36La réflexion exposée précédemment vient s’appuyer sur le fait qu’un certain nombre de municipalités de Lima commencent à mettre en place ces systèmes de gestion partagée des déchets. La municipalité de Surco, l’un des districts de Lima, a ainsi organisé une collecte sélective et le recyclage des déchets depuis 2000. Surco est cependant l’un des districts les plus riches de l’agglomération. Il s’agit donc de la reproduction exacte des systèmes de recyclage mis en place en Europe.

37D’autres districts ont imaginé des mécanismes plus originaux, en travaillant directement avec les recycleurs informels des rues, afin d’améliorer le service de collecte d’une part, le taux de déchets recyclés d’autre part et, enfin, les conditions de travail des recycleurs. Il s’agit par exemple des districts de Villa El Salvador, de Los Olivos ou de Callao. Dans chacun des cas, les habitants se voient incités à remettre leurs déchets, préalablement triés et séparés dans un sac plastique de couleur, à des recycleurs informels habilités par la municipalité. L’intérêt pour les habitants est direct, puisqu’en échange d’un sac de déchets recyclables, le recycleur remet un bon au riverain, lui permettant de bénéficier d’une réduction sur sa prochaine taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Les recycleurs se chargent par la même occasion de sensibiliser la population aux techniques de recyclage et à leur intérêt. Cette étape de sensibilisation se fait dans un premier temps avec l’appui d’agents de la municipalité.

38Par cette opération, la mairie complète son service. Les recycleurs effectuent en effet une partie du service de collecte des déchets, permettant de faciliter le travail des éboueurs municipaux. Enfin, pour les recycleurs informels, cette collaboration a plusieurs intérêts. Tout d’abord, cela leur offre une stabilité plus grande. Ils ne sont plus en permanence pourchassés par la police municipale; ils ont la responsabilité d’un certain nombre de pâtés de maison et ne sont ainsi plus en situation de concurrence avec les autres recycleurs. Par ailleurs, la municipalité les équipe en gants, masques, gilets d’identification et charrettes, venant faciliter leurs conditions de travail et limiter le risque sanitaire auquel ils sont exposés. Dans la plupart des cas, les recycleurs restent propriétaires des déchets qu’ils ont collectés. Ils les revendent alors à des entreprises de commercialisation et de recyclage. Si ces entreprises sont encore parfois illégales, la municipalité tente progressivement de formaliser la collaboration, de favoriser les entreprises légales et de les inciter ainsi à respecter les conditions sanitaires et sociales de travail, ainsi qu’à protéger l’environnement local. Dans d’autres cas, tels que celui du district de Los Olivos, la municipalité tente d’assurer directement le rachat et la commercialisation des déchets recyclables.

Conclusion – Remplacer la succession chronologique des systèmes par leur mutualisation : le système composite

39La mise en place progressive du système de gestion partagée comporte toutefois une limite majeure. Elle oblige les pouvoirs publics locaux à se mettre dans une situation d’illégalité. C’està-dire que les municipalités doivent collaborer avec des recycleurs n’ayant pas l’autorisation d’exercer cette activité au vu des mauvaises conditions sanitaires et sociales dans lesquelles ils travaillent. Malgré cela, le système de gestion partagée mis en place dans certains quartiers de Lima permet d’aller vers une amélioration progressive de trois points : les conditions de travail des recycleurs, la qualité du service offert à la population et la protection de l’environnement. Il permet également de sortir de l’hypocrisie antérieure consistant à croire qu’il est possible d’atteindre des normes de qualité aussi élevées que celles pratiquées dans les pays développés, dans un contexte de faiblesse budgétaire et institutionnelle des pouvoirs publics. L’application de ces normes – qui ont le mérite de fixer les objectifs lointains à atteindre – est cependant irréaliste à court et moyen terme. Le passage par le système partagé permet ainsi de se rapprocher des normes en vigueur, de les garder en ligne de mire, afin d’améliorer progressivement, probablement sur plusieurs décennies, le système de gestion des déchets dans les villes en développement.

40Il s’agit ainsi de mutualiser les efforts des pouvoirs publics, des entrepreneurs privés informels (mais aussi formels) et de la population. L’objectif n’est ainsi plus de substituer un système formel à un système informel, mais d’améliorer l’articulation entre ces différents systèmes. Cette pratique existe pour la gestion des déchets, mais également pour celle des autres services urbains tels que l’eau potable, l’assainissement ou l’électricité. Il s’agit du développement des systèmes composites mis en évidence par Jaglin (2006), dans lesquels la gestion publique jouxte l’autogestion et la gestion partagée. En fonction des caractéristiques de chaque quartier, de chaque groupe de population, l’une ou l’autre des solutions sera privilégiée. L’ensemble s’articule alors dans un système composite à l’échelle d’une ville, s’adaptant à chaque quartier en fonction de ses potentialités. Pour pouvoir fonctionner, les différents acteurs des villes en développement mutualisent ainsi leurs moyens, de façon souvent spontanée, afin de faire fonctionner le système urbain. La reconnaissance de ce système par les pouvoirs publics locaux peut inciter à tenter de mieux organiser cette mutualisation.

41Le système de gestion partagée des déchets fonctionne pour le moment à des échelles très fines, simplement sur quelques quartiers ciblés par les municipalités. Malgré son intérêt, la question de sa généralisation reste entière. Sa diffusion dans les quartiers plus aisés (voire dans des villes plus aisées) pourrait notamment poser des difficultés en termes de pratiques des populations. L’argument de la sobriété écologique peut alors être avancé pour mettre en commun une rationalité socio-économique avec des enjeux environnementaux plus larges, puisque dans certains cas, tels que la gestion des déchets, « la pauvreté s’associe à des éco-savoirs et à une sobriété écologique » (Emelianoff, 2006). Au-delà des difficultés de légalité d’une telle articulation entre institutions publiques et acteurs informels, il reste à reconnaître de façon plus engagée l’importance des recycleurs, quel que soit leur statut, pour l’environnement local et global.

42Au-delà de l’approche spatiale effectuée précédemment, l’approche temporelle peut apporter quelques éclairages complémentaires. La présentation effectuée dans cet article comporte par exemple quelques similitudes avec d’autres typologies, tels que les travaux de Berdier et Deleuil (2010), qui montrent comment la gestion des déchets en Europe a évolué au cours du temps. Ils distinguent ainsi un « système archaïque », où le terme même de déchets n’existait pas puisque ceux-ci étaient systématiquement valorisés, un « système hygiéniste » (depuis la révolution industrielle) qui conduit à la destruction systématique des déchets et, enfin, un « système économique » (depuis la prise de conscience écologiste) où le recyclage permet de redonner une valeur monétaire aux déchets. Cette typologie temporelle de la gestion des déchets en Europe est bien distincte de la typologie spatiale à Lima. Certains points sont cependant comparables quant à l’approche de l’objet « déchets » par les pouvoirs publics et par les populations. Il est intéressant d’opérer ces rapprochements afin de mieux comprendre les enjeux de la gestion des déchets dans les villes en développement.

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Notes

  • [1]
    Ce texte est tiré des résultats d’une thèse de doctorat, soutenue à l’Université de Rennes 2 (Durand, 2010a). Je remercie mes directeurs de thèse, Vincent Goueset (Université de Rennes 2) et Robert d’Ercole (IRD), pour leur soutien, ainsi que l’Institut Français d’Études Andines et le département de Génie Urbain de l’université Paris-Est Marne-La-Vallée pour leur appui.
  • [2]
    Informations issues du recensement de l’Instituto Nacional de Estadísticas e Informática (INEI) de 2007
  • [3]
    Ce texte fait référence à l’expérience de Curitiba (Brésil), référence en termes de gestion sociale innovante et participative des déchets en Amérique latine.
  • [4]
    Les deux dernières recherches font actuellement l’objet de rapprochements et d’analyses comparées, notamment dans le cadre du réseau Sociétés Urbaines et Déchets (SUD) porté par la MSH de Tours.
  • [5]
    Estimations des municipalités de la ville de 2008
  • [6]
    L’agglomération de Lima est gérée à deux échelons de municipalités: 1) les municipalités de province agissent à une échelle large ; il en existe deux pour la zone urbaine (la province de Lima et celle de Callao), jouxtées par les provinces périurbaines; 2) à l’intérieur de ces provinces, on retrouve les districts, qui ont également leur propre municipalité indépendante ; la province de Lima est divisée en 43 districts et celle de Callao en 6.
  • [7]
    Données de l’enquête RENAMU 2008 (Registro Nacional de Municipalidades) de l’INEI.
  • [8]
    Les termes soulignés correspondent aux termes indiqués sur le schéma.
  • [9]
    L’ensemble de ces points a fait l’objet d’une réflexion plus approfondie (Durand, 2011).
  • [10]
    Comme pour l’ensemble de cet article, on peut faire ici le parallèle avec la gestion des eaux usées. La situation est encore plus prégnante à Lima. La population a en effet accès au réseau d’assainissement à hauteur de 86 % (recensement INEI, 2007). Or seules 14 % des eaux usées collectées sont traitées. Le reste est rejeté à la mer sans aucun traitement. La majorité de la population de la ville n’ayant plus de contact direct avec les eaux usées, elle ne se préoccupe pas de leur devenir. Les pouvoirs publics ne cherchent alors pas non plus à offrir de solution pour traiter les eaux usées (Durand, 2010b).
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