Flux 2009/2 n° 76-77

Couverture de FLUX_076

Article de revue

Gazprom

Pages 126 à 134

Notes

  • [1]
    Je tiens à remercier D. Lorrain, responsable de la rubrique Portrait d’entreprise, pour ses commentaires avisés sur une version antérieure de ce texte.
  • [2]
    Les Échos, 7 mai 2006
  • [3]
    Stern J., 2005, The future of Russian gas and Gazprom, Oxford University Press, Oxford
  • [4]
    En juin 2001, le PDG est remplacé par Alexey Miller, un jeune économiste issu du Ministère de l’Énergie et qui a travaillé un temps avec Vladimir Poutine à la Mairie de St Petersbourg. Dans les quatre ans qui suivent, la quasi-totalité du top management est remplacée, en majorité par des hommes ayant travaillé à la Mairie de St Petersbourg ou ayant des liens étroits avec le Président. Voir J. Stern, 2005, op.cit.
  • [5]
    Les Échos, 5 avril 2007 ; New York Times, May 18, 2005
  • [6]
    Pour être complet, soulignons que Gazprom détient des intérêts dans d’autres activités, comme la chimie, les télécommunications, la banque et les assurances, l’hôtellerie, etc. Mais ces activités ne sont pas au cœur de la stratégie de développement du groupe.
  • [7]
    Gazprom, 2008, Gazprom in figures. 2003-2007
  • [8]
    Victor N., 2008, « Gazprom : gas giant under strain », Stanford University, working paper n°71, Stanford
  • [9]
    Novosti Agency, 12/12/2006
  • [10]
    Gazprom, 2008, Gazprom Neft 2007 Operating and Financial Results, june 2008
  • [11]
    Kommersant, June 10, 2008.
  • [12]
    Chiffres donnés à taux de change constant 2007. Gazprom, Investor day, February 2009.
  • [13]
    IFP, 2007, Perspectives à moyen terme de l’industrie gazière, IFP Panorama, Rueil-Malmaison
  • [14]
    Finon D., 2006, « L’interdépendance gazière entre le marché et la géopolitique. Quel équilibre entre le marché et la géopolitique », Revue de l’Énergie, n°574, pp. 340-361.
  • [15]
    Locatelli C., 2008, « L’UE : aiguillon des stratégies de Gazprom ? », document de travail, IFRI, février
  • [16]
    Gazprom, 2009, Investor day, February
  • [17]
    Gazprom, 2008, Annual report 2007
  • [18]
    Gas Matters, 2009, « The Russia-Ukraine gas supply battle : the war to end wars », February
  • [19]
    Gustafson T., Blakey S., 2009, It’s not over till it’s over. The Russian-Ukranian gas crisis in perspective, CERA Policy Brief, January
  • [20]
    Voir Noël P., 2008 « Beyond dependance : how to deal with Russian gas », European Council on Foreign Relations, Policy Brief, november. Glachant J.M., Levêque F., Ranci P., 2008, « Some Guideposts on the road to formulating a coherent policy on EU energy security of supply », The Electricity Journal, vol. 21, n°10, pp. 13-18.
English version
Nous présentons ici, dans la rubrique Portrait d’Entreprise, le deuxième volet de notre analyse consacrée au secteur gazier européen. Après avoir évoqué dans un premier volet l’organisation et l’évolution récente du secteur (Flux 75), nous proposons dans ce texte une analyse détaillée de la compagnie russe Gazprom, qui sera complétée dans un troisième temps par une monographie du groupe britannique Centrica.

1Le 7 mai 2006, Gazprom devient la troisième capitalisation boursière de la planète, juste derrière deux poids lourds de l’industrie mondiale, Exxon Mobil et General Electric [2]. La valeur du groupe russe dépasse alors les 300 milliards de dollars (tab. 4). L’irruption de Gazprom parmi les principales capitalisations boursières du monde marque l’entrée du groupe parmi les géants de l’énergie et attire l’attention sur ses objectifs, sa stratégie et ses moyens d’action. Nous allons présenter dans ce texte les activités, le positionnement et les axes de développement de Gazprom, en mettant l’accent sur la dépendance mutuelle qui lie le groupe et ses clients de l’Union Européenne. Nous reviendrons sur le conflit récent (janvier 2009) qui a opposé Ukraine et Russie sur les conditions de transit du gaz vers l’Europe et nous nous interrogerons pour savoir si la libéralisation des marchés et l’accroissement des échanges peuvent servir de viatique pour une politique susceptible de garantir à long terme une sécurité d’approvisionnement en gaz naturel à l’Union Européenne.

Historique

2L’exploitation du gaz russe commence dans les années 1940 avec la découverte de gisements près de Saratov (champ d’Elshanskoye), ville située à 845 Km au sud-est de Moscou. Mis en exploitation, ce champ permettra d’alimenter la capitale après la construction d’un pipeline en 1946. Dans les années 1960, de nombreux champs gaziers de très grande taille (les « supergiant fields ») sont découverts à l’ouest de la Sibérie [3]. Pendant toute l’ère soviétique, l’exploration-production, la distribution du gaz naturel, puis l’exportation (qui ne débutera qu’en 1968 avec la signature du premier contrat de vente à la compagnie publique autrichienne OMV) sont gérées par un Ministère en charge du gaz. Avec la chute du régime soviétique en 1989, les prérogatives de ce Ministère sont réduites à portion congrue et les actifs dans le domaine du gaz sont transférés à une compagnie publique, créée pour l’occasion, Gazprom. Le démantèlement de l’URSS en 1991 se traduit pour Gazprom par une contraction de son périmètre d’activités qui l’amène à se séparer d’environ un tiers de ses infrastructures de transport. En 1992, Gazprom est transformé en compagnie par actions, une partie de son capital est introduite en bourse en 1994, l’État ne conservant qu’une minorité des parts (38%), tout en restant l’actionnaire majoritaire.

3La structure du capital restera à peu près identique jusqu’en 2005, date à laquelle l’État russe reprend la majorité du capital avec 50,002% des actions du groupe. Le reste des actionnaires se répartit entre des investisseurs russes (30%) et des investisseurs étrangers, dont E.On/Ruhrgas qui, avec 6,4% du capital, s’affirme comme le second actionnaire de Gazprom. Cette reprise en main, qui met fin à une certaine autonomie managériale, est initiée par le nouveau président de la Fédération Russe, Vladimir Poutine (élu en 2000), qui instaure un mode de gouvernement plus dirigiste. Il décide de resserrer le contrôle exercé par l’État sur les grandes firmes énergétiques russes. C’est chose faite pour Gazprom avec la nomination à la tête du groupe d’hommes proches du pouvoir [4], puis la reprise de la majorité du capital social par l’État en 2005. Techniquement l’opération se fait de manière indirecte, par un échange d’actions entre le groupe gazier et la compagnie publique pétro-gazière Rosneft. Ce devait être un prélude à une fusion entre les deux compagnies, qui aurait conduit à la formation de la plus grande compagnie pétro-gazière mondiale. Cette fusion ne s’est pas concrétisée, semble-t-il à cause de divergences managériales et par crainte de la part de Gazprom de devoir faire face à d’éventuelles poursuites judiciaires consécutives au démantèlement du groupe Ioukos (voir encadré).

Gazprom, les oligarques et les retournements d’alliances

La stratégie de développement de Gazprom dans les activités gazières et pétrolières en Russie et ses relations avec les autres firmes actives dans ces secteurs d’activités doivent être analysées en tenant compte des relations orageuses entretenues entre les oligarques et le pouvoir en place. Revenons sur quelques moments importants des heurs et malheurs de ces entrepreneurs d’un genre particulier.
En 1995, une poignée d’hommes d’affaires liés au clan Elstine, alors au pouvoir, met la main sur des pans entiers de l’économie russe en achetant aux enchères, à des prix dérisoires, de grands groupes auparavant détenus par l’État. M. Khodorkovski met ainsi la main sur le groupe pétro-gazier Ioukos pour 360 millions de dollars. À coups d’acquisitions, il en fait le principal groupe pétrolier privé russe, détenteur d’un portefeuille de réserves et d’unités de raffinage sans équivalent dans le pays. De leur côté, MM. Abramovitch et Berezovski acquièrent 49% du pétrolier Sibneft pour environ 100 millions de dollars.
Avec l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, certains oligarques tombent en disgrâce. M. Khodorkovski est emprisonné en octobre 2003 et deux ans plus tard condamné pour escroquerie et fraude fiscale à huit ans d’emprisonnement. Il perd le contrôle du groupe Ioukos, qui est partiellement démantelé. Sa principale filiale (Iouganskneftegas) est vendue aux enchères en 2004 et reprise par une filiale du groupe pétrolier public Rosneft pour 9,3 milliards de dollars. Rosneft reprendra en 2007 une autre filiale importante de Ioukos, également active dans l’extraction-production de pétrole, Samaraneftegaz, pour 6,4 milliards de dollars. Tandis que Gazprom rachètera, également en 2007, divers actifs de Ioukos dans la production gazière pour 5,8 milliards de dollars. Un autre oligarque en disgrâce, M. Berezovski, lui aussi sous le coup de poursuites judiciaires, trouve refuge à Londres en 2001, vend ses parts dans Sibneft à son partenaire, M. Abramovitch, qui en prend le contrôle total, avant de vendre le groupe à Gazprom en 2005 [5]. En 2007, M. Berezovski porte plainte à Londres contre M. Abramovitch, l’accusant de l’avoir contraint à vendre sa participation dans Sibneft à vil prix.

Gaz naturel et diversification

4Depuis quelques années, Gazprom s’engage dans différentes voies de développement qui vont progressivement élargir le périmètre de ses activités au pétrole et à l’électricité, tout en restant très fortement centré sur son secteur historique, le gaz naturel [6].

5Gaz naturel. Gazprom est l’acteur dominant du gaz naturel en Russie (tab. 1), pays qui recèle les réserves prouvées les plus importantes du monde, loin devant l’Iran, le Quatar et l’Arabie Saoudite. De ce fait, il se situe au premier rang des groupes gaziers mondiaux, possédant la plus grande partie des réserves de gaz russes, détenteur d’un monopole légal de stockage et de transport sur tout le territoire et de transit vers l’étranger, et fournissant l’essentiel (mais pas la totalité) des services de distribution et de vente de gaz naturel à destination des clients résidentiels et industriels russes.

Tab. 1

Parts de marché de Gazprom sur le secteur gazier russe

Tab. 1
Gazprom Autres* Réserves prouvées 62% 38% Production 82% 18% Transport / transit 100% 0% Distribution** 75% 25% Ventes 81% 19% * État ou compagnies privées. ** Part de marché exprimée en termes de Km de réseau. Source : Gazprom. Chiffres 2007.

Parts de marché de Gazprom sur le secteur gazier russe

6Sur l’amont gazier (exploration – production), Gazprom dispose de réserves uniques au monde par leur taille : 62% des réserves russes, 16% des réserves mondiales [7]. Elles sont sans commune mesure avec celles des autres gaziers internationaux (compagnies nationales ou majors pétro-gaziers). Malgré tout, la production de gaz constitue une préoccupation majeure pour le groupe depuis quelques années. En effet, la production de gaz du groupe russe provient essentiellement de trois champs « super-géants » sibériens découverts dans les années 1970, qui servent de socle à la production nationale. Or, les réserves disponibles sur ces trois champs déclinent rapidement et devraient finir par s’épuiser à l’horizon 2030. Le groupe doit mettre en exploitation des sources alternatives de plus en plus conséquentes pour assurer le maintien de sa production, qui stagne au même niveau depuis 1997.

7Pour ces raisons Gazprom a fait de la mise en exploitation de nouveaux champs l’une de ses priorités. Il investit massivement pour accélérer la mise en production de nouvelles sources, qui se situent dans des environnements difficiles et présentent des défis techniques importants (comme Yamal au nord-ouest de la Sibérie ou Shotkman dans la mer de Barents) [8]. Il utilise également le levier de la croissance externe pour acquérir de nouvelles réserves : entrée au capital du gazier russe Novatek en 2006, prise de participation majoritaire dans le projet Shakaline-2 en 2007 après l’éviction de Shell qui, sur pression du Kremlin, cède à Gazprom le contrôle du projet et se résout à un rôle de partenaire minoritaire, au côté de Mitsubishi et Mitsui [9].

La production de gaz de Gazprom (2008-2020) (En milliards de m3)

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La production de gaz de Gazprom (2008-2020) (En milliards de m3)

Source : Gazprom, 2009

8Le gaz produit par Gazprom est acheminé vers les consommateurs via le réseau de transport le plus étendu du monde, qui date essentiellement des années 1970 et 1980. Ce réseau appartient également au groupe. La maintenance et le remplacement des pipelines les plus vétustes demandent là encore la mobilisation d’investissements récurrents importants. Ce réseau est complété par des pipelines de transit qui permettent à Gazprom d’exporter vers l’Europe. Les corridors de transit passent par des anciennes républiques satellites de l’Union Soviétique, essentiellement par l’Ukraine (65% du transit russe pour l’Europe) et dans une moindre mesure par la Biélorussie. Gazprom cherche à mieux contrôler la chaîne de la valeur en établissant de nouvelles routes (nouveaux pipelines et terminaux de Gaz Naturel Liquéfié), qui lui permettront de mieux contrôler les prix du gaz transporté et d’augmenter les quantités vendues aux clients européens (à condition, bien sûr, que le groupe soit en mesure d’accroître sa production ou constate une réduction des quantités de gaz vendues en Russie). C’est le sens de l’engagement de Gazprom dans les projets de pipeline NordStream qui doit relier la Russie et l’Allemagne, du pipeline Blue Stream / SouthStream entre la Russie, la Turquie et la Bulgarie et du terminal GNL de Sakhaline-2. Enfin, dans l’aval gazier, Gazprom détient la propriété de la majeure partie des réseaux de distribution de gaz en Russie, qui lui permet d’assurer l’essentiel des fournitures en gaz naturel sur le marché domestique (environ 60% de la population russe est alimentée en gaz). Les prix de détail du gaz naturel en Russie sont fixés administrativement, à un niveau très inférieur aux prix internationaux. Des hausses de prix régulières sont programmées pour réduire ce différentiel entre les prix intérieurs russes et les prix internationaux.

9Pétrole. Avec le rachat de Sibneft fin 2005 pour 13 milliards de dollars, Gazprom se hisse au 4e rang des pétroliers russes. Le groupe est actif dans les activités d’exploration / production et de raffinage en Russie (filiale Gazprom Neft). La hausse des prix du pétrole entre 2005 et fin 2008 lui a dégagé des ressources en forte croissance, qui lui ont permis d’investir massivement dans l’amont pétrolier avec comme objectif de faire croître son portefeuille de réserves. Le groupe reste cependant loin, en termes d’activités, des deux géants russes du pétrole que sont Rosneft et Lukoil, qui sont en possession de plus de la moitié des réserves prouvées en Russie (tab. 2). L’objectif du groupe est de parvenir à produire 80 millions de tonnes de pétrole à l’horizon 2020 contre 43 millions de tonnes en 2007 et d’augmenter ses capacités de raffinage et de distribution pour le marché russe, ce qui nécessitera de très forts investissements [10]. La majorité de la production de pétrole est destinée au marché russe, 40% environ de la production annuelle est vendue sur le marché international.

Tab. 2

Les principaux acteurs pétroliers russes

Tab. 2
Groupes Réserves prouvées Milliards de barils Parts relatives % Rosneft (75% État) 15,9 26% Lukoil* 15,7 26% TNK-BP* 7,8 13% Gazprom (50% État) 5,9 10% Tatneft (100% État) 5,9 10% Autres 8,8 15% Total Russie 60,0 100% * Groupes à capitaux majoritairement ou totalement privés. Sources : Reuters et DOE (USA), chiffres 2007.

Les principaux acteurs pétroliers russes

10Électricité. La réorganisation et la libéralisation partielle du marché électrique russe ont été l’occasion pour Gazprom de devenir un acteur incontournable de ce secteur d’activité. Notons que la production d’électricité est le débouché le plus important pour le gaz naturel vendu par Gazprom en Russie. Acquérir des centrales de production thermiques, et plus généralement s’impliquer dans la réorganisation du secteur électrique russe, est un moyen pour le groupe de s’assurer d’un contrôle plus étroit de ses débouchés. Et cela lui donne une possibilité de faire des arbitrages entre la vente directe de gaz aux clients russes et la vente d’électricité produite à partir du gaz, ceci en fonction de l’évolution des prix des deux énergies. Prix du gaz et prix de l’électricité sont encore pour le moment fixés de manière administrative, mais devraient être progressivement libéralisés à partir de 2011. L’entrée de Gazprom dans le secteur électrique a aussi des raisons politiques. Le pouvoir se donne ainsi les moyens de garder un contrôle national sur une partie au moins des actifs électriques de production, pour faire contrepoids aux grands groupes électriques européens (E.On, ENEL, RWE, Fortum) qui sont entrés sur le marché russe à l’occasion de privatisations récentes (2007 et 2008). Ce mouvement de privatisation devrait se poursuivre dans les prochaines années, et portera essentiellement sur les segments de la production et de la vente. Gazprom détient depuis 2008 des participations majoritaires dans deux groupes de producteurs régionaux (Moscou et St Petesbourg) et a manifesté son intérêt pour la prise de contrôle du premier groupe charbonnier russe, SUEK, qui possède également d’importants actifs dans le domaine électrique. Cette opération de rachat, estimée autour de 16 milliards de dollars, qui n’a pas pu être finalisée, souligne la volonté de Gazprom de poursuivre sa stratégie de diversification dans d’autres énergies (électricité, charbon, pétrole) à côté de son implication dans le gaz naturel [11].

11Activités internationales. Si l’on exclut ses activités de transit et de vente de gaz et de pétrole, Gazprom est encore un groupe très centré sur son marché domestique. Le groupe possède peu de filiales ou d’actifs d’exploration / production, de distribution, de trading et de vente directe hors de Russie. Ses incursions en Europe sur le marché du gaz naturel ou dans le secteur électrique sont encore peu significatives, même si le groupe a fait du développement international un de ses axes privilégiés de croissance.

Tab. 3

Répartition des activités de Gazprom (2007)

Tab. 3
Segments d’activités Chiffre d’affaires milliards de dollars Parts relatives % Production de gaz 0,2 n.s Transport de gaz 1,6 1,7% Distribution – vente de gaz* 59,5 63,7% Pétrole (production, raffinage) 25,8 27,6% Autres (dont électricité) 6,3 7,0% Total groupe 93,4 100,0% * Y compris ventes à destination des pays européens. Source : Gazprom, 2008

Répartition des activités de Gazprom (2007)

Une surface financière importante, mais peu de marges de manœuvre

12Depuis cinq ans, Gazprom a connu une spectaculaire croissance, portée par les acquisitions et la hausse des prix internationaux du gaz et du pétrole. Son chiffre d’affaires a été multiplié par plus de trois, sa marge opérationnelle, son cash flow et son résultat net ont suivi la même tendance pour se hisser à des niveaux très élevés fin 2007 ; sa capitalisation boursière a été multipliée par dix (tab. 4). Les résultats publiés par Gazprom peuvent se comparer avantageusement aux résultats obtenus par les majors pétro-gazières européennes ou américaines.

Tab. 4

Chiffres-clés de Gazprom (2003-2007)

Tab. 4
2003 2004 2005 2006 2007 Chiffre d’affaires 26,7 33,9 48,9 79,1 93,4 Marge opérationnelle* 10,6 12,9 20,4 35,1 34,5 EBITDA/CA 39% 38% 42% 44% 37% Cash flow 4,5 6,3 9,6 20 23 Investissements 4,7 6,8 9,7 16,2 21,2 Résultat net 5,3 7,3 11,1 23,4 27,1 Endettement net 9,5 15,2 26,5 25,2 38,4 Capitalisation boursière 33,3 65,3 160 272 333 En milliards de dollars. *EBITDA. Source : Gazprom

Chiffres-clés de Gazprom (2003-2007)

13Mais cette bonne santé financière ne lui donne pas pour autant les coudées franches pour s’engager dans une politique ambitieuse de croissance externe en raison des investissements très importants qu’il doit engager pour parvenir à simultanément :

  1. mettre en exploitation de nouveaux champs gaziers qui prendront le relais des champs existants dont la production décline ;
  2. assurer la maintenance, le renouvellement et l’extension de son immense réseau de transport et de distribution ;
  3. financer la construction de nouvelles routes de transit et d’exportation du gaz (pipelines, terminaux GNL).
Le groupe a rehaussé de manière considérable son niveau d’investissement, qui a été multiplié par quatre entre 2003 et 2007 (tab. 4). Il considère que cet effort nécessite d’être poursuivi. Jusqu’en 2010, Gazprom devrait maintenir un niveau d’investissement comparable à celui de 2007 (20 G$) pour faire face à ses engagements. Le groupe prévoit d’engager encore plus de ressources sur la période suivante (2011-2015) : les investissements devraient grimper jusqu’à une moyenne annuelle de 25 milliards de dollars, avant de diminuer autour de 18 milliards par an sur les cinq années suivantes (2016-2020). Globalement, sur les quinze prochaines années, les investissements programmés se répartissent un tiers pour l’exploration-production et deux tiers pour les infrastructures (transport, transit, GNL, etc.) [12].

14Pour mener cette politique, Gazprom ne peut plus augmenter de manière significative son endettement. Le niveau atteint fin 2007 (consécutif à la politique de croissance externe, tab. 5), l’appréciation peu favorable des agences de notation font que le groupe ne peut compter que sur ses ressources propres (le niveau de son cash flow opérationnel) pour assurer la couverture de ses investissements dans le gaz, le pétrole ou l’électricité. Le groupe devra donc allouer l’essentiel de ses ressources aux investissements physiques dans l’exploration-production, la distribution et le transit de gaz naturel. Il aura peu de marge de manœuvre pour continuer à nourrir sa politique de croissance externe et réaliser de nouvelles acquisitions, en Russie ou à l’étranger.

Tab. 5

Exportations de Gazprom vers l’Europe

Tab. 5
Volume de gaz milliards de m3 Entrée de devises milliards de dollars 2004 140 18,3 2005 147 26,1 2006 151 37,2 2006 161 39,5 2007 168 34,0 Source : Gazprom 2007, 2008

Exportations de Gazprom vers l’Europe

15Il est aussi vraisemblable que l’environnement macroéconomique soit plus défavorable : chute brutale des cours internationaux du pétrole et du gaz, baisse de la demande, entrée en récession de la Russie (dont l’économie est fortement dépendante des évolutions des prix du pétrole et du gaz) et forte dévaluation du rouble. Autant de facteurs qui vont fragiliser le groupe et affecter ses résultats à partir de 2009. Alors que, dans le même temps, les investissements vont devoir se poursuivre (sur les projets déjà démarrés), probablement à un rythme plus mesuré si des reports, des gels, voire des annulations sont décidés. L’État russe pourrait également être tenté de mettre Gazprom à contribution pour faciliter le bouclage de son budget, en demandant des dividendes plus généreux ou en imposant de nouvelles taxes spécifiques sur l’exportation de gaz. Ce n’est toutefois pas la voie qui a été suivie jusqu’à présent : l’État se contente de dividendes réduits (1,4 milliard de dollars en 2007, soit environ 5% du résultat net) et les taxes et impôts acquittés par Gazprom représentent environ 6% des recettes budgétaires annuelles russes. L’État préfère utiliser le groupe et ses ressources financières pour développer les infrastructures (notamment l’extension du réseau gazier russe) et l’exploitation des ressources énergétiques russes, ainsi que pour assurer une fourniture de gaz à des prix très bas aux ménages (nous y reviendrons plus loin).

Géopolitique du gaz en Europe

16L’Europe est fortement dépendante du gaz russe donc de Gazprom. Comme cela a été souligné dans notre précédent portrait d’entreprise (Flux 75), les pays européens se fournissent pour 45% de leurs besoins en gaz auprès de compagnies appartenant à des États extra-européens et ce pourcentage devrait atteindre 60% en 2015 [13], sous le double effet de la raréfaction des ressources européennes et de la hausse de la demande. La Russie (donc Gazprom, qui détient un monopole d’exportation) représente 24% du gaz consommé par les pays européens, ou 45% des importations à destination de l’Europe. Cette dépendance devrait s’accroître jusqu’à 35% de la consommation européenne en 2020.

17Une certaine inquiétude s’est fait jour concernant le poids de la Russie dans les approvisionnements en gaz de l’Europe. Différentes raisons pourraient laisser craindre que l’État russe utilise sa position pour contraindre les États européens à négocier des conditions beaucoup plus draconiennes d’approvisionnement (en prix ou en quantité) ou à faire du gaz une arme diplomatique dans le cadre de discussions bilatérales ou multilatérales concernant d’autres sujets que les questions énergétiques.

18Désireuse de restaurer son rang de grande puissance, la Russie compte sur l’arme énergétique pour faire entendre sa voix sur le plan des relations internationales et peser sur les rapports de force que le pays entretient avec ses voisins (Europe, pays de l’ex bloc soviétique). La reprise en main d’une bonne partie de l’industrie énergétique par le pouvoir en place en est l’illustration [14]. Gazprom participe activement à cette stratégie : développement dans le pétrole et le gaz (y compris par la participation au dépeçage de Ioukos ou la reprise du leadership du projet Sakhaline-2), multiplication des investissements dans l’extension des infrastructures et la mise en valeur des réserves énergétiques russes, etc. Le pouvoir exécutif russe pourrait être tenté d’utiliser la position privilégiée de Gazprom en matière d’approvisionnement en gaz de l’Europe pour faire pression sur les pays européens les plus dépendants du gaz russe (pour exiger une entrée sur les marchés en aval, des participations à des projets d’investissement ou un feu vert pour l’acquisition d’un groupe énergétique de grande taille…), voire augmenter de manière unilatérale les prix de vente du gaz pour faire croître les ressources financières du groupe.

19Les probabilités de voir ce scénario se réaliser sont « discutables ». D’une part, les possibilités de Gazprom d’influencer les prix du gaz sont limitées. Le prix du gaz livré à l’Europe via des contrats de long terme est indexé sur les prix du pétrole et toute tentative de s’écarter de ce référentiel de prix conduirait les pays consommateurs à utiliser leurs moyens de stockage, à s’adresser à d’autres fournisseurs, voire à effectuer des substitutions d’énergie (en remplaçant le gaz par d’autres formes d’énergie qui peuvent remplir les mêmes usages : fioul, électricité, charbon). Notons en particulier que le développement des terminaux de GNL, qui permettent de diversifier les sources d’approvisionnement, donnera de nouvelles possibilités d’importation pour les pays européens dans le futur. Les prix du gaz n’étant pas dépendants des quantités mises sur le marché, une stratégie de rationnement mise en œuvre par Gazprom visant à faire augmenter les prix de manière artificielle n’aurait pas grand sens.

20D’autre part, le groupe russe est lui-même dépendant des recettes qu’il engrange grâce aux exportations vers l’Europe [15]. En 2007, Gazprom a vendu 53% de sa production de gaz en Russie pour une recette de 15 milliards de dollars ; le prix aux industriels est de 66$ par millier de m3[16]. Les pays de l’ancien bloc soviétique (Ukraine, Biélorussie, Kazakhstan, Lituanie) représentent 17% des volumes et une recette de 10,5 milliards de dollars pour un prix de 111$ par millier de m3. Les exportations vers l’Europe (30%) ont rapporté 34 milliards de dollars avec un prix de 269$ par millier de m3. Les différences de revenus tirés de ces marchés proviennent clairement des tarifs appliqués. Ceux de Russie sont maintenus à des niveaux artificiellement bas. Cependant, le gouvernement a décidé d’entamer une réforme des prix du gaz qui conduira à leur libéralisation partielle. En 2011, les prix pour les industriels devraient refléter les prix internationaux, et, dans cette perspective, le gouvernement a décidé d’imposer des hausses importantes (les prix ont déjà augmenté de 40% entre 2006 et 2008 et devraient encore croître de 115% d’ici 2011 pour atteindre les standards internationaux). Les ménages ne sont pas concernés par cette réforme. Les prix du gaz pour cette catégorie de clients devraient continuer à être fixés de manière administrative et se maintiendront à des niveaux très inférieurs aux prix de marché.

21C’est dire l’importance pour Gazprom des ventes en direction de l’Europe, qui compte pour près de 60% de son chiffre d’affaires « vente de gaz », segment qui lui-même contribue à plus de 60% au chiffre d’affaires total du groupe [17] et alimente la majeure partie de son cash flow et de son résultat opérationnel. Il est donc difficile pour le groupe, qui est engagé sur de très nombreux fronts et doit financer un plan d’investissement très ambitieux, de mettre en danger les recettes tirées des exportations vers l’Europe. À court terme, l’exportation de gaz vers l’Europe est un passage obligé pour maintenir ses revenus et sa profitabilité. À moyen terme, les hausses de prix attendues en Russie et dans les pays de l’ex-bloc soviétique permettent au groupe d’espérer un surplus de recettes et une réduction de sa dépendance à l’égard des exportations européennes.

22C’est dans ce contexte qu’il faut replacer le conflit qui a opposé la Russie et l’Ukraine au mois de janvier 2009. Ce pays est le principal marché pour le gaz russe parmi les ex-pays membres du bloc soviétique tandis que les deux tiers des exportations de gaz russe vers l’Europe transitent par son territoire (95% en 1998) ; Gazprom cherche depuis plusieurs années à modifier les termes des contrats d’achat et vise à les aligner sur les prix pratiqués en Europe. Il vise également à contrôler les voies de transit pour éviter que les pays de transit profitent de leur position et du différentiel de prix pour engranger des profits en revendant en Europe une partie du gaz destiné à leur consommation intérieure. Le groupe a réussi à le faire avec la Biélorussie, les pays baltes et la Moldavie en 2007 et 2008, en imposant des hausses de prix, assorties, dans le cas de la Biélorussie, de la prise de contrôle du transporteur national de gaz Beltransgaz en 2007.

23Les négociations achoppent depuis plusieurs années avec l’Ukraine, qui ne souhaite pas voir Gazprom prendre une participation dans son système de transit et de distribution de gaz, ni ne désire supporter une hausse des prix du gaz qu’il consomme pour son marché intérieur. Il semble que le conflit de 2009 soit né du refus de la part de l’Ukraine de payer pour le gaz acheté auprès de Gazprom l’année précédente (après une hausse des prix imposée) et de la menace faite par les autorités ukrainiennes d’utiliser le gaz en transit pour alimenter la consommation intérieure si la Russie décidait de ne plus livrer de gaz à l’Ukraine en attendant que la dette soit remboursée.

24Fin 2008, l’Ukraine subit de plein fouet les premières conséquences de la crise économique et financière internationale (baisse des exportations, chute de la production, difficultés financières et budgétaires) et ne semble pas avoir les moyens de rembourser la Russie. En rétorsion, à partir du 1er janvier 2009, Gazprom réduit ses injections de gaz jusqu’à ne plus fournir aucun volume le 7 janvier. Cela va impacter non seulement l’Ukraine, mais également les pays européens, en particulier ceux qui sont les plus dépendants du gaz russe et disposent de capacités de stockage limitées (Bulgarie, Serbie, Bosnie, République Tchèque, Slovaquie) [18].

25Finalement après de longues négociations, les deux parties aboutissent à un accord le 18 janvier 2009, concrétisé par la signature d’un contrat d’une durée de dix ans. Cet accord porte sur deux points : une augmentation considérable du prix du gaz acheté par l’Ukraine et destiné à son marché domestique (qui s’aligne sur les prix internationaux avec une décote de 20%, appelée à disparaître dans le futur proche), en contrepartie d’un maintien de la redevance payée par la Russie pour faire transiter son gaz en Ukraine à destination des clients européens. Le contrat, qui n’a pas été rendu public dans sa totalité, prévoit aussi probablement les modalités de remboursement par l’Ukraine de sommes dues à Gazprom pour les fournitures de gaz passées [19].

26Bien que plusieurs conflits concernant les conditions de transit du gaz aient déjà éclaté entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie depuis 2004, c’est la première fois que cela affecte directement l’approvisionnement des pays européens, touchés, à des degrés divers, et pendant 17 jours, par la pénurie de gaz. Cela a mis en lumière de manière spectaculaire les problèmes que pouvait poser une dépendance trop marquée vis-à-vis du gaz russe (même si Gazprom se défend d’avoir été à l’origine du conflit) et cela a amené l’Union Européenne à s’interroger sur la stratégie à conduire pour garantir au continent européen un approvisionnement sûr et prévisible en matière gazière.

La libéralisation, meilleur garant de la sécurité d’approvisionnement ?

27Face à des fournisseurs extérieurs comme la Russie ou l’Algérie, l’Union Européenne ne dispose que de peu de moyens réels pour sécuriser ses ressources. La politique énergétique (donc la sécurité d’approvisionnement) n’est pas de son ressort mais de celui des États membres, qui ont chacun tendance à privilégier les relations bilatérales avec les grands pays exportateurs et à développer leur propre stratégie en matière d’approvisionnement plutôt que d’adopter une position commune, sur des bases multilatérales. Il s’en suit qu’il existe une très large variété de situations selon les pays européens (situations également liées à l’histoire et à la position géographique de chacun d’entre eux) en matière d’approvisionnement gazier, entre ceux qui sont quasiment entièrement dépendants des livraisons de Gazprom et ceux qui ont pris soin de diversifier leurs sources d’approvisionnement et disposent de capacités importantes de stockage et se sont lancés dans le développement de nouveaux terminaux de GNL.

28Tous les pays européens ont cependant un point commun : leur secteur électrique et gazier est soumis aux mêmes règles (hormis pour les nouveaux États membres qui disposent d’exemptions pour des périodes transitoires), qui s’articulent autour d’une ouverture des marchés et d’un développement des échanges. Cette libéralisation ne pourrait-elle pas favoriser une meilleure sécurité d’approvisionne-ment ? Certains le pensent. Ils considèrent que le moyen le plus sûr d’éviter que certains pays affrontent des situations de pénurie ou de dépendance trop forte à l’égard d’un fournisseur est de faciliter et de multiplier les échanges. L’interopérabilité des réseaux gaziers, un accès ouvert et non discriminatoire aux pipelines paneuropéens, la formation de hubs (avec leurs corollaires : fixation de prix spot et de prix à terme) sont autant de mécanismes qui pourraient permettre d’accentuer la fluidité des échanges entre pays, d’accroître la profondeur des marchés, donc de faire face à une situation tendue à un endroit donné (signalée par un prix en forte hausse) en incitant les vendeurs de gaz à y diriger des volumes supplémentaires. Nul besoin, dans ces conditions, d’interventions publiques pour garantir la sécurité d’approvisionnement (hormis celles permettant de fluidifier les échanges) : le marché et ses mécanismes d’allocation des ressources y pourvoiront [20].

29Cette analyse bien connue qui a guidé il y a quelques années la réforme des marchés américains et britanniques du gaz et de l’électricité présuppose le problème résolu. Les signaux prix du marché permettront d’allouer les ressources si les infrastructures lourdes d’interconnexion sont disponibles. Le marché, s’il est susceptible de conduire à un accroissement des flux de gaz entre pays européens, ne permet pas à lui seul d’inciter les acteurs à s’engager dans les projets d’investissement qui permettraient d’accroître significativement le volume des importations et de diversifier les sources d’approvisionnement. Les capitaux à engager sont très importants, les temps de retour très longs, et les marchés ne sont pas capables de donner aux groupes les informations adéquates qui leur permettraient de circonscrire les risques pris lorsqu’ils se lancent dans ce type de projets. C’est la raison pour laquelle les investisseurs utilisent des mécanismes de coordination qui ne relèvent pas du marché lorsqu’ils décident d’investir dans les infrastructures gazières ou dans les projets d’exploration / production. Ils forment des consortiums réunissant plusieurs parties prenantes (en général des majors pétro-gaziers quelquefois associés à des firmes actives à l’aval du secteur) qui organisent un partage des risques et s’adossent à des contrats de long terme qui permettent de sécuriser au moins une partie de leurs débouchés. C’est ce que fait Gazprom pour le développement de ses nouveaux champs gaziers (Yamal, Sakhaline-2) et pour ses projets de pipelines.

30Cela suppose que deux conditions soient réunies. Premièrement qu’il existe de grandes compagnies, ayant la surface financière suffisante, les compétences accumulées et la palette d’activités nécessaires pour accepter de prendre au moins une partie des risques associés à ce type de projets. Deuxièmement que la réglementation future continue de reconnaître l’intérêt et la valeur de ces contrats de long terme et n’ait pas la tentation d’en entraver la conclusion au nom de la libéralisation des marchés.


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Date de mise en ligne : 30/10/2009.

https://doi.org/10.3917/flux.076.0126

Notes

  • [1]
    Je tiens à remercier D. Lorrain, responsable de la rubrique Portrait d’entreprise, pour ses commentaires avisés sur une version antérieure de ce texte.
  • [2]
    Les Échos, 7 mai 2006
  • [3]
    Stern J., 2005, The future of Russian gas and Gazprom, Oxford University Press, Oxford
  • [4]
    En juin 2001, le PDG est remplacé par Alexey Miller, un jeune économiste issu du Ministère de l’Énergie et qui a travaillé un temps avec Vladimir Poutine à la Mairie de St Petersbourg. Dans les quatre ans qui suivent, la quasi-totalité du top management est remplacée, en majorité par des hommes ayant travaillé à la Mairie de St Petersbourg ou ayant des liens étroits avec le Président. Voir J. Stern, 2005, op.cit.
  • [5]
    Les Échos, 5 avril 2007 ; New York Times, May 18, 2005
  • [6]
    Pour être complet, soulignons que Gazprom détient des intérêts dans d’autres activités, comme la chimie, les télécommunications, la banque et les assurances, l’hôtellerie, etc. Mais ces activités ne sont pas au cœur de la stratégie de développement du groupe.
  • [7]
    Gazprom, 2008, Gazprom in figures. 2003-2007
  • [8]
    Victor N., 2008, « Gazprom : gas giant under strain », Stanford University, working paper n°71, Stanford
  • [9]
    Novosti Agency, 12/12/2006
  • [10]
    Gazprom, 2008, Gazprom Neft 2007 Operating and Financial Results, june 2008
  • [11]
    Kommersant, June 10, 2008.
  • [12]
    Chiffres donnés à taux de change constant 2007. Gazprom, Investor day, February 2009.
  • [13]
    IFP, 2007, Perspectives à moyen terme de l’industrie gazière, IFP Panorama, Rueil-Malmaison
  • [14]
    Finon D., 2006, « L’interdépendance gazière entre le marché et la géopolitique. Quel équilibre entre le marché et la géopolitique », Revue de l’Énergie, n°574, pp. 340-361.
  • [15]
    Locatelli C., 2008, « L’UE : aiguillon des stratégies de Gazprom ? », document de travail, IFRI, février
  • [16]
    Gazprom, 2009, Investor day, February
  • [17]
    Gazprom, 2008, Annual report 2007
  • [18]
    Gas Matters, 2009, « The Russia-Ukraine gas supply battle : the war to end wars », February
  • [19]
    Gustafson T., Blakey S., 2009, It’s not over till it’s over. The Russian-Ukranian gas crisis in perspective, CERA Policy Brief, January
  • [20]
    Voir Noël P., 2008 « Beyond dependance : how to deal with Russian gas », European Council on Foreign Relations, Policy Brief, november. Glachant J.M., Levêque F., Ranci P., 2008, « Some Guideposts on the road to formulating a coherent policy on EU energy security of supply », The Electricity Journal, vol. 21, n°10, pp. 13-18.
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