1Le développement de l’activité économique a été fulgurant durant les dernières décennies au point qu’aujourd’hui, dans toute l’Europe, l’économique occupe une place prépondérante au cœur du social, alors que le financier se trouve au cœur de l’économique. Dans la partie occidentale du continent, la domination des considérations économiques a pris corps au terme d’une lente évolution alors que dans les pays post-communistes, il s’agit davantage d’une irruption plus soudaine et plus récente.
2La prééminence des considérations économiques dans toutes les dimensions de la vie en société (politique, sociale, familiale, éducative) nous met face à une situation nouvelle dont les tenants et aboutissants n’ont pas été analysés avec suffisamment de précision pour donner lieu à un diagnostic unique. Un des points sur lesquels convergent bon nombre d’analyses concerne la fragilisation, voire la disparition - face aux considérations économiques fortes - des liens sociaux traditionnels et l’atténuation des réseaux de solidarité correspondants. La course à la marchandise (au sens large) exacerbe l’importance des transactions instantanées et anonymes au détriment des relations s’inscrivant dans le moyen ou long terme. En conséquence, les lieux traditionnels d’inclusion des plus faibles se dissolvent dans la foule d’homo oeconomicus en quête d’une satisfaction solitaire aussi attrayante qu’introuvable. Ainsi, les familles se rétrécissent autour du noyau déserté par un des conjoints, les relations de proximité peinent à surgir du fait de la méfiance de plus en plus généralisée, et les villages et quartiers voient leur tissu social se défaire au gré du va-et-vient généralisé.
L’économique au cœur du social
3Même si peu résistent à la marche vers le « tout-à-l’économique » et vers le « tout-par-l’économique », cette évolution laisse des traces tangibles - statistiquement et socialement - sur la densité du tissu social en Europe. En effet, la cohésion et le lien social sont aujourd’hui menacés en Europe, notamment par la primauté de l’économique. Cette situation qui, dans certaines régions du continent, prend un caractère d’urgence, n’a pas manqué d’interpeller nombre de citoyens et d’habitants des pays concernés. Ainsi, des initiatives diverses ont pris corps, animées par un idéal commun : veiller et contribuer à ce que l’acte économique soit l’instrument d’épanouissement et de développement des hommes et des communautés et non pas l’acte de leur asservissement.
4Par delà la diversité d’appellations et de termes utilisés, les initiatives dites de « l’économie solidaire » ont quatre éléments en commun. Tout d’abord, elles cherchent à remplacer la transaction anonyme du marché par une relation ou, au moins, une mise en rapport « à visage découvert », entre les protagonistes de la transaction ou de la relation. Ensuite, elles respectent et obéissent aux règles du jeu de l’économie de marché dont elles sont des acteurs à part entière. En troisième lieu, elles refusent la logique de la maximisation des résultats monétaires sous la contrainte des moyens, et visent à ce que les actions économiques qu’elles posent dégagent une « plus-value sociétale ». Enfin, par leurs actions, elles cherchent à interpeller les autres acteurs de la vie économique pour les rendre attentifs au fait que les actes économiques quotidiens ne sont pas « neutres » mais qu’au contraire, ils ont tous des conséquences pour des tiers.
Le message de l’économie solidaire
5Le principal message de l’économie solidaire, par delà la multitude des initiatives et des démarches utilisées, consiste à dire qu’une société solidaire, soucieuse du bien commun et respectueuse de son environnement ne pourra voir le jour sans que, lors de chaque décision économique, soit prise en compte l’intégralité de ses conséquences aussi bien économiques, que sociales et environnementales. En un mot, les initiatives de l’économie solidaire cherchent à caler les décisions économiques sur des considérations que d’autres acteurs laissent de côté. Pour parler un langage plus technique, il s’agit d’asseoir la relation sur ce qui, pour d’autres, n’est que pure externalité. En conséquence, ce qui est marginal dans une perspective économique « normale » devient central dans celle de l’économie solidaire. Ainsi, on peut dire que l’économie solidaire met l’acte économique au service d’objectifs et de finalités de nature sociale, éthique ou environnementale.
6Les initiatives de l’économie solidaire émanent et sont l’œuvre de personnes qui n’ont pas voulu baisser les bras face aux situations humainement inacceptables dans lesquelles d’autres se retrouvent du fait du jeu implacable des « lois du marché ». Révoltés par des situations concrètes (misère, solitude, exclusions diverses, iniquité, solutions contraires aux principes du développement durable, etc.) en tant que citoyens responsables du bien commun, des personnes ont groupé leurs énergies et imaginations pour mettre en place des procédures et des mécanismes capables d’offrir des alternatives concrètes dans le respect des procédures économiques et politiques en vigueur.
Les visages multiples de l’économie solidaire
7Nombre de telles initiatives sont aujourd’hui rodées et leur utilité n’est plus à démontrer. Aussi, après une longue période d’expérimentation et de sensibilisation à échelle réduite, de nouveaux horizons s’ouvrent devant l’économie solidaire : ceux de l’affirmation de la place que de telles initiatives peuvent occuper au cœur du social, donc aussi bien dans la dimension économique que dans la dimension politique. Ce texte se veut un pas à la fois vers l’affirmation de l’identité propre des initiatives de l’économie solidaire et vers la mise en place d’un cadre réglementaire adapté à son mode de fonctionnement et à ses potentialités.
8Dans la nébuleuse de l’économie solidaire, on retrouve des initiatives fort diverses. Pour cerner cette diversité, plusieurs classifications alternatives pourraient être proposées :
9• La classification la plus courante retient le critère du domaine d’activité : on parlera alors de la finance solidaire, du commerce équitable ou encore de l’agriculture soucieuse du paysage ;
10• Une autre classification a comme critère le niveau d’intervention. On distinguera alors les activités qui se situent en amont ou en aval du « lieu d’intervention ». Ainsi, la « labélisation », la collecte de moyens, la distribution des produits ou services, l’information du public et du politique se retrouvent à un titre ou un autre dans chacune des filières ;
11• Il existe également la classification selon l’étendue des « circuits ». En effet, quand les parties à la relation ou la transaction solidaire se trouvent dans le même village, on parlera de circuits courts, alors que, s’ils sont distants on parlera de « circuits longs » ;
12• La classification selon le niveau géographique d’action permet d’identifier les initiatives à différents niveaux : local, national, voire international ;
• Finalement, les diverses initiatives peuvent être classées selon qu’elles agissent directement avec les premiers intéressés, qu’elles mettent en place des institutions de soutien aux acteurs de terrain, qu’elles agissent au niveau politique en vue de la mise en place de normes adéquates ou qu’elles travaillent au niveau de la dissémination de l’information et de la sensibilisation du public en général.
La relation financière comme embryon du lien social
13L’objectif poursuivi ici n’est pas de proposer une grille de lecture exhaustive, mais au contraire de souligner l’extraordinaire variété des acteurs qui sont naturellement appelés à collaborer dans le cadre des réseaux ou des filières, mais aussi parfois à être en situation de concurrence acharnée. Par delà toutes ces différences, les initiatives d’économie solidaire se réclament de leur souci de soumettre l’acte économique aux exigences de l’éthique et de la responsabilité par rapport à l’autre. C’est par la prise en compte explicite de l’autre (d’où le sens de la solidarité) en vue de l’inclure dans la même entité sociale que l’économie solidaire se distingue, dans ses principes, de l’économie sociale qui est, de ce point de vue, plus introvertie.
14Prise dans la totalité de sa filière, le long de laquelle se retrouvent de très nombreux acteurs, la finance solidaire collecte l’épargne et l’investit de manière à produire l’effet social recherché (inclusion, création d’entreprises, affermissement des régions ou zones délaissées) tout en fournissant à l’épargnant une rémunération acceptable pour ses capitaux. Le cœur de l’activité de la finance solidaire est la volonté d’utiliser la relation financière (de dépôt, de crédit ou d’investissement) comme embryon du lien social.
L’importance des moyens mis en œuvre
15L’impact social de la finance solidaire dépend autant du suivi et de la qualité des projets initiaux que de l’importance des moyens mis en œuvre. En ce qui concerne la France, on parle aujourd’hui de 8000 entreprises créées par année avec le soutien de la finance solidaire, alors qu’environ 400 millions d’euros sont déposés auprès des institutions correspondantes. Les principaux efforts de la finance solidaire consistent à augmenter à la fois sa visibilité auprès des porteurs potentiels de projets et l’intérêt des épargnants à mettre à disposition leurs capitaux. Par ailleurs, compte tenu de la densité des régulations financières, la finance solidaire cherche à trouver dans cette jungle une forme juridique adaptée à son activité. Cette recherche a lieu tant dans les divers pays membres de l’UE qu’au niveau de l’Union elle-même. L’idée de base du commerce équitable consiste à permettre aux paysans du Sud d’obtenir pour leurs produits un prix leur offrant une existence digne. Toute la filière de ce commerce s’articule donc autour d’une remise à jour de l’idée médiévale du « juste prix », ce dernier étant celui qui permet à chacune des parties à la transaction de mener une existence digne et honorable.
16Les initiatives du commerce équitable refusent par principe l’intermédiation du « marché mondial » et cherchent à établir et à développer des contacts directs entre producteurs et consommateurs des produits tropicaux de grande consommation. La mise en place des « circuits longs » qui vont du consommateur du Nord au producteur du Sud suppose l’organisation de toute une série d’intermédiaires travaillant avec les mêmes objectifs et les mêmes principes.
Dans la mouvance du commerce équitable
17Les chiffres approximatifs dont font état les deux organismes mondiaux d’homologation (FLO et IFAT) sont impressionnants. On parle d’environ un million de producteurs concernés au Sud, regroupés dans un millier de coopératives ou d’associations de producteurs. En dépit de l’étendue des réseaux, les sommes transférées aux producteurs au titre de l’équité restent faibles : environ 60 euros par producteur et par année.
18Dans les pays du Nord, les produits du commerce équitable sont commercialisés dans 60000 points de vente. Tout au long de la filière du commerce équitable une certaine transformation de la matière importée a aussi lieu, ce qui peut être l’occasion de faire travailler des petites et moyennes entreprises du Nord émanant également de la mouvance de l’économie solidaire.
19Le maintien de la cohésion sociale au sein des communautés agricoles, notamment sub-urbaines, appartient au champ des préoccupations de l’économie solidaire. Des initiatives paysannes visant à instaurer un rapport direct entre l’agriculteur et le consommateur de produits agricoles s’inscrivent donc dans cette logique. Il s’agit de trouver des modalités d’association de ce type et de leur donner une certaine visibilité nationale ou internationale.
20Les initiatives d’économie solidaire interviennent là où personne n’aurait opéré. En se focalisant sur les laissés pour compte, ces initiatives ont un impact très fort aux endroits qu’elles touchent mais, au niveau macro, elles restent marginales. Les chiffres, aussi bien ceux relatifs au volume de transactions économiques, que ceux spécifiant le nombre de personnes concernées (bénévoles, collaborateurs et bénéficiaires) montrent qu’il s’agit bien plus qu’un effet de mode : c’est une aspiration profonde d’une partie des populations du Nord à mettre davantage l’activité économique au service de l’homme et du bien commun.
Aujourd’hui, l’économie solidaire a apporté la preuve qu’elle est respectueuse des règles du jeu de l’économie de marché, qu’elle est - sous certaines conditions - viable du point de vue économique, et qu’elle constitue une « innovation sociale » dans laquelle se reconnaît une part non-négligeable de la population et donc de l’électorat.
Passer du laboratoire à l’échelle industrielle
21Actuellement, l’économie solidaire se trouve dans un état d’émiettement et de dispersion considérable : le temps d’une certaine consolidation des expériences et des savoirs s’impose donc pour préparer le passage à un niveau d’activité plus ambitieux en termes de taille, mais aussi de compétence et de sophistication des interventions. Ce passage à l’échelle « industrielle » pourrait être grandement accéléré si les pouvoirs publics prenaient l’économie solidaire au sérieux et, en lui reconnaissant un statut d’utilité publique, donnaient un coup de pouce pour trouver les moyens nécessaires à son organisation.
22La particularité de l’économie solidaire est double : d’une part, par ses actions, elle développe du « lien social » et touche les zones et les acteurs laissés en grande partie pour compte, aussi bien par le marché que par les politiques publiques ou sociales ; d’autre part, l’économie solidaire mobilise des bonnes volontés et des personnes qui ne sont ni les fonctionnaires ni des agents de politique sociale. Ce faisant, elle fait plus que remédier à une misère matérielle, elle développe ses capacités et rend les personnes plus autonomes à l’avenir. L’économie solidaire est donc une modalité qui laisse une chance au bien commun.
La notion de bien commun exprime, quelles que soient sa définition précise et son articulation institutionnelle, l’aspiration à la vie heureuse d’un groupe de personnes. Elle suggère la tension possible entre ses deux pôles : celui du groupe et celui de chacun de ses membres.
La vie en commun est une nécessité
23Depuis son origine, la philosophie politique a dressé des plans de la société parfaite, sans pour autant offrir de solution définitive. Au cours des siècles, les démarches ont varié en la matière, comme le signale Garcia Estebanez : « La méthode traditionnelle - dit-il en se référant à Aristote, Platon et St. Thomas - partait de l’idée d’une société parfaite et donnait une définition des intérêts particuliers à partir de cette idée. La méthode moderne (Habermas, Nozick ou Rawls) inverse la perspective et conçoit la société parfaite à partir des intérêts des particuliers. Ces derniers peuvent les présenter, comparer et les concilier en les projetant sur un modèle social sur lequel ils s’accordent. » Quelle que soit la définition précise, les auteurs qui ont creusé le sujet s’accordent, du moins implicitement, sur le fait que la vie en commun - dans ses dimensions aussi bien matérielle que non-matérielle - est une nécessité tant du point de vue des besoins physiologiques (protection contre la misère) que du point de vue social (protection contre la solitude). Aussi, la vie en commun est déjà un bien en soi, comme le souligne Hollenbach : « One of the key elements in the common good of a community or society, therefore, is the good of being a community or society at all. This shared good is immanent within the relationships that bring this community or society into being. »
Le Bien Commun ne se limite pas à la tolérance
24La vie commune, donc le bien commun, peut avoir divers points d’ancrage. Les penseurs modernes mettent l’accent sur la procédure de délibération qui permet aux membres de la communauté d’aboutir au consensus. En se référant au fonctionnement effectif de la société américaine, Hollenbach montre qu’en réalité la sphère publique de débat et de confrontation s’est vidée de son contenu pour laisser la place à l’indifférence générale que dissimule à peine le principe de tolérance. La tolérance serait donc la version moderne et atrophiée du bien commun qui menace jusqu’à l’existence même de la société américaine. En effet, continue Hollenbach, la tolérance ne suffit pas à relever les défis sociaux contemporains, notamment celui de la misère urbaine aux États-Unis, et celui que pose la globalisation. Il en est ainsi parce qu’au cœur de ces phénomènes se trouvent les relations d’interdépendance économique et sociale tissées depuis des décennies. Or, la tolérance - « an ethos whose primary values are independence and autonomy is not adequate to address this new interdependence. »
Le bien commun, qui se limiterait à la seule tolérance, supposerait donc non seulement que le riche et le socialisé « tolèrent » sans sourciller la misère et la solitude de l’exclu, ce qui est d’autant plus facile qu’ils ne se côtoient pas, mais qu’en plus l’exclu « tolère » l’opulence du riche que les médias étalent au grand jour. Ainsi, si le bien commun ne repose que sur l’institution de la tolérance et de procédures qui la rendent opérationnelle, la vie commune - donc la société - est exposée au risque de rupture qui se produit quand la tolérance des uns devient intolérable pour les autres.
Un ensemble de principes de vie en société
25En d’autres termes, et au vu du monde contemporain, la procédure garantissant la tolérance seule, aussi sophistiquée soit-elle, ne suffit pas à fonder le bien commun. Il faut qu’elle soit relayée et complétée, dans la sphère de la vie quotidienne, par la solidarité. « One of the most important meanings of the concept of common good, therefore, is that it is the good that comes into existence in a community of solidarity among active and equal agents. The common good, understood in this way, is not extrinsic to the relationships that prevail among members and sub-communities of a society. When these relationships form reciprocal ties among equals, solidarity achieved is in itself a good that cannot otherwise exist. (…) When society not only falls short of the level of solidarity it could reasonably aspire to but is shaped by institutions that exclude some members from agency altogether, the resulting interdependence becomes a … ‘common bad’ that affects the quality of live of all members, especially of those who are excluded. »
26Le bien commun suppose donc à la fois l’interaction des personnes, qui est une valeur en soi - à l’instar de l’amitié politique d’Aristote - et une solidarité matérielle raisonnable, que l’amitié commande par ailleurs. Le bien commun n’est donc pas un projet institutionnel précis, mais un ensemble de principes de vie en société. Ces principes se réfèrent aux deux sphères de besoins de toute personne : les besoins matériels et les besoins relationnels.
Les exigences économiques et politiques du Bien Commun
27Le bien commun exige l’implication de chacun, dans le respect de la liberté d’autrui et dans la tolérance, dans la mise en place d’institutions capables de réguler la vie sociale (justice contributive) selon les principes de justice et de solidarité. Toutefois, dans des sociétés organisées comme les nôtres, la recherche du bien commun ne saurait se limiter à la mise en place d’une architecture institutionnelle capable de mettre en œuvre une certaine solidarité matérielle en procédant à la distribution des richesses (justice distributive). En effet, le bien commun exige aussi que l’amitié réciproque, l’attention à l’autre, trouve place dans l’ensemble des rapports inter-personnels, y compris les rapports économiques (justice commutative). C’est à ce niveau que l’apport de l’économie solidaire en tant que créateur du lien social est fondamental.
L’externalité, synonyme d’interdépendance et d’interaction, est une des données incontournables de la vie humaine. Tout dépend de la manière dont cette externalité est prise en compte et traitée par les instances publiques et par les acteurs à l’origine et à l’arrivée de l’externalité. C’est exactement dans ce contexte que s’inscrit la discussion sur la responsabilité des acteurs économiques : sont-ils prêts - si oui sous quelles conditions, si non pourquoi - à tenir compte, dans leur prise de décision, des effets qui ne relèvent ni du prix de transaction ni d’une obligation légale, mais sont de nature à avoir un impact sur des personnes qui ne sont en mesure ni de récompenser, ni de punir l’homme d’affaires.
[Synthesis in english]
28Social relationships and cohesion are under threat in today’s Europe, primarily through the agency of economic primacy. This observation has led to a number of initiatives taking shape, all driven by a common ideal : monitoring and contributing to the process of ensuring that the economic act becomes an agent for the well-being and development of people and communities, instead of a mechanism for their enslavement.
29The solidarity-based economy’s primary message is that a society built upon solidarity, mindful of the common good and respectful of its environment, cannot come to pass until such time as no economic decision is made without full account being taken of its economic, social and environmental consequences. The solidarity-based economy places the economic act at the service of social, ethical and environmental objectives and outcomes.
30Solidarity-based economy initiatives claim to be motivated by a desire to subjugate economic acts to the demands of ethics and responsibility. It is this explicit recognition of the other, with a view to his/her inclusion within the same social entity, that distinguishes the guiding principles of the solidarity-based economy from those of the social economy, which is, from this point of view, more introvert in nature. Lying at the heart of solidarity finance as an activity is the desire to use financial relationships to nourish social ties.
31Solidarity finance’s social impact is as much dependent on the monitoring and quality of the initial projects as it is on the scale of the resources committed.
32The main focus of solidarity finance sector efforts lies in promoting its profile amongst potential project leaders and in increasing its appeal to savers seeking to place their funds. The sector also seeks a form of legal existence suited to its activities.
33The core idea underpinning Fair Trade is that it allows small-scale producers from the South to receive a price for their produce sufficient for them to live with dignity. Such initiatives refuse on principle any intermediation by the global market, seeking instead to nurture direct contacts between producers and consumers of tropical products intended for a mass market.
34The solidarity-based economy operates in areas left untouched by other operators. By placing their focus on the marginalized, these initiatives have a very great impact in the areas that they affect, but they remain marginal at the macro level. These are not the results of mere fashion : there is a deep-seated yearning by many in the North to place economic activities more firmly at the service of humanity and the common good.
35The solidarity-based economy operates at present in a highly dispersed and piecemeal fashion. Transformation to an ‘industrial’ scale might be greatly hastened were the authorities to accord the solidarity-based economy due seriousness. Granting state-approved recognition of its public interest status would help the search for the means necessary for its organisation.
36The solidarity-based economy does more than merely address material poverty - it builds capacities, making people more autonomous for the future. The solidarity-based economy is, therefore, a method that opens the door to the common good.
37Whereas the common good is predicated only on the introduction of tolerance and of the procedures that render it operational, life lived in society is exposed to the risk of breakdown when the tolerance of some becomes intolerable for others.
38In other words, and looking around at today’s world, procedures that guarantee tolerance alone, no matter how sophisticated they might be, are not a sufficient foundation for the common good. They have to be backed up and extended in everyday life by solidarity.
39Thus, the common good requires both interaction between people and reasonable material solidarity. The common good is not a fixed institutional project ; rather it is a set of principles for life in society. These are principles that refer to two areas of universal needs : material needs and relational needs.
40Externality, synonymous with interdependence and interaction, is one of the key features of human lives. Everything depends on the manner in which this externality is recognised and addressed by public bodies and by the actors that lie at the genesis and conclusion of the externality.
41It is precisely within this context that discussion of the responsibilities incumbent upon economic actors occurs.