L’offre médicale de prophylaxie pré-exposition (prep) au vih permet désormais, en une configuration biopolitique inédite, de remplacer les dispositifs de protection externes (préservatif, etc.) par un traitement préventif quasi-sûr (99 %) au plan immunitaire. Le sujet peut ainsi se protéger, indépendamment du statut viral de ses partenaires. La recherche en psychologie sociale a pu présenter la prep comme moyen d’une meilleure qualité de vie sexuelle, voie d’un accès protégé au plaisir ainsi dégagé de compromis ou de frustrations (en particulier dans la communauté homosexuelle). Or ce couplage spontané entre prévention et plaisir, soubassement de la logique de santé publique qui mène à offrir la prep, est remis en question par la clinique : la prep conduit toute une partie des sujets non à suspendre mais à reconfigurer le rôle de la prise de risque dans leurs pratiques sexuelles – où ce risque joue un rôle constituant. Méconnaître ce point peut faire de la mise à disposition de la prep une offre de néo-besoin, dispositif socialement valorisé renforçant le déni des coordonnées inconscientes des pratiques sexuelles avec leur composante de jouissance, dont la perspective freudienne a montré l’irréductibilité à une logique moïque de protection de soi. D’où l’importance d’un travail avec les médecins pour sensibiliser aux effets paradoxaux d’une telle offre, et faire de la consultation une occasion de subjectiver ces coordonnées.
Mots-clés
- prep
- prévention
- vih
- risque
- pratiques sexuelles
- néo-besoin
- subjectivation
- médecine
Toward the unconscious issues of medical provision of pre-exposure prophylaxis (PrEP) for HIV
Pre-exposure prophylaxis (prep) represents a new biopolitical stage in hiv prevention: external means of protection (condoms, etc.) can now be replaced by a safe (99 %) preventive oral treatment – thereby making one quasi-immune to virus transmission. Social psychology has recently presented prep as a gateway to a better sex life, thanks to a protected access to pleasure, finally stripped of any frustration or compromise (especially within the homosexual community). But do pleasure and prevention go hand in hand – as is assumed social psychology, and public health ? Clinical experience questions this assumption: the availability of prep does not lead to risk-free sexual practices, but (in many cases) to their re-configuration – as they give risk a central role. Disacknowledging this crucial point can turn the prep proposal into an offer of neo-need, a socially valued organization aiming to deny the unconscious underpinnings of sexual practices and especially their dimension of jouissance – which Freud has shown to be irreducible to an ego-centered logics of self-preservation. This clinical fact requires joint work with doctors in order to shed light on the potentially paradoxical effects of such an offer, and leave room for a subjectivization of such underpinnings during the medical consultation.
Keywords
- prep
- prevention
- risk
- sexual practices
- neo-need
- subjectivization
- medicine
Mots-clés éditeurs : néo-besoin, vih, risque, prévention, subjectivation, prep, pratiques sexuelles, médecine
Date de mise en ligne : 14/04/2022.
https://doi.org/10.3917/fp.042.0243Cet article est en accès conditionnel
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