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Article de revue

Combien ça coûte ? Analyse économique et relecture ecclésiologique d’un acte pastoral

Pages 631 à 646

Notes

  • [1]
    Pour comprendre le caractère domestique ou privé de l’économie dans l’Antiquité et le passage progressif au domaine public, voir notamment Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1983 (1961), en particulier le chap. ii, « Le domaine public et le domaine privé », p. 59-121.
  • [2]
    Voir 1 Co 4,1 ; Lc 16,1-8, etc.
  • [3]
    Voir Mt 20,1-16.
  • [4]
    Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, édition critique avec introduction, notes et variantes publiée par Jean-Daniel Benoît, Paris, Vrin, 5 vol., 1957-1963, livre III, xx, 1-2.
  • [5]
    Ibid., livre IV, xvii, 44.
  • [6]
    Cette position est vigoureusement défendue par Pierre Cahuc, André Zylberberg, Le négationnisme économique. Et comment s’en débarrasser, Paris, Flammarion, coll. « Champs actuel », 2017 (2016).
  • [7]
    Tel est le point de vue développé par Jean Tirole, Économie du bien commun, Paris, Presses universitaires de France, 2016, p. 165 sqq.
  • [8]
    Voir par exemple Thomas Porcher, Traité d’économie hérétique. En finir avec le discours dominant, Paris, Fayard, 2018.
  • [9]
    Voir J. Tirole, Économie du bien commun, op. cit., chap. 3, p. 95 sqq.
  • [10]
    L’Alliance réformée mondiale est l’une des deux organisations ayant ensuite constitué la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER – en anglais WCRC), qui a repris la déclaration d’Accra à son compte.
  • [11]
    Confession d’Accra, § 6. Voir http://wcrc.ch/fr/accra/la-confession-daccra (consulté le 26 avril 2018).
  • [12]
    Les textes de l’EPUdF disent « Église locale ou paroisse ». Cette formule désigne la communauté locale constituée en association cultuelle (loi 1905). Elle est issue de la rencontre du vocabulaire institutionnel luthérien, qui parlait de paroisse, et réformé, qui utilisait celui d’Église. Par commodité, je me limiterai à paroisse.
  • [13]
    Voir Église protestante unie de France, communion luthérienne et réformée, Actes du 5e Synode national, Lille, mai 2017. Le caractère public de cette source n’est pas totalement clair. Bien qu’ils doivent être publiés, les Actes des Synodes ne sont pas accessibles sur la partie publique du site Internet de l’EPUdF. Les Églises locales et les paroisses sont tenues de les conserver. Ils peuvent être consultés dans les bibliothèques des Facultés de l’Institut protestant de théologie.
  • [14]
    Voir EPUdF, Actes du 5e Synode national, p. 327. Les postes régionaux et les charges d’aumônerie, qui ne sont pas en charge des actes pastoraux, sont inclus. Il n’est pas nécessaire de les ôter puisque, la masse salariale étant diminuée en proportion, on aboutirait au même résultat.
  • [15]
    L’EPUdF est financée essentiellement par les dons dont la récolte est assurée par les paroisses. Celles-ci contribuent à leur mesure au budget régional, dont une part est reversée au budget national.
  • [16]
    Voir EPUdF, Actes du 5e Synode national, p. 289. On observe une variation entre le rapport du trésorier national et le rapport sur les comptes des Églises locales. Les écarts n’étant pas énormes et se compensant en grande partie au total, je me réfère aux données du rapport du trésorier national.
  • [17]
    Ibid., p. 329. L’EPUdF compte 418 Églises locales ou paroisses ayant une vie financière en 2016. Ce nombre ne correspond pas à l’ensemble des associations cultuelles qui en sont membres. Un certain nombre d’entre elles ont mis leurs ressources en commun, ce qui explique la différence.
  • [18]
    Ibid., p. 328.
  • [19]
    EPUdF, « Quelques chiffres », Choisir la confiance, 2017 (2015), p. 3.
  • [20]
    L’application du coût horaire salarial est une simplification et une sous-estimation, dans la mesure où la politique de rémunération comprend des avantages en nature qui ne sont pas inclus dans la masse salariale, en particulier le logement et les charges afférentes.
  • [21]
    J. Tirole, Économie du bien commun, op. cit., p. 71.
  • [22]
    Voir par exemple Jeltje Gordon-Lennox, Mariages. Cérémonies sur mesure, Genève, Labor et Fides, 2008. La dimension économique est très discrète. L’utilité d’un contrat écrit entre le célébrant et le couple est mentionnée dans une charte figurant en annexe, p. 231 sq.
  • [23]
    Pour obtenir des informations utiles, il conviendrait, par exemple, de connaître le nombre de mariages de protestants qui ne sont pas suivis d’une célébration religieuse, ou qui font l’objet d’une célébration dans une autre Église, mais aussi le nombre de célébrations concernant des couples non reliés préalablement à l’EPUdF. On se situe ici dans un champ de questionnement où l’économie et la sociologie se rencontrent.
  • [24]
    Je n’ai pas connaissance de statistiques consolidées émanant de l’EPUdF, mais le rapport semble de l’ordre de 1/200.
  • [25]
    Je relève toutefois que ces considérations sont à articuler avec la dimension rituelle de l’acte, qui suppose une permanence des formes.
  • [26]
    À cet égard, une zone grise économique demeure, celle des cadeaux offerts personnellement à l’officiant, en plus et à côté des dons faits à l’Église.

Préambule

1En guise de préambule, signalons brièvement que la dimension économique a toujours été présente dans le discours théologique. Dans le Nouveau Testament et dans l’Antiquité en général, le champ de l’économie est associé à celui de la maison [1], comme l’indique l’étymologie d’oikonomia. Il fournit des métaphores dont certaines sont développées dans des paraboles de Jésus. La figure de l’intendant ou du gérant (oikonomos) est la plus évidente [2]. Quant à la parabole des ouvriers de la onzième heure [3], pour prendre un autre exemple, elle problématise une relation de nature économique – le versement d’un salaire – autour de la notion de « ce qui est juste ».

2Au xvie siècle, Calvin précise certaines notions dans un langage économique. En voici deux exemples. Il introduit le thème de la prière en affirmant qu’elle est l’activité « par laquelle nous recevons journellement les bénéfices de Dieu. […] C’est donc par le moyen d’oraison que nous avons entrée aux richesses que nous avons en Dieu [4] ». Il enracine dans la Cène la nature diaconale de l’existence chrétienne en recourant au concept juridico-économique de l’obligation : « Car toutes les fois que nous communiquons au signe du corps du Seigneur, nous nous obligeons mutuellement l’un à l’autre comme par cédule à tous offices de charité [5]. »

Critique du discours sur l’économie

3Il ne m’appartient pas ici de relire l’histoire de la pensée économique et du développement de la discipline. En revanche, il est utile de signaler quelques aspects de la situation actuelle, car elle conditionne le rapport que l’on peut établir avec l’économie, d’une part, et qu’elle jette un éclairage, d’autre part, sur une relation problématique entre une discipline et le discours public qui s’en réclame.

4La discipline connaît un vif débat épistémologique, que l’on peut situer entre trois pôles : elle est une science expérimentale, humaine, engagée. Pour les uns, la science économique fonctionne selon une démarche empirique qui la rapproche de la médecine et de la pharmacie. C’est sa dimension expérimentale qui la qualifie de science. Elle consiste à mesurer l’effet d’une pratique ou d’une politique en comparant deux publics : l’un où elle est présente et l’autre où elle ne l’est pas, de la même manière que l’on effectue un test clinique pour mesurer les effets d’un nouveau médicament [6]. Pour d’autres, si la science économique s’est développée historiquement en gagnant son autonomie par rapport à d’autres disciplines, elle retrouve aujourd’hui sa place au sein des sciences humaines et sociales, dans la mesure où elle a en commun le même objet d’étude, l’être humain, et se comprend comme nécessairement interdisciplinaire. Dans ce cadre, elle opte toutefois pour un individualisme méthodologique et privilégie les approches quantitatives [7]. Pour un certain nombre d’économistes, enfin, leur discipline n’est pas une science neutre ; elle produit des modèles et des expérimentations dont il convient de décrire et parfois de dénoncer les présupposés théoriques, les constructions idéologiques et les intérêts au service desquels elle se prononce [8].

5Un autre aspect de la situation actuelle est que l’on tend à faire une confusion entre sciences économiques et politique économique. Cela tient en partie à l’écart que l’on peut constater entre l’état de la recherche scientifique et le discours public sur l’économie. Ce dernier a parfois tendance à présenter des options politiques comme des vérités scientifiques. Outre le fait qu’elle constitue un oxymore, cette dernière expression est révélatrice d’un rapport faussé à la science en général et à l’économie en particulier. D’abord, il y a un défaut de communication des chercheurs, qui peinent à se faire entendre. Jean Tirole, par exemple, estime que les économistes sont appelés à mieux assumer une responsabilité collective, tant au plan de la vulgarisation que du débat public, en s’y engageant tout en conservant la prudence du scientifique [9]. Ensuite, la revendication d’une vérité scientifique est au service d’une idéologie s’appuyant sur des conceptions que la discipline a pour sa part depuis longtemps questionnées et fait évoluer. Pour ne prendre qu’un exemple, central il est vrai, il y a consensus, au sein de la discipline, sur le fait que le marché est susceptible de nombreux dysfonctionnements et que la politique économique consiste précisément à en corriger les défaillances pour qu’il puisse fonctionner. Laisser faire le marché revient à donner l’avantage à celui qui profite du déséquilibre. Enfin, si l’économiste peut utilement informer le politique, il ne saurait se substituer à lui au nom d’une prétendue vérité qui aurait la vertu de masquer l’affrontement des intérêts en jeu. À l’inverse, dénoncer les intérêts promus par un discours revendiquant des « vérités scientifiques » peut être légitime, mais cela n’enlève rien à l’utilité et à la légitimité d’une recherche dont la scientificité repose non pas sur l’affirmation d’une vérité mais sur l’exposition de modèles, de procédures, d’outils, de résultats et d’éventuels conflits d’intérêts.

Critique du discours théologique et ecclésial

6Une réflexion critique sur les conditions et les limites d’une interdisciplinarité entre l’économie et la théologie reste largement à engager. Pourtant le langage et la logique économiques influencent le discours et la pratique de l’Église, comme c’est le cas aujourd’hui de l’ensemble de la société. J’aimerais en signaler quatre aspects ou lieux : la confession de foi, la gouvernance de l’Église, le discours sur la croissance et la notion de marché du religieux.

7L’Alliance réformée mondiale [10] a adopté en 2004 la Confession d’Accra, du nom de la ville, au Ghana, où se tenait son assemblée générale. Ce texte se présente comme une prise de position pour une justice économique et environnementale. Il dénonce vigoureusement « un système économique injuste défendu et protégé par de puissants moyens politiques et militaires [11] », fruit d’une idéologie de nature totalitaire. Il s’agit donc d’une attaque frontale contre un discours économique, dénonçant l’injustice et la violence qu’il génère et appelant à une résistance active à ce qui est qualifié d’impérialisme idéologique et interprété comme idolâtrie, constituant de ce fait une opposition à la souveraineté de Dieu.

8Ce texte établit un double mode de relation entre l’économique et le théologique. Dans un premier temps, il part d’une lecture économique de la situation vécue, en particulier dans les régions et par les populations les plus défavorisées, pour en faire une interprétation théologique. Il inverse ensuite la relation. Une large part du texte est en effet structurée en une alternance d’affirmations de foi et de conséquences politiques et économiques formulées négativement : Nous croyons… C’est pourquoi nous rejetons… Il se conclut par une confession des péchés, des engagements et des appels à l’unité et à l’action. À mon sens, c’est dans cette dernière partie que se révèle particulièrement le fait que l’articulation entre l’économique et le théologique est insuffisamment pensée. Je crains que la portée du texte, sa volonté de prendre pleinement en compte l’urgence de la situation et l’ampleur des souffrances, ne soit affaiblie par la difficulté d’exprimer de manière positive, sinon par une volonté d’engagement, un projet qui constituerait une alternative à ce qui est dénoncé. La difficulté méthodologique est en effet d’articuler un projet de nature politique et économique à une réflexion théologique qui ne devienne pas, à son tour, idéologique, voire idolâtre.

9Cette première situation m’amène à la conclusion que la Confession d’Accra est à elle seule une raison suffisante de poursuivre un travail de réflexion et de modélisation d’une approche interdisciplinaire conjuguant analyse économique et réflexion théologique. Je mentionnerai plus brièvement les autres exemples annoncés.

10Cède-t-on à une tentation idolâtre en s’emparant de discours et de pratiques managériaux pour les appliquer à l’organisation ecclésiale ? Une telle accusation est parfois formulée, notamment de la part de celles et ceux qui estiment que l’irruption d’un vocabulaire et de techniques de management dans l’Église se fait à leurs dépens. Au-delà d’une forme de résistance assez naturelle au changement – le même type de résistance existe dans la fonction publique, par exemple –, il semble que la remarque est également révélatrice d’une demande de réflexion critique sur l’articulation entre une réflexion ecclésiologique et une pratique inspirée du monde de l’entreprise.

11Sur un autre plan, la mission d’annonce de l’Évangile tend de plus en plus à être formulée en termes de croissance. D’origine nord-américaine, cette orientation est tributaire d’un langage économique. Elle rencontre aujourd’hui la réflexion et les orientations de l’Église d’Angleterre (Mission shaped Church), visant à favoriser de nouvelles formes de vie ecclésiale (Fresh Expressions). La rencontre de ces deux mouvements, qui a lieu actuellement en France, gagnerait à être accompagnée d’une réflexion méthodologique et théologique renouvelée.

12Enfin, sur un autre plan encore, la notion de marché du religieux a fait son apparition, depuis quelques années, dans des travaux de sociologie et de science des religions. On exprime par là le fait que le contexte post-moderne fait émerger de nouveaux modes de relations à la religion et aux institutions religieuses, dans lesquels chacun exerce une forme de liberté de pensée et de croyance, instituant de ce fait un marché des idées et des appartenances religieuses. Il me semble toutefois que l’on aboutit à une considération de nature économique au terme d’une démarche de type sociologique. Ici encore, il serait intéressant d’élaborer des modes d’interaction entre une approche économique du rapport au religieux et les relectures ecclésiologiques qu’elle pourrait occasionner.

Calcul du coût d’un acte pastoral

13Pour entrer en matière sur la question méthodologique, je choisis comme objet une question posée en termes économiques : « Combien ça coûte ? » Toute personne ayant été amenée à préparer et à célébrer un acte pastoral dans un cadre ecclésial a été confrontée à cette question. Y répondre suppose d’être en mesure d’établir une structure de coût, d’une part, et une politique de prix, d’autre part. Autrement dit, la réponse requiert une interaction entre des informations de nature économique et des options ecclésiologiques. Des considérations sociales peuvent également être incluses.

14Dans un premier temps, je tenterai d’élaborer un mode de calcul permettant d’indiquer la structure de coût de l’action ecclésiale. Pour favoriser la lisibilité de la démarche et la clarté du débat, je vais exposer de manière précise la procédure que j’ai mise en œuvre. Ensuite, je prendrai l’exemple d’une bénédiction de mariage pour poser la question du coût et de la répartition de la charge entre les divers partenaires.

15Pour calculer le coût d’un acte pastoral, il convient de prendre en compte des éléments de natures diverses et de les convertir en une unité de calcul que j’appellerai coût horaire. En effet, on ne peut se contenter du seul salaire de l’officiant pour calculer le coût, ni imaginer qu’un bénévole rendrait la chose gratuite. La possibilité qu’un acte soit célébré repose sur l’existence d’une infrastructure et sur la disponibilité de personnes au sein d’une organisation au service d’une mission, celle de la proclamation de l’Évangile, notamment dans les circonstances de vie à l’occasion desquelles un acte est sollicité. De ce fait, que celui-ci soit célébré par une personne rémunérée ou bénévole n’a pas d’incidence sur le coût généré. Je souligne également que ce calcul repose sur la modélisation d’une paroisse type de l’Église protestante unie de France (EPUdF) [12], dotée d’un poste pastoral. Elle n’existe pas dans la réalité, car elle est constituée sur la base d’une moyenne.

16Les données que j’exploite ci-dessous proviennent principalement des comptes financiers 2016 de l’EPUdF [13]. Je procède en trois temps : d’abord, j’établis le coût horaire de la rémunération d’un pasteur. Cette indication permet de voir que cela ne représente qu’une petite part de la charge d’une paroisse type qui est calculée ensuite. Elle sera également utile, enfin, pour valoriser le travail bénévole. En effet, si l’on veut avoir une vue d’ensemble, il convient de tenter d’évaluer la part non visible dans les comptes.

Calcul du coût horaire

Charges salariales directes

17Pour obtenir le coût horaire d’un ministre de l’EPUdF, je propose de prendre l’ensemble de la masse salariale des régions et de la diviser par le nombre de postes occupés. Ces données figurent clairement dans les comptes [14]. En revanche, les textes ecclésiaux ne définissent pas un temps de travail. Même si le statut des pasteurs n’est pas régi par le Code du travail, par analogie, je choisis d’appliquer la durée légale du travail (annualisation de la semaine de 35 h). On obtient ainsi un coût horaire type de 17,20 €, en rappelant que cela n’inclut que la rémunération directe. Les avantages en nature, qui constituent une autre part de la rémunération, sont intégrés dans les charges paroissiales (voir ci-dessous).

  • Masse salariale 2016 : 8 509 903 €.
  • Taux d’occupation des postes : 307,87 (équivalent temps plein).
  • Durée légale du travail : 1607 h/an.
  • Coût horaire salarial : 17,20 €.

Charges d’une paroisse type

18La charge financière d’une paroisse type de l’EPUdF comprend d’une part la contribution aux charges mutualisées [15], qui incluent la masse salariale indiquée ci-dessus, et d’autre part les charges locales. Pour modéliser une paroisse type, le calcul est simple : je divise la charge globale de l’EPUdF [16] par le nombre de paroisses [17]. Pour information, j’indique également la part des charges mutualisées [18].

  • Charges globales de l’EPUdF : 28 287 000 €.
  • Paroisses ayant une vie financière : 418.
  • Charge d’une paroisse type : 67 672 € (dont charges mutualisées : 42 835 €).

19Il s’agit ensuite de convertir cette charge type en coût horaire. Pour cela, je propose de diviser également la charge par le temps de travail légal d’une personne à plein temps. Ce choix est évidemment discutable. Il a pour but de rapporter l’ensemble des charges à la disponibilité d’une personne pendant un temps donné. Cela permet donc d’évaluer le coût de la mise à disposition de toute une organisation à travers le temps consacré par une personne à une demande d’acte.

  • Charge d’une paroisse type : 67 672 €.
  • Temps de travail légal : 1607 h/an.
  • Coût horaire (charges) : 42,10 €.

20Je signale que ce coût horaire type inclut les charges salariales, qui sont entièrement mutualisées et comptent des postes nationaux qui ne sont pas compris dans les 307 cités plus haut.

Inclure le bénévolat

21Le calcul du coût ne comprend pas uniquement des données financières. En effet, l’action de l’Église repose largement sur le bénévolat. Comme il ne fait pas l’objet d’une ligne budgétaire, il est évidemment plus difficile à évaluer. J’estime néanmoins qu’il est nécessaire de l’inclure. En effet, c’est en partie ce travail qui permet à l’Église de dégager la disponibilité d’une personne pour répondre à la demande d’acte.

22Des données précises ne sont pas disponibles à ma connaissance au plan national. La brochure Choisir la confiance évoque, pour l’ensemble de l’EPUdF, 10 000 animateurs et responsables [19], ce qui est de toute évidence un arrondi et ne comprend pas, en outre, l’évaluation du temps donné à l’Église. Je construis, avec prudence, l’hypothèse de travail suivante : la paroisse type compte 20 bénévoles œuvrant chacun une demi-journée (soit 4h) par semaine en moyenne, sur 40 semaines d’activité par an (relâche en été et pendant les vacances scolaires, sauf à Noël et à Pâques où un important bénévolat est requis).

  • Heures de bénévolat : 20x4x40 : 3 200 h.
  • Durée légale du travail : 1607 h/an.
  • Équivalent en poste à temps plein : 2 (arrondi de 1,99).

23On peut considérer ce résultat comme la mise en évidence du travail bénévole nécessaire au fonctionnement de l’Église et sans lequel le travail rémunéré serait sans objet. Il est donc approprié de le compter dans le coût de production de l’action ecclésiale. Ce calcul indique qu’une heure de travail en vue d’un acte accompli en Église locale repose sur deux heures de travail accompli par ailleurs dans la paroisse de manière bénévole et non rémunérée, et représente donc trois heures de travail réel.

24Si on applique la politique salariale qui prévaut pour les ministres (voir ci-dessus), le coût de deux heures de bénévolat équivaut à 34,40 € [20]. En l’ajoutant au coût horaire calculé d’après les charges, on obtient au total un coût horaire (légèrement arrondi) de 76,50 €.

  • Coût horaire (charges) : 42,11 €.
  • Valorisation du bénévolat : 34,40 €.
  • Coût horaire total : 76,50 €.

25Tel est donc le coût horaire de la mise à disposition d’une personne par l’Église pour répondre à une demande spécifique. Même si le mode de calcul comprend des approximations et des choix qui peuvent encore être mis à l’épreuve, ce résultat donne déjà quelques indications intéressantes. J’en relève deux. Premièrement, il se confirme que la rémunération directe du pasteur n’est qu’un aspect du coût : elle représente à peine plus d’un cinquième du coût global. Deuxièmement, le bénévolat constitue un apport considérable. Je l’ai évalué ici à plus de 40 % du coût horaire. Par ailleurs, d’autres éléments encore ne sont pas pris en compte dans ce coût, en particulier l’investissement personnel du pasteur et du demandeur d’acte. Je reviendrai sur ces éléments après avoir calculé le coût d’un acte.

Calcul du coût d’un acte : exemple d’une bénédiction de mariage

26Le coût horaire que j’ai déterminé me permet maintenant de calculer le coût d’un acte pastoral accompli en Église. Je prends l’exemple de la bénédiction d’un couple à l’occasion de son mariage. La préparation et la célébration de cet acte comprennent plusieurs types d’activités : des rencontres avec le couple, du temps de préparation, un peu de travail administratif et la célébration proprement dite, avec les rencontres informelles qu’elle occasionne. L’estimation du temps nécessaire à chacun de ces aspects suppose que la personne qui le prend en charge est formée et bénéficie d’une certaine pratique. Sans cela, le temps nécessaire serait beaucoup plus important.

  • 4h : trois rencontres de préparation ;
  • 1h : administration (contacts, organisation, transmission d’informations, suivi) ;
  • 8h : préparation (préparation des entretiens, de la liturgie et de la prédication) ;
  • 3h : célébration (incluant le temps de déplacement, d’accueil et de contacts à la sortie) ;
  • 16h : temps total.

27Nous pouvons ainsi établir le coût de la célébration à 1224 € (16 heures à 76,50 €). Sachant que certains éléments ont fait l’objet d’une estimation, on autorisera un arrondi à la centaine. Combien coûte une bénédiction de mariage au temple dans le cadre de l’EPUdF ? 1200 €.

28Comme je l’ai indiqué, il s’agit d’un coût moyen supposant une mutualisation complète des charges, ce qui n’est pas le cas dans la réalité. Le calcul des coûts réels aboutirait à une importante disparité, en raison de conditions différentes selon les cas : quelle est l’assiette financière de la paroisse ? Est-elle contributrice ou bénéficiaire de la solidarité ecclésiale ? Est-elle propriétaire de son lieu de culte et de locaux ? A-t-elle des charges salariales (secrétariat, conciergerie, etc.) ? Quel est le contexte de l’immobilier local ? Quels sont les frais de déplacement à prendre en compte ? Comment l’organiste est-il rémunéré ? La liste n’est pas exhaustive.

Ce qui n’est pas compté dans ce calcul

29La conversion des charges et du bénévolat en coût horaire souligne l’effort collectif qui permet à une personne désignée d’honorer la demande d’acte. En revanche, les critères de qualité et d’investissement personnel n’ont pas été pris en compte jusqu’ici. Accueillir une demande, accompagner des personnes, préparer et célébrer un acte sont autant d’actes qui requièrent une disponibilité importante et des aptitudes développées d’écoute, d’adaptation et d’interprétation, associées à une formation théologique et biblique approfondie. La « plus-value » que constitue la qualité de prise en charge n’est pas chiffrée.

30De plus, la manière dont l’Église choisit de répondre aux demandes exige également une disponibilité et un investissement (s’agissant d’une bénédiction de mariage) de la part du couple demandeur. La relation n’est pas unilatérale mais exige au contraire un échange et, au moins en partie, une collaboration dans la construction de la célébration. Cet aspect n’est pas non plus inclus dans le calcul du coût que j’ai opéré. Il convient donc de garder à l’esprit que le coût indiqué ne prend en compte qu’une partie des éléments de l’échange.

Qui supporte le coût ?

31En tenant compte de ce qui vient d’être dit, la question de déterminer qui supporte le coût d’un acte pastoral ou ecclésial permet de passer à un autre aspect de la lecture économique : celle du prix. En effet, calculer un coût n’est pas fixer un prix. Des critères ecclésiologiques devront être pris en compte, mais des indications sont déjà fournies par l’analyse qui précède.

32Le « prix à payer » ne se résume pas au transfert d’une somme d’argent contre un service. La structure même des charges mises en évidence le rend impossible. Cela n’invalide pas pour autant la possibilité d’une étude économique de la relation. En effet, « un échange ne comprend pas nécessairement une dimension monétaire. L’économie de façon plus générale étudie la rencontre de l’offre et de la demande [21] ». Voici quelques aspects de cette relation.

33Premièrement, les charges financières de l’Église sont couvertes par des dons. Une contribution éventuelle des demandeurs sera reçue et interprétée comme un don, y compris par l’administration fiscale française puisqu’il ouvrira la possibilité d’une réduction d’impôts.

34Deuxièmement, la mutualisation des charges implique que la relation ne saurait être comprise uniquement comme un échange personnel et local. Elle repose sur l’existence d’une infrastructure en bonne partie mutualisée.

35Troisièmement, la part prise par le bénévolat montre que l’échange ne peut se limiter à une contrepartie financière, qui, par définition, ne peut être équivalente au travail bénévole. Le bénévolat est une contribution dans laquelle la personne qui fournit un travail renonce à une rémunération financière au profit de l’avancement de la cause portée par l’organisation qui en bénéficie.

36Quatrièmement, par conséquent, la valorisation du bénévolat met en évidence une forme de dette qu’il n’est possible de rembourser qu’en s’investissant à son tour d’une manière ou d’une autre. Cela peut se produire en deux temps distincts : par l’investissement personnel du couple demandeur dans la préparation et la célébration d’une part, et par une inscription dans la durée de la relation à l’Église, d’autre part.

37Cinquièmement, il convient d’introduire un critère qualitatif. L’échange produit un surplus de valeur qui se mesure aussi dans la manière dont la préparation et la célébration sont à la fois la manifestation d’une dimension ecclésiale, par la permanence de formes et de références, et d’une dimension personnelle investie par les demandeurs, par les éléments de personnalisation qui s’inscrivent dans cette structure ecclésiale.

38Sixièmement enfin, le critère qualitatif est paradoxalement souligné par la faible part prise par la rémunération directe de l’agent ecclésial (le pasteur). Il n’est pas abusif, du point de vue économique, d’affirmer que l’organisation ecclésiale EPUdF ne rémunère pas ses agents en fonction de leur niveau de compétence, et que la « valeur » créée dans l’interaction entre le pasteur et le couple demandeur ressortit au bénévolat en ce qui concerne le pasteur aussi. La valorisation de la compétence ne se mesure pas au salaire mais à la contribution au but idéal.

Un « marché de niche » ?

39Fixer un prix suppose l’existence d’un marché, dans lequel la comparaison et la concurrence contribuent à la fixation du prix juste. Il est certain que le mariage constitue un marché important – pour la France, il est de plusieurs milliards d’euros par an –, mais qu’en est-il de la célébration religieuse ?

40Des acteurs indépendants proposent leurs services, en se positionnant également au plan spirituel [22]. On trouve sur la toile une multitude d’offres liées à l’organisation d’un mariage. Certaines incluent, voire se focalisent sur la célébration. Le secteur semble en plein développement, on y trouve même des offres de formation.

41En revanche, peut-on parler de concurrence en matière de célébration ecclésiale ? C’est sans doute le cas pour un segment du public concerné, mais les données manquent pour pouvoir le déterminer [23]. En tous les cas, rapportées au nombre de mariages en France (228 000 en 2017 selon l’INSEE), les célébrations ayant lieu dans le cadre de l’Église protestante unie sont très rares [24], de sorte que je ne pense pas que l’on puisse parler d’une forte attractivité, même si une partie des célébrations concernent des personnes, d’une part, assez éloignées de l’Église, et d’autre part, que dans leur grande majorité, les couples concernés ne sont pas formés de deux protestants. Tout au plus pourrait-on parler de marché de niche.

42Le couple contacte généralement un pasteur lorsqu’il a pris sa décision de demander une célébration religieuse protestante. En revanche, les motivations et les implications ne sont pas toujours clairement formulées. Des éléments divers s’entremêlent. Parmi ceux-ci, la dimension financière ne semble pas prépondérante. L’EPUdF, pour sa part, ne cherche pas particulièrement à promouvoir la bénédiction de mariages. Par exemple, elle n’est généralement pas présente dans les salons du mariage qui fleurissent un peu partout, contrairement à l’Église catholique qui s’y montre parfois. Elle ne cherche donc pas à s’emparer activement d’une part de marché ni à accroître celle-ci. Elle se contente de répondre à la demande.

43Il serait possible d’approfondir la question de l’ajustement de l’offre et de la demande en étudiant des aspects non financiers de la relation. En effet, le lieu de la célébration ou des éléments du déroulement font souvent l’objet d’une négociation. De même, la culture télévisuelle a un impact sur l’image que l’on se fait d’un mariage et par conséquent sur la formulation de la demande. De ce fait, on peut également considérer que l’Église prend sa place dans le marché en acceptant d’ajuster en partie son offre, mais aussi en travaillant à la clarification et à l’évolution de la demande initiale des personnes qui s’adressent à elle en vue d’une bénédiction.

Implications ecclésiologiques

44On peut envisager une relecture théologique des données recueillies et de leur interprétation économique sur plusieurs plans.

45Il n’est pas sûr que l’enquête économique dise quelque chose d’une théologie du mariage. Les dernières considérations sur le marché laissent à penser que le mariage n’occupe pas une place centrale dans la compréhension protestante de l’œuvre de Dieu en faveur de l’être humain. Toute circonstance de vie est une occasion de rendre grâce à Dieu et de s’en remettre à lui. Le mariage en est une, et l’EPUdF accueille la demande des couples qui font la démarche de s’adresser à elle. En revanche, elle n’est pas active dans la promotion de son offre. Cela suggère donc que le mariage peut être une occasion de manifester la présence et l’action de Dieu dans la vie humaine, mais qu’il n’en constitue pas un lieu nécessaire.

46L’enquête me semble fructueuse au plan ecclésiologique. Elle n’apporte pas forcément d’éléments nouveaux mais contribue à une meilleure compréhension de certains enjeux par un éclairage différent. Je reprends ici les six points relevés plus haut.

47Premièrement, en sollicitant et en interprétant les contributions financières comme des dons, l’Église ne se met pas seulement en conformité avec la loi. Elle affirme également que cette relation particulière – la préparation et la célébration d’une bénédiction de mariage – s’inscrit dans le but idéal qu’elle considère comme sa raison d’être. L’échange de service spécifique participe de la mission de l’Église et chacune des parties y contribue à sa mesure, l’organisation ecclésiale, la personne en charge (le pasteur), mais aussi les demandeurs.

48Deuxièmement, la mutualisation des dons, qui couvre des charges aussi bien locales que synodales, inscrit la relation spécifique dans la réalité de la vie ecclésiale. Une bonne information sur la structure de coût permet de manifester cette dimension d’une Église qui se veut à la fois presbytérale (locale) et synodale. L’événement ponctuel s’inscrit dans un projet durable, dans une institution qui le rend possible et le prolonge à la fois.

49Troisièmement, le bénévolat occupe une place décisive dans le dispositif ecclésial. Il est présent à tous les niveaux et dans presque toutes les activités. Il a évidemment une dimension économique : il permet à l’Église d’assurer une présence et une action bien plus larges que ne le permettrait le seul travail rémunéré. Mais il est aussi lié au statut de membre de l’Église et plus fondamentalement à la condition chrétienne telle qu’elle y est comprise. Le bénévolat manifeste le choix d’une gouvernance collégiale, mais aussi le fait que chacun est appelé à prendre part, à sa mesure, à la vie et à la mission de l’Église. Pour l’Église comme pour le croyant, la notion d’appel, ou de vocation, implique d’être à la fois destinataire et acteur de l’annonce de l’Évangile.

50Quatrièmement, la relation particulière s’inscrit dans la même perspective de participation à une œuvre commune. Cela peut expliquer que les situations où les demandeurs se comportent en consommateurs d’un produit préfabriqué sont assez mal vécues par les officiants. Une implication personnelle est attendue et souhaitée. De même, la demande de personnalisation, qui est assez généralisée aujourd’hui, peut être interprétée et accompagnée dans le cadre de la vision de l’Église et de la condition croyante que je viens d’évoquer et que la structure de coût manifeste.

51Cinquièmement, la préparation et la célébration d’une bénédiction de mariage inscrivent une dimension personnelle dans une forme ecclésiale. Ce n’est pas une concession, au contraire. C’est précisément en conjuguant ces deux aspects que la bénédiction manifeste la participation commune à l’annonce de l’Évangile, la « plus-value » ecclésiale de l’acte [25].

52Sixièmement, enfin, j’ai relevé un décalage entre la place déterminante que le pasteur prend dans la conduite et dans la mise en œuvre de l’acte ecclésial personnalisé, d’une part, et la proportion de la rémunération dans la structure de coût, d’autre part. En d’autres termes, la reconnaissance du travail des pasteurs est un lieu d’attention particulière pour l’Église [26]. Elle est formalisée par un statut particulier dont la rémunération constitue un des aspects seulement. L’ecclésiologie protestante repose notamment sur une articulation du sacerdoce universel, que nous avons formulé ci-dessus par le fait que chacun est à la fois destinataire et porteur de l’annonce de l’Évangile, et de ministères spécifiques, parmi lesquels celui de pasteur occupe une place particulière au service de cette même annonce et de la valorisation de la place que chacun est appelé à y prendre.

53À mon sens, la lecture économique de la structure de coût d’un acte apporte un double éclairage. D’un côté, elle montre que la relation ne saurait se résumer à un échange financier, ce qui vaut aussi pour la reconnaissance du travail accompli par le pasteur. La « valeur ajoutée » ne se mesure pas au salaire de l’agent. D’un autre côté, la faiblesse relative de la rémunération peut donner l’impression que l’importance accordée au ministère pastoral est partiellement contredite par la part qu’il prend dans la structure de coût. Toutefois, dans la mesure où cette question ne constituait pas le centre de notre démarche, cette impression signale une question à travailler plutôt qu’une conclusion.

54Le calcul du coût d’un acte repose sur l’hypothèse qu’une analyse économique de la relation entre un pasteur et un couple préparant la célébration de bénédiction de son mariage éclaire l’interprétation ecclésiologique que l’on peut en faire.

55J’aboutis à la conclusion qu’il est difficilement envisageable de procéder à une facturation des actes pastoraux. En dehors du fait que cela impliquerait un changement de régime juridique et fiscal qui affecterait l’ensemble de l’Église, cela introduirait une confusion majeure sur la nature de l’acte. Je rappelle encore une fois que la somme indiquée n’en détermine pas la valeur, mais que le calcul a pour finalité de montrer la structure de coût d’une organisation reposant sur les dons et la participation bénévole de ses membres et partenaires. L’indication chiffrée n’a de sens que si elle est accompagnée d’une information claire sur ces aspects. Loin de les occulter, l’analyse économique les a au contraire mis en évidence.

56J’espère avoir ainsi contribué à un possible dialogue entre sciences économiques et théologie pratique. Une approche méthodologique claire peut améliorer le regard porté sur cette discipline en débat et en évolution, problématiser des emprunts non réfléchis de concepts et de pratiques entrepreneuriales et éclairer de manière renouvelée les échanges qui constituent la vie ecclésiale.


Date de mise en ligne : 15/03/2019

https://doi.org/10.3917/etr.934.0631

Notes

  • [1]
    Pour comprendre le caractère domestique ou privé de l’économie dans l’Antiquité et le passage progressif au domaine public, voir notamment Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1983 (1961), en particulier le chap. ii, « Le domaine public et le domaine privé », p. 59-121.
  • [2]
    Voir 1 Co 4,1 ; Lc 16,1-8, etc.
  • [3]
    Voir Mt 20,1-16.
  • [4]
    Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, édition critique avec introduction, notes et variantes publiée par Jean-Daniel Benoît, Paris, Vrin, 5 vol., 1957-1963, livre III, xx, 1-2.
  • [5]
    Ibid., livre IV, xvii, 44.
  • [6]
    Cette position est vigoureusement défendue par Pierre Cahuc, André Zylberberg, Le négationnisme économique. Et comment s’en débarrasser, Paris, Flammarion, coll. « Champs actuel », 2017 (2016).
  • [7]
    Tel est le point de vue développé par Jean Tirole, Économie du bien commun, Paris, Presses universitaires de France, 2016, p. 165 sqq.
  • [8]
    Voir par exemple Thomas Porcher, Traité d’économie hérétique. En finir avec le discours dominant, Paris, Fayard, 2018.
  • [9]
    Voir J. Tirole, Économie du bien commun, op. cit., chap. 3, p. 95 sqq.
  • [10]
    L’Alliance réformée mondiale est l’une des deux organisations ayant ensuite constitué la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER – en anglais WCRC), qui a repris la déclaration d’Accra à son compte.
  • [11]
    Confession d’Accra, § 6. Voir http://wcrc.ch/fr/accra/la-confession-daccra (consulté le 26 avril 2018).
  • [12]
    Les textes de l’EPUdF disent « Église locale ou paroisse ». Cette formule désigne la communauté locale constituée en association cultuelle (loi 1905). Elle est issue de la rencontre du vocabulaire institutionnel luthérien, qui parlait de paroisse, et réformé, qui utilisait celui d’Église. Par commodité, je me limiterai à paroisse.
  • [13]
    Voir Église protestante unie de France, communion luthérienne et réformée, Actes du 5e Synode national, Lille, mai 2017. Le caractère public de cette source n’est pas totalement clair. Bien qu’ils doivent être publiés, les Actes des Synodes ne sont pas accessibles sur la partie publique du site Internet de l’EPUdF. Les Églises locales et les paroisses sont tenues de les conserver. Ils peuvent être consultés dans les bibliothèques des Facultés de l’Institut protestant de théologie.
  • [14]
    Voir EPUdF, Actes du 5e Synode national, p. 327. Les postes régionaux et les charges d’aumônerie, qui ne sont pas en charge des actes pastoraux, sont inclus. Il n’est pas nécessaire de les ôter puisque, la masse salariale étant diminuée en proportion, on aboutirait au même résultat.
  • [15]
    L’EPUdF est financée essentiellement par les dons dont la récolte est assurée par les paroisses. Celles-ci contribuent à leur mesure au budget régional, dont une part est reversée au budget national.
  • [16]
    Voir EPUdF, Actes du 5e Synode national, p. 289. On observe une variation entre le rapport du trésorier national et le rapport sur les comptes des Églises locales. Les écarts n’étant pas énormes et se compensant en grande partie au total, je me réfère aux données du rapport du trésorier national.
  • [17]
    Ibid., p. 329. L’EPUdF compte 418 Églises locales ou paroisses ayant une vie financière en 2016. Ce nombre ne correspond pas à l’ensemble des associations cultuelles qui en sont membres. Un certain nombre d’entre elles ont mis leurs ressources en commun, ce qui explique la différence.
  • [18]
    Ibid., p. 328.
  • [19]
    EPUdF, « Quelques chiffres », Choisir la confiance, 2017 (2015), p. 3.
  • [20]
    L’application du coût horaire salarial est une simplification et une sous-estimation, dans la mesure où la politique de rémunération comprend des avantages en nature qui ne sont pas inclus dans la masse salariale, en particulier le logement et les charges afférentes.
  • [21]
    J. Tirole, Économie du bien commun, op. cit., p. 71.
  • [22]
    Voir par exemple Jeltje Gordon-Lennox, Mariages. Cérémonies sur mesure, Genève, Labor et Fides, 2008. La dimension économique est très discrète. L’utilité d’un contrat écrit entre le célébrant et le couple est mentionnée dans une charte figurant en annexe, p. 231 sq.
  • [23]
    Pour obtenir des informations utiles, il conviendrait, par exemple, de connaître le nombre de mariages de protestants qui ne sont pas suivis d’une célébration religieuse, ou qui font l’objet d’une célébration dans une autre Église, mais aussi le nombre de célébrations concernant des couples non reliés préalablement à l’EPUdF. On se situe ici dans un champ de questionnement où l’économie et la sociologie se rencontrent.
  • [24]
    Je n’ai pas connaissance de statistiques consolidées émanant de l’EPUdF, mais le rapport semble de l’ordre de 1/200.
  • [25]
    Je relève toutefois que ces considérations sont à articuler avec la dimension rituelle de l’acte, qui suppose une permanence des formes.
  • [26]
    À cet égard, une zone grise économique demeure, celle des cadeaux offerts personnellement à l’officiant, en plus et à côté des dons faits à l’Église.

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