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Article de revue

La temporalité dans les recettes culinaires. De la « présentation » à la « représentation »

Pages 305 à 322

Notes

  • [1]
    L’instant qui coïncide avec le moment de l’énonciation.
  • [2]
    Les formes verbales complexes (composées de semi-auxiliaires ili « être, exister » ou ddu « aller, partir ») ne sont pas concernées par cette analyse. Seules les formes de base avec ou sans préverbes (la, da, ad…) sont prises en compte.
  • [3]
    La majorité des linguistes (Basset, 1929 ; Penchoen, 1973 ; Galand, 1977 ; Hebaz, 1979 ; Bentolila, 1981 ; Cadi, 1981 ; Chaker, 1983 ; Ouhalla, 1988 ; Boukhris, 1986, 1998, entre autres) voit dans le système verbal amazighe une opposition purement aspectuelle. Seul E.T. Abdel-Massih (1971) a étudié le système verbal (tamazight des Ayt-Ndir) d’un point de vue exclusivement temporel renvoyant à la division du temps dans les systèmes temporels, en passé, présent et futur, où le présent, moment de l’énonciation, est le centre de référence dans lequel le procès est lié par une relation déictique.
  • [4]
    Nous adoptons, à la suite de Gosselin (1996 : 180), le principe de la compositionnalité holiste (non atomiste) selon lequel : « l’ensemble des marqueurs de l’énoncé, et plus généralement du texte, interagissent les uns avec les autres pour déterminer leurs effets de sens ».
  • [5]
    Il existe deux autres thèmes, l’accompli négatif et l’inaccompli négatif qui n’ont pas d’existence fonctionnelle en synchronie (Chaker, 1997 : 2) et qui n’apparaissent que dans un contexte négatif. Pour Bentolila (1981 : 116), Galand (1977 : 288) et Penchoen (1973 : 42), l’accompli négatif (ou prétérit négatif) n’est qu’une variante de l’accompli conditionnée par l’adverbe de négation ur « ne... pas » ou l’une de ses variantes. Par ailleurs, le touareg présente un thème verbal supplémentaire formé sur celui de l’accompli (prétérit) : le thème de « prétérit intensif », marqué par un allongement vocalique. Ce thème est défini comme un « accompli résultatif » par Galand (1974 : 23). Il réfère à un état durable/stable par opposition à l’accompli qui renvoie à l’accomplissement unique et ponctuel d’un procès (Chaker, 1997 : 3).
  • [6]
    Le thème de l’aoriste permet de distinguer deux formes verbales qui ont la même racine consonantique : à partir d’une même racine consonantique, comme s par exemple, nous pouvons distinguer à l’aoriste plusieurs formes verbales distinctes : asi « prendre », as « convenir », asu « tousser ».
  • [7]
    L’aoriste est une forme qui ne connaît pas d’occurrence à l’initiale absolue d’un énoncé, il a besoin de la présence d’une autre forme verbale ou d’un morphème pour acquérir une valeur, ce qui explique sa dépendance syntaxique et la dénomination d’« enchaîné » par laquelle Bentolila puis d’autres linguistes ont l’habitude de le désigner. C’est dans le même sens que Leguil (1983a) affirme que l’aoriste ne peut apparaître qu’en position « appuyée ».
  • [8]
    Chaker (1997 : 186) affirme que l’inaccompli « est une ancienne forme dérivée (une « dérivation de manière », cf. D. Cohen 1968) à valeur durative ou itérative : sa formation à partir du thème primitif d’aoriste trahit immédiatement sa nature originelle de forme secondaire ».
  • [9]
    Dans certains parlers du Rif (Qarya, Aklim) et dans le parler de Figuig (Kossmann, 2000), on trouve, à côté de la particule ad, d’autres particules comme sa (d) et xa (d) qui sont probablement la forme abrégée de ∂xs ad « vouloir que ». Dans le dialecte tachelhite, l’aoriste peut être combiné aussi bien à rad qu’à ad. La première permet d’exprimer exclusivement le futur alors que ad sert à exprimer des valeurs modales ou aspectuelles. Par ailleurs, à côté de la particule préverbale la qui accompagne l’inaccompli en tamazight et en kabyle, on trouve d’autres particules préverbales, selon les parlers, comme les particules qa (/qay/aqqa) et ttuγa en rifain, et ar et da en tachelhite.
  • [10]
    La particule préverbale la, serait d’origine verbale d’après E. Laoust (1924), hypothèse à laquelle souscrivent également P. Galand-Pernet (1973-1979) et S. Chaker (1997 : 195). Ce dernier affirme que ce préverbe peut avoir pour origine le verbe ili « être » dont il pourrait être une forme réduite (y-lla « il est/existe » (y-lla > lla > la > a (?))) et qu’il se serait agi au départ d’un usage du verbe ili « être » en tant qu’auxiliaire d’actualité/concomitance, spécifiant l’existence actuelle et effective du procès.
  • [11]
    Cf. Chaker (1984 : 170).
  • [12]
    Le corpus a été constitué auprès de locuteurs marocains amazighophones résidant à Orléans (France). Il s’agit plus précisément du dialecte tamazight parlé au Moyen Atlas. Les enregistrements ont été recueillis entre 2008 et 2009 et présentent environ huit heures de son accompagnées de leur transcription. Pour améliorer la représentativité du corpus, nous avons diversifié les situations enregistrées (des entretiens en face à face, des conversations, des recettes de cuisine, des communications téléphoniques, des récits ou récits de vie, des descriptions de photos) ainsi que les catégories de locuteurs en différenciant sociologiquement les témoins par l’âge, le sexe, le niveau scolaire, la profession et les langues parlées. C’est un corpus de « données situées » : il contient, en plus des données primaires (les enregistrements de la parole), une riche documentation sur ces données et sur leur contexte de production. Pour plus de détails sur les étapes de la constitution du corpus et sur les aspects juridiques de celui-ci voir S. Moukrim (2010 : 26-116).
  • [13]
    Une forme verbale participe à l’expression du présent lorsque l’énoncé dans lequel elle est insérée est temporellement localisé au présent absolu et que le procès (ou une partie/phase du procès) est en contact avec le moment de l’énonciation (le dire coïncide avec le faire).
  • [14]
    Le type de procès est désigné sous différentes dénominations : aktionsart, mode d’action, modalité d’action, aspect lexical des verbes, typologie de procès…
  • [15]
    Avec les activités et les accomplissements, la forme [la+V-inac] exprime soit le présent actuel soit l’itération selon le contexte. Mais avec les états, les achèvements et les verbes de mouvement présentant une activité stative, cette forme n’exprime que l’itération (quel que soit le contexte).
  • [16]
    C’est du reste ce que Desclés & Guentcheva (1997) appelle ‘‘statif d’activité’’ (ex : l’avion est en vol). Associé intrinsèquement à un processus dynamique (l’avion vole), le ‘statif d’activité’ est à distinguer du ‘‘statif d’état’’ (ex : cet avion est confortable).
  • [17]
    Le phénomène de l’accompli du présent a été relevé en amazighe par un certains nombre d’auteurs : L. Galand, (1955), B. Hebaz, (1979), K. Cadi, (1997), entre autres. Il ne concernait que les verbes d’état/qualité.
  • [18]
    Directifs ou programmateurs.
  • [19]
    Les études relatives à ce sujet (Langages 141, 2001 ; Pratiques 111/112, 2001) ont permis de mettre en évidence les particularités de ces textes aux niveaux linguistique en français (fréquence de l’impératif et de l’infinitif, lexique spécialisé), énonciatif (anonymat partiel ou total, repères de l’énonciation effacés), typographique (forte segmentation typographique, numérotation, nature multisémiotique : texte et images ou photographies), etc.
  • [20]
    Certaines recettes de cuisine peuvent être considérées comme faisant partie d’un savoir commun (général) partagé par les membres d’une communauté linguistique. Elles sont à rapprocher des phrases sentencieuses, à savoir les proverbes, dictons, etc. cf. aussi Delvaroudi (2002) qui a rapproché les instructions des recettes de cuisine de la valeur omnitemporelle ou générique du présent. Les phrases génériques ont fait l’objet de nombreuses études, cf. Galmiche (1985), Kleiber ((1978), Anscombre (2002), entre autres.
  • [21]
    Le discours n’est jamais pur de toute représentation, ne serait-ce que la perception est elle-même une forme de représentation (Bouveresse, 1995 : 168), cité dans Gosselin (2005 : 211-212).
  • [22]
    Cf. Gosselin (2005, Introduction, § 3).
  • [23]
    Gosselin (1996, chap. 3 : 33) précise que ce qui distingue l’énoncé de la perception elle-même, c’est que dans l’énoncé, le processus perceptif se trouve libéré de l’exigence de la présence. La perception impose la présence (ici-maintenant) de l’objet perçu, i.e. la manifestation ici-maintenant de son existence phénoménale; l’énoncé donne à voir l’objet (qu’il re-présente) à un endroit et à un moment choisis par l’énonciateur, qui décide de parler de « ce moment-là » (correspondant à l’intervalle de référence), et dans un monde qui peut être aussi bien imaginaire et contrefactuel que réel.
  • [24]
    Rappelant qu’une forme verbale participe à l’expression du présent lorsque l’énoncé dans lequel elle est insérée est temporellement localisé au présent absolu et que le procès (ou une partie/phase du procès) est en contact avec le moment de l’énonciation (le dire coïncide avec le faire).
  • [25]
    Accompagné ou non de l’auxiliaire « ddu » (aller), comme dans (7), ex. : ddix ad ad zziks bbix dRi can id lmursu
  • [26]
    Pour Mettouchi (2002 : 340), la séquence [ad + Aoriste] peut avoir un emploi générique dans les recettes, modes d’emploi, etc. Elle précise que « cette valeur apparaît dans les contextes où un locuteur explique à un autre la façon de réaliser un acte, ou plus généralement une série d’actes, orientée vers la réalisation d’un objet fini, matériel ou immatériel ». L’auteur affirme que les étapes de réalisation en question ne sont pas associées à un moment précis et qu’elles peuvent être réitérées et reproduites. Cela peut être vrai pour les recettes que le locuteur présente oralement. Mais pour les recettes en direct, où le locuteur annonce et exécute en même temps, la forme verbale du futur en berbère tamazight ([ad + Aoriste]) est employée en termes d’intentionnalité : l’aspect intentionnel des actions correspond à la tâche que le locuteur est sur le point de réaliser (phase préparatoire) ou a commencé à réaliser (phase initiale).
  • [27]
    Pour sélectionner les phases initiale et finale du procès, on peut employer respectivement les auxiliaires « bdu » (commencer) ou « cmmel » (terminer, finir de...), en berbère tamazight.
  • [28]
    Certains verbes véhiculent de par leur sémantisme interne cette notion de quantification, comme par exemple les verbes assu (tousser), neggez (sauter/sautiller), etc. Ce type de verbes présente un procès complexe lui-même composé d’une série de procès semblables.

Introduction

1Chaque langue a sa propre sélection de notions grammaticalisées et sa manière spécifique de les organiser en un système (Lazard, 2006 : 10). Dans le cas de l’amazighe (berbère), le système verbal repose dans cette langue sur une opposition purement aspectuelle (aoriste, accompli, inaccompli). Pour exprimer des valeurs temporelles, plusieurs paramètres entrent en jeu.

2Dans ce papier, nous examinerons l’expression du temps « présent » [1] dans un genre particulier de discours, les recettes de cuisine. Nous allons voir que toutes les formes verbales de base [2] du tamazight peuvent participer à l’expression de la valeur temporelle du « présent actuel ». Ce qui constitue un argument de plus en faveur du caractère aspectuel (non temporel) du système verbal de cette langue [3]. Nous dégagerons également les paramètres qui interviennent dans le choix de telle ou telle forme.

3Dans ce qui suit, nous commencerons par une brève présentation du système verbal de l’amazighe (section 1) pour passer ensuite à l’identification des formes verbales participant [4] à l’expression du « présent », en fonction du type de procès (section 2). La troisième section sera consacrée à la « recette de cuisine », un genre faisant partie des discours procéduraux, avant d’examiner enfin la relation entre les formes participant à l’expression du présent dans ce type de discours et l’aspect phasal, en exploitant les deux notions de Présentation et de Représentation (section 4).

1. Le système verbal de l’amazighe

4A. Basset (1952) a été le premier à identifier la nature aspectuelle et non temporelle des oppositions fondamentales du système verbal amazigh. Cette conception aspectuelle est désormais admise par la totalité des berbérisants (Penchoen, 1973 ; Galand, 1977 ; Bentolila, 1981 ; Cadi, 1981 ; Chaker, 1983 ; Leguil, 1987 ; Ouhalla, 1988, entre autres). Il est également admis, à la suite de Basset (1929, 1952), que le système verbal berbère repose sur une opposition ternaire mettant en présence trois thèmes verbaux : aoriste, accompli (prétérit), inaccompli (aoriste intensif) [5]. Ces thèmes reçoivent plusieurs appellations selon les auteurs :

Cadi (1987)Thème IThème IIThème III
Basset (1929)AoristeAoriste intensifPrétérit
Galand (1977)AoristeInaccompliAccompli
Hebaz (1979)AoristeExtensifPrétérit
Prasse (1972-74)ImparfaitImparfait intensifParfait
Sudlow (2001)ImperfectiveCursivePerfectif
tableau im1

5Nous adopterons ici la terminologie de Galand (1977) aoriste, accompli et inaccompli, et présenterons ci-dessous les trois paradigmes de conjugaison en amazighe, en prenant à titre d’illustration le verbe amz « tenir » :

AoristeAccompliInaccompliGlose
amz-xumz-xttamz-x« je- tenir »
« tu- tenir »
t- amz -tt- umz -tt- ttamz -t« il- tenir »
y- amzi- umzi- ttamz« elle- tenir »
t- amzt- umzt- ttamz« nous- tenir »
n- amzn- umzn- ttamz« vous- tenir
t- amz -mt- umz -mt- ttamz -m(masc.) »
t- amz -mtt- umz -mtt- ttamz -mt« vous- tenir
amz – numz -nttamz -n(fem.) »
amz -ntumz-ntttamz -nt« ils- tenir »
« elles- tenir »
tableau im2

6Le thème de l’aoriste est considéré par les linguistes comme une forme « non marquée » (Basset [1952 : 14], Penchoen [1973 : 42], Galand [1977 : 298], entre autres). Pour Bentolila (1981 : 116), l’aoriste est la « forme nue » du verbe [6]. Il n’exprime en lui-même aucune valeur temporelle, aspectuelle ou modale et est, de ce fait, polyvalent et déterminé par le contexte. Il ne peut apparaître seul dans un énoncé. Il est soit précédé de la particule ad pour exprimer une valeur future, modale ou complémentaire selon le contexte, soit précédé par une autre forme verbale « marquée » pour revêtir la valeur conférée par cette dernière [7].

7Quant à l’accompli et à l’inaccompli[8], il est généralement admis que le premier est employé pour désigner une action achevée dans le passé, tandis que le second est utilisé pour dénoter une action habituelle, durative, itérative ou modale.

8Dans le parler étudié (tamazight du Moyen Atlas), les thèmes de l’aoriste et de l’inaccompli peuvent être accompagnés des particules préverbales ad et la (ou sa variante da). La tradition berbérisante a longtemps considéré ad comme la marque du futur. Quant aux travaux les plus récents, ils hésitent entre aspect (Penchoen, 1973 ; Chaker, 1984, 1995) et modalisation (Bentolila, 1981) [9]. Quant à la particule préverbale la[10], elle se combine avec l’inaccompli pour donner à cette forme verbale la valeur de déroulement concomitant, co-incidant, synchrone (= « en train de ») [11].

2. L’expression du « présent » en fonction du « type » de procès

9Dans Moukrim (2009 et 2010), nous avons, à partir d’un corpus authentique et situé [12], identifié plusieurs formes verbales comme participant [13] à l’expression du « présent actuel ». Nous avons remarqué que, dans les énoncés temporellement localisés au « présent », le type de procès [14] joue un rôle principal dans la détermination de la forme du verbe qui participe à l’expression du « présent ».

10Nous avons adopté comme modèle d’analyse, celui de la Sémantique de la Temporalité (SdT) de Gosselin (1996), qui, partant de la classification de Vendler (1967), analyse les quatre types de procès comme une succession de situations et de changements :

figure im3

11 État : situation stable (sans changement). Gosselin distingue l’état nécessaire (situation stable sans début ni fin) et l’état contingent qui est une situation stable avec début et fin. Ces derniers n’appartiennent pas au procès lui-même, ce sont des délimitations extrinsèques.

figure im4
figure im5

12Activité : série de changements prise comme stable : comme une situation ayant un début et une fin (non impliqués par le procès).

figure im6

13Accomplissement : série de changements prise comme stable, mais dont le début et la fin sont perçus comme appartenant au procès lui-même.

figure im7

14Achèvement : changement atomique

figure im8

15L’analyse des données avait montré que les accomplissements et les activités expriment le présent actuel par la forme verbale, composée du préverbe la (ou sa variante da) et du verbe à l’inaccompli [la+V-inac] – à l’exception de certains verbes de mouvement qui le rendent par la forme du verbe à l’accompli [V-acc]. Quant aux états et aux achèvements, ils l’expriment par la forme du verbe à l’accompli [V-acc] comme présenté dans le tableau suivant :

Les formes verbales qui participent à l’expression du présent en tamazight en fonction du type de procès

la+V-inacV-accompliExemples
Accomplissementsoui-2
Certains V-mouv-oui3
Activitésoui-1
Achèvements-oui5
États-oui4
Les formes verbales qui participent à l’expression du présent en tamazight en fonction du type de procès

Les formes verbales qui participent à l’expression du présent en tamazight en fonction du type de procès

16D’une autre manière, lorsque le procès a pour configuration (structure interne) une série de changements (activités et accomplissements), c’est la forme [la+V-inac] [15] qui exprime le présent actuel en tamazight. Mais lorsque le procès ne présente pas une série de changements (états : absence de changements ; achèvements : changement atomique), c’est la forme verbale de l’accompli [V-acc] qui coïncide avec le présent actuel en tamazight (voir les exemples 4 et 5).

17

(1) la sawal-x [dRi] !
prv je-parler-inac (en ce moment)
« je parle (en ce moment) ! »/ « je suis en train de parler ! »

18

(2) (…) la y-ttaru tabratt [dRi]
prv il-écrire-inaccompli la/une lettre (en ce moment)
« (…) Il écrit une lettre (en ce moment) »/ « (...) il est en train d’écrire une lettre »

19Toutefois, certains verbes de mouvement font exception. Bien qu’ils présentent une série de changements, ils expriment le présent actuel, non pas par la forme [la+V-inac], mais par la forme de l’accompli [V-acc] comme il apparaît clairement dans l’exemple qui suit :

20

(3) i-dda d Moha g ubrid (dRi) !
Il-venir-acc. vers ici Moha dans la route (en ce moment)
« Moha est en route (en ce moment) ! »

21Nous avons essayé de voir pourquoi les verbes de mouvement rendent parfois le présent actuel par la forme de l’accompli [V-acc] au lieu de celle de l’inaccompli [la+V-inac]. Et nous sommes arrivée au résultat suivant :

22Les verbes de mouvement ont pour configuration une série de changements. Lorsque ces changements internes sont pris en compte (dynamiques / saillants), ils rendent le présent par la forme [la+V-inac]. Mais lorsque ces changements sont ignorés (non saillants / statifs) [16], leur structure interne se rapproche de celle des états (qui présente une absence de changements) et rendent ainsi le présent – comme les états – par la forme [V-acc].

23Par ailleurs, nous avons été surprise de voir que pour un grand nombre de verbes (états et achèvements), c’est la forme de l’accompli qui rend le présent actuel, et nous nous sommes posée les questions suivantes :

24Pourquoi les états et les achèvements expriment-ils le présent par la forme du verbe à l’accompli ? Qu’est ce qui est accompli dans les états et les achèvements ?

25En fait, ce qui est accompli dans les états (contingents), c’est la borne initiale, c’est l’entrée dans l’état. Dans l’exemple suivant, c’est l’entrée dans l’état « fatigue » qui est accompli :

26

(4) i-wḥel Moha (dRi) !
il-être fatigué-acc. Moha (en ce moment)
« Moha est fatigué (en ce moment) ! »

27Quant aux achèvements, présentant un changement atomique (momentané), nous considérons que ce qui est accompli dans ce type de procès, c’est la borne finale (ou les deux bornes puisqu’elles sont infiniment proches). Et on se retrouve donc dans l’état résultant, comme il est illustré dans l’exemple suivant :

28

(5) ufi-x tasarutt (dRi) !
je-trouver-acc. la clef (en ce moment)
« J’ai trouvé la clef (en ce moment) ! »

29En effet, pour les états (contingents) et les achèvements, il faudrait qu’il y ait entrée dans l’état pour parler de « présent » :

ACCOMPLI -PRÉSENT
ÉTATS (contingents)Borne initiale :
ENTRÉE DANS L’ÉTAT
ACHÈVEMENTSBorne finale :
ENTRÉE DANS L’ÉTAT résultant
tableau im10

30Ainsi, à partir de données empiriques et situées, nous avons montré que l’expression du présent actuel par la forme de l’accompli n’est pas une exception comme il a été souvent avancé par la plupart des auteurs qui ont travaillé sur l’amazighe [17]. Nous avons trouvé que les deux formes verbales [la+V-inac] et [V-acc] se partagent les verbes : le présent des activités et des accomplissements est rendu par la forme [la+V-inac] et celui des états et des achèvements par la forme de l’accompli [V-acc]. Et encore plus, c’est cette dernière qui rend le présent des verbes de mouvement (considérés comme activités ou accomplissements) lorsque leurs changements internes sont ignorés. Ainsi ont été clairement identifiés les types de verbes touchés par ce phénomène.

31Jusqu’à présent, nous avons pu identifier deux formes verbales comme participant à l’expression du présent actuel en tamazight : [la+V-inac] et [V-acc]. Cependant, l’examen d’un genre particulier de discours, les recettes de cuisine, nous a permis d’en découvrir une troisième. C’est ce que nous allons voir dans les sections suivantes.

3. La « recette de cuisine » : un genre particulier de discours

32La recette de cuisine est un genre de discours qui fait partie des discours procéduraux, injonctifs ou instructionnels [18]. Les linguistes et didacticiens les appellent textes injonctifs ou instructionnels en raison des actes de discours constitutifs, les psychologues parlent plutôt de textes procéduraux en raison du contenu des actions enchaînées.

33Cette dernière dénomination vient de procédure qui désigne « l’ensemble des procédés successifs utilisés dans la conduite d’une opération technique ou scientifique complexe » (Grand Robert). J.-M. Adam (2001a) propose de remplacer la catégorie des textes procéduraux, selon lui trop vague, par textes d’incitation à l’action ou « textes qui disent de et comment faire ».

34Les textes procéduraux [19] (recettes de cuisine, modes d’emploi, normes rédactionnelles, etc.) ne se présentent pas sous forme de textes continus, mais d’énumérations, dans un ordre essentiellement chronologique, d’instructions. Et ils ne sont qu’« allocutifs » (Kerbrat-Orecchioni, 1998 : 17) puisqu’aucune réaction verbale de la part de l’interlocuteur n’est prévue. Les textes procéduraux sont des textes directifs qui, par définition, incitent à l’action (Manno, 2009 : 142). Leur fonction est d’assister, de faciliter et de guider la réalisation d’une tâche complexe pour le sujet qui le souhaite, ou qui est chargé de l’accomplir (Adam, 2001a : 12).

35Delveroudi (2002), qui a étudié la valeur injonctive du présent de l’indicatif en français, en distingue deux nuances : nuance d’« ordre strict » (ex. Tu fermes ton livre et tu viens ! (Wagner & Pinchon 1991 : 366)) et nuance d’« instructions à suivre et de règle générale » (injonction « atténuée »). Cette dernière regroupe les énoncés tenant lieu d’instructions à suivre :

36

(6) Alors avant de commencer, tu vérifies que tu es au point mort...
FMIM, « la Leçon de conduite », p. 1

37Delveroudi (2002 : 21) précise que ce type d’énoncé présente une certaine ambiguïté (injonction vs règle générale) et que le contexte extralinguistique dans lequel s’inscrit l’énoncé est un facteur déterminant pour son interprétation exacte. En effet, prononcé hors situation, l’énoncé (4) donne des instructions générales destinées à toute personne désirant apprendre à conduire une voiture (règle générale), mais si le contexte est un père assis à droite dans la voiture, apprenant à son fils à conduire, l’interprétation bascule nécessairement du côté de l’injonction. C’est le cas également, selon l’auteur, des instructions d’intérêt touristique, d’utilisation d’un appareil, ou de recettes de cuisine :

38

(7) Et vous faites revenir à feu doux ! (...) et vous servez avec de la sauce vinaigrette !
BVO 26

39Pour Delveroudi, dans ce type d’énoncé, « les procès ne sont pas localisés temporellement et sont validables dans n’importe quelle situation ». Ils ont une valeur de « règle générale ». Ainsi l’énoncé (7) peut être paraphrasé par : si vous voulez préparer ce mets, il faudra... ou encore : chaque fois que vous voulez préparer ce mets, il faudra... : « L’énonciateur expose simplement une probabilité, décrochée totalement du moment de l’énonciation ». Ce qui, selon l’auteur, rapproche ce type d’énoncés de la valeur omnitemporelle ou générique du présent.

40De son côté, Gerbe (2006 : 444) considère que le présent dans le discours procédural est « prototypant » : dans les descriptions procédurales à l’oral (notamment les recettes de cuisine), l’événement « n’est pas raconté comme fictionnel et historique (ce qui serait le cas avec le présent de narration, très commun à l’oral) mais devient prototypique : le schéma d’action est similaire dans tous les cas (...). L’événement décrit reste en attente d’actualisation ».

41Dans ce travail, nous avons analysé, non pas des recettes de cuisine à l’oral, mais des recettes de cuisine (en direct) que le locuteur présente en même temps qu’il les prépare. Lors du recueil de ces recettes, nous avons pris le soin d’annoter toutes les séquences où le dire coïncide avec le faire, ce qui nous a permis de distinguer les formes verbales qui rendent le présent de celles qui rendent le futur, le passé ou l’atemporel [20].

42Pour le traitement des formes verbales participant à l’expression du présent dans ces recettes de cuisine, nous avons eu recours aux deux notions (deux régimes discursifs) de présentation et de représentation telles qu’elles ont été développées dans Gosselin (2005). Le discours de présentation suppose la présence des objets et des événements présentés. Il entre en corrélation avec le processus cognitif de perception et sert essentiellement à montrer (diriger l’attention perceptive) et à catégoriser les objets ainsi que les états et les changements qui les affectent au fur et à mesure de leur déroulement temporel (Gosselin 2005 : 211), en effet, « la temporalité du sujet énonciateur et celle des objets et des événements sont « couplées » (...) la présentation [21] se situe perpétuellement dans le présent ».

43Quant au discours de représentation, il prend appui sur le processus cognitif de représentation de ce qui est absent [22]. Pour Gosselin (2005 : 212), le discours de représentation « suppose un ‘‘découplage’’ de la temporalité du sujet de celle de l’objet et des événements, qui de ce fait, doivent être linguistiquement situés dans le temps (qui comprend le passé et le futur) ».

44Dans notre corpus, nous avons distingué des situations que l'on peut ramener à deux grands types de configurations :

45

  • La présence des objets et des événements : « temporalités couplées » (présentation) ;
  • L’absence des objets et des événements : « temporalités découplées » (représentation).

46C’est le premier type de configuration (temporalités couplées) que nous avons analysée dans les recettes de cuisine en direct sur lesquelles nous avons travaillé. Ce genre de discours se présente sous forme d’actions enchaînées ou de procédés successifs utilisés pour la réalisation du mets en question.

4. L’expression du « présent » dans les recettes de cuisine (en direct)

47Dans les recettes de cuisine en direct, les formes verbales sont identifiées comme participant à l’expression du présent lorsque la temporalité du sujet et celle des objets et des événements sont couplées. Dans ce genre de discours (de présentation), le locuteur dirige l’attention perceptive de l’interlocuteur en plaçant les objets, ainsi que les états et les changements qui les affectent sous ses yeux par l’utilisation de circonstanciels temporels comme dRi (maintenant) ; des présentatifs comme ha (voilà), wad... (celui-ci), tad... (celle-ci), etc.

48Le présent actuel est par excellence le temps de la présentation, le temps des temporalités couplées. Il correspond au « présent perceptuel » [23]. Ce type de temporalités a été repéré dans la séquence d’énoncés suivante :

49

(8) BZ : (...) dRi ha ha han illa Rurx (...) uksumad aksum n lRnmi (...)
Maintenant voilà il-existe-acc chez-nous EA-viande EL-viande de l’agneau (...)
« Maintenant, voilà, nous avons de la viande d’agneau (...) »

50

(9) ddix ad ad zziks bbix dRi can id lmursu (...)
Je-aller-acc prv-fut de-lui je-couper-aor maintenant quelque-de les morceaux (...)
« Maintenant je vais en couper quelques morceaux (...) »

51

(10) ad bbix dRi, hayi da tbbix hakkak (...)
prv-fut je-couper-aor maintenant voilà-moi prv je-couper-inac comme ça (...)
« Je coupe maintenant, (me voilà /) je suis en train de couper, comme ça ! (...) »

52

(11) dRi bbix rb3a n-id lmursu n euh n uksum n lRnmi ad ten sirsx g ṭṭajin (...)
Maintenant je-couper-acc quatre de les morceaux de (euh) de EA-viande de agneau prv-fut eux je-poser-aor dans le tajine
« Maintenant, j’ai coupé quatre morceaux de viande d’agneau, je les mets dans le tajine (...) »

53

(12) (...) dRi lbutta, sttawil ad t-nssiR, hat ssiqq dRi lbutta, hayi ssiqq-t (...)
Maintenant la gazinière doucement prv-fut elle je-allumer-aor voilà je-allumer-acc maintenant la gazinière voilà-moi je-allumer-acc elle (...)
« Maintenant, attend, je vais allumer/j’allume la gazinière, voilà je l’ai allumée, maintenant j’ai allumé la gazinière (...) »

54

(13) (...) ad zaydx dRi yut n snat n tRnjawin n zzit tabldit
Prv-fut je-ajouter-aor maintenant une de deux de les cuillères de l’huile d’olive
« Maintenant je rajoute deux cuillères d’huile d’olive. »

55

(14) zzit tabldit da as takka yut n (euh yut n euh n) en-neRma iziln bzzaf, han yut han tissnat hakkak a(d) nhrrec dRi (...)
L’huile d’olive prv à lui elle-donner-inac une de (euh une de euh de) goût il-être bon-part beaucoup voilà une voilà la deuxième comme ça prv-fut on-remuer-aor maintenant (...)
« L’huile d’olive lui donne un très bon goût, voilà une (cuillère), la deuxième, comme ça, on va remuer maintenant. »

56

(15) a(d) n3dl i wzalim (...) a(d) nasy attayn n rb3a n tẓalimin, mc nufa aẓalim umlil ag ziln i-ṭṭajin (...)
Prv-fut nous-préparer-aor aux EA-oignons (...) prv-fut nous-prendre-aor environ de quatre de oignons si nous-trouver-acc EL-oignons blancs qui être bon pour le tajine (...)
« Nous allons préparer les oignons, nous allons prendre environ quatre oignons, si on trouve des oignons blancs, ils sont meilleurs pour le tajine (...) »

57

(16) mcmẓẓiynt daten-nggar gṭṭajin llantmunent (...)
Si elles-être petites-acc prv elles nous-jeter-inac dans le tajine elles-exister/être-acc elles-être entières-acc (...)
« si ils sont petits, on les met entiers. »

58

(17) ad asix lmqrac, hayi fṛṛeqq (...)
Prv-fut je-prendre-aor la bouilloire voilà-moi je-verser-acc (...)
« Je prends la bouilloire, je verse dedans (...) »

59Dans ces séquences d’énoncés, l’enquêtée est en train de préparer une recette de cuisine (le tajine) qu’elle présente au fur et à mesure. En effet, les temporalités du sujet, des objets et des événements sont couplées. Dans le corpus des recettes de cuisine en direct, nous avons relevé, non pas deux, mais trois formes verbales participant à l’expression du présent : en plus des deux formes déjà identifiées dans la section 2, [la +V-inac] et [V-acc], une nouvelle forme a été identifiée, la forme verbale [ad-aoriste], utilisée par le locuteur pour rendre le « présent ». Ainsi, les trois formes du tamazight [ad + Aoriste], [la/da + inac] et [V-acc] peuvent participer à l’expression du présent actuel. On s’est demandé encore une fois, quels sont les paramètres qui interviennent dans le choix de telle ou telle forme dans ce genre de discours (culinaires) ?

60Dans les recettes de cuisine en direct, nous avons trouvé que la forme verbale [ad +Aoriste], généralement employée pour exprimer le futur ou l’éventuel, peut participer à l’expression du présent actuel [24] et ce lorsque le locuteur sélectionne la phase initiale du procès pour en faire l’objet de sa prédication. Autrement dit, lorsque la borne initiale du procès coïncide avec le moment de l’énonciation.

61L’aspect de ‘phase’ sous lequel est présenté un procès « est le résultat d’une opération de sélection d’une partie (phase) du temps constitutif de ce procès » (Gosselin, 2009 : 1). Cette opération est nécessairement complémentaire du « repérage temporel », comme le précise Brunot (1922 : 440) qui indique que ce n’est pas le procès pris globalement qui se trouve temporellement localisé, mais seulement la partie qui en est sélectionnée.

62La structure phasale du procès englobe, en plus du découpage classique de ‘l’aspect interne’ en trois phases (début, milieu, fin), les phases préparatoire et résultante du procès. On obtient donc une structure organisée en cinq phases, illustrées par Gosselin (2009 : 2) comme suit :

figure im11

63Dans les recettes de cuisine en direct, nous avons constaté que le locuteur ne se contente pas de sélectionner l’une des phases (préparatoire, initiale, médiane...) du procès pour en faire l’objet de sa prédication, mais sélectionne plusieurs phases l’une après l’autre en commençant par la phase préparatoire, puis la phase initiale, en passant par la phase médiane, puis la phase finale, dans la plupart des cas, et en terminant par la phase résultante, comme en témoigne les verbes en gras dans la séquence d’énoncés (7, 8 et 9) reprise ci-après. Les formes verbales soulignées ont été temporellement localisés au présent absolu (le dire coïncidait avec le faire).

Phase préparatoire :

64

ddix ad ad zziks bbix dRi can id lmursu (...)
Je-aller-acc prv-fut de-lui je-couper-aor maintenant quelque-de les morceaux (...)
« Maintenant je vais en couper quelques morceaux (...) »

Phase initiate :

65

ad bbix dRi
prv-fut je-couper-aor maintenant « je coupe, maintenant (…) »

Phase médiane :

66

(…) hayi da tbbix hakkak (...)
(…) voilà-moi prv je-couper-inac comme ça (...)
« (…) (me voilà) je suis en train de couper, comme ça ! (...) »

Phase finale / résultante :

67

dRi bbix rb3a n-id lmursu n euh n uksum n lRnmi
Maintenant je-couper-acc quatre de les morceaux de (euh) de EA-viande de agneau
« Maintenant, j’ai coupé quatre morceaux de viande d’agneau »

Phase préparatoire/initialePhase médianePhase finale/résultante
ad bbix (ad + Aoriste)
je vais couper/ je coupe
da tbbix (da/la + inac)
je suis en train de couper
bbix (acc)
j’ai (fini de couper/) coupé
tableau im12

68Dans les recettes en direct, l’enquêteur commence par annoncer l’action qu’il va accomplir. Lorsqu’il sélectionne la phase préparatoire ou la phase initiale pour en faire l’objet de sa prédication, c’est la forme verbale généralement utilisée pour exprimer le futur ou l’éventuel ([ad+Aoriste]) [25] qu’il emploie pour exprimer le présent actuel [26]. Lorsqu’il sélectionne la phase médiane, il utilise la forme verbale [la/da+Inac], que nous avons déjà identifiée comme exprimant le présent actuel des activités et des accomplissements. Et enfin, lorsqu’il sélectionne la phase finale ou la phase résultante, c’est la forme [V-acc], déjà identifiée comme exprimant le présent des états et achèvements qu’il emploie [27].

69Par ailleurs, dans certains énoncés où le locuteur sélectionne la phase initiale du procès pour en faire l’objet de sa prédication, celui-ci emploie la forme verbale [ad+Inac] au lieu de la forme [ad+Aoriste] et notamment lorsque le procès présente une itération ou une répétition [28] comme dans la séquence suivante :

70

(18) (…) ad ttḥerrac-x dRi all yali
« (…) Je fouette (maintenant) jusqu’à ce qu’elle monte » (la mayonnaise)

Formes verbales participant à l’expression du « présent » en fonction de la ‘phase’ du procès

Phases du procès
Préparatoire/ initialemédianeFinale/ résultante
Formes verbales[ad+aoriste][la+inac][V-acc]
« présent »[ad+inac]
Formes verbales participant à l’expression du « présent » en fonction de la ‘phase’ du procès

Formes verbales participant à l’expression du « présent » en fonction de la ‘phase’ du procès

Conclusion

71Toutes les formes verbales de base du tamazight peuvent participer à l’expression du présent en fonction du ‘‘type’’ et de la ‘‘phase’’ du procès sélectionnés. Ce sont ces derniers qui déterminent la forme sous laquelle peut apparaître le verbe participant à l’expression du « présent » dans cette langue. En effet, ce qui est localisé dans le temps, ce n’est pas le procès pris globalement, mais seulement la partie du procès qui se trouve sélectionnée i.e. l’une des phases du procès qui constitue l’objet de la prédication (préparatoire, initiale, médiane, finale, résultante).

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Date de mise en ligne : 11/02/2020

https://doi.org/10.3917/edb.039.0305

Notes

  • [1]
    L’instant qui coïncide avec le moment de l’énonciation.
  • [2]
    Les formes verbales complexes (composées de semi-auxiliaires ili « être, exister » ou ddu « aller, partir ») ne sont pas concernées par cette analyse. Seules les formes de base avec ou sans préverbes (la, da, ad…) sont prises en compte.
  • [3]
    La majorité des linguistes (Basset, 1929 ; Penchoen, 1973 ; Galand, 1977 ; Hebaz, 1979 ; Bentolila, 1981 ; Cadi, 1981 ; Chaker, 1983 ; Ouhalla, 1988 ; Boukhris, 1986, 1998, entre autres) voit dans le système verbal amazighe une opposition purement aspectuelle. Seul E.T. Abdel-Massih (1971) a étudié le système verbal (tamazight des Ayt-Ndir) d’un point de vue exclusivement temporel renvoyant à la division du temps dans les systèmes temporels, en passé, présent et futur, où le présent, moment de l’énonciation, est le centre de référence dans lequel le procès est lié par une relation déictique.
  • [4]
    Nous adoptons, à la suite de Gosselin (1996 : 180), le principe de la compositionnalité holiste (non atomiste) selon lequel : « l’ensemble des marqueurs de l’énoncé, et plus généralement du texte, interagissent les uns avec les autres pour déterminer leurs effets de sens ».
  • [5]
    Il existe deux autres thèmes, l’accompli négatif et l’inaccompli négatif qui n’ont pas d’existence fonctionnelle en synchronie (Chaker, 1997 : 2) et qui n’apparaissent que dans un contexte négatif. Pour Bentolila (1981 : 116), Galand (1977 : 288) et Penchoen (1973 : 42), l’accompli négatif (ou prétérit négatif) n’est qu’une variante de l’accompli conditionnée par l’adverbe de négation ur « ne... pas » ou l’une de ses variantes. Par ailleurs, le touareg présente un thème verbal supplémentaire formé sur celui de l’accompli (prétérit) : le thème de « prétérit intensif », marqué par un allongement vocalique. Ce thème est défini comme un « accompli résultatif » par Galand (1974 : 23). Il réfère à un état durable/stable par opposition à l’accompli qui renvoie à l’accomplissement unique et ponctuel d’un procès (Chaker, 1997 : 3).
  • [6]
    Le thème de l’aoriste permet de distinguer deux formes verbales qui ont la même racine consonantique : à partir d’une même racine consonantique, comme s par exemple, nous pouvons distinguer à l’aoriste plusieurs formes verbales distinctes : asi « prendre », as « convenir », asu « tousser ».
  • [7]
    L’aoriste est une forme qui ne connaît pas d’occurrence à l’initiale absolue d’un énoncé, il a besoin de la présence d’une autre forme verbale ou d’un morphème pour acquérir une valeur, ce qui explique sa dépendance syntaxique et la dénomination d’« enchaîné » par laquelle Bentolila puis d’autres linguistes ont l’habitude de le désigner. C’est dans le même sens que Leguil (1983a) affirme que l’aoriste ne peut apparaître qu’en position « appuyée ».
  • [8]
    Chaker (1997 : 186) affirme que l’inaccompli « est une ancienne forme dérivée (une « dérivation de manière », cf. D. Cohen 1968) à valeur durative ou itérative : sa formation à partir du thème primitif d’aoriste trahit immédiatement sa nature originelle de forme secondaire ».
  • [9]
    Dans certains parlers du Rif (Qarya, Aklim) et dans le parler de Figuig (Kossmann, 2000), on trouve, à côté de la particule ad, d’autres particules comme sa (d) et xa (d) qui sont probablement la forme abrégée de ∂xs ad « vouloir que ». Dans le dialecte tachelhite, l’aoriste peut être combiné aussi bien à rad qu’à ad. La première permet d’exprimer exclusivement le futur alors que ad sert à exprimer des valeurs modales ou aspectuelles. Par ailleurs, à côté de la particule préverbale la qui accompagne l’inaccompli en tamazight et en kabyle, on trouve d’autres particules préverbales, selon les parlers, comme les particules qa (/qay/aqqa) et ttuγa en rifain, et ar et da en tachelhite.
  • [10]
    La particule préverbale la, serait d’origine verbale d’après E. Laoust (1924), hypothèse à laquelle souscrivent également P. Galand-Pernet (1973-1979) et S. Chaker (1997 : 195). Ce dernier affirme que ce préverbe peut avoir pour origine le verbe ili « être » dont il pourrait être une forme réduite (y-lla « il est/existe » (y-lla > lla > la > a (?))) et qu’il se serait agi au départ d’un usage du verbe ili « être » en tant qu’auxiliaire d’actualité/concomitance, spécifiant l’existence actuelle et effective du procès.
  • [11]
    Cf. Chaker (1984 : 170).
  • [12]
    Le corpus a été constitué auprès de locuteurs marocains amazighophones résidant à Orléans (France). Il s’agit plus précisément du dialecte tamazight parlé au Moyen Atlas. Les enregistrements ont été recueillis entre 2008 et 2009 et présentent environ huit heures de son accompagnées de leur transcription. Pour améliorer la représentativité du corpus, nous avons diversifié les situations enregistrées (des entretiens en face à face, des conversations, des recettes de cuisine, des communications téléphoniques, des récits ou récits de vie, des descriptions de photos) ainsi que les catégories de locuteurs en différenciant sociologiquement les témoins par l’âge, le sexe, le niveau scolaire, la profession et les langues parlées. C’est un corpus de « données situées » : il contient, en plus des données primaires (les enregistrements de la parole), une riche documentation sur ces données et sur leur contexte de production. Pour plus de détails sur les étapes de la constitution du corpus et sur les aspects juridiques de celui-ci voir S. Moukrim (2010 : 26-116).
  • [13]
    Une forme verbale participe à l’expression du présent lorsque l’énoncé dans lequel elle est insérée est temporellement localisé au présent absolu et que le procès (ou une partie/phase du procès) est en contact avec le moment de l’énonciation (le dire coïncide avec le faire).
  • [14]
    Le type de procès est désigné sous différentes dénominations : aktionsart, mode d’action, modalité d’action, aspect lexical des verbes, typologie de procès…
  • [15]
    Avec les activités et les accomplissements, la forme [la+V-inac] exprime soit le présent actuel soit l’itération selon le contexte. Mais avec les états, les achèvements et les verbes de mouvement présentant une activité stative, cette forme n’exprime que l’itération (quel que soit le contexte).
  • [16]
    C’est du reste ce que Desclés & Guentcheva (1997) appelle ‘‘statif d’activité’’ (ex : l’avion est en vol). Associé intrinsèquement à un processus dynamique (l’avion vole), le ‘statif d’activité’ est à distinguer du ‘‘statif d’état’’ (ex : cet avion est confortable).
  • [17]
    Le phénomène de l’accompli du présent a été relevé en amazighe par un certains nombre d’auteurs : L. Galand, (1955), B. Hebaz, (1979), K. Cadi, (1997), entre autres. Il ne concernait que les verbes d’état/qualité.
  • [18]
    Directifs ou programmateurs.
  • [19]
    Les études relatives à ce sujet (Langages 141, 2001 ; Pratiques 111/112, 2001) ont permis de mettre en évidence les particularités de ces textes aux niveaux linguistique en français (fréquence de l’impératif et de l’infinitif, lexique spécialisé), énonciatif (anonymat partiel ou total, repères de l’énonciation effacés), typographique (forte segmentation typographique, numérotation, nature multisémiotique : texte et images ou photographies), etc.
  • [20]
    Certaines recettes de cuisine peuvent être considérées comme faisant partie d’un savoir commun (général) partagé par les membres d’une communauté linguistique. Elles sont à rapprocher des phrases sentencieuses, à savoir les proverbes, dictons, etc. cf. aussi Delvaroudi (2002) qui a rapproché les instructions des recettes de cuisine de la valeur omnitemporelle ou générique du présent. Les phrases génériques ont fait l’objet de nombreuses études, cf. Galmiche (1985), Kleiber ((1978), Anscombre (2002), entre autres.
  • [21]
    Le discours n’est jamais pur de toute représentation, ne serait-ce que la perception est elle-même une forme de représentation (Bouveresse, 1995 : 168), cité dans Gosselin (2005 : 211-212).
  • [22]
    Cf. Gosselin (2005, Introduction, § 3).
  • [23]
    Gosselin (1996, chap. 3 : 33) précise que ce qui distingue l’énoncé de la perception elle-même, c’est que dans l’énoncé, le processus perceptif se trouve libéré de l’exigence de la présence. La perception impose la présence (ici-maintenant) de l’objet perçu, i.e. la manifestation ici-maintenant de son existence phénoménale; l’énoncé donne à voir l’objet (qu’il re-présente) à un endroit et à un moment choisis par l’énonciateur, qui décide de parler de « ce moment-là » (correspondant à l’intervalle de référence), et dans un monde qui peut être aussi bien imaginaire et contrefactuel que réel.
  • [24]
    Rappelant qu’une forme verbale participe à l’expression du présent lorsque l’énoncé dans lequel elle est insérée est temporellement localisé au présent absolu et que le procès (ou une partie/phase du procès) est en contact avec le moment de l’énonciation (le dire coïncide avec le faire).
  • [25]
    Accompagné ou non de l’auxiliaire « ddu » (aller), comme dans (7), ex. : ddix ad ad zziks bbix dRi can id lmursu
  • [26]
    Pour Mettouchi (2002 : 340), la séquence [ad + Aoriste] peut avoir un emploi générique dans les recettes, modes d’emploi, etc. Elle précise que « cette valeur apparaît dans les contextes où un locuteur explique à un autre la façon de réaliser un acte, ou plus généralement une série d’actes, orientée vers la réalisation d’un objet fini, matériel ou immatériel ». L’auteur affirme que les étapes de réalisation en question ne sont pas associées à un moment précis et qu’elles peuvent être réitérées et reproduites. Cela peut être vrai pour les recettes que le locuteur présente oralement. Mais pour les recettes en direct, où le locuteur annonce et exécute en même temps, la forme verbale du futur en berbère tamazight ([ad + Aoriste]) est employée en termes d’intentionnalité : l’aspect intentionnel des actions correspond à la tâche que le locuteur est sur le point de réaliser (phase préparatoire) ou a commencé à réaliser (phase initiale).
  • [27]
    Pour sélectionner les phases initiale et finale du procès, on peut employer respectivement les auxiliaires « bdu » (commencer) ou « cmmel » (terminer, finir de...), en berbère tamazight.
  • [28]
    Certains verbes véhiculent de par leur sémantisme interne cette notion de quantification, comme par exemple les verbes assu (tousser), neggez (sauter/sautiller), etc. Ce type de verbes présente un procès complexe lui-même composé d’une série de procès semblables.

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