Et si les Beatles avaient été séparés par la migration d’une partie du groupe, et par sa relocalisation dans une ville du Nigéria (par exemple, pour raisons de mariage ou de migration climatique), que serait-il advenu du groupe, de ses fans et de l’histoire du rock lui-même ? L’afrobeat et l’influence de Fela Kuti auraient-ils introduit de nouvelles colorations à ce phénomène musical planétaire ? Cette délocalisation aurait-elle fait naître ou consolidé un circuit de mobilités et d’échanges entre Liverpool et Lagos ? Aurait-elle suffi à transformer la configuration des industries globales de la musique, et à faire de la capitale nigériane un point névralgique de la production rock ?
La proposition peut sembler relever de la science-fiction, ou a minima du délire fantasque. À y regarder de plus près, elle ne l’est pourtant pas tellement. En effet, quoiqu’elle ne fût pas orchestrée de cette manière, la rencontre entre Fela Kuti et les Beatles a bel et bien eu lieu dans les années 1970. Paul McCartney était à Lagos en 1973 pour y enregistrer l’un de ses albums. Il y rencontra Fela, avec qui il écouta ses morceaux et fuma quelques joints. La connexion a du reste été revisitée des décennies plus tard par DJ Rich Medina et le producteur Mark Hines, et immortalisée dans un album astucieusement intitulé « Afrobeatles ».
Par ailleurs, ce petit exercice d’imagination perd beaucoup de son allure loufoque lorsque la configuration des scènes musicales et dansées qui se sont construites depuis le début d…
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