Voilà assurément un livre d’histoire qui fait écho à des interrogations très actuelles. Dans Posséder la science, issu de son habilitation à diriger des recherches, l’historien Gabriel Galvez-Behar met au cœur de son propos les luttes autour de la répartition de la valeur économique des travaux scientifiques − des luttes dont il n’est guère nécessaire de rappeler les enjeux et l’importance, à l’heure des discussions sur la science ouverte, le financement de la recherche ou les droits d’exclusivité sur les vaccins contre le nouveau coronavirus. En retraçant des débats similaires aux xixe et xxe siècles, l’ouvrage contribue non seulement à relativiser certaines évolutions récentes, mais donne aussi et peut-être surtout à voir les multiples dimensions de ces débats.
L’ouvrage aborde ces questions à travers l’histoire de la « propriété scientifique », une expression qui connaît son apogée dans les années 1920 et 1930. Certains scientifiques, ingénieurs, écrivains, politiciens et juristes demandent alors qu’une forme juridique spécifique vienne récompenser le travail des savants, à l’instar du droit d’auteur attribué aux artistes et aux écrivains, et du brevet aux inventeurs. Non content de retracer les méandres du débat sur cette revendication, Gabriel Galvez-Behar se saisit de cette « catégorie indigène » [28] pour son analyse. Par ce syntagme, il désigne en effet aussi les pratiques « par lesquelles les acteurs scientifiques revendiquent et exercent une forme de contrôle sur ce qu’ils considèrent être leur production et sur les profits − symboliques et matériels − que cette dernière engendre » [28]…
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