Couverture de ETHN_173

Article de revue

Féconder in vitro dans des laboratoires en Inde et en France.Une somatotechnique ?

Pages 509 à 518

Notes

  • [1]
    Ce texte a été rédigé avec le soutien de la fondation Fyssen et de la subvention Wellcome Trust 100606.
  • [2]
    La fécondation in vitro consiste à mettre en contact les ovocytes avec les spermatozoïdes. L’icsi, pour Intra Cytoplasmic Sperm Injection, consiste à sélectionner et injecter un spermatozoïde dans le cytoplasme d’un ovocyte. Cette dernière technique est choisie quand la qualité spermatique est trop basse pour réaliser une fiv.
  • [3]
    http://www.agence‑biomedecine.fr/annexes/bilan2012/donnees/procreation/01‑amp/pdf/amp.pdf
    http://www.eshre.eu/Guidelines‑and‑Legal/ART‑fact‑sheet.aspx
  • [4]
    En cela, mon argumentaire ne vaut que dans le cadre de cette religion. Bien qu’elle soit largement dominante dans le pays, ce dernier a vu naître et accueille une variété importante de religions et cultes différents tels que l’islam, le jaïnisme, le sikhisme, le christianisme, le bouddhisme, le zoroastrisme ou encore le judaïsme.
  • [5]
    Jurassic Park est un film de science‑fiction et d’aventure réalisé par Steven Spielberg en 1993. L’histoire se situe sur une île imaginaire où des dinosaures ont été ressuscités par clonage. Un parc d’attraction offre à ses visiteurs la possibilité de faire des promenades touristiques pour découvrir ces animaux du fond des âges.
  • [6]
    Boîte cylindrique, transparente et peu profonde, employée en biologie.
  • [7]
    Mesure chimique pour évaluer si le liquide est acide ou basique.
  • [8]
    Marisa, coordinatrice d’un programme de fécondation in vitro en Équateur a par exemple expliqué à Elizabeth Roberts que le développement des techniques de congélation embryonnaire a apporté un soulagement moral pour des professionnels biomédicaux catholiques. En effet, la stimulation hormonale produit plusieurs ovocytes et donc plusieurs embryons qui ne sont pas nécessairement tous transférés dans l’utérus de la patiente. Avant la congélation, les embryons restants étaient donc détruits, ce qui va à l’encontre des règles morales de ces professionnels biomédicaux pour qui une vie humaine, quelle que soit sa forme, est à protéger.
  • [9]
    Le fait de rendre compte de la logique substantielle à partir du don de sperme plutôt que d’ovocytes n’est pas le signe que la logique substantielle ne passe pas par les ovocytes. En effet, si je n’ai pas observé de double fécondation avec les ovocytes d’une donneuse et de la patiente cherchant à tomber enceinte, cette pratique se développe par ailleurs sous le nom de tandem cycle dans des cliniques espagnoles ou chypriotes.
  • [10]
    En 2011 paraissait le premier numéro d’un nouveau journal Somatechnics, aux considérations peu éloignées de celles proposées ici.

1 La fécondation in vitro (fiv) est une technique utilisée mondialement par des cliniques de fertilité publiques ou privées afin d’aider médicalement des patients qui ne peuvent obtenir une grossesse par eux‑mêmes [1]. Ce sont les laboratoires de biologie de la reproduction de ces cliniques qui « analysent » et « techniquent » les cellules – ovocytes et spermatozoïdes – qui ont été extraites des corps des patients. L’enquête ethnographique que j’ai réalisée dans une clinique de Bangalore, en Inde du Sud dans l’état du Karnataka, et dans une clinique de la grande couronne parisienne, révèle que les mêmes techniques, fondées sur les mêmes connaissances scientifiques, sont mises en œuvre dans ces deux sites. À partir d’un savoir‑faire globalement partagé, les équipes biologiques « préparent » en effet les ovocytes et les spermatozoïdes selon des techniques adaptées à leur « qualité » biologique. L’objectif est d’augmenter la chance de concevoir des embryons viables et transférables, alors que les infertilités de sources multiples rendent difficile la réalisation de l’heureux événement sans intervention médicale. Ces pratiques s’inscrivent ainsi dans la « biomédicalisation » de la santé [Clarke and Shim, 2011] portée par une science qui promeut une approche mécanistique de phénomènes associés à une logique génétique.

2 Entre 2011 et 2013, alors que je réalisais des observations participantes et des entretiens auprès de ces deux laboratoires, j’ai aussi constaté la présence d’une autre logique reproductive en analysant les manières dont les biologistes sécurisent l’identité des échantillons et introduisent un don de sperme dans les processus de fécondation in vitro. Ce ne sont pas tant les mécanismes qui étaient mis en avant par ces actions, mais plutôt l’idée que les cellules reproductives portent l’identité des patients qui cherchent à concevoir un enfant relié à eux par le biais de cette continuité cellulaire. Une logique substantielle portée par les patients, les professionnels de laboratoires et les régulations institutionnelles pointe vers des cellules qui viennent de corps personnels et qui génèrent du lien de parenté [Héritier, 1994a ; 1994b]. En Inde, comme en France, les substances de la parenté sont présentes dans l’utilisation des techniques, mais se manifestent avec de petites variations qui en disent long sur la prise en charge institutionnelle des corps procréateurs dans ces deux pays.

Le cadre de fonctionnement des laboratoires étudiés

3 En Inde, la première naissance suite à une fiv remonte à 1986 [Bärnreuther, 2016]. Depuis les années 2000, la prolifération des cliniques de conception assistée peut paraître surprenante dans le deuxième pays le plus peuplé du monde et dont l’État s’ingénie à contrôler l’expansion de la population [Pande, 2014 : 30 sqq.]. Il ne s’agit en réalité pas de politiques contradictoires, mais de deux mouvements différents, l’un pris en charge par les politiques publiques, l’autre rendu possible par son désengagement. La libéralisation de l’Inde, à la fin des années 1980, s’est en effet accompagnée d’un transfert massif des médecins du système public vers le système privé [Lefebvre, 2007].

4 En 2013, on estime à 500 ou 600 le nombre de cliniques sur le sol indien [IFFS, 2013]. En termes d’encadrement, l’Inde possède des guides de recommandations, publiés par l’Indian Council of Medical Research et par l’Indian Society for Assisted Reproduction qui propose aussi des accréditations. Cependant, aucune législation, institution de contrôle ou obligation de recevoir une autorisation pour ouvrir une clinique n’est contraignante pour les institutions médicales, laissant de larges marges de manœuvre à ces dernières pour contourner les recommandations [Gupta, 2008].

5 La clinique de fertilité qui m’a ouvert ses portes est rattachée à une chaîne d’hôpitaux présente dans de nombreuses villes et spécialisée dans tous les soins associés à la mise au monde. À l’époque de l’enquête, la clinique, dotée de huit gynécologues, cinq biologistes, une psychologue et près de dix infirmières, propose un suivi gynécologique, andrologique, psychologique, des inséminations artificielles, fiv, injection d’un spermatozoïde dans l’ovocyte (icsi) [2], dons de gamètes, cryopréservation et gestations pour autrui. Sur son site internet, la clinique annonce un taux de succès de près de 41 %, « un des meilleurs de l’Inde ». Cependant, il n’est indiqué nulle part à quoi ce chiffre est associé : aucun pourcentage de transferts, de grossesses ou d’accouchements n’est indiqué. Par ailleurs, si ce taux concerne la naissance d’enfants nés vivants, il semble particulièrement élevé au regard des résultats européens, de presque moitié moins performants [3]. Cette clinique indienne n’est pas la seule à indiquer des résultats particulièrement flatteurs et difficilement compréhensibles sans dire à quoi ils correspondent. La difficulté d’obtenir des chiffres clairs relève probablement du fait que l’organisation de la conception assistée en Inde est privée et de l’absence de standardisation nationale. La clinique est dotée à son entrée d’une statue de Ganesh, le dieu hindou à tête d’éléphant. Figurant parmi les divinités les plus populaires dans l’hindouisme, il est dit favoriser la réussite des entreprises. La plupart des professionnels et des patients sont hindous eux‑mêmes et les références à cette religion ou sa spiritualité étaient nombreuses lorsque je réalisais terrain [4].

6 En France, l’assistance médicale à la procréation (AMP), très encadrée sur le plan institutionnel, est marquée par le souci d’accompagner les avancées techniques de réflexions bioéthiques publiques. Le Comité consultatif national d’éthique a été créé en 1983, un an après la première naissance française par fiv. Les lois de bioéthique ont été votées pour la première fois en 1994, puis révisées en 2004, 2011 et 2013. L’Agence de la biomédecine est créée en 2004. Elle encadre, autorise et documente les pratiques des cliniques. Les financements des soins d’amp sont publics, à l’exception des dépassements d’honoraires dans les cabinets privés. La Sécurité sociale rembourse quatre tentatives de conception assistée par couple et arrête la prise en charge de la femme à ses 42 ans révolus. La limite des prises en charge masculine est à la discrétion de chaque centre. Au‑delà des quatre tentatives, les frais sont à la charge des patients, si un centre accepte de les accueillir. En 2013, cent centres d’amp sont recensés sur le territoire français [iffs, 2013].

7 Le laboratoire qui m’a accueillie fait partie d’un service de conception assistée administrée par un hôpital public. L’organisation est différente de celle observée en Inde, car l’activité y est beaucoup plus importante. Le service de biologie de la reproduction collabore avec celui de médecine de la reproduction. Ce dernier est doté de plusieurs gynécologues, ainsi que d’internes en médecine, aussi bien que d’infirmières, de secrétaires et d’une psychologue. Le service de biologie de la reproduction était, quant à lui, à l’époque, doté de six biologistes, une secrétaire, sept techniciennes et une aide‑soignante. Le service propose un suivi gynécologique, andrologique, psychologique, des inséminations artificielles, fiv, icsi (injection intracytoplasmique de spermatozoïdes), dons de gamètes et cryopréservation.

Préparer les gamètes : des biotechnologies globalisées

8 Pour réaliser une fécondation, il faut obtenir des ovocytes et des spermatozoïdes tout comme en évaluer le nombre et la qualité. La première étape du processus est donc la préparation des gamètes qui entrent dans le laboratoire « en frais » ou cryopréservés. Dans tous les laboratoires que j’ai visités, les techniques d’obtention et de préparation des gamètes sont identiques, à quelques détails près.

9 Ces procédures appartiennent au domaine de la « biomédicalisation » de la santé [Clarke and Shim, 2011] qui désigne les transformations du contrôle de phénomènes médicaux (maladies, blessures, malformations, etc.) à travers une médiation technoscientifique fondée sur les connaissances de la biologie que l’on peut comprendre à partir d’une théorie plus large de la vie comme « vie elle‑même ». Cette notion apparaît pour la première fois sous la plume de Michel Foucault [1976 :187], à propos de son analyse du xviii e siècle, période où le pouvoir politique change de forme, de l’administration de la mort à la gestion de la vie. Au même moment naît la science biologique, dont les connaissances circulent dans plusieurs domaines du champ social, notamment au sein des familles, avec l’idée que la fécondation peut se résumer à la fusion d’un ovocyte et d’un spermatozoïde, source d’un nouvel individu [Strathern, 1992]. Le concept de la « vie elle‑même » [Franklin, 2000 ; Rabinow, 1999 ; Rose, 2001] est utilisé pour analyser les formes de la vie biologique dans la bioéthique, la politique ou encore dans l’imaginaire culturel, comme le démontre l’analyse du film de Steven Spielberg, Jurassic Park[5], par Sarah Franklin. La biomédicalisation de la vie est associée à des outils techniques de visualisation comme le microscope, largement utilisé dans les laboratoires de conception assistée, produisant en plus du regard clinique [Foucault, 1990], un « regard biologique » [Fox‑Keller, 1996] concentré sur les cellules et sur leurs mécanismes.

Recueillir et préparer les ovocytes pour la fécondation

10 Selon leur parcours et leur historique médical, les patientes peuvent recevoir des traitements hormonaux pour faire grossir plusieurs follicules ovariens afin d’obtenir de nombreux ovocytes. La stimulation ovarienne est un processus long et exigeant. Les patientes doivent s’injecter quotidiennement des hormones aux effets secondaires souvent très désagréables. Lors de cette stimulation, des échographies sont réalisées pour suivre la croissance et le nombre des follicules. Une fois que l’équipe clinique considère le moment venu, les femmes sont « déclenchées » et la ponction est réalisée.

11 En Inde, j’observe une ponction depuis le pas‑de‑porte du laboratoire qui donne dans la salle d’opération. L’anesthésiste a endormi la patiente, il se tient près de sa tête et vient de passer légèrement son doigt sur ses cils pour vérifier qu’elle n’est plus consciente. On relève alors sa tenue stérile d’hôpital pour la dénuder et on pose ses jambes sur des portoirs en métal afin d’obtenir une position gynécologique. Le champ opératoire est posé en plaçant des jambes de pyjama fermées. La gynécologue nettoie la vulve de la patiente avec une solution antiseptique et insère la sonde vaginale dotée d’une caméra. L’échographie apparaît sur l’écran. On observe l’ovaire et ses follicules en faisant bouger la sonde, jusqu’à obtenir un angle satisfaisant pour insérer une aiguille. Une infirmière, portant également une blouse stérile, tient le petit tuyau de plastique à travers lequel le liquide coule jusqu’à un tube à essai. L’infirmière informe la gynécologue, qui continue à regarder l’écran, de l’écoulement du liquide dans le tube : « fast, fast, fast ». « Stop », dit‑elle pour l’arrêter quand le tube est plein. Il est alors donné à une autre infirmière qui l’apporte à la lucarne ouvrant sur le laboratoire. Svati, la biologiste « senior », reçoit le premier tube à travers cette ouverture qui sépare la salle d’opération du laboratoire. Elle verse le liquide dans une boîte de Petri [6] sans couvercle qu’elle scrute au microscope. « Nothing Madam », répond‑elle au Docteur Sita, la gynécologue. Elle n’a rien trouvé cette fois‑ci. Deuxième tube. « One ». Troisième tube, « Two », il y a un deuxième ovocyte. Parfois, les chiffres s’égrènent dans la langue régionale, le kannada, « mandtu » (un), « mandilla » (deux), etc. « Madam, cellsu », dit‑elle parfois. Il n’y a que des cellules sans intérêt dans ce tube‑ci. Les tubes vidés sont réutilisés, contrairement à la France où ils sont à usage unique. « Six », dit Svati. Le dernier tube arrive au laboratoire. C’est terminé. La gynécologue demande confirmation : « Total seven ? » Svati confirme, à moitié en kannada, à moitié en anglais « Aodu, seven ». Elle note le nombre d’ovocytes sur la boîte de ponction ainsi que le nom de la patiente. La ponction est terminée, l’anesthésiste réveille la patiente. L’infirmière et le technicien enlèvent tout le matériel autour d’elle.

Observation d’une boîte de Petri. Fécondation in vitro – France ©Lucas Auverdin.

Observation d’une boîte de Petri. Fécondation in vitro – France ©Lucas Auverdin.
Observation d’une boîte de Petri. Fécondation in vitro – France ©Lucas Auverdin.

Observation d’une boîte de Petri. Fécondation in vitro – France ©Lucas Auverdin.

12 En France, j’observe un matin cette même procédure depuis le laboratoire, à travers une lucarne ouverte qui donne sur la salle d’opération. J’aperçois les jambes, chevilles et pieds de la patiente en position gynécologique. Elle porte des chaussons bleus stériles. Je ne peux voir son torse ou visage, car la machine qui retransmet l’image échographique me barre la vue. Les tubes arrivent les uns après les autres. « C’est pas sûr qu’il y ait quelque chose dedans ». « Non ». L’ovocyte attendu n’a pas été trouvé. Les « Oui ! », « Non ! », « J’ai ! », « Y’a rien ! », « C’est bon ! » s’enchaînent. La ponction vient de se terminer « Y’en a combien ? » demande la gynécologue. « Oh, ça va, 19 ! ». En Inde, comme en France, les boîtes sont rangées à 37 °C en attendant les résultats de la spermiologie qui vont orienter vers une fiv ou une icsi.

La préparation du recueil de sperme

13 Une fois le recueil de sperme réalisé par masturbation dans une cabine attenante au laboratoire, le patient dépose le contenant dans une niche à double ouverture. Sans interagir avec l’homme, une technicienne ou une biologiste récupère ainsi le « prélèvement » et le place dans un incubateur à 37 °C pendant une demi‑heure, afin qu’il se liquéfie. Il est ensuite placé à la paillasse où on évalue sa viscosité et son pH [7]. Une goutte de sperme est ensuite déposée sur une lamelle elle‑même placée sous un microscope pour en établir la mobilité. Elle est jugée satisfaisante s’il y a « trois spermatozoïdes mobiles dans le champ » qui « flèchent », c’est‑à‑dire qui vont tout droit avec vivacité, comme s’ils avaient été lancés par un arc vigoureux. Alice, technicienne au laboratoire français, s’approche de la paillasse où sa collègue, Tanya, observe son échantillon. « Alors, ça donne quoi ? », demande‑t‑elle. « C’est pas mal », répond Tanya. Mais, le nombre de spermatozoïdes dans le liquide spermatique n’est pas celui attendu. Nadia, une des biologistes, consulte le dossier du patient pour comparer avec une tentative précédente. L’ancienne feuille de spermiologie indique aussi une « numération » peu importante. Nadia regarde à son tour au microscope. « Oh ! Là, bah, c’est pas mal, 50 % d’immobiles. De très rapides, 25 à 30 %, parce qu’ils vont vite quand même. […] Tiens, tu vois, maintenant, ils sont réchauffés, ils flèchent plus ». En effet, sous le microscope à 37 °C, les spermatozoïdes qui avaient un peu attendu en cabine se désengourdissent.

14 L’évaluation de l’« état frais » permet de choisir l’étape suivante. Pour les « spermes de fiv », on réalise généralement un gradient de densité qui agit comme un filtre. Seuls les spermatozoïdes les plus robustes traversent un milieu progressivement plus dense. Une centrifugation de vingt minutes à 1 500 tours est réalisée à la suite de laquelle trois phases sont distinguées. Au‑dessus se trouve le liquide séminal, au milieu le sperme mort et, au fond du tube, les spermatozoïdes vivants forment un culot. « Les plus beaux ils ont la tête la plus dense, donc ils tombent en bas du gradient », m’explique‑t‑elle. Une fois que le gradient de densité est réalisé, une lamelle est à nouveau faite avec le culot pour évaluer sous le microscope la mobilité de la « récupération » des spermatozoïdes. Sabine commente : « Elle est pas mal la récup’ de M. D. On va pouvoir le laisser partir. J’appelle Élise pour lui dire qu’on peut libérer le monsieur. » En effet, il arrive qu’on demande aux hommes de redonner du sperme si un premier recueil n’est pas suffisant.

15 Il arrive aussi que le nombre et la qualité biologique des spermatozoïdes ne permettent pas de réaliser une fiv. Les laboratoires réalisent alors des icsi. Dans le laboratoire français, j’assiste à la préparation d’un sperme qui contient très peu de spermatozoïdes. Le gradient est remplacé par un « lavage » qui sélectionne moins durement. Alice vient s’assurer que tout se passe bien. Tanya en profite pour lui demander si, pour une icsi, il est nécessaire d’avoir des spermatozoïdes qui flèchent. « C’est mieux, lui répond Alice, quand tu as pas de fléchants, tu prends celui qui va bouger. Celui qui bouge sur lui‑même il peut féconder, mais les fléchants sont les meilleurs, les plus robustes. » « Mais le pronostic est pas très bon », ajoute Tanya, mi‑assurée, mi‑questionnant. « Les spermato’ immobiles, commente Alice, on sait pas s’ils sont vivants. Déjà, il faut que ce soit souple au niveau du flagelle, quand c’est dur, il est mort. Si c’est souple, on les prend par la tête puis on les relargue, si le flagelle s’enroule, ils sont vivants. Ensuite, on fait le rinçage. » Les cliniques indienne et française réalisent aussi parfois un « test hypo‑osmotique » pour vérifier si les spermatozoïdes immobiles sont bien vivants. Plongé dans un bain de calcium, le flagelle du spermatozoïde vivant se contracte, comme un muscle.

16 La description de ces techniques montre que les cellules reproductives sont considérées et manipulées selon des présupposés biologiques. Il s’agit bien de biotechnologies. Cependant, les cas empiriques qui suivent introduisent une autre logique.

Les substances de la parenté : identité des échantillons, dons de sperme

17 L’idée que la biomédecine ne s’occupe pas uniquement de « la vie elle‑même » n’est pas neuve. En anthropologie médicale, Margareth Lock [1993] a par exemple proposé de critiquer l’ « universalité » de la biologie pour évoquer des « biologies locales » afin de rendre compte des entrelacements entre phénomènes biologiques, corporéités vécues personnellement, et conditions sociales de la prise en charge de la ménopause au Japon et aux États‑Unis. En anthropologie morale, Didier Fassin [2009] est directement entré en discussion avec la notion de « vie elle‑même », en soulignant l’importance du corps et des institutions sociales qu’il propose de résumer à partir de la notion de « vie en tant que telle ». « La vie, écrit‑il, qui est vécue à travers un corps (pas seulement à travers des cellules) et comme société (pas seulement comme espèce). Je propose de la nommer life as such » [2009 : 48, ma traduction]. Dans l’anthropologie de la parenté, l’introduction d’une approche substantielle a ouvert la voie à un courant qui s’attache à décrire les liens qui unissent des parents à travers leurs corps [Héritier, 1994 a et b ; Porqueres i Gené, 2009 ; 2015]. Par ailleurs, après la crise qu’a connue l’anthropologie de la parenté aux États‑Unis dans les années 1980 [Schneider, 1984], un renouveau certain a fleuri dans le monde anglophone à travers l’analyse des modes d’assistance médicale à la procréation comme formes relationnelles et substantielles [Carsten, 2001 ; Carsten, 2011]. Ces logiques substantielles ont été documentées à travers les thèmes de la ressemblance ou de l’eugénisme [Fortier, 2009 ; 2015], de la crainte de l’inceste [Porqueres i Gené and Wilgaux, 2009] ou des logiques de filiation liées à l’organisation des dons [Cadoret et Wilgaux, 2007 ; Mehl, 2007 ; Théry, 2010].

18 Qu’en est‑il de cette logique dans les laboratoires de reproduction ? Si l’on sait par exemple que la religion peut être présente [Roberts, 2012 : 194] [8], on en connaît en effet un peu moins sur les modalités de prise en charge technique de ces substances. L’analyse du suivi strict de l’« identité des échantillons » ainsi que des divergences des modes d’introduction d’un don de sperme entre les deux laboratoires étudiés apporte des éléments de réponse.

19 À chaque étape, les techniciennes et biologistes vérifient systématiquement les étiquettes où sont indiquées les informations identificatoires associées à un dossier médical. Au moment du recueil, il est par exemple habituel que plusieurs spermes soient préparés en même temps, parce que les cliniques ont plusieurs cabines de recueil ou que plusieurs patients donnent successivement sur un temps relativement court. Ce n’est pas le cas pour les ponctions d’ovocytes qui sont réalisées l’une après l’autre, minimisant ainsi les risques de mélange fortuit et donc les occasions pour observer des mises en garde. Sabine, technicienne chevronnée du laboratoire français forme Béatrice à la « paillasse de spermio’ » et revient sur le risque de mélanger les tubes. « Si tu as le moindre doute sur une manip’ en spermio’ liée à l’identification, tu arrêtes tout. Tu demandes aux deux hommes de redonner, de refaire un recueil plutôt que de féconder en ayant un doute. » En Inde, Svati me disait ne pas faire confiance à ses deux jeunes biologistes en formation, car ces dernières n’avaient pas encore assez peur de leurs erreurs d’inattention. Elle leur interdisait donc certaines manipulations, non du fait d’une incapacité à réaliser les gestes techniques, mais afin de leur apprendre à respecter un suivi d’identité strict. Il est fréquent en France, comme en Inde, que des patients expriment leur crainte que les laboratoires mélangent accidentellement les tubes et fécondent avec un sperme qui n’est pas le leur. Cette crainte révèle la capacité des gamètes à forger l’identité d’un enfant lié à des parents par cette continuité substantielle. Identifier correctement des cellules en amont de la fécondation, c’est donc assurer que, si une naissance survient, parents et enfant partageront un même patrimoine génétique.

Quand et comment introduire un don de sperme ? Une variabilité substantielle

20 En France, le recours à un don est l’ultime option technique dans un parcours de lutte contre une infertilité pathologique masculine. Afin de faire une demande de don auprès des biobanques publiques, les Centres de conservation des oeufs et du sperme (Cecos), il faut donner la preuve d’une azoospermie, de l’incapacité à surmonter les anomalies spermatiques, ou du risque de transmission d’une maladie génétique incurable. Ainsi, dans le cas présenté plus haut, les techniciennes ont sélectionné quelques spermatozoïdes immobiles. Le recours au don n’interviendrait que si la fécondation échouait à la suite de cette sélection, dans la mesure où plus aucune option biotechnologique ne serait disponible. Les efforts pour trouver des spermatozoïdes vivants prennent alors un tout autre sens, car ils sont la conséquence d’une norme bioéthique publique qui exige de tout essayer avant d’aller vers le don. Ces biotechnologies sont ici au service de la transmission substantielle, et non pas de l’idée qu’une fiv doit avant tout aboutir à une grossesse, comme j’ai pu l’observer en Inde.

21 À Bangalore, j’ai en effet eu accès à un dossier de patients montrant que les ovocytes d’une épouse avaient été fécondés pour moitié avec les spermatozoïdes du mari et pour moitié avec les spermatozoïdes d’un donneur. En raison de la basse qualité du sperme du mari, la clinique indienne a proposé d’introduire un sperme de meilleure qualité, obtenu auprès d’une biobanque privée. Cela permet « de donner une chance à son mari », disent les biologistes à propos de leur patiente qui est fertile, et d’avoir une plus grande probabilité d’obtenir des embryons pourvus d’un haut potentiel de développement et d’implantation. Choisir la double fécondation [9], c’est donc aussi préserver la qualité ovocytaire et maximiser les chances de réussite, afin d’offrir une « bonne prestation » à ses patients, comme l’indiquait un jour Svati. Ici, faire son travail correctement signifie que l’équipe trouve une solution pour contourner l’infertilité et obtenir une grossesse dans les meilleurs délais. Le jour du transfert d’embryon, j’ai ainsi assisté à une discussion concernant le choix des embryons. Valait‑il mieux transférer les embryons de « basse qualité », mais conçus avec le sperme du mari ou les embryons de « haute qualité », mais conçus avec le sperme d’un donneur anonyme ? Le choix fut laissé au couple qui opta pour un transfert de deux embryons, un de chaque sorte. Alors que la patiente s’installait dans l’attente de l’intervention, la gynécologue entra dans le laboratoire et dit à voix basse : « Je ne suis pas contente, mais c’est le choix du patient. » En effet, elle aurait voulu transférer deux embryons issus du sperme du donneur, afin de maximiser les chances d’implantation et donc de grossesse, ainsi que me le rapporta une collègue de Svati, ajoutant aussi que « c’est mauvais pour la grossesse, car si les deux embryons ne s’implantent pas, le père pourrait rejeter l’enfant du donneur. C’est peut‑être pour ça aussi que la gynécologue n’est pas contente. » Dans un pays qui stigmatise l’infertilité et dont les cliniques sont des entreprises privées aussi bien que des lieux de soins, s’assurer de l’obtention d’une grossesse grâce à des embryons de haute qualité biologique est un objectif capital pour les patients comme pour l’institution médicale. Par ailleurs, évoquer le risque de rejeter l’« enfant du donneur de sperme », c’est suggérer ici que les patients établissent une continuité identificatoire entre un homme et un enfant via la substance spermatique. Plus largement, cette continuité est d’autant plus importante pour ce couple hindou, dont la religion promeut un ordre patriarcal qui assure la reproduction du père à travers « le corps marié » [Bharadwaj, 2003]. L’union maritale est ainsi qualifiée par l’auteur de « triade sacrée » parce qu’elle assure la perpétuation de l’identité et la connexion entre le physique et le métaphysique à travers la génération d’un enfant, mâle de préférence. L’introduction d’un donneur menace cette organisation de la reproduction.

22 Il restait plusieurs embryons, une fois le transfert réalisé. Ceux qui étaient issus du don furent congelés et ceux du mari furent gardés en culture un jour de plus pour voir s’il serait rationnel de les congeler. Le lendemain, les embryons n’avaient pas continué à se développer. « C’est un facteur spermatique, ça ne vient pas de l’œuf. Il a un taux important d’adn fragmenté. C’est bien que nous ayons mis cet autre‑là hier », commenta un collègue de Svati à propos de l’embryon de haute qualité issu du don. Un potentiel biologique élevé, mais une substance relationnelle potentiellement défaillante.

23 Les différentes options prises par les laboratoires français et indien sont des révélateurs de l’organisation des cliniques et de la manière dont le biopouvoir circule en leur sein [Foucault, 1976]. En effet, la « chorégraphie ontologique » [Thompson, 2005 : 8] de ces cellules reproductives entre deux statuts, l’un biologique et l’autre substantiel, est en partie déterminée par les contextes institutionnels et nationaux. En France, le pouvoir de l’État, à travers une législation forte et des institutions médicales puissantes, décide jusqu’au bout des options techniques, demandant la preuve de l’inefficacité biologique complète des gamètes ou de leur prise en charge avant de se diriger vers un don. Jusqu’au bout, la substance prévaut sur la biologie, quitte à féconder avec un sperme incapable de se mouvoir. À plusieurs reprises, j’ai entendu des professionnels biomédicaux questionner l’usage de l’icsi pour féconder des ovocytes avec des spermatozoïdes de basse qualité biologique. Une étude récente assoit ces questionnements en montrant que des hommes conçus par icsi avec le sperme de leur père infertile ont eux‑mêmes un sperme d’une moindre qualité par rapport à une population témoin [Belva et al., 2016]. Le décrochage d’avec la qualité substantielle est très tardif dans le processus de conception assistée dans les institutions françaises ce qui démontre encore une fois l’importance du modèle naturaliste français. Ce dernier imite une nature symboliquement puissante, une norme qui fait penser la reproduction à partir de processus physiologiques où seuls les couples de sexe opposés sont pris en charge, la mère est celle qui accouche, la limite de la prise en charge celle de l’horloge biologique et les donneurs anonymes [Brunet, 2011 ; Löwy, 2009]. Le lien de parenté est ici associé à un lien « naturel » fondé autour de l’idée que les corps détiennent le pouvoir de créer de l’identité par leurs processus mêmes. En choisissant de jouer sur les deux tableaux, la clinique indienne cherche à satisfaire toutes les parties impliquées dans la fécondation : les patients qui veulent obtenir une grossesse et la continuité de leur identité, la clinique dont la réputation et le succès économique tiennent à la réussite de ses taux de grossesse et un modèle hindou de parenté qui stigmatise l’infertilité et pense la continuité entre le physique et le métaphysique. En sourdine, le traitement différent des liens entre une logique biologique et une logique substantielle est la conséquence de l’organisation institutionnelle des technologies reproductives. En France, c’est l’État qui organise, administre, rembourse, régule et défend un modèle naturaliste. Dans l’Inde hindoue, cliniques et patients négocient leurs parcours dans le secret des laboratoires.

La fécondation in vitro, une « somatotechnique » ?

24 Carlos Novas et Nikolas Rose [2000] ont développé la notion d’« individualité somatique » pour parler du centrage de la personne autour de son corps compris à travers une approche bio‑médico‑technologique. Cette individualité somatique est ainsi prise dans des réseaux relationnels où « la vie elle‑même » lie les personnes entre elles et produit une forme de subjectivation particulière, (analysée sous le prisme du risque génétique dans l’article cité), ce que Paul Rabinow [1999] avait nommé plus tôt la « biosocialité ».

25 La politique de la vie elle‑même concerne « notre capacité grandissante à contrôler, concevoir, et ajuster les capacités principalement vitales des êtres humains comme créatures vivantes » [Rose, 2007 : 3, ma traduction]. Cependant, à la lumière des phénomènes relatés ici, il semble que ce corps médicalisé soit également irrigué par d’autres logiques. J’ai montré ailleurs la prégnance des corps personnels dans la prise en charge médicale des infertilités, à travers l’importance de la sexualité des patients dans l’étape qui précède la prise en charge des cellules par le laboratoire [Merleau‑Ponty, 2016]. En se focalisant ici sur le statut substantiel des gamètes, il apparaît que l’usage du terme de « biotechnologie » risque de rendre silencieux les parcours personnels et les capacités du corps vivant à produire de l’identité et des relations parentales ainsi que leurs prises en charge institutionnelles. À l’inverse, se focaliser uniquement sur le corps de la parenté dans une approche substantielle et relationnelle, c’est risquer de manquer l’importance de la prise en charge biomédicale centrée sur les mécanismes biologiques de la reproduction. Évoquer des somatotechniques [10], c’est souligner le savoir‑faire de la reproduction qui travaille à l’intersection du biologique, du personnel et du substantiel, et c’est ouvrir la définition du somatique à d’autres traits que ceux de « la vie elle‑même ». Décrire le déploiement de la fécondation in vitro comme somatotechnique, c’est faire apparaître comment des personnes sont reliées par l’usage et les enjeux ontologiques des biotechnologies au même titre que les biotechnologies sont structurées par des problématiques substantielles. Tout comme des connaissances de biologie sont sorties des laboratoires pour pénétrer les cabinets de médecine, les politiques de santé ou d’assurance ainsi que les représentations populaires, les substances de la parenté sont également entrées dans les laboratoires pour y être travaillées activement.

26 Dans cet article, j’ai présenté les techniques des laboratoires de biologie de la reproduction situés dans deux cliniques de fertilité en France et en Inde. J’ai montré comment ovocytes et spermatozoïdes sont préparés afin de pouvoir réaliser une fécondation selon des critères qui en jugent la qualité biologique. Ces préparations relèvent d’une rationalité bioscientifique présente dans les deux laboratoires et analysée par la littérature en sciences sociales comme « vie elle‑même ». J’ai ensuite décrit l’importance de sécuriser l’identité des échantillons et quelles raisons conduisent les laboratoires à utiliser un don de sperme. À cette étape, on voit apparaître une qualité d’ordre substantiel corrélée avec la logique biologique. L’approche comparative est apparue ici comme un outil méthodologique pertinent pour appréhender au niveau local les modalités de savoirs partagés globalement. L’existence de différences dans la mise en œuvre de techniques identiques s’explique par leur inscription dans des cadres nationaux qui varient : en France l’organisation économique et administrative de la conception assistée est publique et gratuite, soumise à des lois naturalistes très précises et concentrées sur le maintien des liens substantiels entre parents et enfants ; en Inde, elle est privée et payante, dotée de marges de manœuvre plus importantes qui font l’objet de négociations orientées vers l’obtention d’une grossesse la plus satisfaisante possible pour toutes les parties impliquées. Ces différences amènent à penser que la notion de biotechnologie contient le risque de limiter l’analyse des pratiques reproductives de laboratoire à leur dimension biologique. De la même manière, la notion de corps substantiel contient le risque de limiter l’analyse à des corps qu’on ne peut pas défaire de leur biographie. Aborder la fécondation in vitro comme somatotechnique permet de mettre en avant l’interface produite par la prise en charge médicale, entre biologie et substance.

Bibliographie

Références bibliographiques

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Mots-clés éditeurs : Substance, Fécondation in vitro, Inde, Biologie, Parenté, Corps, France

Date de mise en ligne : 25/07/2017.

https://doi.org/10.3917/ethn.173.0509

Notes

  • [1]
    Ce texte a été rédigé avec le soutien de la fondation Fyssen et de la subvention Wellcome Trust 100606.
  • [2]
    La fécondation in vitro consiste à mettre en contact les ovocytes avec les spermatozoïdes. L’icsi, pour Intra Cytoplasmic Sperm Injection, consiste à sélectionner et injecter un spermatozoïde dans le cytoplasme d’un ovocyte. Cette dernière technique est choisie quand la qualité spermatique est trop basse pour réaliser une fiv.
  • [3]
    http://www.agence‑biomedecine.fr/annexes/bilan2012/donnees/procreation/01‑amp/pdf/amp.pdf
    http://www.eshre.eu/Guidelines‑and‑Legal/ART‑fact‑sheet.aspx
  • [4]
    En cela, mon argumentaire ne vaut que dans le cadre de cette religion. Bien qu’elle soit largement dominante dans le pays, ce dernier a vu naître et accueille une variété importante de religions et cultes différents tels que l’islam, le jaïnisme, le sikhisme, le christianisme, le bouddhisme, le zoroastrisme ou encore le judaïsme.
  • [5]
    Jurassic Park est un film de science‑fiction et d’aventure réalisé par Steven Spielberg en 1993. L’histoire se situe sur une île imaginaire où des dinosaures ont été ressuscités par clonage. Un parc d’attraction offre à ses visiteurs la possibilité de faire des promenades touristiques pour découvrir ces animaux du fond des âges.
  • [6]
    Boîte cylindrique, transparente et peu profonde, employée en biologie.
  • [7]
    Mesure chimique pour évaluer si le liquide est acide ou basique.
  • [8]
    Marisa, coordinatrice d’un programme de fécondation in vitro en Équateur a par exemple expliqué à Elizabeth Roberts que le développement des techniques de congélation embryonnaire a apporté un soulagement moral pour des professionnels biomédicaux catholiques. En effet, la stimulation hormonale produit plusieurs ovocytes et donc plusieurs embryons qui ne sont pas nécessairement tous transférés dans l’utérus de la patiente. Avant la congélation, les embryons restants étaient donc détruits, ce qui va à l’encontre des règles morales de ces professionnels biomédicaux pour qui une vie humaine, quelle que soit sa forme, est à protéger.
  • [9]
    Le fait de rendre compte de la logique substantielle à partir du don de sperme plutôt que d’ovocytes n’est pas le signe que la logique substantielle ne passe pas par les ovocytes. En effet, si je n’ai pas observé de double fécondation avec les ovocytes d’une donneuse et de la patiente cherchant à tomber enceinte, cette pratique se développe par ailleurs sous le nom de tandem cycle dans des cliniques espagnoles ou chypriotes.
  • [10]
    En 2011 paraissait le premier numéro d’un nouveau journal Somatechnics, aux considérations peu éloignées de celles proposées ici.
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