Couverture de ETHN_133

Article de revue

Une nouvelle économie des relations sexuelles ?

Pages 381 à 389

Notes

  • [1]
    L’apparition du VIH avait déjà bouleversé la sexualité ; le nombre de personnes qui mouraient du sida était tel dans les années 1990 que le numéro consacré à cette pandémie par Ethnologie française en 1998 portait entièrement sur le deuil, la mémoire et les nouveaux rituels.
  • [2]
    Tant par la distance kilométrique que par les différences de mode de vie.
  • [3]
    Durkheim précise qu’il pense que n’a « jamais existé » « un état de promiscuité où l’homme n’aurait connu aucune réglementation matrimoniale » [Durkheim, 1968 : 92] ; il signifie donc, par cette expression, des pratiques de partage de partenaires sexuels dans des contextes toujours socialement régulés.
  • [4]
    Ce concept a été mis au travail dans la communauté scientifique – en marge et à la suite d’un colloque qui s’est tenu à l’Université de Lausanne en mai 2010 sous l’intitulé « Transactions sexuelles » – à l’aune des changements qui affectent la sexualité ces dernières années, notamment dans les pays occidentaux.
  • [5]
    On peut, à un autre niveau, rappeler les situations décrites par Monica Wilson [1977 : 173] où certaines femmes trouvent une forme d’émancipation, à la fois économique et domestique, à travers la prostitution.
  • [6]
    Dans les pays qui ont adopté une position abolitionniste en matière de prostitution, les personnes qui développent parfois de façon occasionnelle des pratiques de sexualité tarifée peuvent y avoir accès via Internet, alors que les mêmes, dans d’autres pays, peuvent également le faire dans des maisons de prostitution ou Eros Center.
  • [7]
    Le sigle LGB apparu dans les années 1980 pour désigner les trois orientations sexuelles Lesbienne, Gay et Bisexuelle s’est vu adjoindre le T de Transgenre dans les années 1990. On y ajoute parfois le I de Intersexué et le Q de Queer, ce qui donne LGBTIQ ; il est question d’adjoindre aussi le A de Asexuel.
  • [8]
    Par exemple « sexes.blog.liberation » pour le site du quotidien Libération, « sexpress » pour le site de l’hebdomadaire L’Express, rue69 pour le site « www.rue89.com », etc.
  • [9]
    En cela, leurs significations s’écartent parfois de celles qui se développent de façon plus privée.
  • [10]
    Le fait que tout ou partie de leur terrain d’investigation se situe sur Internet a conduit plusieurs chercheurs à développer des modes de recueil de données spécifiques. Deux se sont associés à des structures directement motrices de relations où la sexualité et Internet sont étroitement articulées : Mélanie Gourarier a intégré comme assistante un réseau de coaching en séduction, Laurie Beunet a endossé le rôle de modératrice au sein d’un site de rencontres. Deux autres ont fait porter leurs investigations sur les pratiquants de rencontres sexuelles spécifiques de la toile : Marie Bergström un site de rencontres sentimentales, Vincent Rubio un site de rencontres tarifées. Deux articles portent sur des formes de pluripartenariat sexuel (festif pour l’un, amoureux pour l’autre) tellement marginales qu’on peut penser qu’une part de leur développement actuel est lié à Internet, et les chercheurs ont mobilisé cet outil pour recueillir des données : Laurent Gaissad a créé une page Facebook dédiée à ses investigations, Philippe Combessie reçoit de ses informatrices autant d’informations par mail que par entretiens et recrute certaines d’entre elles à partir de leurs annonces sur des sites spécialisés. Deux articles traitent d’Internet de façon secondaire : Jean-Yves Le Talec a relevé qu’une part de la confiance que lui portent ses informateurs est liée à sa propre notoriété sur la toile, certains policiers interrogés par Gwenaëlle Mainsant s’intéressent aux formes de proxénétisme via Internet. Notons enfin que la toile est présente, en filigrane, dans les travaux de Sibylla Mayer sur la prostitution de rue et de Mathieu Trachman sur la pornographie ; deux domaines au sein desquels on note des évolutions de consommations et de pratiques entraînées par les développements d’Internet – qui mériteraient plus amples analyses.

1

Je suis bien loin de vouloir exclure la raison du domaine des relations sexuelles, je crois, au contraire, qu’elle doit s’y appliquer sans cesse. Seulement, elle ne doit pas s’appliquer uniquement aux gestes extérieurs qui les manifestent et qu’étudie le physiologiste, mais aussi aux sentiments, aux idées, aux institutions qui donnent à ces relations leur forme spécifiquement humaine.
[Durkheim, 1911 : 44]

2Les formes d’expression et d’encadrement de la sexualité connaissent aujourd’hui de profondes et rapides mutations. L’institutionnalisation des unions entre personnes de même sexe dans un nombre croissant de pays en est sans doute la part la plus visible. Mais l’avènement d’Internet induit aussi des évolutions, directes et indirectes, dont on mesure encore mal les conséquences. Dans un autre registre, l’arrivée des multithérapies pour traiter les infections dues au VIH [1] modifie l’appréhension des risques. Ces trois dynamiques étaient jusqu’à présent étudiées dans des perspectives différentes : orientation sexuelle, santé et risques sanitaires, genre et domination, pratiques hétérodoxes et stigmatisation, déviance et transgression, travail sexuel, etc. Le choix de porter le regard sur le caractère négocié de la sexualité conduit à les étudier dans un même mouvement.

3Globalement, l’analyse en termes de négociations permet d’articuler trois registres : ceux de l’économie monétaire, de l’économie symbolique et de l’économie des sentiments ou des affects, qui souvent se croisent ou se trouvent imbriqués, au moins deux à deux. Elle permet aussi d’explorer les questions de contrôle et de rapport de pouvoir, ainsi que l’espace des marges de liberté individuelle.

Des injonctions durkheimiennes aux pistes de recherche contemporaines

4Bien que sociologues et anthropologues aient très tôt partagé le même point de vue sur la spécificité de la sexualité humaine – Gabriel Tarde souligne le caractère « élastique » de « l’appétit génésique » [2008 : 74] et Bronislaw Malinowski la « plasticité » des « instincts sexuels » [2000 : 132] –, les chercheurs ne se sont longtemps intéressés aux comportements sexuels que des seules sociétés éloignées [2], comme s’ils tenaient pour une prescription le constat établi par Émile Durkheim selon lequel la « vie sexuelle » devait rester enveloppée « d’ombre et de mystère » [1911 : 40]. Mais lorsque ce dernier mobilise ce qu’il appelle la « jalousie sexuelle » pour spécifier la force du fait social par rapport au fait biologique, citant pour exemple des situations qu’il qualifie de « communisme sexuel [3] » dans lesquelles cette jalousie est « susceptible de s’atténuer et même de disparaître quand c’est nécessaire » [Durkheim, 1968 : 92], n’invite-t-il pas implicitement les chercheurs à dépasser les conditionnements sociaux pour mener plus avant des investigations sur la sexualité ?

5Aux États-Unis, dans les années 1960-1970, à la suite du succès des travaux quantifiés développés par Alfred Kinsey quelques années plus tôt, John Gagnon et William Simon [1973] élaborent puis affinent leur théorie des « scripts sexuels ». Articulant des paradigmes sociologiques et psychologiques, ils proposent d’observer simultanément trois niveaux : culturel, interpersonnel et intrapsychique. C’est l’époque où se produit en Occident ce que d’aucuns ont dénommé la « révolution sexuelle », dont les chantres étaient convaincus par les écrits de Marcuse [1963]. Réfutant ces théories de la « répression sexuelle », Michel Foucault [1976] montre à quel point l’Occident moderne – à travers la scientia sexualis qu’il oppose à l’ars erotica asiatique – a constitué la sexualité comme élément central des assignations individuelles, chacun étant invité à se dire (« confessions », « aveux » ou simples « invitations à parler ») avant de se voir assigner une identité réduite à la pratique sexuelle qu’il révèle et par laquelle il sera ipso facto qualifié de « pécheur », de « criminel » ou de « pervers », si elle n’est pas conforme aux mœurs. L’apparition puis l’extension de l’épidémie de sida conduit la communauté scientifique à engager d’une part des recherches quantitatives de grande ampleur [Bajos, Bozon, Ferrand, Giami et Spira, 1998 ; Bajos et Bozon, 2008], d’autre part des travaux portant sur des populations considérées comme particulièrement vulnérables : hommes ayant des relations homosexuelles [Pollak, 1988], populations migrantes [Lalou et Piché, 1994 ; Pourette, 2006], jeunes [Lagrange et Lhomond, 1997], personnes prostituées [Campbell, 1991 ; Mathieu, 2000]. Le choc provoqué par l’apparition du VIH a conduit à focaliser pendant quelque temps l’appréhension de la sexualité sur la seule dimension de « risques ». Par la suite les recherches se sont ouvertes à d’autres thématiques, certaines en lien avec des perspectives de « santé » [Giami, 2002], d’autres non. Ainsi Michel Bozon [2001] élabore-t-il une typologie des « orientations intimes » contemporaines, par laquelle il articule comportements sexuels et représentations de soi. Il distingue trois modèles : désir individuel, sexualité conjugale et réseau sexuel. Quel que soit le modèle – ou l’hybridation entre certains d’entre eux –, leur mise au jour souligne la plasticité de la sexualité humaine, et donc l’importance de son caractère négocié.

De « l’échange économico-sexuel » à la sexualité négociée

6L’approche en termes de « sexualité négociée » est inspirée du concept d’« échange économico-sexuel » forgé par Paola Tabet [2004] pour désigner les relations sexuelles entre hommes et femmes qui impliquent une compensation économique. Elle permet de conceptualiser des pratiques hétérogènes, qui vont des rapports de séduction aux relations intimes en passant par des activités sexuelles rémunérées.

7Le concept d’échange économico-sexuel [4] met en lumière l’existence d’un continuum entre différentes formes de transactions sexuelles entraînant une compensation, que celles-ci se déroulent au sein de l’institution du mariage ou dans des rapports de prostitution, réfutant par là l’opposition dichotomique entre « le mariage pour la vie » et « la passe de la prostituée ». Il permet à Paola Tabet de souligner la récurrence des rapports de domination qui s’articulent aux différences de genre et à l’accès inégal aux ressources. Tout en prenant en compte ces perspectives, nous envisageons une autre lecture.

8L’approche de la sexualité humaine en termes de négociations proposée ici est le fruit d’un triple déplacement du regard. Le premier propose un décentrement par rapport à la conception, ancrée dans une perspective « féministe matérialiste » [Delphy, 1975] qui envisage l’échange économico-sexuel comme analyseur des rapports de domination entre hommes et femmes. L’inégalité structurelle entre les sexes est au fondement de cette analyse féministe centrée sur les situations dans lesquelles ce sont les hommes qui rétribuent les services fournis par les femmes et, par là, sur l’hétérosexualité comme institution de pouvoir. Or les relations ne s’inscrivent pas nécessairement dans un script hétérosexuel, et même, lorsque tel est le cas [Déroff, 2007 ; Deschamps, Gaissad et Taraud, 2009], il existe des situations dans lesquelles le sens de la transaction tend à s’inverser, comme tendent parfois à s’inverser les rapports de pouvoir dans le cadre de la prostitution, au moins au niveau interindividuel [5]. Par ailleurs s’observent des situations de séduction au sein desquelles l’articulation entre sexualité et argent n’est pas l’expression d’un pouvoir ou d’une position de domination. Par ce décentrement, il ne s’agit pas d’occulter les inégalités structurelles persistantes entre hommes et femmes, mais d’intégrer d’autres figures de l’échange, et d’affiner ainsi les analyses des modalités de contraintes qui permettent de prendre en compte, le cas échéant, celles des voies d’émancipation.

9Le deuxième déplacement invite à élargir la conception de l’« économique » qui structure un échange de services ou actes sexuels. Bien que l’approche en termes de sexualités négociées puisse porter sur l’aspect financier, elle ne se réduit pas nécessairement à celui-ci. Nous proposons donc d’élargir la conception de l’économique pour intégrer d’une part l’« économie affective » [Giddens, 2004], d’autre part l’« économie de la reconnaissance » [Honneth, 2004], dans lesquelles, justement, la question monétaire peut être tenue à l’écart, voire niée. Dans cette perspective, la gratuité doit être interrogée ; dans certaines situations, le « coût » de la « gratuité apparente » peut s’avérer considérable – en particulier lorsque l’on est en présence d’un fort déséquilibre économique que l’un ou l’autre des partenaires cherche à masquer.

10Le troisième déplacement, enfin, concerne l’acception du terme « sexuel » lui-même. Émile Durkheim nous invitait à ne pas réduire la sexualité à ses manifestations physiques, mais à prendre en compte l’analyse des « sentiments », « idées » et « institutions » qui confèrent, disait-il, aux relations sexuelles « leur forme spécifiquement humaine ». Cette invitation comporte deux corollaires que nous avons pris en compte. Premièrement, la sexualité n’étant pas réductible au seul caractère épidermique des rapports sexuels, même non pénétratifs [Andro et Bajos, 2008], on propose d’intégrer les phases d’approche ou de séduction, qui, parfois, peuvent être considérées par certains acteurs comme se suffisant à elles-mêmes. Deuxièmement, la sexualité faisant l’objet de contrôles sociaux particulièrement importants, il nous a paru nécessaire de ne pas négliger les pratiques de régulation : qu’il s’agisse d’autocontrôle, de contrôle dans le cadre d’interactions entre quelques personnes en situation d’échange ou de contrôle institué, on est toujours en présence de négociations.

11Les articles réunis dans ce volume l’ont été dans un ordre qui conduit le lecteur de l’intérieur vers l’extérieur, de la négociation des pratiques par les acteurs impliqués aux contrôles imposés par la loi ou par des agents chargés de ces régulations, en passant par la quête de légitimité de « professions » impliquant prestation sexuelle. Enfin une perspective historique clôt le numéro.

Internet et la sexualité contemporaine

12On mesure encore mal l’étendue de l’influence d’Internet sur les comportements sexuels. Les sites de rencontres sentimentales sont les plus connus [Kaufmann, 2010 ; Lardellier, 2012], mais d’autres sont orientés vers des prestations sexuelles tarifées. Ces dernières, sous le nom générique d’escorting [Bigot, 2008], conduisent des populations, principalement issues de classes moyennes [6] – souvent mais pas toujours en voie de déclassement –, vers de nouvelles modalités d’exercice de la prostitution [Bernstein, 2007 ; Clouet, 2008] dont l’image se trouve modifiée.

13S’ajoutent des myriades de sites que l’on peut dire communautaires. Ceux qui regroupent le plus grand nombre de participants contribuent à asseoir la reconnaissance sociale d’orientations sexuelles auparavant réprouvées – pensons par exemple à la mouvance LGBT [7]. D’autres concernent des pratiques que l’on peut qualifier d’hétérodoxes : échangisme [Welzer-Lang, 2005], sadomasochisme [Poutrain, 2003], relations dites « polyamoureuses » [Sexualities, 2006], fétichisme [Rigaut, 2004], etc. Par ailleurs, certaines pratiques sexuelles n’existent que sur Internet, où des formes d’exhibitions derrière webcam rencontrent des formes de voyeurisme devant écran – effeuillages solitaires ou tournages, en différé ou en direct, de séquences de pornographie amateur. Si le cinéma traditionnel a pu résister à l’arrivée de la télévision, tel n’est pas le cas des salles de cinéma X qui n’ont, elles, pas résisté à l’arrivée d’Internet. De même, le développement de sites de commerce en ligne d’objets directement associés à la sexualité hâte la fermeture des sex-shops [Coulmont et Roca-Ortiz, 2007].

14Il est difficile de mesurer l’évolution de ces pratiques – certaines étant très marginales –, mais le développement de ces sites permet aux adeptes souvent isolés dans des régions éloignées les unes des autres de se découvrir, de se faire connaître, voire d’organiser des rencontres collectives ponctuelles. Ainsi se renforce le dynamisme de pratiques qui commençaient à se développer avant l’avènement d’Internet, alors qu’elles s’ancraient dans des demandes de reconnaissance sociale plus vastes. Par exemple l’essor du « circuit festif gay » a commencé dès le début des années 1990 en marge des stratégies de légitimation de l’homosexualité. Internet est tout à fait propice au développement de pratiques marginales qui peinent à asseoir leur légitimité [Combessie, 2010].

15Même lorsque des pratiques sexuelles ne tirent pas un profit direct d’Internet, l’existence de sites qui leurs sont dédiés contribue à renforcer leur notoriété, d’autant plus qu’ils sont relayés, d’une part dans les médias traditionnels (presse, radio, télévision) ne serait-ce que par la publicité, d’autre part sur les sites internet généralistes qui développent des pages spécifiques consacrées à la sexualité [8]. La visibilité de toutes ces pratiques hétérodoxes affecte, par ricochet, la sexualité ordinaire et son appréhension, tant il est vrai qu’en matière de sexualité plus encore que dans d’autres domaines, chacun cherche sa voie entre des définitions conflictuelles de la « bonne » sexualité et des « bons » comportements.

16Internet étant un truchement qui manipule informations et communications, l’approche de la sexualité en termes de négociations s’y trouve privilégiée. Quelle que soit la forme de relation visée par un site de rencontres (sentimentale, rémunérée, libertine…) l’une des premières tâches à laquelle l’internaute est confronté consiste en l’invention d’un pseudonyme, parfois suivi par le choix d’un « avatar » ou d’une ou plusieurs photographie(s) dont les codes stylistiques révèlent la politique du site – plus ou moins commerciale, plus ou moins associative, plus ou moins militante dans telle ou telle orientation. Les négociations commencent donc bien avant l’éventuelle rencontre physique, car elles concernent notamment la présentation de soi, comme le montre l’article de Marie Bergström.

17Que les échanges sur un site soient privés (lus par les seuls interlocuteurs en liaison directe), semi-privés (lus par les participants d’un forum de discussion) ou publics (avis postés sur des blogs ouverts à tous), les réactions qu’ils suscitent en retour sont des éléments d’appréciation qui seront pris en compte pour la suite des échanges. Et il y a toujours, dans l’ombre, des instances de surveillance. Pour les sites de peu d’envergure, ce sont d’abord leurs créateurs ; lorsque le site prend de l’ampleur, des modérateurs sont recrutés puis formés à ces tâches. Ils interviennent avant tout pour faire respecter la loi du pays (en matière de criminalité pédophile, proxénétisme, escroquerie, etc.) mais se comportent aussi en « entrepreneurs de morale », contribuant à orienter les types de pratiques sexuelles auxquelles le site est dédié, définissant les propos et comportements acceptables pour telle ou telle population, comme le montre le texte de Laurie Beunet. Sur un site de rencontres, des négociations s’instaurent évidemment entre les « clients », qui vont devoir s’entendre sur leurs attentes respectives, ou, dans le cas contraire, interrompre l’échange.

Économies, normes et valeurs

18Le caractère économique des échanges sexuels peut être envisagé au strict sens monétaire, de façon directe comme dans les rapports de prostitution qui sont au centre des articles de Sibylla Mayer et de Vincent Rubio, ou via la rémunération de prestations des acteurs de films pornographiques étudiées par Mathieu Trachman au prisme de l’analyse des hiérarchies de valeurs. La transaction monétaire est moins directe lorsqu’il s’agit de payer pour s’inscrire sur un site de rencontres par petites annonces. L’entreprise qui perçoit cet argent est susceptible d’être accusée de proxénétisme si s’ensuivaient des actes sexuels rémunérés ; c’est la raison pour laquelle il est impératif qu’elle « modère » les échanges sur le site de façon stricte pour en chasser toute tentative de sexualité vénale. Les textes de Catherine Deschamps, Mélanie Gourarier et Olivier Sabarot abordent les économies relationnelles de la séduction hétérosexuelle par le biais de l’invite, du cadeau. On attend en général des hommes qu’ils se montrent généreux à l’égard des femmes, mais la dynamique de la relation change lorsque ces dernières prennent l’initiative de certaines dépenses, ou encore lorsque des hommes refusent le rôle traditionnel de galant.

19Ce caractère économique de la transaction se révèle tout autant à travers ses coûts et bénéfices immatériels : la construction d’un capital de masculinité ou de féminité, d’un capital de virilité dans la masculinité – que celle-ci soit recherchée à des fins professionnelles ou affectives. À partir du récit de vie d’un ouvrier gai, Jean-Yves Le Talec analyse l’entrecroisement des dynamiques affectives, sexuelles et de l’affirmation de soi dans la virilité. Les contributions de Philippe Combessie, Catherine Deschamps et Myriam Joël-Lauf portent le regard sur les recherches d’engagements dans une relation, que celle-ci soit pluripartenaire ou dyadique, qu’elle prenne place dans l’espace public ou dans l’espace carcéral. Quant à Laurent Gaissad, il aborde la circulation de substances psychoactives et de sexe dans une logique de dépense.

20Dès lors que la sexualité et l’argent se trouvent directement associés, des résistances apparaissent, que doivent combattre certains protagonistes impliqués dans une démarche d’« entrepreneurs de morale » pour faire reconnaître une pratique que doivent prendre en compte et traiter, avec les moyens dont ils disposent, les agents investis d’une mission de répression. Lucie Nayak, à propos de l’assistance sexuelle aux personnes désignées comme « handicapées mentales », met en lumière la pertinence de l’approche en termes de négociations dans l’analyse des normes dominantes de la sexualité et de leurs évolutions pour ce qui est de la légitimation, voire de la professionnalisation d’une pratique. Gwénaëlle Mainsant analyse la façon dont les fonctionnaires de police définissent, au creux de la loi, une catégorie « prostitution » à partir des comportements observés notamment dans l’espace public.

21L’ensemble de ces analyses est marqué par une tension, entre une sacralisation/un enchantement de la sexualité (libre, gratuite, réciproque, don de soi) et une désacralisation/un désenchantement de différentes formes de rencontres sexuelles, notamment lorsqu’elles sont décrites comme trop explicitement « intéressées ». Ces tensions invitent les acteurs à se tenir prêts à livrer bataille : les assistants sexuels qui cherchent à faire accepter leur activité – comme, dans un registre proche, ceux qui militent pour la reconnaissance du « travail sexuel » [Parent et al., 2010] –, les « polyamoureux » qui semblent devoir régulièrement renégocier leurs contrats, etc. On comprend alors l’importance de l’analyse des négociations, que la sexualité soit développée dans un contexte professionnel, sentimental ou plus strictement ludique.

Une approche extensive de la sexualité dans un contexte socio-historique précis

22L’approche en termes de « sexualités négociées » nous a permis de réunir et de confronter des analyses de pratiques qui, jusqu’ici, étaient le plus souvent développées dans des problématiques différentes : rapports sociaux de sexe, domination masculine, identités et orientations sexuelles, métiers/travail du sexe, transgression de normes en matière de sexualité et stigmatisation, nouvelles questions amoureuses, surveillance policière, etc.

23Cette extension a été rendue possible par une focalisation des analyses sur une aire géographique et sur une période historique réduites. Ce lieu et cette période se polarisent sur des évolutions spécifiques : quelques pays où ont été institutionnalisées les unions des personnes de même sexe qui renforcent la légitimation des relations homosexuelles et qui n’auraient pu se développer sans une reconnaissance préalable de l’égalité entre hommes et femmes – à tout le moins sur le plan légal [Fabre et Fassin, 2003] –, après le développement de l’épidémie du sida et la découverte de multi-thérapies permettant de « vivre avec » et enfin avec l’avènement d’Internet.

24Les dernières grandes enquêtes quantitatives sur la sexualité, en France, ont montré la fécondité heuristique du recueil de données par téléphone. Mais il n’est pas question de quantification nationale pour des travaux ethnographiques. Si l’observation des comportements sexuels est loin d’aller de soi – Georges Devereux en a montré les limites [1980 : 171 et 257] – elle n’est pas pour autant impossible. Laud Humphreys [1970] et Gilbert Bartell [1971] en ont été les précurseurs, et Didier Le Gall a mobilisé le concept freudien de « scopophilie » [1997]. Il peut même, dans certains cas spécifiques, être question d’observation participante. Deux chercheurs dont les articles ont été réunis ici ont pu observer des spectacles liés au sexe : pour Mathieu Trachman des tournages de scènes pornographiques et pour Laurent Gaissad des pratiques de sexualité collective. Les deux ont ethnographié des actes sexuels destinés à être développés devant d’autres personnes, donc, d’une certaine façon, mis en scène [9]. La sexualité sur un terrain de recherche ethnographique ne va jamais sans difficulté. Don Kulick et Margaret Willson, il y a une douzaine d’années, parlaient même de tabou [1995]. Pour les autres articles, les chercheurs ayant recueilli de façon directe des informations sur les comportements sexuels ont travaillé par entretiens ainsi que par échanges via Internet [10] : courrier électronique ou messagerie instantanée. Plusieurs ont opté pour un suivi qualitatif à long terme (entretiens réitérés avec les mêmes personnes, parfois pendant plusieurs années) permettant d’apprécier l’évolution des comportements et des regards que portent sur eux-mêmes et sur leurs propres pratiques les personnes concernées. Ce mode de recueil de données s’est révélé particulièrement fécond lorsque les acteurs concernés ont eu conscience de développer des pratiques hétérodoxes.

25La complexité de la sexualité invite à rejeter les analyses idéologiques en termes dichotomiques et de domination unilatérale pour réfléchir en termes de processus de reproduction ou de transformation des règles sociales. Avec Michel Foucault, au concept de « domination » nous préférons donc celui de « subjectivation » qui laisse davantage de marge aux acteurs. Le philosophe, dans ses derniers écrits, envisage même une possibilité d’émancipation, résultat, selon lui, d’un rapport à soi non normatif qui résulte « du choix libre et raisonnable du sujet » [Foucault, 1984 : 89]. « C’est dans la mesure où il est libre et raisonnable – et libre d’être raisonnable – que l’homme est dans la nature l’être qui a été commis au souci de lui-même » [ibid. : 66]. Cette perspective paraît bien adaptée pour appréhender les mutations dans l’ordre de la sexualité, qui, en la matière, apparaissent dans l’Occident contemporain sous des formes différentes.

26« L’évolution de la culture occidentale, en rendant de plus en plus indépendantes les sphères du monde social, crée incidemment un espace d’autonomie pour le sexe, véritable royaume qui constitue de nos jours la plus enivrante échappatoire aux contraintes sociales » écrit Gargi Bhattacharyya [2002 : 172]. Si ses propos nous semblent peut-être trop idylliques, sa remarque concernant le lien entre l’indépendance croissante des sphères du social et l’autonomie de la vie sexuelle interroge. Elle réactualise l’analyse développée par Émile Durkheim qui soulignait, avec l’évolution tendancielle à la division du travail social, la segmentation de la société occidentale contemporaine.

27Loin de conclure à une sexualité « autonomisée », voire réifiée dans une singularité incommensurable, les contributions ici réunies mettent l’accent sur la forte perméabilité entre différentes sphères du social : les dimensions économiques, les contraintes légales, les moyens de communication, les relations professionnelles et privées. Elles articulent des logiques sociales à une conception de la sexualité comme étant tout à la fois centrale, périphérique et interstitielle ; lieu de cristallisation de rapports de pouvoir et de domination mais aussi point d’aménagement d’espaces de liberté. ?

Bibliographie

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  • Giddens Anthony, 2004 [1992], La Transformation de l’intimité. Sexualité, amour et érotisme dans les sociétés modernes, Rodez, Le Rouergue/Chambon.
  • Honneth Axel, 2004, « La théorie de la reconnaissance : une esquisse », Revue du MAUSS, 23 : 133-136.
  • Humphreys Laud, 2007 [1970], Le commerce des pissotières. Pratiques homosexuelles anonymes dans l’Amérique des années 1960, Paris, La Découverte.
  • Kaufmann Jean-Claude, 2010, Sex@mour, Paris, Armand Colin.
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  • Lagrange Hugues et Brigitte Lhomond (dir.), 1997, L’Entrée dans la sexualité. Le comportement des jeunes dans le contexte du sida, Paris, La Découverte.
  • Lalou Richard et Victor Piché, 1994, Migration et sida en Afrique de l’Ouest : Un état des connaissances, Paris, Centre français sur la population et le développement.
  • Lardellier Pascal, 2012, Les réseaux du cœur. Sexe, amour et séduction sur Internet, Paris, François Bourin Éditeur.
  • Le Gall Didier, 1997, « Sociologie, scopophilie et intimité », Mana. Revue de sociologie et d’anthropologie, 3 : 219-269.
  • Malinowski Bronislaw, 2000 [1921], La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, Paris, Petite Bibliothèque Payot.
  • Marcuse Herbert, 1963 [1958], Eros et civilisation, Paris, Minuit.
  • Mathieu Lilian, 2000, Prostitution et sida. Sociologie d’une épidémie et de sa prévention, Paris, L’Harmattan.
  • Parent Colette et al., 2010, Mais oui c’est un travail ! Penser le travail du sexe au-delà de la victimisation, Québec, Presses universitaires du Québec.
  • Pollak Michael, 1988, Les homosexuels et le sida. Sociologie d’une épidémie, Paris, Métailié.
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  • Rigaut Philippe, 2004, Le Fétichisme : Perversion ou culture ?, Paris, Belin.
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  • Tabet Paola, 2004 [2002], La Grande arnaque. Sexualité des femmes et échange économico-sexuel, Paris, L’Harmattan.
  • Tarde Gabriel, 2008 [1902], La Morale sexuelle, Paris, Petite Bibliothèque Payot.
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  • Wilson Monica H., 1977, For Men and Elders. Change in the Relations of Generations and of Men and Women among the Nyakyusa-Ngonde People 1875-1971, London, International African Institute.

Notes

  • [1]
    L’apparition du VIH avait déjà bouleversé la sexualité ; le nombre de personnes qui mouraient du sida était tel dans les années 1990 que le numéro consacré à cette pandémie par Ethnologie française en 1998 portait entièrement sur le deuil, la mémoire et les nouveaux rituels.
  • [2]
    Tant par la distance kilométrique que par les différences de mode de vie.
  • [3]
    Durkheim précise qu’il pense que n’a « jamais existé » « un état de promiscuité où l’homme n’aurait connu aucune réglementation matrimoniale » [Durkheim, 1968 : 92] ; il signifie donc, par cette expression, des pratiques de partage de partenaires sexuels dans des contextes toujours socialement régulés.
  • [4]
    Ce concept a été mis au travail dans la communauté scientifique – en marge et à la suite d’un colloque qui s’est tenu à l’Université de Lausanne en mai 2010 sous l’intitulé « Transactions sexuelles » – à l’aune des changements qui affectent la sexualité ces dernières années, notamment dans les pays occidentaux.
  • [5]
    On peut, à un autre niveau, rappeler les situations décrites par Monica Wilson [1977 : 173] où certaines femmes trouvent une forme d’émancipation, à la fois économique et domestique, à travers la prostitution.
  • [6]
    Dans les pays qui ont adopté une position abolitionniste en matière de prostitution, les personnes qui développent parfois de façon occasionnelle des pratiques de sexualité tarifée peuvent y avoir accès via Internet, alors que les mêmes, dans d’autres pays, peuvent également le faire dans des maisons de prostitution ou Eros Center.
  • [7]
    Le sigle LGB apparu dans les années 1980 pour désigner les trois orientations sexuelles Lesbienne, Gay et Bisexuelle s’est vu adjoindre le T de Transgenre dans les années 1990. On y ajoute parfois le I de Intersexué et le Q de Queer, ce qui donne LGBTIQ ; il est question d’adjoindre aussi le A de Asexuel.
  • [8]
    Par exemple « sexes.blog.liberation » pour le site du quotidien Libération, « sexpress » pour le site de l’hebdomadaire L’Express, rue69 pour le site « www.rue89.com », etc.
  • [9]
    En cela, leurs significations s’écartent parfois de celles qui se développent de façon plus privée.
  • [10]
    Le fait que tout ou partie de leur terrain d’investigation se situe sur Internet a conduit plusieurs chercheurs à développer des modes de recueil de données spécifiques. Deux se sont associés à des structures directement motrices de relations où la sexualité et Internet sont étroitement articulées : Mélanie Gourarier a intégré comme assistante un réseau de coaching en séduction, Laurie Beunet a endossé le rôle de modératrice au sein d’un site de rencontres. Deux autres ont fait porter leurs investigations sur les pratiquants de rencontres sexuelles spécifiques de la toile : Marie Bergström un site de rencontres sentimentales, Vincent Rubio un site de rencontres tarifées. Deux articles portent sur des formes de pluripartenariat sexuel (festif pour l’un, amoureux pour l’autre) tellement marginales qu’on peut penser qu’une part de leur développement actuel est lié à Internet, et les chercheurs ont mobilisé cet outil pour recueillir des données : Laurent Gaissad a créé une page Facebook dédiée à ses investigations, Philippe Combessie reçoit de ses informatrices autant d’informations par mail que par entretiens et recrute certaines d’entre elles à partir de leurs annonces sur des sites spécialisés. Deux articles traitent d’Internet de façon secondaire : Jean-Yves Le Talec a relevé qu’une part de la confiance que lui portent ses informateurs est liée à sa propre notoriété sur la toile, certains policiers interrogés par Gwenaëlle Mainsant s’intéressent aux formes de proxénétisme via Internet. Notons enfin que la toile est présente, en filigrane, dans les travaux de Sibylla Mayer sur la prostitution de rue et de Mathieu Trachman sur la pornographie ; deux domaines au sein desquels on note des évolutions de consommations et de pratiques entraînées par les développements d’Internet – qui mériteraient plus amples analyses.
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