Notes
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[1]
Les entretiens ont été réalisés dans le cadre des projets de recherche Nuevas familias (Plan Nacional de I+D, sec 96-0992, Ministerio de Ciencia e Innovación, 1996-2000), Inventari del Patrimoni Etnològic (Generalitat de Catalunya, gouvernement autonome catalan, 2009-2011) et Pères en solitaire. Paternités contemporaines et nouvelles trajectoires familiales en France et Espagne (Agence Nationale de la Recherche, 2009-2012, anrpaternite, projet anr-08-jcjc-0057-01). Je remercie ces institutions pour leur soutien.
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[2]
Loi 15/2005, du 8 juillet.
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[3]
Source : Eurostat.
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[4]
Source : élaboration à partir des données d’idescat, Institut d’Estadística de Catalunya.
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[5]
Tous les noms cités ont été changés pour préserver l’identité des personnes mentionnées.
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[6]
Art. 135, Code civil de Catalogne.
1Après le divorce, les arrangements concernant la garde des enfants génèrent des ruptures plus ou moins dramatiques par rapport aux situations précédentes et provoquent une nouvelle organisation résidentielle. L’idéal actuel du divorce consiste en une distinction claire entre filiation et alliance, dans laquelle la continuité de la relation des enfants avec leurs deux parents est valorisée. Les nouvelles liaisons des séparés, soit par mariage soit par cohabitation, génèrent des situations de résidence très différentes : couples qui vivent avec les enfants des mariages précédents, parents seuls avec leurs enfants, ou bien pères qui accueillent les enfants uniquement au cours des week-ends et des jours fériés. Les solutions sont multiples et l’après-divorce débouche sur une multitude de figures familiales différentes. Dans ce contexte, comment la position du père change-t-elle après le divorce ? Et quelle est l’influence des autres figures présentes dans la parenté élargie (« beaux-parents, beaux-grands-parents ») dans la redéfinition de la paternité ?
2Cet article présente une analyse ethnographique de divers parcours de pères divorcés et s’interroge sur la manière dont ces processus sont traduits dans les différentes conceptions de la paternité. Les exemples présentés ont été recueillis à partir d’entretiens réalisés à Barcelone et dans sa région métropolitaine [1]. Trois questions nous paraissent significatives. D’une part, le processus de construction d’une paternité sans résidence commune avec la mère. Dans ce cas, la notion de la paternité comme figure complémentaire de la maternité doit être remplacée par une figure paternelle, souvent présentée comme concurrente de la figure maternelle. D’autre part, le fait que la figure du père divorcé soit généralement accompagnée d’autres figures non considérées comme des parents (« beaux-parents ») mais qui sont présentes dans la vie de l’enfant et qui représentent une certaine concurrence par rapport au père. Le père biologique doit redéfinir sa position en fonction de ces autres personnes. Enfin, en troisième lieu, il faut également prendre en considération la relation avec les grands-parents, qui jouent aussi un rôle essentiel dans la redéfinition de la paternité. À Barcelone, la rupture du mariage est aussi associée à un certain « élargissement » de la famille.
L’évolution du divorce en Espagne et en Catalogne
3Les normes sur le divorce et la famille ont changé très rapidement en Espagne. En 2005, le gouvernement socialiste introduit des modifications substantielles dans la loi portant sur le divorce. La loi antérieure (1981) ne permettait le divorce qu’après une période préalable de « séparation » légale de deux ans, ce qui impliquait le fait qu’un grand nombre de séparés ne formalisaient pas leur divorce pour éviter les démarches légales ainsi que les coûts. Dans l’ancienne loi, le divorce exigeait une déclaration de culpabilité et on le concevait comme l’ultime solution à laquelle pouvaient avoir recours les conjoints, et uniquement quand il était évident que leur réconciliation n’était plus possible après une « période de réflexion ». La nouvelle loi, au contraire, permet aux conjoints de parvenir à une solution négociée quant à la garde des enfants et encourage la garde partagée ainsi que la coresponsabilité parentale. De cette manière, on a substitué au principe du divorce comme faute et mal mineur un « principe de liberté des conjoints dans le couple, puisqu’aussi bien la continuation de leur vie commune dépend de la volonté constante des deux » [2]. Comme l’analysent Anna Escobedo, Lluís Flaquer et Lara Navarro-Varas [ce numéro], la rédaction d’une nouvelle législation a été accompagnée d’une pression exercée par les différentes associations de pères, les groupes féministes et les partis politiques dans la poursuite de leurs positions idéologiques et intérêts.
4La nouvelle loi a été promulguée dans une ambiance de grande hostilité de la part des secteurs conservateurs, qui l’ont appelée « loi du divorce express » en considérant qu’elle introduisait un processus excessivement facile. Six ans après, la loi a modifié le panorama des divorces. En 2004, l’Espagne était l’un des pays ayant le plus faible taux de divorces d’Europe (0,9 pour 1 000 hab., par rapport à une moyenne européenne de 2,0 et de 2,2 en France) [3]. La nouvelle loi eut pour conséquence une rapide augmentation des divorces et, pendant quelques années, l’Espagne se convertit en l’un des pays d’Europe où l’on divorçait le plus, parvenant à un taux de 2,8 en 2006, bien supérieur à la moyenne européenne et même plus élevé que celle des pays ayant le plus grand nombre de divorces. Cependant, une fois passés les premiers effets de la nouvelle loi, le taux de divorces est progressivement redescendu au fil de ces dernières années jusqu’à se situer en 2009 à 2,1, c’est-à-dire un taux similaire à la moyenne européenne et à nouveau en dessous des pays qui connaissent les taux les plus élevés.
5La figure 1, qui fait référence à la Catalogne (l’une des Communautés autonomes ayant le plus haut taux de divorces d’Espagne, et lieu de notre recherche), permet de comprendre cette évolution. Comme on peut le voir, jusqu’à la nouvelle loi, la majorité des couples se séparaient et ne formalisaient pas le divorce après les deux années de séparation préalable qu’exigeait la loi. En revanche, après la promulgation de la nouvelle loi, le nombre des divorces a augmenté, d’une part parce que de nombreux couples déjà séparés ont demandé alors le divorce du fait des nouvelles facilités légales et, d’autre part, parce que ceux qui se séparaient auparavant passèrent directement au divorce. Cette augmentation conjoncturelle cessa à partir de 2007 et, au moment de la rédaction de cet article (janvier 2011), le taux de divorce est en baisse. En définitive, le nombre de divorces a augmenté mais le nombre total de ruptures redevient similaire à celui qui prévalait avant cette nouvelle loi.
6Toutefois la nouvelle situation révèle de très importantes différences. En Catalogne, de manière similaire à ce qui se passe dans le reste de l’Espagne, 93 % des ruptures se produisent par divorce sans la période de séparation qu’établissait la loi antérieure (qui était le cas dans 40 % des ruptures). Aussi, l’augmentation du nombre de divorces a-t-elle entraîné quelques conséquences non prévues dans la nouvelle loi. Alors que la législation prétendait stimuler les divorces par accord mutuel et la garde partagée, la facilité du processus a eu un effet contraire : une partie importante des divorces (40 %) continue d’être la conséquence de situations conflictuelles sans accord préalable et la majorité des gardes continuent d’être attribuées à la mère, surtout celles des enfants de moins de 7 ans. Mais le changement le plus significatif consiste en ce que le divorce s’est étendu à toutes les classes sociales [Treviño et al., 2000]. Des personnes ayant moins de ressources économiques divorcent davantage aujourd’hui, et, par conséquent, nombre d’entre elles doivent supporter des conditions économiques plus difficiles. En d’autres termes, on a introduit en Espagne une législation très progressiste qui n’a pas été accompagnée des politiques sociales nécessaires pour prévenir ses effets, générant ainsi une détérioration des conditions de vie de la population des enfants concernée [Flaquer et Garriga, 2009].
Père-enfants au-delà de la résidence conjointe
7Depuis les années soixante-dix, tant au niveau social que d’après les experts (droit, psychologie ou médiation familiale), on considère qu’après le divorce il est nécessaire de conserver la relation avec le père et la mère pour garantir le bien-être du mineur, ce qui a donné lieu à une révision des concepts de parentalité, considérant que les rôles du père et de mère peuvent continuer à être exercés bien au-delà de la résidence conjointe [Simpson, 1998]. Théry [1995] soutient que le caractère incertain et transitoire du couple conjugal a été remplacé par la certitude de la filiation, avec une distinction claire entre « filiation » et « alliance ». La première est envisagée comme quelque chose de « naturel » et d’irréversible, et l’on considère que parents et enfants doivent se comporter conformément aux rôles conventionnellement attribués à la filiation, en continuant la relation préétablie au sein de la nouvelle situation. De cette manière, on peut observer le processus de construction d’une paternité en coopération avec une mère avec laquelle on ne partage pas une résidence commune. Dans ce cas, la notion de la paternité comme figure complémentaire de la maternité entre en crise et doit être remplacée par une figure paternelle souvent en concurrence avec la figure maternelle.
8Lors de la recomposition, la séparation renvoie l’enfant et son père face à face et la place de chacun est à redéfinir [Martial, 2003 : 30]. Pour comprendre la reconfiguration du père divorcé, on doit tenir compte du fait qu’il existe de multiples situations qui ont à voir avec le statut des parents, la distance résidentielle, le degré de conflit entre les ex-conjoints ou les ressources économiques [Solsona et al., 2007 ; Jociles et Villaamil, 2008]. Voyons quelques exemples qui suggèrent des relations très diverses, allant du manque de liens entre les enfants et leur père absent à une vie commune fréquente avec lui. Dans le premier cas (que l’on pourrait appeler « modèle de substitution absolue »), le père disparaît pratiquement de la relation familiale. Carme (40 ans) [5] s’est séparée quand elle avait trois enfants de 5, 3 et 2 ans, en dépit du fait que son mari ne le voulait pas. Depuis lors, elle ne l’a pas revu, et elle parle avec amertume de sa séparation, en insistant sur le fait qu’elle n’a plus voulu rien savoir de lui : « Il n’y a eu aucun accord. L’accord a été que je ne voulais plus jamais le revoir et j’ai décidé que je préférais que mes enfants ne le voient pas non plus. Et lui-même le voulait comme ça, parce que si une personne veut réellement voir ses enfants, à la fin elle y parvient ».
9Dans le deuxième cas (« modèle du père absent »), les enfants voient de temps en temps leur père et celui-ci contribue à leur entretien au moyen d’une pension, mais la relation avec le père absent est très faible et celui-ci ne participe pas aux décisions essentielles pour leur vie. C’est le cas d’Antònia (36 ans), une informatrice qui vit seule avec ses enfants et qui signale que la relation de ses enfants avec leur père est minimale parce que celui-ci a déménagé de Barcelone à Madrid : « S’il était resté à Barcelone, il aurait sûrement été possible de maintenir un contact plus important entre les enfants et leur père. Mais, comme il est parti, il les a quasiment oubliés. Conformément à l’ordre judiciaire, il devrait les voir tous les quinze jours, mais il les voit seulement quand il vient passer un week-end à Barcelone. Il les emmène alors déjeuner et dîner. Mais il peut se passer un ou deux mois sans qu’il les voie ».
10Le père, dans ce cas, est vu comme une figure éloignée, qui maintient une relation sporadique avec ses enfants et qui n’intervient presque pas dans les décisions les concernant. La situation illustrée par la figure 2 (« modèle de coparentalité inégale »), celle d’Araceli, 42 ans (1) est en revanche très différente. Mariée depuis huit ans avec un homme divorcé (2) qui avait déjà deux enfants (6 et 7) d’une autre relation (3), elle vivait habituellement avec son mari et leur enfant (5) et recevait fréquemment la visite de ses deux « beaux-enfants » de 15 et 13 ans. Mais, comme la communication entre les parents était pratiquement inexistante, les deux maisons suivaient des modèles éducatifs distincts, avec des valeurs différentes, fréquemment en contradiction : « Manel [le conjoint de l’informatrice] ne prend pas de décisions en ce qui concerne ses enfants. Il s’est retranché derrière le fait que c’est elle qui a la garde et que, évidemment, pendant les week-ends on ne peut rien faire quant à l’éducation qu’elle leur donne. Ils me disent : “Maman nous a acheté un survêtement Reebok. Et toi, tu m’achètes les tennis Reebok ?” Évidemment, on entre dans une série de conflits avec lesquels ils jouent. Mais il arrive un moment où on dit en maintenant son intégrité : “Non, et si ça te convient, c’est bien. Et si non, ne viens pas me voir parce que, de toute façon, tu as ta mère et tu ne seras pas abandonné”. »
11Voyons un dernier exemple, qui présente un rôle du père plus égalitaire (« modèle de coparentalité absolue »). Il s’agit d’un couple séparé depuis deux ans, avec un fille en commun, bien que la femme ait un nouveau conjoint. Les parents ont décidé de vivre dans le même quartier pour que leur enfant ait un contact fréquent avec les deux. L’enfant voit presque tous les jours son père et sa mère, et ceux-ci effectuent certaines activités en commun. La fille a ainsi deux pôles de référence ayant une interrelation entre eux. Cela tend à redéfinir la manière dont sont conçus les rôles parentaux : le père biologique, dans les termes de l’informatrice, une femme de 38 ans, se comportait « aussi comme une seconde mère ».
12Bien au-delà de ces modèles, la recomposition familiale apparaît comme un processus au cours duquel les relations et le statut varient au fil des années [Thompson et Amato, 1999]. Prenons l’exemple illustré par la figure 3. Roberto (1), un homme de 55 ans résidant à Barcelone, vivait avec sa troisième conjointe Paula (3), une femme de 41 ans au moment de l’entretien. Il a deux enfants (25 et 19) de deux relations antérieures, et deux filles jumelles (9) avec sa compagne actuelle. Au fil de sa vie, lui-même, ses compagnes et ses enfants ont modifié leurs relations et adopté diverses solutions. Pendant l’enfance de son premier enfant (25), qui a maintenant 37 ans, il le voyait uniquement une fois par mois. Avec le deuxième enfant (19), né de sa deuxième compagne (2), il a vécu six ans jusqu’à sa deuxième séparation, et après il le voyait par la suite tous les quinze jours. Et avec sa troisième compagne (3), il a eu deux filles jumelles (9) avec lesquelles il a vécu jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge adulte. Dans sa trajectoire, Roberto n’a pas suivi un modèle unique de paternité : celle-ci a changé en fonction des différentes circonstances de sa biographie. Comme le dit Agnès Martial [2003 : 74], dans les processus de recomposition, un individu peut revivre plusieurs fois, au cours de son histoire, l’entrée en couple et l’accès au statut de parent. Il peut alors connaître différentes expériences de paternité.
Recomposition familiale d’Araceli
Recomposition familiale d’Araceli
Relations familiales de Roberto
Relations familiales de Roberto
13En dépit de l’accent qui est mis par la nouvelle loi sur la garde partagée, il est certain que les juges, en cas de désaccord, tendent à donner la garde à la mère en le justifiant par des raisons « traditionnelles », telles que les différences dans la division sexuelle du travail, la psychologie de la femme ou la considération selon laquelle les femmes soigneraient mieux les enfants [Moncó, 2010 : 2]. De même, dans les entretiens, les femmes qui ont la garde se plaignent de ce que les pères se désintéressent de leurs enfants, alors que les hommes qui n’ont pas la garde se lamentent de ce qu’ils les voient peu. Les raisons qu’ils allèguent pour expliquer cet éloignement sont diverses, mais on remarque surtout les conditions du régime judiciaire de séparation, la distance géographique, l’attitude de la mère, et les relations avec elle. Une informatrice récrimine, quant à elle, que son mari n’avait pas maintenu suffisamment de relations avec son ex-compagne : « Ce qu’il a fait de mal, c’est de ne pas avoir maintenu un dialogue avec la mère. Bon, je peux comprendre qu’entre deux personnes qui ont eu une rupture assez désagréable, le dialogue n’est parfois pas possible, même si on le veut. La théorie, c’est très bien : en dépit de la séparation, les parents doivent parler des enfants. Mais, dans la pratique, il y a de nombreux sentiments en jeu et des histoires qui conditionnent tout » (Araceli, 42 ans).
14Bien que la majorité des décisions judiciaires continue à accorder la garde à l’une des parties, la garde partagée a progressé et elle introduit le problème de la résidence équitable de l’enfant mineur. Les solutions adoptées sont très diverses, soit par semestres ou mois alternés, par quinzaines, par semaines, et même par jours. La réforme du Code civil de Catalogne a introduit en 2010 le principe selon lequel la rupture de la vie commune n’altère pas les responsabilités des parents vis-à-vis de leurs enfants, qui doivent être partagées et exercées conjointement [Giralt, 2011]. Pour ce faire, ceux-ci s’engagent à créer dans chaque cas un « plan de parentalité » qui tienne compte du lien affectif entre les enfants et leurs parents, ainsi que des relations des enfants avec les autres personnes dont ils partagent la vie. Dans ce plan doivent figurer de manière détaillée les lieux de résidence des enfants, les tâches dont chaque parent doit se dire responsable, la manière dont l’organisation de la garde peut éventuellement évoluer, les modalités de la communication avec les enfants quand un parent ne les a pas avec lui, l’organisation des vacances, le type d’éducation, les activités extrascolaires et la manière de partager l’information quant à l’éducation et la santé des enfants. Cette tentative pour définir l’exercice conjoint de la parentalité vise une garde équitable, mais elle implique en même temps un exercice juridique de régulation de la paternité. En envisageant dans le détail tous les aspects de la vie quotidienne, n’est-on pas en train de créer « des parents de règlement » ? Jusqu’à quel point la loi peut-elle régler la complexité des relations ? En recherchant l’égalité presque absolue, n’est-on pas aussi en train de créer « les figures de mère-père et de père-mère » ?
Beaux-pères versus pères. Des parents en plus ?
15En général, les études sur le rôle des beaux-pères insistent sur le fait que le rapport aux lignées de l’individu ayant vécu au sein d’une famille recomposée s’appuie sur un critère biologique et que la pluri-parentalité n’implique pas une affiliation symbolique supplémentaire [Jonas et al., 2007]. La majorité des auteurs s’accordent sur le fait que le rôle du père est très distinct parce qu’il s’inscrit dans ce que l’on appelle « la dette de vie ». Ainsi, le lien parent-enfant fonctionne « dans le psychisme, dans l’inconscient de l’enfant et même dans des identifications profondes » [Giampino, 2008 : 4].
16Bien que cette différenciation entre parenté biologique et parenté sociale soit claire [Le Gall et Martin, 1993], nos entretiens suggèrent que la présence des beaux-pères a une grande influence dans la configuration des rôles paternels et peut générer une concurrence entre eux [Desrosiers et al., 1995]. Pour que la relation ne soit pas conflictuelle, le père non cohabitant doit autoriser l’enfant, explicitement ou implicitement, à tisser un lien de relation avec le beau-père, et le beau-père doit veiller à ne pas usurper la fonction parentale [Giampino, 2008 : 16]. Le père jugera fréquemment le comportement du beau-père à l’aune des exigences qu’il aurait eues lui-même s’il avait été présent, mais si le beau-père réussit à conquérir l’amour de son beau-fils, alors le père se sent menacé dans l’exclusivité du lien qu’il a noué avec son enfant [Cadolle, 2007 : 20].
17Pour les figures des beaux-pères, il n’existe pas de références culturelles ni même terminologiques. À la différence de ce qui se passe dans d’autres langues (comme le « beau-père » français ou le step-father anglais), il n’y a ni en catalan ni en espagnol de terme spécifique pour dénommer cette personne. Stricto sensu, ce serait le padrastre, mais ce mot n’est jamais utilisé comme terme ni de référence ni de description à cause de sa connotation négative. En général, on a recours au prénom, ce qui implique l’usage d’un nom qui ne mentionne aucune relation avec la personne et, par conséquent, la contourne. Toutefois, utiliser le prénom comme s’il s’agissait d’une relation d’amitié comporte une contradiction : en effet, la relation entre l’enfant et l’adulte n’est pas une relation d’amitié entre égaux, et son utilisation implique plutôt la négation symbolique de la relation [Bourdieu, 1996]. Quand on veut concrétiser davantage, on a recours à des termes qui décrivent la relation en fonction de sa position avec les parents consanguins (le marit de la mare, le novio de la mama [fiancé de ma mère] ou le papa dels germans). En d’autres occasions, s’invente un nouveau mot à partir d’une réinterprétation des termes ou de l’adoption de mots utilisés dans d’autres contextes délimitant les fonctions de chaque personne. Ainsi, dans le cas suivant, a-t-on créé un nouveau terme, padràs, diminutif du catalan padrastre : « Ils ne l’appellent pas padrastre (beau-père) parce qu’ils trouvent ça trop compliqué, ils l’appellent padràs. Dans tous les contes, la marâtre est celle de Cendrillon, qui est un personnage très désagréable ; le beau-père dans certains contes, aussi, mais il n’est pas aussi marqué comme mauvais. Tout d’abord, c’est Antoni [le beau-père] qui souhaitait qu’ils l’appellent papa, mais devant le refus des enfants de l’appeler ainsi quelqu’un leur a facilité la tâche en leur proposant le nom de padràs » (Ramon, 38 ans).
18On a fréquemment signalé que la difficulté pour déterminer le rôle du beau-père (un « faux père ») est due au poids dominant de l’idéologie de la famille nucléaire, car cette figure ne s’inscrit pas dans les descriptions du modèle de parenté biologique [Coleman et Ganong, 1990]. L’usage de tous ces termes traduit l’effort fait pour éviter que cet homme n’adopte la position du père, parce que l’existence d’un beau-père a une incidence sur la redéfinition de la figure paternelle.
19Les mères ne se sentent pas aussi menacées par l’existence de belles-mères que les pères par les beaux-pères, qui invoquent leur qualité de « vrai père » pour s’opposer à un statut de beau-père [Cadolle, 2007 : 16]. Évidemment, cela est dû au fait que la corésidence avec la mère est beaucoup plus fréquente qu’avec le père, sans compter qu’en général, les belles-mères s’impliquent davantage dans le soin à leurs beaux-enfants que les beaux-pères. Mais c’est aussi justifié, comme le fait cette informatrice, par un discours sur les différences de rôles : « Il est facile de jouer le rôle du père sans l’être biologiquement, mais, pour une mère, c’est bien différent. Cette connivence si intime de la mère qui a porté l’enfant pendant neuf mois, jour après jour, heure après heure, seconde après seconde, avec un petit truc comme ça à l’intérieur, et dont elle accouche ensuite […] C’est ça qui la sépare des sentiments du père. Il n’y a pas de comparaison » (Jacint, 42 ans).
20Face au père, le beau-père est une personne sans le moindre lien juridique, dont la position se construit peu à peu. C’est pour cela que le beau-père peut adopter des rôles très distincts. Il est possible, également, que le nouveau compagnon de la mère soit tenté de se proposer comme père de substitution ou alternatif [Bernardini, 1997 : 114], ou comme un « second papa », comme le fit Joel : « La petite, quand elle a commencé à parler, disait qu’elle avait deux pères. Je lui ai demandé si elle voulait que je sois son père et elle m’a répondu qu’elle avait déjà un père […] mais elle continuait à m’appeler papa. C’était une petite fille plutôt curieuse et je l’ai laissée faire, jusqu’à ce qu’un jour elle me dise qu’elle avait deux papas » (Joel, 51 ans).
21De même, Gisela, une femme de 53 ans, s’est retrouvée seule à Barcelone avec un petit enfant à sa charge parce que le père s’est absolument désintéressé de lui après la séparation. C’est son nouveau compagnon qui assume les fonctions parentales et se charge de son enfant « comme s’il était le sien ». Elle explique que son enfant sait qui est son père biologique, mais que c’est avec son compagnon actuel qu’« il a une relation plus proche du type de ce que l’on considère habituellement comme un père ». Selon elle, l’enfant ne veut plus aller avec son père parce qu’« un jour il s’est fâché parce qu’il ne le laissait pas emporter des jouets et il est arrivé à la maison en pleurant et en disant qu’il ne voulait plus aller avec son père ».
22Toutefois, en général, le nouveau compagnon souhaite maintenir la relation avec le père non seulement par égard pour la filiation de l’enfant, mais aussi de manière à garantir sa relation conjugale et à ne pas avoir toujours l’enfant à charge. Par conséquent, le rôle du beau-père peut être conçu comme secondaire, comme Manuel (43 ans) qui nous expliquait que son beau-fils « ne voulait en aucune manière être en première ligne ». Alors, le beau-père peut adopter une relation d’« intermédiaire », comme dans le cas de Carles (45 ans) (fig. 4). Cet informateur est allé vivre chez sa compagne Elisenda (1) avec les enfants de celle-ci (16 et 20). Bien que la relation fût bonne, son rôle n’était pas clair parce qu’il assumait des tâches parentales telles qu’emmener les enfants à l’école, chez le médecin ou en excursion, mais ne se sentait pas apprécié pour autant. La corésidence quotidienne le situait dans une position ambivalente parce qu’« il avait conscience de ne pas être le père, et évidemment il y a des choses qu’il ne pouvait pas faire parce qu’il ne l’était pas effectivement, mais, en revanche, il y avait des choses qu’il devait faire parce qu’il vivait avec elles ». Il se produisit la même chose entre sa fille biologique Eva (23) et ses demi-frères (16 et 20), qui maintenaient « une relation excellente parce qu’ils avaient les avantages des frères et sœur et les avantages de ne pas l’être ». Dans leurs relations familiales, on peut constater une grande diversité de situations résidentielles, puisque les belles-filles de Carles avaient aussi un demi-frère (6) du côté de leur père et qu’elles passaient des journées avec lui, leur père et leur belle-mère (5 et 6). Toutes ces personnes réadaptèrent leur vie et configurèrent une espèce de « famille élargie », selon leurs propres mots. Entre les adultes, ex-compagnes ou compagnons et les nouveaux, existait une bonne entente et ils partageaient des dîners ou des fêtes. La situation devint plus complexe avec la séparation de l’ex-mari d’Elisenda (5) car les « beaux-enfants » de Carles continuèrent à maintenir le contact avec leur ancienne belle-mère (6). Et comme cette « ex » venait aussi aux fêtes communes, Elisenda se permet de plaisanter : « Maintenant, nous avons un problème parce que nous ne savons pas si nous devons faire se rencontrer mon ex-compagnon (5) avec son ex-compagne à lui (3). Ça serait moins compliqué ! »
Relations familiales de Carles
Relations familiales de Carles
23Des situations comme celles-ci situent l’enfant au sein d’une « pluri-parentalité » symbolique : il reçoit alors les transmissions symboliques des deux parents et du « beau-parent » gardien. Le père biologique peut voir dans la figure du beau-père de ses enfants non seulement un concurrent en termes de masculinité (c’est le nouveau compagnon de son « ex ») et de parentalité en raison du temps que celui-ci passe avec son enfant.
Grands-parents et « beaux-grands-parents ». Prendre la place du père ?
24Pour comprendre la dynamique de la recomposition familiale, il est indispensable d’analyser l’influence des relations intergénérationnelles dans les processus de divorce. Le rôle des « nouveaux grands-parents » est fondamental à Barcelone, et ce pour trois raisons. En premier lieu, parce que les individus qui sont maintenant grands-parents se sont mariés pendant le franquisme, quand le divorce n’était pas permis et quand la séparation n’était pas envisagée à l’exception de cas tout à fait exceptionnels. En deuxième lieu, parce qu’en Catalogne la continuité familiale a été un élément essentiel dans la configuration culturelle des familles, aspect qui semble avoir une certaine continuité dans la Catalogne urbaine [Bestard et Contreras, 1995 ; Roigé, 2006]. Et, en troisième lieu, le plus important, du fait de la faiblesse de la politique familiale en Espagne, qui implique que les grands-parents doivent adopter un rôle de substitution très important dans le soin aux petits-enfants [Flaquer et Garriga, 2009]. Fréquemment, les grands-parents apportent une aide indispensable afin que les nouvelles familles recomposées puissent fonctionner, et leur rôle est donc décisif pour la redéfinition de la paternité après le divorce.
25Dans les entretiens, on peut constater de fortes inégalités entre les grands-parents maternels et les paternels. En général, les relations avec les grands-parents maternels sont plus fréquentes et décisives. C’est le cas d’Oriol, un jeune homme de 20 ans qui vécut pendant dix ans avec sa mère, sa grand-mère maternelle et sa tante célibataire après la séparation de ses parents. Pour lui, le rôle de sa grand-mère a été fondamental : elle lui a assuré une stabilité de domicile qu’il avait perdue avec la séparation de ses parents. La relation avec son aïeule est si forte que lorsque la mère est allée vivre avec son nouveau compagnon, il a préféré demeurer chez celle-ci. Il considère que sa « véritable maison » est celle de sa grand-mère, le lieu des rencontres familiales, de son identité et de la stabilité après la turbulence de ses relations familiales [Segalen, 2010 : 104].
26En revanche, les relations avec les grands-parents paternels sont en général plus fragiles et ceux-ci se plaignent fréquemment qu’« ils ont perdu leurs petits-enfants » (Clara, 76 ans). Ils sont incités à adopter davantage le point de vue du père et à ne pas déléguer de fonctions à son ex-compagne. Ainsi, Francesc, qui avait accepté à l’origine avec son ex-femme que les enfants soient avec lui seulement deux week-ends par mois, a fini par réclamer un régime de visites plus important à partir de la promesse de ses parents qu’ils s’occuperaient de leurs petits-enfants deux jours par semaine à la sortie de l’école. Ce qui était important pour lui, ce n’était pas seulement que ses enfants puissent être avec leur père mais aussi « avec leur famille paternelle ». Dans d’autres cas, ce sont les grands-parents qui organisent à leur domicile les week-ends ou les vacances que l’enfant doit passer avec son père [Segalen, 2010 : 102]. Ils peuvent aussi devenir « pères de substitution », comme dans le cas de l’enfant de Petra (47 ans). Comme son ex-compagnon vit en Amérique, la garde qui correspondrait au père de son enfant est exercée par la grand-mère : « De fait, l’enfant vivait chez sa grand-mère parce que son père, quand nous nous sommes séparés, a vécu un temps là-bas. Et l’enfant y a sa chambre. L’enfant est une partie du temps avec moi et une autre partie avec sa grand-mère. Et quand il est avec elle, il parle avec son père presque tous les jours par Internet. »
27Le Code civil de Catalogne, réformé en 2010, établit que le père et la mère doivent faciliter la relation de l’enfant, garçon ou fille, avec les grands-parents et qu’ils ne peuvent l’empêcher que s’il y a une cause juste [6] ; il envisage aussi la possibilité d’un régime de visites avec ses grands-parents. Toutefois, bien que la loi soit claire quant au droit des grands-parents à l’égard des petits-enfants, sa pratique est une tout autre chose. Clara, la grand-mère de 76 ans, nous indique que, bien que la décision judiciaire lui ait accordé le droit de voir sa petite-fille, elle ne pouvait être avec elle que de manière très occasionnelle : « Au cours de cette dernière année, c’est à peine si j’ai vu ma petite-fille quelques heures. » Pour elle, ce n’était pas seulement une question personnelle, mais aussi un devoir, afin que sa petite-fille puisse connaître sa lignée paternelle. Elle regrettait que son fils insistât peu auprès de son ex-épouse quant à cette nécessité : « Mon ex-belle-fille fait tout ce qu’elle peut pour éviter que je la voie mais mon fils ne joue pas non plus suffisamment son rôle de père. » La grand-mère se présentait comme « la garantie de la paternité de son fils » et rappelait à celui-ci qu’« il devait être plus père qu’il ne l’était ». Les grands-parents, en définitive, sont des clés dans la redéfinition de la paternité après le divorce [Segalen, 2010 : 102].
28Fréquemment, les recompositions familiales impliquent aussi de se mettre en rapport avec les parents de la belle-mère ou du beau-père, des personnes avec lesquelles il n’y a aucun type de relation de parenté établi, mais avec lesquels peuvent être créés des liens plus ou moins étroits, qui peuvent aller jusqu’à l’exercice de certaines fonctions grand-parentales. Les situations de corésidence leur posent de nombreuses questions quant au type de comportement qu’ils doivent adopter face aux « beaux-petits-enfants ». Doivent-ils les traiter comme leurs véritables petits-enfants ? Doivent-ils aider en ce qui concerne la garde et faire des cadeaux ? Le père ou la mère biologique permettront-ils que s’approfondissent ces relations suspectées de se dérouler au détriment des relations avec les grands-parents ?
29Schneider et Mietkiewicz [2001] signalent que, en général, les « beaux-grand-parents » sont accueillants et s’adaptent avec imagination aux nouvelles conditions familiales. Ils peuvent même offrir des conditions de sécurité et de stabilité, sur la base de relations fondées sur un équilibre pour ne pas faire sentir à leurs « beaux-petits-enfants » la particularité de leur position. Ce seraient, en tout cas, des relations qui ne partent d’aucun modèle prescrit, sinon d’un rôle de recomposition qui doit être réinventé [Attias-Donfut et Segalen, 1998 : 142]. Cependant, les relations avec leurs « véritables petits-enfants » et leurs « faux petits-enfants » se basent sur une relation inégale : ils ressentent une plus grande affection envers les « véritables » mais conservent les apparences avec les « autres petits-enfants ». Parfois, les liens peuvent malgré tout devenir solides [Schneider et Mietkiewicz, 2001]. Araceli nous expliquait ainsi que ses deux « beaux-enfants » s’entendaient mieux avec ses propres parents qu’avec leurs « véritables grands-parents » : « Les enfants se trouvent très bien avec mes parents. Il y a une relation parfaite, je veux dire, une relation de grands-parents, qu’ils ne sont pas, mais ils s’aiment. Enfin, ils sont allés seuls avec mes parents au stade du Barça, pour se promener, au parc d’attractions […] Ils adorent mon père, ils le font aller ici, puis là […] peut-être eux-mêmes voient-ils une meilleure ambiance familiale du côté de notre famille que de l’autre côté. Pour eux, c’est “le grand-père qui les emmène au football”. »
30Dans les cas étudiés, les relations avec les « beaux-grands-parents » sont envisagées comme en complément des transmissions paternelles, et non comme un élément de substitution. Toutefois, en dépit du fait que les petits-enfants perçoivent clairement les différences entre l’héritage symbolique reçu de leurs « beaux-grands-parents » et celui de leurs propres grands-parents [Veron, 2007 : 22], les premiers sont, d’une certaine façon, en concurrence avec les « véritables » grands-parents et, indirectement, avec la paternité.
31Lluís Flaquer [1999] parlait de « l’étoile décroissante du père » pour redéfinir la paternité. Le modèle des « nouveaux pères » est basé sur l’idée d’une indifférenciation sexuelle des rôles et de ce que toutes les tâches se partagent sur la base de la disponibilité de chacun et non selon le sexe. Comme le soutient Cadolle [2007 : 20], le père développe une relation avec son enfant qui est sans doute très différente de la relation que les hommes d’autrefois entretenaient avec les leurs et pour lesquels la paternité était la transmission d’un nom, d’un patrimoine et d’une lignée. Si le père pouvait accepter autrefois d’être séparé de son enfant, cela lui paraît aujourd’hui de moins en moins supportable. Dans cette redéfinition de la figure paternelle, comme nous l’avons vu, la concurrence et l’influence d’autres figures familiales sont très présentes : le père les voit comme une menace affective (beaux-pères), ou bien comme un rappel qu’il doit avoir un rôle plus actif dans sa relation avec l’enfant (grands-parents).
32Cette redéfinition de la paternité, recommandée par la législation et par les professionnels, est généralement assumée par ces « nouveaux pères ». Toutefois, notre enquête à Barcelone montre qu’en réalité ces idéaux sont loin de pouvoir être assumés. Comme le dit Cadolle [2007 : 41], la prédominance traditionnelle de la mère est renforcée par les bouleversements de la famille contemporaine. L’égalité du père et de la mère est encore rarement réalisée dans les recompositions familiales, principalement en raison des difficultés économiques découlant du manque de politique familiale en Espagne [Escobedo, Flaquer et Navarro, ce numéro].
33La redéfinition de la paternité apparaît ainsi comme la conséquence des changements idéologiques et législatifs mais aussi des stratégies d’adaptation aux nouvelles circonstances vécues après le divorce, incluant l’influence de cette « famille élargie » et les conséquences socio-économiques du divorce. ?
Bibliographie
Références bibliographiques
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Notes
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[1]
Les entretiens ont été réalisés dans le cadre des projets de recherche Nuevas familias (Plan Nacional de I+D, sec 96-0992, Ministerio de Ciencia e Innovación, 1996-2000), Inventari del Patrimoni Etnològic (Generalitat de Catalunya, gouvernement autonome catalan, 2009-2011) et Pères en solitaire. Paternités contemporaines et nouvelles trajectoires familiales en France et Espagne (Agence Nationale de la Recherche, 2009-2012, anrpaternite, projet anr-08-jcjc-0057-01). Je remercie ces institutions pour leur soutien.
-
[2]
Loi 15/2005, du 8 juillet.
-
[3]
Source : Eurostat.
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[4]
Source : élaboration à partir des données d’idescat, Institut d’Estadística de Catalunya.
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[5]
Tous les noms cités ont été changés pour préserver l’identité des personnes mentionnées.
-
[6]
Art. 135, Code civil de Catalogne.