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Article de revue

Géographie et anthropologie : une rencontre nécessaire (xviiie-xixe siècle)

Pages 661 à 669

1On sait que la trajectoire d’ensemble des sciences humaines au début du xxe siècle est marquée par des querelles innombrables de priorité ou d’empiétement. Celles-ci affectent surtout les zones frontalières, là où, précisément, se brouillent les identités des groupes professionnels. Elles seront à peine tempérées par l’évocation de l’homme « total » ou « complet » ou par un appel irénique à l’esprit de collégialité, à la « compénétration » des points de vue, etc. [Brunhes, 1913]. Dans la réalité toutefois, les traditions de recherches opposent leurs barrières invisibles à la culture des marges. Le bénéfice d’une forte légitimité universitaire favorisait une découpe gestionnaire de la réalité plutôt que la différenciation ou l’affirmation des interfaces prometteuses. Malgré cela, malgré les interdits subtils, le compagnonnage antérieur des sciences humaines mérite d’être rappelé. De Buffon à Élisée Reclus, l’hostilité n’est nullement systématique et, moins encore, théorisée. Sur maints dossiers naturalistes, relatifs à l’économie de l’habitat et aux faits de distribution des groupes humains, la collaboration des ethnologues et des géographes témoigne d’une mutualisation des ressources académiques. Elle se voyait d’ailleurs encouragée par la faiblesse numérique persistante des corps savants dévoués à l’étude de l’homme.

De quelques réciprocités historiques

2Il est admis aujourd’hui que la nouvelle école vidalienne « ne reconnaissait pas beaucoup de limites du côté des questions anthropologiques » [Berdoulay, 1995 : 192]. La résistance des anthropologues fut en vérité presque nulle. Une longue tradition de travaux communs rapprochait les deux spécialités. Si Armand de Quatrefages, professeur d’histoire naturelle de l’homme au Jardin des Plantes jusqu’en 1891, concédait que la géographie est « pour ainsi dire, la mère de l’Anthropologie », Edme-François Jomard, conservateur du Cabinet des Cartes de la Bibliothèque royale, écrivait, dès 1839, que « la connaissance de l’homme est le but final des sciences géographiques ». À son jugement, l’examen empirique des aptitudes des nations à la civilisation, de leurs ressemblances et dissemblances, avait une portée pratique dans les rapports des races. Tel est, convenait-il, « l’objet de l’ethnologie, ce qui est la science même de la géographie vue dans son ensemble et dans toute sa haute généralité » [Jomard, 1839 : 163].

3La « mission civilisatrice » de l’Occident n’allait pas sans préalables. La reconnaissance des espaces exotiques emprunta, pour ce qui regarde l’homme, deux voies complémentaires : d’un côté, l’étude de l’histoire, des langues, de la « physionomie morale » des peuples et de leurs productions en liaison avec le sol ; de l’autre, la reprise instrumentale d’un thème hiérarchique déjà séculaire dont le système des races et la théorie dite des stades de développement permirent d’actualiser le poncif. Comme l’a montré Martin Staum [2000], la « Société de Géographie de Paris » a contribué activement à une telle construction de l’Autre, objectiviste et inégalitaire. De manière symétrique, la « Société ethnologique de Paris », créée en 1839, accueillait parmi ses membres actifs des géographes reconnus comme Conrad Malte-Brun, Pascal d’Avezac, Sabin Berthelot ou Louis Vivien de Saint-Martin, le recoupement des personnels s’étendant à l’administration des deux associations.

4Moins exemplaire en apparence, cette circulation ne se dément pas tout à fait dans la seconde moitié du siècle. Armand de Quatrefages réalise l’union parfaite. En 1863, il cumulait les présidences de la « Société d’Anthropologie de Paris » et de la « Commission centrale de la Société de Géographie ». Il se chargea de la partie anthropologique des Instructions générales aux voyageurs publiées en 1875 et représenta la « Société de Géographie » en diverses occasions solennelles. Son successeur à la chaire d’Anthropologie du Muséum, Ernest Hamy, a maintenu, sinon renforcé, ces rapports de connivence en devenant aussi un historien des voyages et des institutions conjointes d’ethnographie et de géographie.

5Au-delà d’un répertoire, mieux vaut marquer le fait. La dynamique ascensionnelle des deux sciences semblait solidaire sur le plan des acteurs, des institutions et des motifs de recherche. Le lien de l’anthropologie et de la géographie, comprise ici comme science de la terre habitée, relève de la longue durée du paradigme naturaliste qui déterminait dans son ensemble, jusqu’au début du xxe siècle, un champ d’études que nous croyons à tort distinctes depuis toujours. Ce lien n’est donc ni anecdotique ni ponctuel. En 1891, l’École d’Anthropologie de Paris créait pour Franz Schrader une chaire de Géographie anthropologique. « Je considère », disait-il, « la Terre et l’Humanité comme formant des parties d’un même ensemble fonctionnel ». « Causes géographiques, résultats humains »… En 1907, Schrader évoquait des manifestations « liées et réagissantes » pour signifier que les hommes sont « fils de la terre » et que, dans les mots d’Élisée Reclus [2002 : 34], « Les sociétés, prises dans leur ensemble, ont dû nécessairement se mouler à leur origine sur le sol qui les portait » avant de transformer, à leur tour, la nature par l’art et l’intelligence. La solidarité de la terre et de l’homme est un thème récurrent. S’il trouve une illustration nouvelle à l’heure des programmes vidaliens, il s’agit plutôt d’un approfondissement conséquent que d’une rupture d’intérêt.

6Les historiens n’ont guère balancé lorsqu’il s’agissait de situer la naissance de la « géographie humaine » dans l’héritage des Lumières. Les voyageurs, nous expliquent-ils, ont procédé à un savant arpentage des mondes lointains ou proches. Leurs découvertes ont permis aux comparatistes de cabinet de mieux comprendre la diversité des adaptations des groupes humains à leur environnement en relativisant, du même coup, l’universalité du conditionnement climatique généralement admis dans le courant hippocratique. Parmi les mieux cités, Buffon, Montesquieu ou Volney auraient ainsi plus de titres à la reconnaissance disciplinaire que n’en ont les géographes officiels comme Coquebert de Montbret ou Nicolas Desmarest. Ce jugement flatteur de la postérité mériterait à peine une mention au chapitre des anachronismes. Mais comme les trois auteurs distingués appartiennent aussi au patrimoine mémorial de l’ethnographie ou de l’anthropologie, concepts pareillement rétrospectifs, il demeure instructif d’interroger le système des connaissances qui articulait deux sciences nous paraissant à la fois si proches et si différentes, système qui s’étend sans autre discontinuité à un xixe siècle trop oublié.

7Vantant certaines pages brillantes de Michelet, dignes de son « tact divinatoire » (!), Lucien Febvre [1970 : 21] regrettait qu’en 1833, « la géographie n’existât pas encore ». Certes, la fécondité des vues de Michelet n’est pas en cause, ni sa contribution à l’écriture géographique du Tableau de la France [Petitier, 1997]. Mais l’historien chaleureux de la nation fut aussi membre de la « Société ethnologique de Paris » et ne se croyait pas divisé en son for intérieur, lorsqu’il passait d’un registre à l’autre. Ce serait ici le cas de réclamer, pour le siècle du positivisme, ce qui fut dit du moment des Lumières, qu’il a « encore une conception totale de l’homme » et que, en conséquence, « on continue à englober sous le terme imprécis de “philosophie” ce qui forme aujourd’hui la matière de huit à dix “sciences humaines” : ethnologie, sociologie, économie, géographie… » [Broc, 1994, t. 1 : 128]. Mais cette perspective qui garde l’agrément de beaucoup d’interprètes n’est pas satisfaisante. Elle affirme implicitement que le complexe disciplinaire que nous avons pris l’habitude d’objectiver au xxe siècle réalise la promesse différée des deux siècles précédents. Le régime des savoirs des époques antérieures n’est ni plus ni moins « précis » que celui qui nous devient familier par inculcation universitaire. On doit douter, néanmoins, qu’il eût les mêmes principes ou les mêmes visées.

8En réalité, pour comprendre l’alliance durable de la géographie et de l’ethnologie, il nous faut faire droit à une « conception totale de la nature » dont nous avons perdu le sens et l’usage. La période qui précède l’institutionnalisation glorieuse des deux sciences consacre, en effet, l’avènement de la figure terrestre de l’homme et l’inscription obligée des sociétés dans l’« économie de la nature ». L’effort de rationalisation porte précisément sur les termes d’un rapport de codétermination entre circonstances physiques et monde vécu. En témoignage de cette « solidarité magnétique des choses », les naturalistes ont tenu le premier rôle. C’est ainsi, écrivait Élisée Reclus [op. cit. : 89], « que Humboldt, Darwin, Wallace, Agassiz ont traité la géographie : en la rattachant à toutes les autres sciences, ils l’ont renouvelée, ils l’ont rendue vivante ». Quelques éclairages choisis nous permettront de préciser cette convergence des savoirs. Elle prend toute sa signification dans la carte des connaissances humaines quand André-Marie Ampère, en 1834, fédère l’« ethnographie » et la « géographie comparée » pour les mieux subordonner à une science unique du premier ordre, l’« ethnologie » proprement dite.

Lieux communs : récit officiel et pratiques avérées

9En dehors même des intérêts mercantiles et stratégiques qui s’attachent à l’exploration du globe, l’historiographie des Lumières explique couramment la faveur conjointe de l’anthropologie et de la géographie par la perte d’audience de l’ontologie religieuse traditionnelle. Échappant aux certitudes de la révélation par le retrait de Dieu hors de la sphère intelligible, la vérité des choses se donne dorénavant « à hauteur d’homme » [Gusdorf, 1973 : 585]. La condition des peuples dépend alors de la localité et des conduites adaptées à l’appropriation du sol. L’ancienne « théorie des climats », d’inspiration astrologique, qui jouait des « influences » zodiacales et de la correspondance spontanée entre macrocosme et microcosme, perd tout pouvoir évocateur. Sous la même enseigne, on lui préfère le traité hippocratique : Des airs, des eaux et des lieux, qui fixe les représentations dominantes des conditions d’incarnation de l’homme dans le milieu.

10Cette sécularisation des études est habituellement associée à la perspective d’une causalité géographique d’ensemble (le « déterminisme » des climats) et à un thème composite que les historiens résument par l’expression « naturalisation de l’homme ». Dans les mots de Sergio Moravia [1967 : 942], « L’homme est reporté, sans résidus, à l’intérieur de l’horizon mondain qui lui est propre ». En bref, il appartient à la terre. Sa diversité tant « physique » que « morale », si frappante qu’elle soit à l’observation, s’accorde à des conditions d’existence toujours situées, relatives, plus ou moins favorables à sa prospérité. L’anthropologie en tire bien sûr un évident bénéfice, mais pareillement la géographie. La Terre est « notre propre séjour, notre habitation », écrit Nicolas Desmaret [1757 : 613] dans l’Encyclopédie. Elle est « la demeure de l’homme », répondent en écho Edme Mentelle et Jean-Nicolas Buache [Nordman éd., 1994 : 167]. Tout le monde convient que l’homme est l’« habitant universel du Globe » [Zimmermann, 1784] et, surtout, qu’il forme avec lui une totalité concrète, indéfectible. Il faut donc étudier son sol d’expérience. La géographie était minimisée comme un simple instrument du diplomate, du chef militaire ou de l’érudit. Elle est dorénavant appelée à donner les raisons nécessaires, topographiques, climatiques, du genre de vie, des voies de communication et de l’économie des peuples. Pour résumer l’apport des Lumières selon le récit officiel, la Terre n’est plus le cadre statique des événements historiques, mais le théâtre même des actions humaines. L’immanence de l’homme au monde consacre une culture de la curiosité géographique où l’observation l’emporte sur l’autorité des auteurs classiques. Privilège de l’œil sur la chose dite, répétée de confiance. La géographie va donc encadrer tous les arguments, et se trouve élevée du statut ancillaire qu’on lui conférait jadis en histoire jusqu’au rang de science humaine fondamentale. J’entends par là qu’on la voit au fondement des savoirs de l’homme.

11J’ai donné autant d’importance qu’il est possible à cette lecture rétrospective. Elle est toutefois trop idéale, extrapolée et sélective. L’esprit de modernité semble y souffler sur le passé des œuvres et des hommes. Lucien Febvre, à la recherche des devanciers de Vidal de La Blache, expédiait Montesquieu comme un « amateur », une sorte de « croyant de la science ». Buffon, par contre, lui paraissait « tout vivant » [Febvre, op. cit. : 17-18]. Nombre d’interprètes s’arrogent ainsi un droit d’inventaire et dissertent, sans autre distance que celle d’une trompeuse familiarité, de l’« ethnographie », de la « géographie humaine » ou de l’« anthropologie culturelle » au siècle des Lumières. Or, les mots font sens d’outils intellectuels et même d’un style de sensibilité, presque inconnus encore à l’orée du xxe siècle. Les vues d’anticipation d’un Buffon ne décident pas de sa « modernité » et, quoi qu’on dise, l’anthropologie « culturelle » trouvera peu d’étayage documentaire dans son traité De l’homme [1749].

12En fait, partant du principe baconien que le pouvoir sur les choses s’augmente à proportion des connaissances acquises, Buffon oppose deux humanités : l’une passive et encroûtée dans la matière, dont le sauvage « dégénéré » donne une image approchante ; l’autre appelée à « seconder » la nature par son activité de production. La noblesse de l’homme policé se mesure à ses conquêtes. Produit le plus illustre de la nature, il civilise à son tour l’espace et, ce faisant, se produit lui-même comme homme. À l’inverse, dit Buffon, le sauvage n’est rien, ne vaut rien [Blanckaert, 1992 : 591-599]. Dans ses meilleures pages disons « ethnographiques », Buffon couvre de mépris le mode de vie végétatif des Lapons, des Hottentots ou des sauvages de la Nouvelle-Hollande. Au-delà de la stylisation d’un préjugé séculaire, il s’efforce pourtant de mettre en relation la déréliction humaine avec l’empire (ici négatif) des circonstances ambiantes, milieux inhospitaliers, sols arides, froid ou chaleur intense.

13L’anthropologie fut donc, dès l’origine, « géographiquement considérée ». La thèse admise du cosmopolitisme de l’homme expliquait sa propension à conquérir l’espace. Dès lors, la description des « variétés » ou « races » s’indexait sous la « loi des climats », plus ou moins fatale en fonction de la violence des éléments physiques, selon la règle newtonienne : les mêmes causes produisent des effets semblables. Dans les traités anthropologiques, c’est couramment la géographie des latitudes qui organise la narration. Le tout évoque un voyage dont la marche nuancerait, étape après étape, la figure de l’homme naturel et social. Même si l’on néglige ici les actes et rétroactes liés au « genre de vie » et au confort des arts qui peuvent contrarier l’exercice des conditions climatiques, le canon descriptif reste à peu près constant dans les écrits du monogénisme classique des xviiie-xixe siècles, depuis Buffon et Maupertuis jusqu’à Cabanis, James Cowles Prichard et Quatrefages. Rétrospectivement, on pourrait parler d’une tradition bio-géographique qui a imposé une idée simple, indéfiniment glosée : « L’homme ne peut être absolument connu, si l’on ignore ce qu’est notre univers dans lequel il existe, et auquel il est coordonné » [Virey, 1817 : 278].

14Cela étant, les naturalistes n’étaient pas des utilisateurs passifs de la grille géographique par degrés de chaleur ou de latitude. Pour eux, le « climat physique » relevait expressément d’une configuration complexe et, avant Volney, Buffon intégrait dans sa définition la hauteur des terres, le régime des eaux, les vents dominants, etc. Une pratique d’inventaire a, de fait, succédé à la déduction des tempéraments ou « caractères » des nations par coordonnées géométriques. Elle s’est calquée sur la description naturelle et morale de l’État (statistique) en ce sens qu’elle mettait sur un même plan d’objets la météorologie, le répertoire des richesses locales, la faune et la flore, la culture des sols, l’hygiène et les traits dominants de l’économie domestique et sociale. La statistique descriptive a donc scellé l’alliance de la physique et de la politique, prises dans une acception très large [Blanckaert, 2000]. Elle s’est incarnée dans le style monographique des « topographies », lesquelles illustraient l’intégration en « tableau » des divers facteurs favorables ou nuisibles aux implantations humaines. Bien sûr, la qualité du compte rendu varie avec l’expérience des écrivains. Un monde d’intérêts isole réellement le Voyage en Syrie et en Égypte de Volney de la maigre compilation que Mentelle consacre à l’empire de Russie, dans ses leçons de l’École normale de l’an III. Mais un même prosaïsme commande la représentation.

15Le naturalisme, comme dispositif épistémologique, repose sur une conception tout objectiviste de l’enregistrement. Les comportements humains sont traités, sans autre considération « culturelle » ou « symbolique », comme des attestations ethniques (marqueurs d’origine) ou des prolongements fonctionnels des ressources du cru. C’est pourquoi les langues ou l’habitat sont assimilés à des signes « physiques » qu’on peut cataloguer, comparer, mettre en relation avec d’autres faits connus. La division des tâches ne modifie pas les codes fondamentaux de l’écriture statistique. Le voyageur, selon ses capacités ou sa disponibilité, prendra pour échelle d’examen la région ou une division administrative, le pays ou, plus rarement, les masses continentales. Les comparatistes de cabinet rapprochent tous ces tableaux, classent les faits et les combinent, établissent des corrélations ayant valeur de lois, pour s’élever aux hauteurs de la synthèse.

16À ce degré de généralité, « anthropologues » et « géographes » répondent aux mêmes impératifs. Buffon, Volney, Alcide d’Orbigny, Alexandre de Humboldt ne sont, à proprement parler, ni l’un ni l’autre. Tous sont des naturalistes accomplis, des « philosophes ». Michelet a bien résumé ce propos en 1869, et ses phrases célèbres ressortissent à une poétique globale commune à l’âge romantique : « Sans une base géographique, le peuple, l’acteur historique, semble marcher en l’air comme dans les peintures chinoises où le sol manque. Et notez que ce sol n’est pas seulement le théâtre de l’action. Par la nourriture, le climat, etc., il y influe de cent manières. Tel le nid, tel l’oiseau » [Michelet, 1981 : 17]. On a prêté beaucoup de génie à ce genre d’éclairage. Mais Michelet soulignait seulement, comme Buffon ou Volney avant lui, les déterminants géographiques de la condition humaine. L’« esprit du lieu », finalement, s’entend de deux manières. D’abord, les finalités ou les aléas de l’accommodation donnaient carrière à une interprétation « mésologique », multifactorielle, du « tempérament » des nations en liaison avec leur « genre de vie ». Cependant, la topographie n’épuise pas le commentaire ethnographique. À l’exception des sauvages, les groupes humains influent sur leur environnement de diverses manières, par l’agriculture, l’industrie ou le commerce. L’homme producteur s’invente un destin. Les exemples inverses (et paradigmatiques) de la Germanie inculte devenue terre d’abondance et de la Grèce riante « changée en des lieux barbares » témoignaient concrètement de cette maîtrise croissante du monde ou des vicissitudes des établissements humains. Le temps historique entrait ainsi en compte dans l’évaluation des sociétés, mais également dans la description des pays habités. Le couplage de la géographie et de l’ethnologie allait donc de soi.

Une question de distribution

17La promotion de la géographie parmi les ethnologues n’a pas levé l’incertitude liée à son hétérogénéité foncière et à son manque d’autonomie. En 1827, Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent condamne encore tout ce qui a paru sous ce mot : « Les auteurs des Traités de géographie qu’on a composés jusqu’ici, sans s’effrayer de l’immensité d’une science qui se rattache à toutes les autres, imaginèrent d’y entasser l’astronomie, l’histoire, la politique, les sciences naturelles et la statistique. Ils appelèrent géographie un tel chaos. » À la différence de ses prédécesseurs, Bory de Saint-Vincent [1827 : 1] veut organiser le savoir géographique sous un certain point de vue, qu’il définit comme « l’histoire du Globe entier et la recherche des rapports dans lesquels l’universalité des corps organisés se trouve répandue à la surface de ce Globe », y compris donc les hommes. Ce sont dorénavant les lois de distribution qui donnent cohérence au projet.

18Il s’agit d’un programme inédit qui, dès le début du xixe siècle, accompagne le « tournant spatial » de toute l’histoire naturelle [Rupke, 2001]. Mais la géographie n’en tire nul avantage immédiat. Elle est elle-même invitée à réviser ses dogmes climatiques, sa physique des places et des vertus, et tout son savoir de dictionnaire. Quel qu’en soit l’aboutissement dans ce qu’on nomme la « géographie humboldtienne », toutes les sciences auxiliaires lui disputent son objet, car il s’agit d’obtenir des divisions parlantes, fondées sur d’autres principes que la distinction classique des masses continentales, bassins hydrographiques ou degrés de latitude. Les unités significatives, comme l’indiquent les distributions zoologiques, méconnaissent tout ce que la géographie traditionnelle pose comme des frontières naturelles. La continuité des eaux, par exemple, n’empêche pas le cantonnement des espèces marines à des zones repérables, sans autre justification. À partir de ce constat, maintes fois répété, deux perspectives s’offraient.

19En premier lieu, comme savoir de l’espèce humaine, la géographie multiplie les interfaces avec la médecine, l’anthropologie et même la linguistique. Comme l’écrit Adriano Balbi [1826, t. 1 : xxi] : « Sans la distinction bien précise des peuples, l’histoire et la géographie deviennent un véritable chaos, un labyrinthe, où se perdent les esprits les plus supérieurs, les savans doués de la plus vaste érudition. » On pouvait alors établir des mappemondes ou des cartes de moindre ampleur mettant en valeur des traits sélectifs par fréquence ou absence (langues, religions, caractères physiques, etc.), comme on le faisait en biogéographie pour les peuplements végétaux. L’une des reprises techniques les plus conséquentes de cette « réciprocité de la nature avec l’histoire » [Ritter, 1836, t. 1 : 6] reste la « géographie médicale », science mixte cultivée surtout par les hygiénistes, les médecins militaires et les ethnologues du xixe siècle. La pathologie comparée des races conditionnait, bien sûr, toutes les tentatives d’acclimatement, soit du contingent, soit des nationaux en terre coloniale. Son intérêt pratique était immédiat. Elle donnait surtout un étayage théorique précieux (et souligné) à la thèse polygéniste de la création distincte des groupes humains et ruina, par la physiologie, l’argument buffonien du soit-disant « cosmopolitisme » de l’homme [Blanckaert, 2001 : 114-123]. La répartition et l’intensité des affections morbides variaient, en effet, selon les races indigènes de la Terre. Immunités ou susceptibilités pouvaient être partielles ou totales. De là les mécomptes de la démographie coloniale. Le genre humain ne faisait plus exception à la loi de distribution des animaux ou des végétaux qui, quoique adaptables par groupes à diverses contrées, n’en étaient pas moins confinés, selon l’espèce, à une « patrie naturelle ».

20La notion de « patrie naturelle » amorce le passage à une conception statique de l’économie de la nature ordonnée au principe des causes finales. C’est la seconde perspective que j’évoquais plus haut. Pour démontrer l’enchaînement des phénomènes entre la nature d’un pays et ses productions, les ethnologues et géographes du xixe siècle ont élaboré une doctrine complexe connue dans la littérature sous les noms, ici équivalents, de « foyers », « centres » ou « provinces » de création. Elle trouvera sa forme achevée dans l’œuvre du naturaliste Louis Agassiz au cours des années 1840-1850, mais il s’agit plutôt d’une élaboration collective. Totalement oubliée aujourd’hui, elle dominera néanmoins le débat biogéographique jusqu’à la réception des thèses évolutionnistes de Darwin, Wallace et Moritz Wagner.

21Buffon avait forgé l’expression « patrie naturelle » en 1761, pour distinguer abstraitement l’homme, « fait pour régner sur la terre », et les animaux, retenus « par nécessité physique » dans un pays donné. Chacun, disait-il des derniers, est « fils de la terre qu’il habite, et c’est dans ce sens qu’on doit dire que tel animal est originaire de tel ou tel climat » [1830 : 8]. Néanmoins, ce grand partage était négociable. Dans l’œuvre même de Buffon, le sauvage américain frappé d’abrutissement était décrit comme un « animal du premier rang », incapable de réformer ou de dompter la nature. Il suivait en cela la pente déclinante des quadrupèdes du Nouveau Monde, pareillement abaissés ou rabougris dans leurs proportions. En dépit de ses verdicts sévères, la notion d’association et de causalité biologique globale émerge de ses réflexions, anticipant déjà l’économie de l’habitat et le faciès d’ensemble des communautés végétales ou animales qui frappèrent l’imagination de Humboldt. Dans son Essai sur la géographie des plantes, publié en 1807, Alexandre de Humboldt expliquait que le groupement des espèces sociales, quoique obéissant aux contraintes atmosphériques, aux lignes isothermes ou à l’altitude, déterminait des « divisions physionomiques » distinctes des seules affinités taxinomiques. L’harmonie et le contraste président à leur coexistence. D’une formule toute contemplative, Humboldt [1807 : 32-33] déclarait que « la nature, bienfaisante pour tous les êtres, a réservé pour chaque région des dons particuliers ».

22L’histoire des développements de la géographie des plantes est mieux connue que celle de la géographie des animaux. Au xixe siècle, cette dernière est pourtant traitée avec la même éloquence sacrée. Une aura de mystère baigne l’ensemble des études relatives à la distribution des faunes. Et l’homme, traité zoologiquement, n’y fait pas exception. La « nature bienfaisante » de Humboldt témoigne dorénavant de la prescience, de la sagesse et de la bonté d’un créateur rédigeant, chapitre après chapitre, une œuvre magnifiée par ses interprètes.

Louis Agassiz et les centres de création

23Grâce aux expéditions lointaines, les naturalistes ont identifié des centres de population animale distincts et pleinement originaux, à l’image des mammifères monotrèmes d’Australie ou des faunes insulaires de Madagascar ou de l’archipel indien. De telles découvertes consommèrent la critique de l’hypothèse invraisemblable, mais consolante, d’une puissance vitale toute concentrée dans le Jardin d’Éden. Anthropologues et géographes appuient la leçon humboldtienne, à savoir « la pluralité des formations originaires » : « Il y a donc eu originairement à la surface du globe un certain nombre de foyers de création ou d’organisation de la matière, foyers d’où se sont répandus successivement, mais seulement à une certaine distance autour de ce centre, et d’après des lois fixes et nécessaires, tous les individus qui composent aujourd’hui chacun des groupes naturels du règne végétal et du règne animal » [Vivien de Saint-Martin, 1845 : 51].

24L’homme, dans tout cela, n’échappait pas à la règle commune des « régions zoologiques ». L’ubiquité n’est plus synonyme de cosmopolitisme.

25À la manière de Bory de Saint-Vincent, Antoine Desmoulins et des compagnons de Dumont d’Urville, la plupart des naturalistes polygénistes restaient des croyants convaincus. Ils plaçaient leurs observations sous la bannière d’une physico-théologie séculaire. L’important pour eux était de manifester cette « liaison intime qui fait d’une contrée entière un tout parfaitement lié », preuve de la prévoyance divine et des causes finales à l’œuvre dans ses combinaisons [Hombron, 1846 : 69]. Il appartenait à Louis Agassiz de tisser les liens nécessaires entre tous ces ordres de distribution. À son avis, les naturalistes ont jusque-là négligé d’interroger la correspondance entre l’aire d’expansion des types distincts de l’humanité et les bornes naturelles assignées aux ensembles botaniques ou zoologiques. Et, de même, leurs analogies physionomiques. Semblables coïncidences prouvent que la Terre est divisée en « provinces », caractérisées par leurs associations organiques. Chacune d’elles représente une création que couronne l’une des « races » de l’homme. Ces foyers dépendent étroitement du climat ou des produits du sol. Toutefois, les conditions mésologiques n’expliquent pas la coïncidence ou, à l’inverse, la distinction des faunes. Par exemple, les types zoologiques exclusifs d’Australie prospèrent sur un continent immense où se retrouve l’essentiel des traits géographiques des autres parties du globe. Leur isolat, rappelle Agassiz, « est l’une des plus frappantes évidences que la présence des animaux sur terre n’est pas déterminée par des circonstances physiques, mais établie par l’action directe d’un Créateur » [Agassiz, 1854 : lxxiii]. Dans chacune des faunes, une espèce humaine culmine. Elle a, de toute garantie divine, plus de rapports avec son monde ambiant qu’avec ses congénères des royaumes adjacents. Au terme d’une présentation elliptique, Agassiz distinguait huit « royaumes », agrémentés d’un nombre plus grand de « faunes » particulières. Ainsi vulgarisée, la doctrine des centres de création a été admise par l’ensemble des anthropologues polygénistes.

26De cette « idéologie de l’habitat », comme la nomme Yvette Conry [1974 : 295], on trouverait nombre d’adeptes français. Paul Broca, le moins contesté des anthropologues, s’est longtemps porté caution de sa faveur scientifique. Seuls les monogénistes – Armand de Quatrefages et Ernest Hamy notamment – objectèrent avec pertinence que « la même région peut être centre d’apparition pour une classe d’animaux et nullement pour une autre ». Pour les espèces entomologiques, par exemple, l’Australie se confond avec la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, etc. [Quatrefages, 1877 : 121]. Mais en 1887, Quatrefages supposait encore l’ennemi en armes et dénonçait les « défaillances scientifiques » d’Agassiz. Cela indiquerait soit l’imprégnation des esprits, soit la légitimité durable du modèle.

27À l’ouverture du débat transformiste, la doctrine des foyers de création gardait nombre d’attraits et autant de défenseurs. C’est pourtant du darwinisme que vint le démenti. À l’occasion d’une étude sur les papillons de Malaisie, Alfred Russel Wallace [1872 : 198 sq.] avait noté qu’à peu de distance de Bornéo, l’île de Célèbes possède une faune exclusive, tant d’insectes que de mammifères et d’oiseaux. Cette anomalie de distribution, questionnait malicieusement Wallace, serait-elle l’effet d’un miracle divin ? « Cette île, toute seule, aurait-elle été choisie pour un étalage fantastique du pouvoir créateur, dans le but d’exciter une admiration enfantine et irréfléchie ? » Ou bien, l’isolat géologique de l’île avait-il varié avec la hauteur des eaux marines en donnant un cachet d’ensemble à ses productions ? La réponse n’étant pas douteuse, la tension entre le local et le global devenait manifeste. C’est ici le cas d’apprécier comment la pression des « faits » empiriques épuisa la tolérance du système des créations parallèles.

28La diffusion incontestable de la doctrine des centres de création n’en doit pas pour autant être mésestimée. À une époque où ethnologues et géographes questionnaient les phénomènes d’autochtonisme, l’hypothèse des origines multiples paraissait conforme à la raison. Malgré ses travers téléologiques, la géographie zoologique du demi-siècle avait en effet confirmé empiriquement le faciès local des faunes, ce signalement commun par lequel s’individualisent aussi les végétations. À son tour, la géographie de l’homme s’est illustrée en comparant le monde des sauvages (ou « peuples naturels ») à des isolats écologiques préservés. L’analogie sera durable, l’équivoque entretenue. Les premiers écologistes valorisaient des biotopes préservés, archétypes d’une nature primitive faiblement anthropisée comme la montagne, le lac ou le paysage insulaire [Drouin, 1991 : chap. 4]. De même, les sauvages paraissaient aux ethnologues évolutionnistes comme John Lubbock ou Charles Letourneau, une vivante image de la société commençante, dénuée des artifices de la civilité. La « commutabilité de l’espace et du temps », vieille antienne, n’est guère critiquée au xixe siècle [Petitier, op. cit. : 153 sq.]. Les géographes en tirèrent parti pour appréhender l’empreinte souveraine des conditions ambiantes sur les œuvres humaines. Signe de continuité thématique, la nouvelle école vidalienne célébrait dans les mêmes termes « le mariage mystérieux de l’homme et de la terre » [Sanguin, 1993 : 21] : « La vision directe de formes d’existence en étroit rapport avec le milieu, telle est la chose nouvelle que nous devons à l’observation systématique de familles plus isolées, plus arriérées de l’espèce humaine. Les services que nous signalions tout à l’heure comme ayant été rendus à la géographie botanique par l’analyse des flores extra-européennes, sont précisément ceux dont la géographie humaine est redevable à la connaissance des peuples restés voisins de la nature, aux Naturvölker. Quelque part qu’on fasse aux échanges, il est impossible d’y méconnaître un caractère marqué d’autonomie, d’endémisme. Il nous fait comprendre comment certains hommes placés en certaines conditions déterminées de milieux, agissant d’après leur propre inspiration, s’y sont pris pour organiser leur existence » [Vidal de La Blache, 1995 : 34-35].

De la « géographie de l’homme » à la géographie humaine

29La géographie et l’anthropologie ont longtemps semblé des sciences « jumelles » et, dans la pratique, interchangeables. Leurs points communs, en apparence, sont bornés par l’objet. L’une étudie l’habitat, l’autre l’habitant. La formule célèbre de Vidal de La Blache, selon quoi « la géographie est la science des lieux et non celle des hommes », n’est pourtant qu’une demi-mesure, vite corrigée [Sanguin, op. cit. : 323]. Les géographes n’ont pas renoncé à l’homme et, réciproquement, les ethnologues n’ont jamais voulu décontextualiser ses établissements. Leur rencontre fut donc nécessaire.

30Cette culture de la curiosité domine toute la trajectoire commune des deux sciences à travers les surveys et autres voyages d’exploration. Horace-Bénédict de Saussure [1998 : 29] écrit ainsi que « le moral dans les Alpes, n’est pas moins intéressant que le physique ». Et l’on doit douter qu’aucun naturaliste eût occulté la présence humaine au monde avant la prise de distance universitaire qui les a dissociés. Entre xviiie et xixe siècles, ignorant ce registre des spécialités tardives, ethnologues et géographes s’appliquèrent à « ne pas morceler ce que la nature rassemble ».

31Dans cette longue période, la « naturalisation » de l’homme atteint son point de classicisme. Il fallait en traiter en termes objectivistes et souligner le champ complexe des interactions dont dépend le « genre de vie » des primitifs ou des civilisés. Les ethnologues acceptaient explicitement les principes de causalité, d’étendue ou de coordination, propres selon Martonne à la « géographie moderne » humboldtienne, mais dont on montrerait sans peine qu’ils dérivent de la cosmographie de Newton. Dans ce cadre d’expérience, les phénomènes de distribution ont pris une importance croissante. Souvent minorée aujourd’hui, la géographie zoologique avec ses « patries » et « provinces » naturelles a servi de modèle, voire même de matrice, à une « géographie de l’homme ». La tradition s’en est perdue, mais la géographie humaine lui reste redevable quant à la méthode, à la théorie de l’œcoumène et aux concepts mobilisés pour rendre intelligible l’occupation de l’espace. D’un autre point de vue, la division des écoles ethnographiques et les stratégies d’affirmation n’allaient pas sans compromis. Au début du xxe siècle, alors qu’Arnold Van Gennep refusait que « l’étude de l’homme soit subordonnée à celle de la terre », la Société d’Ethnographie parisienne faisait bon accueil au déterminisme environnemental de Jean Brunhes. Par opposition, des érudits africanistes comme Maurice Delafosse s’ouvraient à la sociologie et à la géographie, pour prouver que les « primitifs » s’affranchissent de la nature par leur civilisation [Sibeud, 2002, chap. 9]. Il conviendrait donc de multiplier les enquêtes historiques comparatives pour envisager à nouveaux frais les échanges, emprunts ou influences communes qui solidarisaient les deux types de savoir.

32L’économie de la nature s’impose comme armature épistémologique pour l’interprétation des convenances de l’homme à son lieu d’habitat. Ethnologues et géographes partageaient ce sentiment d’harmonie. De telles assurances ont favorisé l’exercice d’une science qui ne serait pas seulement un chaos de faits mal joints. Des concepts englobants, la notion de « climat » bien sûr, mais également celles de « milieu » ou de « genre de vie » traversent toute cette histoire. Ils fixaient le cadre herméneutique où des données descriptives se complétaient et trouvaient leur sens. La capillarité s’avère, au sens propre, confondante. Vidal de La Blache restait déférent vis-à-vis de la théorie raciale des anthropologues. De même, on souligne couramment, avec Lucien Febvre, sa priorité dans l’élaboration du concept de « genre de vie ». Mais le mot et la chose appartiennent, de fait, à l’ethnologie du xixe siècle. Bien sûr, l’antériorité de tel ou tel penseur isolé n’est pas en cause. Plutôt l’idéologie du « génie » créateur et la périodisation avérée des prétendues « coupures épistémologiques ». En somme, de la « géographie de l’homme » d’ancienne facture jusqu’à la nouvelle « géographie humaine », la transition n’est pas violente. ?

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Mots-clés éditeurs : biogéographie, climats, « races », histoire de la géographie, naturalisme

Date de mise en ligne : 03/10/2007

https://doi.org/10.3917/ethn.044.0661

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