Notes
-
[1]
Cet article est la traduction de la première partie de l’introduction du numéro spécial de la revue Acme. An International Journal for Critical Geographies [en ligne], 2016, vol. 15, no 3, p. 581-58, [url : http://ojs.unbc.ca/index.php/acme/article/view/1347].
-
[2]
Jeffries Stuart, 2006, « On your Marx » [en ligne], The Guardian, 4 February, [url: http://www.guardian.co.uk/news/2006/feb/04/mainsection.stuartjeffries], consulté le 20 août 2015.
-
[3]
Pour consulter l’édition française, voir : Engels Friedrich, 1887 [1872], Préface à la seconde édition de La question du logement [en ligne], [url : http://www.karlmarx.fr/documents/engels-1872-logement.pdf].
-
[4]
ndt : le right to buy (le droit à accéder à la propriété) a été adopté en 1980 par le gouvernement de Margaret Thatcher : il a permis à tout locataire d’un logement municipal d’en devenir propriétaire à un prix bradé. Au Royaume-Uni, le logement social a deux branches principales : le council housing (logements du conseil municipal) et les housing associations (logements gérés à l’origine par des associations caritatives).
-
[5]
De plus, Thatcher voulait mettre fin au contrôle des loyers et assouplir la réglementation des emprunts (dérégulation financière), pour encourager le prêt hypothécaire (ce que le New Labour de Tony Blair a poursuivi avec enthousiasme). L’abondance des prêts hypothécaires est une des causes directes de la crise actuelle du logement au Royaume-Uni.
-
[6]
En outre, dans une réappropriation cynique du langage du passé, qui fait écho aux mesures en vigueur aux États-Unis dans les années 1930, les Tories (conservateurs) ont lancé récemment le programme « help to buy » (aide à l’accession) pour aider les primo-accédants à devenir propriétaires de leur résidence. Ce programme a connu jusqu’ici deux phases. Lors de la première phase, les acheteurs contribuent avec un apport initial de 5 %, l’État accorde un prêt aidé de 20 % maximum de la valeur du bien et les acheteurs doivent compléter avec un prêt hypothécaire. Cela s’applique uniquement à la construction neuve en dessous d’un plafond de 600 000 livres sterling [environ 665 000 euros], le prêt de l’État étant à taux zéro pendant les cinq premières années. La seconde phase ne se limite plus à la construction neuve et n’importe qui peut en bénéficier pour acheter n’importe quel logement de moins de 600 000 livres sterling. Même le Fonds monétaire international a mis en garde le ministre-chancelier du Budget, George Osborne, du risque de créer une nouvelle bulle immobilière catastrophique.
-
[7]
ndt : Hernando de Soto est un économiste libéral péruvien, qui a écrit Le mystère du capital. Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs (Flammarion, 2005 [2000]). Il soutient que les pauvres sortiront de la pauvreté en devenant propriétaires. Il a conseillé l’ancien président du Pérou, Alberto Fujimori, et plusieurs gouvernements de pays du Sud.
-
[8]
Meek James, 2014, « Where will we live ? », London Review of Books, 9 January, p. 223.
Traduit de l’anglais par Bernard Barraqué et Maurice Blanc
1 En 1842, un jeune Allemand sensible de vingt-et-un ans, nommé Friedrich Engels, fut envoyé en mission par son industriel de père à Manchester en Angleterre, pour apprendre les pratiques de gestion avisée des usines, en particulier comment extraire le plus de valeur possible du prolétariat [1]. Le résultat de cette décision paternelle particulière ne fut pas ce qui était prévu. Engels fut si horrifié des conditions apocalyptiques dans lesquelles vivaient les ouvriers des filatures de Manchester, qu’il mit fin à sa destinée de seigneur du coton et que les graines de la théorie communiste furent semées. Comme l’historien Jonathan Schofield l’a remarqué en 2006, « sans Manchester, il n’y aurait pas eu d’Union Soviétique, et l’histoire du xxe siècle aurait été très différente » [2]. Engels est bien sûr plus connu pour ses collaborations étonnamment productives et profondément influentes avec Karl Marx, et pour l’éloquence poignante de son chef d’œuvre La condition de la classe ouvrière en Angleterre (1845). L’objet de ce numéro spécial d’Acme est cependant de discuter trois articles écrits par Engels en 1872 dans Der Volkstaat, qui furent publiées cette année-là comme un pamphlet intitulé : La question du logement [3].
2 Dans le contexte de l’époque, la polémique faisait rage au sein de la gauche intellectuelle allemande (en particulier entre les socialistes et les anarchistes) sur la façon d’interpréter et, au moins autant, de répondre aux graves crises du logement auxquelles étaient confrontés les ouvriers vivant au centre des villes industrielles de l’Europe occidentale. Engels s’en prit violemment aux arguments des deux géants dans ce débat, Pierre-Joseph Proudhon et Emil Sax, les qualifiant de « socialistes bourgeois ». Pourquoi un tel dédain vis-à-vis d’intellectuels qui, à première vue, pouvaient apparaitre comme des alliés ou des camarades ? La réponse est dans ce que leurs solutions respectives aux crises du logement avaient en commun. L’anarchiste Proudhon proposait de mettre un terme aux bailleurs privés, via la transformation des loyers en paiements d’achat progressif de leurs logements par les locataires : il pensait que cela mettrait un terme aux relations d’exploitation entre propriétaires et locataires, qui conduisaient à beaucoup de souffrance à l’époque. Sax, le réformateur social, était d’avis que la propriété d’un foyer et d’un jardin transformerait les ouvriers en capitalistes, en leur permettant de tirer de l’immobilier un revenu ou un bénéfice dans des temps difficiles, mais aussi d’améliorer leur sentiment d’estime de soi. Pris ensemble, Proudhon et Sax offraient des solutions qui non seulement ne remettaient nullement en cause l’existence du droit de propriété privée, mais plus encore renforçaient encore ce droit : ils croyaient sincèrement que la propriété du logement au sein du prolétariat était « potentiellement révolutionnaire ».
3 C’est là le point de départ critique de La question du logement : au fond, une mise à nu polémique et souvent hilarante du droit de propriété privée. L’affirmation que la propriété du logement pourrait être en quoi que ce soit révolutionnaire rendait furieux Engels, qui croyait que celle-ci, au contraire, « enchaînerait l’ouvrier d’une manière semi-féodale à son propriétaire capitaliste » (Engels, 1887). Pour lui, le droit de propriété privée n’était pas du tout libérateur pour les ouvriers ; il constituait le principal arrangement institutionnel rendant possible l’expansion urbaine capitaliste, recouvrant la myriade des traits de l’économie politique (salaires, marché, valeur, prix, argent) qu’il avait vus fonctionner à Manchester, et qui étaient responsables de sévères inégalités, d’une exploitation caricaturale et d’injustices effrayantes. Loin de soutenir le droit de propriété privée, poursuivait-il, tout mouvement révolutionnaire devait reconnaître son rôle central dans la création d’une société profondément conduite et façonnée par les intérêts de l’accumulation capitaliste aux dépens des travailleurs. Comme l’a signalé Stuart Hodkinson (2012, p. 427-428), pour Engels :
« Il n’y avait pas du tout de crise du logement, seulement une crise du capitalisme dans lequel les conditions d’habitation ne formaient “qu’un des innombrables maux mineurs et secondaires” causés par l’exploitation des travailleurs par le capital. […] De cela résultaient deux conclusions inévitables : la première était que c’étaient les ouvriers, et non les locataires, qui étaient les agents du changement dans la société capitaliste ; ensuite, la seule alternative réelle à cette crise était “d’abolir tout à la fois l’exploitation et l’oppression de la classe ouvrière par la classe dirigeante”, par la révolution de la classe ouvrière et l’expropriation de la propriété privée. »
5 Pourtant, comme le rappelle Hodkinson, La question du logement est davantage qu’un appel abstrait à l’abolition du mode de production capitaliste. Au fil des ans, elle s’est montrée très influente sur nombre d’analyses de l’urbanisation dans le capitalisme, en particulier en rendant possible une investigation critique des stratégies d’accumulation, des intérêts spéculatifs des promoteurs immobiliers, des dynamiques de déplacement, des luttes sur les droits de propriété, et de la tension entre valeur d’usage et valeur d’échange concernant le sol urbain et le logement. Il est important de souligner que les articles de La question du logement ne concernaient pas que le logement en soi, mais plutôt les injustices produites par la structure sous-jacente des intérêts sociopolitiques propres à l’économie et aux politiques capitalistes du sol urbain, ainsi que le rôle des « socialistes bourgeois » dans le renforcement de cette structure. Nombre de chercheurs ont aussi noté le caractère visionnaire des analyses d’Engels sur l’inclination des élites politiques à répondre aux « concentrations de pauvreté » par l’usage des bulldozers et des boules de démolition, pour voir seulement réapparaitre peu après ces concentrations à proximité, « déplacées ailleurs » et non supprimées, selon la formulation -d’Engels. C’est dans ce sens, par exemple, que Neil Smith (1982) évoque le travail d’Engels dans l’un de ses travaux fondateurs sur la gentrification.
6 Les écrits d’Engels continuent de nous hanter parce qu’ils paraissent encore justes aujourd’hui. Prenons par exemple l’effusion de sentiments divers à la suite du décès de Margaret Thatcher en avril 2013. L’un des aspects les plus frappants des micros-trottoirs télévisés de ce moment est le nombre de gens qui ont reconnu son héritage controversé, tout en louant les effets à long terme de sa politique-phare du logement, appelée « right to buy » [4] (de fait, les critiques furent vraiment difficiles à trouver immédiatement après sa mort). Le sentiment général semblait être : « Je ne possèderais pas ma maison [home] si ce n’était grâce à Maggie [Thatcher] ! » Introduit en 1980 pour encourager la vente directe des logements sociaux municipaux avec d’importants rabais aux locataires – ceci afin d’étendre la propriété du logement aux dépens du stock des logements publics – ce « droit à l’accession » est la cause directe et majeure du manque de logements abordables aujourd’hui au Royaume-Uni (en trente-cinq ans, près de trois millions de logements sociaux ont été liquidés avec cette mesure). Au plus fort du conflit de classe durant les années 1980, le right to buy a joué un rôle idéologique décisif de deux façons. D’abord l’émergence soudaine de l’accès à la propriété a eu pour effet de dissoudre les tentatives dans les ensembles de logements publics de se défendre et d’agir collectivement pour un meilleur entretien et une meilleure prestation de service. Ensuite, et d’une façon particulièrement pertinente au regard de La question du logement, elle a représenté la politique d’avant-garde du mantra thatchérien, le « capitalisme populaire », visant à pacifier la résistance ouvrière en la réduisant à la logique et aux règles du marché (Jessop et al., 1988). Des millions de travailleurs ont trouvé que cette opportunité d’acquisition à bas prix de leur logement auprès de l’État était irrésistible, et ceci a aidé à légitimer l’assaut systématique contre l’État-providence tout au long des années 1980. La position des politiciens conservateurs était – et reste – que les travailleurs ne font pas tant d’histoires et de problèmes s’ils sont soudainement plongés dans le monde plus « sûr » de la propriété immobilière et du remboursement des emprunts : une philosophie qui avait guidé plus tôt les efforts pour sécuriser l’hégémonie bourgeoise aux États-Unis, à travers l’introduction de la Federal Housing Administration en 1934, et à sa promotion active de la propriété du logement dans de nouveaux espaces périphériques, au détriment des communautés plus pauvres des quartiers centraux (Dreier et al., 2001). Engels avait déjà acquis un sens aigu de cette économie politique du logement en 1872.
7 Le right to buy a été un coup électoral magistral, visant spécifiquement les électeurs ouvriers indécis (Forrest et Murie, 1988). Cependant, cette politique n’a pas atteint ses objectifs en matière de privatisation et de désengagement de l’État car parmi ceux qui ont fait valoir leur droit à l’accession à la propriété, beaucoup ont ensuite revendu leur bien à un grand propriétaire immobilier qui l’a reloué ensuite, en doublant ou triplant le loyer, obligeant les locataires à demander une aide à l’État. Ainsi, la mesure phare de la politique de Thatcher a en fait abouti à une augmentation des aides au logement, qui pèsent beaucoup plus – et de loin – sur le budget de l’État que la gestion et l’entretien des logements sociaux [5]. Pourtant, rien de tout cela ne semble avoir d’importance dans l’actuelle croisade idéologique des « héritiers de Thatcher » (David Cameron et George Osborne) : le right to buy est maintenant élargi aux locataires des housing associations. Ainsi, le culte fanatique de l’accession à la propriété se poursuit au Royaume-Uni [6] sans être remis en cause, malgré l’extrême précarité du logement au sein des classes populaires. Les études menées au Danemark et en Suède sur la financiarisation, la néolibéralisation et la dérégulation confirment à quel point, même dans les pays phares de l’État-providence, une minorité peut facilement s’approprier des logements qui relevaient du bien commun de la majorité, pour les transformer en sources de valeur d’échange (Lund Hansen et al., 2015).
8 Revisiter, s’appuyer sur et développer les observations astucieuses et prémonitoires d’Engels constitue par conséquent un projet important, tant sur le plan politique qu’analytique, sans se limiter aux pôles centraux du capitalisme, qui étaient au cœur des préoccupations d’Engels. Par exemple, son biographe, Tristram Hunt (2009), a établi une équivalence entre le Manchester victorien du xixe siècle et les villes « scandaleuses » [shock cities] contemporaines, São Paulo par exemple : les injustices disséquées et dénoncées clairement par Engels se sont accrues constamment en taille et en intensité si l’on considère l’urbanisation contemporaine de la Chine et de l’Inde, ainsi que l’essentiel de l’Afrique, de l’Amérique latine, du Moyen-Orient et de l’Extrême-Orient. Dans ces régions – en dépit des nécessaires mises en garde de la recherche urbaine postcoloniale en faveur d’outils analytiques sensibles aux spécificités du contexte – on constate des déplacements massifs des classes populaires au nom de la croissance économique, de grands événements internationaux ou de la renaissance et de la modernisation urbaines. Parmi les justifications de ces transformations, on trouve des traces lointaines de Proudhon dans les déclarations de Hernando de Soto [7], lorsqu’il fait de l’attribution de franchises foncières, ouvrant l’accès à la propriété privée, un moyen pour sortir les habitants des taudis et pour les mettre sur le chemin de la prospérité (Pieterse, 2008). Dans un article marquant de la New Left Review, David Harvey (2008) s’est inspiré du pamphlet d’Engels pour établir des liens entre les formes « d’accumulation par dépossession » à Paris au xixe siècle, à New York au milieu du xxe siècle et aujourd’hui dans des villes comme Bombay ou Shanghai. Cet article de Harvey est un jalon important dans la poursuite de l’analyse critique et il vient au bon moment pour éclairer l’actuelle crise globale, à la fois économique et financière. En effet, cette crise est inextricablement liée à la question du logement par l’introduction d’instruments financiers et d’innovations suspectes dans les secteurs de la finance hypothécaire et de la spéculation foncière. Cette crise a été déclenchée par l’action des élites globales qui cherchent avant tout à s’en mettre plein les poches, ce qui, en réaction, a donné naissance à une intéressante stratégie de révolte : le mouvement Occupy.
9 Engels (1887) a vu en Haussmann l’initiateur de « la pratique, qui s’est maintenant généralisée, de créer des brèches dans les quartiers de la classe ouvrière de nos grandes villes, particulièrement dans ceux qui sont situés au centre ». De même, les flux contemporains dans le circuit secondaire de circulation du capital donnent forme à ce qu’Andy Merrifield appelle la « néo-haussmannisation » :
« La néo-haussmannisation est la nouvelle version du vieux conte du redéveloppement urbain. Ce qui s’est produit à Paris au milieu du xixe siècle se produit aujourd’hui globalement, pas seulement dans les villes mondiales – sous l’effet de puissantes forces économiques et politiques, nationales et municipales – mais dans toutes les villes, sous l’effet des élites transnationales de la finance et des grandes firmes, et avec l’appui des gouvernements nationaux respectifs. » -(Merrifield, 2014)
11 À la lumière de ces processus et de l’urgence qu’il y a à localiser les asymétries flagrantes dans le pouvoir économique et politique – pour ensuite amener ceux qui ont fait preuve d’une négligence dédaigneuse quant à la façon dont leur propre ingénierie financière cynique a dévasté des communautés innocentes mais aujourd’hui paupérisées – il n’y a peut-être jamais eu de moment plus approprié pour convoquer et revisiter les écrits d’Engels, pour refonder la valeur du sol urbain comme une création sociale collective. L’extorsion capitaliste de la rente et la circulation de capitaux rapportant des intérêts élevés sur les marchés immobiliers – facilitées par l’État néolibéral – ont abouti à des coûts de logement exorbitants dans de trop nombreuses sociétés. La valeur du foncier (souvent négligée dans les débats sur les coûts du logement) n’est pas créée par la possession du sol, elle est créée par l’investissement social collectif, que les propriétaires fonciers s’arrogent dans des gains immérités à travers le droit de propriété privée (Sayer, 2014). La spéculation foncière et la propriété foncière monopolistique, fondées sur un crédit hypothécaire surabondant, sont ce qui rend le logement inaccessible. Au lieu de construire des habitations qui ne soient pas des marchandises pour des personnes qui ont un besoin urgent de logement, l’ingénierie actuelle du système politico-économique encourage les capitalistes rentiers à « rivaliser à qui utilisera au mieux ses compétences en crédits fonciers pour anticiper la prochaine bulle immobilière et survivre à la dernière » [8]. Contre cette vision, la contribution critique sans doute la plus durable de tous les écrits d’Engels est exposée avec force dans La question du logement : la valeur d’usage de l’habitation et du logement passe avant la valeur d’échange, l’habitat avant le profit. Le logement est une nécessité écologique fondamentale.
Bibliographie
Références bibliographiques
- Dreier Peter, Mollenkopf John et Swanstrom Todd, 2001, Place Matters : Metropolitics for the Twenty-first Century, Kansas, Kansas University Press.
- Engels Friedrich, 1887 [1872], « 1887 Preface to the Second German Edition » of The Housing Question [en ligne], [url : https://www.marxists.org/archive/marx/works/1872/housing-question/preface.htm], consulté le 20 août 2015 [édition originale : Zur Wohnungsfrage. Vorwort zur zweiten Auflage von 1887].
- Forrest Ray et Murie Alan, 1988, Selling the Welfare State : The Privatisation of Public Housing, Londres, Routledge.
- Harvey David, 2008, « The right to the city », New Left Review, no 53, p. 23-40.
- Hodkinson Stuart, 2012, « The return of the housing question », Ephemera, no 12, p. 423-444.
- Hunt Tristram, 2009, Marx’s General : The Revolutionary Life of Friedrich Engels, Londres, Holt Press.
- Jessop Bob, Bonnett Kevin, Bromley Simon et Ling Tom, 1988, Thatcherism : A Tale of Two Nations, Cambridge, Polity Press.
- Lund Hansen Anders, Larsen Henrik Gutzon, Grydehǿj Adam et Clark Eric, 2015, « Financialisation of the built environment in Stockholm and Copenhagen », Fessud Working Papers Series, no 115.
- Merrifield Andy, 2014, The Next Urban Question, Londres, Pluto Press.
- Pieterse Edgar, 2008, City Futures : Confronting the Crisis of Urban Development, Londres, Zed Books.
- Sayer Andrew, 2014, Why we Cannot Afford the Rich, Bristol, Policy Press.
- Smith Neil, 1982, « Gentrification and uneven development », Economic Geography, no 58, p. 139-155.
Notes
-
[1]
Cet article est la traduction de la première partie de l’introduction du numéro spécial de la revue Acme. An International Journal for Critical Geographies [en ligne], 2016, vol. 15, no 3, p. 581-58, [url : http://ojs.unbc.ca/index.php/acme/article/view/1347].
-
[2]
Jeffries Stuart, 2006, « On your Marx » [en ligne], The Guardian, 4 February, [url: http://www.guardian.co.uk/news/2006/feb/04/mainsection.stuartjeffries], consulté le 20 août 2015.
-
[3]
Pour consulter l’édition française, voir : Engels Friedrich, 1887 [1872], Préface à la seconde édition de La question du logement [en ligne], [url : http://www.karlmarx.fr/documents/engels-1872-logement.pdf].
-
[4]
ndt : le right to buy (le droit à accéder à la propriété) a été adopté en 1980 par le gouvernement de Margaret Thatcher : il a permis à tout locataire d’un logement municipal d’en devenir propriétaire à un prix bradé. Au Royaume-Uni, le logement social a deux branches principales : le council housing (logements du conseil municipal) et les housing associations (logements gérés à l’origine par des associations caritatives).
-
[5]
De plus, Thatcher voulait mettre fin au contrôle des loyers et assouplir la réglementation des emprunts (dérégulation financière), pour encourager le prêt hypothécaire (ce que le New Labour de Tony Blair a poursuivi avec enthousiasme). L’abondance des prêts hypothécaires est une des causes directes de la crise actuelle du logement au Royaume-Uni.
-
[6]
En outre, dans une réappropriation cynique du langage du passé, qui fait écho aux mesures en vigueur aux États-Unis dans les années 1930, les Tories (conservateurs) ont lancé récemment le programme « help to buy » (aide à l’accession) pour aider les primo-accédants à devenir propriétaires de leur résidence. Ce programme a connu jusqu’ici deux phases. Lors de la première phase, les acheteurs contribuent avec un apport initial de 5 %, l’État accorde un prêt aidé de 20 % maximum de la valeur du bien et les acheteurs doivent compléter avec un prêt hypothécaire. Cela s’applique uniquement à la construction neuve en dessous d’un plafond de 600 000 livres sterling [environ 665 000 euros], le prêt de l’État étant à taux zéro pendant les cinq premières années. La seconde phase ne se limite plus à la construction neuve et n’importe qui peut en bénéficier pour acheter n’importe quel logement de moins de 600 000 livres sterling. Même le Fonds monétaire international a mis en garde le ministre-chancelier du Budget, George Osborne, du risque de créer une nouvelle bulle immobilière catastrophique.
-
[7]
ndt : Hernando de Soto est un économiste libéral péruvien, qui a écrit Le mystère du capital. Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs (Flammarion, 2005 [2000]). Il soutient que les pauvres sortiront de la pauvreté en devenant propriétaires. Il a conseillé l’ancien président du Pérou, Alberto Fujimori, et plusieurs gouvernements de pays du Sud.
-
[8]
Meek James, 2014, « Where will we live ? », London Review of Books, 9 January, p. 223.