Notes
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[1]
Le « management de quartier » (Quartiermanagement) équivaut à la maîtrise d’ouvrage urbaine et sociale dans la politique de la ville en France (ndlr).
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[2]
Les citations en allemand ont été traduites en français.
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[3]
Références [en ligne], [url : http://mietenstopp.blogsport.de/links/lokale-initiativen/] et [url : http://mietenstopp.blogsport.de/links/kaempfende-hausgemeinschaften-so/], consultées le 17 septembre 2012.
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[4]
Les « femmes-relais » sont l’équivalent français des « mères de quartier ». « Von Beruf Stadtteilmutter » [en ligne], Berliner Zeitung, 13 mars 2009, [url : http://www.berliner-zeitung.de/archiv/neukoelln-macht-schule--auch-im-weddinger-brunnenkiez-beraten-frauen-kuenftig-auslaendische-familien-in-alltagsfragen-von-beruf-stadtteilmutter,10810590,10626252.html], consulté le 17 septembre 2012.
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[5]
On parle quelquefois de l’école de Los Angeles, pour la distinguer de l’école (sociologique) de Chicago ; c’est en réalité un groupe assez hétérogène de chercheurs.
1 Depuis les années 1980, les analyses urbaines constatent une fragmentation et une polarisation croissantes dans les villes, suite à la mise en œuvre de politiques urbaines néolibérales produisant des effets sociaux tels que ségrégation socio-spatiale, désagrégation sociale et fragmentation urbaine (Castells et Mollenkopf, 1992). Dans les années 1990, ces résultats de la sociologie urbaine ont eu un impact direct sur les discours des producteurs des politiques urbaines, ainsi que sur les mesures de soutien mises en œuvre, tant au niveau de l’Union européenne, que des pays membres qui ont mis en place des « politiques territoriales » (area-based policies). Les programmes « New Deal for Communities » au Royaume-Uni, « stedelijk beheer » aux Pays-Bas, « contrats de ville et développement social des quartiers » en France visent ainsi à contrecarrer ces tendances à la fragmentation locale.
2 De même, la politique urbaine allemande a misé sur des mesures intégratives, comme le programme conjoint de l’État fédéral et des Länder intitulé « Soziale Stadt » (Ville sociale), mis en œuvre à partir de 1998. Fondé sur le diagnostic d’une « perte de la capacité d’intégration de la ville européenne » (Häußermann, 2001), ce programme subventionne des interventions dans les quartiers défavorisés. Pour restaurer la cohésion sociale au sein des villes allemandes, ce programme met en œuvre des mesures d’activation et de soutien du potentiel endogène porté par les différents groupes sociaux au niveau des quartiers.
3 Cet article analyse comment les différents groupes impliqués dans le programme sont représentés et intégrés dans le cadre de sa réalisation. Il n’a pas pour objectif d’évaluer le succès du programme sous l’angle de la réalisation de ses objectifs sociaux, mais il s’intéresse en premier lieu au degré de prise en compte des intérêts et des revendications des différents groupes présents dans la mise en œuvre du programme. Pour ce faire, l’analyse se centre sur l’impact des initiatives venant des habitants et des associations de citoyens sur le « management de quartier [1] ».
4 L’article présente brièvement le programme « Ville sociale », dans la perspective des débats internationaux de la recherche urbaine sur la prise en compte des intérêts des différents groupes dans les sociétés urbaines fragmentées, à la lumière notamment de l’urbanisme post-politique. Il examine ensuite le rôle du mangement de quartier dans les domaines du logement et de la migration. L’exemple berlinois permet d’apprécier si la mise en œuvre concrète du programme « Ville sociale » tient compte des revendications des mouvements locaux et des initiatives politiques, et si elle renforce, ou pas, les arènes de politique locale. Finalement, l’article met en perspective les expériences berlinoises avec des exemples internationaux, notamment celui de Los Angeles, dans lesquels la politisation des problèmes urbains est plus forte. Sur cette base, nous affirmons clairement que les phénomènes actuels de fragmentation et de polarisation sociales sont le résultat de rapports conflictuels, ainsi que de processus de négociation entre groupes sociaux et acteurs politiques ; ce lien de causalité est insuffisamment pris en compte par les programmes « dépolitisant », tels que Ville sociale. Nous plaidons pour une sociologie urbaine qui se focalise plus clairement sur le rôle des mouvements sociaux et des impulsions provenant d’acteurs non-institutionnels, ainsi que sur la nécessité d’une repolitisation des politiques urbaines.
Le programme Ville sociale et l’urbanisme post-politique
5 Le programme d’intervention Ville sociale, développé au niveau des quartiers dans les villes allemandes, est une illustration paradigmatique de la tendance dominante de la politique urbaine : répondre à l’aggravation des problèmes sociaux par des stratégies de communication et de participation. Il vise ainsi en premier lieu à renforcer les réseaux locaux et la confiance en soi des habitants, et à inverser la perception négative de ces quartiers à l’extérieur. Conséquence du choix d’une intervention à l’échelle locale, la stratégie vise surtout la création de structures de voisinage renforçant le sentiment d’appartenance au quartier :
« Le but central du programme Ville sociale est de renforcer la capacité des habitants à coopérer, à vivre ensemble et à développer leurs réseaux sociaux. Au sein des domaines d’action “convivialité entre différents groupes sociaux et ethniques” et “capacité et participation politique”, on vise à promouvoir l’entraide (Hilfe zur Selbsthilfe), la prise de responsabilité, la coopération et la communication. » (difu, 2002, p. 32-33) [2]
« C’est uniquement de cette manière que tout être humain acquiert un sentiment de solidarité et de sécurité. » (difu, 2002, p. 46)
7 L’objectif déclaré du programme est de retrouver la cohésion sociale urbaine perdue (ceci au travers d’interventions au niveau des quartiers) ou, à tout le moins, de contribuer à ce processus de renouveau. Mais la réalisation des interventions dans les quartiers a été accompagnée dans la plupart des villes par des coupes budgétaires et des réductions des dépenses consacrées aux politiques du logement et de l’emploi. Les analyses critiques soulignent que ces programmes sont perçus comme des programmes de compensation du démantèlement néolibéral des politiques urbaines. Dans les nouvelles approches de la politique des quartiers, les tentatives de redistribution sont abandonnées, pour se limiter au seul traitement des symptômes de la pauvreté et de l’exclusion. Or, les causes structurelles de l’inégalité sociale ne peuvent être discutées et traitées de façon pertinente à l’échelle du voisinage. La mobilisation des habitants est ainsi orientée vers d’autres champs d’action, plus faciles à atteindre. Ce processus débouche sur une conception dépolitisée d’un monde sans conflits d’intérêts fondamentaux, aussi bien dans la ville que dans la société. La critique insiste aussi sur la sélectivité sociale des instruments de participation qui peinent à intégrer les individus marginalisés. Essentiellement, les couches moyennes intellectuelles fréquentent les commissions politiques et participent activement à ces processus participatifs.
8 La recherche urbaine internationale parle « d’urbanisme post-politique » (Swyngedouw, 2009, p. 605) pour caractériser les modes de gouvernement dans lesquels la politique n’est plus considérée comme un champ de luttes (légitimes) entre différents groupes d’intérêts, mais vise au contraire la seule production d’un consensus. Le renoncement à une politique de renforcement du bien-être et la mise en œuvre de stratégies entrepreneuriales dans la politique urbaine sont liés à ce nouveau mode de gouvernance (Peck et Tickell, 2002). La post-politique est une forme de gouvernement urbain dans lequel la production d’un consensus remplace le dissensus et les conflits (Rancière, 1994) ; la gestion technocratique remplace les processus de décision démocratiques ; une forme de populisme urbain dépolitisé remplace les débats publics sur le pouvoir et les contradictions structurelles dans les villes. Les décisions ne résultent plus de la confrontation des différents intérêts au sein de l’arène politique, elles sont guidées par une prétendue « contrainte » et légitimées par les avis d’experts, pour être finalement présentées comme le consensus de « tous des habitants ».
9 Ces constats critiques valent aussi pour la Ville sociale. La délimitation des quartiers « défavorisés » et la définition des stratégies d’action sont le fait d’experts externes, dont les analyses sont fondées essentiellement sur les statistiques sociales. Assimiler les intérêts des habitants à ceux de leur quartier est une forme typique de populisme dépolitisé, pour lequel les contradictions internes et les conflits d’intérêts sont prétendument résolus par l’harmonie de la communauté locale.
10 Parallèlement aux débats sur la ville post-politique, on trouve dans cette même littérature, paradoxalement, le constat du renforcement des mouvements urbains de protestation qui réclament le « droit à la ville » et le renforcement de la « citoyenneté urbaine » (Holm et Gebhardt, 2011). Dans beaucoup de villes européennes, les mobilisations sociales s’appuient de manière croissante sur des sociabilités de voisinage en réaction aux programmes de quartier (Mayer, 2009). On constate ainsi un renouveau des thèmes de politique urbaine, tels que les campagnes contre l’expulsion d’habitants de certains quartiers, contre les contrôles policiers dans l’espace public ou encore contre les mégaprojets urbains, thèmes qui sont désormais mis à l’agenda politique par les mouvements sociaux (Holm et Gebhardt, 2011). Pour la première fois depuis les années 1960, le cycle actuel a mené à une convergence des différents courants au sein des mouvements sociaux de protestation urbaine. La mise en place des programmes de promotion urbaine et le renforcement de ces mouvements sociaux ont la même origine : l’accroissement de la fragmentation et des divisions sociales dans les villes. L’orientation entrepreneuriale et la politique de concurrence entre les villes produisent une érosion du système social, ce qui déclenche des conflits urbains de plus en plus durs (Lebuhn, 2008).
11 Le programme Ville sociale et les mouvements sociaux n’ont pas seulement les mêmes causes (la politique urbaine néolibérale), ils ont aussi les mêmes ancrages spatiaux (les quartiers discriminés), et affrontent en partie les mêmes problèmes (habitat, travail, exclusion).
Entre mouvements sociaux et programme urbain. Migration et loyers dans le cadre de la Ville sociale
12 Examinons de plus près cette relation complexe entre le programme Ville sociale et les mouvements sociaux, à partir de la gestion des quartiers berlinois. Notre article ne se fonde pas sur une étude empirique menée auprès des habitants, mais sur une analyse du contenu des websites du management de quartier (c’est-à-dire sur la façon dont le management de quartier se présente lui-même), sur des rapports d’activité publiés et des procès-verbaux des séances des conseils de quartier. Nous nous fondons également sur nos expériences et sur l’ensemble de nos échanges avec les salariés du management de quartier que nous avons rencontrés depuis le début des années 2000 dans des séminaires, des événements publics et des congrès spécialisés. Nous avons aussi eu des échanges avec des responsables de l’administration publique de Berlin. Enfin, nous avons utilisé des mémoires réalisés par des étudiants d’écoles supérieures berlinoises sur le management de quartier ou sur certains programmes spécifiques.
Augmentation des loyers et des expulsions au sein de la Ville sociale
13 À Berlin, la distribution spatiale des zones relevant du programme Ville sociale est majoritairement concentrée sur trois quartiers : Neukölln, Kreuzberg et Wedding (vingt-trois zones sur un total de trente-quatre). Même si un certain nombre de ménages pauvres ont déménagé dans la périphérie de Berlin, dix ans après le démarrage du programme Ville sociale, ces quartiers ont toujours le taux le plus élevé de ménages dont les revenus dépendent des aides publiques (SenStadtUm, 2011). Le revenu moyen par habitant y est beaucoup plus faible et le taux de chômage reste beaucoup plus élevé que dans le reste de la ville (Mikrozensus 2011, 2012).
14 À Berlin, depuis 2006, les loyers ont augmenté sur presque tous les segments du marché du logement. Ces augmentations ont été particulièrement fortes dans les quartiers qui jusque-là avaient des loyers faibles, comme Kreuzberg ou le nord de Neukölln (ibb, 2011, p. 73). Face à une demande croissante, l’écart s’est creusé entre les loyers bon marché existants et les attentes de profit des propriétaires d’immeubles. Pour les ménages ne disposant que de faibles ressources et faisant déjà face à un loyer élevé, la perspective de nouvelles augmentations de loyer est une menace sérieuse et une incitation à déménager. Dans les deux quartiers de Kreuzberg et de Neukölln, on a vu depuis deux ou trois ans plus de vingt initiatives de quartier, ou de locataires, qui résistent à l’expulsion hors de leur quartier [3]. Les mots d’ordre de ces initiatives sont divers : les mobilisations portent sur les conflits à l’occasion de plans de modernisation par des propriétaires, de la transformation de logements loués en appartements à vendre ou de la transformation de résidences secondaires en résidences principales (pour des données détaillées : Dossier, 2011). Il s’agit aussi de conflits portant sur la politique du logement à la suite de la privatisation progressive du logement social, ou sur des pratiques administratives lors du changement de propriétaire dans le logement social (Mietenstopp, 2011). Ces mouvements s’occupent aussi bien de conflits concrets avec les propriétaires et les gestionnaires des logements, que de questions globales concernant l’orientation de la politique du logement.
15 Dans les quartiers où la tendance à l’augmentation des loyers est forte, les activités de management de quartier ne peuvent ni soutenir les nouvelles initiatives, ni renforcer une politique de logement alternative. Parmi les raisons d’une relation difficile entre les mouvements sociaux et le programme Ville sociale, on peut citer le manque de ressources, les logiques propres à chaque institution et les fondements théoriques du programme orienté vers la « valorisation du quartier ».
16 Manque de ressources : à la différence des programmes antérieurs qui accordaient un certain nombre de protections aux habitants lors de la réhabilitation des logements, le management de quartier ne dispose ni de possibilités légales, ni de moyens financiers pour donner des garanties aux locataires (Bernt, 2014, p. 59). Parmi les trente-quatre bureaux de management de quartier berlinois, trois seulement offrent une telle assistance. Le management de quartier ne contribue pas à renforcer la position des locataires.
17 Logique propre des institutions : la charte du management de quartier et les limitations spatiales restreignent la pratique du management de quartier à des mesures symboliques d’activation et de communication (SenStadt, 2005). Ces dispositions ne donnent aucune possibilité d’influencer la politique du logement. Dans la constellation des acteurs, la position du management de quartier est celle d’un contractant des programmes politiques du Land (État) de Berlin, ce qui interdit à ces organes de développer une attitude à la fois confiante, critique et exigeante avec le gouvernement de Berlin (Güntner, 2007, p. 195).
18 L’orientation vers la valorisation : même si les programmes et les mouvements sociaux partagent une même analyse des problèmes, ils diffèrent sur les buts à atteindre. Le code de l’urbanisme définit les buts du programme Ville sociale :
« Les mesures urbanistiques du programme Ville sociale visent la stabilisation et la valorisation de quartiers socialement défavorisés, ou d’autres quartiers ayant des besoins particuliers en matière de développement. Les problèmes sociaux existent surtout dans les cas où une région subit des désavantages considérables à cause de la composition et de la situation économique des habitants qui y vivent et y travaillent. » (Loi fédérale BauGB, article 171(e), § 2)
20 Dans la pratique, ces objectifs se traduisent souvent dans le développement d’instruments de contrôle à caractère participatif et de mesures de soutien à la valorisation des quartiers. Par exemple, dans le quartier de Neukölln, on a mis environ quatre-vingts locaux commerciaux vides à la disposition d’artistes et de créatifs pour une utilisation culturelle qui devait améliorer les relations dans le voisinage immédiat et transformer l’image du « quartier à problèmes », qui deviendrait « quartier à la mode ». Évidemment, ce projet n’avait pas pour but la mise en valeur du quartier au profit du marché immobilier, par une augmentation des loyers et une éviction des habitants pauvres ; mais c’est exactement ce qui s’est produit, selon les initiatives du quartier. Le Brunnenviertel, dans l’arrondissement de Wedding, est un cas différent : le management de quartier a voulu « un raccrochement au quartier (très gentrifié et attractif) de Prenzlauer Berg » (list, 2010, p. 24) ; c’est explicitement une stratégie de valorisation.
21 On voit ainsi émerger une contradiction entre les interventions centrées sur le voisinage et subissant des restrictions venant des ressources, des institutions et de la conception même de l’action publique et, d’autre part, les exigences fondamentales des mouvements de protestation qui cherchent à la fois à trouver des solutions concrètes dans des cas particuliers, tout en thématisant les raisons structurelles de la nouvelle question du logement. Beaucoup d’entre eux s’inspirent, dans leurs mobilisations, des mouvements internationaux qui revendiquent un « droit à la ville ». Cette perspective offre une orientation stratégique vers une société alternative plus juste, et qui peut servir de fondement à un ensemble de réformes et à une organisation non-hiérarchique et horizontale (Holm, 2011).
22 Les textes théoriques d’Henri Lefebvre (1968), David Harvey (2012) et Christian Schmid (2011) appellent de leurs vœux la réalisation de pratiques d’appropriation orientées vers la valeur d’usage des biens immobiliers, ceci aux dépens de stratégies de marchandisation orientées vers la valeur d’échange. Quand il s’agit de l’offre de logements, les contradictions entre la valeur d’usage et la valeur d’échange éclatent d’une façon particulièrement nette, car les souhaits des habitants d’avoir accès à des logements qu’ils peuvent s’approprier s’opposent directement aux intérêts des propriétaires en matière de mise en valeur de leurs immeubles et de leurs terrains. Pour les mouvements de protestation, le concept de droit à la ville est très attractif, parce qu’il leur accorde un rôle actif et qu’il place au centre de l’analyse les raisons structurelles des inégalités de l’accès aux logements (Holm, 2011).
23 Dans le discours des experts, ces approches et ces revendications sont souvent qualifiées de « radicales », ou de rêveries fantaisistes. Pourtant, d’autres pays ont fait l’expérience d’une politique urbaine qui donne la priorité aux fonctions sociales de l’urbanité et non aux intérêts économiques. Cette orientation est même parfois institutionnalisée. Au Brésil par exemple, un « triangle » ‒ qui inclut une nouvelle constitution, des statuts urbains et des plans directeurs pour les quartiers ‒ a créé les conditions permettant de soumettre la propriété privée à des utilisations définies politiquement (Fernandes, 2007). Les municipalités désignent des Zonas Especiais de Interesse Social (zeis) – des zones d’intérêt social particulier – dans lesquelles on peut fixer légalement des buts sociaux en matière d’accès aux logements, qui peuvent être imposés par des moyens de coercition allant jusqu’à l’expropriation (Mengay et Pricelius, 2011, p. 251). Cette pratique progressiste de quelques municipalités brésiliennes ne vient pas de l’appareil administratif, mais d’un mouvement social qui s’est développé sur plusieurs années au nom de la fonction sociale de la ville, tout en lançant des campagnes de protestations classiques : de grands mouvements d’occupation et l’organisation de « quartiers militants » (Zibechi, 2012). Pour caractériser ces nouvelles normes de consommation collective imposées par la protestation et les pratiques quotidiennes alternatives, l’anthropologue James Holston (2007) parle de « citoyenneté insurgée ». La réforme de la politique urbaine et l’encadrement des logiques de marché pour permettre le développement des équipements sociaux ne sont pas venus d’une majorité gouvernementale progressiste, mais de l’intégration des revendications et des mouvements sociaux dans le processus politique de décision. L’exemple brésilien montre que les politiques urbaines peuvent aller au-delà de la médiation et du traitement cosmétique des inégalités sociales ; les questions de propriété, de finalités sociales et de redistribution peuvent être inscrites dans la politique urbaine du xxie siècle, comme précédemment dans l’histoire.
24 À la différence des programmes de cohésion qui, dans la plupart des villes européennes, sont centrés sur le voisinage, des exemples d’Amérique latine montrent que l’action conjuguée de programmes urbains et de mouvements sociaux peut produire des changements fondamentaux dans les conditions urbaines. Un simple transfert de ces modèles semble impraticable dans le contexte européen, mais ils ouvrent de nouvelles perspectives pour surmonter les divisions sociales : la prise en compte de critères redistributifs, un renforcement politique (empowerment) des marginalisés par la politique urbaine et une nouvelle culture de la participation (Bernt et Holm, 2007).
Les immigrés dans la ville : des « groupes à problèmes » ou des acteurs à part entière ?
25 Dans le débat sur la fragmentation des villes, les processus d’immigration jouent un rôle important. « Dans les sociétés modernes de l’Ouest, [l’immigration est] principalement dirigée vers les grandes villes » (Häußermann et Siebel, 2004, p. 174) et elle représente un élément constitutif du développement des villes. Pourtant, à la fin du xxe siècle « la relation entre les immigrants et la ville […] semble être entrée dans une crise profonde », parce que le déclin de la capacité d’intégration de la ville européenne frappe particulièrement ceux qui sont issus de l’immigration (Häussermann et Oswald, 1997, p. 9). Il en résulte une aggravation des inégalités sociales et socio-spatiales, ainsi qu’un accroissement de la discrimination et du racisme vis-à-vis des immigrés.
26 Il est normal que le programme Ville sociale se focalise sur les immigrés qui vivent dans les quartiers défavorisés. Ceci se reflète dans la mission et dans le travail du management de quartier. Au bout de la chaîne discursive et institutionnelle, on trouve un grand nombre de projets de quartier : de la fête de rue interculturelle, jusqu’au soutien scolaire et à la création de jardins partagés, en passant par le cours de couture. Les « mères de quartier » sont un projet bien connu et réussi : des femmes issues de l’immigration offrent une aide aux familles sur les sujets touchant à l’école, l’alimentation, le développement des enfants ou l’éducation à la non-violence [4].
27 Le management de quartier coopère peu avec les initiatives politiques qui s’occupent explicitement du racisme, des droits civiques, de l’aide aux réfugiés, etc. Ce n’est pas la priorité du management de quartier. Pourtant, dans le champ des politiques d’immigration, il existe de nombreux groupes et initiatives avec une base locale solide. Ces derniers ont développé une expertise reconnue et ils visent à renforcer l’organisation de la représentation autonome des immigrés : conseils locaux de réfugiés, associations d’immigrés, associations de soutien, centres de soins pour ceux qui n’ont pas de sécurité sociale, groupes antifascistes et antiracistes (certains coopérant depuis longtemps avec les communautés immigrées), enfin des groupements syndicaux d’aide aux travailleurs clandestins (pour Berlin et le Brandenburg, le syndicat des services, Ver.di, héberge un tel groupe). La plupart de ces groupes restent à distance du management de quartier et certains le critiquent sévèrement : le groupe Task Force Okerstraße lui a par exemple reproché en 2009 de soutenir activement le contrôle et les expulsions des Roms dans le quartier de Neukölln.
28 Dans les quartiers, on observe au mieux une coexistence conviviale avec les immigrés, mais le plus souvent des relations tendues qui s’expliquent par les buts du programme Ville sociale. L’accent mis sur la situation des immigrés ne tient pas compte de leur situation spécifique dans les villes allemandes, situation marquée par l’exclusion et la discrimination. Les statistiques montrent que ce groupe subit des conditions défavorables sur le marché du travail et du logement, ainsi que dans les écoles (Destatis-wzb, 2011, p. 188). Le programme Ville sociale identifie la concentration d’immigrés dans certaines parties de l’espace urbain comme un facteur défavorisant pour tous les habitants d’un quartier. La ségrégation sociale est explicitement une ségrégation selon les catégories « immigrés » et « indigènes » ; elle est interprétée comme le facteur essentiel de la prétendue spirale du déclin dans certains quartiers. La première évaluation intermédiaire du programme Ville sociale par l’Institut d’urbanistique (Deutsches Institut für Urbanistik – difu) conclut :
« Vu l’existence d’alternatives sur le marché du logement dont la situation paraît se détendre dans beaucoup de villes et vu que les logements sociaux restants sont peu attractifs, les habitantes et les habitants qui disposent de revenus relativement élevés quittent les quartiers défavorisés – et ceci vaut pour les différents groupes. Ensuite, ce sont surtout les ménages issus de l’immigration qui emménagent dans les logements libres – particulièrement dans les anciens Länder (l’ex-Allemagne de l’Ouest) – ainsi que des ménages allemands aux faibles revenus. En raison de l’accroissement de la ségrégation sociale et de la concentration de ménages défavorisés qui s’ensuit, on observe dans la plupart de ces quartiers que le potentiel de conflits augmente et s’aggrave. » (difu, 2002, p. 15-16, c’est nous qui soulignons)
30 Ce diagnostic, et ses fondements théoriques, ainsi que les stratégies politiques qui en découlent, ont été discutés en détail et de façon critique (Lanz, 2007, p. 86-96, p. 163-177). Mais le point de vue du difu montre surtout que le programme Ville sociale offre peu de points d’ancrage pour les groupes et les initiatives qui abordent les thèmes de la migration et de l’intégration dans une perspective de mouvement social et de droits civiques. Car les immigrés ne sont pas vus comme des acteurs à part entière dans la politique urbaine, mais comme des « groupes à problèmes » (également, les ménages allemands pauvres). Cette perspective est présente dans la discussion sur la fragmentation des villes. Ici, les processus d’immigration sont traités du point de vue de la ségrégation ethnique, de l’apparition d’une économie immigrée (ethnic business) et des discriminations dans les champs du logement, du travail et de l’éducation. Par contre on accorde peu d’attention aux luttes et aux initiatives urbaines dans la politique de l’immigration, comme on néglige le rôle des mouvements sociaux et leur importance dans la politique urbaine.
31 Ce préjugé analytique et politique saute aux yeux lorsqu’on sort du contexte allemand. Par contraste, Los Angeles est une ville beaucoup plus fragmentée et polarisée que Berlin ; elle est souvent vue comme une « dystopie urbaine », un exemple négatif pertinent de privatisation des espaces publics, de contrôle et de surveillance, et de discrimination des minorités et des immigrés. C’est pourquoi il s’est développé à Los Angeles un discours qui s’oriente explicitement vers les mouvements sociaux et s’efforce d’explorer les relations multiples entre les groupes de base (grassroots) et une politique urbaine progressiste (Davis, 2002, p. 205) [5].
32 Le livre de Robert Gottlieb et al. The Next Los Angeles : The Struggle for a Livable City (2005) en est un bon exemple. Les auteurs racontent l’histoire de la ville explicitement du point de vue de la base (bottom-up). Ils retracent les mouvements sociaux qui ont marqué la ville du xxe siècle : les mobilisations syndicales pour un salaire minimum local, les mouvements des Afro-Américains, des Latinos et autres minorités pour les droits civiques, ainsi que les campagnes locales pour un logement abordable (affordable), pour une amélioration des transports publics et pour des normes environnementales plus strictes. Ensuite, les auteurs examinent comment les revendications pour une ville viable (livable city) ont été reprises, donc comment les mouvements sociaux urbains ont fait remonter leurs demandes dans la sphère de la politique urbaine formelle. Les luttes et les revendications des migrants et des minorités ethniques jouent un rôle central dans ce contexte, particulièrement dans les procédés semi-institutionnalisés de communication, de coordination et d’échanges de ressources entre des initiatives urbaines hétérogènes (Nicholls, 2003 ; Lebuhn, 2008).
33 La perspective de The Next Los Angeles (et des travaux similaires) se distingue des autres approches car les minorités et les migrants ne sont pas envisagés comme des groupes à problèmes, mais comme des acteurs importants de la politique urbaine. On reconnaît par exemple la discrimination massive des Latinos sur les marchés du travail et du logement comme le problème de politique urbaine primordial ; celui-ci est analysé comme objet de conflits politiques et de processus de négociation dans lesquels les acteurs concernés jouent un rôle central. Si on affûte le regard sociologique en repartant de ces expériences, les processus d’organisation autonome et les mouvements venant de la base et concernant la politique d’immigration se retrouvent au centre de l’analyse. La prise en compte de ces éléments constitue un préalable à la conception de programmes de politique urbaine dans lesquels le pouvoir (agency) des immigrés est pris au sérieux (comme celui de tous les habitants de la ville), au lieu de les considérer comme le problème à résoudre, ou comme un groupe particulier qu’il faut intégrer.
Contours d’une politique urbaine orientée vers les mouvements sociaux
34 L’examen des relations entre la pratique du management de quartier à Berlin et les initiatives sociales et politiques locales dans les domaines de l’immigration et des loyers permet de conclure que les mouvements sociaux et les protestations urbaines ont peu de place dans le programme Ville sociale et dans sa mise en œuvre. Ce vide ne s’explique pas par une absence de mouvements sociaux : les mobilisations se sont multipliées ces dernières années, même en Allemagne où le niveau de protestation sur ces questions reste relativement bas.
35 Ce n’est pas un hasard si les dynamiques politiques des mouvements de base (grassroots) ne sont pas prises en compte dans le programme du gouvernement fédéral. Nous expliquons ce fait par des causes structurelles. Ce programme est en effet fondé sur la conception de la ville comme une « machine à intégrer » qui serait aujourd’hui en crise, soulignant ainsi l’importance de la capacité d’intégration de la société urbaine pour les concepteurs de ce programme. Les processus de fragmentation sont vus comme des déviations de la norme historique qui se sont produites pendant les deux dernières décennies, provoquées par la désindustrialisation, les transformations du monde du travail, les nouveaux mouvements migratoires, etc.
36 Si cette description est partiellement valable, elle omet cependant des phénomènes essentiels : elle néglige d’abord les intérêts contradictoires des différents groupes et acteurs en présence dans la ville, ainsi que les conflits pour l’appropriation des ressources disponibles. Or, il faut rendre ces conflits visibles afin de les rendre négociables. Il faudrait également se demander si les analyses historiques ne surestiment pas la capacité d’intégration de la ville européenne du passé et si elles ne sous-estiment pas les processus d’exclusion massifs frappant les pauvres, les immigrés ou ceux qui font preuve de « comportements socialement déviants », de même que les processus de polarisation entre riches et pauvres. Ensuite, la politique urbaine est conçue selon une approche descendante (top down), visant la production de cohésion et d’intégration. Dans les quartiers dits « sensibles », les habitants ont tendance à être instrumentalisés, dans la mesure où leurs « potentialités endogènes » sont désormais mobilisées pour l’atteinte d’un objectif « plus noble » : la production d’intégration et de cohésion. Ainsi, le vrai problème ne serait plus la pauvreté, l’exclusion ou la précarité d’une partie de la population, mais l’insatisfaction qu’elles produiraient.
37 Sur le plan de ses fondements théoriques et de sa mise en œuvre pratique, le programme Ville sociale reproduit les principales caractéristiques de l’urbanisme post-politique. Premièrement, les activités et la portée des programmes de quartier se réduisent à des projets singuliers ; leurs conditions structurelles ne sont pas thématisées. Deuxièmement, les formes de participation et l’image que le management du quartier a de lui-même sont orientées vers la production d’un consensus aussi harmonieux que possible ; les intérêts qui s’opposent dans le développement d’un quartier ne sont formulés ni par les instances politiques, ni dans les groupes de travail. Troisièmement, cette recherche du consensus se reflète dans la rhétorique typique de la post-politique qui met en avant les prétendus « intérêts communs » à tous les habitants des quartiers.
38 Cette critique ne doit pas être lue comme une construction normative qui établit une dichotomie entre une gestion réformiste du quartier d’un côté et les militants radicaux de l’autre. Nous cherchons par contre à conceptualiser comment le programme Ville sociale répond aux défis de la ville fragmentée et structure les procédés et la pratique de la gestion des quartiers sur le terrain. Nous remettons en cause les fondements et la pertinence des notions de « cohérence » et « d’intégration », sur lesquelles se centrent les débats au sein de la recherche scientifique collaborative, et que l’on retrouve au fondement des politiques de quartier (area-based policies) du programme Ville sociale.
39 Nous plaidons pour une autre approche de la politique urbaine, pensée davantage comme un processus dans lequel les conflits sociaux et politiques entre les différents groupes et acteurs doivent être posés et débattus. Dans le programme Ville sociale, et dans sa mise en œuvre pratique à Berlin, « la production de cohésion et d’intégration » s’inscrit dans la recherche du consensus et elle vise la création d’une identité de quartier commune. À notre avis il faudrait renforcer la capacité de prise en compte et de prise en charge (au moyen de politiques publiques redistributives) des contradictions sociales et politiques dans la ville. Par conséquent, on devrait reconnaître, sur le plan aussi bien analytique que politique, les processus autonomes d’organisation, les protestations et les mobilisations des habitants, à l’intérieur et à l’extérieur des structures institutionnelles existantes, comme des éléments constitutifs à part entière de la politique urbaine. C’est dans une ville politisée qu’on développera des perspectives pour une Ville sociale qui mérite enfin ce nom.
Bibliographie
Références bibliographiques
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Mots-clés éditeurs : politiques territoriales, Berlin, urbanisme post-politique, mouvement social, Ville sociale
Mise en ligne 28/03/2017
https://doi.org/10.3917/esp.168.0189Notes
-
[1]
Le « management de quartier » (Quartiermanagement) équivaut à la maîtrise d’ouvrage urbaine et sociale dans la politique de la ville en France (ndlr).
-
[2]
Les citations en allemand ont été traduites en français.
-
[3]
Références [en ligne], [url : http://mietenstopp.blogsport.de/links/lokale-initiativen/] et [url : http://mietenstopp.blogsport.de/links/kaempfende-hausgemeinschaften-so/], consultées le 17 septembre 2012.
-
[4]
Les « femmes-relais » sont l’équivalent français des « mères de quartier ». « Von Beruf Stadtteilmutter » [en ligne], Berliner Zeitung, 13 mars 2009, [url : http://www.berliner-zeitung.de/archiv/neukoelln-macht-schule--auch-im-weddinger-brunnenkiez-beraten-frauen-kuenftig-auslaendische-familien-in-alltagsfragen-von-beruf-stadtteilmutter,10810590,10626252.html], consulté le 17 septembre 2012.
-
[5]
On parle quelquefois de l’école de Los Angeles, pour la distinguer de l’école (sociologique) de Chicago ; c’est en réalité un groupe assez hétérogène de chercheurs.