Couverture de ESP_163

Article de revue

Les pratiques associatives dans les banlieues de Paris et Buenos Aires. La comparaison de cas contrastés

Pages 41 à 55

Notes

  • [*]
    Arnaud Trenta, postdoctorant à l’Institut des sciences humaines, sociales et environnementales (cct-Conicet, Mendoza, Argentine) ; membre associé au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (umr 3320 cnam-cnrs, Paris)
    arnaudtrenta@hotmail.com
  • [1]
    Les catégories Ouvriers et Employés représentent 63 % de la population active à Gennevilliers (Insee, Recensement général de la population, 2009) et 71 % de la population active à Tres de Febrero (Indec, Recensement national de la population, 2001).
  • [2]
    L’association Plein Grés à Gennevilliers a créé des haltes garderies pour favoriser l’insertion des mères au foyer. Le Mouvement Evita à Tres de Febrero gère des coopératives de travail destinées à des chômeurs considérés comme « inemployables ».
  • [3]
    L’Université populaire des Hauts-de-Seine à Gennevilliers vise la transmission des savoirs critiques au plus grand nombre et Jovenes por un distrito mejor (Des jeunes pour une ville meilleure) réalise des événements culturels et des formations aux pratiques artistiques à Tres de Febrero.
  • [4]
    Le communisme municipal a notamment créé des écoles, colonies de vacances, lieux culturels, centres de santé et bains-douches. Il a aussi amélioré la voirie et rénové le parc immobilier.
  • [5]
    La population nationale passe de 1,8 million d’habitants en 1869 à 7,9 millions en 1914 (Indec, Recensement national).
  • [6]
    La ville de Buenos Aires compte 187 000 habitants en 1869 et 1,5 million en 1914, dont la moitié est alors de nationalité étrangère. La banlieue de Buenos Aires compte 42 000 habitants en 1869 et 460 000 en 1914 (Indec, Recensement national).
  • [7]
    En 1943, un coup d’État militaire met fin à une décennie de vie politique entachée de fraudes électorales. Membre de l’influent Groupe des officiers unis, le colonel Perón s’impose progressivement dans le paysage politique, renoue avec la tradition de l’arbitrage étatique et gagne la confiance des syndicats ouvriers par son action au Secrétariat national du travail. En raison de conflits internes aux forces armées, Perón est contraint à la démission et incarcéré le 8 octobre 1945. À la suite de la mobilisation du 17 octobre, il recouvre la liberté et prône la tenue de nouvelles élections.
  • [8]
    En 1947, la ville de Buenos Aires a déjà atteint le nombre actuel de 3 millions d’habitants. En 2010, le conurbano compte près de 10 millions d’habitants (Indec, Recensement national).

1Depuis quelques décennies, la recherche comparative en sciences sociales a connu à la fois un développement et une diversification de ses pratiques. Dans le contexte de la globalisation, qui renforce la compétition entre les nations et le poids des gouvernances supranationales (Giraud, 2012), de nombreuses commandes publiques de comparaisons internationales ont été adressées au monde académique dans l’optique d’une rationalisation et d’une mise en concurrence des systèmes sociaux et des politiques publiques. Si des raisons politiques ont généré un afflux de demandes d’analyses comparées (plus ou moins contraignantes pour les chercheurs), l’engouement pour les recherches comparatives répond également à des raisons académiques instituées de longue date. En sociologie par exemple, la capacité heuristique de la comparaison est soulignée dès les fondements de la discipline, dans les études d’Émile Durkheim et celles de Max Weber. L’originalité de la période actuelle semble résider dans un relatif affaiblissement des grandes écoles du comparatisme et dans la diversification des terrains, des objets, des méthodes et des théories de la comparaison (Demazière et al., 2013).

2Les traditions durkheimiennes et wébériennes ont longtemps constitué deux logiques opposées au sein des études comparatistes entre, d’une part, une prédisposition à l’universalisation des objets de recherche, à l’analyse déductive et à la focalisation sur les variables, et, d’autre part, une prédisposition à l’individualisation des objets de recherche, à l’analyse inductive et à la focalisation sur les cas (Giraud, 2003). Depuis une trentaine d’années, on constate un dépassement de ces clivages et la recherche d’une alternative au dualisme entre « l’universalisme nominaliste et le particularisme culturaliste » (Théret, 1997, p. 166). La comparaison internationale est alors moins soumise à une méthode ou à un paradigme en particulier (Hassenteufel, 2000), elle s’apparente à une « stratégie de recherche » (Lallement et Spurk, 2003) qui s’élabore à partir des problèmes étudiés et des spécificités des terrains d’enquête.

3Ces évolutions des pratiques comparatives et du contexte dans lequel elles s’inscrivent génèrent de multiples défis pour les chercheurs : la mise en cause de l’espace national comme cadre « naturel » de la comparaison, la variété des jeux d’échelles nécessaires à la compréhension de mécanismes sociaux, ou la différenciation des cas comparés et la tension entre le singulier et l’universel. La comparaison de cas très différents retrouve une actualité dans le contexte de la globalisation (Giraud, 2012 ; Kocka, 2013), bien que la comparaison des cas les plus similaires reste dominante dans les sciences sociales. L’analyse comparée de cas contrastés est au cœur de la méthode comparative et en explore les limites. Elle fait subir aux catégories analytiques « une tension qui ne peut être résolue qu’en les reconstruisant et en vérifiant que des mécanismes commensurables fonctionnent en leur sein, en dépit de la diversité des situations concrètes » (Giraud, 2012, p. 90). « Comparer l’incomparable » (Detienne, 2000) constitue toujours un défi à la recherche, qui ne peut être relevé sans l’apport du regard réflexif.

4L’objectif de cet article est de mettre en lumière les apports de la comparaison de cas très différents, à partir d’une recherche portant sur les pratiques associatives dans les quartiers populaires de la périphérie urbaine de Paris et de Buenos Aires. La première partie présente le cadre de la recherche comparative et la méthode mobilisée pour étudier le fait associatif dans ces territoires. La seconde évoque les différences importantes concernant l’histoire des banlieues industrielles et les formes de sociabilité populaire locale, puis les mécanismes sociaux similaires liés à une participation plus importante des associations dans l’espace public en France comme en Argentine. La conclusion revient sur la perspective générale qui se dégage de cette recherche comparative et souligne les principaux apports de la comparaison centrée sur des cas très contrastés.

Analyser le fait associatif à la lumière de la comparaison France Argentine

Les évolutions du fait associatif comme révélateur des reconfigurations politiques

5La recherche est partie d’un questionnement général sur le rôle des associations dans le fonctionnement démocratique. Depuis quatre décennies, les sociétés occidentales sont travaillées par un double processus de délégitimation des institutions représentatives et de valorisation des organisations de la société civile, qui peut s’interpréter comme une reconfiguration du politique liée à un nouveau renversement du rapport entre l’État et la société civile. En lien avec la crise de l’État providence et la domination relative de l’idéologie néolibérale, la relance du processus d’autonomisation de la société civile s’effectuerait au travers de la disqualification de l’intervention étatique dans le dessein de libérer la puissance d’autoconstitution de la société civile (Gauchet, 2005 et 2007). Afin de mettre ces hypothèses générales à l’épreuve, la recherche propose une analyse socio-historique des relations entre les associations et les institutions politiques au travers de plusieurs études de cas. La comparaison internationale a l’ambition de mettre en lumière des processus sociaux similaires liés à l’évolution du rapport entre le politique et l’associatif, tout en portant attention aux différences observables entre les cas nationaux.

6Malgré des différences fortes aux niveaux politique, historique, économique et démographique, la comparabilité entre la France et l’Argentine apparaît lorsque l’on se penche sur l’histoire récente des organisations intermédiaires (parti, syndicat, association). Dans les deux cas nationaux, les partis politiques connaissent une baisse du nombre des adhérents et de la fidélisation des électeurs (Manin, 1995 ; Torre, 2003). Les syndicats de travailleurs sont également fragilisés en raison d’une diminution de leurs effectifs et des multiples divisions entre les diverses organisations (Andolfatto, 2007 ; Murillo, 2005). Cependant, la crise de ces organisations représentatives ne s’apparente pas à une désillusion à l’égard de la démocratie, ni à un désintérêt pour la chose publique. En France comme en Argentine, la variété des dispositifs publics et des mobilisations citoyennes souligne l’importance des aspirations à la participation politique sous des formes plus régulières et plus directes que la simple élection de représentants. Parmi les organisations qui donnent corps à ce « nouvel esprit de la démocratie » (Blondiaux, 2008), les associations constituent un espace social à la fois vaste et hétérogène qui s’est profondément modifié à partir des années 1970 (Di Stefano et al., 2002 ; Hély, 2009 ; Laville, 2010 ; Roitter et González Bombal, 2000). Tandis que les engagements syndicaux et partisans se tarissent, les organisations associatives voient leur nombre s’accroître considérablement et acquièrent une plus grande légitimité dans le fonctionnement démocratique. La recherche s’est construite autour d’une interrogation sur le rôle joué par les associations dans la vie publique et sur les relations que celles-ci entretiennent avec les institutions politiques.

La participation associative des habitants de quartiers populaires

7La participation associative est la catégorie analytique située au cœur de la comparaison, elle y est définie comme l’engagement volontaire d’individus dans des groupes, plus ou moins durables, intervenant dans l’espace public (Barthélemy, 2000). La dimension volontaire renvoie à l’idée d’associations libres et égalitaires propres à la démocratie moderne. La durabilité des groupes permet de penser l’engagement des individus comme des engagements militants. Enfin, l’intervention dans l’espace public fait référence à l’inscription des associations dans des processus de publicisation de problèmes sociaux (Cefaï et Terzi, 2012 ; Dewey, 2010 ; Gusfield, 2009). En d’autres termes, la participation associative exprime la capacité des acteurs sociaux à percevoir des situations considérées comme problématiques, à s’associer et à générer des actions collectives visant à en définir les responsabilités et à interagir avec les pouvoirs publics en vue de leur résolution.

8La recherche s’est ensuite construite à partir d’une approche locale qui s’avère propice à l’étude des nouvelles formes de militantisme caractérisées par un ancrage territorial, une revendication d’autonomie et une participation directe (Ion, 1997 ; Svampa, 2008). Le local n’est toutefois pas appréhendé comme un objet en soi, mais comme un « lieu de recherche » (Briquet et Sawicki, 1989) qui implique une articulation des différentes échelles d’analyse pour mettre en lumière des transformations d’ordre plus général. La recherche a enfin été circonscrite aux quartiers d’habitat populaire afin d’interroger les formes de sociabilité et d’engagement des classes populaires dans le cadre de la désagrégation du monde ouvrier et de la stigmatisation des quartiers populaires (Beaud et Pialoux, 1999 ; Kessler, 2012 ; Merklen, 2009 ; Schwarz, 2011). L’investigation menée dans des quartiers populaires de la périphérie de Paris et de Buenos Aires permettait d’inscrire l’étude des associations et des systèmes politiques locaux dans l’histoire des banlieues industrielles.

9Les quartiers retenus pour l’enquête font partie des villes de Gennevilliers et de Tres de Febrero, situées respectivement dans la petite couronne de la banlieue parisienne et dans le premier cordon de la banlieue de Buenos Aires. Ces villes partagent certaines données historiques, démographiques et politiques. D’une part, leur urbanisation est liée à l’implantation d’usines et d’ateliers de tailles diverses au début du xxe siècle, ainsi qu’au développement d’un parc immobilier accueillant des travailleurs issus des couches populaires. Malgré́ le processus de désindustrialisation, leur démographie se caractérise encore par une présence majoritaire des catégories d’ouvriers et d’employés au sein de la population active [ 1]. D’autre part, ces villes sont des fiefs des partis historiques de la classe ouvrière, soit le parti communiste en France et le parti péroniste en Argentine. Ces territoires s’inscrivent par conséquent dans des histoires collectives plus amples qui permettent de relier l’analyse de la participation associative avec les transformations des formes d’engagement des classes populaires.

L’inscription des associations dans des configurations politiques locales

10La comparaison de la participation associative dans les quartiers populaires de Gennevilliers et de Tres de Febrero correspond à une « stratégie de recherche » inspirée des approches institutionnalistes (Lallement et Spurk, op. cit.). Ces approches mettent l’accent sur la comparaison de systèmes ou de configurations qui relient les pratiques et les représentations des acteurs avec les ressources et les contraintes des institutions. La catégorie analytique au cœur de la comparaison est alors étudiée dans son rapport aux diverses institutions qui lui confèrent sa portée sociétale. L’étude de la participation associative dans les quartiers populaires s’est donc focalisée sur l’espace d’interactions constitué par les associations et les institutions politiques. L’activité des associations a été analysée en relation avec les pouvoirs publics et les partis politiques, au sein de configurations politiques locales (Sawicki, 1997). Le positionnement des associations au sein de ces configurations prend tout son sens lorsqu’il est analysé dans une perspective diachronique. La mise en perspective historique permet de comprendre les changements opérés au sein de ces configurations politiques et d’éviter ainsi l’écueil de la réification.

11L’enquête de terrain a été réalisée selon une démarche ethnographique qui a permis de rencontrer des militants associatifs, mais aussi des agents municipaux liés au secteur associatif et des militants politiques actifs dans les quartiers. Au total, 79 entretiens semi-directifs ont été réalisés, ainsi que des observations dans les associations, les services municipaux et les partis politiques. La première phase de l’enquête a permis de repérer une diversité d’associations intervenant dans l’espace public local des deux villes et de mettre en lumière les différents liens avec les institutions politiques. La seconde phase de l’enquête s’est centrée sur quatre cas associatifs afin d’approfondir, d’une part, l’analyse des relations entre les associations et les institutions d’État au travers des politiques sociales territorialisées [ 2] et, d’autre part, l’analyse des relations entre les associations et les partis politiques [ 3].

12Un des axes de la recherche analyse la participation associative dans les quartiers populaires en relation avec les processus de désindustrialisation et de désagrégation du monde ouvrier. Nous avons étudié la manière dont ces processus modifient les configurations politiques locales et les formes de sociabilité au sein des territoires populaires, et dans quelle mesure ces modifications ouvrent des possibilités de développement à la participation associative. À partir de cette perspective d’analyse, la seconde partie de l’article illustre la tension inhérente à la démarche comparative entre le singulier et l’universel, qui est particulièrement forte avec la méthode des cas contrastés. Une des principales difficultés rencontrées lors de la comparaison a été la prise en compte des différences au niveau des sociabilités populaires et des configurations politiques dans les banlieues de Paris et de Buenos Aires, puis la mise en lumière des mécanismes sociaux similaires qui permettent de comprendre l’importance accrue de la participation associative dans des territoires si contrastés.

Transformations des banlieues populaires et des formes de sociabilités locales

Banlieue rouge et système d’action communiste

13Concernant la France, le développement industriel est marqué par l’installation de grandes usines dans la périphérie des villes à partir du milieu du xixe siècle. À Gennevilliers, malgré le maintien d’une culture maraîchère, la commune se transforme progressivement en une terre d’industrie peuplée d’usines, d’ateliers, de hangars et d’entrepôts. De manière générale, les faubourgs industriels qui émergent dans la périphérie de Paris au début du xxe siècle se constituent en marge des grandes politiques d’urbanisme et sont le lieu d’ajustements privés défavorables aux populations qui s’y installent et que l’on surnomme alors les « mal lotis ». Les salaires et les conditions de travail s’avèrent également moins favorables dans les banlieues industrielles que dans les ateliers parisiens (Fourcaut, 2007). La prise en compte de ces difficultés conduit aux premiers succès électoraux du parti communiste dans les années 1920 et à son implantation durable dans la banlieue parisienne à partir des années 1930 (Courtois et Lazar, 1995). À Gennevilliers comme dans les autres faubourgs industriels de la « banlieue rouge », le communisme municipal [ 4] pose son empreinte sur ces territoires qui deviennent de « véritables villes » (Fourcaut, 1986) et des « lieux de promotion sociale et culturelle des classes populaires » (Masclet, 2003, p. 20).

14Si la banlieue rouge a manifesté localement la « contre-société » communiste (Kriegel, 1968), c’est en partie en raison des conditions socio-démographiques des villes ouvrières. La forte homogénéité sociale de la population (essentiellement ouvrière) et la proximité spatiale entre le travail et l’habitat ont permis un entremêlement des sociabilités politiques, syndicales et associatives. Au-delà des aspects démographique et géographique, la notion de ville ouvrière renvoie à « l’existence d’une identité collective fondée sur des rapports au travail, des modes de sociabilité et un réseau organisationnel spécifiques, charpentée par une politique municipale en symbiose relative avec la population et renforcée par de forts liens d’appartenance locale » (Bacqué et Sintomer, 2001, p. 220). Au sein des villes ouvrières communistes, les organisations politiques et syndicales représentaient les principaux espaces d’engagement des classes populaires, tandis que les associations occupaient une position subalterne au sein des organisations dites satellites et servaient de relais aux institutions politiques pour encadrer l’ensemble de la vie sociale locale (Fourcaut, 1986). Le rapport au travail et à la politique était central dans la sociabilité locale des classes populaires au sein des villes ouvrières communistes, au moins jusqu’aux années 1970-1980, lorsque s’amorce le délitement du système d’action communiste.

Le conurbano et les vicissitudes du péronisme

15L’histoire industrielle de l’Argentine diffère nettement de celle de la France et la constitution des territoires populaires dans la banlieue de Buenos Aires – le conurbano – renvoie à d’autres types de sociabilité locale et de configuration politique. En effet, les villes populaires de la périphérie de Buenos Aires ne correspondent pas au modèle de la ville ouvrière. Située aux confins du monde occidental, l’Argentine ne connaît son véritable essor économique et démographique qu’à partir des années 1880 avec la mise en place du modèle agro-exportateur, l’investissement de capitaux étrangers et les migrations de travailleurs européens [ 5]. L’étalement urbain de l’aire métropolitaine de Buenos Aires s’effectue de manière continue au cours du xxe siècle, en conséquence des besoins de logement d’une population de plus en plus nombreuse [ 6]. Autour de 1900, de nouveaux quartiers voient ainsi le jour dans l’ouest de la capitale, dont le peuplement se réalise sans véritable homogénéité sociale et professionnelle. Ces territoires forment alors le creuset d’une « nouvelle culture populaire et de quartier » (Gutiérrez et Romero, 1989) au sein de laquelle les associations de voisinage jouent un rôle à la fois social et politique. L’industrialisation de l’Argentine n’intervient véritablement qu’à partir des années 1930, avec une concentration des grandes industries à proximité des ports et des voies de chemin de fer situés au sud de la ville de Buenos Aires. Des communautés ouvrières se forment dans ces territoires grâce à l’activité syndicale et à la proximité spatiale entre le travail et l’habitat (Lobato, 2001), participant activement à la constitution d’une classe ouvrière et à l’avènement du péronisme.

16Lors de la journée du 17 octobre 1945 qui fonde le mythe originel du péronisme, des milliers de personnes issues des classes populaires se rassemblent sur la place de Mai – symbole du centre de la vie politique argentine – pour réclamer la libération du colonel Perón [ 7]. Au cours des élections de 1946, la coalition de partis qui soutient la candidature de Perón l’emporte dans tous les districts du conurbano qui constitue dès lors le bastion du péronisme. Bien que les organisations syndicales forment la « colonne vertébrale » du système péroniste, les organisations territoriales du parti – les « unités de base » – jouent un rôle important dans la mobilisation des classes populaires. Chargées de l’affiliation, de l’adhésion et de la formation des péronistes, elles animaient aussi la vie partisane locale et jouaient un rôle d’intermédiation entre les associations locales et l’État (Acha, 2004 ; Quiroga, 2008). Lors des premiers gouvernements péronistes (1946-1955), les configurations politiques locales dans les villes du conurbano reposaient sur l’imbrication des organisations politiques, syndicales et associatives, selon une structure essentiellement verticale, les reliant directement aux sommets de l’État.

17Le péronisme s’est construit par l’agrégation de différentes organisations, mais il reposait fortement sur l’autorité charismatique de son leader et sur le pouvoir de l’État central. Suite au coup d’État de 1955 qui contraint Perón à l’exil et ouvre une longue période de proscription du péronisme (1955-1973 et 1976-1983), le système d’action péroniste se désagrège au niveau territorial et les organisations syndicales constituent le principal espace d’engagement des classes populaires (James, 1990). Ces événements politiques modifient les formes de sociabilité populaire au niveau local, mais d’autres transformations sociales d’ampleur participent à la déliaison des organisations associatives, syndicales et politiques. À partir des années 1950, le développement industriel s’amplifie et de grandes usines s’implantent dans les territoires plus éloignés de la capitale. C’est alors la période d’expansion du conurbano dont la population passe de 1,7 million d’habitants en 1947 à 8,7 millions en 1980 [ 8]. C’est aussi celle du développement des transports publics qui contribuent à l’éloignement entre l’usine et le quartier (Bozzano, 2007). La périphérie de Buenos Aires s’est peuplée grâce à des politiques urbaines qui ont permis l’accès massif des classes populaires à la propriété au sein de territoires généralement éloignés des grands centres industriels. En comparaison avec les villes ouvrières de la banlieue parisienne, les villes populaires du conurbano se différencient alors par une sociabilité locale relativement détachée des questions du travail et de la politique, et centrée prioritairement sur les questions de l’habitat (Kessler, 2004). L’importance de cette tradition associative de voisinage se manifeste notamment lors des grandes mobilisations populaires des années 1990-2000 contre les réformes néolibérales conduites par le gouvernement péroniste et accompagnées par le principal syndicat.

Reconfiguration des territoires populaires et développement de la participation associative

18La prise en compte de ces différences historiques au niveau des formes de sociabilité locale dans les banlieues de Paris et de Buenos Aires s’est avérée essentielle pour comprendre à la fois les contrastes dans les mobilisations des classes populaires au cours des dernières décennies et les similitudes dans les mécanismes sociaux qui permettent le développement de la participation associative dans les quartiers populaires. Dans les deux cas nationaux, malgré la diversité des situations concrètes, la recherche comparative met en lumière une tendance commune au renforcement des associations locales dans les configurations politiques des territoires populaires ; il repose sur la conjonction de plusieurs facteurs dont l’importance varie selon le temps et l’espace. Parmi les principaux facteurs, la recherche a mis en lumière : la désagrégation du monde ouvrier et la perte d’influence des syndicats de travailleurs ; l’affaiblissement de l’idéologie socialiste et la territorialisation de la politique ; la fragilisation de la société salariale et l’augmentation de la pauvreté dans les quartiers populaires ; le développement de politiques sociales ciblant les quartiers populaires et les associations d’habitants ; l’importance de l’ancrage territorial dans les mobilisations populaires.

19Dans le cas de la banlieue parisienne, la reconfiguration des territoires populaires renvoie aux effets de la désindustrialisation, à la désarticulation du système communiste et à la mise en œuvre de politiques sociales territorialisées. Avec la perte des emplois industriels, la fermeture des usines, le déclassement des quartiers d’habitat social et l’érosion de l’homogénéisation partisane, l’ensemble du système d’action des « banlieues rouges » se désagrège dans les années 1970. La désaffiliation des classes populaires liée à la fragilisation de la société salariale se double alors d’une désaffiliation politique et identitaire à la ville ouvrière (Bacqué et Sintomer, op. cit.). Les réseaux communistes perdent progressivement leur emprise sur les associations locales qui se diversifient et se développent au travers des relations « partenariales » avec l’État à partir des années 1980. L’intervention croissante de l’État dans les quartiers populaires, en réponse au problème des « banlieues », constitue en effet un élément important dans le développement de la participation associative. Dans le cadre de la décentralisation, la « politique de la ville » repose notamment sur des contrats de partenariat entre l’État, les collectivités territoriales et les associations.

20L’analyse d’un réseau associatif de femmes de Gennevilliers, détaché des organisations communistes et dont l’existence remonte au milieu des années 1970, a permis de suivre l’évolution des relations entre le secteur associatif et les pouvoirs publics. En mobilisant les ressources du dispositif de Développement social des quartiers dès 1982, ces militantes associatives ont participé à la publicisation du problème de l’insertion sociale et professionnelle des femmes au niveau de l’espace public local, alors que ce problème n’avait pas acquis une véritable légitimité au sein du monde communiste (Courtois et Lazar, op. cit.). En s’organisant sous forme associative, ces habitantes ont créé une maison des femmes, plusieurs haltes-garderies, un centre de formation professionnelle et un espace d’accueil pour les femmes victimes de violence. Outre l’octroi de financements publics, la politique de la ville a permis à ces collectifs d’habitantes de jouir d’une nouvelle légitimité dans la définition et la résolution des problèmes publics locaux, au moins durant les années 1980-1990 lorsque le principe de la participation des habitants était encore central dans ce dispositif d’action publique. L’action associative a été menée essentiellement à l’échelle locale et avec une revendication d’autonomie à l’égard des institutions politiques. L’autonomie de ces associations est toutefois contrariée par la diffusion des normes gestionnaires provenant des administrations publiques. Il existe une asymétrie dans les « relations partenariales » entre les associations et les pouvoirs publics ; elle se manifeste par l’imposition d’objectifs, via le financement sur projet et le contrôle de l’activité des associations subventionnées.

21Dans le cas de la banlieue de Buenos Aires, la reconfiguration des territoires populaires renvoie à la paupérisation des classes populaires, à la « désyndicalisation » du parti péroniste et à la mise en œuvre de politiques sociales territorialisées. À partir du milieu des années 1990, le mouvement social des travailleurs au chômage (mouvement piquetero) met en lumière la perte d’influence des syndicats de travailleurs dans les mobilisations des classes populaires et l’importance des associations implantées dans les territoires paupérisés du conurbano. Au travers de confrontations et de négociations avec les pouvoirs publics, les diverses organisations piqueteras ont participé à la publicisation des problèmes du chômage et de la pauvreté, dans le contexte d’une conversion du parti péroniste aux politiques néolibérales et à la réduction du périmètre d’intervention de l’État social. En réponse à ces mobilisations, l’État argentin a mis en œuvre des politiques sociales ciblant les quartiers populaires. Au tournant des années 2000, les associations piqueteras ont servi à la fois de refuge dans une logique de survie et de base pour la captation des ressources des programmes d’assistance sociale (Merklen, op. cit.). Plusieurs de ces associations ont constitué une forme d’auto-organisation des habitants des quartiers populaires, basée sur la gestion des fonds publics, l’organisation des solidarités locales et la participation directe grâce à un fonctionnement en assemblée (Svampa et Pereyra, 2003). Fers de lance de la contestation sociale contre l’ordre socio-économique dérivé des réformes néolibérales, le mouvement piquetero a symbolisé la perte de centralité de la « matrice syndicale » dans la mobilisation des classes populaires et l’importance acquise par la « matrice territoriale » (Kessler et al., 2010).

22À partir de 2003, suite à l’avènement de Nestor Kirchner à la présidence, une partie des organisations piqueteras s’est alliée au gouvernement national et a institutionnalisé leur rôle d’intermédiaire des politiques sociales territorialisées. Au cours de la dernière décennie, malgré la relance de l’économie argentine, la réduction de la pauvreté et le renforcement de la principale centrale syndicale, ces organisations associatives ont continué de jouer un rôle structurant dans les formes de sociabilité populaire. Dans la ville de Tres de Febrero, une de ces organisations – le mouvement Evita – était en charge de la gestion de « coopératives de travail » destinées aux travailleurs les plus éloignés du marché de l’emploi et financées par le ministère du Développement social. Outre le fait de gérer ces coopératives et de sélectionner plus d’un millier de bénéficiaires de ce dispositif, les militants du mouvement Evita tissent un réseau associatif dans les quartiers populaires en créant notamment des cantines gratuites, des ateliers de formation et d’alphabétisation, divers centres culturels, un dispensaire ou encore un club de sport. La constitution de ce réseau territorial permet également de mobiliser plusieurs centaines d’habitants pour des manifestations de soutien au gouvernement national et pour des moments propres à la liturgie péroniste, comme les commémorations du jour de la loyauté envers Perón (le 17 octobre) ou de la mort d’Evita (le 26 juillet). L’autonomie du mouvement Evita et de son réseau associatif à Tres de Febrero est alors limitée par son inscription dans des relations clientélaires avec le gouvernement national. Le nombre de coopératives et de bénéficiaires de cette politique sociale est en effet conditionné par la capacité du mouvement Evita à mobiliser les habitants pour participer à des manifestations politiques.

Conclusion

23En dépit de la différence des situations concrètes, la comparaison de la participation associative dans les banlieues populaires de Paris et de Buenos Aires met en lumière des processus sociaux qui permettent de comprendre l’importance accrue des associations locales dans les formes d’intervention publique des classes populaires. D’un point de vue général, nous avons observé, au sein des configurations politiques, le passage d’une structuration verticale à une structuration horizontale. Au niveau des territoires populaires, ce changement de configuration se comprend au travers de quatre processus : la désagrégation du monde ouvrier, l’affaiblissement de la dimension idéologique du pouvoir, la territorialisation de la politique et l’autonomisation des organisations de base. Si ces processus ne doivent pas être considérés comme aboutis, ils marquent la dynamique actuelle qui travaille les sociétés occidentales, même dans des cas aussi contrastés que la France et l’Argentine.

24Dans les deux cas nationaux, à partir des années 1970, les processus de désindustrialisation et de désagrégation du monde ouvrier s’accompagnent d’une transformation des formes d’engagement des classes populaires. La participation politique des classes populaires via les syndicats ne cesse de s’amoindrir, tandis que se renforce l’ancrage territorial des organisations populaires. Dans le contexte d’un affaiblissement de l’encadrement des sociabilités populaires, les associations s’emparent de problèmes sociaux et interviennent au sein de l’espace public. Le déploiement de politiques sociales territorialisées, liées à la paupérisation des quartiers populaires, génère également de nouvelles ressources pour ces organisations. L’intervention de l’État dans les quartiers populaires se réalise notamment au travers d’une légitimation des associations d’habitants chargées de mettre en œuvre des actions de solidarité au niveau local. L’inscription des associations locales dans le cadre des politiques sociales territorialisées a des effets sur leur autonomie et il convient de parler de relations d’interdépendance entre les associations et les pouvoirs publics. Les tensions entre les associations et les institutions politiques sont toutefois plus fortes en Argentine en raison de la survivance du parti péroniste à la période néolibérale et à la territorialisation de ses bases militantes, tandis que les réseaux du parti communiste ont perdu leur emprise sur les associations locales des villes populaires et mobilisent davantage les habitants au travers de dispositifs de démocratie participative.

25Cette comparaison internationale sur la participation associative dans les quartiers populaires illustre la pertinence de l’étude de cas fortement contrastés. Celle-ci s’avère doublement pertinente pour la méthode comparative, à la fois dans son rapport aux différences et aux universaux. D’une part, elle oblige, de fait, à prendre en compte les différences systémiques entre les sociétés étudiées et, partant, reconnaît la pertinence, au moins partielle, de l’échelle nationale dans la compréhension des phénomènes sociaux. L’analyse comparative de cas contrastés repose sur la mise en lumière d’idiosyncrasies qu’elle prétend par la suite dépasser. L’espace national n’est cependant pas défini selon une vision surplombante qui viendrait réifier des cultures, il est abordé en tant que contexte à partir des phénomènes sociaux qui se trouvent au cœur de la comparaison. De manière inductive, c’est à partir de l’analyse des jeux d’acteurs et des interactions que l’on peut « choisir » les systèmes sociaux pertinents pour la recherche et modéliser les configurations qui donnent sens aux situations étudiées. Cette méthode implique nécessairement le recours à une variété d’échelle dans l’analyse, sans présumer de la prédominance d’un espace social sur un autre.

26D’autre part, la recherche d’une dynamique commune à des cas très différents permet de s’affranchir de certaines catégorisations enracinées dans nos modes de pensée et de jeter une nouvelle lumière sur des objets et des terrains familiers. L’inattendu est fortement présent dans l’analyse comparative de cas très contrastés, ce qui favorise le tâtonnement du chercheur et aiguise sa réflexivité. Le recours à l’histoire s’avère indispensable pour mettre à jour des processus sociaux similaires et donner une cohérence à un même phénomène social malgré de grandes disparités au niveau de ses concrétisations. Les allers-retours entre les différents cas enrichissent la compréhension des relations complexes au sein des configurations, jusqu’à ce qu’une globalité se dessine et fasse sens pour l’ensemble des éléments de l’analyse. Les cas étudiés sont alors intégrés dans une même généralité, sans nier l’importance de leurs différences. Les contrastes servent au contraire à éclairer la diversité du monde social et les différentes adaptations institutionnelles à des transformations sociales communes.

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Mots-clés éditeurs : méthode des cas contrastés, comparaison internationale, configurations politiques, Argentine, France

Date de mise en ligne : 06/11/2015

https://doi.org/10.3917/esp.163.0041

Notes

  • [*]
    Arnaud Trenta, postdoctorant à l’Institut des sciences humaines, sociales et environnementales (cct-Conicet, Mendoza, Argentine) ; membre associé au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (umr 3320 cnam-cnrs, Paris)
    arnaudtrenta@hotmail.com
  • [1]
    Les catégories Ouvriers et Employés représentent 63 % de la population active à Gennevilliers (Insee, Recensement général de la population, 2009) et 71 % de la population active à Tres de Febrero (Indec, Recensement national de la population, 2001).
  • [2]
    L’association Plein Grés à Gennevilliers a créé des haltes garderies pour favoriser l’insertion des mères au foyer. Le Mouvement Evita à Tres de Febrero gère des coopératives de travail destinées à des chômeurs considérés comme « inemployables ».
  • [3]
    L’Université populaire des Hauts-de-Seine à Gennevilliers vise la transmission des savoirs critiques au plus grand nombre et Jovenes por un distrito mejor (Des jeunes pour une ville meilleure) réalise des événements culturels et des formations aux pratiques artistiques à Tres de Febrero.
  • [4]
    Le communisme municipal a notamment créé des écoles, colonies de vacances, lieux culturels, centres de santé et bains-douches. Il a aussi amélioré la voirie et rénové le parc immobilier.
  • [5]
    La population nationale passe de 1,8 million d’habitants en 1869 à 7,9 millions en 1914 (Indec, Recensement national).
  • [6]
    La ville de Buenos Aires compte 187 000 habitants en 1869 et 1,5 million en 1914, dont la moitié est alors de nationalité étrangère. La banlieue de Buenos Aires compte 42 000 habitants en 1869 et 460 000 en 1914 (Indec, Recensement national).
  • [7]
    En 1943, un coup d’État militaire met fin à une décennie de vie politique entachée de fraudes électorales. Membre de l’influent Groupe des officiers unis, le colonel Perón s’impose progressivement dans le paysage politique, renoue avec la tradition de l’arbitrage étatique et gagne la confiance des syndicats ouvriers par son action au Secrétariat national du travail. En raison de conflits internes aux forces armées, Perón est contraint à la démission et incarcéré le 8 octobre 1945. À la suite de la mobilisation du 17 octobre, il recouvre la liberté et prône la tenue de nouvelles élections.
  • [8]
    En 1947, la ville de Buenos Aires a déjà atteint le nombre actuel de 3 millions d’habitants. En 2010, le conurbano compte près de 10 millions d’habitants (Indec, Recensement national).

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