Notes
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[*]
Christine Lelévrier, Institut d’urbanisme de Paris, Lab’urba, université Paris 12
lelevrier@univ-paris12.fr -
[1]
Le terme d’urban renewal désigne des types d’intervention variés mais nous évoquons là des programmes de démolition-reconstruction dans des quartiers dits « défavorisés» et « prioritaires ».
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[2]
Depuis 1996, ces quartiers sont désignés par l’action publique en France sous le terme de Zone urbaine sensible.
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[3]
Extrait du règlement général de l’anru, 2007.
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[4]
Il s’agit d’une catégorie de financement du logement social neuf propre aux opérations de Construction-Démolition.
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[5]
Extraits des chartes locales, cités dans C. Lelévrier et C. Noyé, 2007.
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[6]
Des « chargés de mission » relogement ont été mis en place, soit par les bailleurs eux-mêmes, soit par des prestations extérieures de Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale, mous. Leurs dossiers passent ensuite en commission.
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[7]
Nous avons d’abord réalisé un travail exploratoire dans trois « quartiers » de la politique de la ville où plusieurs démolitions s’étaient succédé depuis la fin des années 1980 (Lelévrier, 2007). Nous avons ensuite travaillé sur sept autres opérations, toujours en Île-de-France (Lelévrier et Noyé, 2007), selon la même méthode ; une analyse statistique exhaustive – basée sur la reconstitution de fichiers de ménages occupant les lieux avant la démolition et de ménages relogés –, des entretiens qualitatifs auprès d’une partie de ces ménages – diversifiés dans leurs caractéristiques socio-économiques et leur lieu de relogement. Au total, l’analyse statistique porte pour la première recherche sur un fichier de 1 612 ménages correspondant à huit opérations de démolition dans trois zus et sur 1 025 ménages pour sept opérations dans sept zus différentes pour la seconde. 76 entretiens ont été menés dans la première recherche, 45 dans quatre des sept opérations de la seconde.
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[8]
Ces données portent sur 64 zus ayant des conventions de rénovation urbaine signées en 2007, sur les 93 de l’Île-de-France.
1La mixité n’a jamais été autant un référentiel des politiques urbaines que dans les récents programmes de rénovation, lancés en France, mais également dans d’autres pays européens comme la Grande-Bretagne et les Pays-Bas à la fin des années 1990 [1] (Kleinhans, 2004). Ces programmes de « démolition-reconstruction » s’inscrivent dans l’histoire plus longue de politiques de « quartiers » mises en place dans les années 1980 en réponse au « problème public de la ségrégation » (Musterd et de Winter, 1998). Le glissement de ces politiques territoriales sociales intégrées vers des opérations de transformation urbaine est une tendance européenne (Droste et al., 2008). Il repose en grande partie sur le diagnostic d’une incapacité des politiques antérieures de peuplement et d’amélioration du cadre de vie à réduire la concentration de « pauvres » et « d’immigrés » dans certains « quartiers [2] ». Deux postulats légitiment la mixité comme valeur et principe d’action. Le premier est celui d’une hypothèse « d’effets de quartier » négatifs sur le devenir des populations, développée par les analyses américaines des « ghettos » (Wilson, 1987) et reprise récemment en France à travers la notion « d’effets zus » sur le chômage (Fitoussi et al., 2004). Le second postulat, plus ancien, est celui d’une atténuation de la distance sociale par la proximité spatiale. Remis en cause par l’analyse des premiers peuplements des grands ensembles en France (Chamboredon et Lemaire, 1970), il est à nouveau en débat à travers les approches anglo-saxonnes. Les classes moyennes joueraient un rôle de modèle intégrateur vis-à-vis des classes populaires, leur présence dans ces quartiers garantissant un certain « capital social » (Flint et Kearns, 2006). Même si ces analyses sont l’objet de controverses (Bacqué et Fol, 2006), elles n’en légitiment pas moins des politiques de « déségrégation » de la pauvreté, prenant la forme d’aides financières à la mobilité des pauvres vers des espaces plus mixtes aux États-Unis (Kirszbaum, 2008), d’une limitation législative de l’accès des pauvres aux quartiers pauvres à Rotterdam (Ouwehand et al. 2007) et de la diversification de l’habitat par la rénovation un peu partout.
2Quels vont être « les effets sociaux » de ces opérations de rénovation visant la mixité sociale ? La remise en cause permanente par une grande partie de la recherche urbaine française du flou, de la non-pertinence de la notion de mixité et des effets pervers de sa mise en œuvre peut laisser interrogateur sur ces nouvelles stratégies (Lelévrier, 2006). Par ailleurs, la rénovation n’est pas une procédure nouvelle dans l’histoire urbaine française, que l’on songe à celle initiée par le baron Haussmann à la fin du xixe siècle ou à la rénovation lancée par le décret de 1958. On peut se demander si les effets pointés par les sociologues dans les années 1960-1970 ont toujours leur pertinence. Ces politiques avaient alors accéléré l’embourgeoisement du centre de Paris. Elles avaient « déporté » des populations loin des centres (Godard et al., 1973) et favorisé la déstructuration des « sociabilités ouvrières » (Coing, 1966). Ne risque-t-on pas d’assister à nouveau au déplacement des populations ouvrières en périphérie plus lointaine et à une reconquête sociale d’espaces résidentiels, dont certains, du fait du développement de l’urbanisation, occupent une position centrale attractive (Deboulet, 2008) ? La similitude de la procédure et du caractère populaire des quartiers concernés incite à la comparaison, et ce d’autant plus qu’une partie des quartiers ciblés aujourd’hui par l’action publique a accueilli les ménages déplacés des précédentes rénovations… Pourtant, le contexte, en particulier économique, est bien différent, comme le sont les logements concernés, privés hier, sociaux aujourd’hui, et les situations des populations, ouvrières hier, précarisées par les mutations du salariat aujourd’hui (Castel, 1996). La légitimation de l’action publique n’est surtout plus la lutte contre l’insalubrité, mais la lutte contre la ségrégation, avec la mixité sociale comme perspective.
Pour apporter des éclairages sur les « effets sociaux », nous reviendrons dans un premier temps sur la manière dont est mise en œuvre cette mixité dans la rénovation actuelle, posant différemment qu’en 1970 la question de la dispersion des populations. En nous appuyant sur des recherches menées entre 2004 et 2007 dans une dizaine d’opérations franciliennes, nous montrerons dans un deuxième temps des effets paradoxaux de la démolition et des relogements. Nous verrons dans un troisième temps comment les ménages déplacés vivent ces changements et les nouvelles proximités spatiales et sociales qu’ils entraînent.
La mixité sociale ajustée aux « parcours résidentiels »
3En France, la mixité est un référentiel présent dans les politiques du logement et de la ville dès le milieu des années 1970 à travers le « rééquilibrage social » (Zittoun, 2001). C’est l’échec des stratégies menées jusque-là (Epstein et Kirszbaum, 2003) qui a conduit à définir deux grands axes d’intervention, la rénovation urbaine, mais aussi des politiques nationales plus propres à la France, de rééquilibrage de la localisation du logement social entre les communes qui en ont moins de 20 % et les autres (loi Solidarité et renouvellement urbains de 2000). Avec la rénovation urbaine, la diversification de l’habitat devient l’instrument principal de la mixité dans ce qu’on appelle en France les Zones urbaines sensibles. L’intention est de réduire la part du logement social en en démolissant une partie reconstruite au moins pour moitié ailleurs, à l’échelle de l’agglomération, les espaces libérés par la démolition constituant des opportunités foncières pour des opérations privées, en location ou en accession. Ces approches de la mixité établissent d’une part une relation plus systématique entre statuts d’occupation de logements et catégories sociales, la propriété étant considérée comme celui de la « classe moyenne ». D’autre part, la mobilité résidentielle devient un objectif, posant différemment que dans les années 1970 la question des déplacements de populations.
4Tout d’abord, la dispersion des « pauvres » est bien une intention commune à ces projets même si, en France comme ailleurs, elle n’est que rarement explicite (Kleinhans, op. cit.). Au regard des « effets de quartier », cette mobilité est plutôt dotée d’une valeur positive ; la dispersion contribuerait à déconcentrer les « quartiers défavorisés », tout en offrant des chances plus importantes d’intégration aux populations, à condition toutefois que ces dernières accèdent à un espace résidentiel plus mixte socialement. Le consensus autour de la démolition comme moyen de promouvoir la mixité sociale est en partie étayé par cette « croyance en la bienfaisance de la dispersion » (Baudin et Genestier, 2006). Ensuite, la mixité par l’attraction « de classes moyennes venant d’ailleurs » est facilitée en France par deux instruments ; il s’agit d’une part de la participation d’un opérateur issu du 1 % patronal, La Foncière Logement, qui va produire du logement locatif privé. D’autre part, les promoteurs sont incités fortement par l’Agence nationale de rénovation urbaine (anru) à venir construire du logement privé, notamment en accession à la propriété, à l’aide d’une tva à 5,5 % dans la Zone urbaine sensible, mais étendue également depuis 2006 à 500 mètres autour. Enfin, la mixité ne consiste pas seulement à attirer des « classes moyennes » de l’extérieur, mais à éviter le départ des habitants ayant un peu de revenus, ce départ étant un facteur de paupérisation des « quartiers sensibles » (div, 2005). En France comme ailleurs, la rénovation associe pour cela mixité et amélioration de la « qualité des parcours résidentiels [3] », et devrait offrir des « opportunités de carrières résidentielles » aux habitants (Kruythoff, 2003). La moitié des ménages déplacés par les démolitions devrait être relogée dans les logements sociaux neufs, condition posée par l’Agence de rénovation urbaine pour l’obtention de financements avantageux pour la construction neuve (plus-cd) [4]. Ainsi, la rénovation urbaine concrétise et facilite la mise en œuvre de stratégies d’ancrage, de fidélisation résidentielle et territoriale des habitants qui ont un peu plus de revenus.
Dans les opérations analysées, les documents locaux qui encadrent le relogement font tous référence au « parcours résidentiel positif », censé « donner une seconde chance », permettre de construire « un projet résidentiel » dans la perspective d’une « trajectoire ascendante [5] ». Ce relogement fait l’objet d’une attention particulière des communes et surtout des bailleurs hlm concernés, qui adhèrent pleinement à cet objectif. Des agents chargés du relogement [6] recueillent les « souhaits » des ménages, principalement sur la localisation du nouveau logement et font ensuite au moins jusqu’à trois propositions, cherchant surtout à adapter au mieux le nouveau logement aux ressources et à la taille des ménages concernés. Ils ont obligation de mettre aux normes les conditions d’occupation des logements tout en évitant les risques d’endettement des familles. Dans ces pratiques d’ajustement, l’amélioration du parcours peut prendre des formes diverses, outre l’accès aux logements sociaux reconstruits et à d’autres quartiers. La décohabitation, c’est-à-dire le fait d’attribuer un logement autonome à un jeune adulte qui est encore au domicile de ses parents ou à une des épouses de familles polygames, est une manière de parvenir à une meilleure adéquation entre l’offre de logements et le profil des ménages, tout en favorisant une forme de promotion résidentielle. Le passage à un logement plus grand, ou plus petit mais mieux situé ou de meilleure qualité, en est une autre. Cette gestion locale et individuelle du relogement, non seulement rend difficile la mise en œuvre d’objectifs stratégiques de peuplement, mais pourrait produire des « effets d’agrégation » (Boudon, 1979) en orientant, sans forcément le vouloir, les ménages qui ont des caractéristiques proches vers les mêmes fractions du parc social.
De quelques effets paradoxaux des mobilités liées à la démolition
5Nos recherches ont été menées de 2004 à 2007 sur les premières opérations de rénovation d’Île-de-France, dans lesquelles des bâtiments avaient déjà été démolis et vidés [7]. Nous ne reprendrons ici que quelques-uns des résultats de ces travaux qui permettent d’apporter des éclairages sur des effets paradoxaux des mobilités liées aux démolitions. Le terme de mobilités intègre les relogements aidés mais également les départs plus spontanés.
Une sur-mobilité des plus aisés, des mobilités de proximité
6Le premier effet paradoxal est celui d’une accélération des départs spontanés de ménages un peu plus aisés hors de la commune, à l’inverse de l’intention d’ancrage des parcours résidentiels de ces groupes. En moyenne dans neuf opérations, 17 % des ménages recensés au moment de l’enquête sociale ne sont plus présents dans les bilans établis à la fin du processus de relogement, lorsque le bâtiment est vide. Les quelques données disponibles montrent que cette sorte de déperdition concerne plutôt des ménages qui ont en moyenne un peu plus de ressources que les autres et qui partent plus loin (la moitié quitte le département et le quart sort de l’Île-de-France). Les catégories de ménages parmi lesquelles on trouve le plus de ces sortants correspondent à des personnes seules et des couples sans enfant, jeunes et âgés, et à des familles dont le chef de ménage a moins de 35 ans. Leurs profils et trajets moyens sont assez similaires à ceux des ménages qui ont quitté les Zones urbaines sensibles entre 1990 et 1999 pour concrétiser des projets résidentiels ascendants (div, 2005). La démolition produirait une sorte de sur-mobilité de ménages qui veulent éviter le relogement contraint.
7Ensuite, le déplacement ne se traduit pas majoritairement par une dispersion ni un éloignement géographique, mais au contraire, par un maintien dans la commune ou à proximité. 75,9 % de l’ensemble des ménages (sortants inclus) restent dans la même commune, avec une variation allant de 65 à 98,9 %. Lorsqu’ils partent ailleurs, c’est principalement pour rester dans le même département. En revanche, rester dans la commune ne veut pas forcément dire rester dans le même quartier. Les situations locales sont plus contrastées. Dans la première recherche, 89,9 % des ménages relogés dans la commune le sont dans le grand ensemble (qui représente de 30 à 60 % des logements de la commune). Mais dans les opérations de la seconde recherche, la moitié des ménages reste dans le quartier, ce qui rejoint la proportion moyenne constatée dans une vingtaine d’opérations en France (Lelévrier, 2008 ; ush, 2008). Dans quatre opérations, la part des ménages relogés ailleurs que dans le « quartier » est même majoritaire. Dans deux cas, elle correspond à une stratégie volontaire de dispersion totale, affichée conjointement par les villes et leur office municipal. Malgré cette volonté, 40 % des ménages ont été relogés dans le même quartier, ce qui rend compte des contraintes fortes qui pèsent sur ces stratégies. Dans les deux autres opérations, la part majoritaire de ménages relogés hors du quartier s’explique avant tout par la configuration du parc social local et la teneur de l’opération : disparition d’un des deux bâtiments qui composent le quartier, relogement dans une fraction du patrimoine du bailleur situé dans la commune voisine… Ainsi, dans une des opérations où 57 % des locataires ont été relogés ailleurs que dans leur quartier d’origine, 93,6 % l’ont été dans le patrimoine des deux bailleurs concernés. Ces mobilités de proximité vont de pair avec un relogement massif des ménages dans le patrimoine du bailleur qui démolit. D’autres travaux montrent que le relogement, qu’il se fasse là ou ailleurs, maintient plus de 75 % des ménages dans des contextes résidentiels de « Zones urbaines sensibles » (ush, op. cit.) et des environnements sociaux proches (Harzo et al., 2007).
La fraction du parc social accessible et ouverte aux ménages à reloger est vite circonscrite… D’une part, retrouver une offre correspondant aux très faibles loyers des logements démolis et aux capacités financières des ménages, est une forte contrainte. Déménager ailleurs se traduit de fait pour la moitié des ménages relogés par une hausse de loyer, même si les aides au logement font qu’un tiers « seulement » voit leur taux d’effort augmenter. D’autre part, les divers travaux disponibles sont assez consensuels sur la faiblesse des solidarités entre bailleurs sociaux et surtout entre communes dans l’accueil des ménages relogés, conduisant à une gestion interne et locale du relogement, sauf lorsqu’un partenariat « inter-bailleurs » ou d’agglomération préexiste.
Les « contraintes » de la dispersion : des ménages âgés et des « grandes familles » à très faibles ressources
8En Île-de-France, la rénovation cible les Zones urbaines sensibles [8] les plus importantes en taille (11 500 logements en moyenne contre 6 500 dans les autres), dont le peuplement est encore plus marqué par la pauvreté des ménages (une moyenne de revenu médian annuel de 9 464 euros contre 11 625), la faible part de cadres (3,9 % contre 6,8 %) et la surreprésentation d’étrangers (26,3 % contre 19,1 %). Les occupants des immeubles retenus pour la démolition sont encore plus pauvres que l’ensemble des ménages. Ainsi, la moyenne des revenus est inférieure à celle du quartier, et la part de ménages endettés est importante. Cette pauvreté des ménages est loin d’être une spécificité francilienne. Ailleurs, dans trois opérations provinciales, c’est 65 à 70 % des ménages qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et plus du quart des ménages qui ont au moins un problème de santé ou de handicap (div, 2007). Dans ces bâtiments voués à la démolition, coexistent deux groupes de populations, plus ou moins dominants selon les immeubles et le type de parc concerné. Le premier est assez typique du peuplement des grands ensembles de la politique de la ville : des « grandes familles » (plus de trois enfants) immigrées en surpeuplement dans leur logement. Le second est plus atypique, dans la mesure où il s’agit de petits ménages de une et deux personnes, dont une part importante est composée de personnes âgées de plus de 60 ans qui ont vieilli là et sous-occupent leur logement. Ainsi, les personnes seules et les couples sans enfant représentent plus du tiers des ménages à reloger dans trois opérations. La démolition non seulement cible des « quartiers » où sont concentrées des populations à faibles ressources, mais touche surtout des immeubles dans lesquels sont logés en majorité des ménages sédentaires et vulnérables, occupant depuis longtemps leur logement.
Des effets de re-concentration plus que de dispersion des plus pauvres
9Les mobilités liées à la démolition sont tout aussi sélectives socialement que les mobilités plus ordinaires. Plus les ménages ont des revenus élevés, plus ils partent du quartier et de la commune. C’est vrai, on l’a vu, des ménages qui partent spontanément et qui sont aussi plus jeunes et plus petits. Mais on retrouve également une différence de profil, entre ceux qui restent dans le quartier et ceux qui sont relogés ailleurs dans la commune, en ce qui concerne le niveau et le type de ressources, et la taille des ménages. Dans les grands ensembles de la première recherche restent des ménages plus endettés (deux fois plus), une proportion plus importante d’étrangers, cela allant de pair avec une surreprésentation des ménages de cinq personnes et plus. À l’inverse, sont relogés hors du quartier plus fréquemment que les autres des couples de plus de 50 ans, sans enfant, avec des ressources plus élevées. Dans nos recherches, très peu de ménages avaient été relogés dans le neuf. Mais des travaux portant sur des opérations plus récentes montrent que ces ménages ont également des profils plus favorisés, 35 % ayant un emploi stable et 26 % étant des retraités, même si leurs ressources restent faibles (ush, op. cit.). La tendance la plus marquante est plutôt la re-concentration des ménages les plus défavorisés dans les immeubles où il y a des grands logements et/ou des loyers bas au sein du même quartier ou/et de la commune. Les ménages qui quittent le « quartier » d’origine sont plutôt relogés et dispersés au gré des opportunités. Ils sont de fait plus facilement accueillis par d’autres bailleurs, étant donné leur plus grande solvabilité et la plus grande disponibilité de petits logements. L’analyse que nous avons menée dans deux sites qui ont vu se succéder les opérations de démolition depuis les années 1990 montre que 8 % des ménages ont été relogés au moins deux fois, principalement des familles de plus de trois enfants qui sont passées de bâtiment démoli en bâtiment démoli, devenant ainsi des sur-mobiles de la démolition, tout en restant des sédentaires de la Zone urbaine sensible. Le parcours des « relogés » suit celui des démolitions, dont l’objectif de dispersion, même locale, semble difficile à atteindre.
Dispersion et re-concentrations : le vécu des ménages « relogés »
10Les entretiens menés auprès des ménages concernés par ces démolitions dans sept opérations apportent un autre éclairage sur ces processus de re-concentrations.
Rester pour mieux maîtriser son devenir résidentiel
11Le maintien dans la commune et dans la zus correspond tout d’abord à une aspiration à rester de la très grande majorité des ménages interrogés : un quart souhaitait partir avant la démolition, proportion qui rejoint celle relevée lors d’enquêtes exhaustives (div, 2007). Les entretiens n’en nuancent pas moins le discours tenu par les gestionnaires de logements sur le souhait majoritaire de rester dans le même quartier. Ils font avant tout ressortir un attachement à la commune plus qu’au quartier et/ou des demandes de relocalisation dans des secteurs très précis, avec une préférence pour « les petits bâtiments calmes » et le « centre-ville ». Les ménages interrogés mettent en avant une familiarité des lieux, renvoyant à des habitudes de longue date et à un ancrage familial. Rester leur permet surtout de mieux maîtriser leur devenir résidentiel et de gérer l’incertitude du relogement, tant du point de vue de la dépense logement que du voisinage.
« J’avais demandé à être relogé là. Je voulais rester là. Moi, le quartier me convient, je suis bien là. On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on prend. »
« On n’avait pas le choix… et puis moi, c’est-à-dire que mon travail était sur place, alors je voulais rester… partir oui mais pour habiter au centre. Mais c’est plus cher pour les loyers, je pouvais pas, j’étais sur la corde raide. »
14À l’inverse, ceux qui veulent partir ailleurs n’obtiennent pas toujours gain de cause. Si beaucoup s’autolimitent, certains se rendent compte des tris qui s’effectuent dans ces sorties.
« J’ai demandé des petits bâtiments derrière ou de me rapprocher de mon lieu de travail, donc je travaillais sur Paris. Je leur ai dit aussi que j’avais fait une demande sur le 92 donc si c’était possible de m’envoyer là-bas mais on m’a répondu ‘vous vous rendez compte, vous avez déjà des dettes de logement ici et vous voulez être relogés ailleurs’. J’ai même demandé à Saint-Denis, on m’a dit que c’était pas possible, alors qu’il y a des gens qui ont été envoyés à Saint-Ouen mais ils m’ont dit que leur dossier était mieux que le nôtre. »
La dépense du logement et le voisinage : deux enjeux du relogement différents selon les trajectoires
15L’enjeu et les conditions du relogement sont très différents selon les situations socio-économiques, mais surtout les trajectoires résidentielles antérieures des ménages et leurs perspectives. L’importance de cette trajectoire antérieure dans l’opinion sur le « grand ensemble » (Chamboredon et Lemaire, op. cit.) se retrouve ici dans le vécu du relogement. Nous avons identifié trois types de trajectoires dominantes parmi les ménages interrogés.
1638 % sont des trajectoires subies par des ménages fragilisés et des « grandes familles » immigrées, ouvriers qui ont basculé « dans une grande vulnérabilité sociale » (Beaud et Pialoux, 2003). Ces familles immigrées qui ont plus de quatre enfants, ces mères qui élèvent seules leurs enfants avec très peu de ressources, ou ces personnes isolées, subissent le relogement comme elles ont subi les autres étapes de leurs trajectoires résidentielles. Pour ces familles, qui ont obtenu un logement social plutôt en fin de carrière résidentielle et ont connu des situations professionnelles et familiales chaotiques, la priorité lors du relogement est de rester dans un logement social et d’éviter l’augmentation de la dépense logement.
« C’est la même chose, ça a changé rien… On était bien dans le quartier, on n’a pas trop compris, moi en tout cas, j’avais pas de problèmes, bon bien sûr, il y avait des voitures brûlées mais sinon ça allait… Moi, j’aurais préféré qu’ils rénovent et qu’on reste là-bas. Je pense qu’il ne voulait plus de grandes familles. »
1825 % ont des trajectoires plus stabilisées de vieilles familles ouvrières, qui ont obtenu leur logement dans les années 1960-1970 et ont poursuivi leurs trajectoires résidentielles dans la zus. Négociant davantage leur relogement, ce sont aussi elles qui expriment des choix résidentiels, prioritairement centrés sur le voisinage. La stabilité de leurs revenus (ouvriers retraités), la taille réduite du ménage (les enfants ne vivent plus au domicile), leur position « d’anciens » et de « bons payeurs », leur connaissance des lieux, sont autant de ressources mobilisables au moment du relogement. Ces ménages font partie de ceux que les bailleurs et les villes souhaitent garder et sont aussi ceux qui veulent rester dans la commune. Le repositionnement résidentiel, vécu par certains comme un véritable reclassement social, se fait par l’accès à des secteurs plus choisis, plus proches du centre-ville, ces fameux « petits immeubles calmes ».
« Je vais vous dire, on est sorti de là, comment je vais dire les mots, comment je vais dire, ah, il y a des mots difficiles, je peux pas dire la boue, car les trottoirs étaient bitumés, allez on est sorti de la misère pour rentrer au paradis. »
20Plus de 36 % ont connu et vont vivre une tout autre trajectoire sociale et résidentielle plus ouverte de petits ménages salariés qu’on pourrait qualifier encore de « groupes en cours de mobilité », de « passants » (Chamboredon et Lemaire, op. cit.). Ce sont soit des enfants des familles ouvrières qui ont vécu leur enfance dans le quartier, soit de jeunes immigrés récemment arrivés en France hébergés par la famille, ou des ménages plus « extérieurs » qui trouvent là un logement correspondant à leurs faibles ressources. En début de trajectoire, leurs aspirations sont plus diversifiées, le relogement pouvant être l’opportunité d’accéder à un logement autonome, un logement plus grand, plus récent. C’est parmi ces trajectoires que l’on trouve le plus d’aspirations à la mobilité hors du quartier et le plus de sorties effectives et d’accès au logement neuf. « Sortir de la cité », expression très fréquente, ne signifie pas forcément quitter le quartier, mais éviter les secteurs les plus stigmatisés, les tours et barres étant opposés aux « petits bâtiments » plus valorisés et situés aux franges. Ceux qui aspirent à cette sortie adhèrent souvent au projet et à la mixité sociale visée.
« Ils veulent casser l’image des cités. C’est très bien… Parce qu’après, ça fait un peu comme des enclaves. Les S. à part tourner autour, une fois que vous êtes dans la cité, c’est une ville en elle-même… On va dire qu’au niveau des gens, tout le monde se connaît, ça c’est bien, mais en même temps… Si vous n’êtes pas du quartier, le soir c’est pas pareil… Ici, c’est pas une cité, y a moins la proximité du voisinage, là-bas on connaissait plus de monde… C’est plus propre, plus calme… y a moins de jeunes dehors, c’est le fait de ne pas être dans une cité, c’est différent… »
De la re-concentration choisie ou subie à la fragmentation interne en unités sociales différenciées
21Ces entretiens rendent compte à leur manière d’effets de rapprochements spatiaux de ménages qui se ressemblent socialement, à l’échelle d’immeubles et de secteurs. Du fait de leurs très faibles ressources et/ou de leurs besoins en grands logements, les ménages les plus sédentaires et fragilisés se retrouvent plutôt relogés dans les mêmes bâtiments et restent dans le quartier. Les familles immigrées qui ont un ancrage communautaire le vivent souvent mieux que certaines familles monoparentales ou couples qui se retrouvent isolés, à nouveau confrontés à la délinquance et avec de grandes inquiétudes sur leur capacité à assumer le loyer. Même si certains peuvent bénéficier des avantages d’un traitement social de leur dette ou d’un logement plus grand, le vécu oscille entre l’indifférence plutôt positive, la résignation et le sentiment d’injustice amenant à condamner les stratégies de mixité.
« Y a pas de problèmes, la société a fait les travaux, ici c’est calme, le bâtiment il est bien, il est costaud. La mairie, la loi ici… La France tout est bien. »
« Ce que je sais, c’est que tous les habitants, ils étaient là aux réunions, mais tous les gens qui sont sortis de là-dedans, ils sont toujours… on est toujours ici. »
24Les ménages les plus amers sont ceux qui, faute d’avoir négocié, se retrouvent dans des immeubles dont ils jugent le voisinage pire qu’avant, certains le vivant comme un véritable déclassement, condamnant alors des stratégies de mixité qui ne changent rien à leur situation.
« Les nouveaux logements, c’est pas pour nous, c’est pour les Parisiens qui vont monter, ils disent ça mais c’est pour les Parisiens, parce qu’ils vont reconstruire ici, c’est pas les mêmes personnes qu’ils vont mettre, parce que c’est bien pour ça qu’ils ont cassé des barres.
26Les ménages dont les trajectoires sont celles de vieilles familles ouvrières et de jeunes salariés ont davantage choisi cette proximité, qui correspond à leurs aspirations résidentielles et sociales et valorisent les reclassements socio-résidentiels qu’elle permet.
« Quand j’ai vu l’immeuble, quatre étages, plus petit, plus calme, j’ai regardé un petit peu, les voisins n’avaient rien à voir, car là-bas, on avait des descentes de police à cause de la drogue. On a vu qu’ici, c’était quand même autre chose… C’est plus calme, plus propre… Ici, on a moins peur, on mange ensemble avec les voisins. Il n’y a pas longtemps, on était douze chez moi, sur des tréteaux, c’était très familial. »
28Ces aspirations à la reconstitution de voisinages proches socialement peuvent être favorisées par les agents chargés du relogement. Ainsi, dans un des sites, l’office départemental a accepté le relogement de huit familles ayant une proximité à la fois générationnelle (ménages de plus de 50 ans), sociale et culturelle (anciens ouvriers immigrés des pays du Maghreb) dans un même bâtiment. Pour ces ménages, ce regroupement est avant tout une manière de conserver un « usage moyen » des espaces collectifs (Kaufmann, 1983), fondé en l’occurrence sur le partage de normes et le contrôle de l’accès de l’immeuble, la propreté, et la « tranquillité ».
« On a demandé à être ensemble… On a dit on veut là, on veut être ensemble tous les huit parce qu’ils n’ont pas de problèmes avec les enfants… Quand tu trouves quelqu’un qu’est tranquille, tu connais, c’est mieux que si tu connais pas… Voilà, nous on a dit on veut ce coin-là, comme ça personne nous dérange… Nous on ne veut pas que ce soit comme à B. Le gars qui vient chez lui, c’est lui le responsable, si tu le connais pas, tu le laisses pas rentrer… »
30Ce type de rapprochement à la fois spatial et social, n’a pas toujours été demandé, même s’il est apprécié, suscitant ainsi l’étonnement des ménages relogés dans un petit immeuble neuf.
Les personnes interrogées ressentent à leur manière les contraintes et les effets de tris internes des processus de relogement. Elles vivent ces rapprochements de groupes sociaux homogènes dans des résidences différenciées comme un déclassement, un changement neutre ou un reclassement social et résidentiel selon leurs trajectoires antérieures et les avantages qu’elles retirent du relogement.« C’est vrai que pour des personnes qui ne se connaissent pas… on peut dire… je ne sais pas si c’est l’effet que ce soit neuf ou un truc comme ça, tout le monde se dit bonjour, la politesse et tout c’est déjà bien… Avant, c’était que des anciens et y avait un style… Alors que là, c’est des personnes qui sont pratiquement de mon âge, les gens travaillent, alors on se dit bonjour dans l’escalier. »
Conclusion
32L’analyse des mobilités induites par les démolitions fait ressortir un double effet paradoxal, celui de l’accélération des départs spontanés de ménages qui ont un peu plus de revenus, et celui de re-concentrations, à l’inverse de la dispersion des opérations des années 1960. Ce terme de re-concentration rend compte à la fois de la tendance massive au maintien dans la même commune et dans des contextes sociaux et résidentiels proches (Zones urbaines sensibles), mais également de relocalisations internes, sélectives socialement ; les plus vulnérables, qui sont aussi ceux qui sont constitués en catégories « à risque » par les bailleurs hlm, restent plus fréquemment dans le même quartier et se retrouvent dans les immeubles du parc existant dont les loyers et les tailles des logements leur sont accessibles. En revanche, plus les ménages ont des revenus et peu d’enfants, plus ils accèdent aux logements neufs ou moins stigmatisés du quartier ou de la ville.
33Tout d’abord, ces effets sont à l’inverse des intentions de l’action publique de « casser les ghettos » par la dispersion des « pauvres ». Ils reportent les enjeux de la mixité sur la capacité des programmes neufs à fixer les habitants les plus « riches » et à en attirer de nouveaux. Les relogements menés dans le cadre de divers programmes américains, notamment à Chicago, font ressortir les mêmes difficultés d’accès des ménages à des quartiers moins concentrés en « pauvres » et en minorités (Venkatesh et al., 2002).
34Ensuite, les processus de relogement laissent entrevoir des recompositions de l’habitat qui posent la question des échelles de la mixité. La diversité des logements n’est pas mise en œuvre à l’échelle d’un même immeuble mais à celle de petits programmes, lancés par les différents opérateurs au fur et à mesure des opportunités foncières, comme le montrent les premières opérations de diversification (Noyé et al., 2009). Les promoteurs privés se localisent plutôt aux franges, reconstituant des sous-secteurs plus valorisés, tandis que la « résidentialisation » du parc existant fractionne des immeubles en « petites unités résidentielles » fermées. Ces logiques renforcent une fragmentation du « grand ensemble » en résidences différenciées architecturalement, dans leurs statuts et dans leur occupation sociale, et dont la séparation peut s’inscrire dans l’espace (clôtures) et dans la vie collective (cartes scolaires différentes). Cette juxtaposition aboutira peut-être à une composition sociale plus diversifiée de certaines zus, une sorte de mixité par la fragmentation, tout en répondant aux stratégies locales de fidélisation résidentielle des habitants qui ont un peu plus de revenus.
35Mais les effets de ces fragmentations sur les relations sociales restent incertains. Dans les opérations anglaises de diversification de l’habitat (Wood, 2003) et néerlandaises (Kleinhans, op. cit.), où ces segmentations sont fortes, elles vont plutôt de pair avec « une séparation sociale » entre les propriétaires et les locataires, les postulats de l’effet de modèle des classes moyennes restant toujours à démontrer (Doherty et al., 2006). Si la présence de ces propriétaires semble avoir amélioré le niveau d’entretien des espaces résidentiels, elle n’atténue que très peu l’image de « quartier pauvre » (Kleinhans, op. cit.). Ces nouvelles conditions et échelles de la cohabitation ne sont pas sans effet sur les processus de distinction sociale et les rapports au quartier, là comme dans d’autres ensembles (Faure, 2006) ou dans des quartiers anciens (Authier, 1993).
Enfin, les ménages les plus vulnérables, s’ils ne sont pas dispersés, ne bénéficient pas autant des opportunités de la rénovation que les vieilles familles ouvrières et les jeunes ménages actifs vers qui sont tournées les stratégies de promotion résidentielle. Si ces inégalités reflètent celles des mobilités « ordinaires », elles n’en posent pas moins la question de l’équité de l’action locale.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : rénovation, mixité sociale, fragmentation, mobilité, re-concentration
Date de mise en ligne : 17/03/2010.
https://doi.org/10.3917/esp.140.0059Notes
-
[*]
Christine Lelévrier, Institut d’urbanisme de Paris, Lab’urba, université Paris 12
lelevrier@univ-paris12.fr -
[1]
Le terme d’urban renewal désigne des types d’intervention variés mais nous évoquons là des programmes de démolition-reconstruction dans des quartiers dits « défavorisés» et « prioritaires ».
-
[2]
Depuis 1996, ces quartiers sont désignés par l’action publique en France sous le terme de Zone urbaine sensible.
-
[3]
Extrait du règlement général de l’anru, 2007.
-
[4]
Il s’agit d’une catégorie de financement du logement social neuf propre aux opérations de Construction-Démolition.
-
[5]
Extraits des chartes locales, cités dans C. Lelévrier et C. Noyé, 2007.
-
[6]
Des « chargés de mission » relogement ont été mis en place, soit par les bailleurs eux-mêmes, soit par des prestations extérieures de Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale, mous. Leurs dossiers passent ensuite en commission.
-
[7]
Nous avons d’abord réalisé un travail exploratoire dans trois « quartiers » de la politique de la ville où plusieurs démolitions s’étaient succédé depuis la fin des années 1980 (Lelévrier, 2007). Nous avons ensuite travaillé sur sept autres opérations, toujours en Île-de-France (Lelévrier et Noyé, 2007), selon la même méthode ; une analyse statistique exhaustive – basée sur la reconstitution de fichiers de ménages occupant les lieux avant la démolition et de ménages relogés –, des entretiens qualitatifs auprès d’une partie de ces ménages – diversifiés dans leurs caractéristiques socio-économiques et leur lieu de relogement. Au total, l’analyse statistique porte pour la première recherche sur un fichier de 1 612 ménages correspondant à huit opérations de démolition dans trois zus et sur 1 025 ménages pour sept opérations dans sept zus différentes pour la seconde. 76 entretiens ont été menés dans la première recherche, 45 dans quatre des sept opérations de la seconde.
-
[8]
Ces données portent sur 64 zus ayant des conventions de rénovation urbaine signées en 2007, sur les 93 de l’Île-de-France.