Notes
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Cet article est basé sur une enquête de terrain réalisée lors d’un séjour à Johannesburg en tant que chercheuse invitée au centre Wiser (Wits Institute for Social and Economic Research) de l’Université du Witwatersrand. Nous remercions particulièrement France Bourgouin, Alan Mabin et André Czeglédy pour leur accueil et leurs conseils.
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Beaucoup se sont aussi « exilés ». Il semble que beaucoup de logements se dégradent faute d’entretien par des propriétaires expatriés.
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[3]
Pour plus d’information, voir le site internet de la ville : http://www.joburg.org.za/
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[4]
Dans le cadre de cette recherche, des entretiens ont été réalisés avec d’une part des acteurs du projet (City of Johannesburg, province du Gauteng, Johannesburg Development Agency) et d’autre part des responsables des différents équipements présents sur le site (restaurants Horror Cafe et Mojo, Museum Africa, Market Theatre, Bus Factory, Ifas, Musée de la bière). Ils ont été complétés par des observations de terrain et la consultation de documents de projet.
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Melville est un quartier résidentiel, relativement mixte (racialement), doté d’un petit centre commerçant où habitent et sortent, dans ses restaurants et bars branchés, de nombreux universitaires, intellectuels, artistes, journalistes. L’ambiance y est plus décontractée que dans les autres quartiers ; ce qui est souligné par la moindre présence de barrières et systèmes de sécurité autour des maisons.
1La culture prend une importance symbolique, économique et sociale croissante dans les sociétés urbaines. La culture devient aussi un outil dans les opérations de régénération urbaine. Quelques exemples médiatisés, tel que le musée Guggenheim de Bilbao, inspirent de nombreux acteurs à travers le monde. La réalisation de quartier culturel, ou du moins l’implantation d’équipements culturels (publics ou privés) parait être un gage de réussite pour les nouveaux projets urbains. Dans quelle mesure ce type de stratégie d’instrumentalisation de la culture dans les projets urbains peut-il être adapté à d’autres contextes urbains, comme les villes en développement ? L’usage du terme « instrumentalisation » ne doit pas être compris ici comme le dénigrement d’une tentative de récupération par les aménageurs d’expériences artistiques et culturelles, mais comme une image soulignant la tendance des opérateurs urbains à répliquer des méthodes et des modèles puisés dans un référentiel d’action commun où la création d’équipements culturels est un outil parmi d’autres. Il sera question de la réalisation d’un quartier culturel (Newtown) à Johannesburg, métropole qui connaît des problèmes urbains similaires à de nombreuses villes en développement, auxquels s’ajoutent les enjeux identitaires liés à la construction de la « nouvelle Afrique du Sud » post-apartheid. En quoi, au-delà de la revitalisation culturelle, ce projet participe-t-il à la reconquête urbaine du centre-ville de Johannesburg ? Ce modèle d’action, très en vogue dans les anciennes villes industrielles européennes et américaines s’adapte-t-il au contexte urbain sud-africain ? Les propositions culturelles correspondent-elles aux pratiques locales ?
L’instrumentalisation de la culture dans les projets urbains
2Les politiques culturelles des villes sont aujourd’hui influencées par des conceptions économiques et urbaines du rôle de la culture dans les sociétés. La culture est perçue comme une activité économique en plein essor (Scott, 1999). Promouvoir les industries culturelles est un élément de la politique économique locale de promotion de nouveaux secteurs économiques dans un contexte de transition post-industrielle. La culture devient également un outil de marketing territorial car les stratégies urbaines à dominante culturelle permettent de construire une image dynamique et créative d’une ville. C’est aussi un outil pour le développement touristique dont les retombées économiques sont très importantes. Enfin, la culture participe au mode de vie citadin, à l’amélioration du cadre de vie et à l’animation urbaine dont la revalorisation symbolique et économique des quartiers en cours de gentrification est la traduction matérielle (Zukin, 1995).
3Dans un contexte de concurrence interurbaine internationale, certaines villes ont mis en œuvre des politiques culturelles ambitieuses pour signifier leur dynamisme et leur différence. La culture est alors instrumentalisée au bénéfice d’une stratégie urbaine globale. En termes d’aménagement, inspirées par quelques opérations réussies, beaucoup de villes souhaitent accueillir un équipement culturel prestigieux, conçu par un architecte de renom. La création d’un grand équipement culturel dans le cadre d’un projet de régénération urbaine porte plusieurs ambitions : création de nouveaux pôles de centralité et restructuration urbaine, revalorisation foncière, changement d’image… Au-delà de la satisfaction des besoins des populations locales, ces équipements s’inscrivent dans le cadre de stratégies de développement urbain et économique. Par exemple, le musée Guggenheim de Bilbao, par l’architecture ambitieuse et originale de Franck O. Gehry, est la figure de proue d’un projet de revitalisation urbaine très vaste mettant en jeu l’organisation du territoire, la requalification de friches portuaires et l’affirmation de l’identité basque. Outre l’attention portée à l’architecture et au design urbain, Bilbao pose également les jalons d’un nouveau mode de planification stratégique et de partenariat public-privé, tant en matière d’aménagement, que d’action culturelle (Gomez, 1998 ; Chadouin, Godier et al., 2000 ; Masboungi, 2001). Sa réputation et les effets induits en matière de développement urbain sont connus au-delà du petit milieu spécialisé de l’urbanisme et de l’architecture. Les débats suscités en France, d’abord par la décision d’installation du musée d’art contemporain de la fondation Pinault sur les anciens terrains Renault de l’île Seguin, puis l’abandon du projet par le milliardaire, se comprennent au regard d’expériences précédentes comme Bilbao. Ces débats témoignent d’une compréhension (voire d’un fantasme) largement partagée des enjeux et intérêts escomptés par de tels projets. Ils reflètent également la transformation du rôle des musées : lieu de présentation des œuvres d’art et d’éducation à l’art, ils deviennent aujourd’hui des lieux de consommation d’une culture de masse, voire des prétextes à de véritables centres commerciaux ciblés comme le Carrousel du Louvre (Van Aalst et Boogaarts, 2002). Éléments clés de l’attractivité d’une ville dans un contexte de massification du tourisme urbain, certaines villes créent d’ailleurs des « clusters » de musées, simplifiant ainsi la visite des touristes qui trouvent toutes les aménités nécessaires dans un petit périmètre (Mommaas, 2004). Plus que des quartiers culturels, ces sites deviennent de véritables pôles de loisirs où la culture n’est qu’un prétexte, une préfiguration des parcs d’attractions du xxie siècle (Van Aalst and Boogaarts, op. cit., p. 208). Les acteurs privés participent de plus en plus à la réalisation de ces « méga-projets », en particulier via le mécénat. Cela s’accompagne d’une évolution des musées eux-mêmes : afin de fidéliser leurs visiteurs (ou devrait-on dire leur « clientèle »), ils organisent régulièrement des expositions événementielles.
4Il convient toutefois de rester prudent et ne pas surestimer les retombées économiques de ces stratégies. La réussite d’un tel pari nécessite une vision stratégique d’ensemble et non pas la simple juxtaposition d’équipements. Parvenir à construire une image positive de la ville, développer l’industrie touristique, attirer des investissements et renforcer sa position dans la compétition interurbaine nécessitent la réunion de conditions préalables : une volonté et un consensus politiques, l’existence de milieux culturels locaux, des financements et des partenariats publics et privés (Bianchini, 1993). Pourtant, aujourd’hui, mener une stratégie culturelle innovante semble nécessaire voire indispensable pour le développement d’une ville et son positionnement concurrentiel. Cette croyance dans le rôle magique de la culture comme un levier dans les opérations de régénération urbaine essaime au-delà des villes européennes et nord-américaines. La « reconquête » par la valorisation symbolique de quartiers dégradés se retrouve même dans des contextes urbains très différents. Ainsi, c’est bien cette stratégie de régénération urbaine par la création d’équipements culturels qui est en œuvre dans le quartier Newtown à Johannesburg.
Le déclin du centre de Johannesburg : la re-ségrégation post-apartheid
5Johannesburg, ville minière créée à la fin du xixe siècle, est rapidement devenue le principal centre d’affaires d’Afrique du Sud et de toute l’Afrique australe. Comme l’ensemble du pays, elle reste profondément marquée par les effets de l’apartheid, près de quinze ans après son abolition. Dans cette métropole polycentrique, la ségrégation sociale et économique a remplacé (ou plutôt s’est ajoutée) à la ségrégation raciale. Le centre de Johannesburg révèle cette évolution et concentre un grand nombre de problèmes et enjeux urbains. Durant l’apartheid, le centre de Johannesburg était une ville blanche, dont la fréquentation par les indiens et les noirs était contrôlée et réglementée. Ceux-ci étaient logés dans les townships raciaux périphériques, dont Soweto. Les travailleurs de couleurs autorisés avaient de longues distances à parcourir tous les jours pour parvenir au centre de Johannesburg qui était le principal centre d’affaires et de commerces (Guillaume, 2001).
6Depuis le milieu des années 1970, poussées par la crise du logement, des populations noires ont commencé à résider illégalement dans certains secteurs du centre. Au cours des années 1980, le gouvernement a eu de plus en plus de difficultés à appliquer strictement les règles érigées par l’apartheid, et s’est heurté à la résistance de ces nouveaux résidents qui restaient sous la menace de sanctions policières (Morris, 1994). Cette vulnérabilité a été exploitée par des propriétaires : loyers exagérément élevés, non-entretien des bâtiments, surpeuplement… Ces abus ont entraîné une spirale très rapide de dégradation physique et de dépréciation de certains quartiers, comme Hillbrow (Bremner, 1998). En 1994, la fin de l’apartheid a abrogé le système de ségrégation raciale résidentielle, ce qui a accéléré la déségrégation du centre. Mais les dégradations déjà amorcées ainsi que la peur ont fait fuir les populations blanches vers les banlieues résidentielles du nord [2]. Ces flux de population furent très rapides, et en quelques années, le centre « blanc » de Johannesburg est devenu « noir », provoquant, de fait, une re-ségrégation résidentielle (en 1986, 15 % de la population de Hillbrow est noire, en 1993, 85 % et en 1996, 95 %). Dans le courant des années 1990, un autre changement démographique a lieu du fait de l’arrivée de nombreux immigrants pauvres et illégaux venant de l’ensemble du continent africain, logeant dans des hôtels meublés insalubres de ce qui fut le centre d’affaires. La paupérisation et la stigmatisation du centre sont accentuées car en plus d’un racisme toujours présent, ces étrangers sont l’objet d’une profonde xénophobie (Crankshaw et White, 1995).
7Parallèlement aux mouvements de population, le tissu économique s’est délité. Le principal bouleversement est le départ rapide et massif de nombreuses entreprises et sièges sociaux. Si les principales institutions financières nationales sont restées au centre, le cœur économique de la ville (dont la Bourse) s’est déplacé à Sandton, nouveau centre d’affaires. Les immeubles libérés sont progressivement transformés en logements ou en hôtels meublés hébergeant des immigrants pauvres venant d’autres pays africains. Parallèlement, le marché foncier et les investissements immobiliers ont évolué dans la même direction (Goga, 2003). Les activités économiques restant dans l’ancien centre d’affaires sont principalement commerciales car il reste un moyeu central des réseaux de transports en commun. Ce sont essentiellement des commerces pour les populations modestes, captives des transports en commun (Tomlinson, 1999).
8La dégradation du bâti, le changement de peuplement, l’appauvrissement des habitants et le déclin économique s’accompagnent d’une explosion de la criminalité. Johannesburg est en effet réputée pour être la ville la plus dangereuse du monde. Si les habitants des quartiers pauvres du centre et des townships sont les plus exposés à cette criminalité, les comportements quotidiens de tous les habitants ont intégré ce risque : sur-sécurisation des maisons, multiplication des systèmes antivols sur les voitures, adaptation des modes et des codes de déplacements, fréquentation de lieux publics surveillés et sécurisés (Bremner, 1998). Les problèmes de sécurité accentuent l’évolution des formes urbaines vers une agglomération de plus en plus étendue et ségrégée, où les déplacements ne se font plus qu’en voiture. Ils sont également très préjudiciables à l’attractivité de la ville, d’autant plus que les visiteurs et les touristes sont des cibles privilégiées. Enfin, l’épidémie de Sida, en plus du drame humain, pose déjà un problème démographique et économique : les jeunes générations, qui constituent l’essentiel de la main-d’œuvre, sont décimées par le virus.
9Les pouvoirs publics doivent faire face et assumer cet héritage post-apartheid. Le préalable à toute action territoriale a été la refonte des pouvoirs locaux. Le territoire métropolitain était fragmenté en plusieurs municipalités qui ont été progressivement intégrées pour former une seule administration, dirigée par un maire élu : the City of Johannesburg. Cette restructuration administrative permet une gestion et une planification globales de l’agglomération, et surtout une meilleure allocation des ressources entre les différents quartiers [3]. Pour la nouvelle municipalité, le principal défi est d’arrêter le déclin du centre et d’attirer à nouveaux les investisseurs et les entreprises dans l’ensemble de l’agglomération. À cette fin, la municipalité a défini, dans des documents de planification, différentes stratégies de développement économique et urbain. Selon Lindsay Bremner, deux stratégies ont été successivement mises en œuvre. Dans un premier temps, il s’agissait de positionner Johannesburg dans le champ des villes globales, en tant que première place financière et d’affaires de l’Afrique. La ville est présentée alors comme la « porte de l’Afrique » grâce à sa localisation, ses infrastructures de communication, sa domination financière sur le continent et son accès au marché africain (Bremner, 2000, p. 187). Cette stratégie de développement économique se traduit par des opérations urbaines s’inspirant fortement d’exemples européens (développement de nouveaux programmes immobiliers, marketing urbain, projets d’équipements sportifs et culturels). Dans ce cadre, la promotion de la culture et du patrimoine urbain participe à la construction d’une image d’une ville accueillante, notamment grâce au projet de requalification du quartier Newtown. Selon Barbara Lipietz, plus qu’un positionnement ultra-libéral, ces choix révèlent un manque d’imagination de la part des décideurs qui, comme dans d’autres grandes villes d’ambition mondiale (qu’elle appelle des « wannabe world cities »), mettent en œuvres des stratégies de « world-class-city-isation » s’inspirant des politiques développées depuis longtemps dans les villes occidentales, sans prendre suffisamment en compte les spécificités locales (Lipietz, 2004). Ces orientations ont été atténuées dans un second temps. La reproduction de modèles européens a été accompagnée d’une politique forte en matière d’amélioration du cadre de vie pour l’ensemble des habitants, de développement des compétences par la formation et l’éducation, et de réduction de la criminalité (augmentation des effectifs policiers, généralisation de la vidéo-surveillance). Pour Lindsay Bremner, Johannesburg reconnaît enfin son africanité. Elle rencontre des problèmes similaires aux autres villes africaines, sur lesquels doit se concentrer l’action publique, par exemple en investissant massivement dans la lutte contre le sida. Elle est une ville africaine, pas une enclave européenne ; elle n’est plus la porte de l’Afrique mais son cœur. Autrement dit, plutôt qu’une ville globale stricto sensu, Johannesburg s’affirme comme une métropole africaine.
Newtown : la création d’un quartier culturel dans un secteur historique dégradé
10Un des volets de ces stratégies est la promotion de la culture par la requalification d’un quartier central, Newtown, en quartier « culturel [4] ». Le site de Newtown est un des sites historiques de la ville, parmi les premières zones urbanisées à la création de Johannesburg, à la fin du xixe siècle, accueillant des briqueteries, des entrepôts et le premier quartier noir de la ville, rasé en 1905 suite à une épidémie de peste. Un plan de développement du site, proche du centre-ville et de la gare de Johannesburg, va le transformer en garde-manger de la ville : un abattoir et un large marché y sont créés (en 1913) et fonctionneront jusqu’en 1974. Dans les années 1920, une centrale de production électrique est installée (Brink, 1994). Après l’arrêt de la centrale et la délocalisation du marché et de l’abattoir, le site perd ses usages productifs et devient une friche urbaine centrale. Le quartier conserve des marques architecturales de ce passé, parmi les rares bâtiments anciens de la ville ; mais progressivement, les bâtiments se dégradent, des squatters s’installent dans les ruines et des problèmes de criminalité apparaissent. Dans le même temps, quelques artistes d’avant-garde vont s’installer sur le site, créant en 1977 le Market Theater, premier théâtre non racial.
11Dans le cadre d’une stratégie de (re)développement urbain, le quartier Newtown devient un enjeu central, en raison de sa localisation : entre l’ancien centre d’affaires en déclin et le quartier commerçant indien de Forsburg, proche de Braamfontein, quartier universitaire et administratif (voir figure 1). Ce quartier qui a attiré les artistes d’avant-garde dès 1977, est aujourd’hui l’objet d’un projet public de transformation en quartier culturel. L’aménageur de la zone est la Johannesburg Development Agency (jda), agence municipale en charge de la mise en œuvre des projets urbains et économiques de la municipalité. Il bénéficie également du support financier de la province du Gauteng. Les objectifs affichés de ce projet sont multiples. D’abord, il s’agit de conserver et valoriser le patrimoine architectural. Un effort particulier est mené pour réhabiliter les anciens bâtiments industriels. Dans cette ville récente, les traces du passé sont rares, et la mise en valeur patrimoniale d’un des sites historiques de la ville participe à la constitution d’une histoire et d’une identité collectives trans-raciales. Ensuite, participant à la reconnaissance et à l’institutionnalisation des artistes pionniers, le mouvement d’installation de lieux culturels a été amplifié par la création ou la relocalisation d’équipements culturels publics d’envergure, comme le Museum Africa, avec l’espoir de provoquer une spirale positive d’interactions entre les acteurs culturels. Une seconde étape dans le développement du secteur prévoit l’installation d’entreprises créatives (cabinets d’architectes, agences de publicité). Enfin, une vaste opération de requalification de l’espace public accompagne l’installation des équipements. Il s’agissait, dans un premier temps, de « pacifier » la zone en délogeant les squatters, en installant un système de vidéosurveillance et une présence humaine. La reconquête du territoire est marquée par un travail d’embellissement des espaces extérieurs : conception de l’éclairage par un designer, création d’une signalétique spécifique, réalisation d’une vaste place centrale (Mary Fitzgerald Square) pouvant accueillir des évènements.
Le quartier de Newtown : au cœur de Johannesburg
Le quartier de Newtown : au cœur de Johannesburg
12Parallèlement aux actions menées dans le quartier, plusieurs projets participent au désenclavement du site. La réhabilitation de la gare de transport Métro Taxi Rank et de son marché a amélioré les conditions de transit pour les usagers des transports en commun venant de quartiers pauvres. L’accessibilité du site a été améliorée grâce à la construction du pont Nelson Mandela, ouvert en 2003, qui facilite l’accès au réseau autoroutier et au quartier de Braamfontein, centre universitaire et administratif. L’attractivité du site est renforcée également par la proximité d’un centre commercial, Oriental Plaza, à Forsburg.
13En 2004, la requalification du quartier n’est pas achevée ; de nombreux projets sont en cours de réalisation ou en prévision (voir figure 2). Le secteur est pourtant déjà présenté comme un centre culturel et artistique dynamique, grâce à la présence de différents équipements :
- des musées : le Museum Africa (musée municipal sur l’histoire et la culture sud-africaine, relocalisé à Newtown en 1994), le musée de la bière (musée privé d’une brasserie sud-africaine, the South African Brewery), Sci-Bono Discovery Centre (centre public de découverte de la science, ouvert en 2004), Workers library museum (centre culturel syndicaliste et anarchiste) ;
- des lieux de spectacles : Kippie’s (boîte de jazz), Market theatre, Newtown music Hall, Dance Factory ;
- des cafés et restaurants ;
- une vaste halle qui accueille une exposition d’artisanat sud-africain, des associations et un centre de formation d’art graphique (The bus factory) ;
- une douzaine d’ateliers d’artistes (The Bag factory) ;
- l’Institut Français d’Afrique du Sud.
Newtown : cheval de Troie de la reconquête du centre-ville ?
14Newtown est présenté comme un projet phare de la municipalité en matière culturelle et urbaine. La ville attend de cette requalification des effets d’entraînement sur l’ensemble de la ville centre. La sécurisation du quartier, son animation et son accessibilité nouvelle favoriseraient son attractivité à l’égard d’une population qui évite aujourd’hui le centre. Le processus de changement escompté pourrait être celui-ci : progressivement les gens viendront visiter le site pour aller au spectacle ou au restaurant. Petit à petit, l’image du quartier changerait et ne serait plus perçu comme un site dangereux et infréquentable. Ce changement d’image se diffuserait et profiterait à l’ensemble de la zone centrale, d’autant plus que Newtown n’est pas le seul axe de la revitalisation du centre. D’autres opérations sont en cours. L’espace public est réhabilité dans l’ensemble de la zone : les caméras de vidéosurveillance pullulent, les rues sont repavées, l’éclairage redessiné. En matière de développement économique, une zone franche fiscale a été mise en place pour attirer les entreprises. La ville souhaite, par exemple, promouvoir le secteur du textile : elle a créé un « fashion district » dans le centre, institutionnalisant un tissu économique informel qui s’était développé depuis une dizaine d’années grâce à l’arrivée d’immigrants. Dans le cadre de ce projet, des outils et des formations sont développés à l’attention des micros entrepreneurs (Rogerson, 2004 ; Kesper, 2003). Newtown s’inscrit également dans le prolongement du plan de redéveloppement de Braamfontein. Il comprend notamment un projet d’ouverture de l’université de Witwatersrand sur la ville en rendant certaines de ses infrastructures (musée, salles de spectacle) ouvertes au public. Ce plan renforce aussi le pôle administratif et culturel autour de l’hôtel de ville et du Civic Theatre, par exemple avec l’ouverture du musée de Constitution Hill. L’ensemble des stratégies de régénération du centre de Johannesburg met en avant le rôle de la culture comme moteur. Pour autant, ces recettes inspirées du modèle européen sont-elles aussi effectives dans le contexte sud-africain ? Newtown est-il devenu le quartier « vibrant et excitant » que présentent les documents officiels ?
Localisation des différents équipements du quartier Newtown
Localisation des différents équipements du quartier Newtown
15Les responsables de l’aménagement du site rencontrés se sont montrés très enthousiastes sur le dynamisme actuel et à venir du site. Certains objectifs d’amélioration du cadre urbain sont atteints et différents éléments attestent d’une évolution positive du secteur : le site est devenu beaucoup plus sûr et plus propre, de nouveaux programmes sont en cours de réalisation (logements, bureaux), des entreprises cherchent à s’implanter sur le site. Toutefois, les visites répétées dans le quartier conduisent à modérer ce premier bilan. Beaucoup de personnes interrogées sont assez sceptiques sur la vitalité annoncée du secteur :
Q : « Quelle est votre opinion personnelle concernant les changements dans le quartier ? »
R : « On ne sait pas trop où on va. Ça va, ça vient. Beaucoup d’argent a été dépensé ici. Un superbe travail a été fait, mais le contexte social n’est pas pris en compte. Construire est une chose, l’usage par les gens en est une autre. Ça pourrait être vibrant, mais pas assez de choses sont montrées. Beaucoup de choses ont été faites, mais c’est totalement superflu ».
17En termes de fréquentation, hormis les groupes scolaires, les passants sont rares. L’axe le plus fréquenté est celui qui relie le Métro Taxi Rank et le centre commercial Oriental Plaza. Cette rue devient une rue de transit, et ses usagers ne s’arrêtent pas dans Newtown, où ils n’ont rien à faire. Cette observation est corroborée par les chiffres de fréquentation des équipements : les spectacles du Market Theater attirent 600 à 800 spectateurs par semaine ; le Museum Africa ou le musée de la bière ont accueilli 45 000 visiteurs en 2003, en comptant les groupes scolaires. Les usages du site et des espaces publics ne correspondent pas non plus à l’image d’un quartier vivant. Outre la circulation de transit qui n’est pas captée, peu de gens se baladent dans Newtown, quels que soient l’heure ou le jour d’observation. Les flux piétonniers entre le Métro Taxi Rank et Oriental Plaza, le long de la place Mary Fitzgerald, ne se diffusent pas dans le quartier. Cette place, présentée comme un superbe espace public, accueille un marché aux puces le samedi. Les autres jours, elle est souvent utilisée comme parking. Sans ombre et sans équipements, rien n’invite vraiment le passant à la traverser. L’unique attroupement régulier se trouve devant une agence d’emploi temporaire où des travailleurs attendent une mission. Cette place est, en fait, plus un espace public de représentation que de promenade. Par exemple, lors des festivités des dernières élections présidentielles en 2004, les discours officiels de la province s’y déroulaient, symbolisant la nouvelle Afrique du Sud post-apartheid et mettant en scène le renouvellement urbain du centre de Johannesburg.
18Pourquoi ce quartier central, pacifié et embelli, est-il si peu fréquenté ? L’attractivité et l’animation du site sont-ils vraiment les objectifs premiers de cette opération ? Parmi les équipements culturels présents à Newtown, et malgré la qualité de certains d’entre eux, les vraies locomotives culturelles et touristiques de Johannesburg ne se trouvent pas à Newtown. Le plus emblématique d’entre eux, le musée de l’Apartheid, est en effet situé dans un parc de loisirs à mi-chemin entre le centre de Johannesburg et Soweto. Dans le contexte local de ville étalée et ségrégée, ce choix de localisation a une certaine pertinence, mais porte ombrage à Newtown. Les touristes étrangers, à cause de la réputation de la ville, restent peu et limitent leurs visites à quelques lieux symboliques dont Newtown ne fait pas (encore) partie. D’autre part, cette opération est publique avec une très faible participation financière du secteur privé. La majorité des équipements et des investissements est publique. Or la municipalité manque de ressources. Beaucoup d’argent a été investi dans la requalification du site, mais les crédits manquent pour en assurer le fonctionnement et l’animation. De plus, il n’y a pas de véritable coordination ou cohésion entre les activités des différents équipements. Si la Johannesburg Development Agency se charge de la maintenance, de la sécurité et de la propreté du site, il n’y a pas de structure en charge de l’animation. Les différents acteurs culturels travaillent peu ensemble et ce n’est qu’en 2003 qu’ils ont réalisé une brochure conjointe et qu’ils ont proposé un billet collectif pour visiter les différents musées du site.
19Le principal enseignement d’une expérience comme Newtown réside dans les limites de réplicabilité des modèles d’intervention urbaine. Si des opérations de ce type, dans un contexte européen, ont pu jouer un rôle de revitalisation d’un secteur, ce modèle urbain correspond-il vraiment aux habitudes et attentes de la population de Johannesburg ? Ville polycentrique par excellence, Johannesburg comprend de nombreux autres espaces de loisirs. Les plus attractifs sont les centres commerciaux qui allient multifonctionnalité de loisirs et sécurité, comme le centre commercial de Rosebank, centre de loisirs privilégié des classes moyennes, et lieu de sortie et de construction identitaire et culturelle de la jeunesse post-apartheid (Nuttal, 2004). Or les commerces sont absents du cœur de Newtown. Est-ce parce qu’il ne s’agit pas d’un espace privé fermé et sécurisé ? Pourtant, d’autres espaces publics ouverts sont des lieux de centralité urbaine et commerciale, tels que Melville [5] ou le quartier indien de Forsburg. Forsburg est très dynamique les soirs de fin de semaine, lorsque les membres de la communauté indienne affluent de toute la ville pour se retrouver, créant des embouteillages et un véritable brouhaha humain, contrastant avec Newtown, situé à quelques blocs, où seuls quelques clients s’aventurent au restaurant Moyo ou au théâtre. L’animation nocturne est faible à Newtown car les quelques lieux de sortie nocturne (Horror Café, Carfax, Moyo) sont trop éloignés les uns des autres pour créer une véritable émulation : on ne peut pas aller de l’un à l’autre à pied la nuit. Enfin, de nouveaux espaces de loisirs ont été créés ces dernières années, sur des initiatives privées, comme Melrose Arch ou Millpark. Melrose Arch est une opération d’aménagement privée, où se concentrent des bureaux, des restaurants, des boîtes de nuit, un palace, des logements de standing, dans une démarche caricaturale de « new urbanism » : accès contrôlés, profusion de caméras de sécurité, ultra-propreté (Dirsuweit et Schattauer, 2004). Millpark est un nouveau cluster d’entreprises créatives qui s’est développé très rapidement près de Newtown. Dans un ancien garage, à côté du siège du principal journal local et d’une firme cinématographique, un véritable petit centre d’activités créatives et commerciales a émergé quasi spontanément. Un ancien cameraman a racheté ce garage, l’a rénové et a contacté amis et relations de travail pour louer des locaux. En septembre 2003, son frère a créé le Color Bar, où des soirées très prisées sont organisées. Rapidement, des designers et des architectes ont installé leurs locaux ; des boutiques de mode ou de décoration et deux autres restaurants ont ouvert leurs portes. En quelques mois, ce garage abandonné est devenu un des lieux les plus branchés de la ville (Fraser, 2003). En raison du caractère privé de leurs promoteurs, ces opérations doivent être rentables rapidement. Elles ciblent une clientèle (aisée) beaucoup plus limitée que le projet Newtown, dont il est difficile de déterminer la population bénéficiaire. Plus compacts, plus sécurisés, plus petits, ces deux espaces reprennent certaines caractéristiques des centres commerciaux (une seule entrée, un parcours de promenade très défini, des vitrines) en le réinventant à ciel ouvert dans une perspective de new urbanism (Melrose Arch) ou dans une esthétique post-industrielle de loft-living (Millpark) (voir figure 3).
Melrose Arch et Mill Park : des espaces de travail et de loisirs animés
Melrose Arch et Mill Park : des espaces de travail et de loisirs animés
20En réalité, à Newtown, la culture semble participer à une politique de « pacification » de l’espace urbain, caractérisée par des délogements de squatters, des démolitions d’immeubles et une sécurisation par vidéosurveillance. Il s’agit de la première étape de la reconquête du centre-ville dégradé. Les mouvements des entreprises vers le nord sont très puissants et les contrecarrer semble difficile. Les politiques urbaines en ce sens sont risquées et peuvent devenir des gouffres financiers sans résultats probants. En orientant l’opération de régénération urbaine d’abord vers la création d’équipements culturels, les aménageurs ancrent le projet dans une temporalité plus longue, en matière de retombées économiques et de retour sur investissement, et ont comme premier objectif une reconquête symbolique du secteur. Ici, la revalorisation du secteur s’appuie sur l’indéniable requalification des espaces publics, en termes d’embellissement, de sécurité et de fonctionnalité. Elle est mise en scène lors d’événements médiatisés comme des inaugurations ou des discours officiels. La promotion des activités culturelles (spectacles, concerts, soirées, défilés) est le second acte de cette reconquête symbolique, qui ne se traduit pourtant pas par une hausse tangible de la fréquentation. L’implantation d’entreprises créatives signalera le passage vers une reconquête économique du secteur. Des stratégies similaires sont mises en œuvre dans d’autres secteurs de la ville. À Soweto, par exemple, les premiers endroits où les espaces publics ont été refaits se situent autour des lieux symboliques de la lutte contre l’apartheid, comme l’église Regina Mundi et le musée Hector Pieterson. Ces sites sont devenus des repères identitaires et symboliques de la mémoire et de l’histoire de Soweto. Ils sont aussi des lieux incontournables de la visite du township pour les touristes. La culture et l’expérience culturelle du township sont mises en avant pour changer l’image de Soweto, comme étant un quartier historique et dynamique, notamment à travers un petit guide touristique : Township, the complete guide. De même, parmi les axes stratégiques de développement financés par la province et mis en œuvre par la ville, le développement par la culture est aussi au cœur de l’action à Kliptown, un des quartiers de Soweto (Bremner, 2004).
21Par ailleurs, le projet de Newtown voulait accompagner et amplifier l’émergence d’une scène alternative (le Market Theatre) en cours d’institutionnalisation. En Europe, l’installation d’artistes dans des sites industriels en friche symbolise le passage de l’ère industrielle à la société de la connaissance et de la créativité. Vouloir imposer ce type de lieu de l’expérimentation artistique modelé par la transition industrielle, n’est-ce pas oublier la vraie transition sud-africaine à savoir la fin de l’apartheid post-apartheid ? En Afrique du Sud, à Johannesburg, les espaces post-industriels sont-ils les lieux de l’interrogation de la transition ? L’expérimentation des possibles ne se ferait-elle pas plutôt ailleurs ? C’est ce que propose Catherine Blondeau, qui après avoir exposé l’émergence puis l’essoufflement de la scène alternative à Newtown, relate des expériences nouvelles, hors de Newtown et de tout balisage institutionnel, dans des quartiers noirs populaires comme Hillbrow (Blondeau, 2002). Johannesburg est une ville où s’écrit une nouvelle forme de la modernité métropolitaine, tant en matière urbaine, sociale, politique que culturelle. À ce titre, elle est le centre d’émergence de nouvelles formes artistiques et culturelles, réinventant une identité sud-africaine après des décennies d’apartheid. Cette vitalité et cette créativité réelles ne peuvent être catalysées par les mêmes moyens qu’en Europe ; la transition post-apartheid n’est pas la transition postindustrielle. Les townships, des quartiers noirs très dégradés comme Hillbrow, ou de l’autre côté du spectre, les centres commerciaux ne pourraient-ils pas devenir les lieux d’une nouvelle avant-garde artistique et urbaine (Bremner, 2004 ; Nuttal, op. cit.) ?
22À moyen terme, le projet atteindra peut-être ses objectifs en termes d’animation urbaine et de revitalisation du secteur. Petit à petit, de nouvelles activités s’installent, de nouveaux logements sont construits, des événements s’y déroulent. Toutefois, au-delà des problèmes liés au transfert de modèle d’action, cet exemple interroge le principe même de la revitalisation urbaine par la culture. La création d’équipements culturels a été longtemps une composante d’une politique culturelle destinée aux habitants. Mais en devenant l’élément central d’une stratégie urbaine, certes attrayante, elle change de nature et de cible : elle a pour objectif non de répondre aux besoins et pratiques des habitants, mais de rendre la ville attractive. Dans le cas de Newtown, il apparaît que ce projet ne correspond pas aux pratiques locales. Les équipements n’ont pas été programmés suite à des enquêtes d’identification des besoins des habitants ou d’un public ciblé. La dimension culturelle de Newtown n’est-elle que le faire-valoir d’une opération d’aménagement plus ambitieuse ? D’une manière plus générale, au-delà de simples politiques urbaines, dans quelle mesure ce mode d’intervention s’inscrit-il dans des politiques de peuplement ciblées sur les catégories supérieures ? À quelles populations s’adressent vraiment les projets de création de quartiers culturels ? Dit autrement, pour qui cette pratique est-elle bonne ?
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Mots-clés éditeurs : culture, consommation, Johannesburg, revitalisation urbaine, équipement culturel
Date de mise en ligne : 08/02/2008
https://doi.org/10.3917/esp.131.0049Notes
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[1]
Cet article est basé sur une enquête de terrain réalisée lors d’un séjour à Johannesburg en tant que chercheuse invitée au centre Wiser (Wits Institute for Social and Economic Research) de l’Université du Witwatersrand. Nous remercions particulièrement France Bourgouin, Alan Mabin et André Czeglédy pour leur accueil et leurs conseils.
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[2]
Beaucoup se sont aussi « exilés ». Il semble que beaucoup de logements se dégradent faute d’entretien par des propriétaires expatriés.
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[3]
Pour plus d’information, voir le site internet de la ville : http://www.joburg.org.za/
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[4]
Dans le cadre de cette recherche, des entretiens ont été réalisés avec d’une part des acteurs du projet (City of Johannesburg, province du Gauteng, Johannesburg Development Agency) et d’autre part des responsables des différents équipements présents sur le site (restaurants Horror Cafe et Mojo, Museum Africa, Market Theatre, Bus Factory, Ifas, Musée de la bière). Ils ont été complétés par des observations de terrain et la consultation de documents de projet.
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[5]
Melville est un quartier résidentiel, relativement mixte (racialement), doté d’un petit centre commerçant où habitent et sortent, dans ses restaurants et bars branchés, de nombreux universitaires, intellectuels, artistes, journalistes. L’ambiance y est plus décontractée que dans les autres quartiers ; ce qui est souligné par la moindre présence de barrières et systèmes de sécurité autour des maisons.