1Pour les géographes français, évoquer le « paysage sous-marin » peut sembler être un contresens si l’on s’entend sur la définition générique selon laquelle le paysage est une « étendue de pays qui s’offre à la vue » (Le Petit Larousse illustré, 1996). Elle ne peut véritablement s’appliquer au monde sous-marin car cette expression ne s’est développée que sur le substrat même de l’organisation socio-spatiale de l’homme (Pinchemel, Pinchemel, 1997). Le terme « paysage » relève, qui plus est, d’une histoire ponctuée et jalonnée de controverses et d’analyses variées et multiples (Roger, 1995), et son étude s’appuie sur de nombreux courants de réflexions et de champs disciplinaires (Rougerie, Beroutchachvili, 1991).
2En outre, la frange sous-marine du littoral n’a jamais vraiment présenté d’intérêt pour la géographie humaine et sociale (Pinot, 2002), sauf à considérer la fonction halieutique et l’organisation économique et sociale de branches socioprofessionnelles utilisant un espace qu’elles étaient les seules à exploiter (Corlay, 1998). Pour autant, cette géographie reste à la surface de la mer alors qu’actuellement, de par ses fonctions et ses usages, la partie marine du littoral peut s’inscrire dans des expertises géographiques à caractère social. Enfin, Michel Roux (1998) rappelle que sur les cartes, « l’océan est représenté comme un espace parfaitement isotrope ». Il est difficile dans ces conditions de se représenter et retranscrire ce que peut être, d’un point de vue géographique, un « paysage sous-marin ». Qu’en est-il des autres disciplines scientifiques qui pourraient user de cette expression ? Comment les géographes doivent-ils considérer la progression du « paysage sous-marin » dans le vocabulaire scientifique français ? Certes, même si la question du « paysage sous-marin » s’appuie sur les différentes théories et problématiques afférentes au « paysage », il serait inopportun de considérer et de baser cette réflexion relative à ses fondements d’ordre théorique, technique, pratique et épistémologique comme le résultat d’une simple transposition, adaptation ou application du terrestre vers le sous-marin.
3Aussi, quelle signification les géographes doivent-ils accorder à cette notion dans ce mouvement d’émergences, d’inventions et de retours du paysage (D’Angio, 1997) ? Serait-elle le révélateur d’un processus de socialisation et de territorialisation d’un monde sous-marin ou illustre-t-elle l’évolution de la réflexion scientifique concernant un littoral qui doit être étudié aujourd’hui suivant une approche transdisciplinaire ?
4Soumis à des contraintes naturelles fortes et à une exploitation économique, le proche espace sous-marin possède une dynamique temporelle, pose des problèmes de gestion, de délimitation, retient l’attention de plusieurs groupes sociaux, et son image est plus ou moins répulsive selon que l’on est terrien, marin ou plongeur. Ce processus de territorialisation du proche espace sous-marin compris entre 0 et 40 mètres de profondeur est fortement corrélé à une somme de contraintes intra-spécifiques et en interaction (fig. 1) structurant un système territorial (Marchand, 1986).
Le territoire à l’intérieur d’un système de contraintes (Marchand, 1986)
Le territoire à l’intérieur d’un système de contraintes (Marchand, 1986)
5Les contraintes relèvent des champs du politique, de l’économique, du social, de la culture et des mentalités, de l’histoire, de la technique, du physique et du naturel. Pour autant, ce cadre systémique n’est pas clos car les influences extérieures contribuent, suivant le degré de perméabilité ou de résistance des contraintes, à faire évoluer ce système. Ainsi, le système territorial est régi par un jeu de relations entre contraintes plus ou moins intenses et qui peuvent être positives, négatives ou nulles. Par définition, ce mouvement interactif et continu, au centre duquel se trouve le territoire, produit, conditionne et structure les contraintes, séparément et entre elles, et s’impose, par rétroaction, aux acteurs qui ont créé ce système.
6Par ailleurs, la compréhension et la perception du « paysage sous-marin » sont réduites à un certain nombre de « filtres » au sens de Thierry Brossard et Jean-Claude Wieber (1984). Aux filtres sociaux, naturels et techniques habituels s’ajoute la perméabilité optique du milieu aquatique, les sujétions dues aux déplacements dans l’eau, à sa turbidité impliquant une sphère de visibilité d’un diamètre variable selon les conditions du milieu (Fournier, 2000). Néanmoins, la phase préalablement nécessaire d’exploration et de reconnaissance a désormais laissé place à une phase opérationnelle et gestionnaire : cette évolution caractérise le passage d’une systémogénèse à une phase d’auto-reproduction territoriale, de modifications et d’usages anthropiques venus non plus à pied du littoral, mais de la surface de la mer vers les profondeurs. Ne serait-ce que pour cette reconnaissance comme un territoire à part entière de ce milieu « émergeant » parmi les nombreux espaces géographiques, il serait logique de considérer qu’il a un paysage et que celui-ci doit être étudié comme tel avec les outils, les perceptions et les apports théoriques des géographes (Musard, 2003).
7Le paysage a eu plusieurs acceptions successives en géographie. Toutefois, un consensus semble actuellement se dégager pour donner au terme « paysage » une « dimension sensible » comme le souligne Roger Brunet pour qui « seule la représentation fait le paysage », celui-ci étant, par ailleurs, chargé de valeurs (Brunet et al., 1993).
8Si un territoire peut être défini comme « la portion de la surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux » (Le Berre, 1992), tout espace sous-marin ne relève pas de cette définition. Le proche espace sous-marin, de la surface à environ une cinquantaine de mètres, est fréquenté par les plongeurs, mais il est aussi le siège d’exploitations diverses (pêche, extraction de granulats marins, prélèvements de Laminariales, etc.) et un lieu de loisirs. L’attrait paysager de cet espace est d’ailleurs largement conditionné par l’existence d’une vie animale qui, parfois, devient un élément structurant du paysage, à l’instar des tombants de coralligène et des gorgones pourpres en Méditerranée. De plus en plus fréquenté et représenté, il prolonge le littoral dont il est une marge ou une périphérie plus ou moins intégrée et a donc cessé d’être un « territoire du vide » au sens d’Alain Corbin (1988). Au-delà de cette délimitation, la question se pose de considérer un espace, jusqu’à une centaine de mètres de profondeur, que seuls quelques plongeurs confirmés ont pénétré et dont le grand public ne connaît l’ambiance, sinon les paysages, que par des films tel Le Grand Bleu de Luc Besson (1988). Sur un mode différent, ce film a poursuivi le processus de popularisation cinématographique de l’espace sous-marin et de la pratique de la plongée sous-marine, enclenché dès l’année 1916 par Vingt mille lieues sous les mers de Stuart Paton. Le Monde du silence de Yves Cousteau et Louis Malle (1956) a très largement suscité et développé ce désir d’observation, de découverte, d’appropriation et de connaissance des Dedans de la mer (Centelles, 1979) et des paysages du proche espace sous-marin. Les évolutions techniques et le développement d’une société de loisirs ont également favorisé cet engouement, cette familiarisation et cette invention du monde sous-marin.
9Pour autant, existe-t-il un territoire au sens de Le Berre (1992) ? Ces oppositions entre les différentes profondeurs conduisent à se poser la question suivante : est-il nécessaire d’avoir un fond, un substrat relativement proche pour que l’œil puisse saisir des différenciations spatiales et que l’on puisse parler de territoire, et donc de paysage ? Au-delà de la mer et de ses atterrages, ces fonds marins comme les surfaces des planètes posent à la géographie la question suivante : existe-t-il par conséquent des paysages sans territoires, des paysages liés à un espace comme l’évoquait Pierre Birot (1959) : « un paysage tel qu’il apparaîtrait avant l’apparition de l’homme » ?
Le point de vue de la géographie classique de la mer
10Pour le géographe, le paysage est un espace observé qui ne peut être fondamentalement retranscrit sous la forme d’une carte. Yves Lacoste (1977) rappelait cette différence, en insistant sur le fait qu’un paysage comporte des espaces invisibles ou masqués depuis le point d’observation. Le « paysage sous-marin » reprend cette même articulation synoptique mais, pour la géographie physique française de la mer incarnée par André Guilcher, Fernand Verger, Roland Paskoff ou Jean-Pierre Pinot, cet espace sous-marin se définit tout d’abord à travers la projection de sa nature géologique, topographique et morphologique. L’influence des roches sur le modelé, question classique des années 1960, a conduit à considérer, de façon basique, l’espace sous-marin comme le prolongement des littoraux (Nonn, 1972). Cette retranscription du fond de la mer en coupe schématique ou sa cartographie sur un plan vertical permettent aux géographes d’identifier le relief et la dynamique du système côtier, et de rendre visible et lisible ce qui, par essence, échappe au regard : « il n’y a pas d’interprétation sans paysage à interpréter et, sous la mer, il n’y a pas de paysage fourni par la nature, il n’y a que le paysage reconstitué par l’analyse cartographique » (Pinot, 2002).
11Pour autant, cette analyse confirme nettement la confusion entre paysage et cartographie. Plusieurs raisons l’expliquent. La géographie physique de la mer est née dans la seconde moitié du xixe siècle (Maury publiait, en 1855, The physical geography of the sea), mais elle s’est véritablement développée dans les années 1950-1960, à une époque où « l’étude géomorphologique masque le paysage et le dévitalise » (Bertrand, 1995). Il s’agit d’une géographie de la mer qui étudie le relief du fond des mers et ses multiples formes, le « paysage sous-marin » n’ayant ici aucune existence véritable. Cet espace inconnu ne trouve sa traduction que sur des cartes à petite ou moyenne échelle et est décrit à partir d’une terminologie terrienne avec laquelle, faute de mieux, il faut composer (Bourcart, 1949). Progressivement, de nouvelles technologies et de nouveaux instruments ont permis aux géographes de la mer (lesquels, en dehors de quelques chercheurs isolés, ne sont pas des observateurs directs de la nature du fond) d’affiner les échelles d’interprétation (Augris, Gourmelon, 2002). L’objectif est de retranscrire, sur un plan vertical, les données interprétées afin de reconstituer en une ou trois dimensions un continuum permettant une vision globale de la topographie de l’espace sous-marin et une analyse fine de la dynamique côtière sous forme d’unités abiotiques localisables. Actuellement, en France, cette démarche scientifique renvoie au programme REBENT, un programme de recherche ayant pour objectif l’établissement d’un système d’information géographique concernant les habitats benthiques et la morpho-sédimentologie des fonds (Bonnot-Courtois et al., 2005).
12Néanmoins, l’expression « paysage sous-marin » reste peu usitée au sein de la géographie des littoraux et en géomorphologie française. Soit le paysage sous-marin est considéré comme « banal » (Pinot, 1998), soit il « porte […] largement l’empreinte de l’homme » (Pinot, 2002). Cette seconde conception ne renvoie en aucune façon à une lecture territorialisante de l’objet géographique. Elle peut s’expliquer par le niveau scalaire pris en compte, par la projection cartographique des données obtenues et par une appréciation maximaliste de l’impact des activités humaines sur les fonds marins. Aussi fondamentale soit-elle, cette géographie physique a donc récemment évolué afin d’ajuster ces trois paramètres à une démarche scientifique qui, au niveau des processus cognitifs et interprétatifs dans le domaine de la gestion de la zone côtière, semblait trop restrictive. L’interdisciplinarité et les nouveaux outils utilisés par les géographes comme le système d’information géographique ont également autorisé cette évolution vers une conception globale et dynamique de l’entité « littoral » pour la géographie (Bartlett, Carter, 1990). La mise au point actuelle de l’outil « Litto3D », outil de cartographie de la bande côtière englobant les dimensions terrestre et sous-marine, répond par exemple à cette préoccupation. Mais la question du « paysage sous-marin » ne relève plus exclusivement de la géographie, elle s’inscrit dans le cadre d’une réflexion transdisciplinaire particulièrement fondamentale et essentielle, laquelle fait appel aux sciences naturalistes et aux sciences de la perception.
La démarche naturaliste au cœur de la problématique ?
13Dans la même perspective que ses collègues russes sur l’analyse du paysage et sur une approche scientifique de type « landscape ecology », Petrov (1989) s’est intéressé aux « underwater landscapes », traduction anglaise admise de « paysages sous-marins », même s’il est également possible de rencontrer le terme de « underwater seascapes », le terme « seascapes » étant la traduction de « paysages marins » (Hill et al., 2001). Si les avances scientifiques majeures de l’école soviétique dans l’étude du paysage terrestre ont conduit Beroutchachvili et Bertrand à proposer le terme de « géosystème » (1978) comme nouveau concept intégrateur et opératoire pour une géographie française troublée par le « paysage », il est significatif de constater que ce décalage s’applique aussi au niveau du « paysage sous-marin ». Parallèlement, les différentes traductions anglaises qu’il suppose (auxquelles il faut ajouter « undersea landscape », « undersea seascape », « subaqueous landscape » ou encore « submarine landscape » (Fournier et al., 1997), « marine landscape », « marine seascape », « seafloor landscape » et « seabed landscape ») permettent une meilleure prise en compte de ce concept par les scientifiques anglophones mais peut accroître l’incompréhension et le doute de la part des francophones.
14Il est possible d’expliquer ce désintérêt et ce manque de vision claire du paysage sous-marin par la communauté scientifique française sur le plan sémantique, conceptuel et méthodologique (Palmisani, 2002). D’un point de vue général, à partir du xviie siècle, un grand travail d’inventaire et de classification taxonomique fut mené. Défricher, déchiffrer, comprendre, confirmer les études antérieures parce que les prélèvements avaient souvent été effectués « à l’aveugle », sans aucune appréhension réelle du milieu et avec, parfois, des extrapolations hasardeuses (Déléage, 1992). Il s’agissait également de mettre fin à une terminologie vernaculaire éloquente et de classer scientifiquement ce qui faisait l’objet de distinctions plus ou moins réussies et de fantasmes particulièrement récurrents au sein de l’imaginaire collectif (Geistdoerfer, 1995). Avec l’apparition du scaphandre autonome, le développement de la plongée et de la recherche in situ, les scientifiques ont par ailleurs connu une petite révolution : cet outil va les aider à mieux concevoir la réalité et la complexité du monde sous-marin (Doukan, 1954 ; Fournier, 2004), et à progressivement entrevoir ce que pourrait être un « paysage sous-marin ». D’ailleurs, une des premières approches des chercheurs a été de retrouver le concept d’étagement de la végétation et de l’appliquer à l’organisation verticale des algues et des poissons.
15Mais pour autant, cette expression ne fait pas partie du vocabulaire consacré. Durant plus d’un siècle et avant que les scientifiques ne puissent regarder eux-mêmes les espèces observées à travers la vitre de leurs masques, d’autres termes furent forgés pour comprendre la vie sous-marine. Ils permettaient ainsi la consécration de l’objectivité scientifique sur la subjectivité du regard humain empreint de sensibilité et de référents culturels trop prononcés. Ces évolutions sémantiques et conceptuelles ont conduit à l’Oekologie (1866) et à son cortège de concepts fondamentaux, au premier rang desquels se trouve le concept de « biocénose », introduit dans le langage scientifique en 1877. La plupart des concepts forgés au début du xxe siècle ont néanmoins été supplantés en 1935 par l’apparition d’un nouveau terme dû à Tansley : « écosystème » (Dury, 1999 ; Drouin, 1993 ; Déléage, 1992). Concept fort de l’écologie, il s’est progressivement structuré à partir de différents courants, pour donner naissance à la théorie des écosystèmes. Puis d’autres questionnements ont permis d’intégrer la dimension anthropique dans le concept d’écosystème et de poser la question de l’écologie face aux enjeux de société (Montgolfier, Natali, 1987 ; Barbault, 1996).
16De fait, alors que les biologistes marins n’avaient pas souhaité développer leurs recherches sur le thème du « paysage sous-marin », le recours à cette expression est devenu nécessaire afin de rendre compte des dégradations environnementales causées par les activités humaines. En 1990, une définition fut avancée, plus sur la base de « l’expérience personnelle, ‘non écrite’ des participants qu’aux données de la littérature » (Boudouresque, 1990). Elle propose en substance de considérer le « paysage sous-marin » comme un « aspect particulier d’un peuplement ou d’un ensemble de peuplements susceptible d’être perçu comme tel par un observateur non spécialiste à petite et moyenne échelle ». Les auteurs associent le « paysage sous-marin » au règne végétal, prolongeant une analyse scientifique d’un étagement de l’espace littoral et marin (Pérès, Picard, 1964), depuis la surface jusqu’aux plus grandes profondeurs. Cette occupation s’observe sur le plan horizontal et sur le plan vertical (Picard, 1985). Au sein de ces étages, la distribution algale ou, plus généralement, la couverture végétale se décompose en strates et en sous-strates et permet d’observer de véritables « ceintures » algales ou « horizons ». Cette analyse de la couverture végétale rejoint les préoccupations des biogéographes et des phytosociologues, ce qui permet d’utiliser un vocabulaire descriptif propre à l’étude du paysage et d’accepter et de légitimer, par transposition, la notion de « paysage sous-marin » sur le plan scientifique, notamment sur la façade Manche et Atlantique française (Castric-Fey et al., 2001).
17Par ailleurs, l’étude du paysage ne se limite pas à la seule description de la couverture végétale. L’étude des divers substrats et reliefs sous-marins (fig. 2) est particulièrement nécessaire car, par ce biais, en associant biotope et biocénose, le scientifique est capable de mieux étudier les écosystèmes marins et sous-marins.
Dessin schématique en coupe des principaux types de paysages sous-marins « naturels »
Dessin schématique en coupe des principaux types de paysages sous-marins « naturels »
18Fondée sur une analyse de type géomorphologique et topographique, cette approche distingue l’hétérogénéité des substrats durs ou cohérents et des substrats meubles ainsi que leurs formes, et permet de multiples combinaisons. Ce sont des paysages qui se côtoient, se différencient spatialement et à partir desquels se développent différentes biocénoses. Agencés, ces substrats qui composent la diversité des fonds sous-marins présentent une mosaïque qui, sur le principe du caractère géomorphologique et topographique différencié, détermine une lecture d’unités écosystémiques constituant le paysage sous-marin. L’hétérogénéité est un aspect fondamental (Burel, Baudry, 1999) car substrats durs et substrats meubles présentent une rugosité plus ou moins forte ainsi que de multiples enclaves, propices et nécessaires à la biodiversité. Si elle est étudiée à partir de la notion de faciès ou de peuplement (Castric-Fey et al., 2001) et si une partie de la nomenclature des ZNIEFF-Mer repose sur elle (Dauvin et al., 1994 ; Bellan-Santini et al., 2002), la biodiversité relève également des questions françaises et européennes relatives aux habitats et au réseau Natura 2000.
19De fait, les démarches d’inventaire, de cartographie, d’étude et de suivi opératoire se développent essentiellement à partir de définitions communément admises et partagées, axées sur cette notion d’habitat et à partir d’une typologie ou d’une classification caractéristique à l’instar de Corine, Eunis ou Natura 2000, sans pour autant exclure l’intérêt scientifique du « paysage sous-marin », du « marine lansdscape » ou du « marine seascape » (Roff et al., 2003). Ainsi, en tenant compte de toutes les composantes du milieu physique (biotope) et des communautés vivantes associées (biocénose), le biologiste marin peut-il identifier dans le temps et dans l’espace l’assemblage d’écosystèmes différenciés, rejoignant en cela le « champ de l’écologie du paysage [malgré] les problèmes techniques, pour une part résolus malgré tout, que pose la pénétration de l’homme sous la mer et, surtout, sa vision d’un paysage sous-marin » (Blandin, Bellan, 1994).
La question opératoire au confluent des champs disciplinaires
20L’apparition de l’écologie du paysage à partir de la fin des années 1970 a défini le « paysage » comme une entité de quelques km2, comprenant des motifs répétitifs et regroupant un assemblage d’écosystèmes en interaction les uns avec les autres (Blandin, Lamotte, 1988). Pour ces mêmes auteurs, la réalité de la pression anthropique et la problématique de l’aménagement du territoire ont suscité une réflexion relative à un niveau intégrateur supérieur par rapport à la population, au peuplement et aux écosystèmes. Ils ont émis des doutes quant à la notion de « géosystème », laquelle reste empreinte d’une dimension perceptive et subjective forte, à l’instar du « paysage ». De fait, ils ont suggéré d’utiliser le concept d’« écocomplexe », défini comme « un assemblage de systèmes écologiques en interaction sur un territoire ». Cette notion d’écocomplexe intègre, conjointement et en dehors de tout filtre culturel, une histoire naturelle et humaine sur un territoire spécifique. Néanmoins, ces trois notions, « paysage », « géosystème » et « écocomplexe » semblent encore peu diffusées dans les différentes branches de l’écologie, à l’exception de celles se réclamant de l’écologie du paysage (Rougerie, Beroutchachvili, 1991 ; Burel, Baudry, 1999). D’ailleurs, si les deux termes de « paysage » et de « géosystème » n’apparaissent que très rarement dans les ouvrages écologiques et uniquement dans les publications parues depuis 1990 (Dury, 1999), ces deux termes représentent sur le plan conceptuel et sémantique un enrichissement et une opportunité scientifiques. Selon Jean-Marc Drouin (1993), ils « rapprochent l’écologie de la géographie et devraient ainsi lui permettre de mieux répondre aux demandes sociales concernant l’impact des activités humaines ».
21Fournier (2000) qui a cartographié, en plongée sous-marine, des paysages sous-marins bretons, a préféré les aborder avec le terme d’« écocomplexes » alors que Andréfouët et al. (2000) ont accepté les deux notions dans leur bilan relatif à l’intérêt de la télédétection pour l’étude scientifique des milieux coralliens. Cette divergence s’explique certainement par les méthodes de cartographie mises en œuvre et par la transparence moyenne des eaux dont ont bénéficié ces chercheurs. Le résultat cartographique est, par conséquent, différent puisque, d’un côté, l’information spatiale est continue (cartes issues de données de télédétection ou de sonar acoustique), et de l’autre, elle est discontinue et fragmentaire (cartes issues de relevés effectués en plongée sous-marine, Fournier, 2004).
22Sur le plan méthodologique et opératoire, l’échelle est inhérente à la position de l’observateur, à son champ de vision, à la profondeur de champ et aux facteurs biotiques et abiotiques pris en compte et cartographiés. Dans le cas présent, l’appréciation des paysages sous-marins est réalisée par un observateur sous-marin qui, par définition, se déplace. Il se meut en surface, dans une colonne d’eau et à proximité d’un substrat, ce qui lui permet d’appréhender une portion de territoire plus ou moins grande en superficie et en volume. L’observateur se déplace au sein d’une « sphère » dont le rayon définit la profondeur de champ visuelle, elle-même dépendante de facteurs très variables telles que la transparence ou la turbidité de l’eau, la quantité de lumière, la profondeur, la couleur du fond ou encore les formes des reliefs. La perception rétinienne des éléments observés sur un parcours suit une lecture sélective et progressive de plans ou d’unités homogènes « agencés » qui se succèdent.
23Pour des recherches en plongée sous-marine, la restitution et l’assemblage des différents plans ou unités homogènes qui se succèdent à l’instar d’un puzzle et le fait de démasquer progressivement des étendues invisibles permettent ainsi de reconstituer la mosaïque sous-marine et de représenter un paysage sous-marin dans sa globalité avec l’identification des espèces présentes. Aussi cette lecture progressive du paysage sous-marin peut-elle être mise en correspondance avec la classification des niveaux scalaires (tabl. 1) proposée par J. Fournier (2000). Par définition, le géosystème représente la limite à partir de laquelle il ne s’agit plus d’observation paysagère in situ, ni pour le chercheur-plongeur, ni pour le plongeur récréatif. Elle doit surtout être mise en parallèle avec l’analyse de Georges Bertrand et Claude Bertrand (2000), lesquels proposent « un système méthodologique fondé sur trois concepts spatio-temporels : le géosystème, le territoire, le paysage », basés respectivement sur le triptyque « source – ressource – ressourcement ».
Lisibilité et interprétation des paysages sous-marins en fonction de leurs niveaux scalaires
Lisibilité et interprétation des paysages sous-marins en fonction de leurs niveaux scalaires
24Cette réflexion et les statuts explicites qu’ils accordent à ces concepts permettent, par transposition, de reconstruire et d’identifier le « paysage sous-marin » comme relevant d’une question scientifique opératoire, fonctionnelle et transdisciplinaire vers laquelle convergent les disciplines géographiques et naturalistes développant des recherches sur les écosystèmes benthiques (fig. 3). Ils préfigurent également la fin d’une dualité sous-jacente à l’emploi de cette expression. En effet, si le concept de « paysage sous-marin » n’a pas été véritablement reconnu par la communauté scientifique, il l’a été par les non spécialistes qui, ayant besoin de repères, désiraient se rattacher à des notions culturelles connues pour s’enfoncer dans une nature mystérieuse. En quelque sorte, ce décalage temporel quant à la constitution et à l’acceptation du « paysage sous-marin » sur le plan sémantique, idéel et opératoire, illustre l’opposition entre culture scientifique ou savante et culture populaire.
Fonction interhiérarchique et transdisciplinaire du paysage sous-marin dans la classification conceptuelle relative à l’étude naturaliste et géographique des écosystèmes benthiques
Fonction interhiérarchique et transdisciplinaire du paysage sous-marin dans la classification conceptuelle relative à l’étude naturaliste et géographique des écosystèmes benthiques
Des rapports de culture et de nature
25Les « paysages sous-marins » ont immédiatement fait partie du vocabulaire et du discours des premiers plongeurs et notamment de ceux qui ont souhaité réaliser des images sous-marines lors de leurs immersions, à l’instar de Boutan dès 1893 dans un contexte artistique marqué par l’École de Barbizon (Boutan, 1893 ; Weinberg et al., 1993), de Cousteau (Paysages du silence, film de 1947), ou rapporter leurs impressions dans leurs écrits (Diolé, 1954), pour ne citer qu’eux. Mais l’expression est également utilisée par Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers (1870) : les balades et incursions sous-marines se déroulent au sein d’un décor fourni, où les moindres détails, faunistiques et floristiques, sont évoqués. Cette narration emprunte le vocabulaire de la description de paysages et se répand en classification taxonomique, comme si l’élément liquide n’était qu’une masse translucide et totalement transparente, comme si la mer s’était découverte, s’offrant au regard humain, dans sa diversité et dans sa particularité. Il fait voyager ses personnages au milieu de forêts sous-marines et de paysages sous-marins avec une emphase littéraire incontestable. Néanmoins, par un tour de force à nul autre pareil, il n’utilise jamais l’expression de « paysage sous-marin » dans le texte et une seule et unique fois pour titrer la célèbre gravure – certainement l’une des plus connues – représentant des scaphandriers marchant sur un sentier bordé d’algues et de différents cnidaires fixés avec des méduses au-dessus d’eux, et légendée « Paysage sous-marin de l’île Crespo ».
26La représentation de cet espace sous-marin que Jules Verne propose de pénétrer par l’intermédiaire de ses personnages n’est pas celui des abysses mais celui d’un proche espace sous-marin, discontinu et peu profond, avec ses différents faciès et caractérisé par son relief, la texture du sol, sa faune et sa végétation, réaffirmant par ailleurs le caractère territorialisé du « paysage sous-marin de l’île Crespo » : « Nous étions arrivés à la lisière de cette forêt, sans doute l’une des plus belles de l’immense domaine du capitaine Nemo. Il la considérait comme sienne, et s’attribuait sur elle les mêmes droits qu’avaient les premiers hommes aux premiers jours du monde. D’ailleurs, qui lui eût disputé la possession de cette propriété sous-marine ? ». Dans la mesure où le capitaine Nemo, ses hommes et ses trois hôtes en sont les seuls visiteurs, il s’agit d’un proto-territoire, d’un espace en phase de systémogénèse, d’un espace discontinu localement et globalement, d’une sorte de front pionnier, ce qui est aussi une façon de considérer actuellement le proche espace sous-marin.
27Cette approche n’est pas celle de J. Verne, écrivain positiviste développant le roman d’anticipation semi-romanesque, semi-scientifique. Par son œuvre, celui-ci décrit un changement dans la manière de concevoir le monde sous-marin, lequel est l’objet d’incursions de plus en plus fréquentes à la fin du xixe siècle ; le romancier français annonce en fait l’invention de ces territoires dans la deuxième moitié du xxe siècle. Observé d’un point de vue général, mieux étudié d’un point de vue particulier, le monde sous-marin, ou du moins l’image qui en est donnée, correspond enfin à une certaine réalité. Auparavant, les contours étaient plus ou moins flous et l’approche laissée à l’imagination d’illustrateurs prompts à s’emparer de la thématique sous-marine pour dénoncer le Malin et le Malheur.
28Ainsi, les prises de vues sous-marines, associées à la diffusion de livres et revues liés à la plongée sous-marine, se sont imposées, suivant la théorie de l’artialisation d’A. Roger (1997) et la logique de Jean-Pierre Montier (1998), comme un média constitutif et conséquent d’une certaine lecture, affective et sensible, de ce que peut être pour des plongeurs un paysage, et notamment un beau paysage sous-marin. Cette caractérisation paysagère esthétique, anecdotique pour les œuvres picturales avant les années 1970, est intimement liée à un territoire de pratique que les plongeurs appellent un site de plongée et prolonge, par transposition, les réflexions de Tremblay et Poullaouec-Gonidec (2002) : « L’appartenance de l’individu à un groupe de loisirs […] lui fournit une connaissance spécifique (des clés d’interprétation) qui, par la combinaison de divers outils de distanciation par rapport au territoire (littérature, peinture, photographie), lui permet de médiatiser son expérience intime des lieux ».
29Durant les années 1990, différents auteurs d’ouvrages de plongée ont ainsi utilisé l’entité « paysage sous-marin » afin de favoriser une découverte de l’environnement subaquatique et des espèces sous-marines (Weinberg, 1993 ; Dutrieux et al., 1999). Par ailleurs, depuis quelques années, ce principe d’une lecture progressive du paysage sous-marin et des espèces caractéristiques et emblématiques associées composant le territoire de pratique a conduit des opérateurs privés et institutionnels à réaliser un schéma ou une représentation d’ensemble du site sous-marin à parcourir. Prolongeant la démarche cartographique des scientifiques, ces reproductions en coupe, en trois dimensions, en perspective, ou à plat, suggèrent des parcours types en passant par des points remarquables. Elles reconstituent la mosaïque d’éléments topographiques, faunistiques et floristiques représentatifs et caractéristiques du site. Ainsi, pour l’observateur, le site se visualise globalement et spatialement comme si la mer s’était retirée, comme si la masse d’eau était absente. De fait, ce recours aux représentations graphiques contribue à l’utilisation récurrente de l’expression « paysage sous-marin » par les plongeurs. Ce système de représentation s’inscrit indéniablement dans une logique de compréhension et de consommation des espaces sous-marins en général, et des territoires de pratiques subaquatiques en particulier. Il devient un outil pédagogique et commercial au service d’une lecture et d’une connaissance plus rapide d’un site et des éléments incontournables qui le composent. Ces retranscriptions paysagères et les parcours proposés sont la combinaison des éléments biotiques et abiotiques pris en compte, et des logiques de consommation ayant pour objet de définir ce qu’il y a de plus « intéressant » à observer.
30De fait, puisque de sélection il s’agit, le code et la grille de lecture nécessaires à l’appréhension du paysage sous-marin, à son analyse, dans sa globalité et dans ses particularités, renvoient, nécessairement et invariablement, aux problèmes de champs visuels et culturels (Montgolfier, Natali, 1987). Le champ de vision ainsi élargi, en partant du général, le paysage sous-marin permet d’orienter le regard vers le particulier, de mieux comprendre la réalité naturelle et biologique sous-marine, d’appréhender la diversité et la richesse écologique et patrimoniale du territoire observé et, éventuellement, de le qualifier suivant une échelle de valeur.
Un indice pour qualifier un paysage sous-marin ?
31Les réflexions précédentes, relatives aux modalités et échelles d’interprétation, aux grilles de lecture induites par des contextes culturels et cognitifs variables et aux processus de mise en image, permettent d’établir qu’un « paysage sous-marin » est dépendant de l’observation effective d’un substrat. La colonne d’eau seule et la masse d’eau seule (le « bleu ») ne sont pas un « paysage sous-marin » mais elles participent de sa perception et de son appréhension, le structurent, le délimitent et le définissent notamment en termes de qualité et d’esthétique globale. En effet, cette matérialité des « paysages sous-marins » repose sur un certain nombre de représentations, à l’instar de celles des plongeurs fréquentant la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (Corse-du-Sud, France) pour qui la dimension sous-marine de cette aire protégée serait une eau totalement limpide, au sein de laquelle divers éléments faunistiques, dont le mérou trônant au milieu d’une myriade d’autres espèces de poissons, seraient abondamment présents (Musard, 2003) : ce havre de paix typiquement méditerranéen, protégé par le statut de réserve, serait le lieu idéal pour des plongées où le paysage n’a d’égal que la finesse des majestueuses gorgones pourpres (Paramuricea clavata). Cette représentation marquée d’une certaine harmonie du monde sous-marin corrobore les propos de J.A Foëx (1954) concernant les beaux paysages sous-marins. Jean-Marc Besse (1992), se fondant sur l’analyse de Joachim Ritter, souligne, plus généralement, que cette conscience esthétique d’une nature contemplée avec désintéressement permet précisément l’émergence du paysage et de prolonger « ce qui faisait depuis les Grecs l’objet de la philosophie : la contemplation (theoria) de l’ordre du monde. Le paysage, c’est l’ordre du monde qui se fait visible […] ».
32Cette reconnaissance idéelle et matérielle du paysage sous-marin ne permet pourtant pas de s’interroger, de façon pertinente, sur sa valeur économique et sur les méthodes d’évaluation économique. Elle permet de prolonger la notion néo-vidalienne de scenery quant à la mise en scène et la mise en spectacle du paysage. Elle renvoie, par ailleurs, à cette déclaration de 1962 exprimée lors de la 1re Conférence mondiale sur les parcs nationaux : « les pressions des populations feront se tourner l’homme insensiblement vers la mer, et spécialement vers le théâtre sous-marin, pour des raisons culturelles et de loisirs » (citée par Beurier et Le Morvan, 1980). Cette dimension scénique contribue à la constitution d’un schème où le paysage sous-marin est d’abord un arrière-plan faisant fonction de décorum. Ses propriétés sont appréciées sur le plan qualitatif (Beringuier, 1996) suivant une grille de lecture et un système de filtres (Brunet, 1 974 ; Paulet, 2002) propres à l’observateur, à sa culture, à sa sensibilité et à ses connaissances, et aux modalités d’interprétation et de lecture (Picon, 1996).
33Toutefois, si la part d’esthétisme est reconnue et touche la sensibilité et l’émotion des plongeurs, les paysages sous-marins ne sont pas figés. Leurs évolutions peuvent engendrer des questions, notamment si des actions anthropiques en sont à l’origine. Face à l’expansion de Caulerpa taxifolia, par exemple, n’a-t-il pas été évoqué le risque de banalisation et de « standardisation mondiale des paysages sous-marins » (Gravez et al., 2001) ? Cette interrogation révèle que le « paysage sous-marin » peut donc être qualifié suivant des critères esthétiques et pour ses qualités patrimoniales et identitaires.
34Ainsi, aux biotopes naturels s’ajoutent des biotopes d’origine « anthropique », comme les épaves ou les récifs artificiels. Une nouvelle biocénose se développe à partir de ces structures faisant office de substrats plus ou moins complexes dont l’immersion répond à des objectifs précis (Barnabé, Barnabé-Quet, 1997 ; Christian et al., 1998 ; Claudet, Pelletier, 2004 ; Charbonnel et al., 2001). Par conséquent, pour le plongeur, ces récifs peuvent aussi posséder une valeur paysagère. On peut citer, en exemple, le cas de l’épave de l’Amoco Cadiz, coulée en 1978 au large des côtes du Léon et à l’origine d’un des plus grands événements de pollution par hydrocarbures dans le monde. L’avant-côte de Portsall a connu un changement paysager radical qui a eu des répercussions sur la fréquentation du site puisque, depuis l’accident, l’épave est devenue, malgré les conditions difficiles de plongée, un haut lieu du tourisme subaquatique de Bretagne. Ce concept de « récif paysager » se traduit par une réflexion sur les formes et le niveau de complexité structurale capable de répondre aux sensibilités paysagères des différents observateurs, qu’ils soient en scaphandre autonome, en plongée libre ou à bord de bateaux à fond transparent ou de submersibles.
35À ce titre, si les épaves expriment une symbolique très forte, l’émotion et le sensationnel étant souvent au rendez-vous de cette découverte exploratoire, du temps, de l’histoire, celle des hommes et celle de la mer, resteront-elles la seule référence en matière de décorum sous-marin ? Quels critères paysagers seront alors privilégiés ? Avec l’artificiel, l’art et l’artifice prennent racine. Cette volonté de mise en valeur des espaces sous-marins naturels par un paysagement ordonné s’insère dans des projets de gestion environnementale (Van Treeck, Schuhmacher, 1998) ou dans des projets économiques liés au « tourisme sous-marin » (Ditton et al., 2002 ; Musard, 2002). Accroître la valeur marchande de l’espace subaquatique devient la finalité de ces récifs artificiels et ce, pour les différents utilisateurs de ce milieu.
36De même, sur le plan institutionnel français, les réflexions scientifiques concernant les notions d’espèces ou d’espaces patrimoniaux « déterminants » et les évolutions réglementaires liées à Natura 2000 ont permis une modernisation des ZNIEFF-Mer (Bellan-Santini, 2002). Les ZNIEFF-Mer de la région PACA prennent ainsi en compte la vulnérabilité des habitats d’intérêt patrimonial suivant un gradient à trois niveaux en privilégiant des critères de type « valeur patrimoniale » de l’habitat, « rareté » de l’habitat, « valeur esthétique » et « valeur économique ». Pour la valeur esthétique, la typologie est précisée de la façon suivante : « 1- habitat d’une grande valeur esthétique et paysagère ; 2- paysage d’une valeur esthétique moyenne ; 3- paysage banal ». À titre d’exemple, les peuplements de Paramuricea clavata sont considérés comme dotés d’une forte valeur paysagère, les grottes sous-marines submergées comme participant de la valeur esthétique des paysages sous-marins et l’herbier à Posidonia oceanica comme un « paysage sous-marin de haute valeur esthétique ». Pour autant, ce n’est pas à ce titre que cette phanérogame marine est protégée (Arrêté du 19 juillet 1988 publié au Journal officiel du 9 août 1988), reflétant ainsi l’absence de réalité juridique concernant la notion de « paysage sous-marin », qui n’est pas donc pas encore reconnue dans les textes législatifs français afférents au thème du paysage et à sa protection (Beurier, 2000).
Conclusion
37La frange sous-marine du littoral, qui devient un territoire à part entière, est représentée, figurée, traversée et observée. Sa vocation récréative et touristique s’affirme et se confirme. Elle se structure socialement et économiquement autour d’images et de représentations où se confondent esthétisme, émotions et sensibilités. L’inconnu a ainsi été totalement médiatisé et socialisé par l’omniprésence d’une image mise en scène. Cet univers, enfin abordé sous son plus bel angle, suscite l’intérêt du plongeur et du non-plongeur. Mais entre paysages sous-marins et écocomplexes, entre paysages sous-marins et habitats, la communauté scientifique reste hésitante quant à la terminologie à adopter et à valider. Pourquoi forger un nouveau terme dans l’étude des fonds sous-marins ? Cette hésitation révèle que, pour reconnaître un fondement à cette expression, il faut, d’une part, nécessairement pratiquer cette transversalité scientifique, entre sciences sociales et humaines et sciences de la nature, et d’autre part, développer l’entité « territoire ». En effet, la notion de « territoire », et plus exactement celle de « territoire sous-marin », constitue une passerelle, « à la fois mise en relation des sciences naturelles et des sciences sociales, et mouvement scientifique en cours de constitution et dont le corpus témoigne » (Mathieu, 1992). Les notions de « territoire sous-marin » et de « paysage sous-marin » peuvent se laisser appréhender, autant par les biologistes marins que par les géographes, puisque cette dimension sous-marine du littoral est l’objet d’une anthropisation croissante. Le paysage sous-marin est une composante et une notion constitutive du territoire sous-marin. Il s’agit d’une clé de lecture pour des observateurs directs et d’une clé d’interprétation pour des observateurs indirects ou pour ceux qui sont chargés de favoriser la lecture d’un territoire ou d’un micro-territoire sous-marin. Il illustre l’approche « traversière » du système GTP proposée par G. Bertrand et Cl. Bertrand (2002), une démarche « hybride, susceptible d’associer des contraires : nature et société, subjectif et objectif, individuel et collectif, théorique et pratique, science et culture, ordinaire et extraordinaire, etc. » et s’inscrit clairement dans le prolongement des réflexions sur le système paysager de T. Brossard et J.-C. Wieber (1984).
38En ce sens, le paysage sous-marin peut être défini comme une « mosaïque identifiable de biotopes organisés spatialement et de ses biocénoses associées, il est observé et représenté globalement ou en partie, suivant des conditions de perspectives et de profondeurs de champ variables et suivant une grille de lecture dont le niveau d’objectivité et de subjectivité dépend de la culture de l’observateur » (Musard, 2003). Cette définition suggère des notions d’unité écologique, faunistique, floristique, géomorphologique et topographique. Elle se développe à partir de la notion de profondeur de champ et d’espace masqué, l’observateur se déplaçant au sein d’une masse d’eau ou à sa surface, avec des conditions aléatoires de visibilité et de lisibilité pouvant être modifiées par la topographie. Le niveau scalaire de cette lecture des paysages sous-marins est donc inhérent à la position de l’observateur et à la profondeur de champ dont il bénéficie. Ces paramètres physiques sont déterminants mais ils sont également amplifiés par la grille de lecture de l’observateur, constituée de filtres liés à sa culture et à ses connaissances. Cette capacité n’est pas figée : elle s’affine soit parce que le regard est orienté et qu’il est conduit par des éléments extérieurs (panneaux immergés, cartes en 3 D par exemple), soit parce qu’en termes de vécu et de connaissance, il devient plus facile pour l’observateur d’identifier la diversité des paysages sous-marins. Du général au particulier, c’est-à-dire du géosystème à la microbiocénose, l’interprétation et l’usage du paysage sous-marin comme clé de lecture permettent ainsi d’affiner le regard sur des systèmes écologiques à dimensions variables au sein d’un territoire sous-marin. Cette notion est reconnue par les plongeurs sous-marins, par les opérateurs de plongée, par les gestionnaires d’aires marines protégées ou de sentiers sous-marins et, progressivement, par les biologistes marins. Elle doit également l’être par les géographes car la notion de paysage sous-marin participe d’une nouvelle forme de territorialité, celle liée à la frange sous-marine du littoral.
Remerciement
Au Professeur Kirill M. Petrov (université de Saint-Pétersbourg, Confédération de Russie) pour les échanges d’informations relatives à la question du « paysage sous-marin », ainsi qu’au Comité de lecture et à la rédaction de L’Espace géographique pour ses appréciations, critiques et commentaires.Références
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Mots-clés éditeurs : géosystème, paysage sous-marin, territoire, plongée sous-marine, écocomplexe
Date de mise en ligne : 01/08/2007
https://doi.org/10.3917/eg.362.0168