This article focuses on the Sports Committee of the USSR and, in particular, highlights the role played by the Moscow-based House of Sportswear Prototypes (DMSO). This organization hired artists and fashion designers to develop prototypes that offered both aesthetic and functional innovations. Our research identifies three stages in the development of the Soviet sportswear industry in the post-Second World War period: the late 1940s to the late 1950s, the two decades from 1960 to 1980 and from then to 1991. It also explores the Soviet attempt to create a non-capitalist system of selection and development of products for mass production. It highlights the opening of the specialized design center, the DMSO, in 1962, whose fashion designers were responsible for the whole range of sportswear. This pioneering move was not successful, however, as problems emerged within the structure of the planned economy. These problems included the complexity of coordinating the different actors in the supply chain, tensions between designers and factories and an industrial structure within which the mass production of sporting goods did not operate as an independent industry. There were also problems with the related industries that developed and supplied new production machines as well as new artificial raw materials and there were issues of industrial exchange.
From the 1960s, the industry adopted a new approach for sportswear by adapting to aesthetic trends as a desirable feature of modernity. It invited fashion professionals to apply their design practices to a wide range of sportswear, from performance cloth to mass-produced items for a broad range of consumers. This analysis challenges the perception that interactions between the fashion industry and the mass sportswear industry is a relatively new phenomenon that only emerged in the 2000s.
Grandes espérances et rêves inaccomplis : la conception et la production de vêtements de sport dans la dernière phase de l’URSS (années 1960-1991)
Cet article est centré sur le Comité des sports de l’URSS et en particulier sur la Maison des prototypes de vêtements de sport (DMSO), située à Moscou, qui embauchait des artistes et des créateurs de mode pour développer des innovations à la fois esthétiques et fonctionnelles. Il propose d’abord une chronologie du développement de l’industrie soviétique des vêtements de sport après la Seconde Guerre mondiale. Trois périodes peuvent être distinguées : de la fin des années 1940 à la fin des années 1950, de 1960 à 1980 et de 1980 à 1991. L’article explore ensuite la tentative soviétique de créer un système non capitaliste de sélection et de développement de nouveaux produits pour la production de masse. Elle passe par l’ouverture en 1962 d’un centre de conception spécialisé (la DMSO), qui emploie des créateurs de mode et est responsable de toute la gamme de vêtements de sport. Toutefois le succès reste limité. Le potentiel de cette initiative révolutionnaire n’a pas été exploité du fait des limites de l’économie planifiée et des problèmes rencontrés : une coordination complexe des différents acteurs dans la chaîne de production ; des tensions entre les concepteurs et les usines ; la structure industrielle, dans laquelle la production de masse d’articles de sport ne fonctionnait pas comme une industrie indépendante ; les industries dites connexes qui développaient et fournissaient de nouvelles machines de production ou encore de nouvelles matières premières artificielles ; enfin, les enjeux d’échange industriel.
À partir des années 1960, cette industrie a adopté une nouvelle approche, considérant les nouveautés du sportswear liées aux tendances esthétiques contemporaines comme une caractéristique de la modernité. Elle a donc fait appel à des professionnels de la mode qui ont appliqué la pratique du design désormais en vogue à une large gamme de vêtements de sport, des vêtements de performance aux articles produits pour un grand nombre de consommateurs. Cette analyse permet de réviser la vision dominante des interactions entre l’industrie de la mode et la production de masse de vêtements de sport, en montrant que celles-ci ne sont pas un phénomène nouveau apparu seulement dans les années 2000.