Notes
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Pour qualifier les actes incommodants employés par le sujet, nous choisissons de parler de « bêtises ». La notion de bêtise, telle que la propose Rubens Smadja (2009), a l’avantage d’être moins stigmatisante. En effet, même si Winnicott a rattaché l’antisocialité à l’espoir de corriger des défaillances précoces du milieu, cette notion demeure péjorativement connotée,
1 Winnicott nous a enseigné que grandir est par nature un acte agressif (1968, p. 228). En effet, si l’enfant grandit « avec » ses parents, étayé par eux, il grandit aussi « contre » eux, en s’opposant à eux. Généralement, l’idée d’opposition renvoie l’imaginaire de tout un chacun à la période de l’adolescence, pourtant, le conflit opposant adultes et enfants commence bien avant. Il débute vers deux ans, durant la période que Karl Abraham a baptisée « stade anal ». À l’occasion de cette phase, une véritable lutte s’engage entre les adultes et l’enfant.
2 Ce faisant, dans ce numéro consacré aux conduites d’opposition, nous nous pencherons sur les particularités de cette période du développement, afin de comprendre le sens du besoin d’opposition que le petit enfant y manifeste. Nous étudierons les tenants et les aboutissants du conflit intergénérationnel qui s’instaure, dans l’objectif d’analyser sa fonction psychique et sociale chez l’enfant. Nous verrons qu’à travers ses comportements d’opposition, celui-ci cherche à se « soulager » (pour reprendre le terme que Freud emploie en 1913) de sa destructivité interne, tout en construisant son autonomie psychique. Une autonomie dont le devenir dépend de la réponse que les adultes fournissent aux attaques de l’enfant. Pour mieux entrevoir cela, il convient d’ores et déjà d’étudier l’intense union qui relie le nourrisson à son environnement maternant, afin d’envisager les raisons pour lesquelles le petit enfant éprouve précocement le besoin de s’opposer à ceux qui le font grandir.
Quand un plus un était égal à un
3 Durant le stade oral, le contact du nourrisson avec le monde s’effectue par la bouche. Ceci tant au niveau physiologique, en ce qui concerne l’introduction des aliments dans le corps, qu’au niveau psychique, dans la mesure où le bébé se nourrit des affects produits par son environnement. Il avale le monde. Aussi le lien du nourrisson avec le milieu extérieur fonctionne de façon centripète. Le bébé est en effet ouvert au monde, c’est une condition sine qua non pour l’introjecter. Il n’y a donc pas de limite entre lui et les autres, puisque la construction de sa vie psychique passe d’emblée par eux. Le Moi du nourrisson, c’est les autres, et principalement la mère. C’est sur elle que repose la sécurité physique du bébé. La construction de son sentiment du Moi dépend de la mère. Les soins qu’elle apporte à son bébé lui fournissent l’éprouvé d’un enveloppement psychique. Ceci nécessite qu’elle s’accorde tout à fait à lui, qu’elle soit en osmose avec lui. Mais ceci entraîne un brouillage des identités (Mellier, 2012). Le bébé et la mère sont en effet à tel point soudés l’un à l’autre qu’il est difficile de les appréhender l’un sans l’autre. C’est la raison pour laquelle Winnicott (1952, p. 200) a formulé l’aphorisme selon lequel « Un bébé n’existe pas. » Il n’existe pas sans son environnement maternant. Il a besoin de s’identifier à sa mère, à son regard, à ses gestes, à son odeur pour exister. Le bébé rassemble sa sensualité éparse et maintient sa personnalité grâce à sa mère (Ciccone, 2012). Sans elle, et sans l’attention continue qu’elle procure à l’égard de sa vie émotionnelle, le bébé ne peut pas se sentir contenu dans sa propre peau. La construction de son Moi dépend des réponses que sa mère fournit, ou non, à ses besoins. En y répondant suffisamment adéquatement, elle fait office de miroir. Or, pour remplir cette fonction, il faut qu’elle fasse l’effort de penser à la place de son bébé et se montre capable de déchiffrer des besoins et des souffrances que lui-même ignore.
4 Ce processus qui consiste à reconnaître et accueillir les éprouvés du bébé met ainsi en jeu des qualités d’empathie extrême. La mère doit être capable de partager les affects de son enfant. Or cette capacité de « préoccupation maternelle primaire » (Winnicott, 1956) la conduit insensiblement à partager ses propres états émotionnels avec son bébé. L’enveloppement psychique qu’elle procure à son nourrisson est à la base de processus intersubjectifs extrêmes. Pas simplement « collés », la mère et son bébé sont amalgamés l’un à l’autre ; pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi, si la mère est angoissée, son bébé l’est également. Il vit ce qu’elle vit, sans distinction, parce que sans distanciation possible. Cette première forme de contenance que la mère fournit à son petit durant le stade oral met donc en jeu un processus paradoxal où deux êtres n’en font temporairement qu’un. Jean-Bertrand Pontalis (1965) a d’ailleurs parlé de « On primordial », pour définir cette symbiose aussi intense que confuse.
5 « Je » est un autre, parce que sa construction passe d’abord par l’autre. L’état d’incomplétude, ou « désaide » (Freud, 1895 [1950]), dans lequel le bébé se trouve, fait qu’il est hyper dépendant de son environnement, sans lequel il est paradoxalement incomplet. Or, à mesure que son sentiment de continuité d’être se développe, et qu’il se découvre progressivement lui-même comme sujet à part entière, l’ex-bébé éprouvera le besoin de s’extirper de cette union fusionnelle. Si elle a été nécessaire au départ, elle devient néanmoins envahissante après, durant l’entrée dans l’analité. À ce propos, Jean Bergeret (1984) parle d’un moment durant lequel le lien est conçu comme un rapport de pouvoir et non d’altérité. La présence d’autrui est synonyme d’annihilation fantasmatique pour l’enfant qui raisonne alors selon des logiques binaires – logiques propres à l’analité – : « Un ou zéro », « l’autre ou moi ». La rencontre de deux entités distinctes n’est pas concevable autrement que comme un rapport de force dans lequel il s’agit de tuer ou d’être tué, de vaincre ou d’être vaincu (ibid., p. 219). La relation se présentant comme foncièrement rivale, elle fait osciller le champ interpersonnel en fonction de la loi du moi ou lui, « entre la nécessité soit de la perte de l’autre soit de la perte de soi-même » (ibid.).
6 Le petit enfant désirera donc se défaire de cet autre-maternant par qui il se sent dorénavant menacé. Une des solutions privilégiées se trouvera dans la violence. L’enfant tentera de contrecarrer le vécu d’annexion qu’il ressent vis-à-vis de cet autre en s’opposant à lui et à ses attentes. Éprouvant le besoin d’exister par lui-même et pour lui-même, l’enfant tentera de s’installer à son compte, contre le milieu (Bergeret, Houser, 2001). En conséquence, l’enfant entrant dans la phase d’organisation anale va conquérir son autonomie en s’opposant aux adultes. Il va leur dire non à tue-tête, comme on l’observe aisément de la part des petits enfants âgés d’environ 2 ans. Mais l’enfant va aussi mettre en acte cette opposition de façon moins perceptible. Ainsi, il va mentir et faire des secrets pour s’aménager un espace intime, le préservant de la menace qu’induit fantasmatiquement la proximité avec les adultes.
Se cacher pour exister
7 L’expérience d’être contenu par un objet qui comprend sa vie émotionnelle donne une corporéité psychique au bébé. C’est, d’après Albert Ciccone (2003), suite à la répétition de l’expérience sécurisante d’avoir sa place dans le psychisme d’un autre qui le comprend, que le bébé intériorise progressivement le sentiment d’être contenu dans sa peau. En revanche, si le fait d’être en présence d’une mère qui connaît ses besoins et ses douleurs, sans même qu’il ait à les articuler, permet au bébé d’apprendre à les reconnaître à son tour, la contrepartie de ce processus tient au fait qu’il ne se sent pas propriétaire de son identité. À mesure que s’est développée une sensation de passivité à l’égard de sa mère, l’enfant a fini par imaginer qu’il est à tel point indissociable d’elle, qu’il ne dispose pas d’écran le différenciant et le protégeant d’elle. En somme, le jeune enfant a le sentiment d’être transparent à sa mère. Il se sent fantasmatiquement perméable à la pensée des adultes.
8 Au sortir du stade oral, ceux-ci sont donc perçus comme des êtres si puissants que l’enfant les pense capables d’entrer dans son esprit. Ce qui explique pourquoi les adultes n’ont aucun mal à faire croire qu’ils sont au courant des bêtises faites en leur absence. Il suffit d’un « mon petit doigt m’a dit » pour que l’enfant se persuade qu’effectivement ses parents sont au courant de ses moindres faits et gestes, et même de ses pensées inavouables. Les adultes dégagent ainsi une aura persécutrice. Le petit enfant nourrit un sentiment d’impuissance vis-à-vis d’eux. Il suppose que les « grands » savent mieux que lui qui il est. Ainsi un fantasme de porosité du Moi advient. Celui-ci est on ne peut plus inquiétant. L’enfant se sent en effet livré à la merci des adultes. Il oscille entre l’angoisse de les voir s’éloigner et la crainte d’un trop grand rapprochement avec eux. Au stade anal, la trop grande proximité avec l’objet induit la crainte de perdre tout écran protecteur face à lui. L’enfant éprouve en retour le besoin de mettre cet objet à distance de sa vie psychique. Aussi fait-il en sorte de démarquer ses pensées de celles des adultes à travers différentes cachotteries, plus ou moins bénignes.
9 D’après Jacques André (2009), la première d’entre elles serait la grimace de l’enfant sur le pot, qui fait croire aux adultes qu’il a « fait » pour garder secrète sa chose intime. Il a en effet besoin de faire contrepoids au terrifiant fantasme d’une omniscience parentale. L’enfant perçoit ses parents comme des êtres si puissants qu’il les imagine capables de connaître ses pensées, sans qu’il leur en ait fait part. Il se fabrique en retour des secrets dans le dessein inconscient d’affirmer son existence. Une existence qu’il devait, certes, à la présence soutenue de son environnement maternant lorsqu’il était bébé, mais qui passe désormais par un relatif éloignement d’avec les adultes. Cette mise à distance s’opère à bas bruit, à travers la ligne de démarcation que forment invisiblement le mensonge et le secret. Ceux-ci vont en effet faire office de rempart entre l’enfant et son environnement.
10 Victor Tausk (1919) est le premier analyste à avoir mis en avant la fonction de « fermeture narcissique » du mensonge. Quand l’enfant ne se sent pas encore propriétaire de ses pensées, il se préserve du sentiment de perte de limites que représente ce lien ambigu avec le monde au moyen du mensonge. Le jeune enfant qui ne se vit pas encore comme une entité psychique autonome, à qui il semble que les adultes peuvent lire dans sa tête, use de cet « acte-parlé » (Chapellon, 2011a) pour préserver son autonomie psychique. En mentant, il s’assure qu’il n’est pas transparent aux autres et qu’il peut avoir des pensées auxquelles nul autre n’a accès. Quand l’enfant réussit son premier mensonge et découvre que ses parents peuvent croire son énoncé, il porte un coup décisif à leur toute-puissance supposée (Aulagnier, 1976). De cette manière, le mensonge participe à la formation du Moi en permettant à l’enfant de délimiter une frontière entre le monde et sa psyché, encore insuffisamment étanche (Chapellon, Houssier, 2015).
11 Le mensonge fait office d’écran, servant à protéger les frontières du Moi lorsque celles-ci sont encore trop indéfinies et que le sujet les sent mises en péril par la présence d’autrui. Le mensonge répond au besoin de s’opposer à un vécu d’empiétement en sanctuarisant le psychisme de l’enfant. Parce qu’il sait que ce qu’il dit aux adultes est faux, ce dernier s’octroie un pouvoir sur eux. Inconsciemment, les choses se passent à peu près ainsi : « Je suis capable de les tromper, parce que je suis plus puissant qu’eux. Je ne suis donc pas impuissant ! » (Chapellon, Marty, 2015). En ayant l’assurance d’induire les adultes en erreur à travers différentes petites cachotteries apparemment bénignes, l’enfant se place donc fantasmatiquement au-dessus d’eux. Les savoir trompés lui permet d’éradiquer l’angoisse d’être dominé par eux.
12 En définitive, l’enfant est naturellement poussé à mentir pour pouvoir démarquer sa pensée de celles des adultes, hors du regard desquels il a le sentiment de cesser d’exister. À travers cette conduite, il contre-investit la menace qui plane sur son Moi encore inachevé, en se rendant impénétrable. Le mensonge répond en cela à un besoin de contenance. Cet acte entre dans une logique de revendication identitaire. Il répond à l’angoisse paradoxale de perdre l’autre et de se perdre dans l’autre.
13 L’enfant anal désire à la fois s’émanciper des adultes et vérifier la qualité du lien qui l’unit à eux. Ces besoins antagonistes l’amènent à agir de façon paradoxale avec son environnement humain. Il va en effet s’attaquer aux adultes, non pas dans le but de les détruire, mais pour vérifier la qualité du lien qui les unit. Nous allons voir comment le « chaos » que l’enfant instaure a une valeur organisatrice de sa vie psychique.
Quand les adultes s’opposent à l’hédonisme enfantin
14 Durant le stade anal, la question du soin que les parents, et principalement la mère, prodiguaient au nourrisson passe au second plan par rapport à celle de l’éducation. Le « bébé » n’est plus appelé ainsi, il n’est plus considéré comme tel. C’est du passé ! Dorénavant, les parents utilisent cette nomination de façon péjorative. Ils disent à leur enfant qu’il se conduit comme un « bébé » quand il manifeste des conduites inappropriées, notamment quand il s’oublie et fait « pipi » ou « caca » sur lui. Une première règle est en effet apparue, une règle qui est venue bouleverser la vie de l’enfant : celle de la propreté. L’ex-bébé est désormais contraint de retenir ses excréments et de les déposer dans un endroit approprié. Il doit apprendre à être propre, pour faire plaisir à ses parents et être accepté par le groupe. Aussi cette première règle a-t-elle des conséquences considérables, elle bouleverse la vie de l’enfant en lui imposant de grands remaniements, à la fois sociaux et psychiques. L’obligation de propreté que les parents imposent amène l’enfant à découvrir que la société lui impose des limites l’empêchant de faire tout comme il veut, au moment où il veut. Le petit enfant n’accepte pas naturellement de se plier à cette injonction. Ceci non seulement parce que l’abandon des selles est assimilé à la perte d’une partie de soi, mais également car cette règle de propreté va à l’encontre de son hédonisme. L’enfant est tiraillé entre le désir de rester bébé en se laissant aller à n’écouter que son bon plaisir, et celui de satisfaire à cette injonction de propreté. Or celle-ci n’est pas simplement exercée par le milieu familial. Le Surmoi parental est en effet lui-même porteur d’enjeux civilisateurs. À travers les paroles des parents, c’est aussi, plus largement, la société qui impose à l’enfant une limite. Ce faisant, c’est un travail de culture qui oblige l’enfant à des renoncements. Il fait le deuil de son statut de bébé en se soumettant à cette exigence de propreté que lui impose la culture. Ce renoncement a néanmoins des bénéfices : en échange, l’enfant est intégré au groupe, accueilli par lui. Lorsque les choses se déroulent « bien », c’est-à-dire lorsque l’enfant ne se sent pas seulement contraint, lorsqu’il sent qu’il ne perd pas seulement son droit passé à faire ce qu’il voulait, il comprend qu’il gagne aussi un nouveau statut social. Dorénavant, il est enfant et non plus bébé.
15 Si le stade anal est synonyme de limitations, il doit également être compris comme source de gratifications et de plaisirs nouveaux. L’enfant se sent notamment détenteur dans son corps d’un objet précieux. Il sait désormais qu’il peut satisfaire les adultes en déposant ses selles dans un pot. Ce geste représente pour lui un cadeau offert aux adultes, sa première occasion de réaliser un acte gratifiant. L’enfant idéalise donc cet objet qui sort de lui car il sait que celui-ci le place au centre de l’attention des adultes. L’enfant comprend qu’il peut se soumettre à leur désir en déféquant où ils le souhaitent, mais qu’il peut de plus revendiquer son hostilité à leur égard de façon inverse. Il possède désormais un moyen de leur manifester son opposition en faisant n’importe où, n’importe quand. Par exemple, le petit enfant que ses parents viennent de réprimander se vengera parfois d’eux en urinant sur lui ou en déféquant dans un lieu inapproprié. Il sait (au sens inconscient de ce terme) en effet que ce type de conduite, manifestement non maîtrisée, dérange les « grands ». Aussi, durant cette période d’apprentissage, les adultes assisteront-ils, impuissants, à de fréquents « dérapages » de leur enfant à l’occasion d’épisodes conflictuels entre eux. L’enfant fait donc vivre aux adultes son propre sentiment d’impuissance face à la nouvelle forme de lien qu’engendre ce stade, où il est question d’interdit et de renoncement. Ainsi l’expulsion « incontrôlée » des selles trouve-t-elle une fonction d’exutoire. Quand son envie de ne plus se maîtriser en respectant les règles s’intensifie, l’enfant peut manifester son besoin de régression en « se lâchant ». Le processus physiologique du soulagement intestinal sert de cette façon le processus psychique de la décharge pulsionnelle : l’enfant ne lâche pas seulement ses selles, mais aussi ses affects déplaisants. Il découvre qu’il peut manifester sa colère, son refus de soumission et attaquer son entourage en passant par l’acte de salir. Il peut faire vivre aux autres les émotions qui le dérangent à l’intérieur en les mettant de la sorte en scène. Ainsi, en « fécalisant » (Chasseguet-Smirgel, 1971) son univers, l’enfant concrétise ses fantasmes destructeurs. En évacuant ses selles dans des lieux inappropriés, il défléchit ses propres angoisses au dehors. L’enfant externalise ses propres pulsions violentes et son chaos intérieur sur les adultes en s’opposant de cette façon à cette règle de propreté. Il paraît donc important de souligner que si l’apparition de celle-ci introduit l’enfant à la vie sociale, elle lui sert aussi d’arme. En transgressant cette règle, il s’appuie dessus pour revendiquer son existence. Mais s’il cherche à s’affranchir des diktats parentaux, c’est non seulement dans le but de s’affirmer, mais également pour se soulager d’affects qu’il n’est pas en capacité de verbaliser. Le plaisir d’excréter, surtout le plaisir de le faire contre les parents, est lié au besoin d’extérioriser, par retournement, sur eux des affects autrement innommables. En retour, le stade anal est le lieu d’une confrontation. Une lutte s’engage entre les grands qui tentent d’imposer cette première règle de vie à l’enfant et lui qui va l’utiliser comme un moyen de leur livrer inconsciemment son mal-être, en la refusant.
16 L’enfant anal multiplie les attitudes incommodantes pour interpeller les adultes. Inconsciemment, il leur donne la charge de gérer sa destructivité interne. Celle-ci devient en effet moins floue, moins insaisissable par l’enfant, car elle se concrétise au sein des interactions familiales. Il est attendu du cadre de vie auquel l’enfant s’oppose qu’il prenne en charge du dehors ses fantasmes destructeurs, et potentiellement déstructurants. Sa violence intérieure est donc manifestée au dehors, afin d’être co-gérée par son environnement. Ainsi, l’enfant à qui ses parents inculquent la propreté va-t-il utiliser cet apprentissage pour le transgresser. Les règles ne sont-elles pas faites pour être transgressées ? Celles qui apparaissent au stade anal ont pour vertu de permettre à l’enfant d’exprimer des émotions dont il ignore lui-même l’existence. Mais ces règles auxquelles l’enfant s’oppose vont aussi lui permettre de tester la solidité de son cadre de vie. Nous allons voir qu’en l’attaquant, l’enfant crée sans le savoir les qualités de l’objet auquel il doit s’identifier.
S’opposer à l’autre pour le faire exister
17 Alors que le bébé en situation d’impuissance attendait passivement que son environnement le secoure, il se découvre maintenant capable de retourner la situation antérieure. Au stade anal, il découvre qu’il peut activement faire subir aux adultes ses émotions les plus dérangeantes. Dorénavant, plutôt acteur qu’agent, son fonctionnement n’est plus calqué sur le mouvement centripète de la succion, mais sur celui centrifuge de l’expulsion. L’enfant sort de la confusion « Moi-monde » qui caractérisait l’oralité par le biais de petites exactions contre son environnement humain. Cherchant à s’extraire de l’union fusionnelle mère-bébé, l’enfant anal forge son Moi à travers des attitudes d’attaque-rejet. Il s’insurge contre les grands. Cette rébellion a une valeur organisatrice en ce qu’elle promeut une ligne de démarcation entre l’enfant et les adultes.
18 Or le conflit que l’enfant installe représente aussi une occasion de mesurer la qualité de l’investissement des adultes à son égard. Quelles réponses ces derniers vont-ils, ou non, apporter aux actes transgressifs de l’enfant ? Ses comportements incommodants représentent un test concernant sa relation aux parents. Ces derniers sont évalués dans leur « potentiel identificatoire » (Aulagnier, 1975), c’est-à-dire dans ce que l’enfant pourra prendre d’eux en lui.
19 Selon Winnicott (1969, p. 241), « la pulsion destructrice du sujet crée la qualité de son environnement ». Les comportements agressifs que l’enfant manifeste constituent en effet un moyen de tester la solidité des adultes. L’enfant structure progressivement son lien à eux autour du rapport de force qu’il instaure. La violence qu’il manifeste à l’encontre de ses aînés les oblige insensiblement à se positionner par rapport à lui. Ce faisant, c’est à ce positionnement parental que l’enfant s’identifie. Les conduites d’opposition de l’enfant ne représentent donc pas seulement un moyen de les tester, elles sont aussi l’occasion de mesurer ce qu’ils sont capables de lui transmettre. L’enfant vérifie inconsciemment la qualité de l’amour des adultes en s’assurant qu’ils répondent à ses exactions. L’enfant s’assure ainsi de la force de ses aînés en les poussant à se positionner vis-à-vis des situations conflictuelles qu’il leur impose. Ils ne pourront donc pas se soustraire aux duels que l’enfant génère fréquemment lorsqu’il commet de petites infractions vis-à-vis règles familiales. Les parents le sentent bien : généralement, l’enfant ne transgresse pas les interdits par simple ignorance. Non, il les teste. Ceci au travers d’une sorte de jeu motivé par la logique suivante : « Montre-moi comment tu répondras à mes actes, afin que je sache qui tu es vraiment, au fond, et ce que je représente à tes yeux » !
20 Les bêtises [1]1 de l’enfant représentent donc un effort préliminaire au mouvement de mise en soi des figures parentales. Ceci nécessite cependant qu’une résistance soit opposée à l’enfant. Il faut que les adultes résistent à l’agressivité qu’il leur manifeste. Ils doivent être capables de s’opposer aux conduites d’opposition de l’enfant. Dans ce processus en « détruit-trouvé » (Khan, 1974, p. 76), l’objet n’est trouvé qu’à condition de ne pas être détruit. Il faut que les adultes se confrontent aux attaques de l’enfant, sans les éviter, ni en dénier la violence, pour que lui, de son côté, puisse sentir qu’ils y survivent. Il importe donc que les parents ne démissionnent pas, et restent – peut-être malgré eux – bien vivants pour faire face aux interactions violentes engendrées par l’enfant. Celui-ci se dotera alors des limites que les grands disposent face à lui lorsqu’ils font barrage à ses attaques. La solidité du cadre externe fourni par les adultes représente en effet le terreau sur lequel l’enfant construit son cadre interne, par une identification détournée. On peut de ce point de vue revenir à Freud qui, dans Le moi et le ça (1923), écrivait déjà que l’enfant s’étant rendu compte que les parents, surtout le père, constituaient un obstacle à la réalisation de ses désirs, dresse en lui-même l’obstacle en question : « C’est au père que, dans une certaine mesure, il emprunta la force nécessaire à cet effet, et cet emprunt constitue un acte lourd de conséquences. Le Sur-Moi s’efforcera de reproduire et de conserver le caractère du père […] » (ibid., p. 204). Une page plus loin, Freud résume sa pensée ainsi : « Petits enfants, nous avons connu ces êtres supérieurs qu’étaient pour nous nos parents, nous les avons admirés, craints et, plus tard, assimilés, intégrés à nous-mêmes » (ibid., p. 205). Ce développement vient prolonger la réflexion que Freud avait émise sept ans plus tôt, lorsqu’il expliquait l’« inexplicable méchanceté » de l’enfant vis-à-vis de ses parents par un besoin de punition (Freud, 1916).
21 L’enfant provoque agressivement les adultes pour tester le cadre externe qu’ils ont à lui offrir. Le Moi de l’enfant s’alimente en effet de ce cadre. Ce processus s’observe dans l’appropriation et l’utilisation du mot « non ». Prenons l’exemple du petit enfant à qui il a été interdit de toucher au vase de Mamie. L’enfant se montre intéressé par cet objet car l’interdit qui l’environne lui donne une valeur. Quand il s’en approche, sa mère lui dit « non » en hochant la tête, et éventuellement en lui montrant le plat de sa main. Peut-être, au début, saisit-il le vase ; il est alors stoppé par sa mère qui lui dit « non ». Plus tard, en présence du vase, il hésitera ; regardant sa mère, il lui répétera à son tour le mot « non » en agitant le doigt de droite à gauche, comme elle le faisait. L’enfant lui indique alors sans le savoir qu’il est en train d’intérioriser cet interdit auquel il s’opposait initialement. Il n’intériorise pas seulement le mot « non », mais aussi les interactions familiales qui lui ont trait. L’acte de renoncement que manifeste l’enfant témoigne alors du fait qu’il s’est identifié à celle qui l’a contraint à ce renoncement. Ainsi, si le « non » est bel et bien un organisateur psychique (Spitz, 1962), il est toutefois à relever que cette organisation psychique s’effectue d’abord en appui sur l’interaction à laquelle le refus parental donne lieu. Le non est internalisé en tant que symbole après avoir été préalablement soutenu par l’adulte. L’enfant ne s’approprie en effet pas uniquement la fonction symbolique du mot « non », mais il s’identifie également à la personne qui s’oppose à sa conduite d’opposition. Cette conduite crée donc l’objet que l’enfant intériorise.
À qui l’enfant désobéit-il ?
22 Le rapport de force que l’enfant installe avec les personnes avec qui il entre en opposition sous-tend, nous l’avons vu, un test. Lorsqu’il désobéit, l’enfant cherche à se situer par rapport aux adultes. Apparemment, il essaie de leur tenir tête, mais inconsciemment son besoin est ailleurs. Lorsqu’il refuse visiblement de se plier aux injonctions de ses aînés, l’enfant vérifie en fait la qualité de leur présence à ses côtés. Lorsqu’il tient tête aux adultes, l’enfant s’assure de leur ascendance sur lui, il s’assure de la présence d’un écart entre les générations. En effet, rien n’est plus angoissant pour le « petit » que d’avoir affaire à un lien de nature symétrique. Si la ligne censée marquer l’écart avec les adultes s’avère floue dans l’esprit de l’enfant, alors il s’opposera aux attentes et aux demandes de ses aînés. L’enfant les rappelle de la sorte à l’ordre. L’ordre qui n’est pas suffisamment signifié dans leurs comportements. Ce qu’il désire inconsciemment, c’est écarter toute proximité incestuelle. La violence enfantine apparaît ainsi souvent comme le symptôme de relations familiales ambiguës (Vicente, Chapellon, 2015).
23 Or cette ambiguïté peut être liée à l’absence d’une tiercéité sociale entre l’enfant et ses parents. En effet, normalement, la société participe à organiser les rapports intrafamiliaux en aidant invisiblement les adultes à trouver une suffisamment bonne distance avec leur enfant (Chapellon, 2015). Les normes et les valeurs en vigueur dans une société donnée concourent à en cadrer le rapport parent-enfant. La culture guide les parents dans l’éducation qu’ils ont à donner à leur enfant en disposant pour eux des lois sur lesquelles s’étaieront les règles de la maison. Celles-ci offrent en retour un cadre contenant, tant pour l’enfant que pour les adultes en permettant à la fois d’exprimer et de contenir la haine ordinaire présente dans les foyers. Encore faut-il, répétons-le, que des règles familiales encadrent la violence inconsciemment présente au sein des foyers. Or lesdites règles sont le fruit de celles en vigueur dans la société. Les règles familiales promeuvent en effet insensiblement des règles de vie en société.
24 Les adultes s’inscrivent, certes, dans un mouvement de perpétuation de valeurs familiales ancestrales, mais ce faisant, ils perpétuent aussi les normes et les valeurs en vigueur dans leur culture. Selon le pays où l’on vit, on ne s’attache pas aux mêmes valeurs, et l’on ne prodigue pas les mêmes interdits. Cependant, la question se pose de savoir si la règle du pot n’approcherait pas l’universel, au même titre que l’interdit du meurtre et celui de l’inceste. Chose certaine, cette règle, défendue par les parents, est également une règle de vie sociale. En France, par exemple, un enfant ne peut entrer à l’école maternelle qu’à la condition d’avoir déjà acquis la propreté chez lui. Cet objectif impose aux parents de rendre leur enfant propre. Ainsi, les parents subissent également une règle. L’usage du pot est une règle coercitive s’imposant à tout parent, sous peine de stigmatisation, de rejet social. C’est en ce sens que les lois familiales s’avèrent conditionnées par les règles sociales. Le cadre familial est soumis aux codes de la société. Cette dernière diffuse un ensemble de valeurs, et donc d’interdits, qui modèlent les attitudes parentales. L’enfant ne s’identifie pas seulement au Surmoi des adultes, mais également, à travers lui, aux valeurs sociales que les interdits parentaux perpétuent. Lorsque l’enfant s’oppose à ses parents, il s’oppose donc aussi à la société tout entière. En arrière-fond du rapport de force qui s’installe entre l’enfant et ses parents, la société fournit un cadre. Un cadre qui est impalpable, certes, mais n’en demeure pas moins indispensable. Sans cet étayage social invisible, parents et enfants sont livrés à eux-mêmes, au risque d’un débordement pulsionnel.
25 Le groupe étaie les parents. Les adultes acceptent de frustrer leur enfant parce que des exigences sociales le nécessitent. C’est l’acceptation de ces exigences qui aide les parents à faire face aux conduites d’opposition de leur enfant. Ces conduites apparemment destructrices ont en cela une valeur constructive : elles créent un lien entre l’enfant et la culture. Une précision s’impose toutefois : la construction identitaire de l’enfant à travers la loi de l’opposition ne peut se faire qu’à condition que les parents acceptent les normes sociales imposées par la société. L’enfant n’est pas la propriété des parents, il appartient au groupe. Normalement, les adultes le font grandir dans l’espoir de l’affilier à leur culture. Et c’est ce vœu qui permet aux adultes de se confronter sans dommage à leur enfant (Chapellon, Truffaut, Marty, 2013). Dans Malaise dans la culture, Freud (1930 [1929], p. 47) explique qu’un « renoncement culturel » régit les rapports humains et que c’est en lui que réside la cause de l’hostilité enfantine. Il parle plus exactement d’un conflit entre les individus et la civilisation qui leur impose un refus à satisfaire leurs instincts. Un travail de la culture s’oppose à l’hédonisme enfantin (Chapellon, 2011b). C’est ce travail de culture qu’effectue la famille quand elle oblige l’enfant à se conformer à différents interdits. Les parents résistent à l’acte de confrontation de leur enfant qui fait par exemple un caprice dans le supermarché parce qu’ils savent que leur refus de tout lui donner a un sens : il ne faut pas en faire un enfant gâté, ceux-ci n’ayant pas une place de choix dans la société. De même qu’ils ne cèdent pas à certaines pulsions de l’enfant par souci de le civiliser, les parents ne cèdent pas non plus à leurs propres pulsions violentes car ils savent, de façon préconsciente, que ce n’est pas seulement à eux, à leur désir d’être des parents idéaux, que l’enfant s’attaque, mais aussi à la société, dont ils promeuvent les valeurs. Bien entendu, ce processus, à travers lequel la société apaise la relation parent-enfant en faisant office de tiers, dépend de la représentation que les parents ont de leur place et de leur rôle dans la société. Ceci interroge implicitement l’évolution de l’Homme et son rapport aux sociétés de plus en plus hédonistes, et de plus en plus individualistes, dans lesquelles chacun aura néanmoins à trouver sa place.
26 Si les parents ne se sentent pas affiliés à la société et à ses traditions, il coule moins de source pour eux d’en imposer les lois à leur enfant. Pourtant, nous avons tenté de montrer que, si ce dernier les refuse, c’est, paradoxalement, pour s’y affilier. Ce besoin n’est pas revendiqué directement, mais il est exprimé à travers des conduites d’insoumission. Même si les interdits qui régissent le rapport adulte-enfant ne sont pas appréciés, et donc pas acceptés, ils sont néanmoins nécessaires pour aider l’enfant à trouver une suffisamment bonne distance avec ceux qu’il serait dangereux d’aimer sans limite. L’opposition n’apparaît donc pas comme un pur refus, c’est aussi une manière de créer un lien. Elle est l’expression d’un besoin de lien. Un lien à la famille, mais également, de façon moins perceptible, à la société. C’est à cette dernière que l’enfant tente de s’affilier. Encore faut-il qu’il trouve en face de lui des adultes réellement désireux de l’y aider. Cela nécessite l’acceptation du fait que l’amour comme la liberté ont des limites, et que celles-ci commencent là où le confort individuel doit s’effacer devant l’intérêt collectif. Et cela débute au stade anal. Sur ce point, pour conclure mieux que nous ne saurions le faire, nous citerons la réflexion que Freud émet à propos des restrictions que la civilisation impose à la liberté des individus : « Quand une communauté humaine sent s’agiter en elle une poussée de liberté, cela peut répondre à un mouvement de révolte contre une injustice patente, devenir ainsi favorable à un nouveau progrès culturel et demeurer compatible avec lui. Mais cela peut être aussi l’effet de la persistance d’un reste de l’individualisme indompté et former alors la base de tendances hostiles à la civilisation. La poussée de liberté se dirige de ce fait contre certaines formes ou certaines exigences culturelles, ou bien même contre la civilisation » (Freud, 1930 [1929], p. 45).
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Mots-clés éditeurs : mensonge, conflit, Stade anal, insoumission, indépendance, secret
Date de mise en ligne : 18/05/2017.
https://doi.org/10.3917/ep.073.0030Notes
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Pour qualifier les actes incommodants employés par le sujet, nous choisissons de parler de « bêtises ». La notion de bêtise, telle que la propose Rubens Smadja (2009), a l’avantage d’être moins stigmatisante. En effet, même si Winnicott a rattaché l’antisocialité à l’espoir de corriger des défaillances précoces du milieu, cette notion demeure péjorativement connotée,