1L’anxiété a souvent été accueillie comme une fatalité dans le cadre de l’autisme. Le trouble anxieux était en effet perçu auparavant comme l’une des composantes du fonctionnement autistique. On a ainsi mis en évidence des liens de cause à effet entre les difficultés d’anticipation, la crainte du changement, les difficultés sensorielles, le manque de compréhension des situations et les réactions d’anxiété. Ce lien est souvent pertinent et la compréhension des difficultés spécifiques des personnes atteintes d’autisme permet de mettre en place des stratégies préventives. Cependant, même si l’anxiété peut être identifiée et maîtrisée dans le cadre des modalités particulières de fonctionnement des personnes atteintes d’autisme, il n’en reste pas moins qu’une partie du phénomène anxieux échappe à ce cadre explicatif. L’évolution des connaissances et des classifications a conduit à reconsidérer la symptomatologie anxieuse plutôt comme un trouble associé. Dans ce contexte des co-morbidités, on a ainsi pu envisager une évaluation plus précise de l’anxiété avec des outils spécifiques et des solutions thérapeutiques additionnelles aux mesures éducatives déjà préconisées. Mais, même si certains types de psychothérapie, notamment les thérapies comportementales et cognitives, ont montré leur efficacité, des zones d’ombre subsistent en ce qui concerne les mécanismes sous-jacents qui ont certainement un ancrage biologique.
Rodgers J., Ofield A. (2018). Understanding, Recognising and Treating Co-occurring Anxiety in Autism, Curr Dev Disord Rep. 5(1):58-64. doi: 10.1007/s40474-018-0132-7. Epub 2018 Jan 23.
Comprendre, reconnaître et traiter l’anxiété associée à l’autisme.
2Objectif de la revue de travaux : Les personnes autistes courent un risque accru d’anxiété, environ 50% des adultes autistes et des enfants souffrant de cette maladie mentale débilitante. Le but de cette revue est d’examiner certaines idées contemporaines sur les mécanismes sous-jacents de l’anxiété dans l’autisme, d’explorer les problèmes d’identification et d’évaluation de l’anxiété et de discuter des tendances émergentes dans les interventions ciblant l’anxiété chez les personnes autistes avant d’identifier les prochaines étapes importantes.
3Données récentes : De nouvelles preuves sont en faveur d’une anxiété qui peut être différente dans l’autisme et dans la population générale. Bien que la TCC soit prometteuse, les réactions auto immunes, neurobiologiques, affectives et cognitives peuvent être importantes chez les personnes autistes.
4Conclusion : Nous concluons que la recherche est nécessaire pour développer et évaluer des cadres théoriques, des méthodes d’évaluation et des interventions pour l’anxiété dans l’autisme, en particulier pour les adultes autistes et ceux présentant une déficience intellectuelle associée.
5Mots-clés : anxiété ; évaluation ; troubles du spectre autistique ; mécanismes ; traitement.
Spain D., Sin-KAI J., Linder B., Mc Mahon J., (2018). Social anxiety in autism spectrum disorder: A systematic review, Research in Autism Spectrum Disorders, Volume 50, June 2018, Pages 73-82, https://doi.org/10.1016/j.rasd.2018.04.007
Anxiété sociale dans les troubles du spectre autistique : une revue
6Contexte : Une évaluation précise de la symptomatologie anxieuse chez les enfants autistes peut être difficile à réaliser, en partie à cause du manque d’outils d’évaluation appropriés. L’échelle d’anxiété nouvellement développée pour les enfants atteints de troubles du spectre autistique (ASC-ASD) est conçue spécifiquement pour l’évaluation de la symptomatologie anxieuse chez les enfants autistes. Le but de cette étude était d’utiliser l’ASC-ASD pour explorer le profil de la symptomatologie anxieuse typique et atypique chez les enfants autistes ; explorer les associations de la symptomatologie anxieuse avec le comportement adaptatif et les caractéristiques autistiques ; et d’identifier le niveau d’accord entre les scores ASC-ASD et les diagnostics d’anxiété déclarés par les parents.
7Méthode : Dans le cadre d’une étude longitudinale, 100 parents d’enfants autistes de 9 à 12 ans ont rempli l’ASC-ASD, les échelles de comportement adaptatif de Vineland – deuxième édition et le questionnaire sur la communication sociale.
8Résultats : Des taux élevés de symptômes anxieux ont été observés, 63% des parents ont attribué cliniquement une symptomatologie anxieuse à leur enfant. Les symptômes atypiques d’anxiété ont été confirmés à haute fréquence. Les éléments de la sous-échelle Incertitude ont été le plus souvent approuvés et les éléments de l’échelle d’Excitation anxieuse ont été moins souvent approuvés. Les enfants ayant reçu un diagnostic de trouble anxieux déclaré par leurs parents avaient un score significativement plus élevé sur l’ASC-ASD que chez ceux ne présentant pas de diagnostic d’anxiété.
9Conclusions : C’est l’une des premières études permettant d’explorer la symptomatologie de l’anxiété chez les enfants autistes en utilisant une mesure de l’anxiété spécifique à l’autisme. Les résultats suggèrent que l’ASC-ASD pourrait être un outil utile pour évaluer la symptomatologie de l’anxiété chez les enfants autistes.
Kester K.R., Lucyshyn J.M. (2018). Cognitive behavior therapy to treat anxiety among children with autism spectrum disorders: A systematic review, Research in Autism Spectrum Disorders, Volume 52, August 2018, Pages 37-50 https://doi.org/10.1016/j.rasd.2018.05.002
Thérapie cognitivo-comportementale pour traiter l’anxiété chez les enfants atteints de troubles du spectre autistique : une revue systématique.
10Contexte : Les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) risquent de développer des troubles co-morbides, l’anxiété étant la plus courante. Les symptômes d’anxiété nuisent considérablement à la capacité de l’enfant à participer à l’école et à la vie sociale. Au cours des 17 dernières années, les preuves empiriques de l’efficacité de la thérapie comportementale cognitive (TCC) en tant que traitement de l’anxiété chez les enfants atteints de TSA se sont accumulées. Le but de cette revue systématique était d’évaluer ce corpus de recherche afin de déterminer si la TCC pouvait être classée comme un traitement fondé sur les preuves pour cette population. Un objectif secondaire était d’identifier la mesure dans laquelle les écoles ont été impliquées dans cet axe de recherche.
11Méthode : Une revue systématique des études reposant sur la comparaison de groupes et de celles utilisant la méthodologie du cas unique a été réalisée. Chaque étude a été évaluée à l’aide d’indicateurs de qualité recommandés par le Conseil pour enfants exceptionnels (Council for Exceptional Children (CEC), et des résultats de l’étude. Les informations concernant la participation des écoles ont également été prises en considération.
12Résultats : Au total, 30 études ont été incluses dans l’analyse. Les résultats indiquent que les interventions de TCC modifiées pour les enfants atteints de TSA répondent aux critères de la CEC pour une étude fondée sur les preuves. Parmi les études évaluées, seules deux (6%) concernaient un cadre scolaire dans lequel les éducateurs participaient à l’intervention.
13Conclusion : Les résultats de cette revue apportent un soutien empirique à la TCC modifiée pour les enfants autistes en tant que thérapie fondée sur les preuves. Les résultats indiquent également que peu de recherches ont inclus le contexte scolaire lors de la mise en œuvre de traitements de la TCC chez les enfants autistes et anxieux. Les implications pour la diffusion et les recherches futures sont présentées
Cooper K., Loades M.E., Russell A. (2018). Adapting psycho-logical therapies for autism, Research in Autism Spectrum Disorders, Volume 45, January 2018, Pages 43-50.
Adaptation des psychothérapies à l’autisme.
14Contexte : Les interventions psychologiques fondées sur la théorie comportementale et cognitive ont prouvé leur efficacité dans le traitement de l’anxiété et de la dépression légères à modérées. Ils ont été adaptés avec succès aux enfants et aux adultes autistes qui présentent des taux disproportionnés de problèmes émotionnels associés. Il y a eu peu de recherches sur les perspectives et l’expérience des psychothérapeutes adaptant la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) dans le cadre de la pratique clinique de routine. Nous avons étudié les compétences du thérapeute, son expérience et sa confiance dans le travail psychologique avec les personnes autistes, afin de mettre en évidence les lacunes et les besoins, ainsi que les forces en termes de compétences du thérapeute lorsque nous travaillons avec ce groupe.
15Méthode : Une cinquantaine de thérapeutes participant à une formation ont répondu à une enquête sur leur expérience en matière d’adaptation de la TCC pour les personnes atteintes d’autisme, parallèlement à une mesure de la confiance des thérapeutes.
16Résultats : Presque tous les thérapeutes ont déclaré avoir fait des adaptations à la pratique de la TCC lorsqu’ils travaillaient avec des personnes avec autisme. Les principales difficultés identifiées étaient la rigidité dans la réflexion et le déroulement des séances de manière appropriée. Les thérapeutes étaient relativement confiants quant aux compétences de base en matière d’engagement et d’évaluation, mais exprimaient moins de confiance dans l’utilisation de leurs connaissances pour aider ce type de population. La confiance du thérapeute n’était pas associée aux années de pratique ou au nombre d’adaptations effectuées, mais était associée positivement au niveau de formation thérapeutique reçu.
17Conclusions : Cette étude met en évidence un besoin de formation et de supervision continue pour accroître la confiance des thérapeutes et leur capacité à faire les adaptations appropriées aux protocoles de traitement de la TCC pour les personnes autistes.
Pickard K., Reyes N., Reaven J. (2018). Examining the inclusion of diverse participants in cognitive behavior therapy research for youth with autism spectrum disorder and anxiety. Aug 30. Doi: 10.1177/1362361318795678.1
Étude de la diversité d’inclusion des participants dans la recherche sur la thérapie cognitivo-comportementale pour les jeunes atteints de troubles du spectre de l’autisme et d’anxiété.
18Les résultats d’essais contrôlés randomisés ont démontré des réductions significatives des symptômes d’anxiété après la participation à une thérapie cognitivo-comportementale. Bien que celle-ci soit prometteuse, on ignore dans quelle mesure les recherches antérieures ont inclus des familles de statut socioéconomique faible ou d’origines raciales / ethniques diverses. Les objectifs de cette étude sont de répondre aux questions suivantes : (1) Quelle est la race, l’origine ethnique et le niveau de scolarité des jeunes atteints de troubles du spectre autistique et de leurs familles qui ont participé à et (2) Comment la démographie de ces participants est- elle représentative de la population des États-Unis ? Au total, 14 études regroupant 473 participants ont été examinées. Les analyses du chi2 ont montré qu’il existait des différences significatives entre la race / l’origine ethnique des jeunes atteints de troubles du spectre autistique participant à la recherche en thérapie cognitivo-comportementale pour l’anxiété et celle des jeunes de la population générale des États-Unis. On a relevé une surreprésentation significative de la jeunesse blanche et une sous-représentation significative des jeunes noirs et latinos dans la recherche en thérapie cognitivo-comportementale (toutes les valeurs p <0,001). De même, il y avait des différences significatives dans le niveau de scolarité des soignants participant à la recherche en thérapie cognitivo-comportementale, avec une sous-représentation significative des soignants issus de milieux à faible statut socioéconomique (p <0,001). Ces résultats ont des implications pour le développement d’interventions de thérapie cognitivo-comportementale chez les jeunes présentant des troubles du spectre de l’autisme et de l’anxiété, à la fois rigoureuses et allant dans le sens de l’inclusion.
Mots-clés éditeurs : troubles du spectre autistique, Anxiété, disparités des traitements, thérapie cognitivo-comportementale
Mise en ligne 11/12/2018
https://doi.org/10.3917/enf2.184.0601