Empan 2018/4 n° 112

Couverture de EMPA_112

Article de revue

Représentations médiatiques de personnes en situation de handicap : réflexions sur des réductions

Pages 18 à 24

Notes

  • [1]
    Alors que, d’après l’insee, « Les personnes peuvent souffrir de déficiences motrices (13,4 % de la population), sensorielles (11,4 %), organiques, par exemple cardio-vasculaires, respiratoires… (9,8 %), intellectuelles ou mentales (6,6 %) ». Voir : https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/557/1/ip742.pdf , consulté le 11 mai 2018.
  • [2]
    https://www.facebook.com/licornearoulettes/photos/pb.1842645522431372.-2207520000.1523175777./2024789904216932/?type=3&theater, consulté le 8 avril 2018.
  • [3]
    Avec des méthodes différentes, des chercheuses comme Odile Rohmer et Eva Louvet (lire notamment Rohmer et Louvet, 2006) ont produit une riche littérature scientifique dont les résultats tendent à converger avec ceux de Patrick Scharnitzky.
  • [4]
    http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-observatoires/L-observatoire-de-la-diversite/Les-resultats-de -la -vague- 2017-du -barometre-de-la-diversite, consulté le 9 avril 2018.
  • [5]
    https://www.ted.com/talks/stella_young_i_m_not_your_inspiration_thank_you_very_much/transcript#t-226973, consulté le 30 avril 2018.
English version

1Pour certains, parler de « handicap positif » ressemblerait à un oxymore, ou à un néologisme de carrefour (d’un carrefour qui « positive »…), de celui qui, à mi-chemin entre bonnes intentions et formule démembrée, positive à tous crins, mais sans considération épistémologique. Pour d’autres, cette formule a du sens. Il s’agirait de s’élever au-dessus de son handicap, par diverses pratiques sportives ou culturelles. Cette formule est parfois incarnée dans le paysage médiatique par des sortes de surhommes nietzschéens qui ont survécu grâce à l’espoir et vivent de leurs exploits, médiatiquement propagés. De nouvelles figures émergent : un amputé sportif de l’extrême, ou bien un infirme moteur cérébral conférencier multicompétent… Ils font suite à « l’homme qui marchait dans sa tête » et prospèrent de multiples façons. À leur rencontre, tomber d’admiration semble relever du régime de l’évidence. Quelle source d’inspiration pour nous ! Ce sont eux les albatros alors que nous nous en amusions. Certains d’entre eux interviennent aujourd’hui au sein d’organisations pour « changer les regards » puis repartent évangéliser sur les plateaux télé. Ils ont « arraché » le porte-parolat d’une communauté hétéroclite constituée de divers exclus qui militaient autrefois dans des associations, pour plus d’intégration. Ils sont devenus les stéréotypes vivants de tous les bossus, bigleux, borgnes… mais les aident-ils pour autant à « exister au-delà des préjugés » (Gardou, 2013, p. 120) ? En effet, si la diversité des associations de personnes en situation de handicap pourrait permettre la représentation de diversités hétérogènes ou protéiformes déjà difficiles à catégoriser, la réduction de l’attribution de paroles à quelques figures permet-elle de représenter avec justesse une réalité complexe ?

Un pour tous, tous pour un : qui dit quoi ? à qui ?…

2Rappelons tout d’abord qu’en France, la loi dite de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées définit ce que comprend le handicap. D’emblée, elle considère un large spectre de personnes, par exemple, les personnes diabétiques, amputées, malentendantes, bipolaires, et nombre d’autres groupes d’infortune des plus variés alors que, en termes de typicalité, les personnes à mobilité réduite (pmr) sont souvent les plus spontanément citées [1].

3Ce large éventail n’est pas sans poser de problème aux acteurs désireux de communiquer sur « le » handicap, de « changer les regards », de « faire bouger les lignes », etc. Parmi ces acteurs grands communicants, on peut souvent distinguer :

4

  • – une institution de premier plan, aujourd’hui représentée par le secrétariat d’État auprès du Premier ministre, chargé des Personnes handicapées ;
  • – des associations représentant différentes catégories de personnes en situation de handicap, avec des segments de population plus ou moins larges ;
  • – quelques personnes, elles-mêmes en situation de handicap, ou bien des proches, qui s’auto-saisissent d’une parole et que des médias, parfois à la recherche de « bons clients », vont convier de façon récurrente.

5Ces trois acteurs sont en étroite interaction, reliés par les médias et leurs publics. Ils ont souvent deux grandes vocations : l’une, politique, et une autre, de récolte et de redistribution (dons…).

6La télévision assure souvent un puissant rôle de médiatisation de ces actions qui visent avant tout un public de citoyens, tantôt incités à changer de regard, tantôt appelés à se montrer financièrement généreux pour soutenir une cause particulière. Mais la figure du citoyen interroge dans la mesure où les messages diffusés sont souvent calqués sur des modes de communication « marketing », issus du monde marchand, qui ont pour destinataire le consommateur.

7La consultation de nombreuses communications d’associations permet de mieux appréhender un certain décalage entre des réalités perçues par des « usagers » – ou leur entourage, autres initiés au sens goffmanien (1975) du terme – et les personnages mis en scène. Dans le second volume de sa thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Pascal Bernard (2015) semble justement pointer une des limites de certains messages. Un des entretiens réalisés avec une personne responsable d’une association d’envergure met en relief un constat implacable, montré par des études : dans le cadre de courriers d’appels au don pour une organisation de personnes en situation de handicap, un visuel montrant un enfant (plutôt qu’un adulte) et si possible une petite fille, « mignonne », « souriante », et dont on ne voit pas le handicap, va entraîner bien plus de retours financiers que d’autres visuels présentant des personnes en souffrance.

8Et dans ce mode de communication, il ne serait peut-être pas exagéré d’imaginer qu’à travers l’association prise en exemple, c’est aussi un peu l’État qui s’exprime. En effet, des mesures fiscales (dons déductibles de l’impôt sur la fortune, etc.) encouragent certaines mises en lien entre citoyens et associations habilitées, validant alors peut-être aussi implicitement les messages produits.

9De fait, les relations avec les différentes parties prenantes précitées font d’elles des entités parfois difficiles à distinguer. Aussi, dans un environnement libéral, il n’est pas aberrant de penser que certaines associations sont en concurrence sur le marché de la générosité publique, notamment. On se souvient de certaines déclarations malheureuses qui ont opposé Sidaction et Téléthon (à propos de ce dernier, lire Jacques Walter, 1998)… Il est alors encore plus difficile pour un « grand public » non averti de se faire une représentation de la diversité des handicaps, de la complexité et de la singularité des situations individuelles, quand certains événements, conçus aussi avec l’objectif de sensibiliser l’opinion, se déroulent sur un mode lénifiant voire festif, sans doute par crainte de montrer une réalité trop dure pouvant affecter l’audience et faire perdre des « parts de marché ».

10Alors qu’elles pourraient plutôt combiner pluralité (dimension quantitative), pluralisme (dimension qualitative) et complexité, les actions des associations militant en faveur des personnes en situation de handicap se résument à adopter des techniques marketing, en contexte libéral, ce qui permet peut-être de mieux comprendre pourquoi la variété de leurs axes de communication semble à ce point réduite. On aura tendance à montrer des individus présentant une face plutôt positive et souriante, parvenant à réussir en dépit des obstacles. Cette dimension ne concerne pas seulement les associations puisqu’il semble que les figures individuelles émergentes et les nouveaux porte-parole évoqués en préambule ont intégré, consciemment ou non, ces manières de se présenter ainsi que certains codes de communication.

11Après tout, pourquoi pas, si cela sert les causes défendues ? Pour quelle raison critiquer ces aspects alors que « du moment qu’on en parle, c’est déjà un peu gagné » ? Pourquoi ne pas rejeter ce que certains conçoivent comme du misérabilisme quand on peut justement montrer des « winners », des personnes qui font (ou dont on fait) de leur vie un exemple, si c’est efficace ?

12Si l’on se place sur le terrain de l’efficacité, encore faut-il déterminer les objectifs assignés aux communications. Récolter des fonds, favoriser l’inclusion… Dans les deux cas, une longue tradition de recherches en psychologie sociale montre les limites aussi bien des communications centrées sur la sensibilisation que, plus largement, des stratégies visant à modifier des cognitions. Si ces dernières agissent effectivement sur les attitudes et les représentations, cela n’est guère le cas sur le plan de la modification des comportements effectifs.

13 Et si les territoires de l’inclusion ne sauraient connaître de frontières, on évoque souvent deux lieux où elle peine à dépasser le stade des mots et des intentions : l’école et le monde du travail. Dans ce qui suit, nous allons tenter de montrer que certains modes de communication pourraient s’avérer contre-productifs dans de tels contextes.

Le poids des mots et des images

L’humain, nécessairement multidimensionnel

14Des philosophes parlent fréquemment d’« essentialisation » lorsqu’il s’agit de traiter la propension de certains à réduire des personnes ou des groupes à une seule dimension ; l’ethnie ou la religion, par exemple. Implicitement, les discours essentialisants enferment les humains dans des catégories figées qui, souvent, prédéterminent d’autres caractéristiques associées et peuvent contenir l’individu dans une trajectoire personnelle, du moins déjà dans le regard de l’autre. En d’autres termes, les propos essentialisants ne sont pas nécessairement valorisants, en même temps qu’ils déforment et contractent une réalité perçue.

15Ainsi en va-t-il des « handicapés ». Parler de la sorte, c’est nommer une catégorie d’êtres à peu près identiques, presque interchangeables, regroupés dans un ensemble quasi homogène, unis (au moins du point de vue de l’exogroupe) sous une même bannière : l’« icône internationale du handicap ». Cette dernière, cherchant à exprimer l’idée d’(in)accessibilité, montre, sous la forme d’un pictogramme, une silhouette dans un fauteuil roulant. Dans un article dédié à ce visuel, Saillant et Fougeyrollas (2007) synthétisent ainsi une idée forte : « La représentation du handicap que donne à voir son icône contemporaine en assimilant l’accès aux personnes “handicapées” en fauteuil roulant est hégémonique et fait silence sur la diversité des limitations fonctionnelles qui ne sont pas classifiées de l’ordre du handicap. » Malgré sa force, cette icône pose un problème. Dans les représentations communes, l’idée abstraite de handicap est devenue associée à l’image de fauteuil roulant. Ainsi avons-nous déjà pu observer une personne, manifestement atteinte d’une maladie neurologique et marchant très péniblement avec une paire de cannes anglaises, contrainte d’avoir à se justifier d’emprunter une caisse prioritaire dans un centre commercial en produisant comme preuve sa carte d’invalidité (remplacée depuis le 1er janvier 2017 par la carte mobilité inclusion), réclamée par un vigile quelque peu zélé. C’est dans ce même centre commercial qu’il nous avait été suggéré que les personnes en situation de handicap sont parfois exposées à certaines contractions maladroites et malheureuses : à l’entrée du bâtiment, les wc réservés aux personnes à mobilité réduite affichaient une pancarte indiquant : « Toilettes handicapées » (sic).

16S’il semble admis que, selon Boileau, « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément », l’opposé semble tout aussi valable : l’inconcevable se dit maladroitement et s’illustre péniblement. C’est peut-être le malaise provoqué par la mise en formes, en symboles, en mots ou en signes de ces espaces liminaux (nous faisons ici implicitement référence à la pensée très heuristique de Gardou (2006), à propos de liminalité et de handicap) qui incite certains à leur donner une plus-value à prétention esthétique. Tout comme le fait Marie-Caroline Brazey en customisant les panneaux des places réservées, dans sa ville. Une de ses créations, qui relève du détournement et de l’« augmentation », donne désormais à voir une « Wonder Woman [2] » à la place de l’icône internationale du handicap, dédiant ainsi symboliquement l’espace aux super-héroïnes, ou faisant des personnes à mobilité réduite des super-héros.

Personne n’échappe aux stéréotypes

17Il semble donc bien clair, d’après ce qui précède, qu’exiger de parler de personne handicapée ou de personne en situation de handicap ne saurait être un combat cosmétique de quérulent. Les mots ont un sens ; ces derniers véhiculent des idées, des représentations, parfois à notre insu, ils agissent et nous agissent. Il ne devrait pas être nécessaire de spécifier la qualité de « personne » à des individus qui en sont déjà dignes. Mais ce petit mot intercalé nous aide à ne pas oublier l’essentiel, ce qui nous relie tous au-delà de nos différences ou infirmités : notre humanité. Si c’est elle qui nous pousse à nous élever ensemble, au-delà de nos conditions premières, c’est elle aussi qui nous expose à certaines de nos perfectibilités, ici aux fonctionnements biaisés de notre cognition.

18En effet, quand, dans le langage courant, le mot « stéréotype » répond à l’idée de « cliché », il en est autrement en psychologie sociale ou en psychologie cognitive, disciplines qui en ont produit une abondante théorisation et de nombreuses expériences. En simplifiant à l’extrême, on pourrait définir les stéréotypes comme des croyances partagées concernant des caractéristiques communes à des groupes. Des groupes plus ou moins définis, parfois. Si nous ajoutons « plus ou moins définis », c’est qu’il nous semble, notamment dans le contexte qui nous intéresse ici, que le terme de « handicapé », selon son contexte d’usage entre autres variables, pourrait parfois par exemple être remplacé par « stigmatisé », ou bien simplement « différent ». Toujours est-il que ce substantif renvoie à une nébuleuse définitoire. Mais le seul mot institue une réalité, de façon quelque peu performative, et fige une série de représentations. Et dire à sa voisine : « ma sœur a un handicap » révélera en elle un processus de catégorisation quasi automatique la conduisant à attribuer un certain nombre de caractéristiques à la personne handicapée.

19Il est important d’ajouter que les stéréotypes ne sont pas des préjugés qui, eux, comprennent une dimension évaluative – et donc plutôt positive (valorisante) ou négative (péjorative) – explicite et a priori (« pré- »). En revanche, il n’est pas rare que stéréotypes et préjugés soient associés.

20Une série d’entretiens que nous avons menés auprès d’un échantillon de convenance – dont des personnes plus ou moins concernées telles que des personnels soignants ou des travailleurs sociaux… – semble faire émerger trois stéréotypes de personnes handicapées : la personne handicapée victime ; la personne handicapée aigrie et vindicative ; la personne handicapée de type « super-héros » et sympathique, qui plus est.

21Peu importe que ces stéréotypes soient pour partie fondés ou non. D’ailleurs, il ne semble pas incongru que des personnes handicapées apparaissent comme victimes d’injustices, impuissantes quant à leur état, que d’autres, au fil du temps, deviennent amères et expriment des récriminations, et enfin que certaines montrent un courage et un moral difficilement accessibles au commun des mortels.

22Comme nous l’avons écrit, il existe souvent une association entre stéréotypes et préjugés, les uns entraînant les autres. Et l’on peut craindre d’un préjugé péjoratif qu’il entraîne des formes de discriminations négatives, en bout de chaîne, ce qui s’avérerait plus que fâcheux alors que les politiques actuelles semblent rechercher plus d’inclusion.

23Patrick Scharnitzky, chercheur, enseignant, mais aussi acteur de terrain puisque intervenant en entreprise et formateur, a longuement travaillé sur le lien fort qui existe entre stéréotypes et discrimination (lire Scharnitzky [3], 2006, 2015), notamment chez les personnes en situation de handicap. De ses travaux, on peut tirer une idée simple. Lorsqu’une personne titulaire de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (rqth) se présente pour obtenir un emploi, par exemple une jeune femme surdiplômée et pleine d’entrain, il y a activation non consciente d’une pensée du type : « Elle est handicapée… Elle est si courageuse, elle est si souriante et sympathique… mais certainement pas productive. »

24En situation de handicap, le stéréotype entraîne très fréquemment une survalorisation de qualités en termes de « personnalité » mais également une dévalorisation de qualités en termes de compétences professionnelles. Et ce, même si la personne répond à un stéréotype de type « super-héros ».

25En 2018, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois supérieur à la moyenne nationale, malgré un cadre législatif et une organisation institutionnelle spécifiquement consacrés à leur insertion professionnelle. Les stéréotypes liés aux personnes en situation de handicap sont souvent plus forts que l’association des mesures incitatives et coercitives, conditions sans doute nécessaires mais pas encore suffisantes pour favoriser l’inclusion.

26 Dans un ouvrage intitulé Communication et handicap, coordonné par Maudy Piot (2008), l’association des deux termes révélait déjà une importance capitale.

27Le « baromètre de la diversité » de la vague 2017, réalisé par le csa[4], montre un niveau toujours très faible de représentation des handicaps à l’antenne : « Seulement 0,63 % du total des individus indexés, en 2017, sont perçus comme étant en situation de handicap. » Or, d’après ce que nous avons succinctement cherché à développer, il est probable qu’une large partie de cette minorité ait été représentée par des personnes stéréotypées, voire souvent par une catégorie (« super-héros »), ou bien par des individus affichant une face socialement désirable (sportifs, avec de l’humour et du second degré, sympathiques, performants…). Au-delà du manque de respect manifesté à l’égard des personnes en situation de handicap n’appartenant pas à cette « élite », et sans même parler de handicaps invisibles, il y a déjà le risque de les exposer à un effet d’amorçage ou de « menace du stéréotype », pour reprendre la qualification psychosociale. Des individus concernés pourraient, d’une certaine façon, être poussés à se comporter de façon conforme à certains contenus, à se présenter en fonction de ce qu’ils imaginent que l’on attend d’eux (cf. désirabilité sociale), en mettant pour ainsi dire une partie de leur « personnalité » de côté.

28Mais nous avons aussi vu qu’au sujet de personnes en situation de handicap, les stéréotypes étaient pourvoyeurs de préjugés et de discriminations. De façon certes contre-intuitive, être exposé à des « super-héros » pourrait alimenter certains préjugés au lieu de les atténuer. Comme en matière de communication concernant la santé publique ou bien la prévention routière, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. On a souvent cru bien faire et on a pu obtenir des effets inverses.

29Il était un temps où l’on ne visibilisait pas les personnes en situation de handicap. On le fait toujours trop peu. Mais ce constat étant posé, et suite à notre réflexion, nous proposons d’engager des recherches d’importance autour d’une autre question : comment mieux communiquer à propos des personnes en situation de handicap ?

30Pour apporter de sérieux éléments de réponse à cette question, le recours aux seuls bon sens et autres lieux communs ne devrait être accepté. Le savoir disponible actuel, pour partie regroupé au sein des productions de différents champs académiques, gagnerait à établir des passerelles. Gardou (2014) recense et sollicite 24 spécialistes de disciplines différentes dans un volume encyclopédique. Une autre façon de mobiliser la diversité. Peut-être aussi une invitation à plus de réflexions pluridisciplinaires voire interdisciplinaires ? C’est dans cette direction que nous voudrions travailler, parfois au risque de l’indiscipline. Sans doute sommes-nous quelque peu sensible au sort réservé à tant de laissés-pour-compte.

31Ces derniers ne sont pas là pour nous inspirer, pour reprendre la formule de Stella Young, au cours d’une conférence autour de la toujours discutée notion d’inspiration porn[5].

Bibliographie

  • Bernard, P. 2015. La communication des organisations caritatives. Processus socio-cognitifs dans la production et la réception : approches qualitative et expérimentale, thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Aix-Marseille université.
  • Gardou, C. 2006. Fragments sur le handicap et la vulnérabilité. Pour une révolution de la pensée et de l’action (2e éd.), Toulouse, érès.
  • Gardou, C. 2013. La société inclusive, parlons-en !, Toulouse, érès.
  • Gardou, C. (sous la direction de). 2014. Handicap, une encyclopédie des savoirs. Des obscurantismes à de Nouvelles Lumières, Toulouse, érès.
  • Goffman, E. 1975. Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Les éditions de Minuit.
  • Piot, M. (sous la direction de). 2008. Communication et handicap, Paris, L’Harmattan.
  • Rohmer, O. ; Louvet, E. 2006. « Être handicapé : quel impact sur l’évaluation de candidats à l’embauche ? », Le travail humain, vol. 69, n° 1, p. 49-65.
  • Saillant, F. ; Fougeyrollas, P. 2007. « L’icône du handicap », Reliance, n° 25, p. 81-87.
  • Scharnitzky, P. 2006. Les pièges de la discrimination. Tous acteurs, tous victimes, Paris, L’Archipel.
  • Scharnitzky, P. 2015. Les stéréotypes en entreprise. Les comprendre pour mieux les apprivoiser, Paris, Eyrolles.
  • Walter, J. (sous la direction de). 1998. Le Téléthon. Scène, intérêts, éthique, Paris, L’Harmattan.

Mots-clés éditeurs : essentialisation, stéréotypes, réduction, médiatisation, handicaps

Mise en ligne 10/01/2019

https://doi.org/10.3917/empa.112.0018

Notes

  • [1]
    Alors que, d’après l’insee, « Les personnes peuvent souffrir de déficiences motrices (13,4 % de la population), sensorielles (11,4 %), organiques, par exemple cardio-vasculaires, respiratoires… (9,8 %), intellectuelles ou mentales (6,6 %) ». Voir : https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/557/1/ip742.pdf , consulté le 11 mai 2018.
  • [2]
    https://www.facebook.com/licornearoulettes/photos/pb.1842645522431372.-2207520000.1523175777./2024789904216932/?type=3&theater, consulté le 8 avril 2018.
  • [3]
    Avec des méthodes différentes, des chercheuses comme Odile Rohmer et Eva Louvet (lire notamment Rohmer et Louvet, 2006) ont produit une riche littérature scientifique dont les résultats tendent à converger avec ceux de Patrick Scharnitzky.
  • [4]
    http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-observatoires/L-observatoire-de-la-diversite/Les-resultats-de -la -vague- 2017-du -barometre-de-la-diversite, consulté le 9 avril 2018.
  • [5]
    https://www.ted.com/talks/stella_young_i_m_not_your_inspiration_thank_you_very_much/transcript#t-226973, consulté le 30 avril 2018.
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