Notes
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[*]
Gérard Neyrand, professeur de sociologie, université Toulouse 3- Paul Sabatier, directeur du Centre interdisciplinaire méditerranéen d’études et recherches en sciences sociales (cimerss, laboratoire associatif) à Bouc-Bel-Air. cimerss@sfr.fr
- [1]
-
[2]
B. Malinowski, « Parenthood. The basis of social structure », dans V.F. Calverton et S.D. Schmalhausen (sous la direction de), The New Generation : The Intimate Problems of Modern Parents and Children, New York, The Macaulay Comp., 1930, p. 113-168.
-
[3]
E. Goody, Parenthood and Social Reproduction. Fostering and Occupational Roles in West Africa, Cambridge University Press, 1982.
-
[4]
M. Godelier, Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004.
-
[5]
T. Benedek, « Parenthood as a developmental phase », Journal of the American Psychoanalytic Association, n° 7, 1959.
-
[6]
P.-C. Racamier, C. Sens, L. Carretier, « La mère et l’enfant dans les psychoses du post-partum », L’évolution psychiatrique, n° 26, 1961.
-
[7]
Voir le chapitre « Parentalité : une sédimentation de significations » dans mon ouvrage Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité, Toulouse, érès, 2011.
-
[8]
D. Houzel (sous la direction de), Les enjeux de la parentalité, Toulouse, érès, 1999.
-
[9]
G. Neyrand, « Le soutien aux parents entre citoyenneté démocratique et individualisme néolibéral », Recherches familiales, n° 10, 2013 ; « Visée sécuritaire et managériale ou soutien et accompagnement des parents : les paradoxes d’une gestion néolibérale de la famille », dans C. Martin (sous la direction de), « Être un bon parent », une injonction contemporaine, Rennes, Presses de l’ehesp, 2014, p. 137-150 ; « D’une politique de la famille à une politique de la parentalité. L’exemple de la France », Analele Universitàtii Bucuresti, Anul XVII, n° 1, juin 2015, p. 19-34.
-
[10]
http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Avissoutienparentalité.pdf
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[11]
C. Neirinck et coll., De la parenté à la parentalité, Toulouse, érès, 2001.
-
[12]
R. Castel, La montée des incertitudes, Paris, Le Seuil, 2009.
-
[13]
E. Illouz, Pourquoi l’amour fait mal, l’expérience amoureuse dans la modernité, Paris, Le Seuil, 2012.
-
[14]
Ce qu’avait déjà mis en évidence nombre d’écrits antérieurs : S. De Beauvoir, Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949 (réédition 1976) ; Y. Knibielher, C. Fouquet, Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours, Paris, Montalba, 1977 ; E. Badinter, L’amour en plus, Paris, Flammarion, 1980.
-
[15]
M. Godelier, Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004.
-
[16]
G. Neyrand, L’enfant, la mère et la question du père. Un bilan critique de l’évolution des savoirs sur la petite enfance, Paris, Puf, 2000 (3e éd. 2011).
-
[17]
D. Versini, Défenseure des enfants, L’enfant au cœur des nouvelles parentalités : statut des tiers, statut du beau-parent ?, Paris, Cour de Cassation, 7 novembre 2007.
-
[18]
M. Gross, M. Peycere, Fonder une famille homoparentale, questions juridiques, éthiques et psychologiques, Paris, Ramsay, 2005 ; E. Verdier, Laissez-moi tous mes parents. Pour une reconnaissance de la coparentalité, Le Triadou, H & O éditions, 2010.
-
[19]
Inférieur à 7 % dans les années 1950-1960, le taux de naissances hors mariage progresse régulièrement depuis 1970 pour dépasser 50 % en 2007 et atteindre, en 2014, 57,4 % (« Naissances selon la situation matrimoniale des parents depuis 1901 », insee).
-
[20]
N. Chapon, Parentalité d’accueil et relations affectives, Marseille, pup, 2014 ; G. Neyrand, N. Chapon-Crouzet (sous la direction de), Parentalité et famille d’accueil, Dialogue, n° 167, 1er trimestre 2005.
-
[21]
I. Théry, Filiation, origines, parentalité. Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité générationnelle, rapport au ministre des Affaires sociales et au ministre délégué à la Famille, 2014.
-
[22]
G. Neyrand, M. Tort, M.-D. Wilpert, Père, mère, des fonctions incertaines. Les parents changent, les normes restent ? Toulouse, érès, 2013.
- [23]
-
[24]
B. Dylan, The Times they are a Changing, Colombia, 1964.
-
[25]
R. Castel, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995.
-
[26]
T. Piketty, Le Capital au xxe siècle, Paris, Le Seuil, 2013.
-
[27]
M. Bydlowski, La dette de vie : itinéraire psychanalytique de la maternité, Paris, Puf, 1997, p. 8.
-
[28]
F. Peille, « Le secret et la recherche des origines. », Le Journal des psychologues, 6/2006, n° 239, p. 38-42.
-
[29]
M. Messu, « Mariage et société des individus : «Le mariage pour personne» », Recherches familiales, n° 12, 2015, p. 289-306.
-
[30]
J. Butler (1990), Troubles dans le genre, Paris, La Découverte, 2006.
-
[31]
D. Le Gall, Y. Bettahar (sous la direction de), La pluriparentalité, Paris, Puf, 2001 ; A. Fine, « Qu’est-ce qu’un parent ? Pluriparentalité, genres et système de filiation dans les sociétés occidentales », Spirale, n° 21, 2002.
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[32]
A. Martial, « Qui sont mes parents ? L’évolution du modèle généalogique », Informations sociales, n° 131, 2006.
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[33]
Loi de 1987 et 1993 sur l’autorité parentale incluant la coparentalité comme participant de l’intérêt supérieur du l’enfant.
-
[34]
Loi de 1984 relative aux droits des familles dans leurs rapports aux services chargés de la famille et de l’enfance.
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[35]
I. Théry, op. cit.
-
[36]
1976 création de l’allocation parent isolé ; 1987, 1993 et 2002, les lois sur l’autorité parentale conjointe la désignent comme participant de l’intérêt supérieur de l’enfant avec le principe de coparentalité, puis reconnaissent la résidence alternée comme légitime ; 1999, création des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents, 2000 des contrats locaux d’accompagnement à la scolarité, 2010 du Comité national de soutien à la parentalité ; 2001, le congé paternité est porté à 14 jours ; 2002, loi sur le nom de famille…
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[37]
Voir le chapitre « La constitution du dispositif de parentalité », dans G. Neyrand Soutenir et contrôler les parents, op. cit., p. 62-117.
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[38]
M. Foucault, Histoire de la sexualité. I. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.
1L’intérêt croissant pour la parentalité ne va pas sans susciter quelques questions : pourquoi aujourd’hui un tel intérêt pour ce qu’on appelle la parentalité, intérêt qui ne fait que croître depuis vingt ans, alors que le nombre d’enfants jugé idéal dans une famille n’est plus que de deux depuis un certain temps déjà ? Et qu’est-ce qui amène les représentants des professions psychologiques à interroger la sociologie à ce sujet, alors que les rapports parents-enfants constituent l’un des thèmes privilégiés de l’approche clinique, si ce n’est le plus important ?…
2Sans doute est-ce l’indicateur que quelque chose de fondamental est en train de se passer qui fait que la parentalité n’est plus seulement une préoccupation de psys, mais qu’elle est devenue le support d’une interrogation sociale profonde, qui interpelle le politique et l’enjoint à se positionner autrement qu’en s’interrogeant sur le montant des allocations familiales ou en cherchant de bonnes formules pour soutenir la natalité…
3Mon propos va se situer au cœur de cette interrogation. Mais qu’est-ce qui rend aujourd’hui les parents si attractifs, et que révèlent les débats passionnés qui mettent en jeu des façons différentes d’être parents ?… Pour cela, j’ai prévu un développement en quatre points :
- essayer tout d’abord de rendre compte jusqu’à quel point nous avons connu un bouleversement des cadres normatifs de la famille, et comment nous sommes dorénavant dans une nouvelle configuration de l’ordre familial ;
- j’aborderai ensuite ce qu’on appelle la parentalité. Y a-t-il une définition commune et partagée, et est-ce seulement possible ?
- au sein de cette transformation de l’ordre familial, une dimension est apparue centrale, celle des affiliations. Ce qui fera l’objet de ma troisième partie ;
- enfin, je terminerai par l’évocation des conséquences de cette mutation : le bouleversement de la filiation, et la nécessaire reconnaissance de la situation nouvelle que recouvre le terme de pluriparentalité.
Le bouleversement des cadres normatifs de la famille
4Les mutations profondes que connaissent les sociétés occidentales, qui vont en s’accélérant depuis un demi-siècle, affectent à tel point les façons de vivre en famille et les formes que celle-ci peut prendre que beaucoup en arrivent à se poser une question dont la réponse paraissait autrefois définitivement établie tellement elle s’imposait sur le mode de l’évidence : qu’est-ce qu’un parent ?
5Depuis les lois sur l’adoption d’après guerre, l’explosion des séparations conjugales dans les années 1970, puis l’arrivée de l’assistance médicale à la procréation avec possibilité de bénéficier d’un don de gamètes dans les années 1980, les choses ne sont plus si claires.
6Voici presque trente ans, les discours publics, médiatiques et politiques, ont fait mine d’y répondre en énonçant qu’un parent c’était celui qui exerçait sa parentalité à l’égard d’un enfant. Une façon de dévier la question, qui contribue plus à l’obscurcir qu’à y répondre, car à l’ancienne opposition entre celui qui procrée et celui qui élève (ou celui qui aime, dirait Pagnol) s’ajoutent aujourd’hui de plus en plus de situations où coexistent plus de deux parents. Selon les cas, on peut les appeler donneurs de gamètes, beaux-parents, parents d’accueil, homoparents, parents adoptifs… et apparaît de plus en plus clairement qu’être parent est une construction socio-psychique et non un donné biologique.
7Autant la parenté apparaissait comme l’immuable transcription sur le plan socio-juridique de l’organisation des liens d’alliance et de filiation, autant la parentalité semble renvoyer à quelque chose qui se construit entre un enfant et ses parents, à la mise en place d’une affiliation réciproque, la création de liens dynamiques et évolutifs. Deux façons différentes et complémentaires d’aborder cette question fondamentale que représente l’être parent. Si être parent est un état, c’est un état qui est construit et non donné, et c’est peut-être cette constatation qui a fait le succès du terme « parentalité » à partir des années 1980, c’est-à-dire ces années où, à travers l’explosion des divorces et des unions libres, se dessinait une autre conception du couple et de la famille et où on entrait dans l’ère de l’assistance médicale à la procréation. En 2014, 24 000 bébés sont nés grâce à cette assistance, dont 5 % avec l’aide d’un donneur, les situations monoparentales représentent plus de deux millions de foyers, les recompositions familiales à peine moins, le taux de divorce se situe autour de 50 % et les naissances hors mariage avoisinent les 60 %… la parentalité est à l’ordre du jour, et son utilisation multiforme vient révéler le bouleversement des cadres normatifs que nous connaissons.
L’avènement de la parentalité comme principe explicatif : retour historique
8Ce n’est plus, comme autrefois, le mariage qui fonde la famille, et ce à quoi nous avons assisté à travers l’explosion des divorces et des unions hors mariage constitue l’expression d’une désinstitutionnalisation de la conjugalité.
Désinstitutionnalisation du couple et renforcement des liens parentaux
9Vivre en couple et y avoir des enfants ne demande plus d’être mariés, à l’heure où près de 60 % des bébés naissent en dehors de cette institution. Certes, le mariage continue à avoir une forte valeur symbolique et sociale, plus importante que cet autre mode d’institution du couple que constitue le pacte civil de solidarité (Pacs) depuis 1999. En témoignent la volonté de certain(e)s homosexuel(le)s de se marier et les débats houleux qui ont présidé au vote de la loi dite du « mariage pour tous » en 2013, mais il n’est plus un passage obligé légitimant la vie en couple et en famille, et chacun peut organiser sa vie amoureuse comme il l’entend. Le changement est fondamental, ce n’est plus l’institution qui définit l’espace de légitimité de la vie sexuelle et de la vie familiale, mais cela tient désormais de la responsabilité des individus, et le droit s’est largement retiré de la gestion des relations entre adultes, les renvoyant au consentement réciproque comme principe de gestion de leurs relations.
10C’est le rapport à l’enfant qui se trouve désormais au centre des préoccupations sociétales, et le droit, confronté à la diversification et à la complexification des situations enfantines, liées à l’évolution des mœurs et à l’impact de la procréatique [1], multiplie les mesures légitimes, visant la situation des enfants, notamment ceux nés par amp avec donneurs, et tous ceux, innombrables, dont les parents se séparent. La parentalité s’en trouve surinvestie dans les discours publics.
11Par l’emploi du terme parentalité, on entend insister sur le lien qui lie un enfant à ses parents et les activités concrètes qui en découlent de soin et d’éducation, autrement dit les fonctions que le parent doit assumer en tant que parent à l’égard de son enfant. Mais en même temps, on insiste sur le fait qu’il s’agit là d’une construction, et non d’une donnée comme semble l’être ce que désigne la parenté, c’est-à-dire des places occupées dans un système familial et qui sont définies socio-juridiquement sur la base des règles d’alliance et de filiation propres à une société.
12La parentalité, elle, insiste sur les situations de fait et une dynamique des relations parentales qui ne sont pas forcément toutes définies au sein des rapports de parenté, comme le mettent en évidence les termes de beau-parentalité, homoparentalité, parentalité d’accueil, autant de situations où existe un hiatus entre le juridique et les pratiques familiales.
13Mais cette façon de voir les choses, qui emprunte surtout à la façon dont la sociologie s’est mise à désigner les situations familiales jusqu’alors atypiques, en pleine expansion à partir des années 1970-1980, par ces termes de monoparentalité, beau-parentalité, homoparentalité, ne rend pas compte du fait que ce terme était déjà porteur d’au moins deux significations antérieures.
Retour sur la genèse d’un concept
14J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’essayer d’en retracer la généalogie dans les sciences humaines et sociales. Pour rester bref, la première utilisation que je connaisse de ce terme dans les écrits scientifiques est la traduction du terme anglais « parenthood » de l’article écrit par le célèbre anthropologue Bronislaw Malinowski en 1930 : « Parenthood, the basis of social structure [2] ». Cette approche par l’anthropologie fonctionnaliste se développera par la suite pour désigner les fonctions assumées par les parents à l’égard d’un enfant, avec notamment Esther Goody [3], puis, plus près de nous, Maurice Godelier [4]. Mais à cette approche par les fonctions parentales va s’adjoindre une autre approche, celle de la psychanalyse, avec Therese Benedek qui, en 1959, publie son article « Parenthood as a developmental phase [5] », puis en France, Paul-Claude Racamier, en 1962, qui, traitant de la psychose puerpérale, emploie le terme de maternalité, puis de paternalité, et par extension de parentalité [6]. L’approche est fort différente puisqu’elle insiste sur la différence des places maternelle et paternelle, sur le processus d’affiliation psychique réciproque de l’enfant et de ses parents et sur les investissements imaginaires qui l’accompagnent. Comme en anthropologie, le terme connaîtra un grand succès, et vont se multiplier les écrits y faisant référence [7].
15Ainsi, lorsqu’il se popularise dans les années 1980, il est déjà le fruit d’une histoire ancienne, et selon qui l’emploie il n’est pas forcément fait référence à la même chose. Son utilisation par les médias se révèle multiforme et ambiguë. Et ce n’est pas son passage dans le monde politique qui va le clarifier. Cependant, plusieurs tentatives d’explicitation vont se succéder, avec au moins deux étapes importantes : la publication du rapport du groupe de travail dirigé par Didier Houzel, sous le titre Les enjeux de la parentalité, en 1999 [8], puis la définition officielle qu’en donne le Conseil national de soutien à la parentalité en 2011. Il est à remarquer que cette définition prend en compte la plupart des usages antérieurs en essayant de les synthétiser, en euphémisant cependant la dimension sur laquelle j’ai le plus insisté, la dimension politique [9].
16Il y est ainsi question de lien psychique, de fonctions parentales et de diversité familiale : « La parentalité désigne l’ensemble des façons d’être et de vivre le fait d’être parent. […] Elle qualifie le lien entre un adulte et un enfant, quelle que soit la structure familiale dans laquelle il s’inscrit, dans le but d’assurer le soin, le développement et l’éducation de l’enfant. Cette relation adulte-enfant suppose un ensemble de fonctions, de droits et d’obligations (morales, matérielles, juridiques, éducatives, culturelles) exercés dans l’intérêt supérieur de l’enfant en vertu d’un lien prévu par le droit (autorité parentale) [10]. » Hormis la reprise des diverses dimensions mises en exergue dans les travaux des différentes sciences humaines, on remarque, d’une part, que le texte se garde bien de définir ce qu’est un parent, d’autre part, qu’il articule les dimensions citées, « lien, fonction, diversité familiale », aux caractères que le droit a associés à l’éducation enfantine : l’intérêt supérieur de l’enfant et l’autorité parentale…
17Par ailleurs, rien n’est dit sur l’utilisation politique du terme, alors même que c’est l’État qui parle par le biais du Comité national de soutien à la parentalité et qu’en 2014, la Convention d’objectif et de gestion des caisses d’allocations familiales les désignera comme leaders d’un dispositif structuré et hiérarchisé de soutien à la parentalité. Sans doute est-ce en lien avec l’absence du terme du vocabulaire juridique [11], mais peut-être encore plus avec l’indécision du politique quant à la position à tenir sur ce qu’est un parent, compte tenu de la violence de certains débats relatifs aux questions familiales et parentales…
18Certes, l’indécision est loin de n’affecter que le politique, elle est plutôt la caractéristique de l’ensemble des relations sociales confrontées à cette montée des incertitudes [12], et participe, en matière familiale, aussi bien de la logique sociale néolibérale qui promeut la mobilité et le renouvellement [13] que de la mutation des mœurs qui affirme le primat de l’individu et de l’égalité dans les positionnements privés.
La parentalité comme révélateur de l’importance des affiliations
19Toujours est-il qu’aujourd’hui un flottement social se manifeste quant à la nécessité d’avoir à (re)définir ce que peut bien être un parent, et la parentalité s’en nourrit, elle qui insiste sur les liens d’affiliation qui existent entre un enfant et ses parents, et qui en donne ainsi, en quelque sorte en creux, une proposition de redéfinition. Être parent, ce serait être lié à un enfant, le plus souvent en prolongement d’un processus de procréation mais pas toujours et pas forcément. En effet, il y a des géniteurs qui ne deviennent pas parents, et des parents qui ne sont pas les géniteurs de leur enfant…
20L’accession à la parentalité est donc le fruit d’une dynamique, en d’autres termes d’une construction de la position parentale, processus que l’on désignera par le terme de parentalisation, mettant en œuvre un processus d’affiliation, dans ses deux composantes sociale et psychique.
La dynamique des affiliations
21Au dernier séminaire de l’arip sur « Le bébé sapiens » des 12-18 septembre 2015 à Cerisy, j’insistais sur ce fait que, contrairement aux idées reçues, la parentalité n’a rien de naturel, qu’elle est la conséquence d’un processus d’affiliation, et que la caractéristique des temps modernes réside non seulement dans la disparition de l’évidence d’être parent, et encore plus maman [14], mais aussi et peut-être surtout dans l’augmentation brutale des cas de dissociation entre affiliation sociale et affiliation psychique avec la montée des séparations conjugales et des « nouvelles » parentalités.
Du social au psychique : la revanche des individus
22De tout temps et en tout lieu, mais fort diversement selon les contextes [15], les sociétés ont défini le cadre permettant de désigner qui étaient les parents d’un enfant et les règles structurant le système de parenté dans lequel ils étaient pris. La mère bénéficiant de l’évidence gestatrice (même si accoucher ne menait pas toujours à être vraiment mère), elles se sont centrées sur la question du père [16] en donnant fonction au mariage d’instituer le mari en père des enfants nés de son épouse. Cette présomption de paternité faite au mari impliquait ipso facto la virginité de la femme au mariage et sa fidélité par la suite… La maîtrise de la contraception et la libération concomitante de la sexualité ont largement contribué au bouleversement possible entre la vie en couple et l’éducation des enfants. Désormais, les enfants allaient pouvoir de plus en plus être élevés par d’autres que leurs parents d’origine et le droit allait devoir reconnaître non seulement la diversité des filiations mais aussi celle des affiliations. On sait qu’aujourd’hui le processus est loin d’être abouti, nombreuses sont les situations où des personnes en position parentale (au niveau de la vie commune, de l’éducation et des attachements affectifs) ne bénéficient pas d’un véritable statut parental, malgré les tentatives avortées du droit en la matière [17]. Les affiliations sociales ne sont plus en harmonie avec les affiliations psychiques, notamment pour les beaux-parents, ou les homoparents [18].
23En d’autres termes, contrairement à l’époque antérieure où l’affiliation sociale d’un enfant à ses parents précédait la création de liens psychiques, aujourd’hui beaucoup d’affiliations psychiques se créent sans être forcément reconnues par le droit et institutionnalisées. Auparavant, c’était le contrat de mariage qui désignait qui allaient être les parents d’un enfant non encore conçu en inscrivant l’enfant comme projet dans le contrat, la force du cadre institutionnel en faisant un passage obligé pour procréer tout en liant les familles entre elles de façon profonde dans une organisation très structurée de la filiation et de la parentèle. De nos jours, il n’est plus besoin de cet encadrement institutionnel pour faire un enfant (de façon dominante depuis 2007 [19]) et les liens de filiation se sont grandement complexifiés avec la montée des adoptions et des naissances médicalement assistées avec donneurs, en même temps que les liens d’affiliation psychique se diversifiaient, en commençant à s’établir chez les parents non mariés avant l’affiliation sociale de l’enfant à ses parents par la déclaration de naissance, ou en se développant sans être socialement reconnus chez les beaux-parents ou homoparents, voire en amenant à développer des contradictions insolubles pur notre droit actuel dans le cas des parents d’accueil [20].
Les résistances à l’évolution
24Les rapports produits pour tenter de mettre en accord le droit avec l’état des mœurs [21] n’ont pas encore été suivis d’effets tant les résistances à ce que soient juridiquement reconnus un certain nombre d’états de fait peuvent être fortes, voire violentes, ainsi que l’a montré la « Manif pour tous » s’opposant au mariage des homosexuels, ou la dénonciation sur les réseaux sociaux d’une pseudo « théorie du genre », qui serait inculquée à l’école, par exemple avec le programme initié à l’école primaire et maternelle, intitulé « ABCD de l’égalité », et visant à lutter contre le sexisme… Les mutations en matière de parentalité peuvent très difficilement être acceptées par tous, parce qu’elles touchent, d’une part, à des rôles de sexe [22] souvent considérés comme définis par la nature (notamment pour ce qui concerne l’orientation sexuelle), et entérinés comme tels par la religion, d’autre part aux structures d’une filiation spontanément pensée comme biologique [23].
25Ainsi, toute l’organisation du fait conjugal et du fait parental a été bouleversée en l’espace de quelques décennies et les situations ne peuvent plus être pensées sur la base des certitudes antérieures qu’organisait notre droit, et qu’il s’est trouvé dans l’obligation de réformer aussi rapidement que profondément, malgré son inaboutissement actuel.
26Par contrecoup se trouvent alors reposées les interrogations sur ce qui fait aussi bien le lien social que le lien parental, et ce qui en découle : la production pour tout individu d’une dette de vie qui peut d’autant moins être contestée qu’elle est largement inconsciente, mais se trouve frappée d’incertitude quant aux supports où elle s’applique.
Les incertitudes de la dette de vie
27Ce n’est pas le moindre des paradoxes contemporains que rendre incertaine la dette de vie, alors qu’à l’époque des Trente Glorieuses il semblait clair pour tous que cette dette, bien qu’inconsciente, concernait autant la société définie comme démocratique que les parents mariés, et par là, officiels, de l’enfant. Depuis, les temps ont changé, comme l’annonçait le poète au milieu des années 1960 [24], mais la conséquence incorporée des affiliations de l’enfant n’a pas changé : il est toujours en dette mais ne sait plus toujours à l’égard de qui…
28Comme le rappelait Robert Castel, « une société est un ensemble de services que ses membres se rendent réciproquement. Il en résulte que chacun a des dettes à l’égard de tous, d’autant plus qu’un individu, en arrivant au monde, y trouve une accumulation préalable de richesses sociales dans lesquelles il puise. Les obligations à l’égard de la collectivité ne font que traduire cette position de débiteur, qui est le fait de chacun en société [25] ». Mais ce qui était assez facilement identifiable à l’époque de la croissance pour tous et de l’État providence – la dette à l’égard de la société d’accueil – ne l’est plus guère à l’époque de la stagnation économique, du déséquilibre de la répartition des bénéfices [26], de la montée du chômage, des inégalités sociales, de la précarité et des difficultés d’intégration des jeunes d’origines étrangères, en un mot du néolibéralisme contemporain. Beaucoup d’enfants ne sont plus en situation de ressentir une dette à l’égard d’une société dont ils ont le sentiment qu’elle les exclut, certains retournant leur désespérance contre eux (le suicide des jeunes), d’autres contre la société (Daech comme indicateur d’une désaffiliation sociale extrême). Une partie de la jeunesse se trouve ainsi en déshérence, c’est-à-dire en déficit d’héritage à l’égard d’une société qui ne les a que très imparfaitement accueillis, et manifeste un désespoir social que l’attachement à leurs parents ne peut parfois suffire à contrecarrer…
29Car l’autre face de la dette de vie est celle contractée à l’égard des parents, ainsi que la définit Monique Bydlowki : « En matière de filiation humaine, une dette de vie inconsciente enchaîne les sujets à leurs parents, à leurs ascendants. Pour les futurs père et mère, la reconnaissance de ce devoir de gratitude, de cette dette d’existence, est le pivot de l’aptitude à transmettre la vie [27]. » Ce qui paraissait simple à une époque pas si lointaine, celle qui voyait se nouer dans le mariage les dimensions biologique, sociale et relationnelle de la parentalité, n’est plus aussi évident aujourd’hui où la désinstitutionnalisation de la conjugalité a vu se dénouer ces dimensions et où l’amp avec donneurs est venue complexifier la question des origines. Indéniablement, la recherche de leurs « origines » par certains enfants nés sous X [28] ou avec l’aide d’un donneur anonyme de gamètes dans une procédure de procréation assistée actualise l’idée de dette de vie inconsciente à l’égard des parents, ou tout du moins des géniteurs, puisque notre imaginaire social [29] semble avoir intégré la complexification des places parentales contemporaines et la distinction entre la reproduction biologique et la filiation. S’il y a du trouble, ce n’est plus seulement dans le genre [30] mais aussi dans la transmission. L’enfant peut de plus en plus fréquemment s’interroger sur qui lui a transmis quoi : ses gènes et caractéristiques biologiques, son nom et ses affiliations familiales, son éducation et son habitus, cet ensemble de façons d’être et de dispositions acquises dans ses groupes d’appartenance. Et pour répondre à cette complexification, un nouveau nom a été proposé, celui de pluriparentalité [31].
Pluriparentalité et bouleversement de la filiation
30Ce qui se trouve questionné avec force avec l’idée de pluriparentalité a fondé durant des siècles notre système de parenté et son organisation juridique : l’exclusivité de la bi-filiation (on ne peut avoir que deux parents et deux seulement), ce que les anthropologues appellent notre « modèle généalogique [32] ». Or, il est clair qu’à terme ce référentiel ne pourra plus fonctionner, car de plus en plus inadapté aux situations parentales réelles, qui peuvent de moins en moins mettre en œuvre un principe de substitution du « nouveau » parent (exemplairement, le beau-parent) à l’« ancien » (le parent séparé chez lequel l’enfant ne réside pas)… Le maintien du lien de l’enfant aux parents d’origine est devenu dans les années 1980 le nouveau principe de gestion de l’après-séparation [33] comme du placement de l’enfant dans une famille d’accueil ou une institution [34]. Dans le même temps, l’irruption de l’assistance médicale à la procréation à partir de 1982 a profondément transformé les bases de la réflexion du côté de la dimension biologique de la procréation. Double évolution conjointe qui a amené à la reconnaissance de la pluriparentalité, en tant qu’elle théorise le constat de la coexistence possible de figures parentales multiples pour un enfant et la nécessité de refonder notre filiation, et plus largement notre système de parenté, sur des principes renouvelés. Conclusion à laquelle aboutit le récent rapport Théry, qui préconise la reconnaissance officielle de trois types de filiation : par procréation, par adoption, et par engendrement avec tiers donneurs [35], accompagnée de multiples mesures accompagnant cette réorganisation, ou plutôt cette refondation nécessaire.
Les perspectives d’une reconfiguration normative
31Les perspectives de cette reconfiguration sont fondamentales puisqu’il s’agit de réorganiser les rapports parents-enfant-société sur la base de normes renouvelées. Si l’organisation sociale ne s’appuie plus que marginalement sur l’institution de la conjugalité, par exemple en privilégiant les couples mariés pour les questions de transmission, mais en accordant désormais à tous les enfants les mêmes droits quel que soit le statut matrimonial de leurs parents, il faut reconnaître que c’est autour de l’enfant que se structure la famille. D’abord parce que c’est véritablement lui qui fait famille en arrivant au monde, et non plus le mariage, destitué de cette fonction par la majorité des nouveaux parents ; ensuite, parce que le droit et les politiques familiales se sont recentrés sur la gestion des relations de l’enfant à ses parents en prenant à tour de rôle en compte les différentes situations possibles [36]. Ils se sont alors attachés à gérer la famille par la parentalité, participant ainsi à la constitution d’un dispositif de parentalité [37] s’autonomisant par rapport à celui de l’alliance, et celui de la sexualité, dont Foucault à montré la cristallisation à la fin du xixe siècle [38].
32Avant la naissance, la procréation peut voir plus de deux personnes intervenir dans le processus de conception biologique d’un enfant, et voir se dissocier la conception biologique de la conception socio-psychologique, avec les dons de gamètes et la gestation pour autrui ; au moment de la naissance, le bébé peut être abandonné et confié à la Protection de l’enfance pour adoption, et, dans certains pays, remis par la mère porteuse à ses parents ; après la naissance, l’enfant peut être élevé, d’une façon qui n’est pas forcément stable, par : ses (ou son) parent(s) biologique(s), ses (ou son) parent(s) adoptif(s), son (ou ses) beau(x)-parent(s), son (ou ses) homoparent(s), ses parents d’accueil (même si leur parentalité est déniée)… Ce qui ne manque pas de faire que les divers parents ainsi désignés et leurs enfants s’interrogent sur leurs liens, que certains enfants partent à la recherche de leurs origines, ou que certains parents et enfants entrent dans des processus de désaffiliation…
33Ce sont l’ensemble de ces interrogations et d’autres encore qui animent les multiples débats contemporains sur la famille et la parentalité, incitent les chercheurs à produire des rapports sur les évolutions et leur encadrement possible, provoquent des résistances extrêmement violentes aux propositions législatives qui en découlent, et plongent les politiques dans l’incertitude.
34La création en 1983 d’un Comité national d’éthique destiné à éclairer le législateur n’a manifestement pas eu l’effet escompté, quand on constate les difficultés d’évolution de la loi sur la bioéthique, et plus globalement sur la famille. La volonté œcuménique de ce comité, incluant notamment les représentants des différentes religions, l’a conduit à adopter des positions plutôt conservatrices et n’a guère aidé à la progression législative.
35Il faut cependant bien avoir conscience qu’au vu de la force des transformations en cours, la loi et le droit seront amenés à terme à reconnaître et à encadrer l’état de fait de la pluriparentalité, et à remettre en question le principe de l’exclusivité de la bi-filiation. Aujourd’hui, beaucoup d’enfants ont plus de deux parents, et il devient urgent de clarifier les situations en identifiant et permettant de réguler les niveaux auxquels ils interviennent, quelles que soient les résistances que cela peut produire…
Notes
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Gérard Neyrand, professeur de sociologie, université Toulouse 3- Paul Sabatier, directeur du Centre interdisciplinaire méditerranéen d’études et recherches en sciences sociales (cimerss, laboratoire associatif) à Bouc-Bel-Air. cimerss@sfr.fr
- [1]
-
[2]
B. Malinowski, « Parenthood. The basis of social structure », dans V.F. Calverton et S.D. Schmalhausen (sous la direction de), The New Generation : The Intimate Problems of Modern Parents and Children, New York, The Macaulay Comp., 1930, p. 113-168.
-
[3]
E. Goody, Parenthood and Social Reproduction. Fostering and Occupational Roles in West Africa, Cambridge University Press, 1982.
-
[4]
M. Godelier, Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004.
-
[5]
T. Benedek, « Parenthood as a developmental phase », Journal of the American Psychoanalytic Association, n° 7, 1959.
-
[6]
P.-C. Racamier, C. Sens, L. Carretier, « La mère et l’enfant dans les psychoses du post-partum », L’évolution psychiatrique, n° 26, 1961.
-
[7]
Voir le chapitre « Parentalité : une sédimentation de significations » dans mon ouvrage Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité, Toulouse, érès, 2011.
-
[8]
D. Houzel (sous la direction de), Les enjeux de la parentalité, Toulouse, érès, 1999.
-
[9]
G. Neyrand, « Le soutien aux parents entre citoyenneté démocratique et individualisme néolibéral », Recherches familiales, n° 10, 2013 ; « Visée sécuritaire et managériale ou soutien et accompagnement des parents : les paradoxes d’une gestion néolibérale de la famille », dans C. Martin (sous la direction de), « Être un bon parent », une injonction contemporaine, Rennes, Presses de l’ehesp, 2014, p. 137-150 ; « D’une politique de la famille à une politique de la parentalité. L’exemple de la France », Analele Universitàtii Bucuresti, Anul XVII, n° 1, juin 2015, p. 19-34.
-
[10]
http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Avissoutienparentalité.pdf
-
[11]
C. Neirinck et coll., De la parenté à la parentalité, Toulouse, érès, 2001.
-
[12]
R. Castel, La montée des incertitudes, Paris, Le Seuil, 2009.
-
[13]
E. Illouz, Pourquoi l’amour fait mal, l’expérience amoureuse dans la modernité, Paris, Le Seuil, 2012.
-
[14]
Ce qu’avait déjà mis en évidence nombre d’écrits antérieurs : S. De Beauvoir, Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949 (réédition 1976) ; Y. Knibielher, C. Fouquet, Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours, Paris, Montalba, 1977 ; E. Badinter, L’amour en plus, Paris, Flammarion, 1980.
-
[15]
M. Godelier, Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004.
-
[16]
G. Neyrand, L’enfant, la mère et la question du père. Un bilan critique de l’évolution des savoirs sur la petite enfance, Paris, Puf, 2000 (3e éd. 2011).
-
[17]
D. Versini, Défenseure des enfants, L’enfant au cœur des nouvelles parentalités : statut des tiers, statut du beau-parent ?, Paris, Cour de Cassation, 7 novembre 2007.
-
[18]
M. Gross, M. Peycere, Fonder une famille homoparentale, questions juridiques, éthiques et psychologiques, Paris, Ramsay, 2005 ; E. Verdier, Laissez-moi tous mes parents. Pour une reconnaissance de la coparentalité, Le Triadou, H & O éditions, 2010.
-
[19]
Inférieur à 7 % dans les années 1950-1960, le taux de naissances hors mariage progresse régulièrement depuis 1970 pour dépasser 50 % en 2007 et atteindre, en 2014, 57,4 % (« Naissances selon la situation matrimoniale des parents depuis 1901 », insee).
-
[20]
N. Chapon, Parentalité d’accueil et relations affectives, Marseille, pup, 2014 ; G. Neyrand, N. Chapon-Crouzet (sous la direction de), Parentalité et famille d’accueil, Dialogue, n° 167, 1er trimestre 2005.
-
[21]
I. Théry, Filiation, origines, parentalité. Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité générationnelle, rapport au ministre des Affaires sociales et au ministre délégué à la Famille, 2014.
-
[22]
G. Neyrand, M. Tort, M.-D. Wilpert, Père, mère, des fonctions incertaines. Les parents changent, les normes restent ? Toulouse, érès, 2013.
- [23]
-
[24]
B. Dylan, The Times they are a Changing, Colombia, 1964.
-
[25]
R. Castel, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995.
-
[26]
T. Piketty, Le Capital au xxe siècle, Paris, Le Seuil, 2013.
-
[27]
M. Bydlowski, La dette de vie : itinéraire psychanalytique de la maternité, Paris, Puf, 1997, p. 8.
-
[28]
F. Peille, « Le secret et la recherche des origines. », Le Journal des psychologues, 6/2006, n° 239, p. 38-42.
-
[29]
M. Messu, « Mariage et société des individus : «Le mariage pour personne» », Recherches familiales, n° 12, 2015, p. 289-306.
-
[30]
J. Butler (1990), Troubles dans le genre, Paris, La Découverte, 2006.
-
[31]
D. Le Gall, Y. Bettahar (sous la direction de), La pluriparentalité, Paris, Puf, 2001 ; A. Fine, « Qu’est-ce qu’un parent ? Pluriparentalité, genres et système de filiation dans les sociétés occidentales », Spirale, n° 21, 2002.
-
[32]
A. Martial, « Qui sont mes parents ? L’évolution du modèle généalogique », Informations sociales, n° 131, 2006.
-
[33]
Loi de 1987 et 1993 sur l’autorité parentale incluant la coparentalité comme participant de l’intérêt supérieur du l’enfant.
-
[34]
Loi de 1984 relative aux droits des familles dans leurs rapports aux services chargés de la famille et de l’enfance.
-
[35]
I. Théry, op. cit.
-
[36]
1976 création de l’allocation parent isolé ; 1987, 1993 et 2002, les lois sur l’autorité parentale conjointe la désignent comme participant de l’intérêt supérieur de l’enfant avec le principe de coparentalité, puis reconnaissent la résidence alternée comme légitime ; 1999, création des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents, 2000 des contrats locaux d’accompagnement à la scolarité, 2010 du Comité national de soutien à la parentalité ; 2001, le congé paternité est porté à 14 jours ; 2002, loi sur le nom de famille…
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[37]
Voir le chapitre « La constitution du dispositif de parentalité », dans G. Neyrand Soutenir et contrôler les parents, op. cit., p. 62-117.
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[38]
M. Foucault, Histoire de la sexualité. I. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.