Empan 2008/2 n° 70

Couverture de EMPA_070

Article de revue

Du cafamp au deamp : un nouveau diplôme… et de nouveaux aides médico-psychologiques ?

Des compétences clarifiées au service de l'évolution des emplois

Pages 30 à 35

Notes

  • [1]
    Voir plus bas tableau des passerelles pour les diplômes de niveau V et validations automatiques.
  • [2]
    Légende du tableau : deavs : diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale ; deas : diplôme d’État d’aide soignant ; deap : diplôme d’État d’auxiliaire de puériculture ; deamp : diplôme d’État d’aide médico-psychologique.
    dc : Domaine de compétence et subdivision des unités de formation correspondantes à un diplôme. Les 2 diplômes du secteur social contiennent 6 domaines de compétences, les 2 diplômes de santé 8 dc.
    Pour la lecture du tableau on voit (en ligne) pour chaque diplôme, quelle validation automatique pour tel autre diplôme visé (en colonne). Exemple 4 / 8 ou 5 / 6.
  • [3]
    Notamment, la place du secteur de l’emploi, des professionnels du terrain, des référents de stage et la notion de « site qualifiant » est à comprendre dans ce contexte général. Il est donc logique que le secteur qui connaît par ailleurs ses propres évolutions, prenne une importance grandissante dans l’organisation même de la qualification, même si de fait d’autres contraintes freinent cette évolution.

1Après un travail approfondi mené avec la commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale, le décret du 2 mars 2006 est venu substituer le diplôme d’État d’Aide médico-psychologique à l’ancien Certificat d’aptitude aux fonctions d’amp (cafamp), créé par l’arrêté du 30 avril 1992.

2Les modalités de mise en œuvre de cette nouvelle certification ont été précisées dans l’arrêté du 11 avril 2006 relatif au diplôme d’État d’aide médico-psychologique. Cette réforme a pour finalités, d’une part l’ouverture à la validation des acquis de l’expérience de ce diplôme, ainsi que le stipule la loi de modernisation sociale n° 2002-73 du 17 janvier 2002, et d’autre part l’adaptation de la formation aux évolutions sociétales et législatives liées notamment à la prise en charge des personnes handicapées et dépendantes.

3Ont été élaborés pour ce diplôme, comme pour les autres en travail social réformés, un référentiel professionnel, un référentiel de formation et un référentiel de certification adaptés aux besoins de qualification de ces professionnels.

Entre 1992 et 2006, des évolutions sensibles

Dans les définitions de la profession et du contexte de son intervention

4L’arrêté de 1992 « destinait le cafamp aux personnes qui participent à l’accompagnement des personnes handicapées ou des personnes âgées dépendantes au sein d’équipes pluriprofessionnelles et sous la responsabilité d’un travailleur social ou paramédical, afin de leur apporter notamment l’assistance individualisée que nécessite leur état psychique ou physique. »

5Il citait parmi les lieux d’emploi possibles, les mas, les ime, les cat, les hôpitaux psychiatriques, les hôpitaux généraux… et « différentes structures d’accueil privées et publiques ».

6Le référentiel professionnel de 2006 a considérablement élargi le champ d’activité des amp ; il cite nommément les fit (foyers d’insertion et de transition), les maisons de retraite, les services de long séjour, les ehpad, les chrs, les mecs et… les ssiad et services polyvalents d’aide à domicile.

7Tout en rappelant que le rôle de l’amp se situe à la frontière de l’éducatif et du soin, il précise que cette profession constitue une première qualification de la filière éducative.

Dans les modalités d’accès et les contenus de formation

8Cette formation, qui n’était accessible qu’aux personnes en cours d’emploi titulaires d’un contrat d’aide médico-psychologique stagiaire ou d’aide-soignant stagiaire, est désormais ouverte à toutes les voies, de la voie initiale (dans le prolongement du cursus scolaire ou universitaire) à la formation professionnelle. Elle comprend 495 heures de formation théorique (350 heures en 1992) et 24 semaines de formation pratique réparties sur une amplitude de 12 à 24 mois (4 semaines hors établissement employeur en 1992).

9Enfin, on est passé de 5 unités de formation à 6 domaines de formation, dont les intitulés et la répartition des contenus ont été reconstruits à partir du référentiel professionnel et notamment du référentiel de compétences attendues pour ce diplôme : connaissance de la personne, accompagnement éducatif et aide individualisée dans les actes de la vie quotidienne, animation de la vie sociale et relationnelle, soutien médico-psychologique, participation à la mise en place et au suivi du projet personnalisé, communication professionnelle et vie institutionnelle.

Dans les modalités de certification

10L’architecture des épreuves de certification est construite sur la base de ce référentiel de compétences et chaque épreuve a été conçue pour vérifier l’acquisition des compétences par domaine : comme pour tous les diplômes du champ sanitaire et social, on est dorénavant sur un nouveau principe d’acquisition modulaire du diplôme.

11On est désormais loin des 4 notes compensables de l’ancien cafamp (2 notes d’écrit, une note d’oral et une note de livret de formation), puisque les 6 domaines de certification doivent être validés séparément par une note moyenne au moins égale à 10 sur 20 ; il n’y a plus de compensation entre les notes obtenues aux différentes épreuves.

12Au total, un candidat effectuant la totalité du parcours de formation se voit attribuer 10 notes. Il faut préciser à ce sujet que tous les candidats détenant des diplômes [1] d’État d’auxiliaire de vie sociale, d’aide-soignant, d’auxiliaire de puériculture et du Brevet d’aptitude professionnelle d’assistant animateur technicien de la jeunesse et des sports (bapaat) valident automatiquement de 1 à 4 domaines de compétences : ils se présentent donc aux seuls domaines de compétences qui leur font défaut.

13La responsabilité de l’évaluation des compétences pour l’obtention du diplôme est aujourd’hui partagée entre le centre d’examen de la drass (qui attribue 4 notes), l’établissement de formation (qui attribue 2 notes) et le référent professionnel du terrain de stage (qui attribue 4 notes en concertation avec l’établissement de formation). La certification, comme précédemment et pour tous les diplômes, fait l’objet d’une décision finale sous la seule responsabilité du jury du diplôme d’État. La décision individuelle adressée au candidat précise s’il obtient le diplôme ou s’il valide partiellement un ou plusieurs domaines de compétences.

Premiers effets des réformes

Nouvelle architecture de certification et réduction du taux des admis

14Comme dans les autres diplômes réformés, et en raison même de cette nouvelle possibilité de validation partielle par domaine de compétence, le taux d’admission au diplôme d’État diminue. Ces dernières années, le cafamp était obtenu par environ 96 % des candidats à leur première présentation. Lors de la première session du deamp en Midi-Pyrénées, en février 2008, près de 80 % des candidats ont validé les 6 domaines de compétences et obtenu le diplôme d’État. La non-compensation des notes entre les différents domaines de compétences réduit par conséquent le nombre des admis au premier passage.

15Pour autant, les candidats en situation de validation partielle, gardent le bénéfice des domaines de compétences acquises et pourront centrer leur complément de formation sur les seuls domaines de compétences à acquérir. Ils disposent de cinq ans pour le faire. Cette nouvelle architecture de la certification par domaine, conçue pour mieux s’adapter à la nouvelle voie d’accès au diplôme et à la variété des parcours possibles depuis la mise en place de la vae, suppose en contrepartie une bonne adaptation des projets et méthodes pédagogiques, basées sur une plus grande individualisation du suivi des candidats et de leurs moyens d’acquérir les compétences. Dans ce sens, la généralisation de plateformes communes pour l’accompagnement des candidats à la vae, gérées par les établissements de formation eux-mêmes, est une démarche positive. En effet, le suivi de candidats issus de voies différentes, permet aux établissements de préparer une réponse pédagogique adaptée.

La mixité des parcours, vers des amp multi-diplômés ?

16Les dernières réformes des diplômes sociaux et des professions de santé ont mis en place de vraies passerelles entre diplômes de même niveau en particulier, au niveau V. Ces passerelles sont conçues sur la base de validations automatiques (qui s’appliquent également aux candidats de la vae) ou de possibilités d’allègements de formation.

17Les validations automatiques permettent à un candidat d’accéder plus facilement d’un diplôme à un autre grâce à la dispense, non seulement du contenu de la formation pour la totalité d’un domaine de compétences, mais également des épreuves correspondantes pour la certification. Dans certains cas cette dispense permet de réduire de la moitié ou des trois quarts la durée de la formation.

18Les allègements de formation sont à négocier entre le candidat et l’établissement de formation qui l’accueille, sur la base d’un protocole d’allègement conçu par l’établissement et dûment accepté par la drass. Cette possibilité ne s’impose pas, et ne donne pas lieu à une quelconque dispense des épreuves de certification prévues pour le diplôme.

19Le tableau ci-dessous illustre les possibilités de validations automatiques entre les 4 diplômes du champ sanitaire et social [2], et montre par conséquent les points de convergences en termes de contenu ou de proximités de compétences reconnues.

Passerelles : diplômes de niveau V

tableau im1
diplôme visé DEAVS DEAMP DEAS DEAP diplôme acquis DEAVS –4/6 DC4/8 DC 3/8 DCDEAMP 4/6 DC –5/8 DC 4/8 DCDEAS 2/6 DC 3/6 DC –6/8 DCDEAP 0/6 DC 1/6 DC 6/8 DC–

Passerelles : diplômes de niveau V

Dispenses: d’un diplôme à l’autre quelle validation automatique?

20C’est ainsi qu’un amp diplômé est dispensé de 5 domaines de formation sur 8 lorsqu’il veut rentrer en formation d’aide-soignant, de 4 domaines de formation sur 6 lorsqu’il veut rentrer en formation d’auxiliaire de vie sociale, de 4 domaines sur 8 pour la formation d’auxiliaire de puériculture. De même, le passage des autres diplômes vers le métier d’amp se trouve facilité, et notamment pour les aides soignants et les auxiliaires de vie sociale qui peuvent réduire leur temps et coûts de formation respectivement de la moitié et des deux tiers.

21Cette proximité de compétence et l’attrait pour la mobilité professionnelle s’observent de fait sur le terrain en Midi-Pyrénées : plusieurs dizaines d’amp, travaillant en particulier dans le secteur des personnes âgées, sont d’ores et déjà inscrits pour rentrer en formation d’aide-soignant. Les auxiliaires de vie sociale et les aides soignants en quête de mobilité ou de variété d’emploi peuvent tout autant parvenir au diplôme d’amp soit par la vae, soit par une formation très réduite.

Vision élargie des compétences attendues

Le contexte et son évolution

22Un des points importants qui a inspiré les réformes récentes de la formation professionnelle (Loi de modernisation sociale, réforme des diplômes) est lié aux changements de principes en cours dans notre société, et dont la vae fait partie intégrante. Chaque diplôme professionnel n’est plus seulement défini comme par le passé, à partir d’unités de formation et de contenus disciplinaires à acquérir (fixés historiquement en référence au modèle académique basé sur des programmes et des volumes horaires), mais plutôt sur la base d’un référentiel professionnel codéfini et coconstruit entre une branche professionnelle et l’ensemble des partenaires concernés par l’emploi et la formation. En ce sens le référentiel professionnel, devient le socle légitime des opérations de qualification pour toutes les voies d’accès au diplôme. La légitimité du référentiel professionnel se renforce par la définition détaillée, effectuée en concertation par les mêmes acteurs, d’activités et de compétences requises pour les exercer (des indicateurs sont même précisés afin d’en vérifier l’existence réelle). Le référentiel de formation et le référentiel de certification dans ce schéma fixent les étapes nécessaires ou conseillées pour réaliser la formation (nombre d’heures, contenus, stages pratiques, organisation des épreuves par domaine). Bien que ces étapes et ces moyens soient importants, ils n’en sont pas moins au service de la finalité principale : l’acquisition de compétences professionnelles. Un basculement est donc en train de s’opérer entre une ancienne logique de la formation/qualification, au profit de la compétence/emploi. Ces deux logiques, on le comprend, ne donnent pas aux différents réseaux d’acteurs la même place et le même poids [3].

23Pour les amp, comme pour les autres métiers, il est donc important de resituer la cohérence du métier et son articulation avec les autres professionnels du secteur, sur cette base.

Les domaines de compétences et leur proximité

24Si l’on examine les référentiels professionnels des 4 métiers cités ci-dessus, on est amené à faire les observations suivantes.

25Les deux diplômes de santé (aide soignant et auxiliaire de puériculture) sont conçus sur la base de 8 domaines de compétences qui, bien qu’identifiés sous des vocables différents peuvent être rapprochés dans leur définition des 6 domaines de compétences des diplômes sociaux (auxiliaire de vie sociale et amp). L’approche du malade ou de la personne aidée comporte clairement trois étapes clés d’un exercice professionnel propre à l’intervention sanitaire ou sociale. La connaissance de la personne ou l’appréciation clinique (diagnostic de la situation), des capacités d’action pour accompagner ou pour soigner la personne dans un contexte de vie quotidienne (traitement de la situation), des capacités techniques d’organisation du travail, de communication de participation aux travaux collectifs ou pluridisciplinaires (action en rapport avec un projet de service, institution ou mission de service public). Ces repérages communs ont toute leur importance si l’on considère qu’un même usager, les mêmes catégories de publics, qu’ils soient âgés, malades, handicapés ou gravement dépendants, peuvent être pris en charge à un moment ou à un autre (voire en même temps) par ces différents métiers. Les différences de compétences de technicité et de savoirs à mobiliser n’en sont pas moins au service des mêmes personnes connaissant un besoin global.

Les cœurs de métiers et l’identité professionnelle

26Aussi, on peut juger de la complémentarité de ces métiers sur le terrain et bien percevoir où se situent le cœur du métier de chacun, la part irremplaçable d’action spécifique sur laquelle peut également s’établir une responsabilité professionnelle propre. C’est là-dessus bien sûr que se construit pour chacun, son identité professionnelle, son appartenance à une valeur collective de métier. Cette construction s’acquiert au moment de la formation et par l’expérience sur le terrain en permettant d’acquérir ou de consolider une culture professionnelle. Pour les aides soignants et auxiliaires de puériculture, cette capacité d’appréciation de l’état clinique et la maîtrise des techniques de soins ou de prévention adaptés, les placent comme référents directs et de premier niveau dans un système de soins organisé. Pour les aides médico-psychologique, les capacités d’observation des potentiels et limites physiques et psychologiques des personnes lourdement handicapées, permettent l’action appropriée de soutien et d’animation, au premier niveau et de manière incontournable alimentent le projet collectif de la structure de soins ou psychiatrique ou d’hébergement médical de longue durée. L’auxiliaire de vie sociale supplée aux besoins essentiels et de la vie sociale de la personne dépendante à domicile et doit répondre au premier niveau, sans la présence directe d’autres professionnels sociaux ou de santé, ce qui demande une grande capacité de s’adapter à la singularité de chaque cas dans un environnement élargi.

Les perspectives d’évolution

27S’il est important de parler des proximités des compétences et d’une certaine permanence des cœurs de métiers, c’est bien parce que le secteur est en grande évolution. Nous avons voulu, pour cette raison, en fixer avec vous les éléments du contexte, très succinctement. Ces évolutions visibles en préparent probablement d’autres moins perceptibles encore actuellement, et il est important par conséquent de bien saisir la part des compétences mobilisables dans la durée pour chaque métier concerné. Les postes de travail se transforment, les compétences restent stables. Les cadres d’emploi ont beau bouger, il n’en sera pas moins nécessaire de faire appel aux habiletés, aux « arts de faire » des personnes professionnelles. Le métier d’amp est particulièrement concerné par cet « art de faire », ce que les familles ou les réseaux de soutien naturels n’ont plus la force, le courage ou les moyens de prendre en charge au quotidien.

28Actuellement le développement des services aux personnes, de l’aide à domicile, et les réformes réglementaires propres au secteur des personnes âgées ou handicapées, appellent à revisiter les profils d’emplois des amp, et l’élargissement du champ de leur intervention. C’est déjà le cas pour les services de soins à domicile pour lesquels l’extension est prévue pour les adultes ou enfants handicapés, les structures d’accueil ou de séjour du champ de l’enfance, de la famille ou de l’insertion sociale, les services de l’aide à domicile, tous peuvent avoir besoin, plus ou moins en fonction des publics suivis, des compétences des amp de mieux en mieux reconnus.

29Le référentiel professionnel des amp contient en lui-même l’architecture qui permettra de faire face à de nombreuses évolutions, à condition toutefois que l’alternance, notamment dans les parcours de formation, permette d’investir les nouveaux champs, les nouvelles perspectives d’emploi, voire suscite un nouvel intérêt pour cette profession tant du côté d’employeurs nouveaux que du côté d’une attractivité nouvelle pour les candidats à ce diplôme.

figure im2

Mots-clés éditeurs : validation, qualification, référentiel, compétences, travail social, formation professionnelle

Mise en ligne 19/08/2008

https://doi.org/10.3917/empa.070.0030

Notes

  • [1]
    Voir plus bas tableau des passerelles pour les diplômes de niveau V et validations automatiques.
  • [2]
    Légende du tableau : deavs : diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale ; deas : diplôme d’État d’aide soignant ; deap : diplôme d’État d’auxiliaire de puériculture ; deamp : diplôme d’État d’aide médico-psychologique.
    dc : Domaine de compétence et subdivision des unités de formation correspondantes à un diplôme. Les 2 diplômes du secteur social contiennent 6 domaines de compétences, les 2 diplômes de santé 8 dc.
    Pour la lecture du tableau on voit (en ligne) pour chaque diplôme, quelle validation automatique pour tel autre diplôme visé (en colonne). Exemple 4 / 8 ou 5 / 6.
  • [3]
    Notamment, la place du secteur de l’emploi, des professionnels du terrain, des référents de stage et la notion de « site qualifiant » est à comprendre dans ce contexte général. Il est donc logique que le secteur qui connaît par ailleurs ses propres évolutions, prenne une importance grandissante dans l’organisation même de la qualification, même si de fait d’autres contraintes freinent cette évolution.
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