Notes
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[*]
Maryse Tassin, formatrice d’éducateurs spécialisés, institut Saint-Simon – arseaa, action solidaire, avenue du Général-de-Croutte, 31100 Toulouse.
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[1]
La possibilité d’agréer un homme a été donnée par la loi du 12 juillet 1992.
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[2]
Le travail présenté dans cet article est la synthèse d’une étude réalisée en 1998 dans le cadre d’un dess de sociologie, « Développement social et rapport sociaux entre hommes et femmes », à la direction adjointe déléguée à l’enfance et à la famille, et plus spécifiquement à la mission de développement de la politique en faveur de l’enfance et de la famille, de la Direction de la Solidarité Départementale de la Haute-Garonne.
-
[3]
L. Mozere, « Agrément ou désagrément, le statut des assistantes maternelles, ambiguïté et réticence », Éthnologie française, xxv, 4, 1995.
-
[4]
Extrait d’entretien avec une psychologue effectuant les évaluations au moment des agréments et du renouvellement des agréments.
-
[5]
F. Bloch, M. Buisson, La garde des enfants, une histoire de femmes, entre don, équité et rémunération, Paris, L’Harmattan,1998.
-
[6]
A. Cadoret, « L’accueil des enfants, une tradition morvandelle », Sciences humaines, hors série, n° 7, décembre 1994-janvier 1995.
-
[7]
D. Houzel (sous la direction de), Les enjeux de la parentalité, Toulouse, érès, 1999.
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[8]
N. Chapond-Crouzet, « Le placement familial ou la vie partagée », Enfance majuscule, n° 33, février-mars 1997.
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[9]
P. Sans, Le placement familial, ses secrets et ses paradoxes, Paris, L’Harmattan, 1997.
-
[10]
J.-M. Servin, « Quelle fonction pour le père en placement familial ? », Lien social, n° 469, 14 janvier 1999.
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[11]
Dans ses enquêtes, F. de Singly montre que même quand les pères acceptent de rester à la maison, ils tentent d’avoir un espace qui leur soit réservé, une pièce pour le bricolage, le jardin, le bureau… Les hommes cherchent à cloisonner les espaces, à séparer les temps, ils ne savent pas, avouent-ils souvent, se rendre disponibles.
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[12]
J.-C. Cébula et D. Gorans donnent des précisions au sujet des termes de substitution et de suppléance. Substi-tution : la famille d’accueil a-t-elle pour fonction d’être une famille de substitution, c’est-à-dire de se mettre à la place de la famille de l’accueilli pour jouer son rôle ? C’est le cas lorsque celle-ci est inexistante, ou totalement et définitivement déstructurée. Ailleurs, c’est une tentation permanente à laquelle il convient d’être attentif et qu’il convient de moduler. Suppléance : nouvelle dimension demandée à l’accueil familial qui a pour mission de suppléer les défaillances familiales et non de s’y substituer. Ainsi, le terme de suppléance familiale se construit en opposition à celui de substitution pour signifier qu’il n’y a pas remplacement d’une famille par une autre.
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[13]
A. Cadoret, op. cit.
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[14]
J.-C. Cebula, « Envahissement », L’accueil familial en revue, n° 4, décembre 1997.
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[15]
Nous pouvons définir « l’habitus » comme un système de dispositions acquises par l’expérience, comme une grammaire, c’est-à-dire un ensemble de schèmes générateurs, ou comme un schéma de règles du jeu social. Bourdieu définit le concept d’habitus comme un produit de l’histoire. « L’habitus produit des pratiques, individuelles et collectives, donc de l’histoire ; il assure la présence active des expériences passées qui, déposées dans chaque organisme sous la forme de schèmes de perception, de pensées et d’actions, tendent plus sûrement que toutes les règles formelles et toutes les normes explicites à garantir la conformité des pratiques et leur constance à travers le temps », dans Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
-
[16]
J. Cartry, Tony-la-carence, Paris, Fleurus, 1988, cité par P. Sans, op. cit.
1 Les assistants [1] et assistantes maternelles sont des personnes qui accueillent habituellement à leur domicile, moyennant rémunération, des mineurs qui leur sont confiés soit par des particuliers, soit par des personnes morales (autrefois « gardiennes », puis « nourrices », depuis 1977 « assistant(e)s maternelles », et bientôt très certainement « assistant(e)s familiaux »).
2 Pour le travail [2] qui nous concerne dans cet écrit, nous nous intéresserons au statut des professionnel(le)s agréés à titre permanent et employés par des personnes morales du droit public : le département dans le cadre de l’Aide sociale à l’enfance (ase).
3 Pourquoi vouloir parler des conjoints des assistantes maternelles agréées dans ce numéro d’Empan, alors même qu’il s’agit de porter notre regard sur les trajectoires de femmes au risque du social ? La réponse se trouve dans ce que le travail d’assistante maternelle constitue à nos yeux une forme hybride d’activité féminine située à mi-chemin entre le travail « au dehors » sous toutes ses formes et l’intimité familiale. Ce paradigme s’accompagne d’une distinction entre la sphère privée, lieu de reproduction, domaine de la mère, et la sphère publique, lieu de production, domaine du père [3].
4 Le travail d’assistante maternelle s’inscrit donc dans ce paradigme de manière particulière, car il s’agit ici d’exercer une activité salariée tout en restant dans la sphère privée et tout en effectuant un travail de reproduction, où la notion de don de soi reste encore prégnante. Aussi, il nous avait paru intéressant de venir interroger les modifications qu’apportait cette situation d’emploi particulier dans les rapports hommes-femmes au sein de la structure familiale, tant dans ce qu’elle venait aménager dans l’organisation d’un quotidien, que dans la place que pouvait prendre ou non le conjoint dans l’exercice d’une fonction éducative auprès des enfants accueillis. Car l’accueil familial permanent est marqué par un paradoxe principal : si une personne est agréée, c’est toute une famille qui est recrutée, la notion de famille d’accueil introduite par la loi de 1992 étant définie comme « l’ensemble des personnes résidant au domicile de l’assistant(e) maternel(le) agréé(e) pour l’accueil de mineurs à titre permanent ».
5 Une première investigation a porté sur l’analyse de dossiers administratifs de demandes d’agrément.
6 Il s’agissait, dans un premier temps, de dégager simplement un profil sociologique de ces conjoints, mais très vite, la lecture de ces dossiers a fait apparaître des modalités d’agrément spécifiques nous conduisant à nous interroger sur la prise en compte de ces conjoints au moment de l’agrément de ces assistantes maternelles. Aussi, nous avons élargi cette investigation en analysant l’ensemble des écrits d’évaluation des demandes d’agrément effectués par les différents travailleurs sociaux.
7 Une deuxième investigation a consisté à analyser des entretiens effectués auprès de conjoints d’assistantes maternelles.
8 Il s’agissait cette fois de s’interroger sur la façon dont s’articulaient les relations de « parenté substitutive ou supplétive » entre le conjoint et l’enfant accueilli, de questionner le rôle des rapports de sexe sur la manière dont étaient organisées les relations éducatives dans le cadre du placement, de nous interroger sur l’existence d’une symétrie ou d’une dissymétrie des rapports de genre dans la prise en charge du quotidien.
Que nous apprend cette première investigation ?
9 Les évaluations des demandes d’agrément sont faites par les travailleurs médico-sociaux de la circonscription. L’assistant(e) social(e) et/ou parfois l’éducateur(trice), la puéricultrice, le ou la psychologue.
10 Pour pouvoir exercer comme assistant(e) maternel(le), la personne doit être agréée par le président du conseil général. Il s’agit de vérifier que les garanties sont apportées par le ou la candidate sur le plan de la santé, de la sécurité et de l’épanouissement des mineurs accueillis.
11 La procédure d’agrément se déroule en quatre séquences : la demande, l’instruction, l’évaluation par les travailleurs médico-sociaux, la décision.
12 Les deux travailleurs sociaux disposent d’un formulaire type d’enquête sociale (propre au département de la Haute-Garonne), avec une liste d’éléments (commune aux deux professions) devant figurer obligatoirement dans l’enquête sociale.
13 Les travailleurs médico-sociaux effectuent des rencontres au domicile de la ou du candidat. Le nombre de visites effectuées, le choix des personnes rencontrées (conjoint, enfants, …) est à l’appréciation des enquêteurs.
14 Suite à ces investigations, les professionnels rédigent le rapport d’enquête sociale et émettent un avis de recevabilité ou de non-recevabilité de cette demande d’agrément en argumentant leur position.
15 De son côté, le ou la psychologue reçoit le ou la candidate pour un ou plusieurs entretiens cliniques, avec passage d’une épreuve de niveau et de tests projectifs.
16 « Il s’agit de cerner l’assistant(e) maternel(le) dans son histoire, dans les ruptures rencontrées, les accrocs, c’est-à-dire l’histoire de vie avec tous les éléments qui peuvent montrer à moment donné une difficulté, voire laisser entrevoir une pathologie [4]…»
17 La possibilité d’un entretien avec les différents membres de la famille vivant au domicile du ou de la candidate est laissée à l’appréciation des professionnels. Un rapport est alors rédigé et une proposition d’avis favorable ou défavorable est faite.
18 Ces assistantes maternelles s’inscrivent dans un itinéraire fortement sexué qui s’ancre dans une dynamique conjugale, familiale ou professionnelle.
19
La lecture des rapports effectués par les travailleurs médico-sociaux révèlent que la demande de ces femmes intervient à des moments spécifiques de leur cycle de vie, souvent pour résoudre un problème :
- concilier une vie familiale avec une vie professionnelle – « Mme souhaite concilier un choix de vie à l’intérieur tout en conservant tout de même une activité ; de plus, son choix est de pouvoir rester à la maison et d’élever ses enfants » (extrait d’un rapport d’assistante sociale, 1980) ;
- combler un vide une fois les enfants partis du domicile familial, ou même scolarisés – « Désir de remédier à une monotonie et à l’ennui vu que ses deux filles sont scolarisées, 18 ans et 13 ans » (1988) ; mes deux garçons partant en internat l’année prochaine, je souhaiterais garder des enfants de l’ase, j’aime les enfants et je souhaite leur apporter du bonheur ; de plus, cela me permettrait d’avoir une activité tout en restant au domicile… » (motivations exprimées par la candidate à l’admission dans son dossier de demande d’agrément, 1992) ;
- combler un vide suite à un deuil – « Compenser la mort de son fils, décédé à l’âge de 20 ans d’un accident, avoir une occupation qui lui évite de trop penser […] avait fait une demande d’adoption après le décès de leur fils » (1982).
20 La professionnalisation n’interviendra que plus tard, les réunions d’informations préalables à l’agrément (ripa) permettant dans un premier temps une prise de conscience de la complexité d’un tel engagement, puis les formations obligatoires, et enfin l’expérience inégalable dans la pratique quotidienne leur conféreront un véritable statut professionnel, qu’elles revendiquent de manière très ferme.
21 La dimension économique (« être rémunérée ») n’est jamais l’argument avancé en premier ; parfois même, il n’apparaît pas. Lorsqu’il est mentionné, il n’est jamais exprimé comme l’unique motivation (qui ne serait d’ailleurs pas retenue comme acceptable.)
22 De plus, cette dimension apparaît parfois comme un « revenu d’appoint », « un peu d’argent de poche » (1988), ou même comme n’étant vraiment pas une priorité (« souhaite accueillir un adolescent pendant les week-ends et toutes les vacances, même gratuitement », 1993).
23 Pour certaines, ce choix s’inscrit dans l’inter-générationnel, dans le sens où elles souhaitent apporter à un enfant ce qu’elles ont eu la chance de recevoir de leur propre mère, parfois elle-même assistante maternelle de l’ase, tout en intériorisant la place occupée par leur mère dans la division sexuée du travail, place que la mère n’avait pas non plus remise en cause….
24 Cela leur permet de reprendre à leur compte « l’itinéraire de leur mère ; elles vont donner à leurs propres enfants ce qu’elles ont reçu de celle-ci en présence et en disponibilité, puis tout en devenant assistante maternelle, transformeront différemment cet héritage [5] ».
25 De plus, aimer signifie ne pas vouloir comptabiliser ce qu’on fait pour la personne qu’on aime.
26 La formation initiale est peu diplômante ; pour certaines, les études ont été stoppées au moment de leur mariage, ou alors à la naissance des enfants, le plus souvent l’arrêt se produisant au second.
27 Pour d’autres, cet arrêt a été motivé dans le but d’effectuer la comptabilité d’un conjoint artisan, ou alors pour s’occuper d’une personne âgée de la famille, ses propres parents ou les parents du conjoint.
28 Au-delà du simple profil sociologique des conjoints apparaissant dans les dossiers étudiés, nous avions qualifié le degré de prise en compte de ces derniers en fonction de leur évocation dans les écrits effectués par les différents professionnels.
29 L’analyse de ces résultats montre que la prise en compte des conjoints au moment de l’agrément présente une grande variabilité selon la profession du travailleur médico-social qui fait le rapport. À cela s’ajoute une grande disparité en fonction des circonscriptions, voire en fonction de la personnalité des travailleurs sociaux.
30 Dans les rapports d’évaluation des puéricultrices, n’apparaissent que très rarement des éléments sur le conjoint. Seuls six dossiers font état de « M. et Mme », et cinq autres comportent une à trois phrases concernant le conjoint. Il s’agit le plus souvent de préciser la profession et la disponibilité.
31 Dans les rapports des assistantes sociales, apparaît souvent une évaluation du couple dans laquelle est appréciée l’harmonie familiale.
32 Les rapports des psychologues sont les seuls à fournir des éléments plus importants sur les conjoints. Cependant, ce n’est pas systématique, puisque 51 % des rapports ne comportent aucun élément sur le conjoint.
33 Jusqu’en 1990, le nombre de dossiers dans lesquels ne figurent aucun élément concernant le conjoint est une majorité. Il n’existe pas encore de prise en compte « fouillée » (1 %), et les psychologues restent encore globalement absents de l’évaluation du conjoint (60 %).
34 Les puéricultrices, quant à elles, centrent leur évaluation sur la seule prise en compte de l’assistante maternelle (93 %).
35 Les assistantes sociales sont partagées entre aucune prise en compte du conjoint (47 %) et une évocation de celle-ci (47 %). La prise en compte de l’harmonie familiale, d’un positionnement commun à l’assistante maternelle et au conjoint, n’apparaît pas massivement dans notre relevé. Cependant, c’est dans ce corps professionnel que nous trouvons massivement la prise en compte globale de « M. et Mme », qui peut se résumer à deux ou trois phrases…
36 Après 1990, les résultats sont intéressants car ils laissent apparaître une nette évolution dans le sens où l’attention portée aux conjoints est de plus en plus importante. Cependant subsiste toujours une grande disparité en fonction de la profession du travailleur médico-social qui va faire l’évaluation.
37 Les puéricultrices, pour la moitié d’entre elles, continuent à ne pas évoquer le conjoint dans leur rapport d’évaluation, mais elles deviennent plus nombreuses à évoquer soit l’harmonie de couple (33 %), soit quelques phrases sur le conjoint (17 %).
38 Dans tous les rapports des assistantes sociales et des psychologues figurent au moins quelques éléments sur le conjoint.
39 Les assistantes sociales sont de plus en plus nombreuses à donner des éléments sur les conjoints : 67 % le font apparaître dans une, deux ou trois phrases, et 17 % proposent une investigation plus poussée.
40 Les psychologues, pour 58 % d’entre elles, font une investigation spécifique des conjoints, et 17 % proposent une investigation « fouillée » du conjoint.
41 Sur les demandes de renouvellement, il n’est pas abusif de dire que la visibilité de la prise en compte du conjoint dans les rapports adressés à la cellule des assistantes maternelles est quasiment inexistante.
42 Au moment des demandes d’extension, nous effectuons le même constat que pour les renouvellements : la visibilité de la prise en compte du conjoint est quasiment inexistante dans les écrits.
43 Remarque : nous avons été étonnée de ne trouver aucune investigation sur les enfants de la famille d’accueil, ni à la demande initiale, ni au moment d’un renouvellement ou d’une demande d’extension.
L’investigation de type qualitatif
44 Dans un premier temps, nous avions souhaité effectuer un préentretien avec l’assistante maternelle, puisque c’est elle qui était agréée, et dans un second temps rencontrer les conjoints seuls. Cependant, la dynamique engagée a fait que les assistantes maternelles ont toujours été présentes au moment des entretiens, même s’il s’agissait de recueillir en priorité la parole des conjoints. Cette articulation assistante maternelle/conjoint a permis à certains moments de « rebondir » sur des contenus peut-être parfois trop rapidement évacués par ces hommes.
45 La grille d’entretien utilisée se composait de quatre thèmes : la décision de demande d’agrément, le quotidien dans le déroulement de la vie familiale, le travail « parental », les relations avec le service.
46 Pour chaque thème, une question introductive, suivie de relances, avait été proposée afin de donner à la personne interrogée le contexte thématique et la logique de notre entretien.
47 Nous nous étions fixé comme objectif d’interroger ces hommes sur la place qu’ils occupaient au sein de la famille d’accueil. Était-elle dépendante de l’état des rapports de sexe qui agissaient au sein du couple dans lequel se situait l’individu ? L’assistante maternelle reconnaissait-elle un rôle éducatif au conjoint ?
48
Nous avions alors émis deux hypothèses :
- l’assistante maternelle reconnaissait au conjoint l’exercice de tâches éducatives, (processus d’intégration d’une fonction « maternelle », dévolue jusqu’à présent à l’assistante maternelle) ;
- l’assistante maternelle gardait le quasi-monopole des responsabilités éducatives à l’égard de l’enfant placé, le conjoint constituant un « appoint » (organisation asymétrique).
49 Deux références familiales sont alors en présence, dont l’une, malgré les efforts actuels des intervenants et des accueillants, est stigmatisée comme « mauvaise ». Dans un tel contexte, comment le conjoint de l’assistante maternelle appréhende-t-il la situation ? Comment s’inscrit-il dans cette dynamique ? Quels sont ses questionnements ? Que peut-il en dire ?
50 Nous avions essayé de faire émerger des logiques permettant une meilleure compréhension de la problématique étudiée et, ainsi, d’amener quelques pistes de réflexion.
51 L’enfant placé en famille d’accueil a une famille d’origine « qui l’inscrit dans une structure de parenté – effective ou non (cela n’a pas d’importance) –, il a potentiellement des parents, une mère, un père, des frères et sœurs, et ne possède plus d’autres mots pour désigner la nouvelle relation de parenté qui s’établit entre lui et sa famille d’accueil [6] ».
52 Les liens entre enfants et adultes sont formateurs d’identité. Dans la famille d’accueil, ils renverraient, selon A. Cadoret, à une notion de « parenté plurielle ». Ainsi, si un lien de filiation existe pour ces enfants accueillis, sa construction est spécifique, et il est souvent inscrit dans des difficultés spécifiques, liées à la complexité des situations rencontrées. La présence des parents est généralement plus irrégulière que prévu ; certains voient leurs enfants régulièrement et pendant toute la durée du placement, d’autres les voient pendant quelques années régulièrement, puis il y a une rupture transitoire, parfois de plusieurs années ; d’autres encore n’ont que des visites espacées, et certains n’ont aucun contact.
53 Pierre Legendre précisait qu’être parent, ce n’est pas seulement produire de la chair, c’est l’instituer, c’est-à-dire faire naître l’enfant à l’humanité, à la société, à la temporalité, l’inscrire dans l’ordre des générations et répondre de lui. Ce sont ces fonctions parentales qui dépassent en quelque sorte les parents, qui vont autoriser l’enfant à vivre en lui permettant de se différencier en tant que sujet, de s’identifier, de se structurer.
54 Si c’est le système de parenté qui nous donne nos structures conceptuelles, qui nous permet d’être en famille, c’est bien le cadre familial qui fait vivre l’individu, le groupe résidentiel qui renvoie à une parentalité domestique, à une pratique de la parentalité [7].
55 La parentalité va se jouer aussi dans la capacité de l’adulte à situer l’enfant dans sa propre histoire, à la lui rendre intelligible et « appropriable », à inscrire les liens anciens, comme les nouveaux, dans un changement porteur de sens.
56 N. Chapond-Crouzet parle de « différence affective et positionnelle du mineur dans la famille d’accueil [8] ».
57 L’analyse des entretiens nous a révélé que le lien instauré entre l’enfant et le conjoint variait selon trois critères : l’âge de l’enfant au moment du placement ; la durée du placement (qui, nous le verrons, conduit à deux logiques tout à fait différentes) ; le fait pour l’enfant de voir ou de ne pas voir sa famille d’origine.
58 Il n’existe pas un modèle de rôle du conjoint susceptible de s’ériger comme norme dans l’accueil familial, il s’agit plutôt de rôles pris par les différents conjoints ; la pluralité est ici de rigueur. Cependant, nous pouvons nous poser la question de savoir s’il est possible de repérer certains facteurs contribuant à ces rôles : la dimension sociale, la représentation familiale qu’ont ces hommes, liée à une histoire familiale propre articulée sur celles des enfants accueillis, le sens de leur trajectoire… C’est cela qui va permettre de repérer le sens donné aux relations éducatives, et plus largement celui donné à une identité parentale supplétive.
59 Si l’investigation propre au conjoint lors d’une demande d’agrément fait l’objet de plus en plus d’attention, elle paraît pourtant insuffisante, parce que trop soumise à la personnalité du travailleur social, sans réelle modalité d’investigation, et surtout présentant une grande disparité en fonction de la formation initiale des travailleurs sociaux concernés. Cette investigation se prive, selon nous, de la richesse d’une confrontation de points de vues différenciés.
60 Les assistantes maternelles employées actuellement sont pour un grand nombre agréées depuis plusieurs années. L’investigation de l’époque ne semblait pas porter de regard sur leurs conjoints… Aujourd’hui, les demandes de renouvellement d’agrément, dont la loi prévoit qu’elles doivent présenter les mêmes modalités d’évaluation, ne semblent pas non plus porter une attention particulière aux conjoints. Bien sûr, nous pouvons penser que les travailleurs sociaux intervenant régulièrement dans les situations d’accueil ont une bonne connaissance du déroulement de cette vie familiale construite, qui leur permet de repérer des difficultés potentielles. Cependant, pour la majorité des cas, la position du conjoint n’apparaît qu’à travers le discours de l’assistante maternelle, et les écrits d’évaluation lors de demandes d’agrément ou de renouvellement d’agrément ne donnent que peu de visibilité de cette prise en compte.
61 Nous avons vu lors de notre étude que ces hommes disent très peu rencontrer les travailleurs sociaux ; pour certains, cette situation ne présente pas un réel problème, du fait que l’échange entre leur femme et eux-mêmes reste suffisant. Au contraire, une réelle demande de prise en compte est avancée chez d’autres qui se sentent isolés dans leur « engagement » ; ils parlent du métier de leur femme et de l’investissement demandé à toute une famille, et souhaiteraient pouvoir bénéficier de temps de parole qui ne servent pas seulement à « régler des détails techniques liés à la prise en charge ». Pour ces mêmes personnes, il existe un souhait de formation, de rencontres thématiques, qui signe un réel intérêt à ce qui leur est demandé… Si, globalement, tous disent pouvoir compter sur les équipes en cas de difficultés, certains évoquent le sentiment d’un non-partenariat. Pourtant, en première ligne de l’accueil familial, ils souhaiteraient être associés de manière plus importante et obtenir une meilleure reconnaissance de leur travail. Sans P. [9] parle d’« un véritable ostracisme intellectuel, proche du racisme, qui frappe les familles d’accueil », et relève un mécanisme de défense institutionnel et corporatiste, empêchant ceux et celles qui sont plongés dans la pratique tout simplement de penser…
62 Nous avions émis deux hypothèses concernant les conjoints dans l’accueil familial : un réel processus d’intégration d’une fonction « maternelle », jusque-là dévolue à l’assistante maternelle, était-il à l’œuvre (une reconnaissance lui était-elle faite dans l’exercice des tâches éducatives), ou l’assistante maternelle gardait-elle le quasi-monopole des responsabilités éducatives à l’égard de l’enfant accueilli, le conjoint constituant un « appoint », dévoilant ainsi une organisation asymétrique ?
63 L’identité familiale du conjoint n’est pas présentée comme une exigence de présence continue. Dans la réalité juridique et financière, la famille d’accueil est organisée autour de la fonction maternelle, « il n’est pas cet homme qui accueille à plein temps, il n’est pas légitimé par le droit, ni porteur d’un mandat spécifique, ni payé pour être responsable devant une quelconque autorité ». J.M. Servin [10] parle du vide symbolique dans lequel flotte l’homme d’accueil. L’assistante maternelle fait davantage partie que le conjoint de l’environnement familier de l’enfant. Bien sûr, c’est elle la salariée de l’ase, c’est à elle qu’une mission est confiée ; cependant, l’engagement signé dans le contrat d’accueil est effectué avec le conjoint et concerne l’ensemble de la structure familiale.
64 Le choix de l’assistante maternelle, c’est l’option de la continuité, qui traduit la stabilité. Mais dans cette forme de travail hybride, où le lieu de salarisation s’effectue dans la sphère privée, existe le risque de minimiser le travail effectué en le diluant dans la quotidienneté…
65 À la maison, ce sont des hommes tous très bricoleurs et très portés sur l’extérieur (jardinage, entretien). Ces activités renvoient au « soi familial », elles sont faites pour toute la famille, et ne semblent pas effectuées dans des conditions qualifiées par F. de Singly « d’un soi seul [11] » (opposé au « soi pour autrui » de la femme). Nous pouvons noter que « le soi familial » du conjoint est le plus souvent également « un soi pour autrui », dans le sens où les « temps contraints » (qui ne sont pas répertoriés dans la catégorie des soins aux enfants) sont des temps dans lesquels s’inscrivent aussi les relations entre le conjoint et l’enfant accueilli, et qui restent très souvent une forme de médiation dans la relation entre eux deux, très porteuse d’échanges significatifs.
66 Nous n’avons rencontré aucun conjoint qui ne soit pas engagé dans la relation à l’enfant. Tous sont présents et partagent des moments forts avec les enfants. Certains rapportent des témoignages très riches qui signent un réel souci d’accompagner ces enfants.
67 Cependant, c’est le plus souvent l’assistante maternelle qui va être la dépositaire de « l’histoire des enfants ». Les conjoints décrivent peu de relations duelles, très personnalisées, et parlent plus de temps partagé à plusieurs, en famille, ou médiatisés par une activité.
68 La disponibilité de l’assistante maternelle pour les enfants accueillis et ses propres enfants est permanente.
69 L’analyse des entretiens révèle un engagement fait de continuité pour l’assistante maternelle et de discontinuité pour le conjoint. Nous avons pu relever que l’investissement éducatif « parental » résultait d’un processus de division sexuelle inégalitaire ; cependant, nous ne pouvons considérer le conjoint comme un simple appoint dans la dynamique familiale. En effet, ce dernier est réellement investi dans la mission qui est demandée à cette famille par le service de l’aide sociale à l’enfance. L’accueil d’enfants s’inscrit bien dans un engagement de couple, où le conjoint, en plus du rôle d’initiateur social que nous avons relevé, est là aussi pleinement engagé à la fois comme figure éducative à part entière et comme tiers régulateur dans la relation de proximité que connaît l’assistante maternelle.
70 Ces conjoints n’ont pas un simple statut de « partenaire familial », avec un rôle secondaire de « sociabilité amicale », ils sont réellement engagés dans une responsabilité éducative.
71 Une dualité des attentes sociales de l’enfance apparaît dans leur discours : l’une renvoie à l’épanouissement des enfants (lui assurer un bien-être quotidien accompagné d’un climat de confiance, etc.), l’autre renvoie à la réussite scolaire. Cette dernière est nettement plus mise en avant. L’enfant doit être doté d’un capital scolaire, le capital relationnel n’étant pas toujours au rendez-vous dans le discours des hommes. Le conjoint participe peu ou pas du tout au soutien scolaire. L’engagement moindre des conjoints est explicité par une moindre disponibilité physique ; cependant, le sentiment de responsabilité est fort, et le conjoint est pensé, le plus souvent, comme intervenant dans la vie scolaire au même titre que l’assistante maternelle.
72 L’assistante maternelle a toutefois la responsabilité exclusive des devoirs scolaires (dix conjoints sur dix disent ne pas intervenir directement dans la scolarité et de la surveillance de la santé des enfants). Les autres domaines relèvent indifféremment des deux.
73 Dans certains cas, les hommes ont une fonction de régulation normative qui consiste au rappel des limites. Dans d’autres cas, cette fonction est assurée par les deux.
74 L’assistante maternelle s’inscrit dans une logique de proximité, le conjoint s’inscrit plus dans une logique de distance (l’apprentissage, le sport, la vie associative, le bricolage, le transport). Ainsi, le conjoint aurait un rôle d’initiateur social.
75 « Le couple pivot » des séquences familiales reste cependant le couple assistante maternelle/enfant. Son action éducative est une constante. Il faut savoir que les relations éducatives qui se déploient dans ces familles sont fonction des histoires personnelles des enfants accueillis, des adultes présents et des âges respectifs de ces personnes.
76 Ces conjoints sont particulièrement attentifs au devenir des enfants accueillis. Il existe une projection très forte sur ce qu’ils envisagent pour eux. Plus que pour l’assistante maternelle, il semblerait que l’image que donnent ces enfants à l’extérieur soit en quelque sorte le reflet de leur capacité à être un « bon parent ».
77 La réussite renvoie à un capital de référence lié au fait que ces enfants doivent compter sur eux-mêmes, le monde étant difficile et leur situation personnelle ne leur permettant pas de pouvoir compter sur leurs parents. La notion de capital relationnel, elle, renverrait à une autonomie et à un épanouissement nécessaires, qui leur permettront plus tard d’assurer des choix dans leur orientation personnelle.
78 Les valeurs présentées comme importantes pour ces conjoints sont le plus souvent politesse et obéissance. Le « respect » fait consensus. « Valeur ambiguë », le respect renvoie aussi bien au respect de l’autorité qu’au respect de soi ou des autres.
79 Dans les situations d’accueil familial que nous avons rencontrées, le père biologique est le plus souvent absent, ou écarté transitoirement. Le lien de paternité éducative est donc difficilement maintenu. L’intensité de la relation engagée entre le conjoint et l’enfant accueilli en est modifiée, car la distance affective du conjoint est d’autant plus forte que le lien parental entre le père naturel et son enfant a été maintenu. Il apparaît ainsi, dans le cadre de placements longs une hiérarchisation des liens dérivant de l’éducation et des liens de sang…
80 Deux logiques ont pu être repérées, une logique de substitution, une logique de suppléance familiale [12].
81 C’est cette dernière qui est fermement demandée aux familles d’accueil. Cependant, même si une seule de ces familles semble s’inscrire dans une logique de substitution, l’ambiguïté de tels engagements (une proximité et une distanciation suffisante) laisse entrevoir que la distinction n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Si, dans les discours, cette nécessité est bien intégrée, elle n’en est pas moins difficile à gérer, et les frontières entre ces deux logiques ne sont pas aussi claires… D’ailleurs, le regard porté sur les termes d’adresse et de référence entre le conjoint et l’enfant accueilli révèle une terminologie mal fixée pour désigner le lien qui les unit. Ces termes, et tout particulièrement les termes de référence, marquent la visibilité de la structure et la place de chacun. Dans le cadre de l’accueil familial, se superposent une structure généalogique (famille naturelle) et une cellule familiale (lieu de résidence, famille d’accueil), ces deux termes ne se recouvrant pas. Ce qui conduit A. Cadoret à s’interroger sur l’existence d’« une sorte de parenté » (révélée par l’utilisation des termes d’adresse) : quels sont la nature et le degré du lien entre les « parents domestiques » révélés par cette cellule familiale et ceux déduits de la structure généalogique [13] ?
82 Cette terminologie mal fixée est bien le signe des attitudes ambivalentes que suscitent les liens instaurés aussi bien chez les personnes concernées directement (famille d’accueil et enfants), que chez les travailleurs sociaux. Dans les dix familles rencontrées, les conjoints et les assistantes maternelles sont appelés (termes d’adresse) par les enfants « tonton-tatie » (sept familles), « poupou-nounou » (une famille), par leur prénom (une famille) et enfin « papa-maman ». Les termes de références sont « père-mère » pour sept familles, alors que « tatie-tonton » ne concernent plus que deux familles.
83 Les familles d’accueil s’appuient sur leur savoir être parents, complété par une expérience de formation liée au statut, ou par une expérience liée à leur propre histoire. L’ensemble des conjoints évoquent la nécessité de gérer cette apparente contradiction d’une proximité affective, matérielle, nécessaire, et d’une distanciation suffisante pour préserver une future séparation. Dans la description que font les conjoints de leur intervention auprès des enfants, cette contradiction est clairement exposée.
84 Pour d’autres conjoints, la non-appropriation de l’enfant par la famille est bien sûr évoquée, avec un discours qui met en avant la nécessaire prise de distance. Cependant, l’ambiguïté ressort au fil du discours où des termes d’appartenance sont le plus souvent employés.
85 Le conjoint prend également la place d’un tiers régulateur dans la relation instaurée entre l’enfant accueilli et l’assistante maternelle qui se trouve dans la proximité quotidienne. Mais la crainte d’un envahissement des problématiques des enfants, ainsi que le risque d’un trop grand attachement sont très fortement exprimés, malgré la vigilance qui leur est régulièrement rappelée par les travailleurs sociaux.
86 Cébula note en effet : « Quels effets, sinon perplexité et confusion, peuvent avoir les recommandations faites aux assistantes maternelles lorsqu’il leur est répété de ne pas s’attacher aux enfants qu’elles élèvent ? Ou lorsqu’il leur est demandé d’élever les enfants accueillis comme les leurs tout en satisfaisant aux normes réglementaires imposées par l’institution ? Ces conseils paradoxaux ou inadaptés aux besoins des enfants s’avèrent inéprouvables dans le quotidien de l’accueil [14]. »
87 Aux deux logiques relevées (substitution-suppléance) que nous pouvons considérer comme principales, s’ajoutent des logiques secondaires (non pas au sens de moindre importance, mais déterminées par la première). Nous retrouvons des logiques « complémentaires » et des logiques « égalitaires », qui se déclinent à leur tour dans des logiques « affectives », « éducatives »… Ces logiques signent un « habitus familial [15] », qui va donner la « coloration » de l’accueil familial et en dévoiler la richesse…
88 De l’accueil familial considéré comme un « travail d’appoint » au moment de la demande initiale d’agrément, à l’accueil familial tel qu’il est vécu par ces hommes et ces femmes après plusieurs années d’exercice, un véritable processus de professionnalisation s’est mis en œuvre. Ce processus viendrait en quelque sorte contrebalancer une représentation hiérarchique de la famille. En qualifiant le travail de l’assistante maternelle, il aurait pour effet d’inscrire une visibilité du travail de « mère », jusque-là inscrit dans le caché, le naturel, le quotidien…, aux dépens d’une visibilité du travail des hommes.
89 Pour clore ce travail, nous voudrions faire part d’un témoignage de parents d’accueil familial, Jean et Jeannine Cartry [16], qui résume bien toute l’ambiguïté que peut comporter l’accueil familial.
90 « Le couple conjugal est le cœur de la famille d’accueil. Le couple est un lieu puisqu’il est marqué par deux repères. C’est un espace de connivence et de secret, proprement interdit. C’est une image primordiale de relation interhumaine, modèle intériorisé par l’enfant de ses relations futures à autrui, et qui, peut-être, les conditionne pour toujours » […] Nous ne sommes probablement pas plus “aimants” que tout un chacun. Pourquoi serions-nous capables d’aimer des enfants déconcertants, difficiles, et qui ne sont pas aimables ? […] S’il y a de l’amour en famille d’accueil, il ne dit surtout pas son nom. Il est pudique et pas fier, il n’a pas de quoi se vanter : il doute, il crie, il s’énerve, il rejette, il blesse, il est empêtré de contingences […] S’il y a de l’amour dans nos familles d’accueil, il ne nous appartient pas d’en témoigner nous-mêmes. Seuls les enfants que nous accueillons “savent”. »
Bibliographie
Bibliographie
- Bloch, F. ; Buisson, M. 1998. La garde des enfants une histoire de femmes, entre don, équité et rémunération, Paris, L’Harmattan.
- Blöss, T. 1996. Éducation familiale et beau-parenté, l’empreinte des trajectoires biographiques, Paris, L’Harmattan,
- Bonte, M.-C. ; Cohen-Scali, V, 1998. Familles d’accueil et institutions, évaluer les pratiques de placement d’enfants et de jeunes, Paris, L’Harmattan.
- Cadoret, A, 1995. Parenté plurielle, anthropologie de travail familial, Paris, L’Harmattan.
- Cebula, J-.C. ; Horel, C. 1994. Le placement familial de l’aide sociale à l’enfance, Paris, La Documentation française.
- David, M. 1989. Le placement familial, de la pratique à la théorie, Paris, esf.
- Hurstel, F, 1996. La déchirure paternelle, Paris, puf.
- Klanjberg, M, 1994. « L’état des lieux de la juridicarisation, quelques chiffres nationaux et l’exemple de l’Isère », dans La saisine de la justice des mineurs, ministère de la Justice, Direction de la protection judiciaire de la jeunesse.
- Rocher, G, 1968. Introduction à la sociologie générale, Paris, hmh, L’action sociale.
- Ruhaud, B. 1997. Accueil familial et gestion de l’autorité parentale, Paris, L’Harmattan.
- Sans, P, 1997. Le placement familial, ses secrets et ses paradoxes, Paris, L’Harmattan.
- Singly, F. de. 1996. Le soi, le couple et la famille, Paris, Nathan.
- Thevenet, A, 1994. L’aide sociale aujourd’hui, après la décentralisation, Paris, esf, 10e édition.
Notes
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[*]
Maryse Tassin, formatrice d’éducateurs spécialisés, institut Saint-Simon – arseaa, action solidaire, avenue du Général-de-Croutte, 31100 Toulouse.
-
[1]
La possibilité d’agréer un homme a été donnée par la loi du 12 juillet 1992.
-
[2]
Le travail présenté dans cet article est la synthèse d’une étude réalisée en 1998 dans le cadre d’un dess de sociologie, « Développement social et rapport sociaux entre hommes et femmes », à la direction adjointe déléguée à l’enfance et à la famille, et plus spécifiquement à la mission de développement de la politique en faveur de l’enfance et de la famille, de la Direction de la Solidarité Départementale de la Haute-Garonne.
-
[3]
L. Mozere, « Agrément ou désagrément, le statut des assistantes maternelles, ambiguïté et réticence », Éthnologie française, xxv, 4, 1995.
-
[4]
Extrait d’entretien avec une psychologue effectuant les évaluations au moment des agréments et du renouvellement des agréments.
-
[5]
F. Bloch, M. Buisson, La garde des enfants, une histoire de femmes, entre don, équité et rémunération, Paris, L’Harmattan,1998.
-
[6]
A. Cadoret, « L’accueil des enfants, une tradition morvandelle », Sciences humaines, hors série, n° 7, décembre 1994-janvier 1995.
-
[7]
D. Houzel (sous la direction de), Les enjeux de la parentalité, Toulouse, érès, 1999.
-
[8]
N. Chapond-Crouzet, « Le placement familial ou la vie partagée », Enfance majuscule, n° 33, février-mars 1997.
-
[9]
P. Sans, Le placement familial, ses secrets et ses paradoxes, Paris, L’Harmattan, 1997.
-
[10]
J.-M. Servin, « Quelle fonction pour le père en placement familial ? », Lien social, n° 469, 14 janvier 1999.
-
[11]
Dans ses enquêtes, F. de Singly montre que même quand les pères acceptent de rester à la maison, ils tentent d’avoir un espace qui leur soit réservé, une pièce pour le bricolage, le jardin, le bureau… Les hommes cherchent à cloisonner les espaces, à séparer les temps, ils ne savent pas, avouent-ils souvent, se rendre disponibles.
-
[12]
J.-C. Cébula et D. Gorans donnent des précisions au sujet des termes de substitution et de suppléance. Substi-tution : la famille d’accueil a-t-elle pour fonction d’être une famille de substitution, c’est-à-dire de se mettre à la place de la famille de l’accueilli pour jouer son rôle ? C’est le cas lorsque celle-ci est inexistante, ou totalement et définitivement déstructurée. Ailleurs, c’est une tentation permanente à laquelle il convient d’être attentif et qu’il convient de moduler. Suppléance : nouvelle dimension demandée à l’accueil familial qui a pour mission de suppléer les défaillances familiales et non de s’y substituer. Ainsi, le terme de suppléance familiale se construit en opposition à celui de substitution pour signifier qu’il n’y a pas remplacement d’une famille par une autre.
-
[13]
A. Cadoret, op. cit.
-
[14]
J.-C. Cebula, « Envahissement », L’accueil familial en revue, n° 4, décembre 1997.
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[15]
Nous pouvons définir « l’habitus » comme un système de dispositions acquises par l’expérience, comme une grammaire, c’est-à-dire un ensemble de schèmes générateurs, ou comme un schéma de règles du jeu social. Bourdieu définit le concept d’habitus comme un produit de l’histoire. « L’habitus produit des pratiques, individuelles et collectives, donc de l’histoire ; il assure la présence active des expériences passées qui, déposées dans chaque organisme sous la forme de schèmes de perception, de pensées et d’actions, tendent plus sûrement que toutes les règles formelles et toutes les normes explicites à garantir la conformité des pratiques et leur constance à travers le temps », dans Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
-
[16]
J. Cartry, Tony-la-carence, Paris, Fleurus, 1988, cité par P. Sans, op. cit.